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  • Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    DD est en fin de peine depuis des mois, mais l’administration pénitentiaire (AP) et les surveillant·e·s continuent à la faire poireauter en repoussant sans cesse sa libération en conditionnelle, par toutes sortes de contraintes juridiques, financières et de déplacements (pour le logement et le travail). Elle a donc peur de retomber dans le piège du traitement lourd qui lui est prescrit. Comme souvent, sa fin de peine est un combat harassant contre l’AP, notamment contre les CAP (commissions d’applications des peines) et des Spip (services pénitentiaires d’insertion et de probation) qui ont un pouvoir discrétionnaire sur la date de sortie des prisonnier·e·s, au « comportement » ou à la tête du client. Les surveillant·e·s mettent des bâtons dans les roues en collant des CRI (comptes-rendus d’incident) aux fin de peine. Aucune des promesses de sortie de l’AP n’a été tenue – pas même celle de mi-juillet mentionnée dans la dernière lettre, ce qui prolonge encore son enfermement de quelques semaines. Ces lettres ont été respectivement lues lors des émissions du 6 mai, du 20 mai et du 8 juillet 2022.

    DD est enfin sortie de prison, au mois d’août 2022.


    « J’ai eu l’impression de passer à l’abattoir »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 19 avril 2022

    Chère Envolée,

    J’ai bien reçu votre retour sur ma lettre du covid. En ce moment j’ai le moral à zéro à cause de ma CPIP (Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) qui a fait n’importe quoi et à cause d’elle ma permission des 18, 19 et 20 avril ne m’a pas été accordée. Et en plus elle m’a fait passer en débat contradictoire avec un dossier en carton ! Elle a fait n’importe quoi et je suis grave vénère contre elle ! Je suis passée en débat contradictoire devant l’officier de la prison (c’est lui qui te connaît le mieux), la JAP (juge d’application des peines), le procureur et d’autres personnes qui ne servent à rien à part « apprendre le métier de JAP ». Bref, j’ai eu l’impression de passer à l’abattoir… Je m’explique : la juge te déballe à la figure toutes les conneries que tu as fait dans ta vie, donc déjà je m’attendais pas à ça, j’ai déjà été jugée, j’estime qu’il n’était pas nécessaire de me rappeler tout ça. […]

    Je ne suis pas sûre mais je crois que c’est la première fois que je vous écris une lettre où je suis autant en colère. La vérité je n’en peux plus et je suis à la limite de demander à mon psy-addictolo qu’il me represcrive du xanax, ce qui serait vraiment dommage puisque cela fait environ quatre mois que j’ai arrêté. En plus, je trouve, que ce soit l’éducatrice ou la CPIP, qu’ils m’ont trop fait croire que j’allais aller en semi et j’y ai tellement cru que ça fait drôle. En ce moment même je devrais être avec la mère et mes fils et ma perm a été refusée parce que j’ai bu un pastis, un verre de vin et un digestif, ça me met la haine car au lieu de t’encourager parce que tu fais de gros progrès, ces connards font tout le contraire et là j’ai tellement la haine que cette juge (JAP) je te jure qui si je la revois, je vais pas hésiter à lui jeter tout mon venin à la figure. Il n’y a que l’officier de la détention qui a dit que je ne pouvais pas mieux faire et que j’avais fait de très beaux progrès. Voilà, j’en ai ras le bol !

    DD


    « C’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 4 mai 2022

    Salut L’Envolée,

    Là, il est 10h30 et j’ai le moral à zéro… donc évidemment j’ai envie de prendre plein de benzo pour dormir et donc oublier, mais je n’ai pas ce qu’il faut, peut-être cet aprem incha allah car je suis au bout du rouleau. Je me rends compte que c’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs, mais c’est aussi grâce à cette détention que désormais la drogue est derrière moi. C’est malheureux mais il m’aura fallu ça pour que je comprenne plein de choses importantes de la vraie vie. Car je serai peut-être morte aujourd’hui si j’étais restée dehors à faire que des conneries, donc quelque part ça aura été positif.

    […] J’attends la réponse de la JAP le 9 mai prochain pour savoir si je vais en semi puis ensuite max fin juin j’aurai mon appartement thérapeutique, mais je vous jure que si elle me refuse la semi je demande à mon médecin qu’il me represcrive du xanax.

    Le 5 mai 2022

    J’ai lu les parties de mes lettres que vous avez lues à la radio et je les trouve bien choisies, elles représentent exactement ce que je vis ! Vous me direz, c’est normal c’est moi qui les ai écrites, lol ! Sinon les perm j’ai fait une croix dessus car là ma mère est à l’hosto jusqu’au 9 juin […]. J’espère que si j’ai ma semi, les week-end je pourrai aller la voir, j’ai demandé à avoir un week-end sur deux chez ma mère. Par contre, les cellules de la semi sont aux anciennes Baumettes, donc douches communes et cellules à l’ancienne, mais bon ça c’est pas grave tant que je goûte à la liberté !

