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  • Les prisonnières des Baumettes toujours en lutte – Sortie du bouquin de l’ami Khaled « Les Couleurs de l’ombre »

    Les prisonnières des Baumettes toujours en lutte – Sortie du bouquin de l’ami Khaled « Les Couleurs de l’ombre »

    Émission de l’Envolée du vendredi 23 septembre 2022
    • Des nouvelles de la maison d’arrêt pour femmes (MAF) des Baumettes. Les prisonnières continuent de se battre contre les nouvelles fenêtres qu’on leur impose pour la tranquillité de certains voisins de la taule (voir les textes qu’on avait écrit sur le sujet à l’époque ici et ). Elles ont récemment déposé un recours collectif pour demander de retirer les châssis et autres vitres supplémentaires qui empêchent l’air et la lumière de rentrer. Rappelons que ces prisonnières ont déjà été durement réprimées il y a un an – mitard et amende – pour avoir endommagé ces fenêtres qui les empêchent de respirer (on en a parlé dans plusieurs émissions et aussi dans ce texte).

    • Émission spéciale avec Khaled, ancien prisonnier longue peine et compagnon de route de longue date de l’Envolée. On l’a déjà reçu plusieurs fois à l’antenne où il nous avait dédicacé quelques-uns de ses poèmes. Et c’est justement pour parler de son bouquin Les Couleurs de l’ombre qui vient de sortir aux éditions des Équateurs (on peut le commander ici) qu’il revient aujourd’hui. On en profite pour discuter de son parcours : de son apprentissage de la boxe, de sa rencontre d’Oliv et de l’Envolée, de ses expériences carcérales, des onze ans en maison d’arrêt avec le statut de détenu particulièrement surveillé (DPS) aux années de quartier maison centrale (QMC) jusqu’à la semi-liberté imposée à sa sortie, mais aussi de la vie d’après la taule et de poésie.

    Musiques : Souffrance, Simba / Meek Mill, Early Mornings / Jimmy Cliff, I Can See Clearly Now

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. Le numéro 55 est dispo et déjà censuré par l’Administration pénitentiaire ! Raison de plus pour le faire tourner un maximum et l’envoyer par tous les moyens par dessus les murs !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

  • Lettre ouverte du QI: des décennies enfermé vingt trois heures par jour

    Lettre ouverte du QI: des décennies enfermé vingt trois heures par jour

    Cette lettre nous est arrivée très tard ; quand il nous écrit cette lettre, Francis est encore dans une cellule du quartier d’isolement de Saint Maur. Mais il a été transféré du jour au lendemain à la maison centrale d’Arles en début d’année. Depuis son arrivée, il y subit une « gestion équipée-menottée » : tous ses déplacements sont « encadrés » par des types cagoulés et armés, quand il est menotté dans le dos en prime.

    Francis est friand de correspondances, et propose de correspondre avec qui le voudrait. Si vous voulez lui faire signe, contactez-nous !

    Lettre ouverte de Francis Dorffer, du QI de Saint Maur, le 6 décembre 2021

    Me voilà, chers lecteurs ou auditeurs !

    Francis Dorffer, qui pendant 21 années s’est contenté d’écouter ou de lire ce que l’on publiait sur moi, le preneur d’otages ! Avez-vous seulement songé une seule fois à questionner pourquoi un détenu faisait, et enchaînait, six prises d’otage ? Pour un transfert ? Foutaises ! Ça, c’est la version BFMTV, ou C-News. Non, mesdames, messieurs. J’étais un gosse de seize ans incarcéré, et à 38 ans je suis toujours derrière les mêmes barreaux. Pourtant, je ne suis pas un tueur en série, et j’ai été condamné à 86 années de prison. Quand m’a t-on laissé ma chance ?


