Catégorie : Événements & communiqués

  • « POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM » – Libre Flot

    « POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM » – Libre Flot

    Libre Flot nous écrit régulièrement depuis un an et le début de son incarcération au quartier d’isolement de Bois-d’Arcy (vous pouvez retrouvez plusieurs de ses lettres sur notre site). Le 8 décembre 2020, il a été arrếté avec sept autres membres de la « mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Encore une construction des services de police et de la justice pour fabriquer des ennemis et terroriser les potentiel.les opposant.es.

    Sept personnes ont finalement été mis.es en examen et placé.es en détention provisoire. Au fil des mois, six d’entre elles finiront par être libérées sous contrôle judiciaire. Alors qu’il vient d’essuyer un nouveau refus de remise en liberté en attendant son procès, Libre Flot, dernier inculpé encore incarcéré, entame une grève de la faim. Il a demandé à faire publier cette lettre aujourd’hui le plus largement possible, pour faire connaître ses raisons et sa situation.

    Mise à jour du 7 avril 2022 : Libre Flot a arrêté sa grève de la faim et il été libéré pour raisons médicales. Toutes les infos sur le site des soutiens aux inculpé.es du 8 décembre.

    Cela fait plus de 14 mois que je réfute cette infâmante et diffamatoire accusation d’association de malfaiteurs terroriste.

    Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expliqué que je n’étais pas arrêté pour ce qu’elle voulait me faire croire, à savoir mon engagement auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.

    Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse élaborée de toutes pièces par la DGSI alors même que pendant au moins 10 mois j’ai été suivi, tracé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhicule, mon lieu de vie, espionné jusque dans mon lit.

    Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser.

    Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une association de malfaiteurs à 7 personnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.

    Cela fait plus de 14 mois à répondre aux questions d’un juge d’instruction utilisant les mêmes techniques tortueuses que la DGSI : la manipulation, la décontextualisation, l’omission et l’invention de propos et de faits afin de tenter d’influencer les réponses.

    Cela fait plus de 14 mois que je subis les provocations de ce même juge d’instruction qui, alors que je croupis dans les geôles de la République, se permet de me dire que cette affaire lui fait perdre son temps dans la lutte contre le terrorisme. Pire encore, il se permet la plus inacceptable des insultes en se référant aux barbares de l’État islamique comme étant mes« amis de chez Daech ». Bien que verbal, cela reste un acte inouï de violence. C’est inadmissible que ce juge s’octroie le droit de m’injurier au plus haut point, tente de me salir, et crache ainsi sur la mémoire de mes amis et camarades kurdes, arabes, assyrien.ne.s, turkmènes, arménien.ne.s, turc.que.s et internationaux.les tombé.es dans la lutte contre cette organisation. J’en reste encore aujourd’hui scandalisé.

    Cela fait plus de 14 mois d’une instruction partiale où contrairement à son rôle le juge d’instruction instruit uniquement à charge et jamais à décharge. Il ne prend pas en considération ce qui sort du scénario préétabli et ne sert qu’à valider une personnalité factice façonnée de A à Z par la DGSI, qui loin de me représenter ne reflète que les fantasmes paranoïaques de cette police politique. Ainsi, je suis sans cesse présenté comme « leader charismatique » alors même que tout mode de fonctionnement non horizontal est contraire à mes valeurs égalitaires.

    Cela fait plus de 14 mois que sans jugement on m’impose la détention dite provisoire que je subis dans les plus terribles conditions possibles : le régime d’isolement (voir les lettres de mars 2021 et juin 2021) considéré comme de la « torture blanche » et un traitement inhumain ou dégradant par plusieurs instances des droits humains.

    Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale

    Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale et permanente sans avoir personne à qui parler, à juste pouvoir contempler le délabrement de mes capacités intellectuelles et la dégradation de mon état physique et ce, sans avoir accès à un suivi psychologique.

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    Après avoir sous des airs faussement neutres fourni à l’administration pénitentiaire des arguments fallacieux pour s’assurer de mon maintien à l’isolement, le juge d’instruction demande le rejet de ma demande de mise en liberté, tout comme le parquet national antiterroriste. Pour ce faire, ils reprennent presque en copier / coller le rapport de la DGSI du 7 février 2020, base de toute cette affaire dont nous ne savons pas d’où viennent les informations et dont la véracité n’a pas été démontrée. On est en droit de se demander à quoi ont servi les écoutes, les surveillances, les sonorisations et ces deux ans d’enquête judiciaire et d’instruction puisque sont occultés les faits qui démontrent la construction mensongère de la DGSI.

    Le parquet national antiterroriste et le juge d’instruction n’ont de cesse d’essayer d’instiller la confusion et de créer l’amalgame avec des terroristes islamistes alors même qu’ils savent pertinemment que j’ai combattu contre l’État islamique, notamment lors de la libération de Raqqa, où avaient été planifiés les attentats du 13 novembre.

    Le juge d’instruction prétend craindre que j’informerais des personnes imaginaires de ma situation alors que celle-ci est publique notamment parce que la DGSI ou le PNAT eux-mêmes ont fait fuiter l’information dès le premier jour. Il prétend ainsi empêcher toute pression sur les témoins, les victimes et leurs familles alors même qu’il n’y a ni témoin, ni victime puisqu’il n’y a aucun acte. C’est ubuesque. Est aussi évoquée sa crainte d’une concertation entre coinculpé.es et complices même si toutes et tous les coinculpé.es ont été mis.es en liberté, qu’il n’a plus interrogé personne d’autre que moi depuis octobre 2021, et que j’ai attendu patiemment qu’il ait fini de m’interroger pour déposer cette demande de mise en liberté.

    Il aurait pu être comique dans d’autres circonstances de constater l’utilisation à charge de faits anodins comme : jouir de mon droit à circuler librement en France et en Europe, de mon mode de vie, de mes opinions politiques, de mes pratiques sportives, de mes goûts pour le rap engagé ou les musiques kurdes.

