Catégorie : Événements & communiqués

  • 10 mois en prison pour des inculpés du 8/12 : Lettre du QI & libérations sous contrôle

    10 mois en prison pour des inculpés du 8/12 : Lettre du QI & libérations sous contrôle

    Nous reproduisons ci-dessous le communiqué des Comités du 8 décembre publié le 28 octobre, agrémenté de deux liens qui actualisent la situation depuis. Vous trouverez ensuite le lien vers une énorme lettre de Libre Flot, qui est toujours au quartier d’isolement (à lire absolument!), et des contributions des deux derniers libérés de cette histoire, enfin dehors, sous contrôle judiciaire.

    10 mois derrière les barreaux pour des inculpé.es du 8 décembre

    Le 8 décembre 2020, plusieurs perquisitions ont eu lieu aux quatre coins de la France, menant à l’arrestation de neuf personnes. Après 96h de garde à vue dans les locaux de la DGSI, sept d’entre-elleux sont mis.es en examen pour « association de malfaiteurs à caractère terroriste en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes dépositaires de l’autorité publique ». Cinq de ces personnes sont alors incarcéré.es, tout.es sous le statut de « détenu.es particulièrement surveillé.es » (DPS). Fin avril 2021, après cinq mois de privation de liberté, deux d’entre elleux sont libéré.es. Très récemment, à la mi-octobre 2021 suite à une demande de mise en liberté, un autre compagnon est libéré sous contrôle judiciare, bien que le parquet ait fait appel, en vain. Un autre accusé a été libéré sous contrôle judiciaire très peu après.

    Un des prévenus est placé à l’isolement depuis son arrestation le 8 décembre 2020, c’est-à-dire privé de tout contact avec d’autres détenus. Son isolement dure depuis dix mois et a été reconduit pour trois mois supplémentaires le 8 septembre 2021. Cette situation doit cesser au plus vite. Pour en témoigner, nous reproduisons ici une lettre qu’il a écrite depuis sa cellule d’isolement cet été.

    Concernant les mis.es en examen, les faits qui leur sont reprochés sont flous, les liens entre elleux également, certain.es ne s’étant jamais rencontré.es auparavant. Le scénario de la DGSI1 semble avoir été pré-écrit et être le résultat d’une construction policière à visée politique, avec la création de figures de coupables idéaux et d’une structure pyramidale.

    Ces arrestations interviennent dans un contexte politique de criminalisation croissante des mouvements sociaux. Le recours à l’accusation d’association de malfaiteurs est toujours plus utilisée pour casser les collectifs militants et écraser les luttes.

    Nous assistons depuis plusieurs années à une surenchère législative : loi sécurité globale, loi séparatisme, décrets Darmanin2, loi SILT3… L’autorité administrative prend le pas sur le judiciaire. Avec la mise en œuvre d’une forme de justice prédictive, désormais tout le monde est présumé coupable, et les personnes sont jugées sur des intentions et des présomptions d’intention.

    Par ailleurs, nous observons également un énième changement de doctrine de la France sur la question kurde, avec l’arrestation de militant.es kurdes en mars 2021 et la criminalisation des personnes ayant combattu au Rojava4, considérées un temps comme alliées dans la lutte contre Daesh et à nouveau perçues comme des « ennemi.es de l’intérieur » et des terroristes.

    La criminalisation des opposant.es politiques par le biais de l’accusation d’association de malfaiteurs donne lieu à des écoutes et des techniques de surveillance intrusives. L’interdiction d’entrer en contact avec d’autres mis.e.s en cause rend impossible toute solidarité entre elleux et les prive de relations intimes et précieuses avec leurs proches. Les notes blanches5, outil de l’antiterrorisme et des renseignements territoriaux, deviennent monnaie courante, empêchant les prévenu.es et leur défense d’avoir accès au contenu de leur dossier en intégralité.

    Nous dénonçons également les conditions d’incarcération en France, régulièrement épinglées par les arrêts de la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) :

    – quartiers disciplinaires où les conditions de détention opaques échappent au droit commun et violent les conventions internationales

    – conditions d’incarcération d’exception

    – recours à l’isolement comme moyen de pression

    – morts suspectes dans les quartiers disciplinaires

    – surpopulation carcérale

    L’Etat déclenche un grand « plan prison », soi-disant pour désengorger les prisons surpeuplées (construction de huit nouvelles prison sur le territoire, livrables en 2027, impliquant un coût faramineux), laissant croire qu’il se soucierait de la dignité des prisonnier.es, alors que ses visées sont avant tout économiques et répressives, et que l’on voit le nombre de prisonnier.es augmenter d’année en année.

    Les conditions d’arrestation et de détention, pour nos camarades comme pour toutes les personnes mises à l’ombre, sont aussi déplorables que scandaleuses.

    Les déplacements lors des arrestations du 8 décembre 2020 sont conditionnés : les prévenu.es sont encagoulé.es et entravé.es (camisole immobilisant les bras le long du corps via des sangles). Par la suite, on rapporte l’absence d’avocat.e pendant de très longues heures, la privation de sommeil et de nourriture, des interrogatoires lunaires portant plus sur des opinions et orientations politiques que sur des faits. Toutes ces méthodes constituent un non-respect de la présomption d’innocence. Cela a également un impact sur les proches, qui, démuni.es, ne savent vers qui se tourner, tétanisé.es par la peur.

    Nos camarades ont tou.tes été placé.es en détention sous le statut DPS : deux surveillant.es sont mobilisé.es à chaque déplacement, voire un.e gradé.e, compliquant l’accès aux soins, aux douches, aux parloirs ; pas d’accès aux activités collectives ni au travail ; brimades ; fouille corporelle intégrale avant et après chaque parloir ; changements de cellule ou de bâtiment, alors même que les habitudes et la routine sont cruciales pour la santé mentale des détenu.es.

