Edito du numéro 27, « avalanche de lois sécuritaires »

ENVOLÉE N°27

Et les textes de lois sécuritaires continuent d’être promulgués. Avant même qu’ils soient appliqués, un nouveau projet est déjà à l’étude… Dernier en date, dans l’esprit managérial du temps : le projet de loi sur la promotion de la sécurité intérieure. Il prévoit l’instauration du couvre-feu pour les mineurs de 13 ans et du contrat de responsabilité parentale qui, outre la suppression des prestations familiales, pourra imposer un couvre-feu individuel à un mineur de moins de 18 ans. Les policiers municipaux deviendront des agents de police judiciaire, avec toutes les prérogatives que cela comporte. Les auditions de prisonniers se feront par visioconférence. Les cambriolages, jusque-là qualifiés de vols par ruse ou effraction et punis de cinq ans d’emprisonnement, seront passibles de sept ans ; les vols simples passeront de trois à cinq ans et les vols aggravés de sept à dix… Les biens d’un inculpé pourront être vendus avant la fin de l’enquête ou de l’instruction ; en cas de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement, le propriétaire touchera une indemnité équivalente à la valeur d’usage des biens confisqués. La réserve civile, aujourd’hui composée de retraités de la police, pourra accueillir des volontaires de 18 à 65 ans pour des contrats de cinq ans : pendant quatre-vingt-dix jours par an, ils seront des collaborateurs de la police… Alors tout le baratin sur les gardes à vue, les « prisons du cœur », le parrainage des prisonniers.

Tout cet humanisme associatif ou politicard sert comme toujours de paravent à la réalité carcérale et judiciaire. Celle-là, il n’y a que les prisonniers et prisonnières, les familles, les proches et les amis qui peu- vent en témoigner. Les morts suspectes − bien plus réelles que l’épidémie de grippe A −, l’ouverture des centrales de haute sécurité, la construction de nouvelles taules et de nouveaux centres de rétention, les verdicts de plus en plus lourds ne peu- vent être contrecarrés que par des solidarités actives : témoignages, campagnes anticarcérales, semaines de solidarité avec des inculpés… pour tenter de détruire tout ce qui nous enferme.

Autrement dit, dehors comme dedans, il s’agit de ne pas lâcher le morceau, de rompre le silence sans permettre que nos voix soient récupérées par le pouvoir et régurgitées par les médias officiels.

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