« Les hommes dans la prison »

“ Pour ne pas perdre la notion du calendrier, il faut compter attentivement les jours, marquer chacun d’un trait. Un matin, on s’aperçoit qu’il y a quarante-sept jours –ou cent vingt ou trois cent quarante-sept ! – que c’est, en arrière, un chemin droit, sans le moindre accident, incolore, insipide, insensé. Pas un point de repère ne s’y offre au regard. Des mois ont passé, identiques à des jours; des jours passent identiques à des minutes. Le temps présent est lourd de torpeur. La minute est parfois merveilleusement –ou atrocement – profonde. Cela dépend dans une certaine mesure de soi-même. Il y a des heures rapides et de très longues secondes. Le temps passé est nul. Aucune chronologie de faits ne l’arrêtant, la durée extérieure n’existe plus.”

Victor SERGE, les Hommes dans la prison.


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