    Notre camarade toujours maintenu à l’isolement subit non seulement toutes ces privations, mais est également cantonné en promenade seul, dans une cour de 20 mètres carrés recouverte par un grillage. Son accès aux soins est entravé, notamment concernant ses demandes de consultation auprès du médecin, du dentiste et du psychologue. Les conséquences sur sa santé mentale sont délétères, puisqu’il subit des pertes de repères spatio-temporels et des pertes de mémoire. Son isolement est renouvelé tout les trois mois depuis son incarcération, soit depuis dix mois, les nombreux recours et demandes de référés ont tous été rejeté sans plus d’arguments.

    Nous exigeons la libération immédiate de nos camarades et la fin de la détention provisoire pour tous. Nous demandons également que l’ensemble des prévenu.es aient accès à tous les éléments du dossier, la fin de la mise à l’isolement comme outil de répression pour broyer les détenus et la fin de la criminalisation des militants politiques et des poursuites contre elleux.

    1. Direction Générale de la Sécurité Intérieure

    2. Décrets Darmanin : trois décrets du ministère de l’Intérieur, publiés le 04 décembre 2020, visent à élargir les possibilités de fichage dans le cadre d’enquêtes menées par la police, la gendarmerie ou encore de la part de l’administration. Concrètement, les fichiers de prévention des atteintes à la sécurité publique visaient initialement « les personnes susceptibles de prendre part à des activités terroristes ou d’être impliquées dans des actions de violences collectives », une définition large qui permet d’y intégrer, outre des individus présentant une « radicalisation du comportement », des personnes ayant pris part à « des manifestations illégales » ou à des « actes de violence ou de vandalisme lors de manifestations sportives ». Désormais, ces fichiers permettront également d’enregistrer des informations concernant des personnes morales ou des groupements, comme des associations. De plus, le champ de ces fichiers a été élargi aux atteintes « à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République » et à la « sûreté de l’Etat (…) qui relève des activités susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », précisent les décrets.  Source : La Quadrature du Net

    3. Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme

    4. Territoire autonome situé au Kurdistan syrien

    5. Ordinaires rapports des services de renseignement, non signés, n’indiquant pas la source de leurs informations, parfois extrêmement vagues et abstraites ou fondées sur de simples rumeurs et autres dénonciations vindicatives. Source : La Quadrature du Net

    https://paris-luttes.info/et-de-quatre-15463
  • Tournée de présentation de notre livre « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Tournée de présentation de notre livre « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Nous entamons une tournée de présentation de notre livre qui vient de paraître chez nos camarades des Éditions du bout de la ville. Voici les premières dates annoncées pour septembre – octobre 2021. N’hésitez pas à nous contacter à contact@lenvolee.net pour nous inviter à venir dans votre région. On ne doit pas laisser l’État se gargariser de l’abolition de la peine de mort quand tant de personnes meurent chaque année en prison, à petit feu ou violemment. Il nous faut faire entendre les voix des prisonniers, des prisonnières et des proches de personnes mortes dans les mains de la police ou des surveillants.

  • Nous serons le week-end des 2 et 3 octobre à Rennes, dans le cadre de « Qui terrorise qui ?, 20 jours contre les violences d’État » :
  • Le samedi 2 octobre, rassemblement et discussion avec L’Envolée et le Collectif Anti-Répression Grenoble. Sur les violences du système pénal : la situation actuelle des prisons et des CRA, la réforme Ducont-Moretti, l’association de malfaiteurs, etc…
    A partir de 14 h, parc du Berry, sous la halle couverte Villejean, goûter prix libre.

    Le dimanche 3 octobre, présentation du livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » et discussion : « Quelles luttes anti carcérales aujourd’hui ? Comment se défendre contre le QI et le mitard ? »
    Rendez-vous à 11 h aux Ombres Électriques, 10 rue des Trente. Repas végétarien / végan à prix libre.

  • Nous serons le jeudi 7 octobre au bar Le Saint-Sauveur pour une discussion publique sur la mascarade de l’abolition. Rendez-vous à 19 h au 11, rue des Panoyaux dans le vingtième arrondissement de Paris.
  • Nous serons le vendredi 8 octobre à la librairie El Ghorba mon amour accompagné.e.s de Fatou Dieng du comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, du collectif Vies Volées et du Réseau d’Entraide Vérité et Justice. Nous présenterons le livre et animerons une discussion sur les violences policières et pénitentiaires.
  • Rendez-vous à 19 h au 148-152, boulevard des Provinces françaises à Nanterre.

  • Nous serons le samedi 9 octobre à la librairie Publico pour une présentation du livre.
  • Rendez-vous 16 h 30 au 145, rue Amelot, dans le onzième arrondissement de Paris.

  • Le dimanche 10 octobre, rendez-vous à 14 h à La Parole Errante, au 9, rue François Debergue à Montreuil. Nous participerons à une discussion publique avec le Réseau d’Entraide Vérité et Justice sur le thème : « La peine de mort n’a jamais été abolie. »
  • Montreuil, le weekend des 9 & 10 octobre : 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021. Pour toutes les victimes des crimes d’état (lien).
    Marche pour Ibrahima Bah samedi 9 à Sarcelles (13h).

    Merci aux librairies, bars et groupes qui nous ont invité.e.s. Nous espérons vous voir nombreux et nombreuses. Nous vous rappelons que le livre est gratuit pour toutes les personnes enfermées, vous pourrez nous communiquer directement les coordonnées de vos proches pour qu’ils le reçoivent.

  • [Visuels à imprimer] 40 ans que la peine de mort… existe encore !

    [Visuels à imprimer] 40 ans que la peine de mort… existe encore !

    Ces 13 visuels ont été conçus pour la sortie de notre livre « La Peine De Mort N’a Jamais Été Abolie » paru aux Éditions du bout de la Ville. Une manière parmi d’autres, que nous souhaitons nombreuses, de rappeler que le 9 octobre 2021, ça fera 40 ans que la peine de mort existe encore (c’est la guillotine qui a été abolie !). Ce sont les prisonniers et les prisonnières qui le disent, et ce sont hélas les mieux placé.e.s pour le savoir.

