Catégorie : Événements & communiqués

  • Grève de la faim au QLCO de Vendin-le-vieil

    Grève de la faim au QLCO de Vendin-le-vieil

    Nous relayons l’intégralité du communiqué de presse des grévistes… à faire tourner en solidarité avec les prisonniers et leurs proches.

    Super cartel de Vendin le Vieil

    Grève de la faim à partir du 1er septembre 2025

    Nous, détenus, annonçons aujourd’hui une grève de la faim à compter du 1er septembre 2025.

    Notre mouvement n’est pas dirigé contre nos conditions de détention mais contre les conditions inhumaines imposées à nos familles.

    Nos familles paient le prix fort.

    * Elles parcourent des centaines de kilomètres pour venir nous voir, parfois au détriment de leur santé, de leur travail, de leur équilibre.

    * Au parloir, elles se retrouvent derrière un hygiaphone, dispositif justifié officiellement pour éviter l’introduction d’objets illicites. Pourtant, chacun sait qu’un portique à ondes millimétriques détecte déjà tout objet interdit.
    Même les surveillants témoignent que ce système sert avant tout à « casser psychologiquement » détenus et familles.

    Une mise en scène indigne

    * Les familles, y compris des enfants, sont accueillies par des agents cagoulés censés les impressionner. Pourtant, en détention même, les agents ne portent pas de cagoule.

    * Les appels téléphoniques sont limités à deux fois par semaine, sur des créneaux restreints (8h-12h, 14h-16h). Or, à ces heures, les proches travaillent et les enfants sont à l’école.

    * Rappelons que nos proches n’ont commis aucune faute : ils ont un casier vierge, ils paient leurs impôts et n’ont évidemment aucun numéro d’écrou.

    La vérité contre les mensonges

    Nous ne sommes pas violents avec les agents, seuls quelques individus isolés et déséquilibrés le sont. La vérité, c’est que les agents sont en sous-effectifs, et non 250 comme l’affirme le ministre de la Justice, Monsieur Gérald DARMANIN.

    DARMANIN ment. Le délégué syndical David LACROIX ment.

    Notre position

    Votre rêve est de nous pousser à la violence. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Notre résistance sera pacifique mais déterminée.

    Le 1er septembre 2025, nous entamerons une grève de la faim pour défendre la dignité de nos familles.

    –> à lire aussi au sujet de l’ouverture des QLCO : « Narco-prisons » : paroles de l’intérieur contre tous les QHS modernes

  • Du quartier arrivant jusqu’au CNE : brutalité pénitentiaire – Solidarité Kanaky – Justice de gôôôche ??!

    Du quartier arrivant jusqu’au CNE : brutalité pénitentiaire – Solidarité Kanaky – Justice de gôôôche ??!

    Émission de l’Envolée du vendredi 4 avril

    AU PROGRAMME :

    • ACTU DE LA BRUTALITÉ JUDICIAIRE

    Lecture d’un communiqué de Solidarité Kanaky qui revient sur la solidarité mise en place pour les prisonnier.e.s kanaks déporté.e.s en France : ceux et celles du mouvement social contre le dégel du corps électoral, mais aussi les autres nombreux prisonniers de droit commun déportés. Solidarité Kanaky revendique le rapatriement de tous les déporté.e.s qui le souhaitent et la libération de tous les prisonniers kanaks réprimés lors des révoltes.

    Surprise : la justice serait de gauche et indépendante ?! On discute de l’instrumentalisation par l’extrême droite et ses alliés au gouvernement, qui crient au « laxisme » de la justice contre les « voyous », et s’offusquent de la soi-disant dureté de la condamnation de M.Le Pen.
    On rappelle juste que, de gauche comme de droite extrême, la justice est une machine à broyer les classes populaires et les étranger.e.s, que le bloc bourgeois de tous bords kiffe l’institution judiciaire, qui met en oeuvre le surenfermement de plus en plus brutal de la population.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne.
    Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Et sur toutes les plateformes de podcast.

  • Solidarité avec Fabrice Boromée, qui subit brimades et insultes racistes à la centrale de Vendin-le-Vieil

    Solidarité avec Fabrice Boromée, qui subit brimades et insultes racistes à la centrale de Vendin-le-Vieil

    Nous relayons des nouvelles de Fabrice, prisonnier longue peine qui subit depuis longtemps l’acharnement de l’administration pénitentiaire*. Actuellement enfermé à la centrale ultra-sécuritaire de Vendin-le-Vieil, il dénonce dans une récente lettre les insultes racistes proférées par des matons. Il a saisi sans succès la direction de l’établissement, la direction régionale et la direction nationale. Dans un communiqué, ses proches reviennent sur son parcours et incitent à interpeller l’administration.

