Étiquette : fouille à nu

  • « Eux, ils arrivent à quinze, ils te foutent la misère, mais toi, tu es toute seule » : Nine revient sur 19 années de placard

    « Eux, ils arrivent à quinze, ils te foutent la misère, mais toi, tu es toute seule » : Nine revient sur 19 années de placard

    Émission de l’Envolée du vendredi 12 janvier 2024

    On diffuse un long et très fort entretien avec Nine, prisonnière longue peine et correspondante de longue date de l’Envolée, récemment sortie et qui revient sur ses 19 années de placard pendant lesquelles elle s’est fait trimballée dans les toutes les prisons pour femmes de France. Elle raconte les décès, les trafics et les violences des matons, des ERIS et des ELAC, les fouilles abusives, et les viols et les violences sexuelles des surveillants dans le quartier pour femmes des Baumettes. Mais aussi les solidarités et les révoltes, et toutes les fois où elle s’est battue pour ses codétenues. Pendant toute sa détention, elle n’a jamais arrêté de se bagarrer contre l’administration pénitentiaire qui lui a fait payer très cher. Elle décrit aussi les façons dont la tôle l’a détruite et les séquelles qu’elle découvre depuis sa sortie il y a quelques mois.

    « J’ai pris grave. Pour prendre 51 CRI au total, c’est qu’ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! Les Elac m’ont massacrée pour me sortir du QD alors que le téléphone ne m’appartenait pas. Donc oui, ils sont rentrés, à quinze. Et les Eris, et les Elac, à coup de pieds, le plastique dans la gueule, plaquée contre le mur, menottée, tirée comme un chien par les menottes, comme une merde, à éclater mon bras, etc. Mon doigt en charpente, le dos éclaté, la bouche qui coule du sang. Il te prend le crâne et il te plaque boum ! la tête contre le mur, tu crois quoi ? C’est gratuit ? Après il faut apprécier ces gens-là ? Moi je peux pas. »

    « Taper dans les barreaux collectivement c’est pas illégal, puisqu’il faudrait une caméra qui filme tout le monde. Sauf que tout le monde met un rideau de l’autre côté de la fenêtre et tes barreaux sont à l’intérieur. Tu prends ta casserole et bim bim bam ! Je te garantis que quand c’est 200 femmes qui le font, ah ça fait du bruit ! Les voisins ils sont contents hein ! Ça commence à 20h, ça finit à minuit. »

    Le journal numéro 57 est dispo !

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne !
    Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h) ! Dispo sur toutes les plateformes de podcast.

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels et textos).
    Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris

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    et sur instagram, twitter, facebook.

  • Fouilles abusives à la MAF des Baumettes – L’Infâme revient sur son parcours carcéral

    Fouilles abusives à la MAF des Baumettes – L’Infâme revient sur son parcours carcéral

    Emission de l’Envolée du 25 Décembre 2020
    • Fouilles abusives à la MAF des Baumettes depuis des semaines : des prisonnières dénoncent des matonnes sur Radio Galère. Extraits de témoignages passés dans l’émission Parloir Libre. Lecture d’un témoignage d’une personne tout juste sortie de la MAF.
    • Lecture d’une longue lettre de l’Infâme qui revient sur son parcours carcéral, la prison-psy de Château-Thierry, et la façon dont l’administration pénitentiaire (AP) le pousse à bout pour lui mettre encore et encore des peines internes.

    Parloir Libre est une émission de dédicaces pour les prisonniers et les prisonnières des Baumettes et leurs proches, tous les samedis de 19h à 21h et tous les jeudis de 20h30 à 22h.

    https://radiogalere.org/?show=parloir-libre

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • « Nous, détenus,         bloquons les prisons de France »

    « Nous, détenus, bloquons les prisons de France »

    Communiqué collectif de la prison de Rennes-Vezin, 23 mars 2020

    Ce communiqué a été publié par l’Observatoire international des prisons sur le blog de Mediapart le 23 mars 2020 alors que des mouvements ont lieu tous les jours dans des dizaines de prisons sur tout le territoire. Une semaine plus tard, force est de constater que la ministre des tribunaux et des prisons -qui annonce fièrement libérer 3500 prisonniers- n’a pas pris la mesure du message qui lui était adressé. Nous publions donc une nouvelle fois ce texte collectif dont nous saluons la combativité. Dans le contexte d’une crise sanitaire sans précédent, il rappelle les humiliations, l’arbitraire et la violence de personnels, les conditions misérables, les fouilles à nu, le surenfermement, l’absence d’aménagement, la rareté des rapprochements familiaux… qui font le quotidien de l’enfermement.

    À l’attention de
    M. le Président de la République,
    Mme Belloubet, ministre de la Justice,
    M. Bredin, directeur de l’Administration pénitentiaire,
    Mme Hanicot, directrice de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Rennes,
    M. Astruc, procureur de la République à Rennes,
    ainsi qu’à tous les directeurs de prison.

    Nous, détenus, bloquons les prisons de France.

    Nous, détenus, sommes inquiets concernant le Covid-19 pour nos familles, nos proches et nous-mêmes. Nous vivons une crise sanitaire sans précédent et le sentiment de peur est décuplé, comme tous les sentiments en prison.