    Au moment où l’État français se gargarise de cette « grande victoire humaniste », il s’agit pour nous de troubler un peu la fête en exposant au grand jour la mascarade de la prétendue abolition. Nous aimerions que fleurissent dans les rues ces dits et écrits de prison, tous extraits du livre. Nous vous invitons donc à imprimer, afficher, faire passer ces paroles des premiers et premières concerné.e.s… Faites tourner sans modération, dans tous les formats possibles !

    Campagne d’affichage « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Vous trouverez dans ce dossier tous les visuels, prêts pour une impression A3, au format PDF : AFFICHES
    Si urgent, ou si vous aimeriez des stickers, contactez-nous à contact@lenvolee.net

  • Le livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » est disponible !

    Le livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » est disponible !

    L’État français aurait aboli la peine de mort le 9 octobre 1981. En réalité, la guillotine a été remplacée par des peines infinies qui tuent à petit feu. Des dizaines de personnes meurent chaque année derrière les murs. Violence des surveillants, manque de soin, désespoir…
    Depuis 40 ans, des prisonniers prennent la parole et dénoncent la mascarade de l’abolition : « Nous, prisonniers qui vivons dans le ventre de la bête carcérale, nous adressons cette supplique à ceux qui, réunis, fêterons l’anniversaire. Les prisons actuelles sont des mouroirs… »
    Joyeux anniversaire ?

    Nous sommes fier.e.s de vous annoncer que le nouveau livre de l’équipe de L’Envolée a paru chez Les éditions du bout de la ville. Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir pour le quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort. Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
    Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies, et sur la boutique de la maison d’édition. Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches.

    Voici les différentes entrées de chapitres qui composent le livre, sinistre aperçu des modalités par lesquelles l’État continue de supprimer les indésirables :

  • Mobilisation contre les violences pénitentiaires, les morts suspectes en prison et les quartiers disciplinaires

    Mobilisation contre les violences pénitentiaires, les morts suspectes en prison et les quartiers disciplinaires

    Le 30 mai 2021, à Lyon et ailleurs.

    En septembre 2020, Idir est mort de façon très suspecte au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas. Depuis, sa famille se mobilise pour obtenir vérité et justice. L’association Idir Espoir et Solidarité dénonce les mitards : il faut fermer ces « couloirs de la mort » (signez leur pétition ici). Elle se mobilise en lien avec d’autres, contre les violences d’État : policières et pénitentiaires. Alors, pour le 30 mai 2021, le collectif Espoir et solidarité, rejoint par Le réseau Entraide Vérité et Justice, est à l’origine d’un appel à se mobiliser partout en France.

    L’appel pour Lyon :

    « Toute celles et ceux qui sont indigné.e.s par les violences pénitentiaires sont invitées à participer aux mobilisations qu’il y aura dans leur ville. Le 30 mai va devenir une journée de lutte annuelle pour porter la voix des prisonnier.e.s ! A Lyon, le collectif Idir Espoir et Solidarité organisera une mobilisation à 14h sur la place Bellecour. Des témoignages de prisonnier.e.s et de familles de victimes seront entendus. Il y aura une sensibilisation aux conditions des détenu.e.s et des discussions autour de ces questions qui font souffrir tant de familles. Cette mobilisation doit rassembler toutes celles et ceux qui luttent afin qu’une vraie justice soit faite pour les victimes de violences carcérales ! »

    Ecoutez l’appel audio réalisé par Najet, la mère de Idir :

    Appel du Réseau Entraide Vérité et Justice :

    « Créé en février 2021, le Réseau Entraide Vérité & Justice est un réseau qui a pour vocation d’aider les victimes de violences d’Etat, qu’elles soient des violences ou des crimes policiers, des crimes ou violences carcérales. Il regroupe des familles de victimes, des mutilé.e.s, des blessé.e.s, des collectifs anti-répression… »

    « (…) En France, en prison, on ne fait pas que vivre mal. Comme nous le dénoncions lors de notre marche de Mars dernier, la prison tabasse aussi en bande organisée et tue en silence. Le 9 septembre 2020, Idir Mederes, était retrouvé pendu dans sa cellule. Bien qu’un détenu ait affirmé qu’Idir avait été passé à tabac par des surveillants, l’enquête piétine et la famille n’arrive pas à obtenir Vérité et Justice. Pourtant, si prison il doit y avoir, c’est pour punir et non pas pour mourir !
    Pour toutes les raisons que nous venons d’invoquer, le Réseau d’Entraide Vérité et Justice ainsi que l’association « Nous sommes Idir » invitent toutes celles et tous ceux qui sont indigné-es par les violences pénitentiaires à nous rejoindre le 30 mai 2021 dans le cadre de la mobilisation nationale pour la dignité et le respect des détenu.e.s, contre les violences pénitentiaires, les crimes maquillés en suicides, et l’injustice carcérale, pour l’abolition des mitards et la justice pour toutes et tous !  » (lire l’intégralité de cet appel ici)

    Les mobilisations prévues le 30 mai 2021 :

    • Lyon, 14h place Bellecour : rassemblement, informations et discussions, prises de paroles.
      Suivi d’une discussion avec le collectif Espoir et Solidarité, L’Envolée… (précisions ici)

    Rejoignez-nous ! Et n’hésitez pas à organiser un évènement près de chez vous et nous contacter.

