Madame, Monsieur,
Nous, détenus, mais humains avant tout, sommes désolés de constater qu’en 2019, dans un pays comme la France, on continue de soumettre notre propre peuple à la détention bestiale, et dans des conditions que nous refusons.
Nous subissons nombre de traitement inhumains et indignes de pays qui se disent civilisés. Les grilles que l’on impose aux fenêtres en plus des barreaux dans une prison neuve comme celle-là prouve que la France n’a que faire des réglementations, mais voudrait nous inculquer à nous le respect des lois, et ce par l’humiliation permanente, le rabaissement, la déshumanisation et des violences psychologiques. Je suis objecteur de conscience, et nous nous interrogeons : sommes-nous encore des humains, ou le détenu est-il encore un sous-genre qui ne mérite pas cette qualification ?Blessés dans notre humanité et nos existences, nous pensons que tout pays qui continue de se servir de ces lieux, ces camps de la mort des idées et de la liberté – celles d’être et d’exister -, s’inscrit dans une longue lignée de barbares rétrograde animés plus par la vengeance que par le désir de soigner et réinsérer une humanité blessée. Faire souffrir celui qui souffre n’est ni plus ni moins que de la cruauté, et le faire sur une masse, c’est une insulte aux fondements élémentaires de toute société moderne. ils portent gravement atteinte à la déclaration des droits de l’homme. Et si nous sommes nés libres et égaux en droits et devoirs, nous ne le somme pas restés longtemps.
Pour nous, c’est clair, cette séquestration, cette prise d’otage nous porte atteinte dans nos existences, dans nos vies et notre humanité, et elle est donc criminelle, puisque les violence énoncées plus haut, selon le code pénal, sont des crimes.
La France asservit son peuple, le soumet et le met à genou. Comment appelle-t-on un pays, un état qui muselle son peuple, et/ou l’enferme quand il donne son avis ? Tout ça avec la complicité de la police…
Nous accusons cet Etat, la France, de se rendre coupable de crime contre l’humanité, et vous appelons à nous suivre dans notre lutte pour la liberté par tous les outils que nous avons à disposition.
De notre côté, tout est fait pour que même en ce lieu, le mot « liberté » ait encore un sens, en nous organisant et en faisant tout pour préserver l’intégrité de nos droits civiques.
La lutte continue, rejoignez-nous et défendez vos droits et votre liberté…
Des « otages » libres : CPR (cellule des prisonniers révoltés)
Catégorie : Lettres
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Lettre collective de la Cellule des Prisonniers Révoltés de Rioms
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CONDÉ-SUR-SARTHE : CE QUI SE DIT A LA TÉLÉ, C’EST FAUX !
retranscriptions de vidéos sorties de la centrale de Condé-sur-Sarthe au printemps 2019
Ce printemps, les matons de Condé-sur-Sarthe ont bloqué la taule ; prisonniers, familles et proches ont vécu l’enfer pendant près d’un mois. Au terme de ce mouvement, les matons ont obtenu un nouveau durcissement des conditions de détention (voir L’Envolée N°50). Depuis, les prisonniers de Condé prennent la parole pour demander leur transfert, soit par des prises d’otage comme Francis Dorffer le mardi 11 juin, soit par des départs de feu en cellule comme le 4 juillet, soit en se filmant pour dénoncer les conditions de leur enfermement. Nous reproduisons ici les propos qu’ont tenu des prisonniers de Condé-sur-Sarthe dans des vidéos datées du 2 juin, qui sont apparues sur Internet deux semaines plus tard.
« Il est 23 h 12. Je tiens à m’exprimer encore sur les conditions de vie qui se passent actuellement à Condé-sur-Sarthe. Cela fait actuellement huit mois que je suis incarcéré ici. Avant que je vienne ici, j’étais incarcéré à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas où tout se passait bien. J’avais une situation carcérale stable. Je pouvais parler de réinsertion ; mais depuis mon arrivée ici, tout se dégrade. Notamment à cause de ce qu’il s’est passé le 5 mars 2019. Bon, moi je ne suis pas d’accord avec ce qui s’est passé, bien entendu. Je ne suis pas d’accord avec les faits qui se sont passés : l’agression. Il faut savoir qu’ici on qualifie l’acte qui s’est passé d’attentat ; alors que ces actes-là, y en a un peu partout dans les prisons de France, et on les qualifie pas d’attentat. Apparemment, il aurait crié Allah akbar, ou je sais pas trop quoi ; c’est pour ça qu’on dit que c’est un attentat… alors que moi, je verrais ça plutôt comme une agression. Bon, après, c’est mon ressenti, mon opinion personnelle. Bref. Sur quoi je voulais me focaliser : actuellement rien n’est mis en place… je sais que je me répète souvent, mais rien n’est mis en place pour la réinsertion. Les détenus sont livrés à eux-mêmes. On est là. On attend. On a une heure de promenade. Il faut savoir que je suis actuellement à un étage qu’ils appellent le « contraint » : on est contraint, en fait, et on est activement surveillé 24 heures sur 24. D’ailleurs, les passages à l’œilleton sont récurrents : c’est tout le temps, et c’est fatiguant. C’est épuisant. Mais moi, ce qui m’énerve le plus, c’est qu’il n’y a rien de fait pour qu’on soit réinsérés à la société. Rien du tout. Ça veut dire, déjà, que nos liens familiaux, ils sont en train de les briser ; parce que ce qu’il faut savoir, c’est qu’ils ont maintenant instauré le système de fouille automatique des familles : qu’ils sonnent ou qu’ils ne sonnent pas, on les palpe. Palpation… et si ils ont un doute, la police fait son entrée et fouille à nu les familles qui viennent nous voir. Donc ça, moi je trouve ça complètement fou ; c’est pas normal, ça. C’est vraiment pas normal. Alors qu’il y a rien ! Leur couteau, soit disant en céramique, qui était entré… On a pas de retour de l’enquête, en fait… Ils disent qu’il y avait une ceinture d’explosif, qu’il y avait un couteau en céramique… Alors qu’à l’UVF [Unité de vie familiale – appartement-prison où les familles peuvent venir se faire enfermer auprès de leur proche pour passer jusqu’à 48 heures avec lui], il y a déjà des couteaux ! Je comprends trop pas…
Enfin, c’est pas ça le sujet. Le problème, c’est qu’ils nous réinsèrent pas du tout. Ils font rien pour nous. Y a rien qui change. Et on doit attendre… On s’abstient et on attend. On est constamment fouillés. Vous allez peut-être penser que c’est pas vrai parce que là, je suis entrain de me filmer, mais on est constamment fouillés. Et ce avec quoi je suis en train de me filmer, d’ailleurs, a été clairement donné par l’administration pénitentiaire, si je peux me permettre. Ça va peut-être vous sembler fou : dans cette centrale la plus sécurisée de France, ils arrivent quand même à avoir des trucs pour se filmer ? Ben, j’ai envie de vous dire, aucun système n’est infaillible : la preuve ! Et voilà quoi, c’était pour ça que je voulais m’exprimer ; mais surtout, je mets l’accent sur le fait qu’il n’y a rien qui est mis en place pour la réinsertion. Rien du tout… Au contraire, ils sont là, ils nous provoquent, ils nous poussent à la faute pour pouvoir justifier tout ce qu’ils sont en train de mettre en place. Notamment les fouilles des familles, les fouilles systématiques des détenus, les palpations systématiques des détenus, la surveillance à outrance. Alors que… je veux bien être surveillé, mais faut aussi me réhabiliter dans la société. C’est bien facile de me surveiller, mais pour ce qui est de la réhabilitation, on n’en parle pas. Donc, en fait, si je comprends bien, je serais voué à rester comme ça …à rien faire de ma vie, en fait. A rester comme ça : tous les jours une heure de promenade, et je rentre dans ma cellule et je m’abrutis avec la télé. J’apprends rien. Même pas possible d’aller à la bibliothèque, parce que ceux qui se retrouvent au [quartier] contraint… on a pas de bibliothèque, on a pas d’activité socio. Et même pour ceux qui sont en bâtiment normal c’est pareil : ils ont pratiquement le même système que nous. Ils sont fliqués… Moi, je demande pas de souplesse à leur système, ils font ce qu’ils veulent, mais juste de la réhabilitation pour les détenus ; c’est tout. »
« M’dame Belloubet, on vous fait un petit topo de tout ce qu’il se passe à Condé-sur-Sarthe. Vous voyez, on n’a toujours pas nos affaires. Vous voyez, moi je me trouve sans plaque [chauffante]. Soit-disant, ma plaque elle est arrivée toute neuve, toute fraîche. On me l’a ouverte, on me l’a démontée… et maintenant on me dit d’acheter une autre plaque ! Maintenant j’utilise un four, sans grille, sans plateau. Vous voyez, c’est comme ça que je me chauffe de l’eau, en fait. Voilà, il faut savoir que les Eris qui sont venus pendant la manifestation, qu’est ce qu’ils nous ont fait ? ils nous ont battus. Regardez, on m’a arraché les cheveux là [Il montre à la caméra.]. On a essayé de m’étrangler. On m’a mis le nez comme ça, avec les doigts [il montre à la caméra qu’il s’est fait mettre les doigts dans le nez et tirer dessus]. Vous voyez ce que je veux dire. Et jusqu’à maintenant, ici, les gens – disons l’administration – ne nous fournissent pas nos affaires. Ils gardent nos affaires jusqu’à maintenant. Vous voyez ce que je veux dire… Là, je possède [dans ma cellule] même pas la moitié de ce que j’ai. J’ai un ordi, j’ai des écrans, j’ai une chaine hifi, j’ai des jeux, j’ai tout un tas de choses. On nous les donne pas. Soit-disant, on nous retire les grilles des fours [pour ne pas blesser des gens], mais regardez on a de quoi blesser les gens, on a des fourchettes, on a tout… donc en fait, ça n’a aucun sens. Y a pas de retour à la normale… Il y a des agents qui se mettent à crier à ricaner dans le couloir carrément en faisant des cris de singe et en disant : « Vive Marine ! Vive le FN ! » Voilà, c’est comme ça. Donc notre situation, là, on en a tous marre d’ici. On veut tous partir de Condé-sur-Sarthe parce que le retour à la normale n’est pas encore arrivé. Vous trouvez ça normal, ce que l’on vit ici ? Voilà, on vous cache des choses… On vous fait croire que le retour à la normale est déjà arrivé ; mais que dalle, en fait ! Donc on est dans cette situation. C’est ça qu’on vit. On se fait insulter. Et dès qu’on insulte, voilà, c’est rapport et cachot. A chaque fois la même chose. Moi on me dit : « Ta gueule, sale chien », des trucs comme ça. Voilà, c’est ça, ici. Et nos familles, quand elles viennent ici, elles se font fouillées, elles se font palper. Les petits bébés, ils se font mettre à nu. On leur retire les couches, carrément. Et c’est bien marqué « sous peine de poursuite » si on veut pas se faire palper devant eux.