    Nous détenus de France demandons que des règles d’hygiène strictes soient imposées à l’ensemble du personnel de l’établissement ; que la promiscuité entre nous et le personnel, comme partout ailleurs en France, soit interdite et que si cela n’est pas possible, que le personnel porte gants et masques. Nous détenus de France, demandons un plan d’action sanitaire en cas de contamination au sein de chaque centre pénitencier.

    Nous, détenus, accusons le système judiciaire et carcéral de nous mettre en danger de mort et demandons immédiatement le désengorgement de toutes les prisons en libérant les fins de peine et les détenus considérés comme non dangereux pour notre société afin de ne plus jamais dépasser la capacité d’accueil des prisons. Nous demandons à ce que vous soyez vigilants de telle sorte à ne plus jamais nous entasser au point de dormir par terre, et ce en vous assurant dorénavant de bien réguler les prisons pour incarcérer dans des conditions dignes d’un pays tel que la France.

    Nous, détenus, dénonçons les violences physiques et morales de la part de certains surveillants et Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) couvertes par les directions ; les effacements trop rapides des preuves vidéos, et encore pire des plaintes classées sans suite par les procureurs trop proches des directeurs de prison, qui par la même occasion se rendent complices de ces agissements et donnent un sentiment d’impunité aux surveillants véreux.

    Nous, détenus, dénonçons la flexion lors de fouille à nu, cela porte atteinte à notre dignité et nous humilie. Pourtant, sur la circulaire relative aux moyens de contrôle des personnes détenues, jamais la flexion n’est indiquée ou ni aucune autre humiliation, c’est donc de l’abus de pouvoir.

    Nous, détenus, dénonçons le mépris, les moqueries et les inepties des syndicats de surveillants et gradés. Le pouvoir qu’ils ont obtenu, s’il sert à améliorer leurs conditions de travail, est honorable ; par contre quand il sert à faire reculer nos conditions de détention cela devient malsain et creuse un fossé inéluctable entre surveillant et détenu.

    Nous, détenus, dénonçons la Direction interrégionale de casser les liens familiaux en refusant les rapprochements familiaux ou en mettant trop de temps pour les plus chanceux de se rapprocher de chez eux (Corses, Basques, etc.). Nous détenus, dénonçons le refus quasi-systématique des parloirs prolongés pour les familles vivant à plus de 200km alors qu’en théorie cela est déjà inscrit dans le règlement. Arrêtez de nous dire qu’il n’y a plus de places, trouvez des solutions !

    Nous, détenus, dénonçons avec la plus grande véhémence le régime fermé des maisons d’arrêt et demandons immédiatement la reprise dans toutes les prisons de deux promenades par jour, sans vous cacher derrière l’excuse du travail ou activité, car nous savons tous que les places sont limitées. Nous ne pouvons plus rester entre 22h voire 23h enfermés sans pouvoir sortir de la cellule, ceci est inhumain. Nous souhaitons que le système carcéral en maison d’arrêt soit repensé, avec plus de bâtiments, de confiance.

    Nous, détenus, dénonçons le système des cantines à géométrie variable et voulons acheter de la viande selon nos croyances (juives, musulmanes ou chrétiennes) donc cantiner de la viande casher, halal ou neutre et si la chaîne du froid pose problème, il faut trouver des solutions, qui existent. Nous détenus, demandons la mise en place de trois délégués au minimum par prison afin de dialoguer avec la direction et apaiser les tensions.

    Nous, détenus, demandons plus de juges d’application des peines et conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation pour ne plus jamais dépasser le délai des quatre mois lors d’un aménagement de peine et demandons l’application stricte de la loi sur les aménagements de peine : maison d’arrêt mi-peine et centre de détention 1/3 de peine.

    Nous détenus, dénonçons le sort réservé aux détenus dans les quartiers d’isolement et le traitement inhumain et dégradant que vous leurs infligez.

    Nous détenus, dénonçons la dureté de la détention pour les femmes détenues, souvent rejetées par leurs proches et coupées du monde extérieur sans aucun lien social et demandons une réflexion sur la séparation d’une mère détenue et son enfant. Nous détenus, demandons un délai plus court entre chaque uvf.

    Nous, détenus, demandons aux juges de se remettre en question concernant les détentions provisoires car cela devient une antithèse avec la présomption d’innocence.

    Nous, détenus, sommes tout simplement au bord de la rupture qui s’est accentuée avec ce contexte anxiogène de la propagation du virus covid-19. Sachant qu’en prison aucune règle de base n’est respectée par les surveillants, ni les barrières de distance, ni les gants, ni les masques et pire on continue de nous palper au mépris des règles d’hygiène, ce qui augmente le risque de contamination. Nous détenus, lançons un cri du cœur pour que les surveillants humains prennent le dessus sur les surveillants qui se sont déshumanisés afin de renouer le dialogue. Nous détenus, demandons à être respectés par toute la corporation judiciaire, pénitentiaire et la société.

    Nous, détenus, apportons notre soutien aux infirmières, unités sanitaires, médecins, pompiers, virologues, Samu, Smur et tout le corps médical car nous sommes conscients et reconnaissants du travail accompli dans cette période si difficile. Merci à vous.

    Les détenu(e)s de France.