    Contacts :

    • Réseau d’Entraide Vérité et Justice
      lien FB
      contact mail : reseau.veriteetjustice (arobase) protonmail (point) com

    D’autres infos sur les violences pénitentiaires et les mitards :

    Mini-vidéo « Fermer les mitards # 4 : Trop de morts au mitard »

    Texte de l’Envolée sur les violences pénitentiaires

    Autres liens :

  • Compte-rendu du procès des mutins d’Uzerche

    Compte-rendu du procès des mutins d’Uzerche

    Au tribunal de Nantes le 22 février 2021

    Le 22 mars 2020, quelques jours après le début du premier confinement, une mutinerie a éclaté au centre de détention d’Uzerche. Les détenus des bâtiments C et D se sont révoltés, ils sont sortis de leurs cellules et ont éclaté les portes et les grilles. Certains sont montés sur les toits, d’autres ont envahi des zones habituellement interdites aux prisonniers, incendié les bureaux administratifs et des postes de contrôle. Les matons se sont enfuis et les prisonniers ont tenu la taule pendant une dizaine d’heures avant que les Eris ne la reprennent violemment, appuyés par des forces de police des alentours, dont le PSIG. Les prisonniers ont clairement donné les raisons de cette mutinerie dans un communiqué de revendication : face à la gestion calamiteuse de la pandémie en détention, ils réclamaient les mêmes moyens de protection contre le virus qu’à l’extérieur, d’autant que leurs conditions de détention les exposent à un risque accru. Ils exigeaient aussi d’être clairement informés de l’impact des mesures sanitaires sur le fonctionnement de la détention : parloirs, activités, promenades, cantines, etc. Cette révolte et les suivantes ont finalement obligé le gouvernement à réagir –  très timidement, et principalement par des déclarations aux médias.

    En répression de cette révolte, et aussi du fait que des bâtiments sont inutilisables, 336 prisonniers ont été transférés aux quatre coins de la France, et depuis juin 2020, les procès s’enchaînent : il y a 53 inculpés pour 14 procès différents. Certains ont déjà eu lieu, à Limoges, Evreux, Chartes, Mont-de-Marsan, Tulle ou Agen. Même s’il y a quelques relaxes, les peines sont lourdes : la plupart du temps, d’un à trois ans de prison. C’est la stratégie du ministère public : pas question de faire un grand procès de la mutinerie où l’administration pénitentiaire et son ministère de tutelle risqueraient de se retrouver sur la sellette. Vu les conditions de détention imposées aux prisonniers pendant le premier confinement, on préfère juger individuellement et distribuer des condamnations pour dégradations, destructions ou violences dans le plus grand silence médiatique.

    Le 22 février 2021, trois prisonniers inculpés pour la mutinerie passaient en procès au tribunal de Nantes – presque un an après les faits. Un quatrième, également transféré à Nantes, a été relâché depuis ; il sera jugé plus tard à Bordeaux. Des jugements individuels …pour des actes que les procureurs s’acharnent pourtant à désigner comme collectif aux procès.

    Nous étions quelques-un.e.s aux procès, pour tenter de soutenir par nos regards et nos rires les accusés qui comparaissaient comme détenus, et donc encagés dans un box de Plexiglass.

    Deux des inculpés ont comparu sans avocat malgré leur demande. La juge a savamment feinté en disant : « on va statuer là-dessus » – sans préciser qu’il s’agissait de statuer sur un renvoi, ce qui ne se fait pas à la demande des inculpés, et débouche sur une décision sans appel. Les juges n’avaient plus qu’à rejeter ce renvoi au prétexte que le droit de demander un avocat est inscrit sur la convocation et qu’ils n’avaient qu’à prendre leurs dispositions… alors qu’ils avaient bel et bien demandé à être défendus. Le procureur a pour sa part insisté sur la nécessité d’« aller vite ».

    Les trois étaient sensiblement accusés des même faits : des dégradations, des destructions et des violences sur dépositaires de l’autorité publique avec plus de huit jours d’ITT. Le tout assorti de circonstances aggravantes : la cour s’est servie de comptes rendus d’incidents pour présenter les faits comme des récidives. Il ressort pourtant des débats que contrairement à un détenu atteint à la gorge par une balle en caoutchouc, aucun maton n’a été blessé, puisqu’ils se sont enfuis dès le début. En fait, les ITT sont consécutives à un « choc psychologique et émotionnel  très important ». Bien sûr ! C’est de grands sensibles… surtout quand il faut charger les accusés.

    On a vite appris que les accusations sont basées sur des vidéos, celles des caméras de surveillance et d’autres trouvées sur les réseaux sociaux, et sur des témoignages de matons. Ils étaient une vingtaine à se porter partie civile, en plus du centre de détention, du trésor public et de …la Sodexo, sinistre entreprise d’hôtellerie et de restauration qui fait son beurre dans le bizness de l’enfermement.

    Après le rappel des faits, la juge  a enchaîné sur le visionnage de l’extrait d’une vidéo trouvée sur Facebook, histoire de se mettre dans l’ambiance. On n’y voit guère qu’un peu de bordel en coursive et des prisonniers en train de goûter un peu de liberté : quelques dizaines marchent sur des pelouses qui leur sont interdites, d’autres se servent des lances à incendie… On est loin des ravages décrits ici et là, Mais apparemment, c’était déjà trop pour les juges. Sur le contexte, sur le Covid-19 en prison… pas un mot.

    A la juge qui demandait si la lecture des dépositions de leurs dépositions les ennuyait, un des accusés répond qu’ils sont enfermés dans les geôles du tribunal depuis 10 h 30. Faut dire qu’il est alors pas loin de 19 heures…

    Le premier accusé, A, reconnait les faits de dégradation. Avant la destruction des caméras de surveillance, il a été filmé en train de défoncer une porte avec un chariot. Il reconnaît s’être introduit dans le bureau du chef de détention mais maintient qu’il n’est pas monté sur les toits et n’a croisé aucun maton. Il nie donc les violences et les destructions, n’ayant également pas participé aux incendies. Il reconnait avoir cassé une grille, puis érigé une barricade. Ayant déjà participé à un mouvement, il savait comment ralentir les Eris qui n’ont pas tardé à débouler.