    (*Pour en savoir plus, vous pouvez réécouter l’émission l’Envolée du 28 février 2025)

    C. P. de Vendin-le-Vieil, le 25 février 2025,

    Salut, les amis !

    Je vous écris pour donner de mes nouvelles, et j’espère que vous allez bien. Moi, depuis mon arrivée à Vendin-le-Vieil le 27 juin 2022, je n’ai subi que des humiliations, du racisme et de la discrimination.

    Par exemple, le fait le plus marquant, c’est le 15 février 2025 lors de ma sortie de cellule à 8 heures du matin, je marchais dans le couloir, il y avait quatre surveillants, et un faisait des cris de singe et m’a traité de « sale nègre » et de « macaque ». Croyez-moi, j’ai mordu ma lèvre pour ne pas les frapper, vu que depuis l’âge de huit ans je fais de la boxe thaï, sachez-le.

    Mais ce n’est pas fini : quelques jours plus tard, ce même surveillant raciste m’a palpé lors de ma sortie de cellule, et a dit à son collègue : « ce nègre est dégueulasse », en essuyant ses mains sur son pantalon, sachez-le.

    La direction de Vendin et les chefs du QMC 3 couvrent ces matons dans leur racisme et leurs abus de pouvoir, et je trouve ça injuste. Il n’y a pas de justice pour les Noirs et les Guadeloupéens comme moi, les amis.

    Bon courage à vous tous et à tous les soldats qui se battent pour la liberté.

    L’ami Fabrice, dit « Papillon »

    Fabrice est un prisonnier guadeloupéen enfermé depuis 2010 et déporté en métropole en 2011. Depuis, il réclame d’être transféré en Guadeloupe, auprès de ses proches qui ne peuvent pas venir lui rendre visite aussi loin. Il dénonce cette double peine qu’il subit, comme de nombreux autres prisonnier·e·s transférés des territoires colonisés, géographiquement lointains, dans des prisons de France. Fabrice a essayé de se faire entendre par tous les moyens. Ne recevant en réponse que mépris et répression, il est allé jusqu’à commettre, plusieurs fois, ce que l’administration pénitentiaire appelle des « prises d’otage » : il a retenu des membres du personnel dans l’espoir d’être enfin entendu. Depuis, matons, administration et institution judiciaire lui font payer ses actes de révolte par des représailles infinies.

    Alors que Fabrice était entré en prison pour une peine de huit ans, dans cet engrenage infernal, il a été condamné à une vingtaine d’années supplémentaires. Il a longtemps été enfermé en quartier d’isolement, ces lieux qui détruisent physiquement et psychiquement. Pendant des années, il n’a eu pour tout contact humain que celui de surveillants casqués, il a subi le menottage systématique, les escortes suréquipées et violentes, les repas jetés à travers une trappe, l’impossibilité de voir un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) dans des conditions décentes… Quand il a enfin été sorti de l’isolement, il a été placé au quartier maison centrale (QMC), c’est-à-dire dans un quartier de haute sécurité (QHS) moderne. Il y est encore aujourd’hui, et encore isolé.

    Ces conditions d’incarcération ont des conséquences graves sur la santé de Fabrice. Il a perdu l’ouïe d’une oreille à cause d’une grenade assourdissante jetée par des surveillants dans la douche où il était, il a souffert d’un grave ulcère à l’estomac, provoqué par le stress, le tout dans un contexte de refus de soin récurrent de la part de l’administration.

    À la prison de Vendin-le-Vieil, Fabrice subit depuis des mois injures et provocations racistes. Il en a fait part à la direction de l’établissement, à la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) Grand-Nord–Lille et à la direction de l’administration pénitentiaire (DAP). La DAP et la DISP ont répondu mais n’ont rien fait pour mettre un terme à ces agissements.

    Alors que ces provocations visent à le faire craquer, Fabrice demande à ce que le public soit informé de sa situation et le soutienne. N’hésitez pas : faites savoir à la DAP, à la DISP et à la direction de la prison que vous savez ce qu’il se passe, et exprimez votre désaccord avec cette situation.

    Des proches de Fabrice.

    Direction de l’administration pénitentiaire
    13, place Vendôme
    75042 Paris Cedex 1

    Copie à :
    Direction interrégionale des services pénitentiaires Grand-Nord–Lille
    123, rue Nationale
    59034 Lille Cedex

    Direction du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil,
    5, rue Léon-Droux,
    62880 Vendin-le-Vieil.

    Objet : insultes et brimades racistes au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil

    Madame, Monsieur,

    J’ai été informé·e par les médias d’insultes et de brimades racistes de la part de membres du personnel surveillant proférées régulièrement à l’encontre de M. Fabrice Boromée depuis que ce dernier est enfermé au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil.