    Le juge d’instruction s’en prend à ma mère en la désignant comme n’étant pas une garantie valable pour la simple raison qu’elle n’a pas empêché son fils âgé de 33 ans à l’époque de rejoindre les forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech. Encore une fois, c’est ma participation dans ce conflit qu’on criminalise. Il lui reproche également l’utilisation d’applications cryptées (WhatsApp, Signal, Télégram…) comme le font des millions de personnes en France. Enfin, il dénigre tout d’un bloc toutes les autres options de garanties (travail, hébergement…) sans rien avoir à leur reprocher alors même que les personnels du SPIP dont c’est le métier ont rendu un avis favorable.

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    Comment alors comprendre qu’après avoir ordonné ces enquêtes de faisabilité signifiant la possibilité de me remettre en liberté avec bracelet électronique, le juge des libertés et de la détention malgré le rendu refuse ensuite de la mettre en place ? Nous sommes nombreux et nombreuses à constater que dans toute cette affaire la « justice » viole ses propres lois et est soumise à l’agenda politique de la DGSI.

    J’ai récemment appris de la bouche même du directeur des détentions de la maison d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remercie pour sa franchise, que mon placement et mon maintien à l’isolement étaient décidés depuis le premier jour par des personnes très haut placées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dossier ne sera même pas lu et je resterai au quartier d’isolement et que de toute façon rien ne pourrait changer avant les élections présidentielles.

    *

    Puisque l’on cherche à criminaliser les militants et militantes ayant lutté avec les Kurdes contre Daech,

    Puisque l’on utilise la détention soi-disant provisoire dans le but de punir des opinions politiques,

    Puisque cette histoire n’existe qu’à des fins de manipulation politique,

    Puisqu’aujourd’hui on ne me laisse comme perspective que la lente destruction de mon être,

    Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18 heures, je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liberté en attendant de démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation.

    Libre Flot.

  • Discussion-cantine anticarcérale avec l’Envolée le samedi 12 février à Lyon

    Discussion-cantine anticarcérale avec l’Envolée le samedi 12 février à Lyon

    Dans le prolongement de la manifestation contre les Centre de Rétention Administrative et toutes les prisons qui aura lieu le samedi 12 février 2022, nous vous convions à une discussion-cantine avec le journal anticarcéral l’Envolée et le collectif Lyonanticra à 18h à l’Île égalité (Villeurbanne).

    DISCUSSION SUR LA SITUATION DANS LES PRISONS EN TEMPS DE COVID

    Après la manifestation du samedi 12, nous vous proposons une discussion sur la situation des prisons et des mobilisations à l’intérieur et depuis l’extérieur avec l’Envolée et le collectif Lyonanticra.

    L’Envolée est un journal et une émission radio contre toutes les prisons. C’est avant tout un porte-voix pour les prisonniers, prisonnières, et leurs proches, qui critiquent leurs conditions d’enfermement.

    Depuis deux ans, le Covid 19 est le prétexte d’une déferlante sécuritaire et technopolicière sur nous tous et toutes. Difficile de trouver des prises pour réagir. Derrière les murs des prisons, des centres de rétention administrative (CRA), ou des hôpitaux psychiatriques, massivement ignorées par le reste du monde, les personnes enfermées subissent cette déferlante, qui va de pair avec une dégradation ahurissante de leurs conditions d’enfermement.

    Le manque de soin est structurel dans les lieux d’enfermemen
    t : face au Covid, les personnes n’y sont ni protégées ni soignées. La réponse est gestionnaire et ultra-sécuritaire. Les malades, les personnes positives, ou les personnes qui ont été en contact avec leurs proches sont placées à l’isolement, mesure de torture blanche, qui est habituellement une sanction.

    Sous prétexte sanitaire, l’interdiction de contacts physiques entre les prisonnier.e.s et leurs proches est en vigueur depuis le printemps 2020, dans l’indifférence généralisée. Appliquée arbitrairement selon les prisons, les moments et l’humeur des matons, elle met en péril l’un des rares moments de soulagement pour les enfermé.e.s et leurs proches. A l’inverse, la matonnerie va et vient sans être soumise aux contraintes imposées aux autres (pass, tests et cie.)

    Des améliorations des conditions de détention, qui avaient été acquises au fil des combats des prisonniers et prisonnières, sont ainsi brutalement remises en cause, et il sera dur de les gagner de nouveau.

    Nous vous proposons une discussion pour échanger informations et questions sur les impacts directs et indirects de la crise sanitaire dans les lieux d’enfermement. N’hésitez pas à participer.

    Mutineries, pétitions, grèves de la faim… Nous reviendrons aussi sur les diverses mobilisations et solidarités qui ont eu lieu depuis 2020 dans ce contexte très difficile. Nous parlerons du rôle de l’Envolée et des collectifs anti-CRA pour faire circuler la parole des premiè.res concerné.es dans ces combats, et vous invitons à venir échanger sur diverses initiatives…

    PRESENTATION DU LIVRE : La peine de mort n’a pas été abolie…

    Nous en profiterons pour présenter ce livre publié en septembre 2021 par l’Envolée et les Editions du Bout de la ville, à l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la guillotine.

    Ce livre affirme que la peine de mort n’a pas été abolie parce que :

    -  la prison est une machine à provoquer les suicides ;
    -  depuis 1981 les tribunaux prononcent beaucoup plus de peines d’enfermement, et de plus en plus longues, alors que les aménagements de peine sont en réalité très difficiles à obtenir ;
    -  la prison enterre vivants de nombreux prisonniers et prisonnières dans les Quartiers d’isolements et autres centrales utlra sécuritaires, qui ont remplacé les QHS (quartiers haute sécurité) soi-disant abolis ;
    -  on meurt en prison par manque de soins, et que la justice refuse souvent de faire sortir les prisonnier.e.s gravement malades,
    -  les brutalités policières et pénitentiaires tuent, l’administration et la justice couvrent. Et des proches de personnes décédées dénoncent cela et se mobilisent.

    Ce livre est un recueil de lettres de prisonniers et prisonnières et de prises de paroles de proches, parce qu’ils et elles ont trop rarement la parole, alors qu’ils et elles sont les mieux placés pour dénoncer le système carcéral.

    Après la manifestation qui débute à 14h place Bellecour, venez donc discuter de ces perspectives anticarcérales à partir de 18h à l’Île égalité ! (6 rue de l’égalité à Villeurbanne)

    A la fin de la présentation, on pourra continuer les discussions autour d’un repas.