    Encore aujourd’hui je n’ai pas trop le moral, mais je pense que ce sera comme ça tant que je n’aurai pas le délibéré de la JAP… Je suis complètement éteinte, je n’ai envie de rien sinon bien sûr de la liberté. […]

    Sinon, ma CPIP s’est plantée je ne serai pas payée si je vais travailler [dans une association]. Vu que je serai en semi je ne toucherai toujours pas mon AAH (allocation adulte handicapée) à taux plein, donc ça risque d’être difficile… mais j’ai un tout petit peu d’argent de côté. Mais vu que je suis sous curatelle, vous avez compris, ça va être la galère ! Enfin celle-ci se termine en 2023 donc j’espère que je vais pouvoir l’arrêter car ça aussi c’est infantilisant, mais j’avais été obligée pour que mon père se porte garant pour me prendre un appart.

    Je vous laisse, prenez soin de vous.

    DD


    « Il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 24 juin 2022,

    Salut L’Envolée,

    Je n’en peux plus, il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison, c’est pourquoi je vais prendre une avocate avec l’aide juridictionnelle pour qu’elle contacte la CPIP et la JAP pour convenir d’un aménagement de peine, qui a déjà été accordé lors de mon débat contradictoire le 12 avril dernier où je demandais la semi qui m’a été refusée, mais la libération dans un appartement thérapeutique que j’ai presque trouvé m’a été accordée donc je vais me faire aider par une avocate afin d’être libre, disons mi-juillet 2022. Amen.

    Le 25 juin 2022,

    Salut L’Envolée.

    Comme vous le voyez j’écris pas très souvent en ce moment. J’ai eu deux CRI (comptes-rendus d’incident), un dans la « salle d’attente » du SMPR où il y a aussi les mecs et il y en a un qui m’a descendu un yoyo avec du tabac car j’étais en chien de tabac et une surveillante sortie de nulle part est venue me prendre le tabac alors je l’ai insultée. Et une autre à cause de ma cellule dont je suis censée avoir la clef mais celle-ci ne fonctionne plus donc je suis obligée de demander à la matonne de me fermer la porte et celle-ci ne l’a pas fait tout de suite alors que j’avais des cigarettes dans la cellule et en prison les clopes c’est le nerf de la guerre donc j’ai flippé parce qu’elle ne me l’a pas fermée de suite, et je l’ai insultée. Voilà quoi, je vais de nouveau passer au prétoire, à moins que je sois libérée avant ce qui serait le top.

    Bon, je vous laisse, je vous donnerai des nouvelles après mes deux RDV et si comme je l’espère grâce à ma nouvelle avocate je sors vite, je vous contacterai sur le numéro que vous m’avez laissé. Biz et mille mercis !

    DD

  • Nouveau coup de gueule des amis de JC Merlet

    Nouveau coup de gueule des amis de JC Merlet

    M. JC Merlet est actuellement victime de graves négligences de la part du Docteur Bouxom, et nous sommes très inquiets pour lui, pour sa santé et pour sa vie.

    M. JC Merlet est atteint de pathologies et handicaps importants qui nécessitent une prise en charge médicale sérieuse.

    Selon sa dernière expertise médicale, en date de 2020, son état de santé nécessite un suivi cardiologique régulier, des soins de kinésithérapie, ergothérapie, neurologiques et pneumologiques.

    Il n’ a accès à aucune de ces prises en charges, ni au centre de détention, ni à l’extérieur car il n’a jamais été extrait pour cela à l’hôpital.

    D’ailleurs il a demandé au Dr Bouxom une permission de sortie pour raisons médicales afin que nous puissions l’emmener à des examens spécialisés (scintigraphie, examen pulmonaires, cardiologique, ophtalmique, dentaire…). Alors que cela était indispensable, le Dr Bouxom l’a catégoriquement refusé.

    Il a également une ordonnance mentionnant 15 traitements différents, et a l’heure d’aujourd’hui il n’a presque plus aucun traitement.

    Il dort sur un lit médicalisé, cassé, ou son espace de couchage est sur 1m50, il a demandé depuis août que celui ci réparé, mais en vain, on le laisse dormir recroquevillé alors qu’il a des douleurs dans tout son dos, et ne peut jamais s’allonger correctement.

    Nous rappelons que la direction de Nantes l’a fait transféré en MA127 pour raison médicale alors qu’il était déjà en cellule PMR (personne à mobilité réduite) avec un suivi médical de différents médecins.

