Catégorie : Radio

  • ÉMISSION DU 1er MAI 2020 :                  les prisonnier.es face au confinement, semaine 7 : proches et prisonnier.es tiennent le cap.

    ÉMISSION DU 1er MAI 2020 : les prisonnier.es face au confinement, semaine 7 : proches et prisonnier.es tiennent le cap.

    L’Envolée – émission du 1er Mai 2020 (1h30)
    • Clin d’œil : Olivier parle des QMC, prisons les plus sécuritaires de France, pendant le procès de la mutinerie de Valence en 2016.
    • Contaminations covid-19 en prison, on touche du bois : pas de cluster jusqu’ici. Mais toujours pas de parloirs !
    • Point sur le peu d’informations qui circule sur le retour des parloirs avec le déconfinement : mépris des familles et des prisonnier.e.s alors que le maintien du lien familial est impératif et urgent.
    • Retour sur les difficultés rencontrées lors des recours actuels et le climat dans les tribunaux, sous cette « justice de confinement ».
    • Topo sur la situation de Jean Christophe Merlet, prisonnier handicapé dont l’état de santé se dégrade. Nous attendons sa libération, bien que la période aurait déjà dû la rendre effective: acharnement de l’administration pénitentiaire ?
    • Lettre des proches à la ministre des tribunaux et des prisons : mise en danger des personnes privées de liberté, plus de 150 proches se sont mobilisé.e.s pour la signer (contactez-nous pour participer !)
    • Billet d’humeur : face à la répression en banlieue et dans les quartiers populaires, colère et parallèle avec les révoltes de 2005.
    • Des nouvelles des prisons pour étrangers. A Lille : blocage pour soins et tests, transfert des personnes considérées comme « meneuses » à Metz. Une cinquantaine de personnes expulsées vers la Roumanie ce jeudi, des prisonniers Mesnil-Amelot et de Lille. Pressions pendant le Ramadan.
    • Lecture de témoignages de prisonniers du CRA de Vincennes.
    • Début d’un tour du monde des révoltes et mouvements en prison : traitement des prisonnier.e.s palestinien.ne.s, gros mouvements des prisonnier.e.s argentin.e.s (lecture du manifeste des prisonnières et ex prisonnières d’Ezeiza) et brièvement aux États Unis.



    Billet d’humeur :
    C’EST PAS LA GUERRE SANITAIRE,
    C’EST LA GUERRE DES FLICS CONTRE LES JEUNES
    Comptez pas sur les grands frères pour éteindre le feu en banlieue

    2020 : le Coronavirus arrive. Confinement oblige, les quartiers sont déserts. Comme partout en France, les centaines de morts annoncés chaque jour font flipper même les petits qui sont habituellement posés tranquilles en bas des tours. Ils restent à la maison, où ils sont parfois dix à s’entasser les uns sur les autres dans un f2 ; donc effectivement, de temps en temps, un bol d’air s’impose… mais les flics s’emballent. Ils règnent en maîtres absolus dans les tristes rues désertées, mettent les bouchées doubles, collent des amendes même quand les consignes sont respectées. Insultes, humiliations, violences, torture… ils vont parfois jusqu’à tuer. Depuis le début du confinement, cinq personnes sont mortes suite à des contrôles d’attestation, et on ne compte plus les vidéos de contrôles abusifs ; les autorités détournent le regard comme si c’était normal. Quinze ans après les émeutes de 2005 en banlieue, c’est toujours le même mépris, le même aveuglement volontaire ; toujours le même permis de tuer.