    A bas les cra et toutes les prisons !
    Liberté pour tout.es les prisonni.eres !

  • Rassemblement pour Jimony devant le tribunal de Meaux le 19 janvier 2022

    Rassemblement pour Jimony devant le tribunal de Meaux le 19 janvier 2022

    Le 25 janvier 2021 après seulement trois semaines de détention provisoire, Jimony est humilié, lynché, battu et TUÉ par des surveillants pénitentiaires de la prison de Meaux-Chauconin. Pourquoi ? Pour une histoire de changement de cellule. Ce jour là, Jimony avait besoin d’une assistance médicale. Mais plutôt que de lui apporter les soins nécessaires, ils l’ont tué. Leur lynchage a entraîné l’arrêt de son cœur, ils n’ont même pas pris la peine de le réanimer immédiatement. Ils le laissent inconscient dans sa sombre cellule du mitard, en arrêt cardiaque. Les séquelles sont irréversibles, il est en mort cérébrale, il décède le 02 février, une semaine plus tard. Malgré de sombres magouilles de la part du directeur de la prison pour tenter de camoufler la vérité, d’honnêtes surveillants la dénoncent. L’enquête pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner est ouverte. Neuf mois plus tard, les investigations continuent dans ce pays où la justice est d’une lenteur pitoyable. Cependant, Madame la juge n’a toujours pas daigné mettre les accusés en examen dans la procédure. Alors aujourd’hui, il est temps ! Il est temps une nouvelle fois de se mettre debout et de dénoncer la réalité des prisons françaises et les criminels assermentés qui y agissent impunément. Le mercredi 19 janvier 2022 à 12h nous allons venir prouver à Madame la juge que nous n’allons jamais baisser les bras. AMIS de Jimony, CONNAISSANCES de Jimony, SOUTIENS de Jimony, toute personne touchée de près ou de loin par notre drame, REJOIGNEZ NOUS ! ON A BESOIN DE VOUS! Vous étiez presque 2000 personnes il y a 9 mois lors de son décès. Et on vous en remercie du fond du coeur. Ce jour là on vous a exprimé que le combat serait long et que notre famille aurait besoin de vous les mois et les années à venir. Personne n’est à l’abri de se retrouver en prison, nous, vous ou bien un de vos proches.Quand la police ne vous tue pas c’est la prison qui le fait! Puis la justice vous achève en ne faisant pas son devoir.Parce que plus aucun de nos frères, de nos sœurs ne devraient subir le sort de Jimony et de tous ceux qui y ont laissé la vie ou une partie d’eux mêmes.

    Le comité Justice pour Jimony que vous pouvez retrouver sur facebook et instagram

    https://twitter.com/l_envolee/status/1480630476121554951?cxt=HHwWjoC-zdjkoIwpAAAA
  • À la mémoire de Sambaly, tué par les matons et en soutien à ses proches

    À la mémoire de Sambaly, tué par les matons et en soutien à ses proches

    Plus d’infos sur la page de Casse Murailles & là.

    Les 29 et 30 novembre prochains, 7 maton·nes de la maison centrale de St-Martin-de-Ré passeront en procès à La Rochelle. Quatre seront jugé·es pour homicide involontaire, deux pour non-assistance à personne en danger et un·e pour violences volontaires. En plus de ces 7 maton·nes, deux autres figuraient sur la liste des prévenus mais ils se sont suicidés au cours l’enquête, peu avant leurs auditions respectives.

    Ces maton·nes sont jugé·es pour leur responsabilité dans la mort de Sambaly Diabaté – un prisonnier de la prison de St-Martin-de-Ré, décédé au cours d’un transfert à l’intérieur de l’enceinte de la prison le 09 août 2016.
    Les circonstances de sa mort sont plus que suspectes : Sambaly disait savoir beaucoup de choses sur le fonctionnement interne de cette prison, notamment au sujet de trafics entre maton·nes et prisonnier·es. À l’été 2016, sa soeur qui a l’habitude de lui rendre visite est en vacances, sa situation se dégrade. Alors qu’il se sentait menacé, il tombe malade et perd une vingtaine de kilos en 3 semaines. Il est dans un état léthargique et n’a même plus le réflexe d’aller aux toilettes. Il peine à se déplacer comme à parler. Sa soeur lui a rendu visite le 05 août et a eu du mal à le reconnaître tellement il était amaigri et affaibli. Sambaly avait alors déjà appelé sa mère pour lui faire ses adieux en lui disant qu’il serait bientôt tué. Le pensant malade, sa soeur a demandé qu’il soit hospitalisé de toute urgence. Malheureusement, à la veille du week-end, une hospitalisation semblait impossible pour la directrice de la prison, mais elle s’est engagée à le faire hospitaliser le lundi. Quand sa soeur a téléphoné le lundi, on lui a répondue qu’il allait nettement mieux et qu’il n’avait plus besoin d’aller à l’hôpital. Le lendemain elle a reçu un appel lui annonçant la mort de Sambaly. Arrivée sur place avec sa soeur et sa cousine, une matonne s’est précipitée pour leur dire « ils n’auraient pas du faire ça »… La matonne a elle-même tenté de se suicider au cours de l’enquête.

    Toutes ces circonstances troublantes ont été confirmées par un autre prisonnier, Jean- Christophe Merlet, témoin du transfert de Sambaly vers l’autre quartier de la prison. Dans les jours qui ont suivis, JCM a voulu parler : le 21 août, la même équipe de maton·nes a cherché à le faire taire en le rouant de coups. Elle n’a pas eu le temps d’arriver à ses fins du fait de l’irruption inattendue d’un autre maton, mais JCM en est tout de même ressortit avec de lourdes atteintes physiques, neurologiques et respiratoires. Il a perdu l’usage de ces jambes dans cette agression. Depuis, il réclame à se faire auditionner pour témoigner des circonstances de la mort de Sambaly. Il tente aussi que les maton·nes soient poursuivi·es mais l’administration pénitentiaire met tous ses moyens en oeuvre pour étouffer sa parole. D’ailleurs, elle
    s’acharne pour ne pas le libérer, alors que son état de santé a été déclaré incompatible avec la détention – déjà au printemps 2017 puis à l’été 2020. L’administration a réussi à le maintenir en détention – et donc loin des micros et caméras – par le biais des procédures kafkaïennes qui lui sont propres.