Donc voilà, comment vous expliquer… y a un agent qui s’est rapproché de certains amis à moi, qui l’ont payé, et il m’a fait entrer un téléphone. Je l’ai reçu comme ça, en fait. Vu qu’ils nous donnent des trucs – des confitures, du café, du sucre, tout ça – le vendredi, ben je l’ai retrouvé là-dedans [il montre un sac en papier avec un numéro dessus] avec un petit mot. Vous voyez, il y a mon numéro d’écrou là-dessus. Ça faisait un petit moment que trois agents m’avaient approché par rapport à ça, en me disant que des amis avaient payé dehors pour pouvoir faire entrer un téléphone, pour pouvoir justement vous prouver ce qu’il se passe ici. Par rapport à votre commission d’enquête, j’espère que ça fera peut-être un peu avancer les choses, et qu’on aura un transfert. Parce qu’on ne peut plus vivre dans cette situation. Regardez, j’ai pratiquement rien. Toute la journée, je reste ici. Je vais en promenade tout seul, en fait. Une heure de promenade par jour. Sinon, 23 heures sur 24, je suis enfermé dans cette cellule tout seul. C’est ce qui se passe ici. En même temps, je vous montre aussi, quelques potes qui vont vous raconter ce qui leur arrive ici, parce que voilà, on a plus de droits. Rien n’est respecté ici. Y a plus rien qui est respecté. »
« Bon… Cette petite vidéo pour dénoncer les conditions de vie à Condé-sur-Sarthe, les conditions de détention de tous les détenus qu’il y a ici. Moi, en tout cas, je voudrais juste dénoncer ici le fait qu’il n’y a rien qui est mis en place pour la réinsertion, et que nos droits les plus fondamentaux ne sont pas respectés. Et puis, quand on veut se plaindre à la direction ou quoi que ce soit, on nous dit de passer par des avocats qui nous demandent des sommes exorbitantes pour pouvoir faire valoir nos droits ; alors qu’ici il n’y a même pas de travail, y a pas de formation, y a rien. Depuis les faits du 5 mars, c’est pire que le IIIe Reich, ici, parce qu’on est constamment fliqués, comme nos familles qui le sont aussi, qui viennent au parlu et qui se font palper comme si elles faisaient rentrer du PEP 500. Moi, je comprends pas moi. Donc moi, je dénonce toutes ces choses parce que ce n’est pas normal. Et je tiens encore une fois à préciser que le matériel avec lequel je suis entrain de me filmer, c’est bien un surveillant qui me l’a rentrer et c’est rien d’autre. C’est pas les familles. Tout ça, c’est du mensonge. Côté sécuritaire, ici, il y a zéro sécurité. Tout ce qu’ils [les matons] sont en train de faire devant l’opinion publique, c’est prendre des sous pour pouvoir se les partager entre eux. Tout… Ils demandent des choses qu’ils ne mettent même pas… Les gilets pare-balles, on les voit même pas avec. Ils ont demandé des gilets cache-cou, ou je sais pas quoi, là : ils ne les mettent même pas. Tout ça, c’est que du mensonge. Voilà, je dénonçais juste ce mensonge, pour que les gens comprennent un peu dans quoi on est, car ça commence à bien faire. Et, j’espère bien qu’ils vont venir me chercher pour me jeter au mitard et me faire partir de cette prison, parce que c’est plus possible… J’ai des charges que je peux même pas assumer ici. Ça veut dire quoi, ça ? Voilà, donc c’est ce que j’avais à dire sur Condé-sur-Sarthe ; et que c’est bien une prison de corrompus, ici. Ils font comme si c’était la prison la plus sécuritaire de France, mais tout ça c’est rien que des mensonges. J’espère que le message sera bien passé et que je serai compris. Ne prenez pas ça pour une provocation. C’est pas pour provoquer, c’est pour vraiment dénoncer ce qu’il se passe ici. Parce ma situation carcérale avant que j’arrive ici, elle était stabilisée. Je suis arrivé ici et tout a commencé à se dégrader. Ma fin de peine… Mes grâces, elles ont sauté… Tout a sauté… Et cerise sur le gâteau, on me met une fiche de radicalisé maintenant… incroyable… Tout ça pour que je ne sorte jamais de prison. C’est eux, en fait, qui créent les terroristes, c’est eux qui les créent, et après ils nous laissent dans la nature. Après ils font des trucs et ils disent que c’est nous les terroristes. C’est faux ! Moi, j’ai pas que ça à faire avec ces histoires. Donc voilà, je voulais juste dénoncer ça et j’espère que le message sera bien passé et qu’on comprendra le message. Ne prenez pas ça pour une provocation parce que cela n’a rien à voir avec ça. Voilà, merci ! »
« Aujourd’hui, je viens m’exprimer. Comme tous mes confrères vous ont dit, on est dans la même situation : ça va pas dans cette prison. J’espère que vous allez faire le nécessaire pour nous. Pour pouvoir cesser toute cette méchanceté, cette hypocrisie et toutes ces choses-là. Je tiens à vous faire part que j’ai déjà fait quatre demandes de transfert qui ont été refusées pour des motifs bidon. Du baratin, des motifs bidons. Des mensonges de surveillants. L’administration, ce sont des menteurs, des manipulateurs. Ils veulent juste faire de la répression pour te gâcher la vie. C’est ça la France ? Rhalala… Allez, peace and love ! »
« Je m’appelle Cédric Couloufa, je suis à la Centrale d’Alençon-Condé-sur-Sarthe. Je m’adresse à vous car ils sont entrain de bafouer mes droits. [La vidéo s’interrompt.] »
« Je suis le détenu dénommé Jordi, écrou 829, détenu à Condé-sur-Sarthe, dans une prison où il n’y a aucune réinsertion, aucune formation, aucune activité pour permettre de se réinsérer. Ça fait deux ans que je [La vidéo s’interrompt.] »
« Bonjour, nous sommes à Condé-sur-Sarthe. C’est un surveillant qui a fait entrer ça [le téléphone qui filme] à un détenu ; donc voilà, on subit des violences de la part de surveillants de Condé-sur-Sarthe. On subit des trucs bizarres… On a le droit à rien. On se fait insulter tous les jours, des mains au cul… Tout, tout, tout pour regarder si on a des téléphones dans le cul. A un moment donné, voilà, quoi. Ce qui se dit à la télé, c’est faux. Je vous remercie de faire tourner ça. Voilà, un détenu de Condé. Au revoir ! »
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Témoignages des prisonniers en lutte du CRA de Lyon-Saint-Exupéry
Depuis le 2 juillet, les prisonniers du CRA de Lyon Saint Exupéry sont en lutte. Ils ont écrit une lettre collective aux autorités, entamé une grève de la faim, rendu leur carte de retenus (qui servent aux keufs à les identifier) et subi les coups et la répression.
Dans l’émission de l’Envolée du 5 juillet, Nizar revenait sur cette semaine de lutte. Il a été déporté violemment le lendemain. Deux jours plus tard, Omar revient sur ce qui se passe au CRA de Lyon dans une conversation téléphonique.
Voici des extraits de ces deux discussions. Force et courage à tou.te.s les enfermé.e.s !
