Étiquette : justice anti-terroriste

  • « De plus en plus de jeunes avec des peines de dinosaure » – Le renseignement pénitentiaire, Genesis et la fabrique de la culpabilité.

    « De plus en plus de jeunes avec des peines de dinosaure » – Le renseignement pénitentiaire, Genesis et la fabrique de la culpabilité.

    Émission de l’Envolée du vendredi 12 décembre 2025

    AU PROGRAMME :

    Lettre de Kémi, à la centrale de Moulins, qui nous raconte un coup de pression des ELSP : « Ils disent que je suis intolérant à la frustration, mais c’est à la connerie que je suis intolérant. » Il parle aussi des très longues peines et de la réinsertion inexistante : « Je croise de plus en plus de jeunes en centrale, avec des peines de dinosaures ».

    Darmanin, Super héros de l’ordre et de la sécurité, épisode 333. Encore des rafales d’annonces médiatiques toutes plus brutales les unes que les autres contre les prisonniers et prisonnières : enfermement massif même pour les peines de quelques semaines, extension de l’isolement et des QHS modernes, menaces sur les remises de peines, « opérations zéro téléphone »…

    Comment fonctionne le renseignement pénitentiaire ? Retour du procès de l’attentat de Condé-sur-Sarthe.
    Dans notre émisison du 19 septembre 2025, nous avions raconté le procès de M.Chiolo, condamné à la perpétuité incompressible pour avoir attaqué des surveillants de Condé-sur-Sarthe en 2019. Trois de ses quatre co-accusés avaient aussi subi de très lourdes peines, justifiées par quelques éléments qui ne sont que des pratiques banales en détention. Pratiquer des sports de combat ensemble, chuchoter, donner des vêtements, avoir des compagnes qui s’entraident, etc., constitueraient des preuves de leur complicité, traduite pénalement par le crime d’ « association de malfaiteur terroriste ».

    Nous avons suivi et raconté ces semaines d’audience car c’était aussi le procès du fonctionnement de la prison de Condé-sur-Sarthe, conçue dès son ouverture en 2014 comme une prison ultra-sécuritaire. Nous revenons aujourd’hui plus en détail sur ce que ces semaines ont révélé au sujet d’une institution méconnue, le renseignement pénitentiaire, et sur son rôle de surveillance généralisée, et sur ses interprétations arbitraires mais imparables, éléments-clés de la fabrication d’une « association de malfaiteur terroriste ». Nous parlons aussi des usages du logiciel Genesis, base de donnée sur les prisonniers et prisonnières dans laquelle chaque travailleur de l’AP peut noter ses remarques à leur sujet. Subjectives et éventuellement fondées sur des « on dit », leur inscription dans ce logiciel construit une étiquette qui va coller à la peau des enfermé.e.s… et justifier les répressions futures.

    AGENDA :

    Mega zonzonde de fin d’année : « De dédicaces en dédicaces, on casse l’isolement ! » Toute la soirée du 24 décembre, une émission de messages et dédicaces, pour les personnes enfermées et leurs proches. Plus d’infos ici.

    Cantine pour cantiner le 21 décembre à midi à Saint-Etienne : repas en soutien à une personne enfermée. Vegan et prix libre, à la Tablée au 15 rue Robert. Plus d’infos ici.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne.
    Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Et sur toutes les plateformes de podcast.

  • L’association de malfaiteurs terroriste : un procès d’intention

    L’association de malfaiteurs terroriste : un procès d’intention

    Émission de l’Envolée du vendredi 5 décembre 2025

    AU PROGRAMME :

    On rediffuse une émission Tapage de novembre 2025, diffusée sur radio Canal sud à Toulouse et sur la Sellette, blog de chroniques de la violence judiciaire (récits et analyses).

    Intitulée « L’association de malfaiteurs terroriste : un procès d’intention », cette émission revient sur « l’affaire du 8 décembre » (ou 8-12).

    L’un des inculpés raconte son arrestation, sa garde à vue et sa condamnation pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste »… tout ceci malgré l’absence de projet concret, et encore moins de passage à l’acte, mis en lumière après 3 ans d’instruction et 3 semaines de procès. Ce récit permet de décrypter certains rouages d’une machine à punir basée sur la supposée intention des accusé.e.s., et contribue à une analyse de la justice anti-terro. Présentée comme « exceptionnelle » en droit, car répondant à des enjeux « exceptionnels », elle est aussi malheureusement exemplaire de ce que subissent ceux et celles qui sont soupçonnés de terrorisme ou d’intention, mais aussi plus largement du délit d’ »association de malfaiteur » (terroriste ou pas), qui permet d’arrêter et punir des personnes sur la base d’intentions et de leurs relations, ainsi que sur les mécanismes de la garde-à-vue comme machine à arracher des paroles malheureuses…

    N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences et réactions pour alimenter ces analyses…

    En savoir plus sur l’affaire du 8 décembre :

    Sur la violence judiciaire ordinaire : livre Sur la sellette, chroniques de comparutions immédiates… gratuit pour les prisonnier.e.s !