    Il explique que les prisonniers ont décidé de tout casser lorsqu’ils se sont aperçus qu’ils se faisaient tirer comme des lapins par les Eris à coups de balles en caoutchouc. A la question de la juge : « Mais ils auraient dû faire quoi, les Eris, attendre que ça se calme ? », visant à justifier les tirs, il répond : « Oui, ça aurait été mieux : on était désarmés, nous. » Il était à ce moment-là auprès du prisonnier touché à la gorge dont il n’a cessé de s’occuper. Il a l’air d’en avoir gros sur la patate de la détention et de ce procès. Loin de démentir la juge et les matons qui le désignent comme un meneur, il assume sans se laisser démonter.

    B, le deuxième accusé, n’a que 21 ans, et il est libérable fin Mars. Il est inculpé sur la foi d’une vidéo Snapchat qui ne figure d’ailleurs au dossier que par quelques copies d’écran et de témoignages de matons qui l’identifient. Le soir même de la mutinerie, ceux-ci se sont en effet escrimés à éplucher les vidéos en ligne pour identifier des prisonniers – de façon plus ou moins approximative vu leur qualité. Sur celle-ci, on voit B. dans un couloir, en train de faire un signe. Il explique qu’il n’a rien fait de plus. Il est resté dans sa cellule et il n’est sorti que dans son couloirau moment où une personne filmait. Il a alors fait un signe « pour faire sont intéressant ». Les matons prétendent le reconnaître à un autre moment, en train de donner des coups de pied dans une porte, ce qu’il nie. Décidément, il n’y a rien dans le dossier. B. profite de son passage au micro pour dénoncer quelques faits. Alors que le procureur a dit qu’il n’y a eu aucune sanction disciplinaire suite au mouvement (comme si le transfert n’en était pas déjà une), il rétorque qu’il a passé deux mois au quartier des arrivants lors du transfert à Nantes, une façon de l’isoler, et que les matons de Nantes « lui font la misère ». Sa cellule est fouillée tous les deux jours et il se prend des réductions de crédit de remise de peine pour des motifs aussi fumeux que la possession de feuilles de papier a cigarettes…

    Le dossier de C., le troisième prévenu, est encore plus mince. Sur la vidéo Facebook, on le voit juste rigoler avec quelques autres détenus dans un couloir. C’est tout. Lui explique que quand il a vu le bordel, il a surtout pensé à protéger ses affaires pour éviter les vols. Il se dit très déçu que les matons se soient enfuis dès le début : « S’il se passe quelque chose, il n’y a personne pour nous protéger ! » Et surtout, « ceux qui sont censés faire respecter la loi ne la respectent pas eux-même : lors du transfert à Nantes, j’ai perdu la moitié de mes affaires. Ils m’ont volé la moitié de mon paquetage !»

    D’autant moins bavards qu’ils ont déjà fait une déposition en garde à vue et que leur journée a déjà été longue, tous trois refusent de parler d’autre chose que de ce qu’ils ont eux-mêmes fait ou pas : « On va pas tout vous raconter non plus, on est pas des journalistes ! »

    Le procureur tire de sa manche un arrêt de la cour de cassation pour tenter de persuader les juges que la seule présence des prévenus sur les lieux de la mutinerie en fait des coupables. Il épluche ensuite tout leur casier judiciaire et jusqu’au moindre compte-rendu d’incident en détention possible pour les dépeindre comme de dangereux criminels sans foi ni loi… mais à part ça, il n’a pas grand-chose. Il tente de prévenir la plaidoirie de l’avocat en prédisant qu’il dénoncera sûrement les conditions de détention d’une institution pourtant « sacralisée », dont le personnel « fournit un travail exemplaire ». Qu’est-ce qu’il faut pas entendre ! Il requiert  trois ans ferme et cinq ans de privation de droits civiques et de famille pour A : « C’est un meneur, il l’assume, alors il n’aura pas de problème à assumer ça aussi ! » Pour B, il demande deux ans ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme et neuf mois ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme pour C.

    L’avocat de A rappelle enfin le contexte de l’épidémie en prison. Il lit le communiqué des mutins pour rappeler le sens de cette révolte et dénonce l’éparpillement de petits procès visant à éviter de mettre en lumière le problème de fond du Covid-19 en prison et les manquements des autorités. « S’il fallait aller vite, faire un procès collectif aurait été bien plus efficace, plutôt que des procès éclatés un peu partout ! » Il souligne que les conditions de détention déjà dures ont encore été dégradées par les mesures sanitaires en prison. Puisqu’on ne juge pas une mutinerie, les accusés ne peuvent être poursuivis sur cette base, et doivent donc encourir les mêmes peines que pour des faits similaires accomplis individuellement à l’extérieur. Le déroulé des faits juxtapose des scènes distinctes sans lien entre elles ; contrairement au procureur, l’avocat y voit une preuve qu’il n’y a pas de « coaction » de son client dans les faits de destruction et de violence. Il relève l’absence des parties civiles. Même l’avocat des matons – qui s’est déplacé aux quatre coins de la France pour les autres procès – n’est pas là. Et puis les dommages sont extrêmement flous : on lâche le chiffre exorbitant de 2,4 millions d’euros, sans aucun détail. L’avocat demande donc la relaxe de son client pour les faits de destruction et de violences et une peine d’un an au plus pour les quelques dégradations assumées.

    Lors de leur dernière prise de parole, B et C disent leur dégoût : ils n’ont rien fait, ils n’ont pas d’avocats pour les défendre et ils risquent de lourdes peines. « Si j’avais fait quelque chose, neuf mois, je serais content ! Je suis en train de me dire que même quelqu’un qui a rien fait, il prend une peine ! »

    Après délibération, les juges prononcent la relaxe pour B et C. A prend un an ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme pour les dégradations. Pour une fois, comme il n’y avait vraiment rien dans le dossier, les juges n’ont pas suivi le procureur. Mais une chose est sûre : d’autres procès viendront, même s’il n’y a pas beaucoup d’informations là-dessus. Sans doute encore sans avocats ni soutiens extérieurs, comme cette fois-ci. Une justice d’abattage soucieuse de couvrir les actes de ceux à qui elle envoie tous les jours de la chair à prison. La juge a d’ailleurs éprouvé le besoin de se fendre d’une petite déclaration à la fin : « Nous n’avons pas jugé de la légitimité d’une révolte ; nous n’avons jugé que les faits. »

    Circulez, y a rien à voir.