Extraits de l’émission l’Envolée du 5 juillet 2019
– Envolée : Du coup toi t’appels du centre de rétention de Lyon ?Oui, exactement, alors je me présente je m’appelle Nizar. Je suis en centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry depuis deux semaines. Et en fait ici pour vous dire très simplement c’est la jungle.C’est la jungle où les policiers de la PAF sont les fauves et où on est l’appât, où on est euh voilà… On est des animaux en fait !On a pas de droits ici. Ils sont en train de faire n’importe quoi avec nous. Ils refusent des soins pour des gens, ils enlèvent du matériel médical pour certains. Ils refusent de simple choses.Et aujourd’hui il y a eu un incident qui est très très grave. En fait parmi nous ya une personne qui est malade d’accord ?Elle s’appelle euh, elle m’a autorisée à donner son nom, elle s’appelle Mohamed Ali né le 1.06.1987. C’est une personne qui est venue ici juste après avoir fait une chute de 6 mètres sur un rocher, ou il a eu plusieurs fractures et c’est une personne qui est épileptique donc elle est là avec ses béquilles, détruite et qui fait beaucoup de crises d’épilepsie et en fait on le laisse pas accéder au soin.Aujourd’hui ce qui s’est passé c’est que il voudrait accéder à son bagage qui est dans la consigne en fait, et c’est tout à fait son droit puisqu’il le fesait à 17h alors qu’on a plus le droit à partir de 18h30. Donc ce monsieur demande à accéder à son bagage et on lui refuse ça !On lui refuse ça parce que, je ne sais pas pourquoi, parce qu’ils prennent des décisions arbitraires.– Envolée : Attends excuse-moi. C’est juste pour expliquer ce bagage en fait. En fait, juste pour euh dire quand vous vous êtes en cellule vous avez pas le droit de ramener toutes les affaires c’est ça ?Exactement. On a pas le droit. Ouais on a comme une bagagerie à l’intérieur du poste de police– Envolée : Une salle de coffre quoi.Voilà. Donc on leur donne notre carte. On va là-bas sous la surveillance prendre ce qui est à nous et revenir.Donc monsieur on lui a refusé d’accéder à son bagage et l’autre, le policier qui lui a refusé ça, ben il lui a mis un coup dans l’épaule, un bon coup dans l’épaule. Sachant qu’il est épileptique et qu’il a ses béquilles sur lui au moment des faits et il lui dit « écoute moi jsuis un boxeur ».Et là qu’est-ce qu’il se passe ? Et bien il fait une crise d’épilepsie et c’était vraiment très très grave et c’est la troisième de la journée qu’il fait.Et comment vous dire en fait ils s’en foutent, ils s’en foutent de tout ça, passez moi le terme mais pour eux on existe pas, on est pas là et depuis quelques jours en fait parce qu’on a fait une grève de faim.On a envoyé la lettre, ce qu’on a fait, tout le monde a signé, a mis son nom et prénom pour indiquer que allo ?– Envolée : Ouais excuse moi, la lettre dont tu parles c’est la lettre qu’on a lu juste avant ton coup de file ?Exactement– Envolée : Et est-ce que tu crois que avant de partir la dessus, est-ce que tu peux expliquer de comment vous avez décidez ensemble de vous mettre en grève de la faim parce qu’en gros là ya nous ya des copains dans d’autres centres de rétention en Île-de-France qui écoutent et c’est important aussi tu vois que les infos elles s’échangent un peu.Alors en fait ce qu’il s’est passé c’est qu’un monsieur est partit pour voir, enfin pour récupérer quelque chose dans son bagage. Quand il a ouvert son bagage il a trouvé que les meilleures choses, les meilleurs objets qu’il possédait ont disparus !Et ces bagages là, personne n’a accès à ces bagages sauf les policiers et la personne concernée puisque chaque personne doit présenter sa carte et on prend son bagage ou il y a son nom et prénom devant la surveillance d’un policier et on nous donne ça et on remet ça devant nous.Si quelque chose manque c’est les policiers qui les ont prisent, je sais que c’est très très grave ce que je viens de dire, et je pèse mes mots et j’en porte la responsabilité. Donc les policiers en fait ils sont en train de nous délester dans la bagagerie des meilleurs objets qu’ont possède, à savoir des montres, de beaux parfum, de belles pièces de… Enfin soit des gourmettes en or, des gourmettes en argent…– Envolée : Ouais ils volent quoi !Ils volent exactement ! LES POLICIERS DE LA PAF DE SAINT-EXUPERY VOLENT DANS NOS BAGAGES voilà.– Envolée : Là on parlait juste avant dans l’émission en fait de la, d’une des prisons les plus sécuritaire de france qui s’appelle Condé-Sur-Sarthe et ou en fait comme dans toutes les prisons les matons il vont aussi pas mal de…Voilà il se sucrent sur euh exactement ! Voilà ! Ça a commencé comme ça. Le monsieur comme forcément il va pas être content, il a réclamé qu’il revisionne avec eux les caméras, ils ont refusé et donc ça a commencé à se chauffer parce que la même journée ya eu une personne a qui on a volé quatre cartouches de cigarettes, une autre personne un parfum Armani qui coûte 200€ et quelque. Euh… D’autres personnes ont perdues des montres, beaucoup de choses en fait le même jour ! Donc c’était un petit peu la goutte d’eau qui fait débordé le vase.Toute fois on a pas fait de bordel ! Pardon excusez moi le terme– Envolée : T’as droit de dire « bordel » t’inquiète !C’était pas une contestation très très vive.– Envolée : Ouais vous avez juste demandé vos droits, de voir la vidéo euh de savoir ce qui se passe quoi parce que ça devient chelou quand mêmeEt bien quand ils ont vu que tout le monde avait les mêmes revendications parce que presque tout le monde avait perdu des affaires ce qu’ils ont fait c’est que maladroitement ils ont essayé de rattraper le truc. Et ils ont dit « ah bah écoutez ce qu’il s’est passé c’est qu’on a retouvé vos affaires dans un autre bagage ».– Envolée : Mais non ! Et toutes les affaires de plein de gens différents ?Enfin non juste les bagage du monsieur de ce jour là. Et ce qui est impossible parce à chaque, comment dire, casier il y a un numéro et ça commerspond au numero du retenu et donc c’est IMPOSSIBLE qu’on lui ai donné deux casiers. Et d’ailleurs lui-même la dernière fois qu’il avait pris son bagage avait toutes ses affaires dans le même bagage. Et les poliiers n’ont pas le droit de remettre ça dans un autre bagage, de remettre ça dans un autre casier. Donc soit ils ont pris son bagage, il l’ont mis dans un autre casier, une partie de son bagage et ils l’ont mis dans un autre casier. Ce qui est interdit !Soit ils les ont volés ! Et c’est ce qui est le plus probable et d’ailleurs ce qui s’est passé. Ils ont volé ça et à un moment donné ils se sont dit « oh c’est partit trop loin, là ils sont pas bête quand même et donc on va remettre ça ». Et maladroitement ils ont fait ça et nous on avait compris, en fait c’est juste la goutte d’eau qui fait débordé le vase ! On a décidé de faire une grève de faim pour que les policiers soient plus, comment dire, attentifs à ce qu’on veut, à nos droits quoi ! Et donc on a demandé à voir un responsable, ça n’a pas été fait donc on a fait une grève de faim pendant…– Envolée : Ah ouais, on vous refusé euh… Là vous avez toujours pas vu votre responsable ?Non, toujours pas vu de responsables.– Envolée : Le responsable tu veux dire c’est le, le chef, le chef du CRA ?Le chef du CRA exactement ou au moins un sous-chef du CRA enfin pas un– Envolée : Ouais pas les flics lambda qui…Exactement pas un policier qui exécute seulement les ordres qu’on lui donne donc euh…– Envolée : Parce que c’est dans vos droits en plus !Exactement, donc voilà, il ont pas donné euh, ils n’ontt pas accédé à ce droit. Euh donc la grève a durée 4 jours quasiment , le quatrième jour on a quand même mangé, c’était aujourd’hui euh…Et aujourd’hui ce qu’il s’est passé c’est que .suite à la crise d’épilepsie de … Qu’a fait monsieur Mohamed Ali et ben on a demandé à ce qu’il soit pris en charge.D’ailleurs c’est pas sa place en centre de rétention. Une personne comme ça sa place, c’est une prise en charge soit dans un hopital soit…– Envolée : D’ailleurs c’est la place pour personne mais particulièrement pour lui on est d’accord.Exactement mais voilà.– Envolée : Mais toi et tous les autres potos ils ont rien à faire en centre de rétention. Vous devez rester vivre à ou vus avez envie de vivre et c’est tout.Exactement mais voilà je dirai à plus forte raison pour une personne voilà. Et bien écoutez donc on m’a… Les policiers sont venus en bon nombre, ils ont créés des bagarres entre nous parce que en fait ils sont très au fait et très euh.. il connaissent très très bien les affinités qui peuvent exister entre certaines ethnies, et ils jouent sur ça vous voyez.Donc ils créént un peu de bagarres, et à ce moment là, moi personnellement j’étais en train de parler au téléphone pendant 1h30 donc j’ai même pas vu la crise devant ma vue, j’ai même pas vu la bagarre.En sortant ya le policier qui vient et qui me choppe qui me dit « toi tu viens avec moi ». Voilà pour je ne sais pas quoi, faire de moi une leçon ou… Il voulait m’emmener dans le poste certainement pour me tabasser. c’est une chose qui a été déjà faite et il y a d’autres personnes qui ont déjà été tabasser par les policiers qui peuvent témoigner.Et donc dans ce même jour ya mr Mehdi Galkaoui qui était en train de donner les premiers secours à monsieur Mohamed Ali qui a fait la crise.Et à ce moment là ya les policiers qui sont venus et ils lui ont dit de dégager, en fait il pouvait pas dégager parce que le monsieur qui a fait une crise a avalé sa langue vous voyez ce que je veux dire ?Il était en train d’être asphyxié, et il pouvait pas, c’était un truc d’urgence !Ce qui s’est passé c’est que le monsieur qui était en train de la sauver, un retenu, et bien on l’a, on lui a fait une euh … Je sais pas comment on dit ça, une clef de bras.– Envolée : Une clef de bras ouiExactement, une clef de bras. C’est vraiment, il a serré il a asphyxié, étouffé et ils l’ont tiré euh sur la terre pour l’emmener voilà enfin ils ont tirés comme un animal euh… ils l’ont emmené chez eux. Je sais pas ce qu’ils en ont fait, ils l’ont maltraités sûrement.