C’EST HUMILIANT ET INSUPPORTABLE DE VIVRE COMME CA

lue à l’antenne le 6 Mai 2020

Salut à tous et toutes à L’Envolée,

Pour vous expliquer c’est quoi, ça consiste à me retrouver complètement paralysé, ou partiellement selon les crises : je peux ne pas pouvoir bouger mes pieds, où, en général, tout mon corps est immobilisé, il n’y a que les muscles de mon visage qui répondent faiblement. Autrement dit, j’arrive que à parler. Depuis peu, on me donne enfin 3 gélules de potassium par jour, donc 600 mg, ce qui n’est pas beaucoup, en tous cas pas suffisant parce qu’on ne sait pas du tout ce que j’ai, et que ça continue. En fait, on ne sait pas d’où ça vient, et ça m’est arrivé plusieurs fois : une fois quand j’étais dehors (j’étais un grand consommateur de cocaïne de provenance louche et on m’avait dit que ça devait être lié, alors le médecin n’avait pas fait d’analyses plus poussées) mais depuis que je suis rentré je ne consomme pas de cocaïne alors ça ne peux pas être la raison de la suite des crises : il y en a eu deux où j’étais complètement paralysé, le 22 février, et vendredi dernier, le 1er mai, mais là ils ont tout fait pour ne pas m’hospitaliser à nouveau.

J’ai enfin vu un médecin de l’UCSA lundi, qui m’a dit qu’elle allait essayer de trouver la cause de mes paralysies en me faisant hospitaliser à la prison-hôpital de Nancy. Moi, ça me va, plutôt que d’avoir la pression de me lever paralysé à chaque fois que je m’endort dans ma cellule, surtout vu ce que les surveillants se sont déjà permis de faire quand c’est arrivé les dernières fois.

Je vous raconte : la première fois que j’ai fait une crise « totale » en prison, le 22 février, c’était donc au réveil. J’ai été réveillé à 5h40 par le surveillant qui passait à l’œilleton, et j’ai voulu lui faire signe mais en fait j’ai réalisé que j’étais paralysé et je suis tombé de mon lit. À 7 heures, quand un autre surveillant est passé, il a ouvert la porte et m’a trouvé la tête sous le lit, position dans laquelle j’étais (mal) tombé, par terre, coincé la tête et le haut du corps sous le lit, paralysé. J’ai appelé à l’aide mais il a juste rigolé, m’a appelé par mon nom de famille, a fait des blagues sur le fait que je faisais du ménage sous mon lit (il ne voyait que mes jambes) et a refermé la porte. J’avais mis mon réveil à sonner pour que ça fasse du bruit et qu’ils finissent par rentrer pour se rendre compte que j’étais coincé et en galère. Mais ils ont dit que tant que ça sonnait c’était que « ça allait ». Un gradé est aussi passé, qui a affirmé que je « jouais la comédie », j’ai eu beau réclamer qu’ils appellent le médical, ils n’ont rien fait. J’ai dû attendre de sept heures du matin à 13h30 pour qu’ils appellent enfin le médical, qui a appelé le SAMU, et j’ai été hospitalisé. Les intervenants du SAMU ont pris ma défense, leur a dit que je n’avais aucun intérêt à simuler cela et qu’ils avaient mis ma vie en danger.

La deuxième fois, vendredi, j’ai du attendre trois heures pour être pris en charge, et mon codétenu a du me faire boire comme un bébé vu que je n’arrive pas à bouger du tout à ces moments-là. Bref, c’est humiliant et insupportable de vivre ça, et la pression, elle existe aussi pour mon codétenu.

Bon, en plus, j’ai un kyste au cerveau, il paraît que c’était bénin en 2016 mais depuis aucun examen n’a été fait et j’en ai aussi réclamé. J’avais même un rendez-vous mais le jour de mon rendez-vous chez le neurologue, juste avant le confinement, on me prévient à 8 heures que je dois être extrait à 10h pour y aller. J’attends 45mn dans la cage à poule, et finalement ils m’annoncent qu’il n’y a pas d’escorte qui peux m’y amener et je rate donc le rendez-vous…. Depuis, j’ai appris que les matons avaient fait un rapport comme quoi j’aurais refusé l’extraction et que je refuse donc de me soigner ! Je l’ai appris à l’UCSA, bref, c’est abusé.

Je vous tiendrais au courant de ce qu’il se passe pour moi par la suite, Force aux malades en prison, ils ont pas le droit de nous traiter comme ça, il faut en parler !

Seb, prisonnier à Metz

Laisser un commentaire