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  • Le n°54 est arrivé ! Sommaire & édito

    Le n°54 est arrivé ! Sommaire & édito

    Il est presque rentré partout à l’intérieur, et chez tous les abonnés ! Abonnez-vous et/ou commandez-le via contact@lenvolee.net ! Retrouvez les lieux de dif’ en cliquant ici. Au sommaire :

    Télécharger le numéro

    La majorité ? – p.3

    « L’émotion est à son comble », lettre de Nadia – p.5

    La peine de mort n’a jamais été abolie, des prisonniers troublent la fête d’anniversaire – p.7
    * Lettres de 2021 de L’Infâme, Francis, Mounir, Daniel et Kémi

    Matons violents en procès et familles en colère – p.15
    * Homicide à la centrale de Saint-Martin-de-Ré
    * « On en a marre qu’ils salissent nos défunts » par Charlotte

    A l’isolement – p.18
    * « La nécessité d’une mise à jour », lettre de Libre Flot
    * « Le QI peut abattre même les plus durs d’entre nous », lettre de Mickaël

    Des nouvelles de l’ami Papillon – p.25

    Traque, enfermement, expulsions… Violence d’état contre les étranger·e·s
    – p. 26
    * « La pénitentiaire disait… », lettre de J.
    * « A chaque avion qui décolle, on panique », entretien avec S.
    * Refus de test PCR, par La Sellette
    * Une expulsion en quatre-vingts tours du monde, par B.

    « On ne se met pas à la place de la personne retenue en Ehpad »
    , entretien avec Christine R. – p.34

    Lettre ouverte d’une Gilet jaune contre la répression,
    par Nia – p.36

    Notes sur le procès des révoltes provoquées par la mort d’Adama Traoré en 2016 – p.38

    Transphobie en prison
    – p. 42
    * « Criminaliser les femmes qui se défendent » à propos du procès de Jennifer
    * « Je ne me sens plus en sécurité depuis l’agression que j’ai subi », lettre de A.

    Covid ou pas covid, ce qui ne varie pas, c’est le mépris – p. 45

    « J’ai écouté l’émission, j’ai été très ému », lettre de Y. – p. 46

    Coin lecture – p. 47

    Merci à Nia, Léo, Laurent, Svink et aux colleur·euse·s pour les illustrations du numéro !


    Édito L’Envolée 54 – novembre 2021

    S’il y a bien un « lien indissoluble entre la dictature et la peine de mort » – dixit Robert –, qu’en est-il du lien indissoluble entre l’État – sous quelque forme qu’il se présente – et la violence systémique de ses agents en armes ? Entre l’État et la torture blanche soigneusement invisibilisée dans ses prisons ?
    Toutes les prisons sont des couloirs de la mort ! Nous avons tenté de faire vivre cette vérité avec la sortie d’un livre, des discussions publiques, des affiches sur les murs…


    Au même moment, le budget pénitentiaire 2022 était examiné à l’Assemblée nationale et, toujours sans surprise, «l’extension du parc immobilier pénitentiaire» concentre l’immense majorité de ces fonds publics. L’autre gros poste de dépense, c’est la sécurisation des prisons. À croire que les conclusions des États généraux de la justice ont déjà été tirées : c’est la poursuite du programme pénal amorcé à la fin des années 1970, avec toujours plus d’enfermement préventif, plus de délits mineurs poursuivis et des peines qui s’allongent. Ce budget s’inscrit tout simplement dans la continuité d’une politique de surenfermement de la population : 49 000 prisonniers en 2001, 70 000 en 2020, 80 000 à l’horizon 2027 – sans aucun lien avec une quelconque évolution de la démographie ou de la « délinquance ». Le lien, c’est du côté de l’appauvrissement du plus grand nombre qu’il faut le chercher, tandis qu’une frange non négligeable de la grande bourgeoisie en profite en assumant de plus en plus ouvertement l’option fasciste.