– Envolée : Parceque là t’as pas de nouvelles du poto qui a aidé le…Si si si il est sortit plus tard mais voilà il est dans un état psychologique pas très très bien, il veut pas parler aux autres.Et en fait moi ils m’ont dit, enfin je sais que c’est quelque chose de grave ce que je dis quand même si il y a des gens qui entendent mais voilà on m’a dit clairement, très très clairement « tu vas le payer cher ». Parce qu’ils pensent que je suis le meneur ou je sais pas quoi de ce mouvement alors que en fait c’est juste que je suis.. Enfin je suis la personne qui parle mieux français. Donc je suis quelqe part leur porte parole des choses qu’ils disent en arabe ou en d’autres langues moi je suis l’interprète et en même temps je suis avec eux dans le mouvement.Et donc ils me prennent pour le meneur, ou c’est le rôle qu’ils vont me donner ils me l’ont dit texto « on va t’accuser d’incitation à l’émeute » et je vais vous dire mon nom et prénom comme ça se suis quelque part un peu protégé, je m’appelle Nizar Hamriti, je suis né le 25.10.1994 à Casablanca.Donc ils m’ont « dit toi tu vas le payer cher.Tu es le meneur tu vas le payer cher ».– Envolée : ouais parce qu’en fait tout ce que tu racontes c’est des trucs quon a entendu là récemment dans les, enfin au CRA de Mesnil-Amelot, ou a CRA de rennes ou en fait les flic parviennent à dresser les gens les uns contre les autres, à organiser des bagarres et après en profiter pour foutre des gens à l’isolement, les tapper, les transférer, désigner des meneurs et compagnie. En fait c’est le fonctionnement normal des CRA que tu décris quoi.Exactement, en fait ce qu’ils font aussi les policiers c’est que en fait à un moment donné de la journée entre 10h et 14h faut qu’on évacue les cellules et le couloir ou on habite. Qund on les évacue, et bien généralement l’après-midi il y a des bagarres qui se créent, pourquoi ?Parce que comme je vous ai dit en faite comme ils osnt très au fait des affinités entre éthnies et bien ils prennent des affaires d’une chambre et ils le mettent dans une autre chambre bien dissimulée avec laquelle peut-etre il y a quelque…– Envolée : Comme ils ont fait avec les affaires au coffre du coup ?Voilà exactement, enfin sauf que pour le coffre c’était pour eux, ils se le mettaient dans les poches mais quand ils sont dans les couloirs pendant l’évacuation ils planquent ça pour que les autres découvrent ce qui a été volé dans la chambre d’autres ethnies enfin ça peut etre des blacks, des arabes, des tunisien, des marocains, des algériens, des albanais, pour que la bagarre se créé. Vous voyez ce que je veux dire ?Donc maintenant nous on est au courant de ce qui se passe, de leur manipulation et tout et voilà..On ne se fait plus avoir et ils nous ont dit clairement « yavait toujours des tensions ici mais c’est la première fois que ça arrive comme ça vous allez voir, on va vous punir ».– Envolée : Ouais ils sont pas content de ne pas réussir à vous diviser quoi !Exactement. On connaît bien le dicton « pour régner il faut diviser », ce qu’ils faisaient depuis longtemps euh maintenant ils ont plus ce pouvoir quelque part donc euh… Ca les emmerde au plus haut point et ils commencent à devenir très très agressifs envers nous, très très malpolis.Moi je fumais une cigarette tout à l’heure en venant au réfectoire, il me dit le policier il me dit « tu approches avec ta cigarette moi je t’écrase ». Alors que dans cet endroit on a le droit de fumer. c’est pas dans le réfectoire c’est dans une allée pour aller au réfectoire qui est à l’air libre et nous on fume.Il me dit « toi tu t’approche avec ta cigarette, je te l’écrase ».Ya autre chose qui a été fait et j’ai remarqué c’est que au fait ils ont tous un numéro de matricule, les policiers de la PAF, comme tout autre policier.Là euh, cette après-midi ils ont enlevés tous les matricules de manière ce qu’on enregistre pas le matricule de chacun pour pas pouvoir se plaindre de telle ou telle personne en particulier quoi.– Envolée : C’est ce que font les flics quand ils se mettent à tapper les gens.Ya beaucoup d’autres choses parce que voilà j’ai beaucoup d’idée hein, moi ça fait que deux semaines que je suis ici, mais j’ai été témoin de tellement de choses dégueulasses, inhumaines que voilà j’arrive même pas à canaliser tout ça et vous le dire. Ya des idées qui me viennent au fur et à mesure euh par exemple des provocations psychologiques de la police et de la PAF ils n’hésitent pas à te dire « nique ta mère, trace ta route », pardon pour le mot. Euh ils n’hésitent ps à te dire devant les autres policiers, et moi ça m’est arrivé aujourd’hui, « toi tu verras on va te mettre un raclée », « tu aura ton compte », « tu le payera cher », mais il n’hésitent pas en fait à le faire !Parce que je pense que du moment qu’on est sans papiers dans ce centre de rétention on a pas le droit ! C’est comme si le droit français ne s’exerçait plus sur nous ! c’est comme si on était pas des sujets à ce.. Enfin voilà à ce droit là ! Comme si ça ne nous concernait plus et c’est la jungle.C’est comme ça que j’ai commencé ma discussion, c’est vraiment la jungle ! Les policiers contre nous euh voilà– Envolée : Oui et puis ils vous traitent comme des animaux quoi…C’est vraiment des animaux et là je parle même pas du lieu en lui même ! En fait là ce qu’ils sont en train de faire sur un coté des cellules, à un mètre des cellules ils sont en train de bâtir enfin, ils sont pas en train de bâtir, ils l’ont déjà bâtit, un mur de fer euh massif…Vous voyez le mur en béton ben sauf que c’est vraiment en fer.– Envolée : Genre ya plus de lumière ya plus de soleil ya plus rien ?Au fait ce qu’il y a c’est qu’il y a plus de lumière naturelle qui rentre. Ya un effet lentille euh convergente qui est fait.– Envolée : Oh vous devez avoir trop chaud…Exactement, ça tappe sur le, sur le mur de fer et ça le réfléchit sur une seul zone dans le, dans la chambre, ça fait un effet micro-onde.Et après la nuit ce qu’il se passe, c’est comme le fer il est chaud avec l’échange thermique, la nuit il fait un peu plus froid, et bien ça chauffe ! Ça chauffe, ça chauffe énormément !Et ça, ça dur toute la journée, alors à part les cellules et le couloir ou on subit ça, ya la cour. Sauf que la cour, ya aucune cour ombragée ! Ya pas d’ombre dans les cours ! Ça veut dire que grosso-modo dans le centre de rétention de Lyon c’est soit une cour qui n’est pas ombragée dans le contexte de la canicule ou tu es dans un habitat qui fait office de four quoi !– Envolée : Mais toi t’es arrivé dans le contexte de a canicule pile en plus.Exactement, et pas que pour moi. Ya des gens qui sont vraiment malades ! A qui on refuse le soin ! On leur refuse le soin ! On est tous en train de se gratter euh, de se gratter la peau monsieur. Vous voyez c’est euh, c’est grave !Le monsieur qui est cassé, qu’on a cassé la main, un monsieur a été cassé de la main par les policier de la PAF ! c’est très grave tout ça !– Envolée : Et qu’est-ce qui s’est passé ouais ? Comment ça s’est passé ?Alors bah attendez il est devant moi. Ah en fait ce qu’il s’est passé c’est que il s’appelle Miled Qualifa, né le 9.9.1999, en fait il était sous médicaments, il était souffrant, il était sous médicament. Il dormait.Et comme je vous ai dit tout à l’heure à 10h on fait l’évacuation donc il dormait, euh on lui a dit sans ménagement « bon tu te réveil ! », lui il dormait, il était dans un état de somnolence, il les a même pas entendu et bah là directement, deuxième, troisième fois on lui demande et la quatrième fois c’est coup de matraque à la main et il a été cassé emmené à l’hôpital avec platre et puis et puis tout…– Envolée : Tu euh… C’est une manière de réveiller les gens quoi !Oui exactement c’est une des manières de réveiller les gens oui !– Envolée : Mais ils sont fou ! Ouais pardon je fais des blagues qui sont peut-être pas bonnes mais des fois c’est notre manière de, parce qu’on en entend tellement des histoires que on a envie de de casser des murs. C’est pas du tout pour minimiser en tout cas.Ouais non mais je vous comprends, même nous on essaye de faire un petit peu des blague pour euh détendre un p’tit peu l’atmosphère parce que autrement euh, autrement c’est très très grave, c’est insupportable !Là en ce moment on est tous en train de se gratter la peau ! Ya des sauterelles qui rentre monsieur dans nos chambres, ya des puces ! Ya des insectes que j’avais jamais vu de toute ma vie.– Envolée : bah ouvrez un zoo, jsuis désolé je continue sur les blagues.Ouais c’est a en fait, on se disait entre nous que dans quelque temps yaura des créatures qui vont apparaître. L’évolution des espèces et bien au CRA de Lyon les biologistes vont [passage inaudible].Euh voilà euh, je sais pas franchement je sais pas.On a écrit, au fit, la lettre qu’on a envoyée, tout le monde l’a signée ça veut dire que forcément ya un problème si tout un dépôt fait une grève de faim et que tout le monde signe sur un papier ou on atteste de ce qu’on a attesté ça veut dire que c’est très grave et je peux vous dire aussi qu’on l’a envoyé à beaucoup d’institutions et beaucoup de groupe officiel :On l’a envoyé au ministère de l’intérieur, on l’a envoyé au ministère de la justice, on l’a également envoyé à matignon – parce que c’est de leur ressort aussi quelque part – on l’a également envoyé au bâtonnier de la cour de là ou on voit le juge des liberté et des détention histoire que le juge quand il décide de remettre 30 jours à quelqu’un ben qu’il sache un peu où il l’envoi.Euh voilà on a envoyé à beaucoup de personnes, à la ligue des droits de l’Homme, à la cour européenne des droits de l’Homme également parce que ben ya pas de respect des droits de l’Homme.