    Samedi 18 avril, un jeune homme roule à moto à Villeneuve-la-Garenne. D’après les témoins, à un feu tricolore, le deux roues arrive à la hauteur d’une voiture de flics banalisée et un des flics ouvre la portière du côté du motard, le blessant grièvement à la jambe. La portière comme arme par destination – s’il s’agissait d’un citoyen lambda. Des centaines de vidéos montrent les moments qui ont suivi ce drame : on entend les gens dire aux flics qu’ils ont merdé, que c’est grave ; la colère gronde de partout. Le bruit court que le gars aurait perdu sa jambe…

    C’est la goutte qui fait déborder le vase. Y a plus de Covid-19, plus de confinement. Plus que le ras-le-bol de subir – et on retourne quinze ans en arrière : la france crâme. C’est pas la guerre sanitaire, c’est la guerre des flics contre les jeunes. Comme en 2005, la presse reste très discrète, les grands médias préfèrent gloser en boucle sur le déconfinement du 11 mai. Une fois de plus, on dirait que les jeunes des quartiers populaires peuvent bien crever. Au lendemain des affrontements, le ministère de l’Intérieur indique dans un communiqué de presse que “des médiateurs sont déployés par la commune de Villeneuve-la-Garenne”.

    2005 : Zied et Bouna, deux gamins assassinés impunément par les flics. A l’époque, on est beaucoup à s’être battus à coup de pierres face aux armes des condés qui n’hésitaient pas à nous tirer dessus à balles réelles. Sarkonar – le ministre de la Justice de l’époque – voulait passer la population de ces endroits où on crève assassiné par la police au Karcher. On est aussi beaucoup à avoir été incarcérés après ces combats de rue, pour incendie de véhicule, lancer de cocktails Molotov, jet de projectiles divers sur les bleus depuis les fenêtres – au bout de ces trois semaines intenses, il restait presque plus un seul micro-ondes dans le quartier ! On est beaucoup à pas avoir oublié les images de la télé qui disait que ça faisait les gros titres dans le monde entier : “Ça brûle dans les quartiers populaires de France.” Ceux qui ont vécu ça, on les appelle maintenant les “grands frères”… et c’est eux, devenus “médiateurs”, que la mairie de Villeneuve-la-Garenne “déploie” pour apaiser ceux qui ont vu l’un des leurs volontairement blessé par la police ?

    Comment imaginer une seconde que ceux qui ont vécu cette époque iront calmer leurs mômes ou leurs petits frangins ? Ce serait hypocrite de chercher à juguler la juste colère de ceux qui savent qu’ils ne sont jamais entendus et qui veulent simplement que la vérité éclate. Ils peuvent tout au plus endurer la souffrance de les voir revivre la même guerre qu’eux à quinze ans d’intervalle… et leur dire de faire attention à eux, et de faire attention les uns aux autres. Ne pas se laisser faire, c’est ne pas se laisser mourir, et c’est ce que font ces jeunes pleins de courage. Quelle insolence de la part de ces costumes-cravates. Comme si les anciens n’avaient pas de cœur ! Qu’ils sachent que Zied et Bouna restent les petits frères de toute une génération. Les autorités s’en doutent probablement, puisqu’elles lancent en même temps des poursuites contre les parents des jeunes émeutiers, comme déjà en 2005. Oui, on a grandi ; mais pas oublié, ni pardonné.


    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de vingt minutes, que vous pouvez écouter chaque jour de la semaine sur la FM, les plateformes de podcast et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Jet FM (Nantes 91.2), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5), RKB (Guingamp 106.5), Vassivière (Royère 88.6), Canal Sud (Toulouse 92.2).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net, sur contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.


    Musique : O’Jays « Give The People What They Want », Kokomo Arnold « I’ll Be Up Someday », Lino « Qui Peut Comprendre », Nessbeal « A Chaque Jour Suffit Sa Peine ».

  • Flash info quotidien du 30 avril 2020 : la justice du confinement

    Flash info quotidien du 30 avril 2020 : la justice du confinement

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : Olivier parle du procès de Valence pour le mouvement au QMC en 2016.
    • Discussion avec l’avocat Matthieu Quinquis : Comment les juges administratifs défendent l’administration pénitentiaire.
    • Billet de Pierrot : la justice du confinement renforce le pouvoir des juges.
    • Des nouvelles de Fresnes à la suite de l’incendie d’un local : les ELAC doivent partir.

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

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  • Flash info quotidien du 29 avril 2020 : 150 proches de prisonnier.es adressent une lettre à la ministre des tribunaux et des prisons.

