Catégorie : Entretiens

  • Témoignages des prisonniers en lutte du CRA de Lyon-Saint-Exupéry

    Témoignages des prisonniers en lutte du CRA de Lyon-Saint-Exupéry

    Depuis le 2 juillet, les prisonniers du CRA de Lyon Saint Exupéry sont en lutte. Ils ont écrit une lettre collective aux autorités, entamé une grève de la faim, rendu leur carte de retenus (qui servent aux keufs à les identifier) et subi les coups et la répression.

    Dans l’émission de l’Envolée du 5 juillet, Nizar revenait sur cette semaine de lutte. Il a été déporté violemment le lendemain. Deux jours plus tard, Omar revient sur ce qui se passe au CRA de Lyon dans une conversation téléphonique.

    Voici des extraits de ces deux discussions. Force et courage à tou.te.s les enfermé.e.s !

    Extraits de l’émission l’Envolée du 5 juillet 2019

    Envolée : Du coup toi t’appels du centre de rétention de Lyon ?
     
    Oui, exactement, alors je me présente je m’appelle Nizar. Je suis en centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry depuis deux semaines. Et en fait ici pour vous dire très simplement c’est la jungle.
    C’est la jungle où les policiers de la PAF sont les fauves et où on est l’appât, où on est euh voilà… On est des animaux en fait !
    On a pas de droits ici. Ils sont en train de faire n’importe quoi avec nous. Ils refusent des soins pour des gens, ils enlèvent du matériel médical pour certains. Ils refusent de simple choses.
     
    Et aujourd’hui il y a eu un incident qui est très très grave. En fait parmi nous ya une personne qui est malade d’accord ?
    Elle s’appelle euh, elle m’a autorisée à donner son nom, elle s’appelle Mohamed Ali né le 1.06.1987. C’est une personne qui est venue ici juste après avoir fait une chute de 6 mètres sur un rocher, ou il a eu plusieurs fractures et c’est une personne qui est épileptique donc elle est là avec ses béquilles, détruite et qui fait beaucoup de crises d’épilepsie et en fait on le laisse pas accéder au soin.
    Aujourd’hui ce qui s’est passé c’est que il voudrait accéder à son bagage qui est dans la consigne en fait, et c’est tout à fait son droit puisqu’il le fesait à 17h alors qu’on a plus le droit à partir de 18h30. Donc ce monsieur demande à accéder à son bagage et on lui refuse ça !
    On lui refuse ça parce que, je ne sais pas pourquoi, parce qu’ils prennent des décisions arbitraires.
     
    – Envolée : Attends excuse-moi. C’est juste pour expliquer ce bagage en fait. En fait, juste pour euh dire quand vous vous êtes en cellule vous avez pas le droit de ramener toutes les affaires c’est ça ?
     
    Exactement. On a pas le droit. Ouais on a comme une bagagerie à l’intérieur du poste de police
     
    – Envolée : Une salle de coffre quoi.
     
    Voilà. Donc on leur donne notre carte. On va là-bas sous la surveillance prendre ce qui est à nous et revenir.
    Donc monsieur on lui a refusé d’accéder à son bagage et l’autre, le policier qui lui a refusé ça, ben il lui a mis un coup dans l’épaule, un bon coup dans l’épaule. Sachant qu’il est épileptique et qu’il a ses béquilles sur lui au moment des faits et il lui dit « écoute moi jsuis un boxeur ».
    Et là qu’est-ce qu’il se passe ? Et bien il fait une crise d’épilepsie et c’était vraiment très très grave et c’est la troisième de la journée qu’il fait.
    Et comment vous dire en fait ils s’en foutent, ils s’en foutent de tout ça, passez moi le terme mais pour eux on existe pas, on est pas là et depuis quelques jours en fait parce qu’on a fait une grève de faim.
     
    On a envoyé la lettre, ce qu’on a fait, tout le monde a signé, a mis son nom et prénom pour indiquer que allo ?
     
    – Envolée : Ouais excuse moi, la lettre dont tu parles c’est la lettre qu’on a lu juste avant ton coup de file ?
     
    Exactement
     
    – Envolée : Et est-ce que tu crois que avant de partir la dessus, est-ce que tu peux expliquer de comment vous avez décidez ensemble de vous mettre en grève de la faim parce qu’en gros là ya nous ya des copains dans d’autres centres de rétention en Île-de-France qui écoutent et c’est important aussi tu vois que les infos elles s’échangent un peu.
     
    Alors en fait ce qu’il s’est passé c’est qu’un monsieur est partit pour voir, enfin pour récupérer quelque chose dans son bagage. Quand il a ouvert son bagage il a trouvé que les meilleures choses, les meilleurs objets qu’il possédait ont disparus !
    Et ces bagages là, personne n’a accès à ces bagages sauf les policiers et la personne concernée puisque chaque personne doit présenter sa carte et on prend son bagage ou il y a son nom et prénom devant la surveillance d’un policier et on nous donne ça et on remet ça devant nous.
    Si quelque chose manque c’est les policiers qui les ont prisent, je sais que c’est très très grave ce que je viens de dire, et je pèse mes mots et j’en porte la responsabilité. Donc les policiers en fait ils sont en train de nous délester dans la bagagerie des meilleurs objets qu’ont possède, à savoir des montres, de beaux parfum, de belles pièces de… Enfin soit des gourmettes en or, des gourmettes en argent…
     
    – Envolée : Ouais ils volent quoi !
     
    Ils volent exactement ! LES POLICIERS DE LA PAF DE SAINT-EXUPERY VOLENT DANS NOS BAGAGES voilà.
     
    – Envolée : Là on parlait juste avant dans l’émission en fait de la, d’une des prisons les plus sécuritaire de france qui s’appelle Condé-Sur-Sarthe et ou en fait comme dans toutes les prisons les matons il vont aussi pas mal de…
     
    Voilà il se sucrent sur euh exactement ! Voilà ! Ça a commencé comme ça. Le monsieur comme forcément il va pas être content, il a réclamé qu’il revisionne avec eux les caméras, ils ont refusé et donc ça a commencé à se chauffer parce que la même journée ya eu une personne a qui on a volé quatre cartouches de cigarettes, une autre personne un parfum Armani qui coûte 200€ et quelque. Euh… D’autres personnes ont perdues des montres, beaucoup de choses en fait le même jour ! Donc c’était un petit peu la goutte d’eau qui fait débordé le vase.
    Toute fois on a pas fait de bordel ! Pardon excusez moi le terme
     
    – Envolée : T’as droit de dire « bordel » t’inquiète !
     
    C’était pas une contestation très très vive.
     
    – Envolée : Ouais vous avez juste demandé vos droits, de voir la vidéo euh de savoir ce qui se passe quoi parce que ça devient chelou quand même
     
    Et bien quand ils ont vu que tout le monde avait les mêmes revendications parce que presque tout le monde avait perdu des affaires ce qu’ils ont fait c’est que maladroitement ils ont essayé de rattraper le truc. Et ils ont dit « ah bah écoutez ce qu’il s’est passé c’est qu’on a retouvé vos affaires dans un autre bagage ».
     
    – Envolée : Mais non ! Et toutes les affaires de plein de gens différents ?
     
    Enfin non juste les bagage du monsieur de ce jour là. Et ce qui est impossible parce à chaque, comment dire, casier il y a un numéro et ça commerspond au numero du retenu et donc c’est IMPOSSIBLE qu’on lui ai donné deux casiers. Et d’ailleurs lui-même la dernière fois qu’il avait pris son bagage avait toutes ses affaires dans le même bagage. Et les poliiers n’ont pas le droit de remettre ça dans un autre bagage, de remettre ça dans un autre casier. Donc soit ils ont pris son bagage, il l’ont mis dans un autre casier, une partie de son bagage et ils l’ont mis dans un autre casier. Ce qui est interdit !
    Soit ils les ont volés ! Et c’est ce qui est le plus probable et d’ailleurs ce qui s’est passé. Ils ont volé ça et à un moment donné ils se sont dit « oh c’est partit trop loin, là ils sont pas bête quand même et donc on va remettre ça ». Et maladroitement ils ont fait ça et nous on avait compris, en fait c’est juste la goutte d’eau qui fait débordé le vase ! On a décidé de faire une grève de faim pour que les policiers soient plus, comment dire, attentifs à ce qu’on veut, à nos droits quoi ! Et donc on a demandé à voir un responsable, ça n’a pas été fait donc on a fait une grève de faim pendant…
     
    – Envolée : Ah ouais, on vous refusé euh… Là vous avez toujours pas vu votre responsable ?
     
    Non, toujours pas vu de responsables.
     
    – Envolée : Le responsable tu veux dire c’est le, le chef, le chef du CRA ?
     
    Le chef du CRA exactement ou au moins un sous-chef du CRA enfin pas un
     
    – Envolée : Ouais pas les flics lambda qui…
     
    Exactement pas un policier qui exécute seulement les ordres qu’on lui donne donc euh…
     
    – Envolée : Parce que c’est dans vos droits en plus !
     
    Exactement, donc voilà, il ont pas donné euh, ils n’ontt pas accédé à ce droit. Euh donc la grève a durée 4 jours quasiment , le quatrième jour on a quand même mangé, c’était aujourd’hui euh…
    Et aujourd’hui ce qu’il s’est passé c’est que .suite à la crise d’épilepsie de … Qu’a fait monsieur Mohamed Ali et ben on a demandé à ce qu’il soit pris en charge.
    D’ailleurs c’est pas sa place en centre de rétention. Une personne comme ça sa place, c’est une prise en charge soit dans un hopital soit…
     
    – Envolée : D’ailleurs c’est la place pour personne mais particulièrement pour lui on est d’accord.
     
    Exactement mais voilà.
     
    – Envolée : Mais toi et tous les autres potos ils ont rien à faire en centre de rétention. Vous devez rester vivre à ou vus avez envie de vivre et c’est tout.
     
    Exactement mais voilà je dirai à plus forte raison pour une personne voilà. Et bien écoutez donc on m’a… Les policiers sont venus en bon nombre, ils ont créés des bagarres entre nous parce que en fait ils sont très au fait et très euh.. il connaissent très très bien les affinités qui peuvent exister entre certaines ethnies, et ils jouent sur ça vous voyez.
     
    Donc ils créént un peu de bagarres, et à ce moment là, moi personnellement j’étais en train de parler au téléphone pendant 1h30 donc j’ai même pas vu la crise devant ma vue, j’ai même pas vu la bagarre.
    En sortant ya le policier qui vient et qui me choppe qui me dit « toi tu viens avec moi ». Voilà pour je ne sais pas quoi, faire de moi une leçon ou… Il voulait m’emmener dans le poste certainement pour me tabasser. c’est une chose qui a été déjà faite et il y a d’autres personnes qui ont déjà été tabasser par les policiers qui peuvent témoigner.
    Et donc dans ce même jour ya mr Mehdi Galkaoui qui était en train de donner les premiers secours à monsieur Mohamed Ali qui a fait la crise.
     
    Et à ce moment là ya les policiers qui sont venus et ils lui ont dit de dégager, en fait il pouvait pas dégager parce que le monsieur qui a fait une crise a avalé sa langue vous voyez ce que je veux dire ?
     
    Il était en train d’être asphyxié, et il pouvait pas, c’était un truc d’urgence !
     
    Ce qui s’est passé c’est que le monsieur qui était en train de la sauver, un retenu, et bien on l’a, on lui a fait une euh … Je sais pas comment on dit ça, une clef de bras.
     
    – Envolée : Une clef de bras oui
     
    Exactement, une clef de bras. C’est vraiment, il a serré il a asphyxié, étouffé et ils l’ont tiré euh sur la terre pour l’emmener voilà enfin ils ont tirés comme un animal euh… ils l’ont emmené chez eux. Je sais pas ce qu’ils en ont fait, ils l’ont maltraités sûrement.
     