    Ces agissements continuent alors que tous les niveaux hiérarchiques de l’administration pénitentiaire ont été saisis par Monsieur Boromée. Qui est donc garant de son intégrité ? Il est de votre responsabilité de faire cesser ces agissements.

    Pour rappel, l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881 stipule que « l’injure commise envers une personne en raison de son origine ou de son appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » est passible de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende, dans la circonstance aggravante que « les faits mentionnés sont commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission ».

    Je soutiens les demandes de Monsieur Boromée :
    – j’exige l’arrêt immédiat de tels actes dont le caractère illégal ne peut être nié ;
    – sans réaction de la hiérarchie, Monsieur Boromée est en danger au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil et doit être transféré immédiatement ;

    En vous priant de bien vouloir prendre en compte sa demande, cordialement,

  • 7 et 8 septembre 2024 : à la mémoire d’Idir, mort au mitard de la prison de Corbas

    7 et 8 septembre 2024 : à la mémoire d’Idir, mort au mitard de la prison de Corbas

    Le 9 septembre 2020, Idir est décédé au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas dans des circonstances plus que douteuses. Depuis ce jour, sa famille se bat pour obtenir la vérité, dénoncer les violences pénitentiaires et réclamer la fermeture des mitards et des quartiers d’isolement. Un week-end de commémoration et de soutien à leur combat aura lieu les 7 et 8 septembre 2024 à Lyon.

    –> à 18h à l’annexe de l’ECG (27 rue salomon reinach, Lyon 7).
    Au programme :

    • Projection sur le thème des violences pénitentiaires
    • Prises de parole
    • Couscous prix libre
    • Infokiosque & affiches prix libre (tout l’argent récolté ira en soutien au collectif Idir Espoir et Solidarité)

    –> départ à 14h place Bellecour à Lyon

    Soyons nombreuses et nombreux !

    … coups de main pour préparer :

    Toustes celleux qui souhaitent filer un coup de main pour aider à préparer ce week-end sont les bienvenuex : le dimanche 1er septembre à partir de 14h à l’Annexe de l’ECG (27 rue salomon reinach, Lyon 7) pour faire les banderoles puis une réunion de préparation.

    … et plus d’infos :

    Page Instagram de l’association « Idir Espoir et Solidarité » : noussommesidir69
    Des infos sur la mort de Idir et la mobilisation de ses proches ici.
    Quelques infos contre les mitards ici.

  • La lutte contre la nouvelle prison à Entraigues continue !

    La lutte contre la nouvelle prison à Entraigues continue !

    Appel à une assemblée générale le 27 novembre 2023 à la ZAC du Plan.

    Nous relayons ci-dessous un appel lancé par les opposant-e-s à ce projet de nouvelle prison, qui ont déjà organisé divers évènements (lire ici et , ou écouter cette émission).

    « Alors que l’état met en route la construction de 15 000 places de prisons supplémentaires, nous continuons d’affirmer qu’il faut se débarrasser de toutes les taules, outils dangereux de soumission et d’apprentissage de l’humiliation !

    A Entraigues sur la Sorgues dans le Vaucluse (84), comme dans des dizaines de villes en France, l’état a décidé de construire un nouvel établissement pénitentiaire (400 places), pour un total de 15000 places de prisons supplémentaires. Nous l’avons déjà dit, lors des consultations publiques ou de manifestations : la prison, nous n’en voulons pas ni ici, ni ailleurs !

    Pour réfléchir ensemble à nos moyens d’actions et à notre dynamique pour la vie, tant la vie des écosystèmes (une vingtaine d’hectares de terres agricoles sacrifiées), que celle des humains (ceux qui vont être enfermés et celles et ceux qui vont subir la taule de dehors), nous vous donnons RDV le lundi 27 novembre à midi, sur place à la ZAC du Plan.

    Après un pique-nique, nous ferons une Assemblée Générale pour mettre en place les activités de l’après-midi et des mois à venir. Vous êtes invité.e.s à venir avec de quoi partager un repas, des pancartes, des vieux draps, de la peinture, de la ficelle ou juste vous et toute votre énergie. »

    Ni béton ni maton : nibetonnimaton@riseup.net

    Cet appel est initialement publié ici.

    Au programme de leur dernière émission :

    • manifestation à Briançon en hommage à la personne migrante qui a trouvé la mort sur la frontière ;
    • OQTF des jeunes de Rosmerta, à Avignon ;
    • compte-rendu de la réunion publique de concertation du 11 octobre à Entraigues et qui n’intéresse plus personne ;
    • Des nouvelles du lancé de colis à la prison du Pontet ;
    • Et un point sur la répression des émeutier.ères.

  • « Je m’efforce d’être debout face à la rudesse de la tâche ».

