Voici une lettre qui date un peu -quelques mois- mais qui livre une analyse toujours très juste de la réalité de ce monde. Elle est sortie de Réau, le fameux et sinistre  « centre pénitentiaire sud francilien », véritable usine à trier et stocker les prisonniers, perdue au milieu de nulle part.

Je me présente, détenu au CPSF(Centre pénitentiaire du sud-francilien) de Réau, je vous joins un petit texte que j’ai écrit afin que vous le publiiez dans votre journal L’Envolée, que je suis avec assiduité, et qui je pense nous représente le mieux envers la société. Je vous souhaite bon courage pour le travail que vous accomplissez.

Happés par ce système archaïque mis en place il y a des siècles, dès notre naissance nous sommes conditionnés par ce système qui au fil des années va grandissant, faisant de nous des victimes d’une injustice banale sur laquelle cette société conditionnée par ce système ferme les yeux. En vivant dans celle-ci, où une petite partie de l’humanité sert de carburant au système, celle qui ne parvient pas à trouver sa place. L’exclusion dès la naissance fait partie de leur vie, une routine violente, pathétique tant elle est banale. Dès l’école où l’éducation nationale a démissionné en condamnant à servir de carburant afin de faire tourner les rouages du système.

La violence policière jamais condamnée mais toujours cautionnée par le reste de l’humanité aveuglée par les images véhiculées par ce système afin de pouvoir sévir et continuer à faire tourner la machine qui nous écrase dans son engrenage. Tristesse pour tous ces enfants destinés à cette vie pleine de souffrance. L’engrenage nous écrase, le système prend le dessus. Devenant marginal, au ban de cette société car refusant l’injustice, nous les oppressés, les révoltés, nous avons trouvé un autre système auquel nous ressemblons : ceux qui, avant nous, ont été écartés par ce système, mais nous lui servons d’excuse et d’énergie afin de faire tourner cette grande machine.

Notre seule envie : essayer de vivre comme ceux qui nous ont exclus de cette société à laquelle nous avons toujours voulu ressembler. Le système nous a eu et nous guide dans son engrenage, dans cette folie banale, la seule que nous connaissons, celle qui nous a toujours guidée depuis notre naissance jusqu’à notre seul foyer : la prison.

Le seul endroit, les seules cases où ce système nous a toujours destinés.

                                                                                              A.

1 réponse sur “Les rivages de l’engrenage carcéral, lettre depuis Réau

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