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  • Expérimentations sécuritaires et violences pénitentiaires : lettres sur le QI et le mitard

    Expérimentations sécuritaires et violences pénitentiaires : lettres sur le QI et le mitard

    Le QI (quartier d’isolement) et le mitard sont les parties de la prison les plus propices aux violences pénitentiaires. Francis Dorffer explique comment les QI deviennent de plus en plus invivables, au rythme de la diffusion progressive des nouvelles logiques sécuritaires. Beaucoup de morts en prison ont lieu à l’isolement ou au mitard, comme le dit Kémi dans une lettre écrite le 29 mai 2022 à l’occasion de la journée nationale contre les violences pénitentiaires. Anonyme, une quatrième lettre revient sur le caractère systémique des violences contre les prisonnier·e·s, spécialement au QI.


    « À chaque transfert, je recommence le circuit de la mort à zéro »

    Lettre de Francis Dorffer

    Nous avons publié au début de l’année une lettre ouverte de Francis écrite en décembre 2021 depuis Saint-Maur. Transféré à Arles, il continue à y subir la gestion toujours plus sécuritaire des QI. Cette première lettre a été lue à l’antenne le 18 mars 2022.

    Maison centrale d’Arles, quartier d’isolement,

    Le 15 février 2022

    Aujourd’hui en prison, on n’y fait plus attention, mais la sécurité prend une place de plus en plus énorme et déshumanise tout. Depuis un certain temps, au nom de la sécurité, on a laissé tomber toute forme de sympathie ou même d’humanité. Depuis bientôt trois ans, je vis à l’isolement enfermé 24 heures par jour. C’est par une trappe dans la porte que je dois passer mes mains pour être menotté dans le dos, par des casqués équipés de boucliers, pour sortir de cellule. Comment me sentir bien ? Comment résister et ne pas tomber dans la haine, dans la violence ? Je résiste sans dire un mot. Malgré les années qui sont passées, à chaque transfert, je recommence le circuit de la mort à zéro.

    Exemple : ici, on m’a mis dans une cellule dite « de force », où la fenêtre ne s’ouvre presque pas, les toilettes et le lavabo sont dans du béton, il n’y a aucun meuble à part une table en ferraille attachée au sol. Et le pire, je suis menotté à chaque sortie de cellule par des surveillants qui me tiennent par chaque bras. Imaginez un rendez-vous ! La personne vous voit arriver avec cinq surveillants équipés comme des robots ! Super, les entretiens menottés dans le dos. Au dentiste les menottes me rongent la peau car je suis assis dessus, et je me casse les poignets. Je pense que les directions qui prennent ce genre de mesures contre moi ne se rendent même plus compte qu’ils participent à un acharnement et cela commence à me ronger.

    Je vis en détention depuis vingt-deux ans. J’ai passé plus de temps en prison qu’à l’extérieur, j’ai été condamné à une peine qui est la plus longue infligée en France. En tout, quatre-vingt-six années de détention ont été prononcées contre moi et j’ai encore un jugement en attente. Pour ceux qui ont du mal à y croire, qu’ils contactent mes avocats ou qu’ils regardent sur le net.

    Quand j’entends que la France est un pays fondateur des droits de l’homme, ça me dégoûte. Et mes droits, ils sont où ? Ah, je suis un taulard, donc je peux m’asseoir dessus ? Les gens pensent : « il est en prison, il l’a bien mérité », mais non ! J’ai pas mérité d’être condamné à autant. J’ai pas versé une seule goutte de sang. Dans mes prises d’otages, je n’ai pas frappé une seule fois un otage ! Pourtant on m’a condamné comme si j’avais tué cent fois, et c’est ma quinzième année de détention au QI, et actuellement j’en suis à la troisième d’un trait. Menotté et baluchonné chaque année, car à chaque fois on me dit : « reste tranquille et on va enlever les menottes », arrivé quelques mois on me met les menottes devant, puis paf on me transfère ailleurs et arrivé dans une nouvelle prison on me dit :

    "On te connaît pas, donc on repart sur le menottage dans le dos, si tu reste tranquille on verra pour te les mettre devant !"

    Que la France arrête de faire semblant d’être un pays humain et surtout qui respecte les droits de l’homme. Ça fait 22 ans que je suis en prison et chaque jour on m’attache comme un chien ! C’est ça, se réinsérer, les gens ! En les attachant dans le dos ! En les éloignant de leurs familles, en les laissant des années au QI, en les laissant sans rien. Bref, ce que je sais, c’est que c’est pas comme ça qu’ils vont me casser !