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  • Sports de combat, chuchotements et dons de vêtements : la fabrique de la culpabilité terroriste

    Sports de combat, chuchotements et dons de vêtements : la fabrique de la culpabilité terroriste

    Retour du procès de l’attentat de Condé-sur-Sarthe

    Émission de l’Envolée du vendredi 19 septembre 2025

    AU PROGRAMME :

    En juin 2025, nous avons suivi le procès de l’attentat qui avait eu lieu à la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019. Pendant une UVF (unité de vie familiale), le prisonnier Michaël Chiolo et sa compagne avaient blessé au couteau deux surveillants avant de se retrancher et de revendiquer leur acte au nom de l’État islamique. Le RAID était intervenu, avait blessé et arrêté M.Chiolo et tué par balle sa compagne.

    Au procès, M.Chiolo a revendiqué son acte comme un attentat commis au nom de l’État islamique, ce que nous ne pouvons que désapprouver. Cela dit, dans cette émission, nous racontons et analysons ce procès pour deux raisons. Premièrement le principal accusé ne cesse de dénoncer la violence pénitentiaire et d’affirmer qu’elle a fait de lui ce qu’il est devenu. Deuxièmement, derrière le show médiatico-sécuritaire antiterroriste, cette audience a aussi mis en lumière la prison actuelle, la justice en général et la justice antiterroriste en particulier, qui a permis d’infliger des peines délirantes. ­

    Nous situons l’attentat dans son contexte en rappelant l’histoire de la prison de Condé-sur-Sarthe, cette centrale sécuritaire ouverte en 2013 et qui a toujours infligé des conditions invivables. Les prisonniers y avaient obtenu collectivement quelques assouplissements, puis avaient subi un durcissement après l’arrivée du directeur Chapu (+ d’infos ici). Suite à l’attentat dont nous parlons aujourd’hui, les surveillants avaient protesté en bloquant la détention pendant deux semaines. Punissant ainsi collectivement tous les prisonniers et leurs proches en leur infligeant quinze jours insupportables (voir ici), ils avaient ensuite obtenu de la part de l’AP un nouveau durcissement des conditions de détention, qui ne font qu’empirer avec les projets actuels de QLCO de Darmanin.

    En 2019, l’auteur de l’attentat et ses quatre co-accusés étaient tous prisonniers longues peines et enfermés au QMC 2 (quartier maison centrale) de Condé-sur-Sarthe, cette aile où l’administration pénitentiaire avait décidé de regrouper des prisonniers condamnés pour terrorisme islamiste ou soupçonnés d’être « radicalisés » – parfois sur la base de critère fumeux tels que le fait de s’être converti en prison alors qu’on était déjà musulman.

    Au long du procès, tous les accusés ont régulièrement dénoncé la violence pénitentiaire comme la dénoncent habituellement de nombreux prisonniers et prisonnières. Si Chiolo a expliqué que c’est la prison qui avait fait de lui ce qu’il était devenu, nous ne pouvons que combattre la trajectoire politique qu’il a choisie, qui relève selon nous d’une forme de fascisme. Si nous avons décidé malgré tout de raconter ce procès, c’est parce que ses quatre co-accusés ont systématiquement nié le moindre lien avec cet acte et rejeté une quelconque sympathie avec ses motivations djihadistes, mais aussi parce que la dénonciation de la violence pénitentiaire formulée par les 5 accusés a systématiquement été occultée, sous prétexte de l’accusation de terrorisme.

    Raconter ce procès, c’est enfin et surtout montrer comment la justice et l’administration pénitentiaire (par le biais de ses services de renseignement internes et de son logiciel de fichage Genesis) fabriquent de toute pièce une culpabilité terroriste pour les quatre co-accusés, qui se retrouvent là parce qu’ils se sont fréquentés en prison, alors même qu’ils ne cessent de le répéter : c’est l’AP qui les a enfermés ensemble, et les pratiques présentées par l’accusation comme des preuves de leur « association de malfaiteur terroriste » ou de leur complicité ne relèvent que de conduites ordinaires en détention. Chiolo a pris une peine extrêmement lourde : la perpétuité incompressible, qui n’avait été appliquée jusqu’ici que pour des homicides. Mais ses co-accusés ont aussi reçu des peines délirantes : perpétuité assortie de 30 ans de sûreté pour l’un, 20 et 12 ans pour les autres. Le dernier a été acquitté. Les seuls éléments qui ont justifié leurs peines sont des pratiques banales en détention : pratiquer des sports de combat ensemble, chuchoter, donner des vêtements, avoir des compagnes qui s’entraident, etc. Ces éléments seraient des preuves qu’ils ont constitué un « club des cinq », traduit pénalement par le crime d’ « association de malfaiteur terroriste ».

    C’est une caricature poussée à l’extrême de la manière dont la justice en général construit la « vérité judiciaire » sur la base d’éléments toujours tournés en défaveur des accusés : quoi que l’on ait fait ou pas fait, ce sera toujours retenu à charge. C’est aussi un malheureux exemple de la manière dont tout comportement ordinaire en détention (apprendre la langue des signes, se fréquenter dans un gourbi, prêter sa console de jeux vidéo, etc.,) peut être employé par l’administration pénitentiaire pour imaginer des profils dangereux et les (mal)traiter comme tels.  

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