    « Il faut s’opposer au passe sanitaire qui nous habitue un peu plus au contrôle de nos déplacements », tentent de crier des manifestant·e·s. C’est vrai… mais nous nous sommes bien habitués aux tentes d’exilés lacérées par des fonctionnaires de police ; nous nous sommes habitués à laisser crever des gens trente ans en prison ; nous nous sommes habitués à voir dissoudre des associations « islamistes », « gauchistes », « islamogauchistes »… Nous nous sommes habitués à ce qu’on bâtisse des murs pour éloigner les usagers de drogues ; nous nous sommes habitués à ce que les mots changent de sens et qu’« antifa » veuille dire fasciste dans la bouche des éditorialistes de garde ; à entendre un ministre des migrations proférer que les « murs des camps protègent les migrants »…


    Nous nous sommes habitués ? Qui ça, « nous » ? La « majorité » ? Ça reste à voir ! Des collectifs s’organisent ici et là contre les constructions de prisons à venir, des prisonniers et des prisonnières continuent de se battre à l’intérieur ; des Gilets jaunes mutilés, des proches, tués au mitard ou dans la rue par la police s’organisent pour combattre la violence de l’État ! Et ça fait tout de même du monde !

    L’Envolée se veut un porte-voix pour les prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait. Le journal publie des lettres, des comptes rendus de procès, et des analyses sur la société et ses lois. Il prolonge le travail mené par des émissions de radio qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, hors du contrôle de l’administration pénitentiaire (AP).
    Le journal est réalisé par des ex-prisonnier·e·s, des proches de prisonnier·e·s et d’autres qui savent que la prison plane au-dessus de nos têtes à tous. Il est primordial de faire exister la parole des prisonnier·e·s qui sont les mieux placés pour décrire leur quotidien, dénoncer leurs conditions de détention, les violences qu’ils et elles subissent et critiquer la prison.
    Une parole qui sort de la prison constitue un acte politique qui dérange l’ordre des choses, surtout quand cette parole est collective. Nous sommes convaincu·e·s que les mots inspirent et nourrissent la lutte contre la justice et l’enfermement. La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer.
    Prisons et justice servent principalement à enfermer la misère. En jouant son rôle de repoussoir social, l’enfermement carcéral produit la peur nécessaire au maintien de cette société. Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors. Ce journal existe depuis 2001 malgré les censures de l’AP, malgré les poursuites pour diffamation, malgré nos faibles moyens. Nous ne comptons que sur l’argent des abonnements extérieurs et des événements de soutien pour le financer. N’hésitez pas à écrire, à vous abonner et à abonner vos proches : pour les prisonniers et les prisonnières l’abonnement est gratuit.

    Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif.
    Règlement intérieur type, Article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale

  • Communiqué du 22 avril : RETABLISSEMENT IMMEDIAT DES PARLOIRS…  OU AMNISTIE GENERALE !

    Communiqué du 22 avril : RETABLISSEMENT IMMEDIAT DES PARLOIRS… OU AMNISTIE GENERALE !

    Rétablissement immédiat des parloirs pour les prisonniers, les prisonnières et leurs proches… ou amnistie générale.

    Communiqué de l’Envolée, le 22 avril 2020.

    Après plus d’un mois de suspension des parloirs L’Envolée, avec tous les prisonnier.es qui ne cessent de le répéter, exige leur rétablissement immédiat.

    Les visites ont été supprimées le 17 mars, privant les prisonniers et les prisonnières de tout contact avec leur famille — sans aucune justification sensée, puisque les surveillants entrent et sortent quotidiennement, sans parler des mandats de dépôt qui continuent à être prononcés et amènent tous les jours des personnes de l’extérieur en prison.

    Sentant venir le scandale sur les ravages humains produits par l’interdiction des visites en Ehpad, le ministre de la santé Olivier Véran a rétabli lundi 20 avril le droit de visite dans ces structures. Sans blague, c’est une torture pour les aîné.es d’être privé.es de leurs proches… mais pas pour les prisonniers et prisonnières ?