    – Envolée : Parceque là t’as pas de nouvelles du poto qui a aidé le…
     
    Si si si il est sortit plus tard mais voilà il est dans un état psychologique pas très très bien, il veut pas parler aux autres.
    Et en fait moi ils m’ont dit, enfin je sais que c’est quelque chose de grave ce que je dis quand même si il y a des gens qui entendent mais voilà on m’a dit clairement, très très clairement « tu vas le payer cher ». Parce qu’ils pensent que je suis le meneur ou je sais pas quoi de ce mouvement alors que en fait c’est juste que je suis.. Enfin je suis la personne qui parle mieux français. Donc je suis quelqe part leur porte parole des choses qu’ils disent en arabe ou en d’autres langues moi je suis l’interprète et en même temps je suis avec eux dans le mouvement.
    Et donc ils me prennent pour le meneur, ou c’est le rôle qu’ils vont me donner ils me l’ont dit texto « on va t’accuser d’incitation à l’émeute » et je vais vous dire mon nom et prénom comme ça se suis quelque part un peu protégé, je m’appelle Nizar Hamriti, je suis né le 25.10.1994 à Casablanca.
    Donc ils m’ont « dit toi tu vas le payer cher.
    Tu es le meneur tu vas le payer cher ».
     
    – Envolée : ouais parce qu’en fait tout ce que tu racontes c’est des trucs quon a entendu là récemment dans les, enfin au CRA de Mesnil-Amelot, ou a CRA de rennes ou en fait les flic parviennent à dresser les gens les uns contre les autres, à organiser des bagarres et après en profiter pour foutre des gens à l’isolement, les tapper, les transférer, désigner des meneurs et compagnie. En fait c’est le fonctionnement normal des CRA que tu décris quoi.
     
    Exactement, en fait ce qu’ils font aussi les policiers c’est que en fait à un moment donné de la journée entre 10h et 14h faut qu’on évacue les cellules et le couloir ou on habite. Qund on les évacue, et bien généralement l’après-midi il y a des bagarres qui se créent, pourquoi ?
    Parce que comme je vous ai dit en faite comme ils osnt très au fait des affinités entre éthnies et bien ils prennent des affaires d’une chambre et ils le mettent dans une autre chambre bien dissimulée avec laquelle peut-etre il y a quelque…
     
    – Envolée : Comme ils ont fait avec les affaires au coffre du coup ?
     
    Voilà exactement, enfin sauf que pour le coffre c’était pour eux, ils se le mettaient dans les poches mais quand ils sont dans les couloirs pendant l’évacuation ils planquent ça pour que les autres découvrent ce qui a été volé dans la chambre d’autres ethnies enfin ça peut etre des blacks, des arabes, des tunisien, des marocains, des algériens, des albanais, pour que la bagarre se créé. Vous voyez ce que je veux dire ?
    Donc maintenant nous on est au courant de ce qui se passe, de leur manipulation et tout et voilà..
    On ne se fait plus avoir et ils nous ont dit clairement « yavait toujours des tensions ici mais c’est la première fois que ça arrive comme ça vous allez voir, on va vous punir ».
     
    – Envolée : Ouais ils sont pas content de ne pas réussir à vous diviser quoi !
     
    Exactement. On connaît bien le dicton « pour régner il faut diviser », ce qu’ils faisaient depuis longtemps euh maintenant ils ont plus ce pouvoir quelque part donc euh… Ca les emmerde au plus haut point et ils commencent à devenir très très agressifs envers nous, très très malpolis.
     
    Moi je fumais une cigarette tout à l’heure en venant au réfectoire, il me dit le policier il me dit « tu approches avec ta cigarette moi je t’écrase ». Alors que dans cet endroit on a le droit de fumer. c’est pas dans le réfectoire c’est dans une allée pour aller au réfectoire qui est à l’air libre et nous on fume.
    Il me dit « toi tu t’approche avec ta cigarette, je te l’écrase ».
     
    Ya autre chose qui a été fait et j’ai remarqué c’est que au fait ils ont tous un numéro de matricule, les policiers de la PAF, comme tout autre policier.
    Là euh, cette après-midi ils ont enlevés tous les matricules de manière ce qu’on enregistre pas le matricule de chacun pour pas pouvoir se plaindre de telle ou telle personne en particulier quoi.
     
    – Envolée : C’est ce que font les flics quand ils se mettent à tapper les gens.
     
    Ya beaucoup d’autres choses parce que voilà j’ai beaucoup d’idée hein, moi ça fait que deux semaines que je suis ici, mais j’ai été témoin de tellement de choses dégueulasses, inhumaines que voilà j’arrive même pas à canaliser tout ça et vous le dire. Ya des idées qui me viennent au fur et à mesure euh par exemple des provocations psychologiques de la police et de la PAF ils n’hésitent pas à te dire « nique ta mère, trace ta route », pardon pour le mot. Euh ils n’hésitent ps à te dire devant les autres policiers, et moi ça m’est arrivé aujourd’hui, « toi tu verras on va te mettre un raclée », « tu aura ton compte », « tu le payera cher », mais il n’hésitent pas en fait à le faire !
    Parce que je pense que du moment qu’on est sans papiers dans ce centre de rétention on a pas le droit ! C’est comme si le droit français ne s’exerçait plus sur nous ! c’est comme si on était pas des sujets à ce.. Enfin voilà à ce droit là ! Comme si ça ne nous concernait plus et c’est la jungle.
    C’est comme ça que j’ai commencé ma discussion, c’est vraiment la jungle ! Les policiers contre nous euh voilà
     
    – Envolée : Oui et puis ils vous traitent comme des animaux quoi…
     
    C’est vraiment des animaux et là je parle même pas du lieu en lui même ! En fait là ce qu’ils sont en train de faire sur un coté des cellules, à un mètre des cellules ils sont en train de bâtir enfin, ils sont pas en train de bâtir, ils l’ont déjà bâtit, un mur de fer euh massif…
    Vous voyez le mur en béton ben sauf que c’est vraiment en fer.
     
    – Envolée : Genre ya plus de lumière ya plus de soleil ya plus rien ?
     
    Au fait ce qu’il y a c’est qu’il y a plus de lumière naturelle qui rentre. Ya un effet lentille euh convergente qui est fait.
     
    – Envolée : Oh vous devez avoir trop chaud…
     
    Exactement, ça tappe sur le, sur le mur de fer et ça le réfléchit sur une seul zone dans le, dans la chambre, ça fait un effet micro-onde.
    Et après la nuit ce qu’il se passe, c’est comme le fer il est chaud avec l’échange thermique, la nuit il fait un peu plus froid, et bien ça chauffe ! Ça chauffe, ça chauffe énormément !
    Et ça, ça dur toute la journée, alors à part les cellules et le couloir ou on subit ça, ya la cour. Sauf que la cour, ya aucune cour ombragée ! Ya pas d’ombre dans les cours ! Ça veut dire que grosso-modo dans le centre de rétention de Lyon c’est soit une cour qui n’est pas ombragée dans le contexte de la canicule ou tu es dans un habitat qui fait office de four quoi !
     
    – Envolée : Mais toi t’es arrivé dans le contexte de a canicule pile en plus.
     
    Exactement, et pas que pour moi. Ya des gens qui sont vraiment malades ! A qui on refuse le soin ! On leur refuse le soin ! On est tous en train de se gratter euh, de se gratter la peau monsieur. Vous voyez c’est euh, c’est grave !
    Le monsieur qui est cassé, qu’on a cassé la main, un monsieur a été cassé de la main par les policier de la PAF ! c’est très grave tout ça !
     
    – Envolée : Et qu’est-ce qui s’est passé ouais ? Comment ça s’est passé ?
     
    Alors bah attendez il est devant moi. Ah en fait ce qu’il s’est passé c’est que il s’appelle Miled Qualifa, né le 9.9.1999, en fait il était sous médicaments, il était souffrant, il était sous médicament. Il dormait.
    Et comme je vous ai dit tout à l’heure à 10h on fait l’évacuation donc il dormait, euh on lui a dit sans ménagement « bon tu te réveil ! », lui il dormait, il était dans un état de somnolence, il les a même pas entendu et bah là directement, deuxième, troisième fois on lui demande et la quatrième fois c’est coup de matraque à la main et il a été cassé emmené à l’hôpital avec platre et puis et puis tout…
     
    – Envolée : Tu euh… C’est une manière de réveiller les gens quoi !
     
    Oui exactement c’est une des manières de réveiller les gens oui !
     
    – Envolée : Mais ils sont fou ! Ouais pardon je fais des blagues qui sont peut-être pas bonnes mais des fois c’est notre manière de, parce qu’on en entend tellement des histoires que on a envie de de casser des murs. C’est pas du tout pour minimiser en tout cas.
     
    Ouais non mais je vous comprends, même nous on essaye de faire un petit peu des blague pour euh détendre un p’tit peu l’atmosphère parce que autrement euh, autrement c’est très très grave, c’est insupportable !
     
    Là en ce moment on est tous en train de se gratter la peau ! Ya des sauterelles qui rentre monsieur dans nos chambres, ya des puces ! Ya des insectes que j’avais jamais vu de toute ma vie.
     
    – Envolée : bah ouvrez un zoo, jsuis désolé je continue sur les blagues.
     
    Ouais c’est a en fait, on se disait entre nous que dans quelque temps yaura des créatures qui vont apparaître. L’évolution des espèces et bien au CRA de Lyon les biologistes vont [passage inaudible].
    Euh voilà euh, je sais pas franchement je sais pas.
     
    On a écrit, au fit, la lettre qu’on a envoyée, tout le monde l’a signée ça veut dire que forcément ya un problème si tout un dépôt fait une grève de faim et que tout le monde signe sur un papier ou on atteste de ce qu’on a attesté ça veut dire que c’est très grave et je peux vous dire aussi qu’on l’a envoyé à beaucoup d’institutions et beaucoup de groupe officiel :
    On l’a envoyé au ministère de l’intérieur, on l’a envoyé au ministère de la justice, on l’a également envoyé à matignon – parce que c’est de leur ressort aussi quelque part – on l’a également envoyé au bâtonnier de la cour de là ou on voit le juge des liberté et des détention histoire que le juge quand il décide de remettre 30 jours à quelqu’un ben qu’il sache un peu où il l’envoi.
     
    Euh voilà on a envoyé à beaucoup de personnes, à la ligue des droits de l’Homme, à la cour européenne des droits de l’Homme également parce que ben ya pas de respect des droits de l’Homme.
     
    – Envolée : Vous avez fait aussi la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ? Le défenseur des droits ?
     
    Ouais exactement, on a même pris en photo les lettres recommandées qui contenaient les documents voilà comme quoi ça prouve qu’on a bien fait les lettres et …
     
    – Envolée : Et après juste pour reprendre là dessus, nous quand même enfin ce qu’on disait c’est que ce que vous vivez c’est ce que vivent les gens dans tous les CRA de France et que du coup cette lettre elle devrit partir de tous les CRA enfin dans le sens. En fait c’est pas la rénovation du CRA de Lyon qu’il faut, on est d’accord, enfin c’est bien la fermeture de tous les CRA. Ya pas de bonne manière d’enfermer les gens.
     
