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  • Les prisonniers du centre de détention d’Uzerche montent sur les toits et exigent des mesures contre l’épidémie

    Les prisonniers du centre de détention d’Uzerche montent sur les toits et exigent des mesures contre l’épidémie

    Ce dimanche 22 mars au centre de détention d’Uzerches, les prisonniers poussés à bout par les nouvelles mesures de confinement  et l’ignorance dans laquelle ils sont laissés sur la maladie ont réussi à accéder à la cour de promenade et sont montés sur les toits. Sur certaines vidéos qui ont tourné sur le Net, on entend des jeunes gens dire qu’ils ont peur de mourir parce que les sinistres Eris (Equipes régionales d’intervention et de sécurité) et la police sont armés, et pas eux ; et qu’ils tirent à balles réelles, comme ce fut le cas la semaine dernière à la maison d’arrêt de Grasse. Nous reproduisons ici leurs revendications :

    REVENDICATIONS DES DETENUS d’UZERCHE

    -Nous voulons un DEPISTAGE pour chaque détenu ainsi que pour chaque membre de l’administration pénitentiaire.

    -Nous souhaitons que tous les agents pénitentiaires sans exception soient équipes de gants et de masques (ce sont eux les plus exposés au virus car ce sont eux qui rentrent et sortent de l’établissement).

    -Nous voulons être informé de l’évolution de cette situation :

                -Quand les parloirs seront-ils rétablis ?

                -Qu’en est-il des cantines?

                -Qu’en est-il des sacs de linge ?

                -Qu’en est-il des soins médicaux en cas de Coronavirus ?

    -Et enfin, pour nous protéger, nous aimerions que chaque détenu ait du gel désinfectant et un masque à sa disposition( le minimum en mesure d’hygiène actuellement).

  • DANS LES PRISONS ITALIENNES  :                          14 morts et 3 000 libérations annoncées

    DANS LES PRISONS ITALIENNES : 14 morts et 3 000 libérations annoncées

    Il y a eu d’importantes révoltes dans un grand nombre de prisons italiennes à l’annonce de la suspension des parloirs pour plusieurs semaines, de la fin des activités et autres restrictions. Vous pouvez lire à ce sujet le précédent article que nous avions relayé ainsi que les quelques lettres traduites par des camarades, et cette émission dans laquelle nous avions fait le point.

    En Italie, il y a eu 14 morts en prison pendant les révoltes ; le dernier est mort dimanche à Udine d’overdose de médicaments – ils sont en train de les shooter pour qu’ils restent calmes. Beaucoup de prisonniers considérés comme des meneurs ont été transférés. Il y aurait, selon la pénitentiaire, au moins dix cas de contaminés parmi les prisonniers et au moins 4 chez les médecins, infirmiers et matons. La proposition de loi faite par le gouvernement prévoit : l’assignation à résidence pour les détenu.e.s condamnés à moins de dix-huit mois  jusqu’au 30 juin 2020 – mais avec énormément de restrictions, notamment pour celles et ceux qui ont pris part aux révoltes ou ont des rapports disciplinaires- ; un bracelet électronique pour les peines définitives de moins de six mois – même si à priori les 2100 bracelets à disposition ne suffiraient pas. On table ainsi sur la libération de 3000 personnes, alors qu’il y a un surpeuplement de 15 000 détenus. À l’intérieur la situation reste très tendu. A Brescia et Turin (nord) les prisonniers ont fait des battiture [ça consiste à faire du bruit en tapant sur les barreaux]. La situation est tellement tendue que même les présidents des tribunaux de surveillance ont écrit une lettre au ministre de la Justice et au chef de la pénitentiaire pour demander qu’ils sortent un décret-loi pour vider un peu plus les prisons.