    Le ministre de la santé donne une liste des conditions matérielles à réunir pour organiser ces visites en Ehpad ; or ces conditions ressemblent à s’y méprendre au déroulement normal d’un parloir en prison.

    « En effet, ces visites se feront sous la responsabilité des directions d’établissements, qui devront dire à la famille quand et comment ce sera possible ». Comme en prison. « Ce sera à la demande du résident ».Comme en prison. « Il n’y aura pas plus de deux personnes de la famille en même temps » : en prison, on peut être jusqu’à six, mais c’est assez rare, et il y a fort à parier que la plupart des enfermé.e.s ne verront pas d’inconvénient à respecter cette limite provisoirement tant les parloirs sont exigus. Il y aura « l’impossibilité maintenue d’aller toucher la personne, d’être en contact physique (…) par contre, il y aura un contact visuel. » Comme un parloir hygiaphone, une cabine équipée d’une vitre de séparation… c’est une mesure disciplinaire et coercitive ! On ne le souhaite à personne.

    Disons simplement que les prisonnier.e.s et leurs proches devront respecter les gestes barrières dans leur propre intérêt et dans celui des personnes qu’ils aiment… comme nous le faisons tous dehors.

    Ces conditions sont donc applicables en prison du jour au lendemain.
    Quand des gens continuent à aller bosser tous les jours, qu’on parle de rouvrir les écoles, qu’on organise déjà des parloirs en Ehpad et qu’on demande aux prisonniers de fabriquer des masques pour les soignants et les soignantes… et les personnels pénitentiaires —  mais en aucun cas pour eux-mêmes — , comment justifier le maintien de la suspension des parloirs ? Par l’idée d’une sous-humanité, peut-être ?

    L’Envolée exige une nouvelle fois la reprise immédiate des visites et des activités dans des conditions sanitaires optimales —  tests, masques et gel —, comme les prisonniers et les prisonnières le demandent depuis maintenant plus d’un mois.

    Parloirs, libérations… et que ça saute !

    L’ENVOLEE
  • Flash info quotidien du 15 avril 2020

    Flash info quotidien du 15 avril 2020

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Khaled nous lit une lettre d’Hafed, provenant du livre Ca valait pas la peine, mais ça valait le coup sorti en hommage après sa mort en 2015. Il y compare l’enfermement d’un SDF dehors à celui d’un prisonnier dedans.
    • La situation dans les Ehpad, nouveaux lieux d’enfermement : « on laisse crever nos vieux et nos vieilles comme dans une cellule ». Un appel aux soignants.
    • Khaled en direct du quartier semi-liberté de la santé.
    • La violence policière s’intensifie avec le confinement.
    • Des nouvelles du Centre de rétention administrative de Vincennes : des prisonniers touchés par le Covid-19.
    • Poursuite de la grève de la faim au Centre de rétention administrative de Oissel.
    • Des nouvelles de la MAF de Nantes et lecture de messages.

    On laisse crever nos vieux et nos vieilles en prison et en Ehpad !

    Ancien prisonnier, correspondant et vieux compagnon de bagarre de L’Envolée, Laurent Jacqua a poussé un gros coup de gueule sur l’abandon des prisonniers en prison dans l’émission du 3 avril dernier. Après être revenu sur l’absence de soins lors des épidémies qu’il a vécues à l’intérieur, notamment celle du Sida, il a fait une comparaison entre ce qui se passe dans les Ehpad et dans les prisons. Voilà ce qu’il disait :

    « Les prisonniers et les vieux, on s’en bat les couilles ! Nos vieux, on les laisse crever comme dans une cellule. »

    Le parallèle s’impose de lui-même.