– Envolée : Vous avez fait aussi la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ? Le défenseur des droits ?Ouais exactement, on a même pris en photo les lettres recommandées qui contenaient les documents voilà comme quoi ça prouve qu’on a bien fait les lettres et …– Envolée : Et après juste pour reprendre là dessus, nous quand même enfin ce qu’on disait c’est que ce que vous vivez c’est ce que vivent les gens dans tous les CRA de France et que du coup cette lettre elle devrit partir de tous les CRA enfin dans le sens. En fait c’est pas la rénovation du CRA de Lyon qu’il faut, on est d’accord, enfin c’est bien la fermeture de tous les CRA. Ya pas de bonne manière d’enfermer les gens.Exactement, mais pour arriver à un résultat global à un moment donné faut partir du spécifique euh…– Envolée : non c’est sur, c’est sur…Et comment dire aussi, ce qu’ils ont fait parce que ça c’est très très important.En fait ce qu’on a fait nous c’est qu’on a fait grève de faim, on a également pris toutes nos cartes parce qu’il y a deux cotés, coté bleu et coté jaune, on a donné de son propre plein gré ces cartes et on les a remis au policiers histoires de dire que voilà, on est pas des noms et des prénoms et des dossiers que vus traités pour envoyer rapidement au pays d’origine pour exécuter les mesures d’éloignement ON EST D’ABORD DES ÊTRES HUMAINS ! Qui même en attendant cette mesure d’éloignement, devraient être soit libres – c’est ce que l’on veut dans l’idéal – soit au moins traité comme des être humains. Euh comment vous dire…– Envolée : C’est cool hein franchement refuser les cartes…On a refusé les cartes et ce qu’il s’est passé c’est que on a voulu récupérer les carte après parce que avec les cartes on récupère certaines choses dans nos bagages et pour les visites. Mais ce qu’ils ont fait c’est que en fait en demandant les cartes ils nous ont dit « vous mangez, on vous donne les cartes ; vous mangez pas, on vous donne pas les cartes ».– Envolée : Ils ont voulu vous interdire de visite ?Ouais en fait, ils ont fait un chantage. Ils ont fait un chantage. Si vous mangez on vous donne les cartes, et donc vous aurez, vous pourrez avoir des visites, si vous mangez pas, vous aurez pas de visites ! Et vous n’aurez pas accès à votre bagage, et même ce qui est très très grave, on vous donne pas de linge, de nouveau linge en fait, linge propre.Et quand j’ai parlé aux policiers un petit peu le chef qui sort un petit peu dans la cour, et ben il m’a dit « c’est les consignes du dircteur du CRA ».– Envolée : Qui refuse de vous voir ?Voilà cette même personne qui refuse de nous voir donne des consignes comme quoi pour donner les cartes qui nous confèrent d’autres droits et ben faut faire.– Envolée : Faut arrêté de protester euh…Exactement, donc moi qu’est-ce que je dis à la dame ? Je lui dit madame, ma carte qui me confère d’autres droit, je dois décider de ne pas jouir d’un droit. C’est à dire le fait de manger ou pas.Et c’est exactement ça, je lui dit « est-ce que c’est logique ? », elle me dit « Nan, c’est les directives, c’est le directeur du centre de rétention de Lyon qui fait ça ».Autre chose, la lettre que vous avez vu hein que vous avez lu, ils me l’ont volé. Donc moi je ne sais pas depuis quand la France confisque enfin le système euh administratif ou pénitencier confisque un papier quoi– Envolée : Depuis assez longtemps je crois.. Ouais c’est pas un truc qui arrive cette année quoi, enfin malheureusement comme dans les prisons, dans les centres de rétention, la volonté de l’état c’est qu’il n’y ai rien qui sorte. Que les seuls trucs qui sorte c’est des communiqués mais après les communiqués bon [passage inaudible]. Du coup c’et hyper fort ce que ous avez fait et c’est hyper cool là que tu ai pris le temps de témoigner comme ça à la radio.Nous l’émission elle va bientôt touchée à sa fin, on voulait savoir si yavait quelque chose que tu souhaitais rajouter ?Euh oui bah ya en fait euh jsais pas, ya monsieur Taibi Omar, et surtout monsieur Mohamed Ali, monsieur Mohamed Ali surtout, surtout qui a besoin de soin. Et il peut pas rester dans cet état là parce qu’il fait trois, quatre crises par jour et c’est franchement euh, c’est invivable. C’est plus possible, on est des poules, on est pas des êtres humains et cette personne là je redis son nom, Mohamed Ali il est dans un grave état de santé qui nécessite d’être hospitalisé !– Envolée : Et on rappel que quand l’état enferme en fait il est responsable de la santé des gens qu’il enferme et que déjà il n’avait qu’à pas enfermer les gens quoi ! Et qu’à un moment faut arrêter de se foutre de la gueule du monde. Et du coup c’est hyper grave et c’est hyper important d’avoir dit son nom à l’antenne. On rappel qu’en ce moment il est en vie et que c’est de la faute de l’état que son état de santé se dégrade.Je voulais juste préciser que cette personne là, quand même, tenez vous bien, il a été dé-choqué trois fois, il était mort trois fois, avant d’arriver dans le centre de rétention suite à sa chute qu’il a fait son cœur s’est arrêté de battre pendant trois fois et il y a des papiers qui prouvent ça. On l’a amené en déchoquage trois fois, enfin, c’est à dire que son cœur s’est arrêté trois fois à cette personnes avant qu’on l’amène en centre de rétention.Et il commence à manifester des symptômes qui sont quand même grave. Très très grave ! Surtout avec les antécédents qui a. Et ils font toujours rien, ya même le médecin du CRA qui l’interdit de donner ce certificat là pour pouvoir le présenter dans le tribunal alors que il a d’autres papiers, avant durant sa liberté qui prouvent qu’il est épileptique. Et le comble, le comble dans tout ça c’est qu’il lui donne le traitement d’épilepsie mais il veut pas lui donner l’attestation prouvant qu’il est épileptique.– Envolée : Comme quoi ils se foutent bien ouvertement de la gueule des gens, ils jouent avec la vie des gens. Du coup c’est très important de relayer, ya le site de l’envolee.net ou on va relayer votre lettre et continuer de relayer les informations.Et aussi pour préciser que à cette date c’est vraiment la taule qui est en train de faire le truc et que toi par exemple tu as donné ton nom tout à l’heure, euh vu toute les menaces qu’il ont fait on rappel que tu es en parfaite intégrité morale et physique et que voilà ils on pas intérêt à te toucher en tout cas on sait exactementExactement parce que tout à l’heure je voudrais juste le redire, tout à l’heure ils voulaient m’emmener, ils allaient me tabasser hein. D’ailleurs tout le monde a protester, ils ont criés et tout parce qu’ils savaient vraiment ce qu’il allait se passer. Ils savaient ce qu’il allait se passer, il y a surtout une personne qui m’a soutenue c’est Taibi Omar, il a crié, protesté, « vous l’emmenez pas, vous l’emmenez pas ! ». Et on l’a tappé lui aussi.– Envolée :Bon en tout cas toutes ces personnes sont en parfaite intégrité morale et physique et si ya des trucs qui se passent on saura que ça viendra de la part des keufs.Extraits d’une conversation téléphonique avec Omar deux jours plus tard» Moi je m’appelle TAIBI Omar, je suis né le 13 mars 87. En fait j’ai envie de témoigner sur un homme qui s’appelle Mouhamed Ali je crois que vous avez entendu parler de lui.
Il vient de tomber encore dans une crise d’épilepsie. Et maintenant il l’ont pris avec.
Ils ont pris déjà beaucoup de temps pour venir interpréter mais ils l’ont pris avec et après quelques temps l’ambulance elle est venue ici alors ça veut dire c’est grave.Ils l’ont pris avec alors j’ai pas pour l’instant mais s’il y a plus d’infos je vais vous nformer. Merci beaucoup. Voilà.
– Est-ce que tu veux raconter un peu comment ça se passe, comment ça s’est passé pour lui, ou même pour d’autres personnes le soin à l’intérieur du CRA ?
Le soin ici c’est vraiment grave parce que le médecin il lui donne un traitement mais il refuse de lui donner l’ordonnance qui dit que ce monsieur là il est malade parce qu’ils veulent garder les gens ici comme ça . Parce que lui c’est pas quelqu’un qui peut rester ici quoi. Il est malade ! Il peut pas rester ici ! Ils ont pas le droit de le mettre ici ! On sait jamais quand il va tomber et où il va tomber. C’est ça le plus pire !
Et… Le médecin ici il refuse de donner le certificat, ils veulent lui donner quand même le traitement quoi ! Alors lui il a refusé le traitement depuis trois jours pour contester ; il joue même avec sa santé et sa vie mais ya rien qui change quoi !
C’est toujours la même chose, ya rien qu’à changé ! Toujours la même chose ! Voilà !
– Et du coup ils ont réagit comment les keufs quand il a encore fait sa crise d’épilepsie ?
En fait la quatrième fois aujourd’hui, là il y a quelques minutes. C’est un peu grave quoi ! Ils ont au moins, au moins cinq minutes, j’étais là en train de tenir sa tête et ils ont pris le temps quoi ! Ils prennent du temps.
On dirait qu’ils s’en foutent !
En plus ils sont venus et ils ont fait sortir tout le monde et ils ont fermé toutes les portes comme ça ils sont tout seul avec lui. Mais j’étais là moi j’ai regardé ! J’ai regardé tout ce qu’il s’est passé là !
Et ils faisaient quoi ?
Yavait un seul pompier et ils étaient là en train de regarder. Ils ont même pas tenu ses pieds. C’est moi qui ai dit « tiens » [passage inaudible].
Et le pompier il tient sa tête et voilà ya rien quoi, il s’est passé rien d’autre.– D’accord
Voilà
– Je sais pa si t’as envie d’en parler mais pour les autres personnes qui sont à l’interieur du CRA comment ça se passe pour les soins ?
Le soin c’est la même chose ! Yen a un ici ça fait combien de temps, hey combien de temps ? Ya un mec ici son bras il est cassé ça fait 42 jours. Il le bouge même pas ! Il a 18 ans, ils le bougent même pas l’hôpital !
Ils l’ont envoyé une fois à l’hôpital, après ils l’ont ramenés, la même chose, il a un truc comme ça là. Vous voyez jveux dire on le met sur le le cou pour tenir la main.
Le mec ça fait 42 jours qu’il est comme ça !Ça c’est pas normal !
– Il a une écharpe ?
Ouais ouais voilà, celui qu’on met sur l’épaule pour tenir là main là. Comment on appel ça ? Jsais pas !
Et ils refusent même de le soigner !Chaque jour lui il parle avec eux ! Même moi j’étais là parce que lui il parle pas français. Rien. Même moi j’ai fait ça pour lui. Pour parler avec eux.
Ils m’ont dit « ouais le monsieur il est un peu agressif.. ». Il y est mais mais c’et pas le.. C’est comme ça !
Voilà. C’est pas normal. C’est vraiment pas normal !Le médecin je lui ai parlé moi même. Je lui ai dit « le monsieur je le connaît depuis plus que 10 ans. Je sais comment il tombe ! Je sais [passage inaudible]. Je sais c’est un mec malade. Donnes lui l’ordonnance ». Il m’a dit « C’est moi le médecin, c’est pas toi ! »
Et voilà !Ils refuse même de parler avec moi.