    « Je m’efforce d’être debout face à la rudesse de la tâche ».

    Sandra en grève de la faim contre l’assignation à résidence de sa famille.

    Kamel Daoudi est assigné à résidence depuis 2008. Forcé de déménager du jour au lendemain au gré des décisions ministérielles, séparé de ses proches, contraint de pointer chaque jour à la gendarmerie, il se débat dans un labyrinthe administratif. Le 14 septembre 2023, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a refusé de se prononcer sur le fond du dossier en rejetant sa requête pour des motifs de procédure. Face a cet énième refus qui mêle vengeance d’Etat et folie administrative, Sandra, la compagne de Kamel vient d’entamer une grève de la faim. Dans le texte qui suit elle exprime les raisons de son action, sa détermination et son refus d’être « considérée comme « une pauvre femme » assignée à rester dans l’ombre de son conjoint, spectatrice de la souffrance de ses enfants ».

    Mon mari a été condamné définitivement en décembre 2005 pour des soupçons d’appartenance à une « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Ce dossier repose essentiellement sur des aveux extorqués sous la torture. Mon mari a toujours nié les faits qu’on lui a reprochés. Il a exécuté intégralement sa peine.

    A cette peine a été adjointe, une peine complémentaire d’interdiction définitive du territoire français (IDTF). Cette IDTF est inapplicable car en cas d’expulsion vers son pays de naissance, l’Algérie, il serait exposé à des traitements dégradants et inhumains. L’expulsion étant impossible, le ministère de l’intérieur a décidé de l’assigner à résidence, en attendant son éloignement vers un autre pays.

    Ce 14 septembre 2023, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a refusé de se prononcer sur le fond de son dossier en rejetant sa requête pour des motifs de procédure. Cela signifie que la Cour Européenne laisse à l’État français toute latitude pour continuer à assigner mon mari sans limite dans le temps et sans se soucier des retombées sur l’ensemble de notre famille. Le gouvernement français concourt à le placer dans une situation inextricable lui interdisant toute vie privée et familiale. Je dois pour ma part pallier à toutes les injonctions du ministère sans jamais me rebeller ni contester leur bien-fondé.

    Comme la réhabilitation de Kamel est rendue impossible par les autorités administratives malgré ses attaches solides et profondes en France où il vit depuis l’âge de cinq ans, par voie de conséquence, celles-ci me privent – moi et mes enfants – de notre droit à la vie privée et familiale. Aucun pays n’acceptant son accueil, avec la réputation que l’État français a dressé de lui, l’administration s’acharne à nous pousser vers une impasse : son retour forcé en Algérie. Ce harcèlement continu sur quinze ans est épuisant pour toute la famille.

    Le ministère de l’intérieur interdit à mon mari de travailler. Mes enfants ne peuvent que constater l’incapacité de leur père à participer normalement à leur éducation et à leur épanouissement d’autant plus qu’il a été éloigné à plus de deux heures de route du foyer familial.

    Mes enfants doivent constamment s’adapter aux nouvelles contraintes liées à l’assignation de leur père. En quinze ans, ils ont dû arpenter les routes de France pour se rendre vers 7 lieux différents situés dans des départements aussi éloignés que la Creuse, la Haute-Marne, le Tarn, la Charente-Maritime ou le Cantal. Gérer le quotidien de deux adultes, une adolescente et trois jeunes enfants dans une chambre d’à peine dix mètres carrés relève d’une organisation extrêmement rigoureuse pour tenter de créer un climat sécurisant et apaisant malgré les circonstances. Chaque déplacement implique de fait, un isolement social.

    Cette situation d’enfermement à l’air libre crée une atmosphère anxiogène chez de jeunes enfants encore plus intense que pour l’incarcération d’un parent. En effet, un parent incarcéré peut susciter un espoir auprès de l’enfant qui sait que celui-ci sortira un jour tandis que dans le cas de l’assignation à résidence, l’enfant partage cet enfermement et n’a aucun espoir que la situation ne s’améliore. Je ne peux pas dire à mes enfants que le dénouement sera nécessairement politique.

    Il suffit de côtoyer Kamel Daoudi pour être suspecté de terrorisme. En plein état d’urgence alors qu’un car de CRS stationnait chaque nuit pendant plus de deux mois, de 19h à 7h devant mon domicile, les plaques d’immatriculation d’amis qui me rendaient visite étaient systématiquement relevées devant eux afin qu’ils comprennent que cette maison était hautement surveillée. Beaucoup de connaissances se sont malheureusement pliées à cette intimidation.