    L’Envolée et Casses-Murailles (émission de radio anticarcérale,
    à écouter à Nantes, sur Jet FM-91.2 tous les dimanche à midi et minuit)

  • Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin

    Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE COMMUN | 16 MARS 2021

    Le 4 janvier 2021, le directeur de l’administration pénitentiaire interdisait la diffusion du numéro 52 du journal L’Envolée dans toutes les prisons françaises en raison d’un dossier consacré au décès de plusieurs personnes détenues dans des conditions suspectes. Dans le même temps, il portait plainte pour diffamation. Il est reproché au journal, relais de la parole des personnes détenues et de leurs proches depuis près d’une vingtaine d’années, d’avoir « allégué des faits de violences volontaires commis par des personnels de l’administration pénitentiaire, dans l’exercice de leurs fonctions » et « imputé aux responsables hiérarchiques des auteurs de ces violences alléguées de ne pas les avoir dénoncées ».

    Cette interdiction ne saurait occulter le problème de fond dénoncé par le journal : les violences commises par des agents de l’administration pénitentiaire sur des personnes détenues sont une réalité désormais largement documentée, tout comme les rouages institutionnels permettant qu’elles se perpétuent.

    La section française de l’Observatoire international des prisons rapportait ainsi dans un rapport de juin 2019 être saisie de plusieurs témoignages par semaine de personnes détenues ou de leurs proches dénonçant des violences subies de la part de personnels pénitentiaires. Le décès récent de Jimony R. alors incarcéré au centre pénitentiaire de Meaux après avoir été, selon le témoignage d’un surveillant pénitentiaire, « roué de coups » notamment « à la tête (…) alors qu’il était menotté et maîtrisé au sol » vient également rappeler la tragique actualité de cette réalité.

    Les mécanismes institutionnels qui permettent à cette réalité de perdurer sont également aujourd’hui parfaitement connus et identifiés : difficultés à réunir les preuves de faits qui se déroulent le plus souvent à l’abri des regards et des caméras de vidéosurveillance, manque d’information sur les modalités de dépôt de plainte et d’accompagnement juridique dans ces démarches, représailles pour les personnes détenues, leurs proches ou toute autre personne qui entendrait dénoncer des violences subies en détention, mutisme des autorités hiérarchiques qui préfèrent bien souvent détourner le regard, manque de diligence des autorités administratives et judiciaires dans la réalisation des enquêtes, et un « parole contre parole » qui tourne presque systématiquement à l’avantage de l’uniforme.

    La censure du numéro 52 du journal L’Envolée, pour avoir relayé la parole de personnes détenues et de leurs proches sur cette réalité, est une nouvelle illustration de la chape de plomb que l’administration pénitentiaire met sur un phénomène qui devrait au contraire alerter et inquiéter. Plutôt que de s’en saisir à bras le corps, pour qu’aucune suspicion de comportement violent de la part d’un agent pénitentiaire sur une personne détenue ne puisse plus rester sans suite, l’administration pénitentiaire préfère tenter de faire taire celles et ceux qui s’en font l’écho. Attachées au respect des droits fondamentaux et de la dignité de toute personne, nos organisations continueront à soutenir toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour que la lumière soit faite sur une réalité encore trop souvent ignorée et cachée. Pour que l’omerta qui règne sur les violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues prenne fin.

    Communiqué co-signé par l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), A3D (Association des avocats pour la défense des droits des détenus), le journal l’Envolée, La Ligue des Droits de l’Homme, l’Observatoire International des Prisons (OIP), le Syndicat des Avocats de France (SAF).

  • Nouveau coup de gueule des amis de JC Merlet

    Nouveau coup de gueule des amis de JC Merlet

    M. JC Merlet est actuellement victime de graves négligences de la part du Docteur Bouxom, et nous sommes très inquiets pour lui, pour sa santé et pour sa vie.

    M. JC Merlet est atteint de pathologies et handicaps importants qui nécessitent une prise en charge médicale sérieuse.

    Selon sa dernière expertise médicale, en date de 2020, son état de santé nécessite un suivi cardiologique régulier, des soins de kinésithérapie, ergothérapie, neurologiques et pneumologiques.

    Il n’ a accès à aucune de ces prises en charges, ni au centre de détention, ni à l’extérieur car il n’a jamais été extrait pour cela à l’hôpital.

    D’ailleurs il a demandé au Dr Bouxom une permission de sortie pour raisons médicales afin que nous puissions l’emmener à des examens spécialisés (scintigraphie, examen pulmonaires, cardiologique, ophtalmique, dentaire…). Alors que cela était indispensable, le Dr Bouxom l’a catégoriquement refusé.

    Il a également une ordonnance mentionnant 15 traitements différents, et a l’heure d’aujourd’hui il n’a presque plus aucun traitement.

    Il dort sur un lit médicalisé, cassé, ou son espace de couchage est sur 1m50, il a demandé depuis août que celui ci réparé, mais en vain, on le laisse dormir recroquevillé alors qu’il a des douleurs dans tout son dos, et ne peut jamais s’allonger correctement.

    Nous rappelons que la direction de Nantes l’a fait transféré en MA127 pour raison médicale alors qu’il était déjà en cellule PMR (personne à mobilité réduite) avec un suivi médical de différents médecins.