    Exactement, mais pour arriver à un résultat global à un moment donné faut partir du spécifique euh…
     
    – Envolée : non c’est sur, c’est sur…
     
    Et comment dire aussi, ce qu’ils ont fait parce que ça c’est très très important.
    En fait ce qu’on a fait nous c’est qu’on a fait grève de faim, on a également pris toutes nos cartes parce qu’il y a deux cotés, coté bleu et coté jaune, on a donné de son propre plein gré ces cartes et on les a remis au policiers histoires de dire que voilà, on est pas des noms et des prénoms et des dossiers que vus traités pour envoyer rapidement au pays d’origine pour exécuter les mesures d’éloignement ON EST D’ABORD DES ÊTRES HUMAINS ! Qui même en attendant cette mesure d’éloignement, devraient être soit libres – c’est ce que l’on veut dans l’idéal – soit au moins traité comme des être humains. Euh comment vous dire…
     
    – Envolée : C’est cool hein franchement refuser les cartes…
     
    On a refusé les cartes et ce qu’il s’est passé c’est que on a voulu récupérer les carte après parce que avec les cartes on récupère certaines choses dans nos bagages et pour les visites. Mais ce qu’ils ont fait c’est que en fait en demandant les cartes ils nous ont dit « vous mangez, on vous donne les cartes ; vous mangez pas, on vous donne pas les cartes ».
     
    – Envolée : Ils ont voulu vous interdire de visite ?
     
    Ouais en fait, ils ont fait un chantage. Ils ont fait un chantage. Si vous mangez on vous donne les cartes, et donc vous aurez, vous pourrez avoir des visites, si vous mangez pas, vous aurez pas de visites ! Et vous n’aurez pas accès à votre bagage, et même ce qui est très très grave, on vous donne pas de linge, de nouveau linge en fait, linge propre.
    Et quand j’ai parlé aux policiers un petit peu le chef qui sort un petit peu dans la cour, et ben il m’a dit «  c’est les consignes du dircteur du CRA ».
     
    – Envolée : Qui refuse de vous voir ?
     
    Voilà cette même personne qui refuse de nous voir donne des consignes comme quoi pour donner les cartes qui nous confèrent d’autres droits et ben faut faire.
     
    – Envolée : Faut arrêté de protester euh…
     
    Exactement, donc moi qu’est-ce que je dis à la dame ? Je lui dit madame, ma carte qui me confère d’autres droit, je dois décider de ne pas jouir d’un droit. C’est à dire le fait de manger ou pas.
    Et c’est exactement ça, je lui dit « est-ce que c’est logique ? », elle me dit « Nan, c’est les directives, c’est le directeur du centre de rétention de Lyon qui fait ça ».
     
    Autre chose, la lettre que vous avez vu hein que vous avez lu, ils me l’ont volé. Donc moi je ne sais pas depuis quand la France confisque enfin le système euh administratif ou pénitencier confisque un papier quoi
     
    – Envolée : Depuis assez longtemps je crois.. Ouais c’est pas un truc qui arrive cette année quoi, enfin malheureusement comme dans les prisons, dans les centres de rétention, la volonté de l’état c’est qu’il n’y ai rien qui sorte. Que les seuls trucs qui sorte c’est des communiqués mais après les communiqués bon [passage inaudible]. Du coup c’et hyper fort ce que ous avez fait et c’est hyper cool là que tu ai pris le temps de témoigner comme ça à la radio.
    Nous l’émission elle va bientôt touchée à sa fin, on voulait savoir si yavait quelque chose que tu souhaitais rajouter ?
     
    Euh oui bah ya en fait euh jsais pas, ya monsieur Taibi Omar, et surtout monsieur Mohamed Ali, monsieur Mohamed Ali surtout, surtout qui a besoin de soin. Et il peut pas rester dans cet état là parce qu’il fait trois, quatre crises par jour et c’est franchement euh, c’est invivable. C’est plus possible, on est des poules, on est pas des êtres humains et cette personne là je redis son nom, Mohamed Ali il est dans un grave état de santé qui nécessite d’être hospitalisé !
     
    – Envolée : Et on rappel que quand l’état enferme en fait il est responsable de la santé des gens qu’il enferme et que déjà il n’avait qu’à pas enfermer les gens quoi ! Et qu’à un moment faut arrêter de se foutre de la gueule du monde. Et du coup c’est hyper grave et c’est hyper important d’avoir dit son nom à l’antenne. On rappel qu’en ce moment il est en vie et que c’est de la faute de l’état que son état de santé se dégrade.
     
    Je voulais juste préciser que cette personne là, quand même, tenez vous bien, il a été dé-choqué trois fois, il était mort trois fois, avant d’arriver dans le centre de rétention suite à sa chute qu’il a fait son cœur s’est arrêté de battre pendant trois fois et il y a des papiers qui prouvent ça. On l’a amené en déchoquage trois fois, enfin, c’est à dire que son cœur s’est arrêté trois fois à cette personnes avant qu’on l’amène en centre de rétention.
    Et il commence à manifester des symptômes qui sont quand même grave. Très très grave ! Surtout avec les antécédents qui a. Et ils font toujours rien, ya même le médecin du CRA qui l’interdit de donner ce certificat là pour pouvoir le présenter dans le tribunal alors que il a d’autres papiers, avant durant sa liberté qui prouvent qu’il est épileptique. Et le comble, le comble dans tout ça c’est qu’il lui donne le traitement d’épilepsie mais il veut pas lui donner l’attestation prouvant qu’il est épileptique.
     
    – Envolée : Comme quoi ils se foutent bien ouvertement de la gueule des gens, ils jouent avec la vie des gens. Du coup c’est très important de relayer, ya le site de l’envolee.net ou on va relayer votre lettre et continuer de relayer les informations.
    Et aussi pour préciser que à cette date c’est vraiment la taule qui est en train de faire le truc et que toi par exemple tu as donné ton nom tout à l’heure, euh vu toute les menaces qu’il ont fait on rappel que tu es en parfaite intégrité morale et physique et que voilà ils on pas intérêt à te toucher en tout cas on sait exactement
     
    Exactement parce que tout à l’heure je voudrais juste le redire, tout à l’heure ils voulaient m’emmener, ils allaient me tabasser hein. D’ailleurs tout le monde a protester, ils ont criés et tout parce qu’ils savaient vraiment ce qu’il allait se passer. Ils savaient ce qu’il allait se passer, il y a surtout une personne qui m’a soutenue c’est Taibi Omar, il a crié, protesté, « vous l’emmenez pas, vous l’emmenez pas ! ». Et on l’a tappé lui aussi.
     
    – Envolée :Bon en tout cas toutes ces personnes sont en parfaite intégrité morale et physique et si ya des trucs qui se passent on saura que ça viendra de la part des keufs.
    Extraits d’une conversation téléphonique avec Omar deux jours plus tard

     » Moi je m’appelle TAIBI Omar, je suis né le 13 mars 87. En fait j’ai envie de témoigner sur un homme qui s’appelle Mouhamed Ali je crois que vous avez entendu parler de lui.
    Il vient de tomber encore dans une crise d’épilepsie. Et maintenant il l’ont pris avec.
    Ils ont pris déjà beaucoup de temps pour venir interpréter mais ils l’ont pris avec et après quelques temps l’ambulance elle est venue ici alors ça veut dire c’est grave.

    Ils l’ont pris avec alors j’ai pas pour l’instant mais s’il y a plus d’infos je vais vous nformer. Merci beaucoup. Voilà.

    – Est-ce que tu veux raconter un peu comment ça se passe, comment ça s’est passé pour lui, ou même pour d’autres personnes le soin à l’intérieur du CRA ?

    Le soin ici c’est vraiment grave parce que le médecin il lui donne un traitement mais il refuse de lui donner l’ordonnance qui dit que ce monsieur là il est malade parce qu’ils veulent garder les gens ici comme ça . Parce que lui c’est pas quelqu’un qui peut rester ici quoi. Il est malade ! Il peut pas rester ici ! Ils ont pas le droit de le mettre ici ! On sait jamais quand il va tomber et où il va tomber. C’est ça le plus pire !

    Et… Le médecin ici il refuse de donner le certificat, ils veulent lui donner quand même le traitement quoi ! Alors lui il a refusé le traitement depuis trois jours pour contester  ; il joue même avec sa santé et sa vie mais ya rien qui change quoi !

    C’est toujours la même chose, ya rien qu’à changé ! Toujours la même chose ! Voilà !

    – Et du coup ils ont réagit comment les keufs quand il a encore fait sa crise d’épilepsie ?

    En fait la quatrième fois aujourd’hui, là il y a quelques minutes. C’est un peu grave quoi ! Ils ont au moins, au moins cinq minutes, j’étais là en train de tenir sa tête et ils ont pris le temps quoi ! Ils prennent du temps.
    On dirait qu’ils s’en foutent  !
    En plus ils sont venus et ils ont fait sortir tout le monde et ils ont fermé toutes les portes comme ça ils sont tout seul avec lui. Mais j’étais là moi j’ai regardé ! J’ai regardé tout ce qu’il s’est passé là !

    - Et ils faisaient quoi ?

    Yavait un seul pompier et ils étaient là en train de regarder. Ils ont même pas tenu ses pieds. C’est moi qui ai dit « tiens » [passage inaudible].
    Et le pompier il tient sa tête et voilà ya rien quoi, il s’est passé rien d’autre.

    – D’accord

    Voilà

    – Je sais pa si t’as envie d’en parler mais pour les autres personnes qui sont à l’interieur du CRA comment ça se passe pour les soins ?

    Le soin c’est la même chose ! Yen a un ici ça fait combien de temps, hey combien de temps ? Ya un mec ici son bras il est cassé ça fait 42 jours. Il le bouge même pas ! Il a 18 ans, ils le bougent même pas l’hôpital !
    Ils l’ont envoyé une fois à l’hôpital, après ils l’ont ramenés, la même chose, il a un truc comme ça là. Vous voyez jveux dire on le met sur le le cou pour tenir la main.
    Le mec ça fait 42 jours qu’il est comme ça !

    Ça c’est pas normal !

    – Il a une écharpe ?

    Ouais ouais voilà, celui qu’on met sur l’épaule pour tenir là main là. Comment on appel ça ? Jsais pas !
    Et ils refusent même de le soigner !

    Chaque jour lui il parle avec eux ! Même moi j’étais là parce que lui il parle pas français. Rien. Même moi j’ai fait ça pour lui. Pour parler avec eux.
    Ils m’ont dit « ouais le monsieur il est un peu agressif.. ». Il y est mais mais c’et pas le.. C’est comme ça !
    Voilà. C’est pas normal. C’est vraiment pas normal !

    Le médecin je lui ai parlé moi même. Je lui ai dit « le monsieur je le connaît depuis plus que 10 ans. Je sais comment il tombe ! Je sais [passage inaudible]. Je sais c’est un mec malade. Donnes lui l’ordonnance ». Il m’a dit « C’est moi le médecin, c’est pas toi ! »
    Et voilà !

    Ils refuse même de parler avec moi.
    Même la femme qui travaille ici au poste de forum réfugiés là ! Elle a été dans son bureau de de médecin. Elle a parlé avec lui pour lui donner l’ordonnance, il refuse toujours.
    Les policiers ils ont témoignés devant le juge ! Dans le tribunal. Ils ont témoignés que ce monsieur là, il est malade ! Le médecin il refuse toujours de lui donner l’ordonnance là, le certificat.

    Mais il lui donne le traitement ! Ça j’ai pas compris.

    Tu veux dire que les keufs même dans le tribunal ils ont dit qu’il est malade ?

    Ouais ils ont témoignés, ils ont dit devant le juge « ce monsieur là il est tombé déjà trois fois ». C’est pas quelque chose pour rigoler ça ! Ya quelqu’un qui tombe devant toi trois fois alors ça veut dire qu’il est malade.
    Et aujourd’hui la quatrième fois, jusqu’à aujourd’hui qu’ils l’ont pris… Jsais pas qu’est-ce qu’il l’ont pris à l’hôpital ou on…
    Et alors l’ambulance elle est venue !
    Vous voyez, et voilà quoi…
    C’est tellement grave..
    Le médecin ils s’en foute ! Les keufs ils s’en foutent ! La bouffe il y reste un jour  ! C’est périmé, qu’il lui reste un jour quoi !