    Avec la répétition de situations humiliantes, toute atteinte à notre intégrité et à notre réputation contribue à alimenter le supplice dit « de la goutte d’eau ». Après la chute de plusieurs milliers de gouttes, une simple petite goutte a le même effet que l’effondrement d’un immeuble sur votre front. Je m’efforce d’être debout malgré la rudesse de la tâche pour faire face à toutes les personnes méprisantes qui me perçoivent comme une personne peu respectable et peu fréquentable.

    Ce qui est désarmant dans ce retournement permanent du stigmate, c’est que les institutions censées protéger les citoyens me laissent livrée à mon sort. En 2017, quand un couple de voisins policiers fabulateurs a décidé de tout entreprendre pour me nuire en provoquant l’intervention abusive de la section de déminage de Toulouse, les autorités concernées dont l’IGPN n’ont pas cherché à circonscrire leurs méfaits. Il a fallu d’autres incidents et des mensonges répétés très « grossiers » de la part de ces agents de police pour que les autorités judiciaires décident enfin de neutraliser ce couple en classant leurs plaintes extravagantes, sans suite. En revanche ma plainte pour harcèlement et diffamation déposée antérieurement contre ces mêmes voisins n’a toujours pas abouti à ce jour. Ce prétendu « non-évènement » pour reprendre l’expression du commandant de police de l’époque, a eu pour conséquence mon arrêt de travail pour anxiété post-traumatique pendant près d’un an. Il faut s’imaginer le quotidien de mes enfants pendant cette période alors que je peinais à réaliser de simples tâches ménagères.

    Combien de femmes se seraient résignées à se séparer de leur conjoint devant toutes ces difficultés, combien d’enfants humiliés se seraient laissés déborder par une colère légitime ?

    Le ministère de l’Intérieur refuse d’acter que nous ne sommes plus le 23 avril 2008, date du premier arrêté d’assignation à résidence de Kamel. Il s’emploie à toujours mettre en avant la sécurité publique sans considérer l’évolution de la situation familiale depuis quinze ans. Pourtant l’assignation à résidence a des répercussions palpables sur mon quotidien.

    En 2009, mon époux a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir quitté le périmètre de son assignation afin de m’accompagner à la clinique alors que j’étais enceinte de sept mois. Et en 2020, il a été condamné à un an ferme en première instance pour 25 minutes de retard à son couvre-feu tandis qu’il cuisinait dans un lieu associatif. A chaque fois, j’ai dû supporter les conséquences de ces tragédies qui résultent des conditions particulièrement sévères de son assignation à résidence. La moindre infraction peut ainsi être punie d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison ferme.

    Qui pourrait se prévaloir, en quinze ans d’assignation, de ne jamais avoir le moindre retard pour les deux, trois ou quatre pointages quotidiens imposés au commissariat ? Je ne comprends plus l’énergie déployée par le ministère de l’intérieur pour broyer toute une famille au mépris des droits individuels les plus fondamentaux.

    Deux murs restent infranchissables :
    Décoller l’étiquette de Kamel, considéré comme « un homme dangereux » alors qu’il n’a commis aucune infraction depuis la fin de l’exécution de sa peine en 2008 ;
    Déconstruire des décisions de justice administrative fondées essentiellement sur des notes blanches pour obtenir sa réhabilitation en relevant par exemple son interdiction définitive du territoire.

    Ne pas tenir compte de l’évolution de la situation de Kamel en l’espace de plus de quinze ans n’est pas digne d’un État prétendant respecter les libertés individuelles fondamentales. Le ministère a-t-il seulement conscience qu’il ne s’agit plus simplement de la destinée de Kamel. J’ai des droits en tant que femme. Je ne suis pas uniquement l’épouse de Kamel. J’aspire à être considérée comme un individu à part entière.

    Il me semble aussi que chaque fois que la situation d’un enfant est en cause, l’intérêt supérieur de celui-ci doit primer ; il s’agit d’un principe essentiel. Marteler sans aucun élément sérieux que Kamel continue d’être dangereux, alors qu’il se comporte de manière exemplaire dans des conditions déshumanisantes, ne peut suffire à sacrifier la vie de nos enfants en les privant de l’amour et de la présence de leur père. Être considérée comme « une pauvre femme » assignée à rester dans l’ombre de son conjoint, spectatrice de la souffrance de mes enfants, ne peut suffire à me réduire au silence.

    Mes droits et ceux de mes enfants, tous ressortissants français sont inaliénables.

    Durant toutes ces années notre famille a beaucoup trop souffert d’un ostracisme décomplexé, d’une violence institutionnelle assumée et d’un isolement qui n’est plus supportable. Ce qui est inhumain, ce n’est pas seulement de laisser Kamel dans cette situation sans fin mais de me mépriser en tant que femme et de laisser grandir mes enfants en leur faisant croire que leur quotidien relève de la normalité.