    Dès le début de son arrivée au CD de Roanne, sa prise en charge par le Dr Bouxom a été problématique. Il n’a pas pris la peine de lire son dossier médical, demandant simplement à Mr Merlet de lui expliquer la situation. Il n’a ensuite pas respecté les prescriptions de son ordonnance faite en 2020, se basant sur son dossier médical de 2018.

    Il ne lui donne pas l’intégralité de son traitement, et s’est permis par exemple de diminuer, puis supprimer son traitement de morphine. Il faut savoir que Mr Merlet souffre de douleurs neurologiques aiguës insupportables, et que ce traitement lui est indispensable. En outre, il a besoin d’un traitement quotidien pour le cœur, et il est arrivé également qu’on ne le lui donne pas.

    Le docteur Bouxom lui a dit «  Vous n’avez qu’à aller à l’UHSI, vous pourrez mourir dignement ».

    On tient à préciser que M. Merlet dispose d’un certificat médical de 2017 attestant que son état de santé nécessite une mise en liberté pour raisons médicales, et qu’en aucun cas nous ne sommes résignés à le laisser mourir en prison, sans soins.

    Pour exemple, il souffre d’asthme, mais il ne dispose pas de ventoline. Quand il la réclame à un infirmier, on lui répond qu’il « n’a qu’à aller à l’UCSA (Unité de Consultation en Soin Ambulatoires). » Nous précisons qu’il ne peut se déplacer seul jusqu’à ce service.

    M. Merlet a eu de vives discussions avec le Dr Bouxom, lui reprochant de ne pas le soigner correctement ; pour autant, il n’a jamais été incorrect ni insultant, il a simplement tenté de faire respecter ses droits ce qui n’a pas plu au Dr Bouxom

    Au passage, une demande de permission de sortie lui a été refusée au motif qu’il aurait manqué de respect au médecin, ce qui est faux, il avait simplement donné son point de vue sur sa prise en charge. Il a envoyé un courrier au service médical et social pour demander à changer de médecin étant donné qu’il n’était pas correctement suivi, et le Dr Bouxom lui a répondu « Ici c’est moi le chef et je fais ce que je veux »

    Comme vous le savez, les personnes sous-main de justice doivent avoir accès à une qualité de soins équivalente à celle de la population générale. Ce principe posé par la loi de 1994 a été réaffirmé par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009.

    Le docteur en a pris ombrage, et depuis, il joue de son pouvoir en ne donnant pas à M. Merlet son traitement correctement, et en ne lui permettant pas d’accéder aux soins vitaux dont il a besoin. Il sait pourtant que le fait de ne pas prendre son traitement régulièrement peut entraîner la mort.

    Pour résumer la chose, M. Merlet subit des maltraitances de la part de l’administration pénitentiaire pour des raisons antérieures à sa venue à Roanne. Nous constatons malheureusement que le service médical, à travers le Dr Bouxom, s’est aligné sur les positions de l’administration pénitentiaire, au lieu de respecter le principe de neutralité, l’intérêt du patient, et le serment d’Hippocrate.

    Le Dr Bouxom s’abrite derrière le fait que M. Merlet ne se rend pas à ses consultations, mais étant donné que la situation s’est dégradée entre eux du fait du médecin, que celui ci ne le soigne pas correctement, que ses commentaires l’ont amené à un refus de permissions de sortie, il ne peut plus le voir dans des conditions correctes et propices aux soins. Il devient indispensable de lui permettre de voir un autre médecin. Il a demandé cela car la mauvaise relation avec le Dr Bouxom a des répercussions importantes et fâcheuses sur sa santé et l’ensemble de sa détention.

    En autre des courriers ont été envoyé au président du juge d’applications des peines suite a la pandémie de la Covid qui circule aussi dans le CD de Roanne, et malgré les pathologies de M. Merlet, le juge n’a pas voulu en tenir compte.

    Toutes ses permissions de sorties lui ont été refusées sur des faits non justifiés, alors qu’il est conditionable et permissionable depuis 2016, que la pandémie continue en France et en prison, que Mr Merlet a eu des expertises médicales et a passé un séjour au CNE (Centre National d’Evaluation), signalant qu’il n’était plus dangereux pour la société, que son état de santé a empiré, et qu’il n’est pas suicidaire, donc si par malheur celui ci venait a disparaître, nous tiendrons responsable l’administration pénitentiaire de sa mort. Nous rappelons qu’il a déjà été jugé pour ses actes et que la peine de mort n’est plus en vigueur en France.

    Nous rappelons que tous les articles communiqués dans la presse ont été prouvés, et signifiés par des organismes.

    Force et courage a tous les détenus !

    Les amis de JC Merlet

  • COVID-1984

    COVID-1984

    LA PEUR EST L’ARME LA PLUS PUISSANTE ET LA PLUS EFFICACE POUR OBTENIR LA SOUMISSION

    LETTRE D’UN PRISONNIER ·

    Depuis des mois, les citoyens de ce pays vivent dans un système liberticide. Il ne faut pas se demander pourquoi, mais comment ils en sont arrivés là. Car ce qui importe, c’est la méthode qui a amené à ce résultat. En effet, pandémie et attentats sont les deux outils qui ont permis ce basculement brutal de la société et des libertés dans un régime ressemblant de façon troublante à un système carcéral. Au fond, la main-basse de l’idéologie du « tout-sécuritaire » sert une cause bien plus obscure que celle d’une société soit-disant protectrice et bienveillante vis-à-vis de ses citoyens face à une pandémie. Les états d’urgence – sanitaire et attentats – que nous vivons actuellement ne sont que des prétextes opportuns pour mieux assoir le pouvoir de la classe dirigeante ; pour transformer, avec succès, notre pays en un État policier et militaire. D’une certaine manière, nous leur avons laissé carte blanche, par une forme de consentement volontaire, pour mater toute protestation ou opposition à l’instauration de ce régime totalitaire que nul n’a le droit de contester aujourd’hui. Lorsqu’un pays est dirigé fermement par des lois, décrets ou règlements, toutes aussi liberticides les unes que les autres, lorsque les citoyens sont soumis à une autorité sans autre forme d’opposition ou de débat politique, c’est que nous sommes déjà dans une forme de dictature qui ne veut pas dire son nom. La peur est l’arme la plus efficace pour obtenir la soumission, voire même l’adhésion de tout un peuple. Ainsi, par un effet presque naturel, on neutralise toute rebellion ; et si cela ne suffit pas, la machine répressive se met en route par la dissuasion : amendes, sanctions, menaces, culpabilité, opprobre… incitant les derniers récalcitrants à baisser la tête.