    C’est grave franchement moi j’ai le sentiment d’être un animal ici ! Pas un être humain.
    C’est trop trop, franchement c’est trop !

    Moi j’ai peur que l’un ou l’autre il va se suicider ici, c’est pas normal !

    Jsais pas quoi dire parce qu’il y a trop là t’as vu…

    – Ouais ok. Estce que tu veux rajouter un truc ?

    J’appelle tout le monde qui fait quelque chose ! Qu’il vienne ici, qu’il regarde comment il est ce centre là !
    J’appelle tout le monde qu’il nous aide. On est quand même de êtres humains ! On est pas des des des animaux !

    Venez ! Venez ici avec vos caméras et regardez vous même ! C’est pas normal !

    [passage inaudible] je sors et il a dit « moi je suis pas gardien de portes ». regardez la réponse qu’il m’a donné !

    – Qui est-ce qui a dit ça ? Parce que on a pas entendu ?

    Un policier ! Un policier !
    J’avais les mains pleins parce que le monsieur Ali Mouhamed il a deux béquilles, il peut pas marcher tout seul. Moi je prends un pied, deux pieds, ça veut dire les deux mains ils sont plein.
    J’ai dit au policier « s’il vous plaît vous pouvez nous ouvrir la porte parce que le monsieur là il a [passage inaudible] ».
    Il dit « Oui moi jsuis pas portier »
    Quelle réponse il nous donne ? Comment ils nous parlent !

    – Est-ce qu’ils ont remis leur matricule aujourd’hui ?

    Non ils l’ont enlevé ! J’ai regardé même maintenant j’ai regardé exprès ils l’ont enlevé. Ils l’ont pas toujours.

    - Donc ça fait… 4 jours qu’ils ont plus leur matricule ?

    Non ça fait depuis le deuxième jours de grève de faim ils ont enlevés les numéros comme ça on peut pas matriculer chacun.
    Je ne sais pas euh.. Il n’y a pas de numéro.
    Ça veut dire qu’ils préparent quelque chose ou j’sais pas. Pourquoi ils enlèvent leur numéro de matricule ? Ils ont pas le droit. C’est interdit.

    – Tout à fait !

    Mais ils le font quand même. Et si vous rentrez de l’intérieur, vous venez ici vous voyez les policiers qui travaillent là bas, vous voyez les policiers avec le numéro.

    Mais c’est eux… Quand tu rentres ici, personne a le numéro. J’ai regardé exprès maintenant. Yen a une femme quelle a pas, regardé l’autre il a pas. Ils ont des des des t-shirt bleu qu’ont peu pas mettre le truc des numéros dessus. Vous voyez ?

    Ça ils le font exprès. Ça c’est pas normal !

    – Et comment ça se passe là en ce moment entre vous ?

    Entre nous maintenant il y a de temps en temps une bagarre, ya de temps en temps là… Toujours toujours, ya toujours ici des histoires. Ici il y a toujours quelqu’un qui fait quelque chose. Ya toujours quelqu’un qui est énervé. Ya toujours quelqu’un qui crie.
    On passe notre temps à se bagarrer on va dire ici.
    Ya rien à faire ! Ya rien du tout ! Même pas ping-pong ya rien à faire !
    On est comme des animaux dans un cage et voilà ! On nous a enfermé dans un cage et voilà ! Voilà votre chambre, voilà la cage et débrouillez vous ente vous !
    Si quelqu’un il tombe malade ou jsais pas moi il se passe une bagarre ils regardent d’abord biiiien dans les caméras et après tout calmement.
    Après le bagarre c’est fini on va dire.

    Ça c’est pas normal, normalement eux leur travail c’est d’intervenir tout de suite s’il se passe quelque chose mais moi je vois pas ça ! En fait moi jvais vous dire la vérité : ils s’en foutent de nous !

    [passage inaudible] Tant que ils peuvent nous envoyer dans nos pays et voilà quoi.
    On peut rien dire. On a pas le droit de rien dire.

    C’est tout jsais pas quoi dire.

    Franchement moi j’ai jamais vu ça. »

    Pas de prises en compte des urgences médicales, pas de soin, pas de matricules des keufs.

    A bas les CRA ! Soutien aux résistances dans tous les lieux d’enfermements ! Force à tou-te-s les enfermées !

  • Interview de deux copains en semi à la Santé

      • LA SEMI-LIBERTÉ, UNE PRISON COMME UNE AUTRE

         

        Lorsqu’elle annonce la réouverture de la prison de la Santé avec une fierté funeste, l’Administration pénitentiaire oublie de dire qu’elle a continué d’y enfermer des prisonniers au quartier semi-liberté pendant les travaux. Or la semi-liberté est un emprisonnement : le matin et le soir, ce sont les règles de l’administration pénitentiaire qui s’appliquent, avec tout leur arbitraire, et puis on cantine -et on se fait gratter un maximum. Les « peines alternatives » diverses et variées servent toutes à enfermer plus, et à moindre coût. Depuis longtemps déjà, l’Etat s’est donné les moyens de faire évoluer les prisonniers d’un statut d’enfermement à l’autre -avec la prison comme fil rouge. Il y a le continuum prison/semi-liberté/bracelet, les allers et retours prison-CRA (centre de rétention administrative)… tout un catalogue de parcours d’enfermement dans lequel les juges n’ont plus qu’à piocher à leur fantaisie. L’entrée en application d’une énième loi pénitentiaire va encore multiplier ces dispositifs avec la création des SAS (Structures d’accompagnement vers la sortie » : encore une nouvelle gamme de régimes semi-ouverts pour enfermer toujours plus. A l’intérieur, la même logique s’applique avec les régimes différenciés, qui s’étendent progressivement depuis des années. Dans les maisons d’arrêt, c’est le module Respecto qui remplit cette fonction : on y est noté par un système de points. Selon sa note, on peut se faire virer du module, ou au contraire avoir droit à un colis de viande supplémentaire apporté par les proches, comme ça se passe à Villepinte.

      • Pour l’émission L’Envolée, on a discuté avec deux copains qui sont justement en semi-liberté à la Santé ; deux gars dont les parcours différents -l’un était en prison, l’autre sous bracelet- débouchent tous deux sur cette forme d’enfermement-là. On trouvera ci-dessus l’enregistrement de leur témoignage, qui en dit long sur ce qu’on dénonce souvent ici : l’individualisation des peines et l’extension de l’enfermement.
  • « L’engrenage carcéral » : entretien avec Aurélie Garand

    « L’engrenage carcéral » : entretien avec Aurélie Garand

    Le 30 mars 2017, Angelo Garand mange chez ses parents dans les environs de Blois ; quelques mois auparavant, il n’était pas rentré de la maigre permission d’une journée que la prison de Vivonne lui avait accordée pour visiter sa famille. Une équipe du GIGN débarque, Angelo se cache dans une grange. Il y est abattu sans sommation et sans avoir opposé la moindre résistance. Depuis, la famille et les proches se battent pour que la vérité soit dite : Angelo a été exécuté. Nous avions publié une interview d’Aurélie dans le dernier numéro.
    Le 23 février dernier, leur collectif Vérité et Justice Pour Angelo organisait une journée de conférences intitulée « L’engrenage carcéral : peut-on en sortir ? », avec des intervenants de l’Observatoire International des Prisons et de la Ligue des Droits de l’Homme, ainsi que Nadia, auteure de « A ceux qui se croient libres » et cofondatrice de l’Envolée.
    Nous avons de nouveau discuté avec Aurélie, pour qu’elle nous explique pourquoi il lui semble si important de lier son combat contre la violence policière à la question de l’enfermement.

    A lire dans le dernier numéro de L’Envolée. Rendez-vous à Blois le 31 mars pour une marche commémorative. Pour télécharger l’interview en pdf : Aurélie Garand

     

    Définir l’image mise en avant

    Interview Aurélie Envolée 48

     

  • CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LES CONSÉQUENCES DE LA GRÈVE DES MATONS


    Appel à la conférence :

    CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LES CONSÉQUENCES DU MOUVEMENT DE GRÈVE DES SURVEILLANTS PÉNITENTIAIRES SUR LES PRISONNIERS

    Le mouvement de grève des gardiens de prison suite à l’agression d’un des leurs par un prisonnier menacé d’extradition est largement médiatisé, mais les conséquences de leur mouvement sont systématiquement passées sous silence. Prisonniers et prisonnières sont privés de travail et de cantine ; les promenades sont écourtées ou supprimées ; dans certains établissements, les surveillants coupent l’eau et l’électricité. De nombreux parloirs sont suspendus, ou reportés.Le maintien des liens familiaux, déjà si difficile, est encore mis à mal. La violence de ce traitement exacerbe encore les frustrations des prisonniers, qui subissent déjà la violence de l’enfermement : ce mouvement ne peut que les pousser à bout et provoquer de nouveaux débordements.

    L’Envolée, le Syndicat pour le respect et la protection des prisonniers et l’association Pour les détenus de France, harcèlement physique et moral appellent à une conférence de presse à ce sujet.

  • Entretien avec Aurélie, sœur d’Angelo Garand abattu par le GIGN

    Entretien avec Aurélie, sœur d’Angelo Garand abattu par le GIGN

    « ON SE LAISSERA PAS FAIRE »

    INTERVIEW D’AURÉLIE, SŒUR D’ANGELO GARAND
    abattu par le GIGN en mars dernier pour n’être pas rentré en prison après une permission

    Bonjour Aurélie, merci beaucoup d’accepter de parler avec nous : pour cette journée « Adama, un an après », on a pensé que c’était quand même très important de ne pas parler seulement d’Adama, mais aussi de tous les autres qui se sont fait récemment tuer – assassiner, il faut bien dire le mot  par la police ; tu es la sœur d’Angelo Garand, qui a été exécuté – je pense qu’on peut le dire – chez ses parents par une équipe du GIGN, le 30 mars dernier.

    Aurélie : Bonjour. Oui, c’est important aussi pour nous de témoigner, parce que depuis le 30 mars, depuis que mon frère s’est fait tuer, tous les tués par la police ou par le GIGN, enfin par les forces de l’ordre, sont un peu devenus nos frères aussi ; on partage la peine, mais c’est vraiment une douleur… on perd notre frère, mais en plus c’est incompréhensible puisque c’est les personnes qui sont sensées nous protéger ! Ils ne sont pas sensés nous tuer, justement, et oui, ils ont exécuté mon frère de sept balles dans le corps ; on a appris qu’il avait sept balles dans le corps, donc y a pas d’autre mot : c’est une exécution, pour nous.

    C’est important que les gens comprennent bien ce qui s’est passé, parce que les médias n’en ont pas tant parlé que ça. Ton frère était en prison, il a eu une permission et il n’est pas revenu. Ce jour-là, il était chez tes parents, je crois ?

