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LA SEMI-LIBERTÉ, UNE PRISON COMME UNE AUTRE
Lorsqu’elle annonce la réouverture de la prison de la Santé avec une fierté funeste, l’Administration pénitentiaire oublie de dire qu’elle a continué d’y enfermer des prisonniers au quartier semi-liberté pendant les travaux. Or la semi-liberté est un emprisonnement : le matin et le soir, ce sont les règles de l’administration pénitentiaire qui s’appliquent, avec tout leur arbitraire, et puis on cantine -et on se fait gratter un maximum. Les « peines alternatives » diverses et variées servent toutes à enfermer plus, et à moindre coût. Depuis longtemps déjà, l’Etat s’est donné les moyens de faire évoluer les prisonniers d’un statut d’enfermement à l’autre -avec la prison comme fil rouge. Il y a le continuum prison/semi-liberté/bracelet, les allers et retours prison-CRA (centre de rétention administrative)… tout un catalogue de parcours d’enfermement dans lequel les juges n’ont plus qu’à piocher à leur fantaisie. L’entrée en application d’une énième loi pénitentiaire va encore multiplier ces dispositifs avec la création des SAS (Structures d’accompagnement vers la sortie » : encore une nouvelle gamme de régimes semi-ouverts pour enfermer toujours plus. A l’intérieur, la même logique s’applique avec les régimes différenciés, qui s’étendent progressivement depuis des années. Dans les maisons d’arrêt, c’est le module Respecto qui remplit cette fonction : on y est noté par un système de points. Selon sa note, on peut se faire virer du module, ou au contraire avoir droit à un colis de viande supplémentaire apporté par les proches, comme ça se passe à Villepinte.
- Pour l’émission L’Envolée, on a discuté avec deux copains qui sont justement en semi-liberté à la Santé ; deux gars dont les parcours différents -l’un était en prison, l’autre sous bracelet- débouchent tous deux sur cette forme d’enfermement-là. On trouvera ci-dessus l’enregistrement de leur témoignage, qui en dit long sur ce qu’on dénonce souvent ici : l’individualisation des peines et l’extension de l’enfermement.
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