    Force et courage à tous, soyez forts, et si besoin écrivez-moi, je répondrai.

    Francis Dorffer


    En direct des abattoirs français

    Lettre de Francis Dorffer

    Nous avons publié au début de l’année une lettre ouverte de Francis écrite en décembre 2021 depuis Saint-Maur. Transféré à Arles, il continue à y subir la gestion toujours plus sécuritaire des QI. Cette seconde lettre a été lue à l’antenne le 18 mars 2022.

    Maison centrale d’Arles, quartier d’isolement,

    Le 20 février 2022

    Aujourd’hui, la prison a pris un tournant ultra-sécuritaire. C’est de plus en plus inquiétant : en 2022 le budget pénitentiaire a voté 145 millions d’euros rien que pour le volet sécuritaire ! Quand le budget pour les alternatives à la prison s’élèvent à 300000 euros ! Ou la prévention de la récidive : 90 millions ! C’est hallucinant. À ces deux catégories, on n’arrive même pas au budget alloué pour la sécurité. Alors que les deux sont essentiels. Sur le terrain, la hausse de l’hyper-sécuritaire se fait ressentir chaque jour un peu plus.

    Quand on se penche un peu sur les quartiers d’isolement… Pour être concret : il y a quinze ans, j’étais en QI dans des maisons d’arrêt. Il n’y avait pas de système de trappes aux portes. Aujourd’hui, 90% des QI sont munis au moins partiellement de ces trappes ! Et ce qu’il se passe, c’est que dans beaucoup de QI, vu qu’il y a ces trappes aux portes, les agents n’ouvrent quasiment plus les portes. La facilité de venir seul et de distribuer le courrier, les cantines ! Voire dans certains cas, les repas. Et l’humain disparaît petit à petit. Même des audiences sont faites par les trappes ! Et je ne suis pas une exception. Des détenus traités comme moi, il y en a de plus en plus… Il faut que ça cesse ! On a pas le droit de laisser des êtres humains comme ça ! Le contact avec les surveillants ne fait plus que le bruit de la ferraille des menottes et le claquement des boucliers, chaque jour depuis trois ans. Et je vous le dit, il y a des centaines de détenus qui vivent ça. Mais les pauvres ont tellement laissé le temps passer que pour eux, c’est normal ! C’est devenu banal de laisser les gens mourir à petit feu comme ça.

    Et quand il y a des incidents, on relance les vieux débats, les manques de moyens, etc. Non ! Stop ! Aujourd’hui le directeur d’une prison peut placer un prisonnier au QI, le faire menotter, lui imposer des agents équipés casqués avec boucliers, lui imposer des heures de sortie (1 heure du matin !), le mettre en position animale ! Et après ils vont dire : « regardez, le mec est violent ». On fabrique des bombes humaines et quand elles explosent on se demande comment c’est arrivé. Non, vraiment, stop ! Il est temps de traiter les détenus comme des humains et de leur laisser l’espoir, la vie est déjà assez compliqué pour nous. Il faut que ça cesse ! Venez voir !

    Merci à tous,

    Francis Dorffer


    Le mitard et l’isolement

    Lettre de Kémi

    Kémi écrit dans cette lettre, lue à l’émission du 20 mai 2022, qu’il est sorti d’isolement peu de temps avant, en janvier 2022. Cependant, l’AP a depuis décidé de l’y remettre au courant de l’été 2022...

    Maison centrale de Saint-Maur,

    Mai 2022

    Bonjour à tous,

    Je vous écris de la centrale de Saint-Maur, je m’appelle Mickaël, j’ai 33 ans et ça fait dix ans que je suis en cellule, et il me reste encore dix ans sur le papier, tout ça pour vous dire que je connais bien le mitard et l’isolement. D’ailleurs, récemment je suis sorti de l’isolement après un bref séjour de deux ans, le mitard je connais que trop bien aussi malheureusement, j’ai même connu les fameux 45 jours fermes de cachot ! Un mois et demi enfermé dans 3 m² avec rien, même la radio ils font galérer pour nous la donner !