    « SEULS LES MURS NOUS ENTENDENT »

    Lettre d’un prisonnier italien

    Prison Madonna del Freddo, Chieti

    Bonjour mon amour,

    il est 5 heures de matin et je voudrais être dans le lit avec toi, alors qu’en fait je suis otage d’un État barbare et criminel. Le vrai criminel, c’est l’Etat qui, malgré le danger de nous faire tomber malade et mourir,  préfère nous entasser dans ce trou que nous renvoyer chez nous pour être avec nos proches. Peut-être pour une idée d’État tout-puissant qui punit, peut-être pour obtenir le consensus populaire, peut-être pour obtenir des votes, il se comporte en vrai criminel, nous gardant en otage contre toutes les lois ; il nous nie tous nos droits. On court le risque de ne plus voir nos proches, ou pire encore, de ne pas sortir vivants de cet enfer. Je te demande de publier cette lettre, parce que depuis des semaines, on essaie de se faire entendre : grève de la faim, on tape contre les barreaux tous les jours avec des mains couvertes de sang, mais à ce qu’il paraît, seuls les murs nous entendent. On demande de rentrer chez nous au moins jusqu’à la fin de l’état d’urgence ; on veut pas la liberté, on veut juste purger notre peine avec dignité. Je suis citoyen italien et je ne demande pas la lune, mais seulement d’être traité comme tel, pas comme de la chair à canon qui attend sa mort impuissant.

    J’espère pouvoir t’embrasser bientôt, je t’aime ; tu es ma vie !

  • EMISSION DU 20 MARS 2020

    EMISSION DU 20 MARS 2020

    Cette émission est un peu spéciale car enregistrée à distance le jeudi 19 mars. Elle est intégralement consacrée à la situation dans les lieux d’enfermement à la suite des mesures de confinement national annoncée par le ministère des tribunaux et des prisons et celui des polices et des centres de rétention administrative.

    • Retour sur les dernières décisions de l’administration pénitentiaire et du gouvernement pour renforcer l’isolement des prisonnier.e.s
    • Les conséquences à l’intérieur : les prisonnier.e.s se révoltent et subissent les conditions du quartier d’isolement.
    • Situation dans les Centres de Rétention Administrative. Face aux rumeurs de libération, la répression et l’isolement : les prisonnier.e.s se révoltent.
    • Discussion sur les appels lancés par différentes organisations à la libération et/ou l’aménagement de peine des prisonnier.e.s

    Face à la gravité de la situation, à partir du lundi 23 mars, L’Envolée va diffuser à 19h une émission quotidienne d’un quart d’heure sur FPP (106.3 Mhz sur la bande FM à Paris) pour faire circuler l’information sur ce qui se passe dans les prisons françaises. Nous y lirons les messages qui nous seront envoyés au 07.52.40.22.48. Nous maintenons par ailleurs l’émission du vendredi, entre 19 heures et 20 heures 30.


    Musique : Sir Joe Quaterman & Free Soul « Give Me Back My Freedom » – Clancy Eccles « Oh Freedom » – Ken Boothe « Freedom Street » – Al feat. Vîrus « Tout Seul Remix »


    Podcast (clic droit –> « enregistrer la cible du lien sous »)


  • « Il faut qu’on bloque en promenade! » Messages de prisonniers de France en réaction au confinement des prisons

    « Il faut qu’on bloque en promenade! » Messages de prisonniers de France en réaction au confinement des prisons

    Nous donnions hier, mercredi 18 mars, des informations sur les premières conséquences du confinement dans l’article Le Covid-19: la prison dans la prison. La première mesure de confinement national annoncée par le ministère des tribunaux et des prisons a été en effet de suspendre les parloirs partout sur le territoire, suspendre les activités, limiter les mouvements en détention. Alors qu’à l’extérieur les travailleurs et travailleuses sont encore incitées à se rendre sur leur lieu de travail pour faire tourner l’économie ; alors que les surveillants et surveillantes rentrent et sortent des prisons tous les jours ; alors que nous sommes et toutes incités à respecter des « gestes barrières »… la première décision pour des prisonniers et prisonnières déjà isolées, a donc été de durcir encore les conditions d’isolement. Plus de parloirs, mais toujours autant de promiscuité en cellule.

    Il n’y aurait pourtant qu’une mesure à la hauteur de la situation : vider les prisons !

    Nous relayons ici divers appels à agir lancés sur les réseaux entre le 18 et 19 mars, par des prisonniers de différentes prisons en région parisienne et en France.


    Message à tous les prisonniers de France

    Demain il faut que l’on descende tous en promenade et que l’on bloque. Si toutes les prisons bloquent en même temps, ils seront obligés de faire quelque chose, ils peuvent transférer personne et ils ne peuvent pas pénétrer dans l’établissement par peur.

    Le virus se propage, déjà que nous sommes incarcérés, ils nous coupent les parloirs, ce n’est pas possible et inacceptable donc montrons-leur notre mécontentement.