Même la femme qui travaille ici au poste de forum réfugiés là ! Elle a été dans son bureau de de médecin. Elle a parlé avec lui pour lui donner l’ordonnance, il refuse toujours.
Les policiers ils ont témoignés devant le juge ! Dans le tribunal. Ils ont témoignés que ce monsieur là, il est malade ! Le médecin il refuse toujours de lui donner l’ordonnance là, le certificat.Mais il lui donne le traitement ! Ça j’ai pas compris.
Tu veux dire que les keufs même dans le tribunal ils ont dit qu’il est malade ?
Ouais ils ont témoignés, ils ont dit devant le juge « ce monsieur là il est tombé déjà trois fois ». C’est pas quelque chose pour rigoler ça ! Ya quelqu’un qui tombe devant toi trois fois alors ça veut dire qu’il est malade.
Et aujourd’hui la quatrième fois, jusqu’à aujourd’hui qu’ils l’ont pris… Jsais pas qu’est-ce qu’il l’ont pris à l’hôpital ou on…
Et alors l’ambulance elle est venue !
Vous voyez, et voilà quoi…
C’est tellement grave..
Le médecin ils s’en foute ! Les keufs ils s’en foutent ! La bouffe il y reste un jour ! C’est périmé, qu’il lui reste un jour quoi !C’est grave franchement moi j’ai le sentiment d’être un animal ici ! Pas un être humain.
C’est trop trop, franchement c’est trop !Moi j’ai peur que l’un ou l’autre il va se suicider ici, c’est pas normal !
Jsais pas quoi dire parce qu’il y a trop là t’as vu…
– Ouais ok. Estce que tu veux rajouter un truc ?
J’appelle tout le monde qui fait quelque chose ! Qu’il vienne ici, qu’il regarde comment il est ce centre là !
J’appelle tout le monde qu’il nous aide. On est quand même de êtres humains ! On est pas des des des animaux !
Venez ! Venez ici avec vos caméras et regardez vous même ! C’est pas normal ![passage inaudible] je sors et il a dit « moi je suis pas gardien de portes ». regardez la réponse qu’il m’a donné !
– Qui est-ce qui a dit ça ? Parce que on a pas entendu ?
Un policier ! Un policier !
J’avais les mains pleins parce que le monsieur Ali Mouhamed il a deux béquilles, il peut pas marcher tout seul. Moi je prends un pied, deux pieds, ça veut dire les deux mains ils sont plein.
J’ai dit au policier « s’il vous plaît vous pouvez nous ouvrir la porte parce que le monsieur là il a [passage inaudible] ».
Il dit « Oui moi jsuis pas portier »
Quelle réponse il nous donne ? Comment ils nous parlent !– Est-ce qu’ils ont remis leur matricule aujourd’hui ?
Non ils l’ont enlevé ! J’ai regardé même maintenant j’ai regardé exprès ils l’ont enlevé. Ils l’ont pas toujours.
Donc ça fait… 4 jours qu’ils ont plus leur matricule ?
Non ça fait depuis le deuxième jours de grève de faim ils ont enlevés les numéros comme ça on peut pas matriculer chacun.
Je ne sais pas euh.. Il n’y a pas de numéro.
Ça veut dire qu’ils préparent quelque chose ou j’sais pas. Pourquoi ils enlèvent leur numéro de matricule ? Ils ont pas le droit. C’est interdit.– Tout à fait !
Mais ils le font quand même. Et si vous rentrez de l’intérieur, vous venez ici vous voyez les policiers qui travaillent là bas, vous voyez les policiers avec le numéro.
Mais c’est eux… Quand tu rentres ici, personne a le numéro. J’ai regardé exprès maintenant. Yen a une femme quelle a pas, regardé l’autre il a pas. Ils ont des des des t-shirt bleu qu’ont peu pas mettre le truc des numéros dessus. Vous voyez ?
Ça ils le font exprès. Ça c’est pas normal !
– Et comment ça se passe là en ce moment entre vous ?
Entre nous maintenant il y a de temps en temps une bagarre, ya de temps en temps là… Toujours toujours, ya toujours ici des histoires. Ici il y a toujours quelqu’un qui fait quelque chose. Ya toujours quelqu’un qui est énervé. Ya toujours quelqu’un qui crie.
On passe notre temps à se bagarrer on va dire ici.
Ya rien à faire ! Ya rien du tout ! Même pas ping-pong ya rien à faire !
On est comme des animaux dans un cage et voilà ! On nous a enfermé dans un cage et voilà ! Voilà votre chambre, voilà la cage et débrouillez vous ente vous !
Si quelqu’un il tombe malade ou jsais pas moi il se passe une bagarre ils regardent d’abord biiiien dans les caméras et après tout calmement.
Après le bagarre c’est fini on va dire.Ça c’est pas normal, normalement eux leur travail c’est d’intervenir tout de suite s’il se passe quelque chose mais moi je vois pas ça ! En fait moi jvais vous dire la vérité : ils s’en foutent de nous !
[passage inaudible] Tant que ils peuvent nous envoyer dans nos pays et voilà quoi.
On peut rien dire. On a pas le droit de rien dire.C’est tout jsais pas quoi dire.
Franchement moi j’ai jamais vu ça. »
Pas de prises en compte des urgences médicales, pas de soin, pas de matricules des keufs.
A bas les CRA ! Soutien aux résistances dans tous les lieux d’enfermements ! Force à tou-te-s les enfermées !
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Des vidéos du Centre de rétention administrative de Vincennes, juin 2019
Durant les six derniers mois, les communiqués et grèves de la faim collectives se sont enchaînés à un rythme rarement égalé dans les différentes prisons pour étranger.es françaises.
Dans une indifférence quasi générale.
Des centaines de gens -enfermés pour simple défaut de papier-, ont vu la durée maximale de leur enfermement passer de 45 à 90 jours. Trois mois : c’est une véritable peine.
Dans l’indifférence quasi générale.
Quelques uns d’entre eux, ont tout récemment pris la peine de faire sortir ces quelques vidéos pour tenter d’alerter sur le sort qui leur est fait. ils y parlent de leurs conditions de détention, de l’attitude des policiers qui les gardent etc.
La moindre des choses que nous pouvons faire est bien de relayer ces images, de les montrer, de pousser les autorités à y réagir pour mettre un terme aux situations qui y sont dénoncées. En espérant que ce n’est pas, une fois de plus, par la simple répression que ces autorités se manifesteront.
Nous relayons ici quatre vidéos de l’intérieur du CRA de Vincennes.
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Communiqué des prisonniers en lutte du CRA de Oissel le 6 juin 2019
Les prisons pour étrangèr.e.s de Oissel et de Rennes ont été en partie détruite suite à des révoltes il y a quelques semaines. Depuis la répression de l’état est implacable: au moins 4 personnes à Rennes en prison pour des peines allant de 7 mois a 2 ans. Récemment la lutte à repris au CRA de Oissel,nous relayons ici leurs communiqués:
Nous on fait grève par rapport à la nourriture qui est pas bonne. Le centre de rétention est sale. Les douches sont bouchées. Les lavabos sont bouchés.
Y a un terrain de foot où personne peut faire du sport. C’est les policiers qui font du sport à notre place. Y a pas d’activité ici.
Le CRA est en travaux. Hier on s’est embrouillé avec eux, ce matin ils ont reveillé tot le matin tout le monde pour prendre des gens et les ramener en Espagne.
Toute la journée y a du bruit parce que le centre est en travaux. Il est en travaux parce qu’il a brulé recemment. On devrait être sorti pendant les travaux. Il devrait pas y avoir de prisonniers ici.
Hier ils ont mis un gars qui avait 16 ans a l’hôpital pour lui faire le test osseux et depuis pas de nouvelles des résultats. Il est toujours
là.Ici les flics ont conseillé à la femme d’un prisonnier de divorcer de son mari si elle veut avoir un jours les papiers.
Y a des gars qui devrait être a l’hôpital. Y a un gars qui doit se faire opérer, il ne peut pas respirer par le nez. Y a un mec ici qu’a l’hépatite B et un autre l’hépatite C. Ils devraient être à l’hôpital.
On sait qu’a Rennes depuis l’incendie du CRA de la bas c’est plus pareil. Ils ont plus de sport, les visite c’est plus compliqué. Les policiers écoutent tout et laissent les porte ouverte.
Face à tous ça, on appelle les prisonniers de Rennes et de tous les autres centre à nous rejoindre dans la lutte !
Des prisonniers du CRA de Oissel.
Force et courage à tou.te.s les enfermé.e.s!
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« Nous sommes traités comme des chiens : ils nous amènent dans des cages au tribunal » Lettre collective du centre de rétention de Vincennes, mars 2019
Suite à la grève de l’infirmerie, de l’association, et de la cantine, qui a commencé jeudi 21 mars à la prison pour étrangers de Vincennes et au cours de laquelle les prisonniers ont dormi tous ensemble dans la cour pour éviter d’être de nouveau divisés dans les chambres, nous relayons ici une lettre collective écrite par un groupe des prisonniers en lutte :
Salutations,
Nous, les retenus du centre administratif de Vincennes CRA 1, nous permettons de vous écrire afin de vous parler de notre galère physique et psychique.
Nous commençons par parler de la maltraitance des policiers, agression physique à chaque fois que nous parlons avec eux de nos droits humains : des retenus blessés et il y a aucun traitement pour les soigner.
Des insultes chaque jour même avec un mot que nous ne comprenons pas et des actes de discriminations et du racisme qui accentuent notre souffrance (“sale arabe”, “fils de pute”, …).
Quant à la nourriture, elle est vraiment inconsommable : nauséabonde qui donne envie de vomir. La majorité des retenus souffrent de la malnutrition et des effets des produits emballées (gale, problèmes digestifs).
