G. ASKAROGLU est un des prisonniers isolés du centre de détention de Bourg en Bresse. Il réclame son transfert le plus rapidement possible.
Incarcéré jusqu’en 2012 au CD de Roanne, Gurbet Askaroglu s’était mobilisé contre différents aspects de la détention : l’humiliation des détenus et leurs proches lors des fouilles et des UVF, l’exploitation dans les ateliers de travail, la mise sous pression de la part de différents surveillants pénitentiaires, etc. (voir http://grenoble.indymedia.org/2012-… )
Il avait chèrement payé son insoumission, de trois mois d’isolement puis 5 mois de régime en porte fermé. Puis il a été transféré. Plus tard, alors qu’il a fait un recours pour placement abusif en isolement, la justice a reconnu, une fois n’est pas coutume, les torts de la pénitentiaire qui a été condamnée à lui payer une amende comme forme de dédommagement. Ce qui ne les empêche pas de refaire la même chose aujourd’hui, ils ne sont pas à une amende près.
Arrivé à Bourg en Bresse durant l’été 2012, G. ASKAROGLU entame des démarches pour faire baisser sa période sûreté (période au cours de laquelle il n’est possible de faire aucune demande de libération conditionnelle ou aménagement de peine, ni de permission de sortie.)
Ces démarches sont longues, coûteuses ( financièrement mais aussi parce qu’elles demandent beaucoup d’efforts et de garanties ) pour un résultat très incertain.
Après des mois d’attente, de recours, après avoir enchaîné les formations et passé plusieurs CAP pour maximiser ses chances, il a « gagné » une année.
Mais les méandres du parcours à entreprendre pour obtenir un aménagement de peine relativisent cette avancée.
En effet, s’il est maintenant « conditionnable » (c’est à dire qu’il a la possibilité de demander une conditionnelle, qui reste évidemment au bon vouloir de la justice et de l’administration pénitentiaire) depuis le 22 mars ; s’il a déjà une promesse d’embauche pour la sortie, et des proches qui l’attendent, la pénitentiaire lui met des bâtons dans les roues.
Avant d’obtenir une conditionnelle, il faudra de toutes façons qu’il repasse devant un expert psychiatre qui pondra un rapport à son sujet ; qu’il attende un temps indéfini pour passer quelques semaines devant des spécialistes de la Commission Nationale d’Évaluation qui vont décider de son avenir du haut de leur science, et qu’il obtienne des permissions qui pour l’instant lui sont refusées.
Si tout ceci est profondément décourageant pour une personne qui a tout misé depuis 3 ans pour faire avancer ce projet, la situation concrète de son incarcération actuelle l’est autant.
Depuis le 21 octobre 2014, il est à l’isolement. Cette mesure, déjà renouvelée une première fois par la direction du centre pénitentiaire vient d’être relancée jusqu’au 27 juillet pour la Direction Inter-régionale des Services Pénitentiaires Rhône Alpes Auvergne.
Les faits qui lui sont reprochés restent flous. Des « menaces envers le personnel pénitentiaire » qui se seraient passées le 14, 15 et 16 octobre. Entendre une altercation verbale, une demande d’explication le lendemain, puis une autre altercation verbale. A la suite de cette dernière, les surveillants effectuent une fouille complète de sa cellule, arrachent tout, et confisquent sa chaîne hi fi, son four, ses plantes, affaires qu’il avait depuis des mois. Puis la lieutenant nouvellement nommée décide à ce moment de l’emmener au régime porte fermée, au motif de menaces datant de deux jours plus tôt.
Quelques jours après il est appelé au parloir où l’attend la police, qui veut l’auditionner car il aurait menacé un surveillant. Pourtant personne n’a déposé plainte, mais la direction en a informé la police, qui se déplace.
Ceci se déroule dans un contexte où les insoumissions sont fréquentes : à titre d’exemple le surveillant présent le 16 a reçu un œuf en pleine tête le matin même, d’autre part une porte de l’étage avait été sabotée le 17 (ce qui arrive régulièrement), et la directrice de l’époque lui avait dit alors « si ça se reproduit, vous savez où vous irez » ( alors qu’il était en régime porte fermée ce jour là.)