    Soyons solidaires car si ce n’est pas nous qui faisons quelque chose, eux ne feront rien pour nous. À la télé, ils n’ont même pas parlé de nous ; pour eux, nous ne sommes même pas des citoyens mais quand il s’agit de voter, ils nous envoient les papiers en cellule.


    Blocage aujourd’hui

    On a peur de mourir du corona virus, on est traumatisés… Et on reveut nos parloirs ou au moins un visiteur par détenu.

    Toutes les prisons de France, tous en promenade aujourd’hui.


    À la ronde de 5 heures, débouchez pas vos œilletons, tous les gens qui sont au hebs.

    Demain, faut que tout le monde bloque sa mère.

    Comment ça nous on a plus de parloirs, on a plus le droit de voir nos familles alors que, eux, ils rentrent le soir voir leur mari, femme, enfants, et après le lendemain, ils nous ramènent plein de corona virus au hebs ?

    Si on est bloqués ici, il faut qu’ils soient bloqués avec nous ces fdp de hesses.

    Plus de parloirs = plus de shit

    Plus de shit = détenus pas contents

    Détenus pas contents = la guerre !!!


    Faites tourner partout

    Fais une annonce dans ta story pour que toutes les prisons de France bloquent les promenades jusqu’à que l’état cède à un parloir par semaine minimum.

    On est ensemble À tous les frérots en prison : à partir du jeudi 19 mars, il faut qu’on bloque en promenade et tous les jours jusqu’à que l’état nous accepte au minimum un parloir par semaine. Faut qu’on se fasse entendre et c’est bien plus haut que l’administration pénitentiaire, c’est l’état qui dirige. Il faut faire du bruit, il nous dise que c’est pour quinze jours alors qu’ils savent très bien que c’est parti pour plusieurs mois. Ils nous privent de la seule liberté qui nous reste : la visite de notre famille. Pour les frérots en prison, faites tourner : il faut bloquer les promenades à partir de jeudi 19 mars ? Merci et oubliez pas : l’union fait la force, ensemble on y arrivera.


    Ils parlent pas des détenus, avec la saleté des prisons, le virus ne va pas partir comme ça. Ils sont touts ensemble confinés. Ouaï, ouaï, c’est dangereux pour les frères et sœurs enfermés… Faut qu’il y ait un putain de syndicat ou je sais pas quoi, qu’il ouvre son q.

    Libérez un peu les prisons de la surpopulation carcérale !!!

    On veut déjà que les surveillants soient contrôlés à chaque entrée de prison, parce que ça nous fait tous peur ; on en parlait tous en bas. Au moins leur fièvre, devant chaque entrée de prison ; parce que c’est eux qui vont nous le refiler. Tous les gens qui rentrent en prison, aussi, qu’ils soient contrôlés à l’entrée, avec un registre… et qu’ils débloquent les parloirs, au moins ! Et si vraiment, pour raison sanitaire, ils arrivent pas à débloquer, qu’ils distribuent des lessives à tout le monde… qu’ils trouvent une solution. Parce qu’on veut voir nos familles, y a notre linge à laver… y a plusieurs choses, en fait. Montrez-leur [les vidéos] ! Parce que c’est pas bien, ce qu’ils ont fait hier, les Elac [équipes locales d’appui et de contrôle] ! Et au final, là, ils ont fait des transferts disciplinaires, en pleine nuit, ils ont cassé des gars. Ils ont enc… des gens dans leurs cellules… Laisse tomber, c’est des bâtards !


    A tous les frérots en prison à partir du jeudi 19 mars, il faut qu’on bloque en promenade et tous les jours jusqu’à ce que l’état nous accepte au minimum un parloir par semaine. Faut qu’on se fasse entendre et c’est bien plus haut que l’administration pénitentiaire : c’est l’état qui dirige. Il faut faire du bruit. Ils nous disent c’est pour quinze jours alors qu’ils savent très bien que c’est parti pour plusieurs mois. Ils nous privent de notre seule liberté qui nous reste : la visite de notre famille. Pour les frérots en prison. Faites tourner : il faut bloquer les promenades à partir de jeudi 19 mars. Merci et oubliez pas l’union fait la force ! Ensemble, on y arrivera !