    L’histoire de Sambaly n’est pas rare : la prison tue chaque année près de 130 prisonnier·e·s et les circonstances de ces morts sont toujours obscures. La parole de la matonnerie est la seule à pouvoir sortir des taules et elle sera toujours validée par la hiérarchie. À l’heure où l’État célèbre les 40 ans de la suppression de la guillotine et où ce procès risque d’être la démonstration que l’institution pénale couvrira toujours l’horreur carcérale, soyons nombreux·ses devant le tribunal de La Rochelle pour dénoncer cette mascarade et soutenir la famille Diabaté dans son combat pour éclaircir les circonstances de la mort de Sambaly.

    RASSEMBLEMENT AU TRIBUNAL DE LA ROCHELLE LES 29 ET 30 NOVEMBRE 2021 À 08h30
    12, rue du Palais

  • 10 mois en prison pour des inculpés du 8/12 : Lettre du QI & libérations sous contrôle

    10 mois en prison pour des inculpés du 8/12 : Lettre du QI & libérations sous contrôle

    Nous reproduisons ci-dessous le communiqué des Comités du 8 décembre publié le 28 octobre, agrémenté de deux liens qui actualisent la situation depuis. Vous trouverez ensuite le lien vers une énorme lettre de Libre Flot, qui est toujours au quartier d’isolement (à lire absolument!), et des contributions des deux derniers libérés de cette histoire, enfin dehors, sous contrôle judiciaire.

    10 mois derrière les barreaux pour des inculpé.es du 8 décembre

    Le 8 décembre 2020, plusieurs perquisitions ont eu lieu aux quatre coins de la France, menant à l’arrestation de neuf personnes. Après 96h de garde à vue dans les locaux de la DGSI, sept d’entre-elleux sont mis.es en examen pour « association de malfaiteurs à caractère terroriste en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes dépositaires de l’autorité publique ». Cinq de ces personnes sont alors incarcéré.es, tout.es sous le statut de « détenu.es particulièrement surveillé.es » (DPS). Fin avril 2021, après cinq mois de privation de liberté, deux d’entre elleux sont libéré.es. Très récemment, à la mi-octobre 2021 suite à une demande de mise en liberté, un autre compagnon est libéré sous contrôle judiciare, bien que le parquet ait fait appel, en vain. Un autre accusé a été libéré sous contrôle judiciaire très peu après.

    Un des prévenus est placé à l’isolement depuis son arrestation le 8 décembre 2020, c’est-à-dire privé de tout contact avec d’autres détenus. Son isolement dure depuis dix mois et a été reconduit pour trois mois supplémentaires le 8 septembre 2021. Cette situation doit cesser au plus vite. Pour en témoigner, nous reproduisons ici une lettre qu’il a écrite depuis sa cellule d’isolement cet été.

    Concernant les mis.es en examen, les faits qui leur sont reprochés sont flous, les liens entre elleux également, certain.es ne s’étant jamais rencontré.es auparavant. Le scénario de la DGSI1 semble avoir été pré-écrit et être le résultat d’une construction policière à visée politique, avec la création de figures de coupables idéaux et d’une structure pyramidale.

    Ces arrestations interviennent dans un contexte politique de criminalisation croissante des mouvements sociaux. Le recours à l’accusation d’association de malfaiteurs est toujours plus utilisée pour casser les collectifs militants et écraser les luttes.

    Nous assistons depuis plusieurs années à une surenchère législative : loi sécurité globale, loi séparatisme, décrets Darmanin2, loi SILT3… L’autorité administrative prend le pas sur le judiciaire. Avec la mise en œuvre d’une forme de justice prédictive, désormais tout le monde est présumé coupable, et les personnes sont jugées sur des intentions et des présomptions d’intention.

    Par ailleurs, nous observons également un énième changement de doctrine de la France sur la question kurde, avec l’arrestation de militant.es kurdes en mars 2021 et la criminalisation des personnes ayant combattu au Rojava4, considérées un temps comme alliées dans la lutte contre Daesh et à nouveau perçues comme des « ennemi.es de l’intérieur » et des terroristes.

    La criminalisation des opposant.es politiques par le biais de l’accusation d’association de malfaiteurs donne lieu à des écoutes et des techniques de surveillance intrusives. L’interdiction d’entrer en contact avec d’autres mis.e.s en cause rend impossible toute solidarité entre elleux et les prive de relations intimes et précieuses avec leurs proches. Les notes blanches5, outil de l’antiterrorisme et des renseignements territoriaux, deviennent monnaie courante, empêchant les prévenu.es et leur défense d’avoir accès au contenu de leur dossier en intégralité.

    Nous dénonçons également les conditions d’incarcération en France, régulièrement épinglées par les arrêts de la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) :

    – quartiers disciplinaires où les conditions de détention opaques échappent au droit commun et violent les conventions internationales

    – conditions d’incarcération d’exception

    – recours à l’isolement comme moyen de pression

    – morts suspectes dans les quartiers disciplinaires

    – surpopulation carcérale

    L’Etat déclenche un grand « plan prison », soi-disant pour désengorger les prisons surpeuplées (construction de huit nouvelles prison sur le territoire, livrables en 2027, impliquant un coût faramineux), laissant croire qu’il se soucierait de la dignité des prisonnier.es, alors que ses visées sont avant tout économiques et répressives, et que l’on voit le nombre de prisonnier.es augmenter d’année en année.

    Les conditions d’arrestation et de détention, pour nos camarades comme pour toutes les personnes mises à l’ombre, sont aussi déplorables que scandaleuses.

    Les déplacements lors des arrestations du 8 décembre 2020 sont conditionnés : les prévenu.es sont encagoulé.es et entravé.es (camisole immobilisant les bras le long du corps via des sangles). Par la suite, on rapporte l’absence d’avocat.e pendant de très longues heures, la privation de sommeil et de nourriture, des interrogatoires lunaires portant plus sur des opinions et orientations politiques que sur des faits. Toutes ces méthodes constituent un non-respect de la présomption d’innocence. Cela a également un impact sur les proches, qui, démuni.es, ne savent vers qui se tourner, tétanisé.es par la peur.