    Flash info quotidien du 29 avril 2020 : 150 proches de prisonnier.es adressent une lettre à la ministre des tribunaux et des prisons.

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : Olivier décrit le début du procès de Valence pour le mouvement au QMC en 2016.
    • Lecture de la lettre à la ministre des tribunaux et des prisons, signée par plus de 150 proches de prisonniers et prisonnières de plus de 50 établissements.
    • Discussion avec Léa à propos de cette lettre.

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

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  • Flash info quotidien du 28 avril 2020 : l’épidémie à la centrale de Lannemezan, par Philippe Lalouel.

    Flash info quotidien du 28 avril 2020 : l’épidémie à la centrale de Lannemezan, par Philippe Lalouel.

    Actualité Covid-19 en prison :

    L’épidémie de Covid depuis la centrale de Lannemezan : « Nous on est déjà confinés depuis des années »

    Des nouvelles de Philippe à la centrale de Lannemezan, 25 avril 2020.

    Je suis un détenu de la centrale de Lannemezan. Je regarde la télé comme tout le monde, je vois beaucoup de choses qui sont vraies, qui sont fausses, c’est bizarre hein, comme tous les gens je pense. Et ici au début les matons n’avaient pas de gants ni de masques. Pour nous, le danger c’est eux, c’est pas nous, parce que nous on est déjà confinés depuis des années. On leur a imposé qu’ils aient des gants et des masques. On est juste quelques uns à avoir attrapé la direction, on les a menacés de bloquer la prison s’ils en mettaient pas. Parce qu’il y a beaucoup de saucissons aujourd’hui en prison. On est qu’une poignée de détenus à crier.

    Ça a quand même mis 3 jours, mais maintenant ils ont les gants et les masques. Après on a demandé des désinfectants pour les douches, parce que c’est commun, y en a plusieurs qui passent dans la même cabine, il faut faire quand même attention. Parce qu’il y a quand même des crados en prison !

    Après, la gamelle… le pain, il est pas plastifié. Nous les détenus on sait jamais si y en a un qui a touché le pain, le pain est dans des panières, c’est infect, il peut être touché par tout le monde, il peut être infecté. On fait de la parano à force d’écouter la télé, tu vois !

    Après ils ont mis en place des paquets de lingettes pour les cabines téléphoniques, des désinfectants, des pshits. A la musculation, on a le droit d’y aller mais il faut pas  être plus de 8, mais bon on est jamais à 8. Il y a désinfectants et lingettes pour nettoyer chaque machine que tu touches. C’est un gros bordel mais faut le faire.

    Nous les détenus on a pris l’initiative de désinfecter les douches à fond, avec des produits qu’ils ont donné, mais je sais pas si c’est vraiment efficace ! Parce qu’ils se cassent pas les couilles…  On a demandé de la javel, même d’en cantiner plus, mais ils veulent pas …

    Il interdisent pas les désinfectants avec de l’alcool, mais ils sont coupés, c’est pas comme vous dehors, aussi efficace. C’est toujours la même bouteille, il la re-remplissent, donc… t’as compris !

    Après on a pris l’initiative de tout frotter, avec les balais brosses, chacun son aile, à plusieurs détenus. Au moins c’est déjà un peu plus propre.

    Après nous, la vie continue normalement, on a les promenades. Par contre on se sert plus la main, hein, ça c’est normal ça se comprend . On a la muscu, on va au stade… On se met le plus possible à un mètre, comme y disent. Mais ça c’est un peu du cinéma pour moi : un virus, à un, deux, ou trois mètres, si tu dois l’attraper, tu l’attrapes.

    Après nous, dans l’illégalité, on sait les nouvelles, internet, tout ça… mais si on avait que la télé, on saurait rien. C’est des tombeaux, on écoute les conneries aux informations. A force d’écouter la télé t’as l’impression que le virus il va traverser ta télé ! C’est pas les matons qui vont te l’apporter, c’est la télé !