    A. : Mon frère était incarcéré à la prison de Poitiers-Vivonne ; au mois de septembre, ils lui ont donné une permission d’une journée et il n’est pas rentré. Mon frère vivait à droite, à gauche. Le 30 mars, il est venu manger une grillade, parce que mon petit frère était sorti de prison une semaine avant ; il était venu partager un repas familial, il ne faisait rien de mal, il n’a mis personne en danger ce jour-là. Vers 13 heures, le GIGN est intervenu : ils ont mis ma famille en joue, ils ont menotté mon père, mon frère, mon oncle ; il y avait aussi mon fils de quatre ans. Mon frère, il s’est juste caché ; il n’a pas couru, pas fui… on ne sait même pas s’il a pris conscience que c’était le GIGN. Il s’est juste caché dans une petite grange. Il n’y avait qu’une sortie, il ne pouvait pas s’échapper. Là, ils ont stoppé tout le monde, ils avaient tous leurs mitraillettes, enfin… Ils ont fouillé le terrain, et ils étaient prêts à partir, et mon frère a fait tomber un petit sac dans cette grange. Ça a été très vite, ils se sont précipités, ils étaient quatre, et aussitôt, ils ont tiré. Y a pas eu de bruit, y a pas eu de sommations, y a pas eu de « forte résistance » comme ont pu le dire les médias – enfin le procureur, du moins. Il a dit qu’il s’était rebellé, mais mon père était à un mètre de cette grange, menotté par terre – en train d’étouffer, parce que mon père a un appareil respiratoire –, et quand ils sont rentrés, ils ont tiré direct. Aucun bruit, pas un mot de la bouche de mon frère.

    Ton frère n’était pas armé ?

    A. : Non. Il devait avoir un couteau – c’était normal qu’il ait un couteau sur lui, puisqu’ils étaient en train de manger –  et c’est tout.

    Tu parles du GIGN : c’est important de dire que ton frère était juste pas rentré de permission – c’était pas du tout un prisonnier en cavale. En plus il était en prison pour vol, c’était pas du tout quelqu’un de dangereux, mais ils ont tout de même fait intervenir des équipes qui sont normalement là pour s’occuper de « forcenés », de « terroristes » …

    A. : C’est ce qui nous semble dégueulasse : ils lui donnent une permission, il rentre pas, ils font intervenir le GIGN, ils le tuent, et après ils criminalisent mon frère en disant qu’il était « dangereux », un « forcené »… mais c’est eux qui lui ont donné la permission ! Je ne crois pas que dans le monde carcéral, ils donnent des permissions aux hommes « dangereux ».

    On le sait bien : ils n’en donnent même pas aux « pas dangereux », alors ils n’en donnent pas aux « dangereux », c’est sûr.

    A. : Ils en donnent quand ils ont envie d’en donner. Maintenant, je me dis que cette permission, c’était n’importe quoi : une journée pour voir sa famille, alors que lui il était à Poitiers et que nous on est de Blois – quatre heures de train en tout. Pour voir sa famille, c’est beaucoup trop court, et mourir au bout du compte… Mon frère, jamais il n’aurait pensé mourir ; au pire, il s’était dit, le jour où il se serait fait prendre, c’était six mois de plus. Et c’est ce que tout le monde pense. Il n’était pas un cas isolé, à ne pas rentrer de permission. Et au bout du compte, ils l’ont abattu. En fait, il faisait rien de mal. Il était juste en famille, justement, sa famille dont il avait été privé si longtemps ; ils viennent, et ils l’abattent.

    Il purgeait une peine de combien, si c’est pas trop indiscret ?

    A. : Je ne sais pas trop, en fait ; là, il était au bout de sa peine, mais il avait été jugé au mois de janvier, encore pour des vols, et il venait de reprendre quatre ans – mais il le savait même pas lui-même.

    Il avait une trentaine d’années, c’est ça ?

    A : 37 ans. Il avait trois enfants, il avait eu un petit-fils au début de l’année et il venait d’avoir une petite fille, qu’il ne serrera jamais dans ses bras.

    Après le meurtre de ton frère, vous avez réagi très vite ; notamment, toi tu as fait une vidéo. Tu peux nous dire comment ça t’est venu ? On va diffuser le son de cette vidéo, parce qu’elle est bouleversante, et aussi parce que tu avais une dignité que j’ai trouvée incroyable. Tu as tout de suite été dans le combat.

    A. : Faut savoir que quand ça nous arrive, on ne peut pas pleurer notre frère, parce qu’on sait que si on se met à pleurer, on sera étouffés de toute façon. La vidéo, elle m’est venue à cause des propos du procureur. Il a dit à mes parents : « J’espère que ça fera pas comme en 2010, des débordements. » En 2010, s’il y a eu des « débordements », c’est parce qu’il y a un jeune Gitan de 22 ans qui a été abattu ici. J’ai dit : en fait, le procureur, il n’a pas à parler comme ça ! Tout ce qu’il attendait de nous, c’était les « débordements ». J’ai eu envie de lui renvoyer la balle, de lui dire : « Non, on se fera pas manipuler. »

    Comment tu préfères, toi, qu’on vous appelle : gitans, gens du voyage… ?

    A. : Bof, oui, gitans, gens du voyage, c’est comme ça qu’on nous a décrits dès le départ.

    En 2010, à St-Aignan–sur–Cher, un jeune de cette communauté a été tué, et il y a eu quelques « débordements », on va dire, ce jour-là – mais ce n’était pas énorme non plus, ce qui s’était passé ; en tout cas, la première réaction du procureur quand ils ont tué ton frère, c’est de vous demander de faire en sorte qu’il n’y ait pas de débordements, quoi.

    A. : Il nous a demandé de ne pas faire de débordements, mais on a bien vu que c’était tout ce qu’il attendait, en voyant les cars de CRS qui arrivaient. Quand ça s’est passé, on n’a pas eu le droit de rentrer chez nous, puisque le corps de mon frère est resté jusqu’à minuit ; on est revenus pour prendre des affaires, et là, en voyant juste les cars de CRS, on s’est dit : « Tout ce qu’ils attendent de nous, c’est ça. » Et en plus, on voyait les CRS nous regarder en rigolant… C’était de la provocation. Ils nous provoquaient. On s’est dit : « Si on fait ça… » – bien sûr qu’on a envie de faire ça, évidemment, on est en colère, très en colère, même, et encore à l’heure actuelle –  « Si on fait ça, on va passer encore à la mauvaise étiquette. » Parce que depuis des décennies, ils ne font que ça, nous coller cette étiquette de violence : on est méchants, on n’est pas des gens sociables… et à cause de ça, on meurt ; à cause de ça, on peut pas se défendre. C’est là que j’ai voulu renvoyer au procureur : « Non, justement, on ne se laissera pas faire, et de toute façon, les tueurs doivent être punis. »

    Donc tu fais cette vidéo, et assez vite, tu t’es rapprochée des associations de familles ?

    A. : Non, même pas. A ce moment-là, on a mis la vidéo en ligne comme ça. On ne savait même pas comment faire pour porter plainte, parce que la justice ne nous dit pas : « Si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez vous constituer partie civile… », enfin toute la procédure. En aucun cas elle ne nous donne les cartes en main. Quand il y a eu cette vidéo, Amal Bentounsi – du collectif Urgence, Notre Police Assassine –  m’a contactée, et m’a tout de suite donné des conseils : comment faire pour être partie civile… elle m’a donné l’idée de la cagnotte ; et de là, on a pu communiquer comme ça. Après j’ai eu d’autres associations comme La voix des Rroms, et j’ai rencontré d’autres familles de victimes aussi.

    Et vous avez organisé une manifestation, du coup, assez vite ; une marche, en fait, pour lui, un mois après…

    A. : Le 22 avril ; même pas un mois après. On voulait faire cette marche, justement, pour pas que ça coule, puisque sur Blois, voilà, ça a circulé ; nous, on a la mauvais image, alors justement, on doit communiquer là-dessus : que Gitan, délinquant, pas rentré de permission, en aucun cas il ne devait mourir. La peine de mort a été abolie, ça doit être pareil pour tout le monde, et on a voulu faire cette marche pour faire voir que nous aussi on va se lever, et on marchera le temps qu’il faudra marcher, et on ne se laissera pas faire – et en sa mémoire, surtout, parce que voilà, quoi, un mois après, tout le monde continue sa vie, et nous, on ne peut pas. Enfin, il y a une grande injustice.

    Comme tu dis, vous ne pourrez pas le pleurer tant qu’on ne vous dira pas qu’effectivement, il a été abattu.

    A. : Non. Et ça c’est très dur.

    On peut se mettre des œillères, se dire : « Non, la France n’est pas raciste » – mais bien sûr que oui, la France est raciste ! La France ne veut pas des Gitans, ne veut pas des Rroms, ne veut pas des Arabes, des Noirs !

    J’ai vu des photos de cette marche ; il y avait pas mal de monde, surtout pour une petite ville comme Blois, c’était surprenant ; et en plus, il y a des collectifs d’un peu partout qui sont venus aussi montrer leur solidarité.

    A. : On était environ 250, 300 personnes. Franchement, c’était la première fois que beaucoup d’entre nous, de notre communauté, assistaient à une marche ; ça fait du bien, quand même, de crier ce qu’on a envie de crier, et de leur dire qu’on ne se laissera pas faire.

    Et je crois que c’est ce jour-là que tu as tenu à t’arrêter devant le tribunal de Blois ? Je t’ai entendu dire un truc très fort, les mains dans le dos comme si tu étais menottée : que c’était un peu comme si c’était la deuxième fois qu’on le tuait, parce qu’avant déjà, la prison, la justice l’avaient beaucoup tué.

    A. : Oui, ça, c’était le 30 mai ; on a fait un rassemblement à Tours. Devant le tribunal de Tours, parce que mon frère, la première fois qu’il a été condamné, c’était à Tours ; et je me dis, depuis l’âge de ses 22 ans, la justice ne lui a laissé aucun répit, aucune chance. Maintenant, ils le criminalisent en disant qu’il était dangereux, mais il a essayé de s’en sortir, il a voulu s’en sortir, il a été travailler, mais à chaque fois on est toujours rattrapé par cette justice. Je me dis que toute la vie de mon frère, ça a été un condamné ; et notre vie à nous aussi, maintenant, parce qu’on est condamnés à la douleur. Et ça, je veux qu’ils le voient, et qu’ils sachent qu’ils ne se débarrasseront pas d’Angelo tant qu’il y aura sa famille. Ce qu’ils ont voulu faire de mon frère, c’est un condamné, en fait.

    Ils l’ont toujours condamné, d’une certaine manière.

    A. : Oui, la première fois qu’il est passé au tribunal, il a été décrit comme un pauvre voleur de poules. On peut se mettre des œillères, se dire : « Non, la France n’est pas raciste » – mais bien sûr que oui, la France est raciste ! La France ne veut pas des Gitans, ne veut pas des Rroms, ne veut pas des Arabes, des Noirs ! Ben, en fait, on a notre place et on nous doit le respect. On a l’impression de mendier quand on fait des marches ou des minutes de silence, mais moi je ne le prends pas comme ça : on ne mendie pas. C’est ce qu’on nous doit, et on compte bien l’avoir, et on va le prendre.

    En plus, il faut dire que du côté de Blois, il y a une grande communauté gitane.

    A. : Oui, on est pas mal, il y a de nombreuse familles. Il y avait aussi pas mal de gens de la population, qui voulaient voir ce qu’on voulait, ce qu’on voulait revendiquer. Du coup, on a eu des retombées assez positives, les gens nous sont tombés dans les bras en disant qu’on était des gens géniaux. On se dit : « Voilà, on a passé un cap, même si ce n’est qu’à Blois. » Au moins, on sensibilise les gens, ils voient que ce n’est pas vrai, la mauvaise étiquette.

    Comme je te disais tout à l’heure hors antenne, moi j’ai grandi là ; du coup, le racisme dont tu parles, je le connais bien. Je ne suis pas de votre communauté, mais je l’ai vu : il y a un vrai racisme vis-à-vis des tiens. Donc ça fait plaisir d’entendre que la population a compris deux, trois choses, quand même.