    Nos camarades ont tou.tes été placé.es en détention sous le statut DPS : deux surveillant.es sont mobilisé.es à chaque déplacement, voire un.e gradé.e, compliquant l’accès aux soins, aux douches, aux parloirs ; pas d’accès aux activités collectives ni au travail ; brimades ; fouille corporelle intégrale avant et après chaque parloir ; changements de cellule ou de bâtiment, alors même que les habitudes et la routine sont cruciales pour la santé mentale des détenu.es.

    Notre camarade toujours maintenu à l’isolement subit non seulement toutes ces privations, mais est également cantonné en promenade seul, dans une cour de 20 mètres carrés recouverte par un grillage. Son accès aux soins est entravé, notamment concernant ses demandes de consultation auprès du médecin, du dentiste et du psychologue. Les conséquences sur sa santé mentale sont délétères, puisqu’il subit des pertes de repères spatio-temporels et des pertes de mémoire. Son isolement est renouvelé tout les trois mois depuis son incarcération, soit depuis dix mois, les nombreux recours et demandes de référés ont tous été rejeté sans plus d’arguments.

    Nous exigeons la libération immédiate de nos camarades et la fin de la détention provisoire pour tous. Nous demandons également que l’ensemble des prévenu.es aient accès à tous les éléments du dossier, la fin de la mise à l’isolement comme outil de répression pour broyer les détenus et la fin de la criminalisation des militants politiques et des poursuites contre elleux.

    1. Direction Générale de la Sécurité Intérieure

    2. Décrets Darmanin : trois décrets du ministère de l’Intérieur, publiés le 04 décembre 2020, visent à élargir les possibilités de fichage dans le cadre d’enquêtes menées par la police, la gendarmerie ou encore de la part de l’administration. Concrètement, les fichiers de prévention des atteintes à la sécurité publique visaient initialement « les personnes susceptibles de prendre part à des activités terroristes ou d’être impliquées dans des actions de violences collectives », une définition large qui permet d’y intégrer, outre des individus présentant une « radicalisation du comportement », des personnes ayant pris part à « des manifestations illégales » ou à des « actes de violence ou de vandalisme lors de manifestations sportives ». Désormais, ces fichiers permettront également d’enregistrer des informations concernant des personnes morales ou des groupements, comme des associations. De plus, le champ de ces fichiers a été élargi aux atteintes « à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République » et à la « sûreté de l’Etat (…) qui relève des activités susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », précisent les décrets.  Source : La Quadrature du Net

    3. Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme

    4. Territoire autonome situé au Kurdistan syrien

    5. Ordinaires rapports des services de renseignement, non signés, n’indiquant pas la source de leurs informations, parfois extrêmement vagues et abstraites ou fondées sur de simples rumeurs et autres dénonciations vindicatives. Source : La Quadrature du Net

    https://paris-luttes.info/et-de-quatre-15463
  • Tournée de présentation de notre livre « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Tournée de présentation de notre livre « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Nous entamons une tournée de présentation de notre livre qui vient de paraître chez nos camarades des Éditions du bout de la ville. Voici les premières dates annoncées pour septembre – octobre 2021. N’hésitez pas à nous contacter à contact@lenvolee.net pour nous inviter à venir dans votre région. On ne doit pas laisser l’État se gargariser de l’abolition de la peine de mort quand tant de personnes meurent chaque année en prison, à petit feu ou violemment. Il nous faut faire entendre les voix des prisonniers, des prisonnières et des proches de personnes mortes dans les mains de la police ou des surveillants.

  • Nous serons le week-end des 2 et 3 octobre à Rennes, dans le cadre de « Qui terrorise qui ?, 20 jours contre les violences d’État » :
  • Le samedi 2 octobre, rassemblement et discussion avec L’Envolée et le Collectif Anti-Répression Grenoble. Sur les violences du système pénal : la situation actuelle des prisons et des CRA, la réforme Ducont-Moretti, l’association de malfaiteurs, etc…
    A partir de 14 h, parc du Berry, sous la halle couverte Villejean, goûter prix libre.

    Le dimanche 3 octobre, présentation du livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » et discussion : « Quelles luttes anti carcérales aujourd’hui ? Comment se défendre contre le QI et le mitard ? »
    Rendez-vous à 11 h aux Ombres Électriques, 10 rue des Trente. Repas végétarien / végan à prix libre.

  • Nous serons le jeudi 7 octobre au bar Le Saint-Sauveur pour une discussion publique sur la mascarade de l’abolition. Rendez-vous à 19 h au 11, rue des Panoyaux dans le vingtième arrondissement de Paris.
  • Nous serons le vendredi 8 octobre à la librairie El Ghorba mon amour accompagné.e.s de Fatou Dieng du comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, du collectif Vies Volées et du Réseau d’Entraide Vérité et Justice. Nous présenterons le livre et animerons une discussion sur les violences policières et pénitentiaires.
  • Rendez-vous à 19 h au 148-152, boulevard des Provinces françaises à Nanterre.

  • Nous serons le samedi 9 octobre à la librairie Publico pour une présentation du livre.
  • Rendez-vous 16 h 30 au 145, rue Amelot, dans le onzième arrondissement de Paris.

  • Le dimanche 10 octobre, rendez-vous à 14 h à La Parole Errante, au 9, rue François Debergue à Montreuil. Nous participerons à une discussion publique avec le Réseau d’Entraide Vérité et Justice sur le thème : « La peine de mort n’a jamais été abolie. »
  • Montreuil, le weekend des 9 & 10 octobre : 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021. Pour toutes les victimes des crimes d’état (lien).
    Marche pour Ibrahima Bah samedi 9 à Sarcelles (13h).

    Merci aux librairies, bars et groupes qui nous ont invité.e.s. Nous espérons vous voir nombreux et nombreuses. Nous vous rappelons que le livre est gratuit pour toutes les personnes enfermées, vous pourrez nous communiquer directement les coordonnées de vos proches pour qu’ils le reçoivent.

  • [Visuels à imprimer] 40 ans que la peine de mort… existe encore !

    [Visuels à imprimer] 40 ans que la peine de mort… existe encore !

