Le représentant régional de FO pénitentiaire, Philippe Campagne, fait justement campagne (repris dans un article documenté du site carré rouge) pour redorer le blason de ces collègues de Seysses : les déclarations dans les lettres des prisonnières de la MA de Seysses ne seraient que des affabulations, la preuve FO a fait sa petite enquête interne et donc, FO envisage de porter plainte pour diffamation.
Au passage FO fait son travail : profiter une fois de plus de la mise en accusation par des prisonniers du sale boulot des surveillants, pour réclamer des ronds et des personnels supplémentaires.
Rien de bien surprenant, mais cette fois, les rodomontades geignardes des syndicalistes ont du mal à circonscrire le petit feu allumé par la circulation de plus en plus massives de ces quelques courriers (notamment sur le web, par voie d’affiches et à l’accueil famille de Seysses).
Il n’est pas sur non plus que le transfert d’Itziar Moreno, une prisonnière basque accusée d’être à l’origine du trouble, suffise à faire taire les prisonnières et la solidarité qui s’exprime autour de cette affaire. Les lettres des prisonnières circuleraient même du côté de la MA des hommes parait-il…
Quoi qu’il en soit nous publions ici une nouvelle lettre adressée à la radio toulousaine Canal sud pour être relayée et lue à l’antenne lors des émissions anticarcérales du jeudi soir. Elle est aussi anonyme, elle a été écrite par une femme qui a séjourné dans cette prison et qui veut témoigner pour appuyer les lettres sorties il y a quelques jours :
Bonjour canal sud,
Je vous écris pour apporter mon témoignage au sujet des mauvais traitements dénoncés à la M.A.F. de Seysses. J’ai été incarcérée pendant quelques mois dans cette prison il y a peu de temps et je ne peux que confirmer ce que disent les détenues dans leurs courriers. Durant cette période d’enfermement j’ai assisté et/ou vécu plusieurs scènes dont je vous fais une liste, non exhaustive, ci-dessous:
– Régulièrement et pour des raisons injustifiées les parloirs sont annulées alors que les familles sont là et à l’heure.
– Les surveillantes lisent tout les courriers avant de les distribuer et divulguent volontairement leurs contenus à qui veut bien les entendre.
– Une détenue malade a été privée de nourriture parce que les surveillantes exigeaient qu’elle se lève elle-même pour prendre le plateau repas que sa codétenue était prête à lui récupérer pour l’aider.
– Les infirmier-es et médecins ne respectent pas le secret médical et divulguent des informations non nécessaires aux surveillantes.
– Une détenue a attendu près d’un mois avant de pouvoir subir l’intervention dont elle avait besoin, elle a faillit faire une septicémie tellement la prison a mis de temps à l’envoyer à l’hôpital.
– Alors que les femmes blanches et parlant français sont appelées par leur nom, les autres sont bien souvent désignées par leur nationalité ou région d’origine.
– Il n’y a aucun moyen de traduction mis en place par l’A.P, qui ainsi exclut la possibilité aux non francophones d’accéder aux même droits que les autres.
– Après chaque parloir les surveillantes effectuent une fouille totale à nu automatiquement sur chacune des détenues alors que cela n’est pas obligatoire. La fouille se fait dans un recoin mais tout le monde peut voir. C’est une pratique non nécessaire et rabaissante.
– Certaines détenues attendent plus d’un mois pour recevoir les repas adaptés à leur régime alimentaire.
– Les surveillantes, soit parce qu’elles ont la flemme de faire leur travail, soit simplement par vengeance, pratiquent la technique de l’oubli, c’est à dire qu’elle laissent les détenues dans la salle d’attente parfois pendant des heures (où il n’y a rien, ni toilette, ni eau, ni occupation) … et j’en passe…
Ce peut paraître des détails mais lorsqu’on est privée de liberté les proportions ne sont pas les mêmes. Ce qui est certain c’est que les surveillantes exercent leur toute puissance sur les détenu-es de manière arbitraire et font preuve de sadisme, et qu’elle bénéficient de la complicité de la direction qui les couvre. Je ne suis donc pas surprise que les problèmes à la M.A.F soient niés en bloc par l’A.P, qui en plus en profite lâchement pour pleurnicher sur ses conditions de travail. Si je vous écrit aujourd’hui c’est pour soutenir ces détenues et dans l’espoir que les média arrêtent de mettre en doute leurs propos.
Vous comprendrez que je ne signe pas de mon nom.
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