Il y a parmi nous des retenus malades qui souffrent de problèmes mentaux, d’autres qui ont la tuberculose, la gale. Nous avons l’impression qu’ils nous préparent un lieu favorable par la contagion. Le médecin du centre ne croit pas qu’il y ait vraiment des retenus malades. Il fait que leur donner des calmants, sans aucun traitement avec aucune intention de les soigner.
Les chambres ne sont pas stérilisés. Donc plusieurs maladies se répandent rapidement dans le centre. Humainement, c’est injuste d’emprisonner les étrangers pendant trois mois pour décider leur déportation ou pas. Nous ne sommes pas des criminels pourtant nous sommes traités comme des chiens: imaginez, ils nous amènent dans des cages au tribunal.
Merci
Lettre collective de prisonniers du CRA 1 de Vincennes
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Communiqué du CRA 1 de Vincennes en lutte, 23 mars 2019
Jeudi 21 mars, des prisonniers du bâtiment 1 du centre de rétention de Vincennes ont entamé une grève de la faim, de l’infirmerie (pour dénoncer le manque d’accès aux soins et traitements alors qu’au moins une personne a du être hospitalisée d’urgence), et de l’ASFAM (l’association présente dans le CRA).
Le mouvement a mobilisé la quasi totalité des prisonniers du bâtiment 1 et plusieurs dizaines d’autres dans le bâtiment 2.
Nous relayons ici un des communiqués écrits collectivement et sortis à l’occasion de cette grève, le 23 mars 2019.
Le week-end suivant, des copain.e.s sont allé.e.s montrer leur solidarité au pied des murs du CRA de Vincennes lors d’un parloir sauvage. Deux compagnons ont été arrêtés violemment dimanche et placés dans ce même centre de Vincennes le lendemain. Ils y sont depuis toujours enfermés …
Solidarité avec tou.te.s les enfermé.e.s, liberté pour tou.te.s!
On va dire ici les objectifs de la grève de la faim. Les 3 mois ici c’est pire que la prison, nous on est dans un centre de rétention et c’est pire que la prison. Parce qu’ici on a un pied dedans et un pied dehors, parce qu’à tout moment on peut nous expulser. Y en a ca fait plus de 60 jours qui sont là… c’est trop.
Ceux qui sont dehors il faut vraiment manifester pour ça.
Les sanitaires c’est dégueulasse, la bouffe c’est immonde, la façon dont on nous ramène au tribunal dans des cages c’est pas possible Les gens malades sont là… laissez tomber c’est déplorable.
C’est un centre de merde, on nous a mis dans ce centre de rétention de merde ici.
Nous sommes dans un centre ou on ne dit pas que c’est pas une prison, mais on dirait que c’est pire. On a pas le droit à nos téléphones, juste les téléphones sans photo. On peut même pas communiquer avec whatsapp qui Ils nous ont privé de tout ça. Nous mangeons trop mal, nous buvons l’eau de leurs robinet. Leurs fontaine d’eau sont pleine de rouille.
Y a des gens de malade, de la tuberculose, du sida, hépatite… y a tout ici. Y a un petit qui est ici qui est fou.
On a pas le droit de manifester ici, y a des gens ils sont censurés on les a envoyé de leurs pays. On leurs met des scotch sur la bouche, on les attache et tout ça. On les envoie forcé quoi. Avant de monter dans l’avion on leurs met le scotch, on leurs le masque. On a l’info par les copains qui sont au pays. Y en a d’autre qui ont quand même qui ont réussi au CRA.
Y en a un ils l’ont tapé, alors qu’il est même pas envoyé au pays. Ils l’ont tapé parce qu’ils ont pas réussi.
On utilise une tondeuse pour 100 personnes , 1 coupe ongle pour tous le monde.
Ici y a beaucoup de vols, d’argent et tout.
Même au centre y a de la discrimination, on dirait qu’il nous mette en conflit entre les arabes et les noirs. La manière dont on les traite les noirs.
On mets plus les noirs dans un secteur, dans une même chambre. Ca a créé des conflits, un des nôtres a été emmené à l’hôpital même, et changer de CRA. C’est la stratégie de la police de nous mettre en conflit. Quand on veut revendiquer ils nous permettent pas. Rien n’est de leurs fautes, y a une hiérarchie et ils sont obligé d’éxécuter. Les juges font partie de l’équipe de la préfecture, parce que quand tu prends un privé (avocat) t’es libéré, mais quand c’est d’office y a pas de libération.
La nourriture n’est pas hallal.
Tout le monde se plaint de la même chose, quand les délais arrivent à leurs fin ils créent quelque chose (genre aller voir ton ambassade) et comme ça t’es prolongé. Comme ça tu prends la peine maximale. Quand ils voient qu’il te reste un ou deux jours, ils te font quelque chose comme ça le juge te prolonge en disant qu’ils ont pas eu le temps de te faire voyager mais que c’est en cours.
Au premier jugement on te dit la peine maximale de 28 jours, alors après ils font pour te prolonger.
Quand t’es un français quand on te dit peine maximale, c’est la fin. Pas pour nous.
On leur demande d’améliorer la situation des détenus, que les choses se fassent dans des brefs délai. On a pas besoin de 3 mois pour quitter un territoire.Même 28 jours pour quitter un territoire, C’est pour ça qu’on fait la grève de la faim, on préfère mourir qu’attendre leurs chose. On se dit que c’est un centre où y a pas de délai.
On est là dans une condition déplorable, inhumain. On peut pas supporter 3 mois. C’est pour ça qu’on est entrain de grever.
Communiqué des prisonniers du CRA 1 du 23 mars 2019
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DEUX LETTRES pour continuer une discussion : Le journal, le courrier, et Hafed …
Durant l’émission du 15 février, on répondait aux courriers qui nous demandent pourquoi il n’y a pas de nouveau journal depuis longtemps. On citait Hafed notamment, et on rappelait que le journal ne se nourrit que des paroles de l’intérieur. On a reçu depuis deux lettres qui prolongent un peu cette discussion. On les republie ici.
Le 25 février 2019
Salut Camarades,
Je m’appelle Christine. Je suis abonnée depuis longtemps. J’ai découvert l’Envolée en 2003. Je vous avais alors passé un texte écrit après la visite à mon compagnon enfermé à Valence qui a été publié sous le titre « Récit d’un parloir qui se passe mal » en une double page. Ensuite, je lisais le journal environ trois fois par an. En novembre 2012, c’est moi qui ai été enfermée. Je continuais à recevoir le journal et à le faire découvrir à mes voisines en promenade. De nombreux extraits de lettres, écrites à Elsa ou Anaïs en particulier ont été publiées durant 4 ans. Depuis ma sortie, il y a un peu plus de2 ans, l’abonnement n’a pas suivi à mon adresse dans la colline mais je trouvais l’envolée sur des lieux militants, notamment lors de la tournée de « Pisser dans l’herbe… » où on assurait la promotion et vente (si je ne me trompe pas, les 5 tournées vous ont permis de récolter près de 500 euros). J’ai aussi appris que je pouvais écouter l’émission de radio, que je n’avais jamais entendue en taule ou avant, via l’ordinateur.
Donc aujourd’hui, je branche l’ordi et vais sur le site. Je lis les résumés des émissions que je n’ai pas écoutées et me branche sur la dernière mise en ligne, celle du 15 février. Là, vous reconnaissiez ne pas avoir été foutu de sortir un journal depuis un an et, malhonnêtement, vous appeliez un mort à la rescousse pour vous dédouaner, nous accusant, nous, de ne pas écrire! C’est dégueulasse comme façon de faire!
A l’intérieur, on n’entend pas la radio, je vous l’ai déjà dit, même à Fleury ou à Réau, les taules de la région parisienne où j’ai été envoyée. Donc, vous arrêtez sans nous prévenir. L’honnêteté de base aurait été de faire un court journal, même qu’un 4 pages, pour expliquer votre flemme, vos dissenssions ou je ne sais quoi qui vous arrête, et de relancer l’appel à courrier. On est plusieurs à écrire dedans, mais l’AP connaît l’adresse et des lettres sont « perdues par la poste ». La solution c’est d’écrire à des proches potes qui relaient à l’Envolée. Pour ça c’est à vous de bosser, de ne laisser personne sans réponse, de relancer si une baisse de moral ou un transfert a coupé la communication. Bien sûr certains d’entre nous ont la flemme d’écrire, mais en général on aime recevoir du courrier et ça nous donne le courage d’y répondre (si vous mettez des timbres avec). Le journal tourne dans le cours de promenade et des demandes d’abonnement sont mal traitées par vous / ou / et censurées par l’AP). Merde, ce n’est pas nous les responsables ! Nous sommes isolés, ils nous séparent, nous transfèrent. Nous n’avons pas accès aux courriers des autres, c’est vous qui devez les centraliser et nous informer des transferts.
Nous n’avons pas accès à une imprimerie, c’est vous seuls qui pouvez vous coller à ce boulot. Le journal est un outil de lutte (rien que de le recevoir nous signale à l’AP comme un.e emmerdeur.se potentiel.le) que nous ne pouvons pas faire. Et c’est dégueulasse de nous en priver, surtout sans nous prévenir / expliquer !
J’en avais discuté un peu avec Floréal le 8 décembre mais il m’avait dit que vous aviez une réunion pour vous remotiver. Il semblerait que ça n’ait pas marché… Perso, je sais l’utilité de l’Envolée papier. Je sais le besoin d’avoir du courrier de camarades. Je sais le travail que ça a été pour que l’AP ne le censure presque plus. Il ne faut pas perdre ça.
J’ai maintenant un num de tel et toujours un stylo. Je veux bien aider à répondre aux courriers des enfermé.e.s, à relancer ceux qui n’écrivent plus (Fabrice, Rachide par exemple), à maintenir le lien avec ceux qui écrivent (Maite et Marina par exemple). Je peux même écrire moi-même : je réfléchis beaucoup en ce moment à la sortie à long terme, aux conséquences psy et physiques de ce qu’on a subi dedans …
Bref, relancez, relancez moi, assumez, mais ne lâchez pas, surtout comme des lâches!