    On sait qu’il y a des prisons qui ont brûlé. C’est les maisons d’arrêt, ça se passe pas comme en centrale, les maisons d’arrêt, ça rentre, ça sort, c’est plus difficile. Après, comme en Italie y en a qui ont réussi à s’évader, ça peut arriver à n’importe quel moment. Aujourd’hui à Lannemezan on est comme sur un bateau, si y en a un qui l’attrape tout le monde va avoir peur.

    Regarde mon parcours : pourquoi je m’évade ? J’ai le VIH, j’apprends ça, j’ai 3 à 5 ans à vivre. J’apprends ça, je mévade. Je me fais reprendre, je me re-évade. Parce qu’on me dit que je vais mourir en prison. Des gens peuvent penser comme moi aujourd’hui. Bon moi je suis en fin de peine, je suis conditionnable, même si ils vont m’emmerder pour sortir, je vais sortir quand même. J’ai pas envie de crever. J’ai fait tout mon parcours carcéral à cause de ça, c’est pas maintenant que je vais lâcher et crever dans une cellule. J’aimerais pas en arriver là, je crèverai pas dans une cellule mais s’il le faut, je me battrai jusqu’au bout.

    C’est très difficile en prison. J’espère qu’après ce soi disant déconfinement, qu’ils comprendront ce que c’est le renfermement. Qu’ils mettront moins de longues peines comme ils nous mettent. Parce que moi j’ai pris une peine de condamné à mort, comme d’autres. J’espère que ça les fera réfléchir. Parce qu’en un mois et demi ils sont tous en train de pleurer. D’accord y a une maladie, je  souhaite rien à personne, mais voilà ça leur fait comprendre un peu ce qu’est un renfermement.

    Ici pour le moment y a aucun cas de Covid 19. On a vu un chef qui nous a expliqué brièvement. Pour moi ce qu’il a raconté c’est très léger : si y en a un qui attrape cette maladie… En bas au rez de chaussée y a une cellule pour handicapé, au cas où quelqu’un soit handicapé avec un chariot. Il y a une douche dedans. Le détenu qui serait contaminé prendrait une douche là-dedans, serait remonté dans sa cellule confiné, et sortirait en promenade éloigné des autres, ou je sais pas comment, il a pas dit la fin… Ils sont pas au point. Comme pour remettre en place les parloirs, ils sont pas au point du tout, ils nous demandent à nous des conseils ! C’est une honte. Un chef stagiaire a dit qu’il ferait venir une par une les familles, mais c’est impossible, on est 180 bonhommes ! On met un an pour faire venir toute une prison. Ils savent rien, ils sont pas au point, ils nous en parlent pas, y a que des affiches pour avertir « se laver des mains, nanani, nanana… »

    C’est comme les gens qui attendent pour sortir, qui doivent recevoir 2 mois de remises de peine à cause de cette maladie. Ils sont en fin de peine, ils attendent, ils ont rien du tout. Pour  les musulmans, comme ils les ont dans le pif, comme mon pote, il a rien. Ce truc pour vider les prisons, personne l’a eu ici, pourtant y a des 2 mois, des 18 mois, des grosses fin de peine. Mon ami doit sortir en octobre, s’ils lui donnent ses RPS et ça, il sort maintenant. C’est à la télé qu’y disent que des gens sortent, c’est du cinéma, en tous cas ici en centrale, personne est sorti, personne ! Peut être dans les maisons d’arrêt. Moi je suis conditionnable, j’ai une demande de condi posée, j’attends, je suis informé de rien du tout.

    J’ai appelé mon avocate, je lui ai demandé de faire un recours, parce que moi je suis plus fragile que n’importe qui, mais si elle traîne et que le déconfinement se fait, ça sera trop tard. Comme y en a ici qui ont le diabète. Ils ont mis une affiche comme quoi les gens qui sont plus fragiles que les autres pourraient avoir un aménagement de peine plus rapide. Le lendemain, on se lève, on sort de cellule, elle y est plus. Elle a disparu. Y a rien de rien qui s’est fait.

    On est là avec nos petites lingettes, notre désinfectant… et encore, quand on en a ! A moitié coupé, j’en suis sûr. On demande de la javel en plus, on en a pas. Ils sont à la ramasse.