    A. : Oui, du moins ils commencent à comprendre. Parce que c’est vrai qu’ici, même en tant que femme, quoi, d’aller faire des courses, des fois c’est limite on a l’impression d’entrer au parloir ! On va faire les courses, on est toujours surveillée. C’est l’horreur.

    La prison nous a toujours privées d’eux, pour au bout du compte les abattre lâchement.

    Tu parlais d’Amal, c’est peut– être encore quelque chose qui vous rapproche : son petit frère aussi a passé son temps à faire des allers et retours en prison avant d’être exécuté pendant une pseudo-cavale.

    A. : Ouais. Le jour où Amal m’a appelée, tout de suite ça a été comme une sœur. On se comprend, puisque la prison nous a toujours privées. A l’heure actuelle, on ne peut même pas pleurer nos frères qui sont partis, qu’on ne tiendra jamais dans les bras ; la prison nous a toujours privées d’eux, pour au bout du compte les abattre lâchement.

    Tu parlais de La voix des Rroms; ils se sont solidarisés avec vous ? Il y a eu des actions communes ou des prises de parole communes ?

    A. : Oui, le 18 mai, à l’Insurrection gitane, j’ai été invitée pour une prise de parole avec Amal contre les violences policières ; et aussi pour avertir la population qu’avec les lois qu’ils ont sorties fin mars, au bout de deux sommations, ils ont le droit de vous abattre. Évidemment, quand il n’y a pas de témoins, ils ne se gêneront pas. Quand je vois pour mon frère, alors  qu’il y avait ma famille, mon petit garçon, ils ne se sont pas gênés. On a le devoir de communiquer là-dessus, de dire que ça pouvait arriver à tout le monde, et que même au bout de deux sommations, maintenant ils peuvent vous abattre. Pour moi la peine de mort a été rétablie en France, sans qu’on le sache.

    En plus, d’après ce que tu décris de ce qui s’est passé ce jour-là, il n’y a pas eu de sommations.

    A. : C’est ça, il n’y en a pas eu. Donc maintenant, s’ils ont le droit, en plus, ça va être un carnage ! Y a qu’à voir depuis le début de l’année : d’habitude c’était quinze par an, je pense que cette année on va dépasser les quinze.

    M. : Je crois qu’on en compte déjà sept ou huit.

    A. : Oui, je pense que mars-avril ça a été pire.

    Pour moi la peine de mort a été rétablie en France, sans qu’on le sache.

    Tu parlais d’une cagnotte ; on peut encore donner ?

    A. : Oui, sur Leetchi. C’est Justice pour Angelo. On a aussi ouvert une page Facebook : Justice pour Angelo, pour annoncer chaque prise de parole, ou même quand on participe aux marches.

    Tu me disais que vous alliez participer à la marche du 22 juillet ?

    A. : Oui, on va à Beaumont-sur-Oise samedi 22 pour Adama.

    D’ailleurs on invite tout le monde à y aller, même de loin ; parce que vous, vous êtes quand même pas juste à côté, Blois c’est pas la porte à côté. Mais il faut y aller, parce que comme tu dis : à chaque fois que quelqu’un tombe, ça nous rappelle tous ceux qui sont tombés avant. Ça finit par faire une fraternité entre tous les gens qui ont perdu des proches sous les balles de la police – et ça commence à faire du monde. Donc il faut que ce monde, il se transforme en force.

    A. : Comme ils disent dans une vidéo pour Adama : « A un, on fait rien, à mille on fait plus. » C’est ça le truc : il faut qu’on soit tous ensemble, que ce soit pour Adama, pour Angelo… enfin toute les victimes, on a tous le droit à la justice pour nos frères.

    En parlant de justice, vous vous êtes constitués partie civile contre ce procureur qui a surtout voulu éviter les débordement et qui a ensuite voulu faire passer Angelo pour quelqu’un de violent, de dangereux et tout ça… elle en est où, votre procédure ?

    A. : On s’est constitués partie civile, on a trouvé un avocat, mais le procureur a pris les devants : il a ouvert une enquête, il a saisi les juges, et là, on est en instruction. Mon père et moi, on a déjà été reçus, et ma famille doit être entendue au mois d’août.

    C’est instruit à Blois ? A Tours ?

    A. : Pour le moment c’est à Blois.

    Et tu penses que ça va travailler correctement ?

    A. : Pour le moment, la juge fait genre elle veut faire son travail… mais évidemment, on sait bien qu’il faut qu’on se mobilise quand même, parce que la justice, franchement… Personnellement, je n’ai aucun espoir dans la justice, quand on voit la vie de mon frère. Quand je vois la vie qu’il a menée, je me dis : « pourquoi eux, ils vont reconnaître un crime ? » Évidemment qu’il va falloir se battre.

    Mais si on ne lui met pas la pression, elle va le faire comme on lui demande de le faire.

    A. : Moi je pense. De toute façon, ça c’est sûr : la vérité, c’est ça, les tribunaux. Même au niveau de l’avocat, on n’a pas voulu prendre un avocat du secteur. Depuis toute petite, enfin depuis toujours, on a traîné dans les tribunaux, et on sait très bien comment ça s’y passe.

    En gros, souvent, les avocats sont très très copains avec les juges, pour parler clairement.

    A. : Moi je pense que les avocats et certains médias mangent ensemble le midi régulièrement.

    Une enquête est en cours, mais il n’y a pas de mise en examen des gendarmes ?

    A. : Non. Pas de mise en examen, ils exercent toujours.

    Ils n’ont pas été suspendus.

    A. : Non, ils ont été en garde à vue – enfin en garde à vue, j’aurais bien voulu faire leur garde à vue, mais bon –  du vendredi au samedi matin. Et après ils ont été relâchés, puisqu’ils disent que c’est de la légitime défense. Mon frère aurait opposé une « forte résistance », alors que mes parents n’ont pas entendu un bruit.

    On ne savait même pas, ce jour-là, que c’étaient des forces de l’ordre. Quand ils les ont vus arriver, ils ont pensé que c’étaient des… des assassins, en fait.

    J’ai aussi lu quelque part que vous n’aviez eu aucun soutien psychologique ?

    A. : Non, je me suis déplacée au tribunal justement parce que je me dis : « c’est à vous de nous donner quelque chose », et en fait non, y a rien ; ce qui me met hors de moi, c’est que ma famille est même pas considérée comme victime. Même au moment où ils ont tué mon frère, ils ont fait mettre toute ma famille alignée, avec une mitraillette, fallait qu’ils restent debout, toujours menottés, pendant que les femmes leur donnaient à boire. Ils ont pas à agir comme ça.

    C’est monstrueux.

    A. : C’est un manque de respect, c’est l’horreur. Mon père n’a pas connu la guerre, mais il a dit : « On se serait cru en Allemagne. » Vraiment, ça a rappelé des trucs qu’on n’a pas connus, des images… c’est vraiment l’horreur. Ils ont été au-dessous de tout. Ça a été des moqueries, aussi. Tout le long, ça a été, sur ma famille : « Fermez– là. » Du moment où ils ont passé le portail jusqu’au moment où ils sont repartis après avoir tué mon frère, il fallait que ma famille la ferme. On ne savait même pas, ce jour-là, que c’étaient des forces de l’ordre. Quand ils les ont vu arriver, ils ont pensé que c’étaient des… ben des assassins, en fait. Et c’est comme ça que ça a fini.

    En plus, comme tu dis, si toi, tu ne t’étais pas levée, si vous n’aviez pas décidé de vous lever, et s’il n’y avait pas eu du monde pour se mettre avec vous, c’était parti pour être enterré aussi sec. Ils l’ont tué, ils s’en vont, et il ne se passe rien, en fait.

    A. : Ben non, il ne se passe rien ; en plus, dans les journaux, ça a été tout de suite : « Un gitan en cavale ». C’est pour dire, dans la tête de la population : un Gitan ? – C’est pas grave ! Et il était en cavale en plus ? Il était délinquant ? Ils ont criminalisé mon frère, mais bien à leur façon.

    C’est un truc qu’on retrouve hélas dans toutes les histoires. Il font toujours passer la victime pour le coupable et tentent toujours de salir sa mémoire, de salir ses proches… Ils racontent toujours qu’il était drogué, ou violent ; ils trouvent toujours de bonnes raisons pour justifier qu’ils ont appliqué la peine de mort.

    A. : Oui, j’ai rencontré pas mal de familles de victimes depuis, et on vit la même chose. Les façons d’agir sont toujours les mêmes. Mon frère a pris sept balles dans le corps ; quand il est tombé, ils l’ont menotté. Vraiment aucun respect. Après toute la prison qu’il a fait, il est pas rentré de permission, ils viennent, ils le tuent et ils le menottent. Condamné jusqu’au bout, en fait. J’ai rencontré d’autres familles de victimes à qui c’est arrivé ; après la mort d’Adama aussi, il était aussi toujours menotté.

    L’autre truc, c’est le racisme : ça touche toujours les mêmes. Vous, on pourrait croire, comme ça, vu de loin, que vous êtes mieux « intégrés », plus acceptés – parce que plus blancs, peut– être –  ; mais pas du tout. Vous êtes exactement dans le même cas.

    A. : J’ai été choquée, au départ, enfin ça m’a interpellée, la réaction des gens qui disaient : « Vous aussi, les Gitans ? » Mais moi, il y a trente ans, le cousin de mon père se faisait tuer d’une balle dans la tête à Blois. On l’a toujours vécu sans trop en parler. Je me dis, maintenant, faut stopper, faut que ça s’arrête. Dans toutes les communautés discriminées – parce qu’on est tous pareils, en fait.

    C’est très important de le dire : il ne faut pas croire qu’il y a des gens qui souffrent moins que d’autres du racisme d’État – parce que là, c’est vraiment ça : c’est la police qui exécute des gens. Il s’applique à toutes les communautés.

    A. : Faut dénoncer, faut se mobiliser ensemble. Même s’il arrive des fois qu’on ne soit pas beaucoup, même s’il y a des pertes de moral, il faut le faire. Pour éviter que d’autres familles se retrouvent à notre place. Maintenant, on a les réseaux sociaux : heureusement ! Mais combien de familles doivent vivre comme ça, étouffées ? Combien de familles n’ont jamais eu l’occasion de prendre la parole ? La justice nous dit pas de se constituer partie civile… Je pense qu’il y a pas mal de familles qui se sont pas levées à cause de ça.

    On parlait de prison – en ce moment on parle des violences policières, mais on sait qu’en prison, hélas, c’est pareil : il y a un suicide tous les trois jours en prison, mais tous ceux qui connaissent un peu la prison savent très bien que certains de ces suicides ne sont pas clairs du tout. Il y a aussi des morts en prison qui sont sans doute des assassinats.

    A.: Je pense, oui, avec aussi la pression psychologique… Rien que des fois, en allant au parloir, on voit la mentalité des surveillants.

    Faut dénoncer, faut se mobiliser ensemble. Même s’il arrive des fois qu’on ne soit pas beaucoup, même s’il y a des pertes de moral, il faut le faire.

    Rappelons que pour vous soutenir, il y a cette page Facebook : Justice pour Angelo.

    A. : La page Justice pour Angelo sur FB, la cagnotte Leetchi pour les frais de justice et les événements, et on a aussi une pétition à signer et à partager sur la page.

    Vous avez prévu d’autres marches, d’autres actions ?

    A. : Non, pour le moment on a rien prévu. On attend d’être entendus. Surtout ma famille, qui est citée comme témoins ; c’est ce qui est le plus important.

    Il me reste à te souhaiter beaucoup de force ; on est avec vous. Hésite pas à nous contacter, que ce soit l’Envolée ou la radio, pour qu’on vous file des coups de main ; dès que vous voulez dire quelque chose, hésitez pas, on est là pour ça. Salue ta famille pour nous. Force à vous.