    Ces 13 visuels ont été conçus pour la sortie de notre livre « La Peine De Mort N’a Jamais Été Abolie » paru aux Éditions du bout de la Ville. Une manière parmi d’autres, que nous souhaitons nombreuses, de rappeler que le 9 octobre 2021, ça fera 40 ans que la peine de mort existe encore (c’est la guillotine qui a été abolie !). Ce sont les prisonniers et les prisonnières qui le disent, et ce sont hélas les mieux placé.e.s pour le savoir.

    Au moment où l’État français se gargarise de cette « grande victoire humaniste », il s’agit pour nous de troubler un peu la fête en exposant au grand jour la mascarade de la prétendue abolition. Nous aimerions que fleurissent dans les rues ces dits et écrits de prison, tous extraits du livre. Nous vous invitons donc à imprimer, afficher, faire passer ces paroles des premiers et premières concerné.e.s… Faites tourner sans modération, dans tous les formats possibles !

    Campagne d’affichage « La peine de mort n’a jamais été abolie »

    Vous trouverez dans ce dossier tous les visuels, prêts pour une impression A3, au format PDF : AFFICHES
    Si urgent, ou si vous aimeriez des stickers, contactez-nous à contact@lenvolee.net

  • Le livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » est disponible !

    Le livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » est disponible !

    L’État français aurait aboli la peine de mort le 9 octobre 1981. En réalité, la guillotine a été remplacée par des peines infinies qui tuent à petit feu. Des dizaines de personnes meurent chaque année derrière les murs. Violence des surveillants, manque de soin, désespoir…
    Depuis 40 ans, des prisonniers prennent la parole et dénoncent la mascarade de l’abolition : « Nous, prisonniers qui vivons dans le ventre de la bête carcérale, nous adressons cette supplique à ceux qui, réunis, fêterons l’anniversaire. Les prisons actuelles sont des mouroirs… »
    Joyeux anniversaire ?

    Nous sommes fier.e.s de vous annoncer que le nouveau livre de l’équipe de L’Envolée a paru chez Les éditions du bout de la ville. Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir pour le quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort. Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
    Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies, et sur la boutique de la maison d’édition. Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches.

    Voici les différentes entrées de chapitres qui composent le livre, sinistre aperçu des modalités par lesquelles l’État continue de supprimer les indésirables :

  • Mobilisation contre les violences pénitentiaires, les morts suspectes en prison et les quartiers disciplinaires

    Mobilisation contre les violences pénitentiaires, les morts suspectes en prison et les quartiers disciplinaires

    Le 30 mai 2021, à Lyon et ailleurs.

    En septembre 2020, Idir est mort de façon très suspecte au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas. Depuis, sa famille se mobilise pour obtenir vérité et justice. L’association Idir Espoir et Solidarité dénonce les mitards : il faut fermer ces « couloirs de la mort » (signez leur pétition ici). Elle se mobilise en lien avec d’autres, contre les violences d’État : policières et pénitentiaires. Alors, pour le 30 mai 2021, le collectif Espoir et solidarité, rejoint par Le réseau Entraide Vérité et Justice, est à l’origine d’un appel à se mobiliser partout en France.

    L’appel pour Lyon :

    « Toute celles et ceux qui sont indigné.e.s par les violences pénitentiaires sont invitées à participer aux mobilisations qu’il y aura dans leur ville. Le 30 mai va devenir une journée de lutte annuelle pour porter la voix des prisonnier.e.s ! A Lyon, le collectif Idir Espoir et Solidarité organisera une mobilisation à 14h sur la place Bellecour. Des témoignages de prisonnier.e.s et de familles de victimes seront entendus. Il y aura une sensibilisation aux conditions des détenu.e.s et des discussions autour de ces questions qui font souffrir tant de familles. Cette mobilisation doit rassembler toutes celles et ceux qui luttent afin qu’une vraie justice soit faite pour les victimes de violences carcérales ! »

    Ecoutez l’appel audio réalisé par Najet, la mère de Idir :

    Appel du Réseau Entraide Vérité et Justice :

    « Créé en février 2021, le Réseau Entraide Vérité & Justice est un réseau qui a pour vocation d’aider les victimes de violences d’Etat, qu’elles soient des violences ou des crimes policiers, des crimes ou violences carcérales. Il regroupe des familles de victimes, des mutilé.e.s, des blessé.e.s, des collectifs anti-répression… »

    « (…) En France, en prison, on ne fait pas que vivre mal. Comme nous le dénoncions lors de notre marche de Mars dernier, la prison tabasse aussi en bande organisée et tue en silence. Le 9 septembre 2020, Idir Mederes, était retrouvé pendu dans sa cellule. Bien qu’un détenu ait affirmé qu’Idir avait été passé à tabac par des surveillants, l’enquête piétine et la famille n’arrive pas à obtenir Vérité et Justice. Pourtant, si prison il doit y avoir, c’est pour punir et non pas pour mourir !
    Pour toutes les raisons que nous venons d’invoquer, le Réseau d’Entraide Vérité et Justice ainsi que l’association « Nous sommes Idir » invitent toutes celles et tous ceux qui sont indigné-es par les violences pénitentiaires à nous rejoindre le 30 mai 2021 dans le cadre de la mobilisation nationale pour la dignité et le respect des détenu.e.s, contre les violences pénitentiaires, les crimes maquillés en suicides, et l’injustice carcérale, pour l’abolition des mitards et la justice pour toutes et tous !  » (lire l’intégralité de cet appel ici)

    Les mobilisations prévues le 30 mai 2021 :

    • Lyon, 14h place Bellecour : rassemblement, informations et discussions, prises de paroles.
      Suivi d’une discussion avec le collectif Espoir et Solidarité, L’Envolée… (précisions ici)

    Rejoignez-nous ! Et n’hésitez pas à organiser un évènement près de chez vous et nous contacter.