    C’est tendu, y a plus de parloir. Donc ceux qui m’écoutent comprendront pourquoi c’est tendu ! Y  a eu quelques bagarres, y en a qui ont été mis à l’isolement. Pendant quatre jours, après les bagarres, on nous ont bloqué dans nos ailes, tu pouvais plus aller voir ton pote dans sa cellule, jouer à la playstation ou aux cartes, parler, regarder internet… Punition ! Ils ont essayé, quand ils ont senti que ça commençait à être chaud, ils ont relâché. La directrice qui avait pris cette décision, elle a fait que des études, elle comprend rien, donc c’est d’autres qui ont passé sur elle et qui ont dit faut débloquer. Et y a quelques surveillants qui ont dit «oh !  Attention » et ils ont compris, ils ont débloqué aujourd’hui.

    Les surveillants, ils se chient dessus. Ils ont le moral cassé, plus que nous, ils en parlent plus que nous. Y a des anciens surveillants qui me disent « y en a, c’est infernal : corona tatatata, toute la journée ». Vaut mieux se suicider que parler comme ça toute la journée. C’est comme si tu regardes la télé sur ça tous les jours.

    Ils restent corrects avec nous, ils ont pas le choix, il sont dans une spirale où ils ont pas le choix. En vérité, aujourd’hui, si y avait pas que des saucissons… y en a qui doivent se reconnaître, y en a qui  savent de quoi je parle, s’ils entendent ce message… parce que les prisons ont beaucoup changé. Si y en a qui sont pas contents de ce que je dis, je m’en fous, parce que je dis la vérité : y a beaucoup de saucissons… Mais si on veut, si on veut, actuellement, on a tout pour gagner. Que ça soit des blocages, ci ou ça… Y aura quelques transferts c’est sur. Mais beaucoup de gens y gagneront. Mais malheureusement les gens ne bougent plus, ils ont leur petit confort, tout ça… en centrale, c’est fini. Maison d’arrêt, CD, il y a plus de jeunes, ils sont plus vaillants, ça bouge plus, ça vit plus… Ici c’est une tombe. On dirait une prison pour fin de vie ! Je suis bien réveillé, j’ai la tête sur les épaules, donc je vois ça, mais y en a beaucoup qui s’endorment.

    Sur ce j’embrasse tout le monde, P, G, S,… Je remet toutes mes condoléances à Olivier qui s’est envolé, et qui sortira jamais de mon coeur. Voilà comment je finis mon message.

    Philippe

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

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  • Flash info quotidien du 27 avril 2020 : Liberez J.C Merlet !

    Flash info quotidien du 27 avril 2020 : Liberez J.C Merlet !

    Actualité Covid-19 en prison :

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  • EMISSION DU 24 AVRIL 2020 :                  Semaine 6 : les prisonnier.es attendent toujours les libérations, les masques, les parloirs…

    EMISSION DU 24 AVRIL 2020 : Semaine 6 : les prisonnier.es attendent toujours les libérations, les masques, les parloirs…

    L’Envolée – émission du 10 avril 2020 (1h30)



    Face à la gravité de la situation, depuis lundi 23 mars, L’Envolée diffuse chaque soir une émission quotidienne d’un quart d’heure pour faire circuler l’information sur ce qui se passe dans les prisons françaises. Nous y lisons les messages qui nous sont envoyés au 07.52.40.22.48. Nous maintenons par ailleurs l’émission « longue » du vendredi (1h30).

    Cette émission est rediffusée toute la semaine sur les radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2). Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.


  • Flash info quotidien du 23 avril 2020 : répression contre les mutins d’Ecrouves

    Flash info quotidien du 23 avril 2020 : répression contre les mutins d’Ecrouves

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Petit extrait d’une émission du procès tenu en 2013 à propos de l’évasion de Moulins.
    • Coup de fil de Khaled, enfin libre !
    • Témoignage de violence policière au CRA de Toulouse
    • Répression contre les mutins d’Ecrouves

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’émission de radio est diffusée le vendredi soir de 19 heures à 20 heures 30 sur FPP (106.3 Mhz en région parisienne) ou sur rfpp.net et disponible ensuite sur toutes les plateformes de podcast. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de quinze minutes, que vous pouvez écouter chaque soir de la semaine à 19 heures sur les ondes de FPP et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaines sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast. Nous appelons d’autres radios locales à diffuser largement ce bulletin, contactez-nous !

