Solidarité avec les accusés.
« IL FAUT QUE TOUT CELA SERVE À QUELQUE CHOSE » CHRISTOPHE KHIDER, depuis un des nombreux Quartiers d’Isolement de France.
L’Envolée s’est installée à Lyon depuis le 02 avril et jusqu’au 19 pour suivre et rendre compte du déroulement du procès de l’évasion de la centrale de Moulins-Yzeure qui a lieu en février 2009.
Christophe Khider l’un des co-accusés -qui, avant même le verdict, n’est pas libérable avant 2045- veut que ce procès soit l’occasion de dénoncer les peines infinies et cette justice qui tue à petit feu dans des prisons toujours plus modernes et oppressantes.
Ce sera pour nous l’occasion de témoigner de notre solidarité avec les accusés en donnant l’échos le plus large possible à ce qui sera dit contre l’isolement carcéral lors de cette mise à mort programmée.
UNE ÉVASION OU UNE TENTATIVE D’ÉVASION, CE N’EST PAS UN FAIT DIVERS, C’EST LE GESTE DE SURVIE D’UN ENFERMÉ QUE L’ON TENTE DE FAIRE MOURIR À PETIT FEU EN PRISON
Le procès a commencé, l’ambiance est lourde, les forces inégales
29 partie civile (aucun blessé) remplissent la salle d’audience ; parmi ces parties civiles des dizaines de matons venus assister à la mise à mort de ces personnes qui ne se sont pas résignées à leur enfermement. Des dizaines de policiers surarmées pour éviter une quelconque tentative d’évasion, et surtout pour transformer les accusés en monstres dangereux.
A nous, qui voulons lutter contre l’enfermement et toutes les dominations, de venir aussi remplir cette salle.
Rendez_vous tous les jours du 02 au 19 avril, aux assises de Lyon, de 09 heures du matin à 17 heures. La cour est située au Palais de Justice Historique dans le quartier du Vieux-Lyon (1, rue du Palais de Justice 69005 Lyon) L’accès aux salles d’audience est située Quai Romain Rolland.
Et solidarité partout ailleurs.
L’évasion : petit retour sur les faits
Le 15 février 2009, deux prisonniers s’évadaient de la maison centrale de Moulins-Yzeure: Christophe Khider et OmarnTop El Hadj parvenaient, à l’issue d’un parloir dominical, à prendre deux surveillants en otages, puis à faire sauter à l’explosif les portes qui les séparaient de l’enceinte extérieure avant de se faire ouvrir la dernière porte de sortie… Leur « liberté » aura été de courte durée : la police leur a tendu un piège en région parisienne quelques dizaines d’heures plus tard. Les tireurs d’élite (et non pas de simples policiers du Val-de-Marne, comme cela a été dit) ont tiré plusieurs balles en visant à hauteur du coeur. Christophe a été blessé à la poitrine. Fin de la cavale.
Les deux femmes qui étaient venues visiter Omar et Christophe ce dimanche-là ont été immédiatement placées en garde à vue pour quatre-vingt-seize heures, elles ont ensuite été inculpées de complicité d’évasion et ont été incarcérées : malgré des demandes répétées de mise en liberté sous contrôle judiciaire, ces deux mères de famille sont restées emprisonnées jusqu’à ce jour…
Christophe et Omar ont toujours été présentés comme « extrêmement dangereux »… Pendant leur courte cavale, ils n’ont blessé personne, et ont préféré laisser partir les otages au risque d’être immédiatement dénoncés et repérés par les policiers. Leur objectif n’a jamais été de tuer froidement, mais d’intimider au besoin pour retrouver la liberté. Une liberté qu’on a définitivement ôtée à des centaines de prisonniers : certains refusent leur condamnation, l’hypocrisie d’une mort maquillée par des peines toujours plus longues, plus éliminatrices. Ceux qui ne se suicident pas et qui ne s’installent pas non plus dans l’espoir quasi-religieux d’une sortie improbable passent quelquefois à l’action et tentent la belle. Le courage de tenter d’échapper à cette logique de destruction, aux confusions de peines toujours plus hypothétiques leur coûtera de nouvelles années de prison non confusionnables distribuées par une administration pénitentiaire vengeresse et bien décidée à faire chèrement payer ces hommes qui osent encore la braver.
Du 2 avril au 21 avril 2013, a lieu le procès de ces quatre personnes devant la cour d’assises de Lyon. Christophe compte bien faire ce ce procès celui de la longueur des peines, celui de la justice, celui du système carcéral.
« Tout cela », c’est son refus de mourir lentement en prison, son refus de purger une peine comparable à une peine de mort (plus de quarante-cinq ans), son besoin de liberté – il a déjà passé vingt ans derrière les barreaux, et souvent dans les quartiers d’isolement des différentes maisons d’arrêt dans lesquels l’administration pénitentiaire l’a fait tourner.
« Servir à quelque chose » : à dire à tout un chacun la réalité des peines éliminatrices, la torture blanche de l’isolement carcéral, le refus de la prison et du monde qu’elle façonne.
A écouter : nos comptes-rendus audio du procès
A lire : Fraternité à perpet’, le livre sur une précédente tentative d’évasion de Christophe Khider paru au moment de son procès disponible en libre téléchargement (en cliquant sur son titre ci-dessus).
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