    Sandra, Aurillac, le 18 septembre 2023.

  • Soirée de soutien à L’Envolée – 21 avril à Pantin

    Soirée de soutien à L’Envolée – 21 avril à Pantin

    Contre la censure de la parole des prisonnier.e.s, une discussion ensemble, une cantine partagée et un concert de Baro Syntax, Ratur, Sitou Koudadjé, et DJ Black Mirror, vendredi 21 avril à La Trotteuse à Pantin, métro Hoche à partir de 17h ! La prison tue, passe le mot !

  • 3 jours d’échanges contre la prison et le béton

    3 jours d’échanges contre la prison et le béton

    Depuis 3 ans, le collectif crève la taule 84 se bat contre le projet de construction d’une prison entre Avignon et Carpentras, à Entraigues.
    Pour le week-end de Pâques (8, 9 et 10 avril), nous vous invitons à venir poser votre tente ou votre camion à Entraigues, sur la zone du plan, là où l’an dernier poussaient des tournesols et où l’an prochain l’état espère faire pousser une énième prison dans le cadre du plan de construction de 15000 places d’enfermement.
    Ensemble, et durant ces trois jours, nous allons discuter, partager, apprendre, s’amuser, bref, célébrer le vivant plutôt que se préparer au béton et à l’enfermement !
    Contact : nibetonnimaton@riseup.net
    Toutes les infos : https://valleesenlutte.org/spip.php?article480

  • Tribune : « En censurant le journal L’Envolée, l’administration pénitentiaire étouffe un peu plus la parole des personnes enfermées »

    Tribune : « En censurant le journal L’Envolée, l’administration pénitentiaire étouffe un peu plus la parole des personnes enfermées »

    Tribune collective parue dans Le Monde le 19 mars en réaction à la nouvelle censure du journal L’Envolée, signé par Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme ; Juliette Chapelle, présidente de l’association Avocats pour la défense des droits des détenus (A3D) ; Benoît David, président de Ban public, association pour la communication sur les prisons et l’incarcération en Europe ; Claire Dujardin, présidente du Syndicat des avocats de France ; Camille Gourdeau, présidente de la Fédération des associations de solidarité avec tou.te.s les immigré.e.s ; Ingrid Leys, directrice de publication du journal L’Envolée ; Matthieu Quinquis, président de l’Observatoire international des prisons-section française ; Nathalie Seff, déléguée générale de la section française de l’ACAT.


    Fin janvier 2023, pour la troisième fois en deux ans, le ministère de la justice a interdit la diffusion en détention d’un numéro du journal L’Envolée (le n° 56), et a saisi des exemplaires dans les cellules des personnes abonnées. Dans une note au personnel, il s’inquiétait de la gratuité du journal et de sa « large diffusion », susceptible d’avoir « un retentissement important auprès des personnes détenues », et citait des passages dénonçant le caractère mortifère de la prison.

    L’Envolée publie depuis vingt ans des lettres de prisonniers et de prisonnières qui dénoncent le sort qui leur est fait dans la continuité du Comité d’action des prisonniers des années 1970, pour désinvisibiliser le monde carcéral et remettre en cause la pertinence de son existence. En janvier 2021, le ministère interdisait la diffusion du numéro 52 de L’Envolée dans toutes les prisons, en raison d’un dossier consacré aux décès suspects de plusieurs personnes détenues. Nos organisations soulignaient alors (« Violences pénitentiaires : l’omerta doit prendre fin ! », Mediapart le Club, 18 mars 2021) que « cette interdiction ne saurait occulter le problème de fond dénoncé par le journal : les violences commises par des agents de l’administration pénitentiaire sur des personnes détenues sont une réalité désormais largement documentée, tout comme les rouages institutionnels permettant qu’elles se perpétuent ».

    Au printemps 2022, à l’insu de la directrice de publication, une note interne de la direction de l’administration pénitentiaire (AP) interdisait la lecture du numéro 55 à tous les prisonniers en raison de « propos diffamatoires à l’égard de l’AP » – sans que ces propos n’aient été condamnés pénalement. L’article rendait compte du procès de sept surveillants au tribunal de La Rochelle en novembre 2021 à la suite du décès de Sambaly Diabaté. Ce prisonnier de la centrale de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) est mort étouffé après avoir été bâillonné et longuement maintenu au sol par plusieurs surveillants. La note s’offusquait de « propos alléguant que l’administration pénitentiaire enseigne à ses personnels des gestes professionnels portant atteinte à la dignité de la personne humaine, qualifiés par l’auteur de l’article d’“arsenal habituel” et d’“horreur tellement banale et généralisée” ».