    La France devrait fermer ces lieux sombres, sérieux

    L’isolement en France c’est quoi ? C’est ni plus ni moi que les QHS (quartiers de haute sécurité) des temps modernes ! On est 23H/24 enfermés en cellule, impossible de voir à quoi ressemble ton voisin de cellule, et si tu parles à la fenêtre faut faire très attention à tes propos et avec qui tu les tiens pour éviter que l’AP te colle une étiquette chelou sur ton dos ! Si tu t’énerves faut être préparé car ils entrent dans ta cellule avec le bouclier et les tenues pare-coups, et te sautent dessus, donc quitte à faire du mitard, autant y aller pour une raison valable…

    Ça peut paraître brutal, mais en vrai vous êtes loin de la vérité, c’est encore plus brutal. Je m’exprime pas très bien, mais c’est des abattoirs à détenus. Regardons la vérité des choses, la plupart du temps, quand un détenu perd la vie, c’est soit au mitard, soit à l’isolement, ou alors par un incendie dans la cellule…

    L’isolement et le mitard en France, ce sont des lieux où l’on se sert des détenus comme des cobayes, ils essayent de vous shooter avec des médocs, ou alors ils te piquent, c’est la camisole de force par injection, c’est des oufs ! La France devrait fermer ces lieux sombres, sérieux, vous ne pouvez pas imaginer ce qui s’y passe !

    Oui c’est vrai, à l’isolement, on a le droit à la télé et aux cantines mais si tu bosses pas et que t’as pas de soutiens à l’extérieur tu fais comment ? Rares sont les quartiers d’isolement où tu peux bosser, la télé n’est pas gratuite, c’est 20€ par mois, et même si t’as la télé tu peux passer plusieurs années à l’isolement coupé de tout, si tu commences à parler à ta télé et que tu attends une réponse, ben, pose-toi les bonnes questions !

    J’ai vécu une nuit au mitard en 2014 où je me suis battu pour ma vie, merci à mes voisins qui ont fait le bordel

    J’ai personnellement côtoyé l’isolement, j’ai passé plusieurs années dans ces mouroirs. Le mitard c’est pareil, on doit rester sur nos gardes 24H/24. Pour tout vous dire, j’ai vécu une nuit au mitard en 2014 où je me suis battu pour ma vie, et merci à mes voisins qui ont fait le bordel quand ils ont entendu la bagarre dans ma cellule, à cette époque j’étais le détenu à briser voir plus après une prise d’otage dont j’ai été l’auteur, quand on joue avec l’AP, on joue sa vie !

    Bref, j’espère que ces quelques mots permettront de voir un peu ce qu’est l’isolement et le mitard… Force, courage et honneur pour tout·e·s les détenu·e·s de France et leurs familles !

    Mickaël, AKA Kémi


    « S’adapter, ne pas s’habituer »

    Lettre d’un lecteur anonyme de L’Envolée

    Cette lettre a été lue à l’émission du 17 juin 2022.

    Dans une prison de France, quartier d’isolement,

    Juin 2022

    Salam, peace à toute la populace,

    Je suis un lecteur assidu de L’Envolée, un révolté de nature, qui au fur et à mesure vire entre haine et dégoût. Innocent ? Nan, sûrement pas, et alors ? Non coupable ? Ça dépend des points de vue. Plus de sept ans de détention, six ans d’isolement ininterrompu, réclusion criminelle à perpétuité, la trentaine, nice to meet you.

    Je suis en ce moment dans une cellule d’isolement. Force à tous ceux qui sont dans ce cas. La fenêtre s’ouvre à peine suffisamment pour passer la main, ni un oiseau ni un singe et, malgré tout le respect que j’ai pour eux, j’ai l’impression d’être un animal dans un zoo. Drôle de situation quand un directeur vient vous accueillir à votre arrivée en disant : « alors, c’est vous ? », avec le regard que l’on pourrait porter sur un lion domestiqué ou non domestiqué dans une cage.

    Ces bleus, ces humains qui ne le sont que très peu au quotidien, agents et acteurs d’un racisme structuré

    S’adapter, ne pas s’habituer. J’ai vu au cours des années des détenus flancher psychologiquement, répondre à la violence institutionnelle (quand elle n’est qu’institutionnelle, ce qui est extrêmement rare), par la violence physique, souvent contre eux-mêmes, trop souvent contre eux-mêmes d’ailleurs. À l’égard des bleus, parfois ces bleus, ces humains qui ne le sont que très peu au quotidien, agents et acteurs d’un racisme structuré, nous les noirs ris de leurs blagues racistes de leurs collègues. Ces gens, ces bleus, très souvent instables, qui laissent libre cours à leur base instable à l’ombre de ce système panoptique, où force n’est pas à la loi, puisque ces lois ils les bafouent en permanence et que le détenu qui aurait l’outrecuidance de s’emparer de ces lois pour tenter de se défendre (je dis bien tenter) est immédiatement estampillé procédurier et les vexations ne font que se multiplier.