    Contacts :

    • Réseau d’Entraide Vérité et Justice
      lien FB
      contact mail : reseau.veriteetjustice (arobase) protonmail (point) com

    D’autres infos sur les violences pénitentiaires et les mitards :

    Mini-vidéo « Fermer les mitards # 4 : Trop de morts au mitard »

    Texte de l’Envolée sur les violences pénitentiaires

    Autres liens :

  • Compte-rendu du procès des mutins d’Uzerche

    Compte-rendu du procès des mutins d’Uzerche

    Au tribunal de Nantes le 22 février 2021

    Le 22 mars 2020, quelques jours après le début du premier confinement, une mutinerie a éclaté au centre de détention d’Uzerche. Les détenus des bâtiments C et D se sont révoltés, ils sont sortis de leurs cellules et ont éclaté les portes et les grilles. Certains sont montés sur les toits, d’autres ont envahi des zones habituellement interdites aux prisonniers, incendié les bureaux administratifs et des postes de contrôle. Les matons se sont enfuis et les prisonniers ont tenu la taule pendant une dizaine d’heures avant que les Eris ne la reprennent violemment, appuyés par des forces de police des alentours, dont le PSIG. Les prisonniers ont clairement donné les raisons de cette mutinerie dans un communiqué de revendication : face à la gestion calamiteuse de la pandémie en détention, ils réclamaient les mêmes moyens de protection contre le virus qu’à l’extérieur, d’autant que leurs conditions de détention les exposent à un risque accru. Ils exigeaient aussi d’être clairement informés de l’impact des mesures sanitaires sur le fonctionnement de la détention : parloirs, activités, promenades, cantines, etc. Cette révolte et les suivantes ont finalement obligé le gouvernement à réagir –  très timidement, et principalement par des déclarations aux médias.

    En répression de cette révolte, et aussi du fait que des bâtiments sont inutilisables, 336 prisonniers ont été transférés aux quatre coins de la France, et depuis juin 2020, les procès s’enchaînent : il y a 53 inculpés pour 14 procès différents. Certains ont déjà eu lieu, à Limoges, Evreux, Chartes, Mont-de-Marsan, Tulle ou Agen. Même s’il y a quelques relaxes, les peines sont lourdes : la plupart du temps, d’un à trois ans de prison. C’est la stratégie du ministère public : pas question de faire un grand procès de la mutinerie où l’administration pénitentiaire et son ministère de tutelle risqueraient de se retrouver sur la sellette. Vu les conditions de détention imposées aux prisonniers pendant le premier confinement, on préfère juger individuellement et distribuer des condamnations pour dégradations, destructions ou violences dans le plus grand silence médiatique.

    Le 22 février 2021, trois prisonniers inculpés pour la mutinerie passaient en procès au tribunal de Nantes – presque un an après les faits. Un quatrième, également transféré à Nantes, a été relâché depuis ; il sera jugé plus tard à Bordeaux. Des jugements individuels …pour des actes que les procureurs s’acharnent pourtant à désigner comme collectif aux procès.

    Nous étions quelques-un.e.s aux procès, pour tenter de soutenir par nos regards et nos rires les accusés qui comparaissaient comme détenus, et donc encagés dans un box de Plexiglass.

    Deux des inculpés ont comparu sans avocat malgré leur demande. La juge a savamment feinté en disant : « on va statuer là-dessus » – sans préciser qu’il s’agissait de statuer sur un renvoi, ce qui ne se fait pas à la demande des inculpés, et débouche sur une décision sans appel. Les juges n’avaient plus qu’à rejeter ce renvoi au prétexte que le droit de demander un avocat est inscrit sur la convocation et qu’ils n’avaient qu’à prendre leurs dispositions… alors qu’ils avaient bel et bien demandé à être défendus. Le procureur a pour sa part insisté sur la nécessité d’« aller vite ».

    Les trois étaient sensiblement accusés des même faits : des dégradations, des destructions et des violences sur dépositaires de l’autorité publique avec plus de huit jours d’ITT. Le tout assorti de circonstances aggravantes : la cour s’est servie de comptes rendus d’incidents pour présenter les faits comme des récidives. Il ressort pourtant des débats que contrairement à un détenu atteint à la gorge par une balle en caoutchouc, aucun maton n’a été blessé, puisqu’ils se sont enfuis dès le début. En fait, les ITT sont consécutives à un « choc psychologique et émotionnel  très important ». Bien sûr ! C’est de grands sensibles… surtout quand il faut charger les accusés.

    On a vite appris que les accusations sont basées sur des vidéos, celles des caméras de surveillance et d’autres trouvées sur les réseaux sociaux, et sur des témoignages de matons. Ils étaient une vingtaine à se porter partie civile, en plus du centre de détention, du trésor public et de …la Sodexo, sinistre entreprise d’hôtellerie et de restauration qui fait son beurre dans le bizness de l’enfermement.

    Après le rappel des faits, la juge  a enchaîné sur le visionnage de l’extrait d’une vidéo trouvée sur Facebook, histoire de se mettre dans l’ambiance. On n’y voit guère qu’un peu de bordel en coursive et des prisonniers en train de goûter un peu de liberté : quelques dizaines marchent sur des pelouses qui leur sont interdites, d’autres se servent des lances à incendie… On est loin des ravages décrits ici et là, Mais apparemment, c’était déjà trop pour les juges. Sur le contexte, sur le Covid-19 en prison… pas un mot.

    A la juge qui demandait si la lecture des dépositions de leurs dépositions les ennuyait, un des accusés répond qu’ils sont enfermés dans les geôles du tribunal depuis 10 h 30. Faut dire qu’il est alors pas loin de 19 heures…

    Le premier accusé, A, reconnait les faits de dégradation. Avant la destruction des caméras de surveillance, il a été filmé en train de défoncer une porte avec un chariot. Il reconnaît s’être introduit dans le bureau du chef de détention mais maintient qu’il n’est pas monté sur les toits et n’a croisé aucun maton. Il nie donc les violences et les destructions, n’ayant également pas participé aux incendies. Il reconnait avoir cassé une grille, puis érigé une barricade. Ayant déjà participé à un mouvement, il savait comment ralentir les Eris qui n’ont pas tardé à débouler.

    Il explique que les prisonniers ont décidé de tout casser lorsqu’ils se sont aperçus qu’ils se faisaient tirer comme des lapins par les Eris à coups de balles en caoutchouc. A la question de la juge : « Mais ils auraient dû faire quoi, les Eris, attendre que ça se calme ? », visant à justifier les tirs, il répond : « Oui, ça aurait été mieux : on était désarmés, nous. » Il était à ce moment-là auprès du prisonnier touché à la gorge dont il n’a cessé de s’occuper. Il a l’air d’en avoir gros sur la patate de la détention et de ce procès. Loin de démentir la juge et les matons qui le désignent comme un meneur, il assume sans se laisser démonter.

