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Edito :

« J’ai tellement réfléchi et ressenti toutes les douleurs qu’il a pu vivre à l’intérieur » ; c’est avec ces mots simples que Sylvia décrit le moment où elle a compris la violence que la taule avait pu faire subir à son père. Des années ont passé, et sous couvert d’humanisme, la prison s’est durcie ; elle tend à rendre toute relation impossible, à empêcher toute rencontre entre prisonniers, comme le dit Philippe dans son courrier de Lannemezan. Difficile de dire s’il y a moins de « braves gars » capables d’être là « soixante ans après » ; ce qui est sûr c’est qu’il y a toujours de belles histoires de solidarité : comme les poteaux de Bébert venus le saluer et lui donner un « coup de main » à sa sortie de prison, de nombreuses personnes ont participé à une caisse de soutien pour permettre au frère de Fabrice de venir le voir au parloir.

C’est la même solidarité qui pousse les personnes ayant assisté au tabassage d’Adil à venir témoigner en soutien à Anne, sa compagne ; la même qu’exprime un prisonnier, depuis harcelé par l’administration pénitentiaire, lorsqu’il dit : « Vous pouvez faire ce que vous voulez, j’irai jusqu’au bout pour mon pote. » Solidarité entre prisonniers aussi à Marseille suite au décès de Bilal. Et l’émotion de Romain devant une salle d’audience qui se lève pour l’applaudir en signe de solidarité, et de soutien aux prisonniers longues peines. Mais comme il l’a demandé au tribunal, quels risques faut-il prendre pour que la parole d’un prisonnier puisse être audible ? Quels risques, et quelle solidarité il lui faut rencontrer pour révéler la réalité de la prison que l’AP et la justice s’évertuent à ensevelir au fond des cachots de la république !

Heureusement, cette solidarité est encore bien vivante malgré la pression et la violence permanentes de l’État. Comme le dit Romain, prisonnier des mouroirs modernes que sont les QMC : « C’est plus dur de se battre quand on est seul » ; il vaut donc mieux pour l’AP que « chacun reste dans sa communauté ». C’est pareil que dehors. Face à une logique de désagrégation sociale et d’isolement généralisé, on ne peut que se réjouir de la naissance d’une nouvelle association de familles et de proches de prisonniers. La prison enferme aussi les proches et les familles, comme on a souvent pu le lire dans ce journal. Un exemple : l’AP a mis en place une nouvelle équipe de matons, les Elac, dont la fonction principale est de limiter au maximum d’éventuels contacts entre des familles au parloir.

L’État a puni les porteurs d’une colère légitime pendant la répression du mouvement contre la loi travail, rappelant cette évidence : les forces de l’ordre ne sont là que pour une seule chose, protéger l’ordre. Vu que les 100 premières fortunes de France ont multiplié leur richesse par 7 en vingt ans, il y en aura toujours moins pour les autres : la grande majorité. Par choix ou par nécessité, beaucoup s’affranchiront de plus en plus de la légalité. Il y aura donc toujours plus de boulot pour ceux qui ont choisi de tuer et d’enfermer ; le cumul est possible, comme vient nous le rappeler la douloureuse histoire d’Adil. Face à tout ça, la solidarité, la résistance à cette logique d’isolement sont de plus en plus vitales.

 

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