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur.
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  • Flash info quotidien du 22 avril 2020

    Actualité Covid-19 en prison :

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

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  • Flash info quotidien du 21 avril 2020

    Flash info quotidien du 21 avril 2020

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : petit extrait issu des récessions du procès tenu en 2013 à propos de l’évasion de Moulins : « Ce qu’ils détestent c’est le évasions et les mutineries!« .
    • Lettre de l’Infâme (n’hésitez pas à nous contacter pour pouvoir lui écrire).
    • Les libérations attendues ne viennent pas, les mouvements continuent : retour sur les derniers mouvements à l’intérieur.

    LES LIBERATIONS ATTENDUES NE VIENNENT PAS, LES MUTINERIES CONTINUENT

    Depuis la première vague de révoltes qui a secoué une cinquantaine de prisons en  France à l’annonce de la suppression des parloirs le 17 mars, les mouvements n’ont jamais cessé à l’intérieur ; on pense notamment au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly en Guyane qui s’est mutiné le 1er avril sans le moindre écho dans les médias nationaux…

    Les annonces de la ministre des tribunaux et des prisons ont bien eu quelques effets – pas en terme de libération de masse, comme certains le désiraient… Non, mais avec ses annonces, elle a provisoirement étouffé  le feu de la contestation.  En déclarant vouloir libérer 5 000 prisonniers elle a laissé espérer bien des prisonniers qu’ils pourraient être le prochain … sur une liste pourtant ridiculement  petite. Non seulement il faut remplir de nombreux critères (être à moins de deux mois de la sortie d’une peine de moins de cinq ans), non seulement il y a les délais de traitement à géométrie variable en fonction des disponibilités des tribunaux, des Cpip, des Jap qui tournent au ralenti, et le sous-effectif chronique de ces mêmes Cpip et Jap … mais il s’agit, en plus, de bien  se tenir ! Belle carotte, qui les incite à ne plus bouger d’une oreille. Soyez sages ; si vous contestez les mesures de suppression des parloirs et des activités ou si vous exigez des masques, du gel et des tests pour protéger votre santé, alors là c’est mort. Pas de sortie.

    Mais les libérations promises ne viennent pas (Lettre ouverte à la ministre des tribunaux et des prisons), et les masques non plus ;  les familles et les proches ne peuvent toujours pas retourner au parloir, et Macron ne se fend pas de la moindre annonce. Bref y a rien qui vient – à part la maladie ; alors dans beaucoup de prisons, ça recommence à bouger un peu plus bruyamment depuis la fin de semaine dernière ; au Havre (Flash info du 16 avril), à la Santé, à la prison pour mineurs de Meyzieu, vendredi 17 avril au CD d’Ecrouves, samedi 18, à la centrale de Saint-Martin-de-Ré ; et encore aujourd’hui même, mardi 21 avril : ce sont les prisonniers du CP de Borgo qui débutent un mouvement pour accompagner une série de revendications qu’ils ont pris soin de faire sortir. Elles sont on ne peut plus claires en cette période de Covid : libérations, aménagements de peine, et permissions.

    Samedi 18, à Saint-Martin-de-Ré, trois prisonniers ont bloqué un étage pour réclamer des transferts, mais tout ce qu’on sait, c’est que l’Eris de Bordeaux est intervenue. Enfin, on sait aussi que les matons de cette centrale, notamment ceux d’une certaine équipe, sont réputés pour leur férocité ; même les directeurs successifs de cette taule s’en plaignent. Le SPS – un petit syndicat de base de matons d’extrême-droite – est assez bien implanté, et influe grandement sur les positions du syndicat majoritaire à l’échelon local.  En janvier dernier, alors qu’un prisonnier montait sur le toit pour dénoncer ses conditions de détention, Force ouvrière exigeait de sa direction rien moins que la fermeture d’une des cours de promenade et la mise en place d’un pôle permanent d’Eris à demeure. Ils ne l’ont pas encore obtenu, mais l’Equipe régionale d’intervention et de sécurité de Bordeaux fait souvent la route jusqu’à St-Martin ; trop souvent au goût des prisonniers.