    Ce qui paraissait diffamatoire à l’AP, c’était d’affirmer que certains des gestes qui ont tué M. Diabaté (étranglement, placage ventral, pliage, usage de bâillon, transport menotté à l’horizontale) étaient pratiqués et transmis à des surveillants, même s’ils sont officiellement interdits. Pourtant, ce n’est pas L’Envolée qui le relevait, mais les surveillants eux-mêmes à la barre : « On a fait comme d’habitude. A Fleury-Mérogis, j’ai vu cette méthode pratiquée dix, quinze fois », déclarait un surveillant à propos du transport à l’horizontale. Un autre confirmait que cette pratique était usuelle dans l’établissement francilien. « C’est une intervention comme j’en ai vu d’autres », dira un troisième. « J’ai pratiqué facilement une douzaine de fois la position allongée dans le camion », confirmera un quatrième.

    A la question : « Avez-vous déjà vu ce genre de transfert ? », un gradé répondait : « Oui, on l’a fait à la [prison de la] Santé. » Et le bâillon ? « C’est interdit, mais avant c’était autorisé, et c’était il n’y a pas longtemps ». « Il y a des usages qui ne sont pas en cohérence avec les textes », résumait la directrice de la centrale de l’époque. Avant le procès, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté avait par ailleurs rapporté, à l’occasion d’une visite en 2017 au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, « les dénonciations d’une pratique dénommée par des professionnels comme “la technique de Fleury-Mérogis”, qui consiste, quand un récalcitrant a été conduit dans une cellule disciplinaire, à le placer sous le lit après lui avoir retiré ses vêtements, sous prétexte de “sécuriser” le retrait des surveillants de cet espace étroit ».

    Si l’on ne peut parler d’« horreur tellement banale », quels mots employer ? Pourquoi les prisonniers ne pourraient-ils pas lire cette vérité dans L’Envolée ? Le ministère craint-il que la violence structurelle de la prison – officiellement établie et assumée lors de ce procès – finisse par être vraiment reconnue ? La principale conséquence de ces interdictions à répétition, c’est de faire pression sur les personnes abonnées au journal : certaines ont vu leur cellule fouillée et ont été menacées d’une sanction disciplinaire, ce qui les dissuade de le recevoir, et plus encore de lui écrire.

    En censurant L’Envolée, l’administration pénitentiaire étouffe un peu plus la parole des personnes enfermées. Au-delà des phrases visées, ce qui lui semble inadmissible, c’est l’existence même d’un outil au service de celles et de ceux qui sont déjà privés du droit de s’organiser, de contester et de parler publiquement. Or, nous considérons qu’il est plus important que jamais de s’opposer à la déshumanisation des personnes prisonnières et de leurs proches, de leur manifester de la sympathie et d’empêcher les oubliettes modernes de se refermer sur eux.

    A l’heure où l’hostilité d’une bonne partie de la presse et du champ politique ne cesse de grandir contre les prisonniers et les prisonnières, il s’agit d’empêcher notre société de se refermer complètement. Plus que jamais, les dénonciations, analyses et luttes sociales en prison nous concernent entièrement. La prison reste un angle mort de notre société ; il est essentiel de permettre au plus grand nombre d’entendre la voix des personnes concernées ! Notre liberté en dépend.


  • Tribune pour dénoncer l’impact des mesures d’assignation à résidence en France

    Tribune pour dénoncer l’impact des mesures d’assignation à résidence en France

    Nous relayons ce communiqué diffusé à l’occasion du 10 décembre, la « journée internationale des droits de l’homme ». Le livre de Kamel Daoudi, « je suis libre, dans le périmètre que l’on m’assigne », est dispo par ici. (gratuit pour les enfermé·e·s, contactez-nous !)


    En cette journée internationale des droits humains, cette tribune souhaite dénoncer l’impact sur sur tout un chacun, des mesures d’assignation à résidence prises par les autorités françaises au travers de la situation individuelle paroxystique de Kamel Daoudi, assigné à résidence et obligé de pointer plusieurs fois par jour au commissariat depuis maintenant plus de 14 ans.
    Ces privations lui interdisent la possibilité de travailler et de vivre normalement avec sa famille, le plongeant ainsi dans une situation de précarité économique et sociale évidente. Nous dénonçons ce qui apparaît très clairement comme un régime de privation de liberté constitutif d’une atteinte à l’état de droit.


    Cet état de privation de liberté a été soumis à la discrétion de l’autorité publique, sans limite dans le temps, ni intervention du juge de la liberté et de la détention (JLD). En somme, Kamel Daoudi pourrait rester sous ce régime de privation de liberté jusqu’à la fin de sa vie.
    Condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en France pour un projet qui lui a été imputé qu’il a toujours contesté, il a purgé sa peine de prison, et reste pourtant sous le coup d’une interdiction définitive de territoire français inapplicable. Une privation de liberté contrôlée par l’administration sans limite de temps.
    Ce genre de cas permet à l’administration de priver ou restreindre la liberté de personnes de manière illimitée dans le temps.