    A. : Merci de faire ce que vous faites.

    On fait pas grand-chose, tu sais ; on est juste un relais.

    A. : C’est quand même bien ; parce que c’est rare.

    Interview réalisée dans le cadre de la journée « Adama, un an après » sur les  ondes de Canal Sud Radio et de La Locale

  • ILS SONT EN TRAIN DE TUER FABRICE BOROMÉE / VIDÉO DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE

    Pour écrire à Fabrice :

    Fabrice Boromée, 4920
    Maison centrale de Saint-Maur BP5 Bel Air
    36 255 Saint-Maur Cedex

    Pour écrire à la direction de la prison:

    Véronique Sousset
    Chef d’établissement de la
    Maison centrale de Saint-Maur BP5 Bel Air
    36 255 Saint-Maur Cedex

  • « Je veux bien mettre un genou à terre, mais pas les deux! » Romain L. Retour sur le procès en appel du 14 juin 2017 à propos de la mutinerie au QMC de Valence. Interview de l’Envolée et vidéo de Bernard Ripert

    En mars dernier s’est tenu le procès de deux prisonniers, Romain Leroy et José T., accusés d’avoir organisé une mutinerie le 27 novembre 2016, au sein du Quartier Maison Centrale du nouveau centre pénitencier de Valence. En l’espace de deux mois, fin 2016,  deux mutineries éclataient et révélaient les conditions de détention drastiques et inacceptables, que subissent les prisonniers longues peines stockés par l’AP dans ces nouveaux QMC.
    Lors du premier procès, interdit d’accès au public et aux soutiens, et sur la base d’un dossier parfaitement vide, le procureur réclame 8 ans contre les deux accusés. Ils prennent 5 ans, une peine énorme qui vise à faire un exemple comme l’avoue alors le tribunal. Romain, soutenu par sa compagne, décide de faire appel de cette condamnation pour continuer à porter le plus largement possible le message de cette mutinerie : la justice donne des peines infaisables à des prisonniers tenus de vivre ensuite dans des conditions toujours plus suffocantes et sécuritaires. Romain revendique cette révolte au nom des prisonniers longue peines de France que l’on condamne à vivre dans ces nouveaux QMC, qui cumulent les désagréments et les horreurs des anciens QHS (Quartiers de haute sécurité) et des nouvelles maison d’arrêt (pour courte peine).
    Le 14 juin dernier avec plus d’une quarantaine de personnes, nous avons pu cette fois-ci entrer dans la salle du tribunal de Grenoble pour le procès en appel de Romain. Nous vous proposons ici une petite analyse de ce procès ainsi qu’un entretien filmé avec l’avocat Bernard Ripert qui faisait son retour devant les juges de Grenoble -ceux -là même qui avaient obtenu sa suspension il y a plus de 18 mois.

     

    Transcription de l’émission de l’Envolée du 16 juin 2017 que vous pouvez écouter ici.

    O : Le 27 novembre 2016, il y a eu un mouvement au QMC de la nouvelle prison de Valence ; un deuxième, puisqu’il y avait déjà eu quelques semaines auparavant un mouvement durant lequel trois prisonniers avaient pris un maton en otage pour demander leur transfert. Jugés un tout petit peu avant les inculpés de la seconde mutinerie, ils avaient pris trois ans de prison. Le deuxième mouvement s’est fait sans prise d’otage ; il y a eu destruction de matériel – collective : les cellules de tout le quartier ont été ouvertes par des prisonniers qui avaient réussi à prendre les clés aux matons et il y a eu des cellules détruites, quelques caméras cassées – enfin rien de bien terrible. L’AP, évidemment, en fait toujours un truc énorme – tout comme elle oublie toujours de dire pourquoi les prisonniers en sont venus là.

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    « Depuis 2016, j’ai ressassé les problèmes par lettre, à l’OIP, au Contrôleur des lieux de privation de liberté, mais rien. Il y a eu des sit-in pacifiques pour voir la directrice. Des pétitions, mais faut savoir que c’est interdit les pétitions. Des demandes des familles. Et à la télé  on voit des gens qui cassent tout : à la fin il n’y a que ça pour se faire entendre. Même les gens qui travaillent sont obligés de prendre leur entreprise en otage. Nous on a des murs de 20 mètres donc personne ne sait rien et pour les longues peines de France rien ne bouge (…) Pour moi quand on a pris les clefs et ouvert les cellules, c’était pas un vol, mais le seul moyen de faire entendre la parole de nous, les longues peines de France.  Le seul moyen d’avoir une tribune »
    Romain L. -lors de son procès en appel

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    En tout cas, les inculpés de ce deuxième mouvement ont été jugés une première fois au tribunal de Valence. À Valence, justice, police, presse… tout marche main dans la main ; et quand je dis justice, c’est avocats compris. Ils avaient donc pu se permettre de faire un procès quasiment à huis clos en interdisant manu militari l’accès de la salle à tous les gens venus en soutien à José et Romain, les deux prisonniers qui passaient en jugement. Le procès a duré un bon moment, six ou sept heures. Au bout de ce temps-là, le procureur a requis huit ans ferme contre eux et le verdict a été rendu immédiatement : cinq ans pour chacun. Cinq ans, c’est une peine « abusive », comme l’a dit Romain pour expliquer son pourvoi en appel. C’est vraiment une peine pour l’exemple : ils ont mis plus d’années de prison à des gens qui ont détruit collectivement des cellules pour dénoncer leurs conditions de détention qu’aux trois prisonniers qui avaient pris des matons en otage. Parce que c’est plus dur de prendre des gens en otage ! Tout le monde n’est pas capable de le faire, tout le monde ne choisit pas de le faire. Tandis que la destruction collective, c’est quelque chose de plus sympathique, dans le vrai sens du terme : quand y en a marre, c’est finalement plus logique de se rassembler, de se réunir et de se faire entendre de cette façon. Il fallait donc faire un exemple, pour dire : « Vous amusez pas à ça, parce qu’on vous ratera pas. On hésitera pas à vous mettre des années de prison supplémentaires. »

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    «  Quand on a une grosse peine, pour éviter un état colérique, la frustration, c’est normal d’avoir des espaces de promenade et pas que de la sécurité. Dans ces nouvelles prisons c’est cinq surveillants à chaque ouverture de porte. Quand on nous fouille et nous écarte l’anus, la dignité l’emporte (…) C’est géré comme une prison de haute sécurité, on se croirait encore au QHS, dans ce système des années 1970-80 »  Romain L.

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    S : Ils doivent impérativement briser cet élan parce que c’est un outil dont tout le monde peut se saisir…

    O : Exactement ! Surtout qu’ils ont intérêt à mettre le paquet, parce qu’il y a des problèmes dans tous les QMC. Les quartiers maisons centrales, c’est des véritables QHS à… la moderne. Ils sont propres, nickel et tout, bien sûr, mais ils sont dotés d’une part d’une technologie effrayante – caméras et doubles sas partout, etc. – et d’autre part de moyens bien plus importants, ne serait-ce qu’en personnel : il y a environ quatre à cinq matons par prisonnier. Beaucoup de ces prisonniers sont encadrés par plusieurs matons dans tous leurs déplacements. C’est de petites unités, mais quand une aile de l’unité est en mouvement, l’autre est bloquée pour éviter toute rencontre. Bref tout est fait pour maintenir l’isolement le plus complet possible. Ils n’y arrivent pas encore complètement, parce qu’ils ont pas encore tous les moyens pour le faire, mais c’est leur objectif. Évidemment, quand on est complètement seul, ça devient compliqué de construire une résistance… On est moins fort. On le voit bien pour d’autres prisonniers, qui continuent néanmoins à se battre, mais c’est des batailles terribles, quasiment désespérées, comme celles de Fabrice Boromée ou de Rachide Boubala, dont on a souvent parlé. Ils continuent à résister, mais pour eux l’univers se rétrécit toujours un peu plus. C’est cette logique-là qui préside à l’architecture et au fonctionnement de ces saloperies de QMC, qui ont leurs modèles dans les deux prisons les plus sécuritaires du pays : Condé-sur-Sarthe et Vendin-le-Vieil.

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     « On s’était mis d’accord pour s’attaquer aux locaux pas aux personnes, pas de règlements de comptes. Toute la population pénale a montré sa frustration mais personne n’a été blessé des deux côtés »  Romain L.

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    On n’y enferme pas des petites peines mais ceux qui ont de très très très longues peines, c’est-à-dire des 25, 30 ans, des perpètes. Des gens qui ont peu de chances de sortir, en fin de compte, parce qu’on sait maintenant que quand on chope des peines comme ça, même à la fin de la peine on sort toujours pas. Il faut donc que l’AP réussisse à gérer cette politique de mise à mort. Y a pas d’autre mot. C’est de ça que les QMC sont le laboratoire. Évidemment, tant qu’il reste un souffle de vie, ça bouge à l’intérieur, parce que ce sont des êtres humains qui sont emmurés, des gens pour qui c’est insupportable. Évidemment, l’AP n’arrive pas à tous les éteindre à coup de télé, de drogues légales ou illégales ou de passage en hôpital psychiatrique comme ils essaient souvent de le faire. Il y en a quelques-uns pour qui ça marche, mais c’est pas la majorité. Ils en sont très, très loin ! Donc ça gueule. Ça gueule, mais le truc, c’est que pour gueuler, pour se faire entendre dans ces taules-là, y a qu’une seule solution. C’est ce qu’a dit Romain au procès en première instance à Valence :

    « Quand il n’y a plus de mots, il ne reste que les actes. »

    Passer aux actes, c’est ce qu’avaient décidé de faire les prisonniers du QMC de Valence.

    Après le premier jugement de Valence, Romain et José ont immédiatement fait appel de leur condamnation, mais José s’est ensuite désisté de son appel, sur le conseil à mon avis pas très avisé de son avocate. Elle, qui avait accepté que le procès se tienne quasiment à huis clos (cf. le “non-compte rendu du procès de la mutinerie de Valence” sur ce même site), a persisté dans une posture très timorée devant un verdict pourtant démesurément lourd. A Grenoble, les choses se sont passées différemment : les soutiens, nombreux, ont pu entrer dans la salle d’audience. Il avait été établi avec Romain et Bernard Ripert qu’il n’était pas question d’accepter de participer à une audience à huis clos…

    Romain a pu expliquer parfaitement toutes les raisons de ce mouvement. Il l’a répété plusieurs fois :

    « C’est moi qui passe en jugement, mais ce que je dis, c’est au nom de toutes les longues peines de France. »

    Il a aussi dit que ça concernait encore plus l’ensemble des gens qui se font spolier de leurs conditions d’existence dans cette société : « Pour nous, c’est comme pour les ouvriers qu’on licencie, qu’on jette sans rien leur demander et qui en viennent à prendre des patrons en otage, à détruire du matériel et à installer des bouteilles de gaz en menaçant de faire péter leur usine pour pouvoir se faire entendre ! Nous c’est le même combat ! On est pareils ! » C’était clair comme de l’eau de roche. Le but de tout ce qu’il a raconté, c’était absolument pas de nier quoi que ce soit :

    « Ce que j’ai fait, j’ai dit que je l’avais fait, y a pas de problème, et je regrette rien. Ce qui est regrettable, c’est qu’on soit obligés d’en arriver là ! »

    Ce qui est regrettable, c’est surtout que lui, il prend des risques énormes ! Il sait très bien que derrière, c’est des semaines de mitard, des transferts et des peines de prison supplémentaires ! Effectivement, qu’ils en soient réduits à en arriver là juste pour demander des améliorations de conditions de détention : c’est-à-dire l’application de leur putain de règlement dans ces QMC qui ne devraient pas fonctionner comme des maisons d’arrêt ou comme des quartiers d’isolement parce que c’est invivable… oui, c’est regrettable. Voilà. C’est un truc simple, mais il a su le dire sans jamais se laisser désarçonner par le président qui lui posait des questions sans aucun rapport avec les faits. Et le réquisitoire du proc’ : « Je sais tout ça parce que j’ai été avocat de la défense pendant seize ans, donc je connais les prisons, et c’est vrai qu’il faut les améliorer… On va y arriver ! C’est pas encore magnifique, mais elles sont un peu plus belles que celles que j’ai connues il a vingt-cinq, trente ans ; c’est pas en détruisant celle-là qu’on va améliorer les choses… Il nous reste beaucoup de travail à faire, mais déjà, ce qu’il y a, c’est une belle avancée ! » Romain, il faisait non de la tête, et nous dans la salle on a grommelé tant qu’on a pu, pendant l’ensemble du procès, évidemment, comme d’habitude. Le proc’ a fini sa petite tirade par « …c’est pourquoi je trouve que la peine prononcée à Valence est une juste peine, dont je demande la confirmation ».