  • Le Covid-19 : la prison dans la prison – video

    Le Covid-19 : la prison dans la prison – video

    Un prisonnier âgé de 74 ans incarcéré à Fresnes dix jours auparavant est mort hier du Covid-19. Le même jour, les parloirs ont été supprimés dans toutes les prisons françaises. Aucun moyen de maintenir le lien avec leurs proches n’a été fourni aux prisonnier.e.s. Les activités, sportives et autres, ont également été supprimées. Dans les centres de détention en régime « portes ouvertes », où les prisonniers peuvent circuler dans tout leur étage pendant la journée, les cellules sont maintenant fermées. Les prisonnier.e.s resteront enfermés 22 heures sur 24 en cellule, le plus souvent à trois dans 9m².

    Face à cette situation intolérable, des mutineries ont éclaté dans de nombreuses prisons. A cette heure, nous avons connaissance de mouvements à Aiton, Angers, Douai, Epinal, Grasse, La Santé, Lille-Sequedin, Maubeuge, Metz, Montauban, Nancy, Perpignan, Saint-Etienne, Toulon, Valence et Varennes-le-Grand. Les Eris (Équipes régionales d’intervention et de sécurité – GIGN des prisons) sont intervenues dans plusieurs de ces taules, et à Grasse, les matons ont tiré.

    Les prisons pour étrangèr.e.s subissent les mêmes restrictions : plus de parloirs pour quinze jours au moins. Comme les associations se sont retirées de certains Centres de rétention administrative (CRA), les prisonnier.e.s ne sont plus soutenu.e.s dans leurs démarches juridiques. L’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) qui fournit habituellement le tabac et les recharges téléphoniques ne vient presque plus dans les centres, ce qui produit une situation critique. Les préfectures continuent d’expulser vers les pays qui n’ont pas interrompu leurs liaisons aériennes avec la France. Si les préfectures et les juges ont commencé à libérer des prisonnièr.e.s, souvent pour motif sanitaire, les rafles et les arrestations continuent. Certaines prisons pour étrangers continuent donc de se remplir. Des révoltes et des mouvements collectifs ont eu lieu dans les centres du Mesnil-Amelot (communiqué1, communiqué2), de Lille-Lesquin (communiqué), de Lyon-St-Exupéry (témoignage), de Metz et de Vincennes (communiqué), et peut-être d’autres encore dont nous n’avons pas eu connaissance : grèves de la faim, départs de feu, évasions, blocages de la promenade…

    Nous diffusons ici des vidéos reçues hier de la prison de la Santé. Il est essentiel que les enfermés puissent faire sortir les nouvelles du sort qui leur est fait par la pénitentiaire. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition.

    Face à la gravité de la situation, à partir du lundi 23 mars, L’Envolée va diffuser à 19h une émission quotidienne d’un quart d’heure sur FPP (106.3 Mhz sur la bande FM à Paris) pour faire circuler l’information sur ce qui se passe dans les prisons françaises. Nous y lirons les messages qui nous seront envoyés au 07.52.40.22.48. Nous maintenons par ailleurs l’émission du vendredi, entre 19 heures et 20 heures 30.

    Soutien aux prisonnier.e.s et à leurs proches !

    Force et détermination !

  • Trois Lettres de Prisonniers de Naples

    Trois Lettres de Prisonniers de Naples

    Les prisonnier.es italiens se révoltent face aux interdictions de parloirs. Nous avons longuement parlé de la situation en Italie lors de notre dernière émission de radio : des mutineries ont eu lieu dans au moins 37 prisons et au moins 13 prisonniers sont morts. Nous reproduisons trois lettres de prisonniers de la prison de Poggiareale à Naples et diffusons une vidéo de la prison pour femmes de Naples où ces dernières se font entendre à l’extérieur.