Salut
Christine
Et la deuxième …
23/02/19
L’envolée,
Faut en finir avec ces prisons
Je vous écris ce courrier, je m’appelle Bragonça de Almeida Julien, ma mère est présidente du syndicat PRP pour les détenus. Elle m’a ramené au parloir le livre d’Hafed Benotman « Ca ne valait pas la peine mais ça valait le coup ».
Donc moi j’ai 22 ans le 26 mai 2019 et le livre m’a ouvert encore plus les yeux. Ce qui se passait en 2000, 2001, 2002 se passe encore en 2019. Depuis mes 14 ans, je fais de la prison. Comme Hafed disait, je ne suis pas un voyou. Je suis un voleur. Et aujourd’hui j’aimerais écrire un ou des livres sur la prison, sur ma vie, etc. Pour que notre combat contre les prisons et la justice puisse se finir et qu’on sera gagnant. A l’âge de 13 ans, j’étais en CER (Centre Educatif Renforcé). A 14 ans rebelotte. A 15 ans ils me mettent en CEF (Centre Educatif Fermé), puis a 16 ans la prison a Bourges les Bondio (18), puis Tours (37). Après je suis reparti en CER sur un bateau pendant 4 jours et là on m’a envoyé en EPM (78) qui est une prison pour mineur. Je suis passé majeur et j’ai été incarcéré un an au Craquelin jusqu’en 2016. Puis je suis sorti 3 mois et on m’a renvoyé 4 ans et 8 mois. Avec toutes les petites peines je me retrouve à 8 ans.
Depuis ma peine, je suis resté 6 mois au Craquelin (36). On m’a transféré à Orléans Saran (45). Je suis resté 5 mois puis envoyé à Chateaudun (28) pendant 10 mois et là je suis à Doux la ville (89), ça fait 8 mois. 8 mois de mitard et d’isolement. Là je vous écris du mitard. J’ai pris 30 jours depuis le 30 janvier. Ma famille vient me voir en parloir hygiaphone sans raison.
Force à l’envolée et tous ceux qui nous aident. Force à vous. J’aimerais qu’on m’aide pour écrire un livre, s’il vous plaît. Si vous avez besoin de photos, témoignages, tout ce qui est de mon possible je vous aiderai. Et si je peux avoir l’abonnement à l’envolée, ce serait bien.
Je suis à l’intérieur mais je suis là pour l’extérieur, pour que le combat continue.
Et si on peut m’aider pour mon livre, ce serait sympas.
Merci à vous tous de votre compréhension.
On m’a graille la gamelle, ça m’a fait les dents.
Force à l’envolée
Et grosse pensée pour Hafed
Force à vous tous
Bragança
PS: la juge me juge, m’enferme mais je reste libre, libre d’être moi, libre de respirer et libre de les emmerder.
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CA BOUGE TOUJOURS AU MESNIL-AMELOT : COMMUNIQUÉ D’UN GROUPE DE PRISONNIERS
Depuis le 8 janvier la lutte dans le centre de rétention de Mensil Amelot est devenue plus collective. D’abord au CRA2 avec une grève de la faim suivi par presque l’ensemble des batiments (plus de 80 personnes) pendant 3 jours. Avec aussi des communiqués régulièrement, des tentatives de lutter contre les déportations par vols cachés et les violences policières.
Au CRA3 aussi il y a eu des grèves de la faim, des communiqués.
Depuis le 8 janvier c’est au moins aussi 4 manifs/parloirs sauvages devant ou derrière le CRA du Mesnil-Amelot !
On relaye ici le communiqué des prisonniers du CRA3:
Nous sommes au centre de rétention de Mesnil Amelot. Nous sommes ici, nous sommes révoltés ! Nous voulons manifester pour que nos droits soient respectés. Pour cela nous avons certaines revendications qui sont les suivantes.
Ici nos droits ne sont pas respectés.
D’abord concernant les décisions de justice, parce que les décisions de justice nous sont toujours défavorables.
Nous n’avons jamais compris la raison pour laquelle c’est comme ça. Car il y a des jours où les retenus passent devant la juge, il y a parfois 20 retenus qui passent devant le tribunal et il n’y a pas une personne qui est libérée. Alors quand nous on voit les retenus revenir dans les centres, nous n’avons même pas un brin d’espoir de sortir d’ici.
Alors c’est pourquoi nous voulons que nos droits soient respectés concernant les décisions de la justice, qu’elles ne soient plus défavorables à notre égard.
Pour chaque retenu qui passe devant les juges, les requêtes sont toujours rejetées de manière systématique. Les dossiers ne sont pas étudiés avec du sérieux, tout est rejeté de manière systématique. Ils ne sont pas traités d’une manière sérieuse.
Vos intérêts requis ne sont pas appliqués.
C’est pourquoi toutes ces choses là, c’est un peu compliqué pour nous.
Et nous ne pouvons pas accepter cela. Car nos droits de défense sont massacrés. Nous pensons que les articles des droits de l’Homme ne devraient pas être massacrés de la sorte. Nous ne sommes pas en prison. Nous sommes en rétention, nous avons le droit à un minimum de confort. Selon la déclaration européenne des droits de l’Homme, nous faisons appel à l’article 6 qui énonce que toute personne a droit à ce que son cas soit entendu devant la justice de façon équitable et impartiale.
Ici nous n’avons pas le droit à des bons plats à manger. Ici la qualité elle est pas appréciable. Il y a un bon nombre de personnes qui sont couchées, qui ont la gastro, et ça nous pensons que c’est la provenance des aliments qui ne sont pas de bonne qualité.
Donc il s’agit de ça. Nous n’acceptons pas de vivre comme ça. Parce qu’en fait nous vivons dans une obligation et dans une contrainte, on nous laisse pas le choix des repas ou le choix de faire nous-même notre propre cuisine. C’est quand même contraire à la déclaration des droits de l’Homme. Nous n’avons pas commis de crime, nous sommes là dans un cas de non régularisation. Donc si on est pas régularisé, ce n’est pas un crime, ce n’est pas comme si on avait détruit le monde. C’est une situation administrative qui peut éventuellement se régler par un retour dans son pays ou par un suivi au quotidien d’une manière un peu correcte. Ça aussi nous n’acceptons pas.
S’agissant des conditions d’accueil dans le CRA, il est dit dans le règlement intérieur qu’une personne au CRA a droit à un lit tout seul et un matelas tout seul. Mais ici, durant leur séjour, il y a des retenus qui dorment par terre, il y a des retenus qui dorment dans le salon, dans la pièce où on regarde la télé normalement, mais ces personnes passent toute leur vie dans cette pièce, car les chambres sont blindées, 3,4,5 par chambre, alors que normalement c’est deux personnes par chambre pour pouvoir profiter de la superficie. C’est ça que nous vivons. Ça aussi nous n’acceptons pas.
Aussi ils ont mis à notre disposition une machine qui change de la monnaie, qui permet de nous rendre la monnaie pour acheter des trucs dans le centre. La machine est en panne depuis longtemps. Et ce n’est pas dans leur projet de la réparer. Ce n’est qu’une machine, c’est éphémère, mais c’est quelque chose en plus de tout le reste dont on a parlé.
Enfin le point des 90 jours. C’est lourd 90 jours, même pour la préfecture, même pour l’administration. C’est la nouvelle loi. Peut être certains et certaines à l’extérieur ne savent pas.
Nous voulons vraiment un changement total dans le CRA !
Aussi il y a les cas des santés de certaines personnes qui sont malades, vraiment malades car le stress, c’est une maladie, nous vivons avec, nous passons le temps avec, et pour les autres maladies, il n’y a pas de médicaments.
Les toilettes ne sont vraiment pas appréciables. Il y a un service de nettoyage, mais il ne passe pas tout le temps. Dans tout le centre, nous avons que deux toilettes donc faut attendre que l’autre soit sorti pour passer après l’autre.
Donc nous réclamons un changement total, au niveau administratif, au niveau de la justice, au niveau du centre, qu’on soit au moins bien traité, que ce soit pris en compte, on ne doit pas se servir de nos erreurs pour nous presser comme des citrons, pour nous faire vivre en cage, pour qu’on serve de cobayes.
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COMMUNIQUÉ DU CRA 2A DE VINCENNES
Actuellement à l’heure à laquelle on est entrain de vous parler, on est toujours retenu au centre de rétention de Vincennes 2 bâtiment 2. Nous sommes pour certains des pères des familles, des travailleurs et d’autres avec des projets de mariages.
Ici au centre nous sommes tout le temps menottés lorsque nous avons une visite ou lorsque nous allons au coffre quand ils doivent nous convoyer chez le juge ou à l’ambassade nous sommes convoyés dans des véhicules dont on voit même pas l’extérieur. Même à l’intérieur du véhicule nous sommes dans des cages. Au niveau de la nourriture, nous ne mangeons que pour la plupart du temps des légumes et des pates parfois nous ne connaissons même pas ce que nous mangeons. Concernant le médecin et les infirmières bon ils ne sont pas là en permanence. Le médecin ne fait que des consultations mais pas de traitements. Les seuls médicaments qu’ils donnent ici c’est dafalgan et un autre pour le sommeil. Il faut noter également que pour les personnes qui viennent nous visiter ils les font patienter 2 heures de temps. Et parfois les policiers ne sont même pas commodes avec eux. Nous ne méritons pas d’être ici. Nous exigeons notre liberté. C’est un peu ça.
On demande notre liberté. On a souvent des papiers qui attestent qu’on a de la famille ou un toit mais malheureusement on nous libère pas. D’autres dans le même cas on les libère donc on comprend pas.
Et on parle pas dans ce texte des vols cachés. L’isolement ça sert à punir. Quand y’avait les grèves de la faim ils utilisaient ça pour essayer de nous forcer à manger.
Y’a des gens on les envoie pas dans les bons pays. Y’a quelqu’un ils veulent le renvoyer au panama. C’est pas son pays et y a la guerre là-bas.
Communiqué écrit par des prisonniers du 2A le 09.02.19