    B, le deuxième accusé, n’a que 21 ans, et il est libérable fin Mars. Il est inculpé sur la foi d’une vidéo Snapchat qui ne figure d’ailleurs au dossier que par quelques copies d’écran et de témoignages de matons qui l’identifient. Le soir même de la mutinerie, ceux-ci se sont en effet escrimés à éplucher les vidéos en ligne pour identifier des prisonniers – de façon plus ou moins approximative vu leur qualité. Sur celle-ci, on voit B. dans un couloir, en train de faire un signe. Il explique qu’il n’a rien fait de plus. Il est resté dans sa cellule et il n’est sorti que dans son couloirau moment où une personne filmait. Il a alors fait un signe « pour faire sont intéressant ». Les matons prétendent le reconnaître à un autre moment, en train de donner des coups de pied dans une porte, ce qu’il nie. Décidément, il n’y a rien dans le dossier. B. profite de son passage au micro pour dénoncer quelques faits. Alors que le procureur a dit qu’il n’y a eu aucune sanction disciplinaire suite au mouvement (comme si le transfert n’en était pas déjà une), il rétorque qu’il a passé deux mois au quartier des arrivants lors du transfert à Nantes, une façon de l’isoler, et que les matons de Nantes « lui font la misère ». Sa cellule est fouillée tous les deux jours et il se prend des réductions de crédit de remise de peine pour des motifs aussi fumeux que la possession de feuilles de papier a cigarettes…

    Le dossier de C., le troisième prévenu, est encore plus mince. Sur la vidéo Facebook, on le voit juste rigoler avec quelques autres détenus dans un couloir. C’est tout. Lui explique que quand il a vu le bordel, il a surtout pensé à protéger ses affaires pour éviter les vols. Il se dit très déçu que les matons se soient enfuis dès le début : « S’il se passe quelque chose, il n’y a personne pour nous protéger ! » Et surtout, « ceux qui sont censés faire respecter la loi ne la respectent pas eux-même : lors du transfert à Nantes, j’ai perdu la moitié de mes affaires. Ils m’ont volé la moitié de mon paquetage !»

    D’autant moins bavards qu’ils ont déjà fait une déposition en garde à vue et que leur journée a déjà été longue, tous trois refusent de parler d’autre chose que de ce qu’ils ont eux-mêmes fait ou pas : « On va pas tout vous raconter non plus, on est pas des journalistes ! »

    Le procureur tire de sa manche un arrêt de la cour de cassation pour tenter de persuader les juges que la seule présence des prévenus sur les lieux de la mutinerie en fait des coupables. Il épluche ensuite tout leur casier judiciaire et jusqu’au moindre compte-rendu d’incident en détention possible pour les dépeindre comme de dangereux criminels sans foi ni loi… mais à part ça, il n’a pas grand-chose. Il tente de prévenir la plaidoirie de l’avocat en prédisant qu’il dénoncera sûrement les conditions de détention d’une institution pourtant « sacralisée », dont le personnel « fournit un travail exemplaire ». Qu’est-ce qu’il faut pas entendre ! Il requiert  trois ans ferme et cinq ans de privation de droits civiques et de famille pour A : « C’est un meneur, il l’assume, alors il n’aura pas de problème à assumer ça aussi ! » Pour B, il demande deux ans ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme et neuf mois ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme pour C.

    L’avocat de A rappelle enfin le contexte de l’épidémie en prison. Il lit le communiqué des mutins pour rappeler le sens de cette révolte et dénonce l’éparpillement de petits procès visant à éviter de mettre en lumière le problème de fond du Covid-19 en prison et les manquements des autorités. « S’il fallait aller vite, faire un procès collectif aurait été bien plus efficace, plutôt que des procès éclatés un peu partout ! » Il souligne que les conditions de détention déjà dures ont encore été dégradées par les mesures sanitaires en prison. Puisqu’on ne juge pas une mutinerie, les accusés ne peuvent être poursuivis sur cette base, et doivent donc encourir les mêmes peines que pour des faits similaires accomplis individuellement à l’extérieur. Le déroulé des faits juxtapose des scènes distinctes sans lien entre elles ; contrairement au procureur, l’avocat y voit une preuve qu’il n’y a pas de « coaction » de son client dans les faits de destruction et de violence. Il relève l’absence des parties civiles. Même l’avocat des matons – qui s’est déplacé aux quatre coins de la France pour les autres procès – n’est pas là. Et puis les dommages sont extrêmement flous : on lâche le chiffre exorbitant de 2,4 millions d’euros, sans aucun détail. L’avocat demande donc la relaxe de son client pour les faits de destruction et de violences et une peine d’un an au plus pour les quelques dégradations assumées.

    Lors de leur dernière prise de parole, B et C disent leur dégoût : ils n’ont rien fait, ils n’ont pas d’avocats pour les défendre et ils risquent de lourdes peines. « Si j’avais fait quelque chose, neuf mois, je serais content ! Je suis en train de me dire que même quelqu’un qui a rien fait, il prend une peine ! »

    Après délibération, les juges prononcent la relaxe pour B et C. A prend un an ferme et cinq ans d’interdiction de port d’arme pour les dégradations. Pour une fois, comme il n’y avait vraiment rien dans le dossier, les juges n’ont pas suivi le procureur. Mais une chose est sûre : d’autres procès viendront, même s’il n’y a pas beaucoup d’informations là-dessus. Sans doute encore sans avocats ni soutiens extérieurs, comme cette fois-ci. Une justice d’abattage soucieuse de couvrir les actes de ceux à qui elle envoie tous les jours de la chair à prison. La juge a d’ailleurs éprouvé le besoin de se fendre d’une petite déclaration à la fin : « Nous n’avons pas jugé de la légitimité d’une révolte ; nous n’avons jugé que les faits. »

    Circulez, y a rien à voir.

    L’Envolée et Casses-Murailles (émission de radio anticarcérale,
    à écouter à Nantes, sur Jet FM-91.2 tous les dimanche à midi et minuit)