    La veille au soir, au CD d’Ecrouves en Meurthe-et-Moselle, à l’autre bout de la France, deux prisonniers selon une source résolument administrative (vu la précision) une quarantaine selon une autre source, se sont retranchés dans une aile et ont mis le feu à leurs matelas. Au finale l’AP annoncera 22 mutins. Selon les mots de la pénitentiaire, complaisamment repris par tous les sites de matons, « aucune revendication claire n’a été identifiée. » Ben voyons… c’est vrai que dans la période, on se demande bien ce que peuvent vouloir les prisonniers. Là aussi, intervention des Eris.Le pisse-copie de l’Est républicain – un torchon particulièrement dégoûtant – est littéralement fan de ces Eris qu’il qualifie de « gardiens de la paix spécialisés dans le maintien de l’ordre en milieu carcéral ». Rien ne va dans cette phrase : ce ne sont pas des gardiens de la paix – c’est-à-dire des flics ; mais bien des gardiens de l’AP – l’administration pénitentiaire ; autrement dit des matons cagoulés. Sur une zone géographique donnée, ces unités mobiles vont de prison en prison pour « maintenir l’ordre », c’est-à-dire réprimer toute forme de revendication, accompagner des transferts… des porte-clef sortis du rang parce qu’ils aimaient encore plus que leurs collègues mettre la misère aux prisonniers et qui ont pris du galon à force de filer des beignes.

    Rappelons que ces équipes ont été créées par… Didier Lallement, l’actuel préfet de police de Paris, célèbre par la haine qui suinte de la moindre de ses déclarations. Il y a quelques jours encore, il déclarait que les malades du Covid-19 l’avaient bien cherché ; prompt à se vanter de la sévérité des contrôles d’attestation, il a mené il y a deux ans à Bordeaux une des répressions les plus brutales des Gilets jaunes, qui s’en souviennent… Eh bien c’est à ce petit bonhomme à la casquette trop grande, c’est à ce grand bureaucrate à la voix glaçante que l’on doit la création des Eris en 2001 ; il était à l’époque… directeur de l’AP. Alors que des mouvements contre les quartiers d’isolement (QI) et la longueur des peines éclataient partout en France, il a eu l’idée de cagouler certains personnels triés sur le volet pour aller casser du prisonnier. Les enfermés avaient immédiatement répliqué : « S’ils portent des cagoules, c’est parce qu’ils n’ont pas de figure ! » ; pas de dignité. Depuis, la plupart des mouvements de prisonniers exigent la suppression des Eris, comme l’ont encore fait les prisonniers de Rennes-Vezin dans un communiqué sorti il y a quelques semaines.

    Revenons à Ecrouves. L’abject gratte-papier conclut : « les Eris ont réglé l’affaire en une petite demi-heure. » Ils ont réglé l’affaire : le cynisme et la violence de la formule… Neutralité journalistique oblige ! Régler l’affaire, ça veut dire à n’en pas douter un certain nombre de côtes, de bras, de nez pétés ; des transferts et des procès à charge à venir. On le boit sur une vidéo, les Eris sont rentrés à une vingtaine, accompagnés de baqueux en tenue antiémeute et de matons d’établissements voisins ; les flics sont là pour faire rentrer les autres prisonniers en cellule et les Eris pour gérer le transfert des mutins. Trois  meneurs ont été désignés et transférés dans la foulée au centre de détention de Nancy-Maxéville ; au QD direct. 18 autres mutins ont ensuite été conduits vers les centres de détention de Toul, Saint-Mihiel et Strasbourg.