    Après, c’est Bernard Ripert qui a plaidé une bonne heure. Il a commencé par dire ses quatre vérités à cette justice, comme d’habitude, et répéter ce à quoi elle sert vraiment ; absolument pas à être juste, ou quoi, ou qu’est-ce, mais bien à maintenir l’ordre à n’importe quel prix ; ensuite, comme il fait toujours, il a dit :

    « Mais bon, il n’y a pas que les déclarations de principe, vous les connaissez et j’y tiens, mais maintenant je vais démonter votre dossier qui ne tient pas la route. »

    Il a pris les éléments de l’acte d’accusation un par un, et à chaque fois il disait : « L’accusation est fausse, elle ne tient pas du tout pour diverses raisons, et c’est obligatoirement une relaxe. » Un exemple tout con : il y avait marqué « Vol des clés de M…. [le surveillant] » :

    « Il n’y a jamais eu vol des clés du surveillant, puisque les clés n’appartiennent pas au surveillant ! Ce ne sont pas les clés de chez lui, ce sont les clés de l’administration pénitentiaire. Pour que l’accusation soit juste il faut formuler les choses différemment. C’est trop tard pour les reformuler maintenant. Donc cette accusation ne tient pas. Ce qu’il y a eu c’est le vol des clés de l’administration pénitentiaire portées par M. Machin. Ce n’est pas pareil. »

    Un autre élément de l’accusation, c’était l’incendie des cellules. Et là, il a tout repris, il y a la preuve par beaucoup de témoignages que José et Romain n’ont pas eux-mêmes mis le feu aux cellules:

    « Parce que c’est eux qui ont pris les clés, qui ont ouvert les cellules, après quoi des gens ont mis le feu à quatre cellules, vous leur faites porter la responsabilité de ce geste incendiaire. Mais ça, aujourd’hui, en France, ça ne tient pas la route. C’était possible du temps de la loi anticasseurs, mais elle n’est plus en vigueur. »

    C’est vrai que pendant quelques années, la législation permettait de rendre tout le monde collectivement responsable de l’action d’une seule personne du simple fait d’avoir été là, mais ça a été abrogé (cf : la loi anticasseur évoquée par Ripert ; seule la « bande organisée » ou « l’association de malfaiteurs » permettent de rendre quelqu’un responsable d’actes qu’il n’a pas commis. Ces inculpations sont très souvent utilisées précisément pour pallier le vide des dossiers de flics ; mais cette fois non). Donc en l’absence d’une preuve formelle, témoignage, document… qui montre l’un ou l’autre en train de mettre le feu, l’accusation ne tient pas. Ils n’ont pas mis le feu. Donc relaxe, obligatoirement… Ils les a tous démontés comme ça un par un : à la fin il restait plus rien ! Du coup Bernard Ripert leur a dit que ce n’était pas une provocation de demander la relaxe : c’est l’application de la loi ! Il a apostrophé le proc’ :

    « Je ne comprends pas que quelqu’un d’aussi féru en droit que vous ne l’ait pas vu ! Vous auriez dû sauter au plafond ! »

    Romain était super content, ça se voyait, il regardait Ripert – qu’il ne connaissait pas avant de le rencontrer au procès– et c’était un bon moment de complicité entre eux deux ; je pense qu’ils ont été contents l’un de l’autre. A la fin, ils ont demandé à Romain s’il avait quelque chose à ajouter, tout en annonçant le délibéré pour le 11 juillet : ils n’ont pas donné la réponse tout de suite, contrairement à l’autre fois, ils se laissent un petit peu de temps. Romain a répondu :

    « Je tiens surtout à remercier les quelques personnes qui sont venues me soutenir ».

    On était effectivement “quelques-un.e.s”, il le savait, on s’est fait des coucous, etc. Mais quand il a vu toute la salle se lever – y avait que nous – pour applaudir, et des applaudissements qui ont duré cinq minutes…, on a lu toute l’émotion sur son visage… Il a complètement halluciné de voir cette salle entière qui s’était déplacée en soutien à ce qu’il avait fait, pour pas le laisser seul face à la justice.

    Il était déjà menotté dans le dos, donc il pouvait pas faire grand-chose, mais il faisait tous les mouvements qu’il pouvait pour nous signifier qu’il était vachement touché. Rien que ça, cet échange de force à ce moment-là, toutes les personnes présentes ont trouvé que ça donnait une respiration, et lui ça lui en a donné une aussi. Ça montre encore un coup qu’à chaque fois qu’on peut le faire, il faut le faire. Surtout pour des histoires comme ça, de mutinerie et d’évasion, où les risques sont tellement énormes, et c’est des gestes qui ne sont pas simples… Alors dès qu’on peut organiser un soutien… On n’arrive pas toujours à mobiliser autant de gens, ça c’est sûr, mais même s’il y a dix personnes c’est déjà quelque chose. Adeline – sa compagne, avec laquelle on reste évidemment toujours en relation, qui était présente à Valence mais qui n’a pas pu être là parce qu’elle est maintenant installée à Alençon avec sa petite fille et que le voyage était compliqué pour elle – l’a eu le soir même au téléphone quand ils l’ont fait dormir à Aiton, avant de le rebaluchonner à Condé-sur-Sarthe au matin d’où il lui a encore reparlé, et à chaque fois il lui a dit :

    « Vraiment, tu leur redis à tous que ça m’a mis un coup de chaleur et que je les remercie infiniment. »

    Faut absolument que tous ceux qui nous écoutent, et les soutiens qui sont plus loin, sachent bien que le mec était super content. Et moi j’ai dit à Adeline qu’on était super contents de voir un mec qui se tient tout droit debout comme ça… Ça nous a donné aussi une vraie force.

    S : Ça montre qu’on peut toujours créer un rapport de forces dans un tribunal, faut jamais croire que c’est mort. Il y aura peut-être une sanction horrible qui va tomber, mais ça aura permis de se défendre. Ce moment de la fin du procès que tu as décrit, quand tout le monde s’est levé pour applaudir, je pense que c’est un souvenir qui va rester longtemps ; et rien que le fait que le proc’ n’ait pas repris la réquisition de huit ans de la première instance, ça montre que tous ces rapports de forces ont une efficacité ; on croise les doigts pour l’appel, mais en tout cas il y a quelque chose qui s’est passé, et c’est important.

    O : Et n’oublions pas qu’il faut botter le cul aux avocats qui préfèrent se soumettre à l’autorité en pensant que ça va aider les inculpés en quoi que ce soit, alors que ça donne jamais rien. C’est la marche des canards, ils sont déguisés pareil, sauf exception ; mais il ne faut absolument pas les laisser faire dès qu’ils font mine de se comporter comme ça, à dire : « Attention, ça va énerver le président… ». Plus on rampe, plus on prend des coups.

    #ProcesMutinerieValence

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     « Je suis libérable en 2038.
    Je veux bien mettre un genou à terre mais pas les deux.
    Je veux garder ma dignité » Romain L.

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    INTERVIEW DE BERNARD RIPERT

    APRÈS LE PROCÈS EN APPEL DE ROMAIN L.

    https://vimeo.com/223278402

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  • EMISSION DE L’ENVOLÉE DU 25 NOVEMBRE 2016 Entretiens avec Assa Traoré et le collectif 8 juillet contre les violences structurelles de la police

     

    • Courrier : Gaëtan (CP de Lannemezan) revient sur la mort de Rachid un co-prisonnier que l’AP n’a pas laissé sortir malgré un cancer.

    Deux entretiens contre la police :

    • Entretien avec Assa Traoré. La soeur d’Adama Traoré tué par les gendarmes en juillet dernier est désormais poursuivie pour diffamation par la maire de Beaumont-sur-Oise, Nathalie Groux. Pour tenter d’écraser la contestation portée par cette famille et leurs proches, nouvelles offensives de l’Etat et la justice :  deux des frères d’Assa et Adama, Youssouf et Bagui ont été arrêtés et incarcérés.

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    • Entretien avec Nawel et Phuong, du « Collectif du 8 juillet », à chaud sur le procès qui s’est tenu pendant toute la semaine au tribunal de Bobigny contre trois policiers qui avaient blessé plusieurs manifestants en 2009 à Montreuil. Elles parlent notamment des 11 témoignages que le collectif a réussi à produire devant le tribunal : des gens blessés ou des proches de tués par la police. Des paroles trop rares qui doivent trouver un échos hors du tribunal car elles démontrent le caractère structurel, volontaire et politique de ces violences d’Etat.

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    Zics : Lino feat. T. Killa et Calbo – VLB ; Sizzla – I’m living ; Sans Tiep – La police assassine


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  • EMISSION DE L’ENVOLÉE DU 18 NOVEMBRE 2016 avec des membres du Collectif 8 juillet contre les violences policières

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    • Courriers : Gaëtan (Lannemezan), Harouna Dia (CP de Château-Thierry), news de Fabrice Boromé transféré à Lannemezan.
    • Brève : Assa Traoré -soeur d’Adama Traoré tué par les gendarmes en juillet dernier- poursuivie pour diffamation par la maire de Beaumont-sur-Oise, Nathalie Groux.
    • Invitées : Nawel et Alice, du « Collectif du 8 juillet ». A la veille de l’ouverture à Bobigny du procès des trois policiers qui en 2009 avaient éborgné et blessé six personnes à Montreuil après l’expulsion de la clinique occupée ; elles reviennent sur 7 ans de bagarre et sur la stratégie judiciaire mise en place par le collectif pour tenter de politiser cette histoire et la faire sortir du tribunal.
    • Annonces :  Repas de soutien à la Cantine des Pyrénées pour les prisonniers du mouvement social + Soirée de soutien au journal à l’occasion de la sortie du numéro 45 le samedi 19 novembre.

    Zics : Kif vs RealFlow – Pour Un Flirt (inédit) ; Dead Prez – Fuck the Law ; TonyToxik – Depuis


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  • « Tout le monde (ou presque) déteste la police, car elle déteste tout le monde (ou presque) » 3/3 petite analyse et entretien avec un copwatcher

    Jette pas qu’un œil sur la police, des USA à Pantin : des vidéos contre la violence policière, entretien avec un copwatcher

    Il y a quelques mois encore, Taubira à leur tête, certains politiciens français adoraient encore se la jouer humaniste à bon compte en condamnant la violence, souvent raciste, des policiers aux États-Unis. C’était déjà bien sur, pour mieux honorer nos poulets label France. Aujourd’hui aucun d’entre eux n’ose même plus s’aventurer sur ce terrain glissant : l’heure est aux larmes des policiers ; aux prétendues tentatives d’homicides contre la police ; aux montages bidons de BFM… (suite…)