    Dès le début de son arrivée au CD de Roanne, sa prise en charge par le Dr Bouxom a été problématique. Il n’a pas pris la peine de lire son dossier médical, demandant simplement à Mr Merlet de lui expliquer la situation. Il n’a ensuite pas respecté les prescriptions de son ordonnance faite en 2020, se basant sur son dossier médical de 2018.

    Il ne lui donne pas l’intégralité de son traitement, et s’est permis par exemple de diminuer, puis supprimer son traitement de morphine. Il faut savoir que Mr Merlet souffre de douleurs neurologiques aiguës insupportables, et que ce traitement lui est indispensable. En outre, il a besoin d’un traitement quotidien pour le cœur, et il est arrivé également qu’on ne le lui donne pas.

    Le docteur Bouxom lui a dit «  Vous n’avez qu’à aller à l’UHSI, vous pourrez mourir dignement ».

    On tient à préciser que M. Merlet dispose d’un certificat médical de 2017 attestant que son état de santé nécessite une mise en liberté pour raisons médicales, et qu’en aucun cas nous ne sommes résignés à le laisser mourir en prison, sans soins.

    Pour exemple, il souffre d’asthme, mais il ne dispose pas de ventoline. Quand il la réclame à un infirmier, on lui répond qu’il « n’a qu’à aller à l’UCSA (Unité de Consultation en Soin Ambulatoires). » Nous précisons qu’il ne peut se déplacer seul jusqu’à ce service.

    M. Merlet a eu de vives discussions avec le Dr Bouxom, lui reprochant de ne pas le soigner correctement ; pour autant, il n’a jamais été incorrect ni insultant, il a simplement tenté de faire respecter ses droits ce qui n’a pas plu au Dr Bouxom

    Au passage, une demande de permission de sortie lui a été refusée au motif qu’il aurait manqué de respect au médecin, ce qui est faux, il avait simplement donné son point de vue sur sa prise en charge. Il a envoyé un courrier au service médical et social pour demander à changer de médecin étant donné qu’il n’était pas correctement suivi, et le Dr Bouxom lui a répondu « Ici c’est moi le chef et je fais ce que je veux »

    Comme vous le savez, les personnes sous-main de justice doivent avoir accès à une qualité de soins équivalente à celle de la population générale. Ce principe posé par la loi de 1994 a été réaffirmé par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009.

    Le docteur en a pris ombrage, et depuis, il joue de son pouvoir en ne donnant pas à M. Merlet son traitement correctement, et en ne lui permettant pas d’accéder aux soins vitaux dont il a besoin. Il sait pourtant que le fait de ne pas prendre son traitement régulièrement peut entraîner la mort.

    Pour résumer la chose, M. Merlet subit des maltraitances de la part de l’administration pénitentiaire pour des raisons antérieures à sa venue à Roanne. Nous constatons malheureusement que le service médical, à travers le Dr Bouxom, s’est aligné sur les positions de l’administration pénitentiaire, au lieu de respecter le principe de neutralité, l’intérêt du patient, et le serment d’Hippocrate.

    Le Dr Bouxom s’abrite derrière le fait que M. Merlet ne se rend pas à ses consultations, mais étant donné que la situation s’est dégradée entre eux du fait du médecin, que celui ci ne le soigne pas correctement, que ses commentaires l’ont amené à un refus de permissions de sortie, il ne peut plus le voir dans des conditions correctes et propices aux soins. Il devient indispensable de lui permettre de voir un autre médecin. Il a demandé cela car la mauvaise relation avec le Dr Bouxom a des répercussions importantes et fâcheuses sur sa santé et l’ensemble de sa détention.

    En autre des courriers ont été envoyé au président du juge d’applications des peines suite a la pandémie de la Covid qui circule aussi dans le CD de Roanne, et malgré les pathologies de M. Merlet, le juge n’a pas voulu en tenir compte.

    Toutes ses permissions de sorties lui ont été refusées sur des faits non justifiés, alors qu’il est conditionable et permissionable depuis 2016, que la pandémie continue en France et en prison, que Mr Merlet a eu des expertises médicales et a passé un séjour au CNE (Centre National d’Evaluation), signalant qu’il n’était plus dangereux pour la société, que son état de santé a empiré, et qu’il n’est pas suicidaire, donc si par malheur celui ci venait a disparaître, nous tiendrons responsable l’administration pénitentiaire de sa mort. Nous rappelons qu’il a déjà été jugé pour ses actes et que la peine de mort n’est plus en vigueur en France.

    Nous rappelons que tous les articles communiqués dans la presse ont été prouvés, et signifiés par des organismes.

    Force et courage a tous les détenus !

    Les amis de JC Merlet