Vingt balles par ci, vingt balles par là, ils nous achètent comme des p’tits ados.

lue à l’antenne le 3 avril 2020

« Depuis le commencement du coronavirus, il n’y a aucune mesure de sécurité qui est prise, plusieurs cas avérés par un surveillant en scrèd. Ils les isolent, font comme si de rien n’était, ils les cachent. On ne nous dit rien. Les mecs, ils les isolent et après, on ne les voit plus. Ils ont été testés mais on ne nous a pas dit le résultat. Ils les changent d’étage.

La moitié des surveillants n’utilise pas de gants, et les masques sont très peu utilisés, on dirait que c’est laissé au bon vouloir de chacun. Ils ne respectent pas le mètre de distance.

La seule activité autorisée c’est le sport, par groupe de 20, uniquement dehors sur le terrain de foot. Ils ont envoyé un malade avec nous au sport et après ils l’ont confiné.

Franchement, si on est malade, c’est mieux de ne pas le dire car ils ne veulent pas nous aider. Ils vont nous isoler c’est tout. De toute façon on n’a aucune info.

Il y a eu un blocage il y a une semaine, ça a duré un moment. Ils ont fait venir l’ERIS. Ils sont passés en comparution immédiate, ils ont pris 6 et 9 mois de peine.

Ils ne nettoient pas les coursives. Ils se protègent eux, on ne les voit pas trop. Il n’y a plus de fouilles au corps. On a un peu la trouille, on voit à la télé ce qui se passe dehors. On a du savon, mais on a un problème de cantine, là par exemple j’ai pas eu le pack de bouteilles d’eau que j’avais demandé en début de semaine. Si on n’a plus d’eau, qu’on peut plus avoir de savon, on fait comment? Aucune précaution n’est prise pour la nourriture, ceux qui servent la gamelle, ils n’ont pas de masque. Nous on ne mange plus la gamelle du coup. On a des réserves, mais ça va pas durer éternellement si y’a plus de cantine. Plus de parloir du tout depuis le début du confinement. Ça va pour l’instant y’a encore du cannabis, mais d’ici une semaine ça va être le bordel. Ils nous ont donné des petits cadeaux pour nous calmer. Vingt balles par ci, vingt balles par là, ils nous achètent comme des p’tits ados. »

SLIM

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