    Dès la première prise d’otage, ils ont ameuté les médias. Résultat, j’ai servi d’exemple à la justice.
    Dix ans !… De réclusion criminelle pour avoir retenu une psy pendant deux heures en 2006 !
    Je vivais un calvaire dans une cellule du quartier d’isolement d’une prison moyenâgeuse…
    Regardez-comparez ! Qui prend dix ans pour deux heures de retenue ? La psychologue, à l’époque, n’a même pas voulu porter plainte. Elle que j’avais retenue a senti et compris qu’il s’agissait pour moi de sonner l’alarme, crier au secours.

    Quinze ans plus tard, je le dis, je n’ai aucune haine.
    Aucun otage n’a jamais été blessé ni maltraité. Pourtant, moi, j’ai passé treize ans à l’isolement. Ça fait deux ans et demie que je dois passer mes mains dans une trappe pour être menotté, comme un fou dangereux. Est-ce cela qui va me responsabiliser ?

    J’ai eu un enfant. J’avais une compagne. On m’a retiré la vie ! J’entends par là : pour me stopper ! On m’a retiré le droit de les voir. On m’interdit d’aimer, à ma place, qu’auriez-vous fait ?
    Peut-être pire ? La haine vous aurait envahi et à cette heure vous pourriez tuer, ou vous tuer. je suis
    Pas moi. Je suis là, pour vous dire : avant de parler, juger…. Écoutez, réfléchissez : comment et pourquoi un homme comme moi est passé d’une petite peine de 5 ans, mineur, à moi, un prisonnier de 38 ans ? Je vous appelle à penser à ce qu’est la prison. À penser à comment vont ressortir des hommes qui, comme moi, ont passé des décennies enfermés vingt trois heures par jour. C’est ça, se réinsérer ? Se responsabiliser ?

    Pourquoi de jeunes détenus ressortent lobotomisés et font des actes terroristes ? On tue sans sommation ! On les a conditionnés. Au lieu de rester accrochés à la vie, certains préfèrent l’oublier et se laisser emporter dans la haine et la rage ! À ce jour, ne serait-ce pas plus utile que je me responsabilise en travaillant, en étant à l’extérieur, en travaillant, pour aller aider ces jeunes qui sont sur le point de déraper. Peut-être que mes mots face à des ados un peu rebelles les amèneraient à réfléchir !

    Après 21 années en prison, je vous le dit : la punition n’a pas de sens ! Ce n’est pas en restant enfermé 23 heures par jour que je vais mes responsabiliser et retenir quelque chose des erreurs que j’ai fait. Ça, le temps et la maturité me l’ont apporté. Alors s’il-vous-plaît, avant d’aller sur internet, puis commenter, parler… Une simple lettre pourrait vous éclairer. Je ne vous souhaite jamais de connaître la prison.

    Ne pensez pas qu’en prison on est bien, ou bien qu’on est amenés à devenir meilleurs. Cela est un trompe l’œil.

    Je suis enfermé. Condamné à rester figé. Et dans X temps, on me dira « vas-y, sort ! »
    Mais je suis l’exemple même que la détention ne rend pas meilleur, mais bien pire !
    La prison m’a éduqué de mes seize ans à aujourd’hui. De simple petit voleur je suis devenu un criminel que je n’étais pas à mon entrée en prison. Donc sérieusement, avant même ne serait-ce que avant de ne prononcer le mot prison, sachez que ça peut transformer des hommes en ce qu’il y a de plus mauvais. Laissez les détenus s’exprimer! Échangez, questionnez, et là alors vous serez à même de pouvoir essayer de comprendre que l’enfermement à long terme, pour des gens qui veulent vivre / respirer / se réinsérer, cela est inutile et contre-productif ! Je vous invite à poser les questions. Mais s’il-vous-plaît, ne jugez pas sans poser de questions. Pensez à votre avenir, car je suis aussi acteur de celui-ci !

    Et mon rôle est d’alerter et de prévenir vos enfants, vos amies ! Un acte, une action, ne résume pas un homme, et encore moins un enfant.

    Merci de m’avoir écouté ou lu. Je reste à la disposition de quiconque qui a des questions. Je suis à moi seul une prison ! J’y ai grandi et passé deux décennies.

    Prenez soin de vous mais aussi prenez soin de nous.