    Que dire des piqûres ? De la camisole chimique ? Que dire des décès ? Des meurtres maquillés en suicides ? De l’instrumentalisation de la bassesse humaine ? De l’utilisation des détenus contre d’autres détenus ?

    Et lorsque l’on a dit tout cela, que dire des QI ? J’y suis depuis six ans. On m’accuse d’être un roc, de ne pas faiblir, de ne pas craquer, d’être trop peu impacté après toutes ces années. Qu’on se le dise, je n’ai pas l’intention d’abdiquer : routine exigeante émaillée d’effractions de la part de soldats, plus exactement de marionnettes de l’injustice.

    L’instrumentalisation d’événements au profit du tout sécuritaire… Des débats contradictoires pour donner à tout cela un semblant de cadre légal. Pour ma part, je dis une chose simple quant à ces débats. Dire à son empoisonneur : « je connais ta recette » est inutile, puisqu’il ajoutera toujours un nouvel ingrédient à son poison. Lorsqu’on nous empoisonne, la meilleure façon de ne pas mourir, c’est d’arrêter de manger. Il faut donc ne plus accepter de subir. Stimulez votre intellect, maintenez votre physique en bon état, résistez de la manière la plus adaptée à votre situation… peu importe la manière et peu importe cette situation.

    Un grand salam à L’Envolée que je lis depuis longtemps, à qui je n’ai jamais écrit. C’était une présentation, peut-être que d’autres courriers suivront. Dans tous les cas, je ne souhaite pas que mon identité soit donnée si ce courrier devait être publié. Un grand big up de l’ombre pour les gens à la lumière, prenez soin de vous, je vous souhaite de sortir dans le meilleur état possible.

  • Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    DD est en fin de peine depuis des mois, mais l’administration pénitentiaire (AP) et les surveillant·e·s continuent à la faire poireauter en repoussant sans cesse sa libération en conditionnelle, par toutes sortes de contraintes juridiques, financières et de déplacements (pour le logement et le travail). Elle a donc peur de retomber dans le piège du traitement lourd qui lui est prescrit. Comme souvent, sa fin de peine est un combat harassant contre l’AP, notamment contre les CAP (commissions d’applications des peines) et des Spip (services pénitentiaires d’insertion et de probation) qui ont un pouvoir discrétionnaire sur la date de sortie des prisonnier·e·s, au « comportement » ou à la tête du client. Les surveillant·e·s mettent des bâtons dans les roues en collant des CRI (comptes-rendus d’incident) aux fin de peine. Aucune des promesses de sortie de l’AP n’a été tenue – pas même celle de mi-juillet mentionnée dans la dernière lettre, ce qui prolonge encore son enfermement de quelques semaines. Ces lettres ont été respectivement lues lors des émissions du 6 mai, du 20 mai et du 8 juillet 2022.

    DD est enfin sortie de prison, au mois d’août 2022.


    « J’ai eu l’impression de passer à l’abattoir »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 19 avril 2022

    Chère Envolée,

    J’ai bien reçu votre retour sur ma lettre du covid. En ce moment j’ai le moral à zéro à cause de ma CPIP (Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) qui a fait n’importe quoi et à cause d’elle ma permission des 18, 19 et 20 avril ne m’a pas été accordée. Et en plus elle m’a fait passer en débat contradictoire avec un dossier en carton ! Elle a fait n’importe quoi et je suis grave vénère contre elle ! Je suis passée en débat contradictoire devant l’officier de la prison (c’est lui qui te connaît le mieux), la JAP (juge d’application des peines), le procureur et d’autres personnes qui ne servent à rien à part « apprendre le métier de JAP ». Bref, j’ai eu l’impression de passer à l’abattoir… Je m’explique : la juge te déballe à la figure toutes les conneries que tu as fait dans ta vie, donc déjà je m’attendais pas à ça, j’ai déjà été jugée, j’estime qu’il n’était pas nécessaire de me rappeler tout ça. […]