    « Chère mama, c’est ton fils Salvatore qui t’écrit, j’espère que vous allez bien. Moi, dans cette lettre, je parle de moi comme je parle de tous les détenus comme moi, on va vraiment pas bien, toute la prison est en émeute parce qu’ils veulent pas effectuer des tampons et désinfecter, la seule chose qu’ils font c’est de taper tous les détenus, ces enfoirés de matons ils ne font que nous taper, ils viennent avec leurs matraques cellule par cellule et ils nous maltraitent. On a besoin de l’aide de vous tous, faites tourner l’info sur le web, qu’ils nous traitent comme des animaux, qu’ils nous maltraitent, unissez-vous tous et venez devant la taule, foutez le bordel, faites-vous entendre, qu’ils doivent pas nous traiter et utiliser la violence contre nous tous. On est en train de manifester pour qu’ils désinfectent, un tampon, mais personne nous écoute, aidez-nous. Fais tourner ça sur facebook, que tout le monde sache qu’on va pas bien. J’attends de tes nouvelles au plus vites, je t’embrasse. »


    « Mon amour je suis ici pour t’écrire, pour te rassurer que tout va bien, je sais pas si on va être transférés parce que la prison doit être évacuée, je peux pas t’appeler parce qu’ils ont tout fermé, on est enfermés sans télé sans douche, ça sent le cramé, tout est détruit, on m’a trouvé sur le toit du bâtiment Naples et ils m’ont tabassé, tu peux pas savoir, j’ai de bleus partout. Après vers midi ils ont ouvert les cellules l’une après l’autre et ils ont tabassés tous ceux qui sommes au deuxième étage parce que la révolte a démarrée ici. C’est le bordel, mon amour, je t’ai écrit pour te rassurer, je vais bien, je sais pas quand est-ce qu’ils vont nous ouvrir, ils disent qu’on doit rester enfermés six mois, j’espère que les parloirs vont bientôt reprendre, j’espère la semaine prochaine parce que je veux pas que tu me vois dans cet état.

    Rassure toi que je vais bien, je vais mal parce que je peux pas te parler, je peux parler à Raffy, c’est ça le plus dur, embrasse le fort de ma part et dis lui que son papa pense toujours à lui et qu’il est ma vie.

    Préviens chez moi que tout va bien, qu’ils ne s’inquiètent pas.

    Toi aussi, rassure toi que tout va bien, je suis triste de pas te voir, mais ça va aller, on va s’en sortir cette fois ci aussi.

    Porte toi bien, et fais attention à Raffy, sortez pas souvent qu’il y a ce putain de virus.

    Je t’aime et tu me manques énormément. »


    « Mon amour, tu dois dire à l’avocat de se dépêcher à demander l’assignation à résidence à cause du corona virus. Ce matin j’ai discuté avec un infirmier, ils sont venus me chercher et ils m’ont mis un coup de pied et un poing dans le dos. Et ils m’ont mis au mitard pendant des heures. Tu le dis à cet imbécile qu’il doit faire l’impossible, parce qu’à cause de ce qui s’est passé hier, la révolte, ils ont commencé les transferts dans d’autres taules. Je t’aime. Essaie de te dépêcher. Je sais que je te demande l’impossible mais là ça devient sérieux et risqué. Et ils nous libèrent pas. Ils parlent de deux mois sans parloirs. Et moi je peux pas faire ça. Je t’aime. »


  • EMISSION DU 13 MARS 2020

    • Coronavirus : sur la situation en Italie et des révoltes dans les prisons là-bas. Lettres de prisonniers de la prison de Naples.
    • Coronavirus : sur la situation dans les prisons françaises.
    • Condé sur Sarthe : un an après le blocage des matons.
    • Brèves. (désolé, on a pas pu tout annoncer)


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  • EMEUTE ET MASSACRE À LA PRISON DE MODÈNE  – Suite aux mesures de confinement liées au Covid-19

    EMEUTE ET MASSACRE À LA PRISON DE MODÈNE – Suite aux mesures de confinement liées au Covid-19

    Les prisonniers italiens se défendent actuellement contre la suppression des parloirs décidée par l’administration. Selon les informations récoltées – qui ne sont surement pas complètes, il y a eu des mutineries dans vingt établissements pénitentiaires, huit prisonniers sont morts et au moins cinquante prisonniers italiens se sont évadés. Nous traduisons un témoignage, recueilli par le site Diario di bordo nella tempesta sociale, à propos des révoltes de la prison de Modène.