    Espérons qu’ils se feront moins copieusement avoiner par la justice que leurs camarades jugés en comparution immédiate pour la révolte à la prison de Béziers le 21 mars : six mois ferme pour un prisonnier suspect d’avoir dégradé un grillage ; même peine pour un autre accusé d’avoir craché sur un Eris lors de l’intervention ; même tarif pour leur avoir peut-être jeté une bouteille en plastique ; trois mois avec sursis pour un primaire en détention provisoire pour avoir dégradé les fils d’une cabine téléphonique. Les investigations menées par un procureur particulièrement martial – Raphaël Balland – ont depuis abouti à la condamnation d’un autre prisonnier à six mois ferme pour la destruction d’une caméra.

    En attendant les suites judiciaires, l’explosion des réactions à la mutinerie d’Ecrouves sur les réseaux sociaux de gardiens de prison a au moins le mérite de révéler l’état d’esprit d’une bonne partie de la matonerie au bout d’un mois de confinement. Un certain Rich France, par exemple, suggère un « tir létal à vue dès que ça sort du mur d’enceinte. Eris qui gère en interne en mode pas de limite et renfort légion étrangère cercle de la détention. Les pompiers pourront travailler tranquillement et la récidive n’existera pas. S’il y a des récalcitrants, guillotine. Incident clos. » Tout en nuance, rien ne manque. Mais son collègue François Mourot propose de simplifier la procédure : «  les laisser brûler ». Coronavirus ou pas, les matons et les prisonniers ne sont pas amis ; ils ont des intérêts contraires. Les matons le savent bien, terrifiés qu’ils sont à l’idée de la propagation de la contamination dans les semaines à venir et de la probable multiplication de révoltes et de prises d’otages simultanées – qui dépasseraient du coup les capacités d’intervention des sinistres Eris.

    Pour finir, petit détour historique à l’époque où la guillotine chère à certains matons exécutait encore : on est en janvier 1971, pas loin d’Ecrouves, toujours en Meurthe-et-Moselle, à la centrale de Toul. Une mutinerie éclate dans cette ancienne caserne Ney devenue maison centrale en 1949, puis CD en 1975. Pendant plusieurs jours, les mutins gardent le contrôle de la prison désertée par les matons ; montés sur les toits, ils prennent la parole ; ils  sont filmés, photographiés… Une vague de révolte embrase alors les prisons de France : Toulouse, Lille, Besançon, Lyon s’enflamment, puis la prison de Nancy. Les revendications sortent, notamment avec l’aide du GIP (Groupe information prisons), fondé quelque temps plus tôt. Un an après, une parole collective sortie de la centrale de Melun signe les débuts du CAP (Comité action prisonniers), une organisation  autonome de prisonniers qui publie un journal et crée un rapport de force avec l’AP pendant dix ans, en faisant vivre ces deux vérités :

    Tous les prisonniers sont politiques, et ils ont raison de se révolter !

    C’était vrai en 1972, ça l’est toujours en 2020.

    Si vous avez envie de le rappeler au personnel du CD d’Ecrouves,

    03.83.65.85.85…

    Force, courage et détermination !

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’émission de radio est diffusée le vendredi soir de 19 heures à 20 heures 30 sur FPP (106.3 Mhz en région parisienne) ou sur rfpp.net et disponible ensuite sur toutes les plateformes de podcast. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de quinze minutes, que vous pouvez écouter chaque soir de la semaine à 19 heures sur les ondes de FPP et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaines sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5).
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  • Flash info quotidien du 20 avril 2020

    Flash info quotidien du 20 avril 2020

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Extrait de la première émission de l’Envolée : « Pourquoi on s’appelle l’Envolée », avec Francine, Hafed, Nadia et Olivier.
    • La violences de la police en temps de confinement: les bleus se lâchent.
    • Il y a deux ans, Jawad était tué au mitard par les matons à Seysses.
    • Des nouvelles des Centres de rétention administrative: témoignage d’un prisonnier de Vincennes, lecture d’un texte d’un prisonnier au Mesnil-Amelot.

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