Mois : février 2014

  • Lundi 24 février au « tribunal des condamnations immédiates » de Nantes

    Récit des comparutions immédiates après la manifestation du 22 février contre l’aéroport de NDDL

    Lundi à 14h au Tribunal de Nantes s’est tenu le procès de cinq « manifestants » de la manifestation du samedi précédent. Après avoir passé 48h en garde-à-vue (ils ont été arrêtés samedi en début de soirée), ils passent devant le tribunal correctionnel. Nous sommes quelques dizaines a être venu cet après-midi pour les soutenir. Les journalistes se sont déplacés en masse (une quinzaine) et occupent plusieurs rangées à l’intérieur de la salle d’audience. (suite…)

  • Editorial et sommaire du numéro 38 du journal, février 2014

    Editorial et sommaire du numéro 38 du journal, février 2014

    Alors quoi?

    Dire à un être humain qu’il va rester en prison toute sa vie est une chose; le lui faire accepter en est une autre.

    Christophe Khider et Philippe Lalouel ont récemment dit à l’issue de leur procès que les peines auxquelles ils venaient d’être condamnés étaient inacceptables et qu’ils ne les feraient pas; même pas en cauchemar. Certes, dans un éclair de lucidité, des médias, des politiques et certains ­intellectuels ont applaudi la libération de Philippe El Shennawy, âgé de 58ans, après trente-huit ans de prison ! Mais après quels combats ­a-t-il été libéré, et à quel prix? À sa sortie, il dénonce « une ­liberté au rabais»: deux ans de bracelet électronique, dix-huit de conditionnelle, c’est la prison ­dehors ! Et au moindre pet de travers, il retournera derrière les barreaux. Il évoque les milliers d’autres qui attendent la fin d’une peine infinie, empêtrés dans le calcul d’hypothétiques remises de peine, dans les conditionnelles et les périodes de sûreté… sans compter l’administration pénitentiaire qui les cache­tonne pour les faire ­végéter dans l’insupportable et le dénuement.

    Nous répétons que l’abolition de la peine de mort en 1981 a abouti, logiquement, à un allongement interminable des peines. Depuis, le code pénal n’a cessé de s’alourdir et les lois sécuritaires s’accumulent. Le droit arrive au bout de l’impasse dans laquelle il s’est engouffré. Ceux qui avaient été condamnés à l’époque à des peines de vingt-cinq ou trente ans les purgent encore aujourd’hui, et ils sont rejoints tous les jours par de nouveaux condamnés jusqu’à la mort. Comment faire exécuter ces peines  ? Comment faire pour que des hommes et des femmes à qui on refuse tout avenir se tiennent tranquilles ? L’État a sa réponse: il construit et expérimente deux nouvelles prisons ultra-sécuritaires. Celle de Vendin-le-Vieil n’est pas encore inaugurée que ça pète déjà à Condé-sur-Sarthe, ouverte il y a dix mois. Alors quoi  ? (suite…)

  • « Imaginez : un évadé retrouve la liberté après que la cour de cassation lui donne raison…»

    Lettre de Michaël, maison d’arrêt d’Annoeulin (Lille)

    Une fois qu’on est pris dans l’engrenage de la prison, commence le combat pour ne pas y laisser sa peau, que ce soit par le rapport de force avec l’administration pénitentiaire ou sur le terrain juridique, que ce soit par des actes individuels ou collectifs. Tout le monde espère sortir le plus tôt possible, mais obtenir des permissions de sortie et des aménagements de peine relève de procédures longues, complexes, et soumises à l’arbitraire des juges et de la matonnerie. Dans cette lettre envoyée à L’Envolée, Michaël raconte ce genre de parcours du combattant. Il évoque aussi des altercations avec les surveillants, le combat quotidien pour faire respecter les droits, la situation dans la prison récente d’Annoeulin, et les nombreux décès en détention.

    « Centre pénitentiaire d’Annœullin*,

    le 9 décembre 2013

     (Je suis) incarcéré depuis 2003 pour un homicide qui m’a valu treize ans de réclusion criminelle. Peu après mon arrivée en maison d’arrêt (MA), j’ai eu un souci avec le chef de détention de l’époque Monsieur Lamotte. Au tribunal, je me défends comme je peux en disant et soutenant que je n’avais fait que me défendre. Résultat : huit mois ferme pour agression, insultes et menaces. N’étant pas d’accord je fais appel. En attendant l’appel, j’informe la commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) de mon problème et ceux d’autres détenus du centre pénitentiaire (CP) de Maubeuge. Je passe en appel le 11 décembre 2003 à Douai qui confirme le jugement. Le lendemain de cet appel, j’apprends par le journal « La Voix du Nord » que le chef de détention ainsi que certains bricards et surveillants sont inquiétés par la CNDS, malheureusement trop tard pour moi mais assez tôt pour d’autres. Ces fameux lascars sont inquiétés pour violence envers les détenus, harcèlement et harcèlement sexuel envers des surveillantes du CP de Maubeuge. Me voilà maintenant à la tête de treize ans et huit mois à faire. Suite à ce problème, je suis transféré d’établissement en établissement. Trois, avant de pouvoir revenir à Maubeuge, où j’ai mes enfants, ma famille et mes amis. (suite…)

  • Communiqué des amis de Philippe Lalouel après le verdict

    Le 1er février 2014

    C’est avec une tristesse profonde et une rage indicible que nous, amis de Philippe Lalouel, nous adressons à vous pour la dernière fois.

    Ce que nous annoncions sans illusion s’est réalisé sous nos yeux : une exécution publique.

    Après 1h30 de délibéré seulement, les jurés sont revenus la tête haute, toute honte bue, et le verdict est tombé comme tombe le couperet d’une guillotine : dix-sept ans.

     Ces dix-sept ans s’ajoutent aux six qu’il lui reste à endurer. Sa date de sortie : 2037, à 73 ans.

    Nous espérons que le fantôme de cet homme viendra hanter leurs nuits pendant les vingt-trois prochaines années. (suite…)