    Une révolte a éclaté à la prison Sant’Anna de Modène le 8 mars 2020 en début d’après-midi. La chose n’est pas passée inaperçue à l’extérieur car trois panaches de fumée se sont élevés des ailes de l’établissement, sans parler de l’important va-et-vient des surveillants et de la surveillance d’un hélicoptère en vol stationnaire au-dessus de la zone. Des parents, des personnes solidaires et d’autres spectateurs se sont donc rassemblés aux environs, d’où ils ont pu voir défiler les GOM [un equivalent italien des Eris, le “GIGN des matons”] en tenue antiémeute, et entendre distinctement des coups de feu. Malgré quelques tentatives des pompiers de les tenir à distance, les gens ont fini par se masser devant la prison, d’où ils ont assisté au defilé des camionnettes et des ambulances de la pénitentiaire. Au bout d’un moment, comme les parents demandaient des nouvelles des prisonniers, un gradé de la pénitentiaire et une représentante de la directrice de la prison sont sortis leur dire que dans le cadre des négociations avec les émeutiers barricadés dans une aile, on leur avait rendu leurs téléphones portables pour leur permettre d’appeler leurs proches. Il était donc demandé aux familles de répondre aux appels des prisonniers pour les convaincre de sortir. En fin de journée, protégés par un nombre considérable d’antiémeute, les flics sont sortis, encadrant des prisonniers et des prisonnières menottés, qu’ils frappaient. Une personne est sortie sur une civière. A ce moment-là, déjà, quelqu’un a apercu un sac qui contenait un mort.

    Au cours d’un parloir sauvage avec des prisonniers enfermés dans l’aile qui donne sur la place, les enfermés ont parlé de transferts, précisant qu’ils étaient les derniers dans la section, en instance de transfert, et qu’ils se faisaient massacrer. Quatre-vingts personnes ont été transférées, apparemment à Bologne, Reggio Emilia, Parme, Piacenza et Ascoli, dans quatre bus de la pénitentiaire au moins, et d’autres fourgons.

    D’après la presse bourgeoise, l’affaire serait partie des ateliers pour s’étendre ensuite à tout l’établissement, où les prisonniers auraient brûlé des matelas et se seraient barricadés dans au moins une des ailes, s’emparant de l’armurerie, d’après une vidéo. D’après les mêmes sources, trois personnes ont perdu perdu la vie, sans autres précisions sur leur identité ou sur les causes de leur mort. Deux autres seraient en réanimation. La presse évoque d’importants dégâts dans l’établissement et dit que des documents ont été détruits. L’émeute aurait éclaté suite à la suppression des parloirs et des visites d’intervenants extérieurs plutôt qu’à cause d’une inquiétude sur la sécurité sanitaire dans l’enceinte de l’établissement. Il restait apparemment des émeutiers barricadés en fin de soirée.

    [Actualisation: Six morts sont annoncés à la prison de Modène]

  • EMISSION DU 6 MARS 2020

        • Lettre : pour parler du racket des prisonniers par le dentiste, et de Fresnes pour parler encore de brèvedeprison
        • Coronavirus et Lubrizol : pour les prisonniers, confinés et enfermés ?
        • Témoignages : de prisonniers du CRA de Vincennes sur la répression suite à l’incendie d’un bâtiment et de prisonnières de Mesnil (parus sur abaslescra.noblogs.org)
        • Lesbos : un mort à la frontière grecque, la police et les fafs refoulent les migrant.es
        • Brèves : mort d’un évadé du CRA de Hendaye en prison, évasions à Oissel et ailleurs


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  • Lettre de l’Hôpital psychiatrique de St Anne (75), le 1er mars 2020

    Lettre de l’Hôpital psychiatrique de St Anne (75), le 1er mars 2020

    lue à l’antenne le 2 avril 2020

    « Salut l’équipe,

    C’est gentil de prendre des nouvelles d’ici. Y a la maladie on sort pas la c’est le confinement. On a juste le droit de sortir dans le couloir. Donc est toute la journée dans la chambre. On a plus accès à la cours ou rien du tout depuis deux semaines. Ils ne nous ont pas donné d’info.

    Y a plus les activités de dedans genre faire des gâteaux ou faire des trucs. Juste repas, traitement.

    Je suis pas bien j’ai perdu ma santé. Ils disent que je suis un peu fou quoi. Déjà je suis à l’hôpital. Mais ils continuent de nous donner les traitements. Là j’ai plus trop envie de parler avec mes amis de dehors, d’avant le centre de rétention et la prison. J’ai plus la force. Ils ont tué ma santé en vrai. Je suis plus comme avant. Ici c’est comme la prison et le centre. Juste ça s’appelle l’hôpital.

    Mais moi ça va pas trop.

    Je vous redonnerai des nouvelles »