On peut rappeler qu’il y a eu des mutineries au centre pénitentiaire de Bourg en Bresse, en août 2013 et plus récemment en janvier 2015.
Des prisonniers se sont rebellés contre la matonnerie. Ils avaient de multiples raisons de le faire. En retour, la matonnerie essaye de mettre tout le monde au pas.
Le 21 octobre, la direction décide de le placer en isolement, et ils reconduisent depuis cette mesure.
Puis ils en rajoutent.
2 mois après ils ont formulé un compte rendu d’incident au sujet d’objets trouvés lors de la fouille de sa cellule, auquel il n’y a pas finalement eu de suite. Par contre, ils refusent de lui rendre ses affaires, par exemple la chaîne hi fi qu’il possède car un détenu libéré la lui a donnée, mais l’administration pénitentiaire s’y oppose au motif qu’elle n’a pas validé ce don.
Si cela peut sembler des détails, il s’agit en réalité d’un acharnement, d’une mise sous pression, et qui plus est pour une personne en isolement ce sont pas des détails.
Pour en rajouter encore un peu plus à sa mise sous pression, il y a encore d’autres éléments.
Le 18 janvier est né son troisième enfant. Il lui a été refusé de se rendre à l’hôpital pour le voir, et à la mairie pour le reconnaître, même sous escorte.
Il a également des problèmes de santé nécessitant des matériels spécifiques, comme un matelas et un coussin ergonomique, qu’il possède, et utilisait précédemment en cellule.
Aujourd’hui, ceux ci lui ont été confisqués, on ne sait pour quelle raison. Le docteur exerçant au centre pénitentiaire, lui a fait un certificat le 30 janvier attestant qu’il en a besoin en raison de ses problèmes de santé. Ils lui disent qu’il n’a qu’à en racheter un autre.
Au début de l’année, il a été opéré d’une glande salivaire, ce qui devait au départ être bénin. Mais l’opération a eu des complications, et un nerf a été touché, ce qui a pour conséquence une paralysie faciale partielle, et d’intenses douleurs. Pour la médecine et la pénitentiaire ce n’est qu’un détenu n’est ce pas ? Malgré les souffrances qui persistent, il reste dans la même situation ; et l’accès à un réel suivi médical reste un parcours du combattant.
D’autre part la direction lui a également refusé la possibilité de participer aux activités en commun avec les autres personnes placées en QI pour qu’il n’ait ni contact, ni activité… et voie défiler par centaines les heures dans la solitude et l’ennui.
Il lui est reproché par la DISP des « tentatives d’intimidations exercées à l’encontre des personnels d’établissement [par] des pressions verbales ou des remises en cause professionnelles » ainsi que « [de s’] enfermer dans une attitude de contestation systématique envers les décisions prises par la direction de l’établissement, [multiplier] les requêtes ou demandes d’audience et [sa] prise en charge ne peut se concevoir, dans ces conditions, qu’au quartier d’isolement »
Il est important de rappeler que l’isolement est un régime qualifié de torture, qui altère les sens, la réflexion, le rapport à soi même et aux autres : en bref, la personne en entier. L’isolement a été pensé pour briser les détenus.
Aujourd’hui, il dit qu’il commence à parler tout seul, qu’il sent qu’il est à bout et prêt à péter les plombs.
Cela fait des mois que G. ASKAROGLU demande a être transféré aux Murets près de Toulouse. Or rien ne bouge. Le seul transfert qui lui a été proposé, c’est à la centrale de Moulins, ce qui n’est pas adapté à ses démarches pour l’aménagement de peine.
Il pourrait être transféré dans un autre centre de détention correspondant à ce qu’il demande depuis des mois, entamer concrètement les démarches d’un aménagement de peine, et préparer sa sortie après 14 ans d’enfermement.
Poussé à bout par l’administration pénitentiaire qui a décidé de lui en faire baver, il pourrait aussi laisser libre court à sa colère, et prendre le risque de nombreuses autres années de prison.
L’administration pénitentiaire en serait tenu responsable.
Laisser un commentaire