    Les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont des maisons de retraite médicalisées qui proposent un accueil en chambre. Ils reçoivent des personnes âgées de plus de 60 ans qui ont besoin d’aide et de soins au quotidien ; Il y a plus de 7 000 de ces établissements en France. les Ehpad sont censés être des structures de soin et d’accompagnement, mais déjà en temps normal, faute de moyens, faute de volonté commune, ce sont trop souvent des lieux d’abandon, de dépérissement, voire de maltraitance, où la société laisse mourir, loin des yeux du public. Ce n’est pas toujours le cas, on le sait : ici et là des soignants se battent pour faire vivre, accompagner, faire rire, encourager les familles à venir visiter leurs proches. Les soignants ne sont pas des matons.

    Mais ce temps normal n’existe plus : comme les prisons, les Ehpad ont été brutalement fermés aux visites extérieures dans le cadre des mesures de confinement : leur accès est désormais interdit aux intervenants, aux familles et aux proches ; soi-disant pour protéger la santé des pensionnaires. Ce confinement a des effets désastreux sur de nombreuses personnes âgées. Beaucoup d’entre elles s’affaiblissent du fait de ce brusque changement dans leur vie, de l’aggravation de leur isolement ; parfois jusqu’à en mourir. Surtout, il ne protège pas les pensionnaires, car il n’a – pas plus qu’en prison – il n’a pas été assorti de mesures systématiques de distribution de masques, ni surtout du confinement des personnels : comme en prison, ils entrent et sortent, au risque de ramener la maladie. Ça n’a pas été le cas partout, et on salue ici celles et ceux qui ont accepté de rester enfermées avec nos vieux et nos vieilles. Quoi qu’il en soit, sur tout le territoire, les Ehpad sont devenus en quelques jours de véritables lieux d’enfermement, rejoignant ainsi la trop longue liste qui va des Maisons d’arrêt et centrales aux hôpitaux psychiatriques en passant par les prisons pour mineurs et pour étrangers… Tous ces lieux d’où les informations ne sortent pas, ou à peine, et où l’abandon prend une dimension assassine.

    Pour dénoncer cette situation, et nous relayons aujourd’hui un – très fort – appel que nous avons reçu de proches et de  familles qui dénoncent le manque d’information et en appellent aux soignants des Ehpad (contact : ivanh@no-log.org)

    Aux personnels de l’Ehpad Les Airelles à Paris XXéme,
    Aux personnels de tous les Ehpad
    :
    Nous, proches de résidents, comprenons la difficulté et le
    désarroi qui sont les vôtres. Vous n’êtes pas responsables de
    l’indigence dans laquelle l’État français a plongé le système
    de soins depuis des décennies.
    Nous ne vous identifions pas à ce système.
    Néanmoins, vous portez une responsabilité : celle de la
    transparence à propos de la situation dans les établissements
    où vous travaillez. Vous avez cette marge de manoeuvre : dire
    la vérité,
    là où de nombreuses directions encouragent à cacher
    la gravité de cette situation.
    Pour nous permettre de supporter cette situation, peut-être
    celle de plus jamais revoir un être aimé, mais aussi pour nous
    permettre de nous révolter contre le peu de moyens dont vous
    disposez : nous avons besoin de savoir.
    Et parce que nous aurons su, nous pourrons nous retrouver à
    vos côtés afin de lutter pour des Ehpad où l’on aura envie de
    vivre et de travailler.

    Si vous parlez, il y aura des oreilles pour vous entendre.

    CONTACT : ivanh@no-log.org

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’émission de radio est diffusée le vendredi soir de 19 heures à 20 heures 30 sur FPP (106.3 Mhz en région parisienne) ou sur rfpp.net et disponible ensuite sur toutes les plateformes de podcast. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de quinze minutes, que vous pouvez écouter chaque soir de la semaine à 19 heures sur les ondes de FPP et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Cette émission est rediffusée toute la semaine sur les radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4). Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.
    Nous appelons d’autres radios locales à diffuser largement ce bulletin.

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relaierons les actions collectives et individuelles dont vous nous informerez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur.

    Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer. Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48. Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur Instagram, Twitter, FB & Snapchat.