    Kamel Daoudi déchu de sa nationalité française en 2002 est considéré par la France comme un étranger mais ne peut pas expulsé du territoire, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) ayant donné suite à la requête de M. Daoudi en prononçant l’impossibilité pour la France de l’éloigner vers l’Algérie (son pays de naissance qu’il a quitté à l’âge de 5 ans).


    En effet, M. Daoudi y risque des traitements dégradants et inhumains au sens de la convention européenne des droits humains. Par ailleurs, toute sa famille réside en France et il n’a plus aucune attache avec son pays de naissance depuis plus de 42 ans. Kamel Daoudi est donc assigné à résidence administrative depuis le 25 avril 2008, subissant l’application d’un régime d’exception permettant à l’administration, sans aucune intervention du JLD, « jusqu’à ce qu’existe une perspective raisonnable d’exécution de [son] éloignement. » (L.561-1 du CESEDA).
    Cette « perspective raisonnable d’exécution de son éloignement » n’étant pas possible au vu de la décision de la CEDH, cela confère à ce régime d’assignation à résidence un caractère perpétuel.
    Kamel Daoudi pourrait donc rester jusqu’à la fin de sa vie dans ce régime de privation de liberté. Une décision prise sur des motifs flous à interprétation large.

    Cette décision d’assignation à résidence repose sur le CESEDA (Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile) et s’appuie sur la notion de « trouble à l’ordre public », une notion à très large spectre d’interprétation et potentiellement arbitraire.


    Amnesty international dénonce depuis des années l’assignation à résidence de Kamel Daoudi, alors que la justice n’a plus rien à lui reprocher. Cette situation porte atteinte à ses droits fondamentaux, y compris son droit à travailler ou son droit à la vie privée et familiale.Cette situation est en outre maintenue par le ministère de l’intérieur maintenant Kamel au milieu d’enjeux politiques dépassant largement sa personne.
    Plus largement, cette notion de « trouble à l’ordre public » peut tout à fait, selon les interprétations s’appliquer à des militant.e.s œuvrant contre les intérêts du gouvernement en place. La frontière est fine pour que les motifs fondant l’application de ces régimes de privation de libertés soient applicables à d’autres situations pouvant être jugées par l’autorité publique comme risquant de troubler l’ordre public.


    L’assignation à résidence n’est pas le seul dispositif de contrôle et de surveillance, elle fait partie d’un arsenal juridique répressif qui va de la perquisition administrative, jusqu’à l’interdiction de paraître dans certains lieux.
    Des exemples récents nous l’ont encore montré, des décisions de ce type ont été prises contre des militants écologistes lors de la COP 21, des syndicalistes ou encore des supporters de football.
    Une décision qui s’inscrit dans un mouvement d’intégration des régimes d’exception dans le droit commun.


    Plusieurs régimes d’exception ont été mis en place ces dernières années et ceux-ci ont donné lieu à une transposition de cette législation d’urgence dans le droit commun. L’état d’urgence en réaction aux attentats de 2015 et prorogé plusieurs fois jusqu’en 2017 a permis l’entrée en vigueur de la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme reprenant de façon substantielle, ce régime d’exception.


    La situation exceptionnelle et excessive à laquelle sont confrontés Kamel Daoudi et sa famille est devenue la règle pour un ensemble de décisions de privations ou de restrictions de libertés potentiellement applicables à toute personne vivant sur le territoire français, étrangère ou française.


    * * *


    Nous dénonçons donc à travers cette situation l’ensemble des atteintes à l’état de droit produit par la délégation de l’exécution des peines à l’autorité publique. Par son lien étroit avec les enjeux politiques, l’autorité publique ne peut être en aucun cas garante d’une justice équitable.
    Nous considérons que l’assignation à résidence est une privation de liberté et qu’une personne sous le joug d’une telle décision doit être en mesure de voir les conditions de cette privation, contrôlées par le Juge des Libertés et des Détentions.
    Nous dénonçons l’ensemble des dérives juridiques de la lutte contre le terrorisme, imprégnant les personnes d’une tache indélébile de nature à justifier toute forme d’atteinte à leurs libertés fondamentales.


    Nous dénonçons l’entrée dans le droit commun et la massification de ces décisions privatives de libertés souvent basées sur le principe flou de « trouble à l’ordre public » de plus en plus appliquées à n’importe quelle personne française ou étrangère exerçant des droits fondamentaux comme celui de manifester et bien d’autres.


    Collectif de Défense des Libertés Publiques
    France, le 10 décembre 2022