    Cette pression et ce contrôle social se sont mis en place en quelques années selon une stratégie et un agenda bien réfléchi ; cela a juste été accéléré en quelques mois par la CoVid-19. Mais le véritable commencement de cette transition vers un régime autoritaire, outre la mise en place de Vigipirate en 1995 et autres états d’urgences et les lois liberticides votées durant les années qui suivirent, débute avec l’épisode du soulèvement des gilets jaunes, qui a été le premier vrai basculement vers un État qui utilise sans complexe la répression et de la violence policière  pour briser un mouvement populaire. Car le gouvernement de l’époque, face à la puissance de ce mouvement, a tremblé et compris qu’il fallait agir et se donner les moyens pour que cela ne se reproduise plus.

    Le premier confinement de mars 2020 a été une véritable expérience pour le pouvoir : cinquante-cinq jours d’enfermement total à l’échelle d’une nation sans aucune protestation… c’est là qu’ils ont pris conscience – non sans  surprise – qu’ils pouvaient agir sur nos libertés fondamentales avec une facilité déconcertante grâce aux chocs provoqués par l’épidémie et la peur. Quels outils fantastiques ! Quelle victoire de voir la soumission de toute une population. Cela leur a ouvert des possibilités infinies sur un changement total de notre regime, et ils ne se sont pas privés d’en abuser ; et ainsi, de transformer le pays en système carcéral. C’est sans précédent. La liberté a quasiment disparu pour être remplacée par un système  autoritaire et dominateur qui gère les citoyens comme on gère  la population pénale. Confinement, couvre-feu, parloirs dans les Ehpad, promenade soumise à autorisation, entrave à la liberté d’aller et venir, surveillance policière, toute manifestation, regroupement ou réunion interdites, privation des lieux et activités culturelles, plus de liberté d’expression, port du masque obligatoire adulte et enfant, fermeture administrative de commerces… Toutes ces injonctions autoritaires, vous ne les trouvez que dans un seul lieu : La prison !

    Nous sommes aujourd’hui dans une société qui applique un véritable modèle carcéral, et le pouvoir et ses sbires se comportent comme s’ils dirigeaient un établissement pénitentiaire. Lois, décrets, règlements : plus de place au bon sens, à la concertation ou à l’intelligence… Le système applique des règles, des méthodes, parfois absurdes, à tous sans aucun discernement, sans réflexion ni recul sur la situation. Le pays est aux mains de fonctionnaires, véritables matons, qui obéissent et appliquent la loi de façon aveugle et froide. Nos libertés individuelles sont entravées sans que nous puissions agir : c’est la définition même de ce qu’est un prisonnier. Ils nous persuadent, avec la complicité de médias aux ordres, que l’abandon de nos libertés est la seule solution pour s’en sortir ; le mécanisme est si efficace que plus rien ne les arrêtera. Cela est bien plus grave que la Covid-19 ou quelques attentats. Les citoyens subissent un enfermement et une privation de liberté, et ils ont accepté leurs propres chaînes sans réagir car on leur a fait croire que c’était pour le bien commun et l’intérêt général du pays.

    Non ! Tout cela n’est qu’un leurre. Covid-19, attentats, état d’urgence, chocs, peurs… ne sont que des leviers providentiels pour faire basculer la société dans une sorte de néodictature dite « intelligente », puisque masquée par une démocratie de façade. 

    Que vous le vouliez ou non nous sommes tous des prisonniers et le pays une prison. 


    Laurent Jacqua

  • Des nouvelles de la Maison d’Arrêt pour Femmes des Baumettes

    Des nouvelles de la Maison d’Arrêt pour Femmes des Baumettes

    Durant toute la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, à partir de 23h, les ERIS (Équipes régionales d’intervention et de sécurité) de Marseille sont intervenues pour une fouille sectorielle surprise au sein de la MAF (maison d’arrêt pour femmes) des Baumettes.

    Les membres cagoulés et lourdement armés de ce « GIGN de la pénitentiaire » ont fait subir à des prisonnières un traitement dégradant en leur demandant de se dénuder entièrement sous leurs yeux. Tout en les exposant à leurs regards, les autorités ont férocement procédé à la fouille en saccageant plusieurs cellules, perçant les sachets de nourriture, répandant au sol les vêtements, insultant les prisonnières. Le prétexte avancé par l’administration pénitentiaire (AP) pour cette intervention violente et humiliante serait la lutte contre le terrorisme en prison.

    De fait, ces violences servent avant-tout à intimider les prisonnières que l’AP juge trop « radicalisées ». À cela s’ajoutent les nouvelles conditions imposées par l’AP depuis plusieurs mois : impossibilité de cantiner du tabac, distribution de masques aux prisonnières seulement à partir de mi-octobre, UVF (Unités de visite familiale) et activités supprimées, stricts protocoles sanitaires (parloirs hygiaphones, vitres en plexiglas, etc.) mais réduction des temps de parloir. Plein de salles de parloir sont pourtant vides. Des prisonnières ont organisé collectivement des refus de remonter de promenade ces derniers jours, protestant contre des coupures d’eau arbitraires, et ont été pour cette raison transférées au QI (quartier d’isolement).

    Comme ces événements le prouvent, la répression liée aux états d’urgence dehors est amplifiée à l’intérieur.

    Force et soutien aux prisonnières de la MAF !