    Je ne suis pas sûre mais je crois que c’est la première fois que je vous écris une lettre où je suis autant en colère. La vérité je n’en peux plus et je suis à la limite de demander à mon psy-addictolo qu’il me represcrive du xanax, ce qui serait vraiment dommage puisque cela fait environ quatre mois que j’ai arrêté. En plus, je trouve, que ce soit l’éducatrice ou la CPIP, qu’ils m’ont trop fait croire que j’allais aller en semi et j’y ai tellement cru que ça fait drôle. En ce moment même je devrais être avec la mère et mes fils et ma perm a été refusée parce que j’ai bu un pastis, un verre de vin et un digestif, ça me met la haine car au lieu de t’encourager parce que tu fais de gros progrès, ces connards font tout le contraire et là j’ai tellement la haine que cette juge (JAP) je te jure qui si je la revois, je vais pas hésiter à lui jeter tout mon venin à la figure. Il n’y a que l’officier de la détention qui a dit que je ne pouvais pas mieux faire et que j’avais fait de très beaux progrès. Voilà, j’en ai ras le bol !

    DD


    « C’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 4 mai 2022

    Salut L’Envolée,

    Là, il est 10h30 et j’ai le moral à zéro… donc évidemment j’ai envie de prendre plein de benzo pour dormir et donc oublier, mais je n’ai pas ce qu’il faut, peut-être cet aprem incha allah car je suis au bout du rouleau. Je me rends compte que c’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs, mais c’est aussi grâce à cette détention que désormais la drogue est derrière moi. C’est malheureux mais il m’aura fallu ça pour que je comprenne plein de choses importantes de la vraie vie. Car je serai peut-être morte aujourd’hui si j’étais restée dehors à faire que des conneries, donc quelque part ça aura été positif.

    […] J’attends la réponse de la JAP le 9 mai prochain pour savoir si je vais en semi puis ensuite max fin juin j’aurai mon appartement thérapeutique, mais je vous jure que si elle me refuse la semi je demande à mon médecin qu’il me represcrive du xanax.

    Le 5 mai 2022

    J’ai lu les parties de mes lettres que vous avez lues à la radio et je les trouve bien choisies, elles représentent exactement ce que je vis ! Vous me direz, c’est normal c’est moi qui les ai écrites, lol ! Sinon les perm j’ai fait une croix dessus car là ma mère est à l’hosto jusqu’au 9 juin […]. J’espère que si j’ai ma semi, les week-end je pourrai aller la voir, j’ai demandé à avoir un week-end sur deux chez ma mère. Par contre, les cellules de la semi sont aux anciennes Baumettes, donc douches communes et cellules à l’ancienne, mais bon ça c’est pas grave tant que je goûte à la liberté !

    Encore aujourd’hui je n’ai pas trop le moral, mais je pense que ce sera comme ça tant que je n’aurai pas le délibéré de la JAP… Je suis complètement éteinte, je n’ai envie de rien sinon bien sûr de la liberté. […]

    Sinon, ma CPIP s’est plantée je ne serai pas payée si je vais travailler [dans une association]. Vu que je serai en semi je ne toucherai toujours pas mon AAH (allocation adulte handicapée) à taux plein, donc ça risque d’être difficile… mais j’ai un tout petit peu d’argent de côté. Mais vu que je suis sous curatelle, vous avez compris, ça va être la galère ! Enfin celle-ci se termine en 2023 donc j’espère que je vais pouvoir l’arrêter car ça aussi c’est infantilisant, mais j’avais été obligée pour que mon père se porte garant pour me prendre un appart.

    Je vous laisse, prenez soin de vous.

    DD


    « Il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 24 juin 2022,

    Salut L’Envolée,

    Je n’en peux plus, il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison, c’est pourquoi je vais prendre une avocate avec l’aide juridictionnelle pour qu’elle contacte la CPIP et la JAP pour convenir d’un aménagement de peine, qui a déjà été accordé lors de mon débat contradictoire le 12 avril dernier où je demandais la semi qui m’a été refusée, mais la libération dans un appartement thérapeutique que j’ai presque trouvé m’a été accordée donc je vais me faire aider par une avocate afin d’être libre, disons mi-juillet 2022. Amen.

    Le 25 juin 2022,

    Salut L’Envolée.

    Comme vous le voyez j’écris pas très souvent en ce moment. J’ai eu deux CRI (comptes-rendus d’incident), un dans la « salle d’attente » du SMPR où il y a aussi les mecs et il y en a un qui m’a descendu un yoyo avec du tabac car j’étais en chien de tabac et une surveillante sortie de nulle part est venue me prendre le tabac alors je l’ai insultée. Et une autre à cause de ma cellule dont je suis censée avoir la clef mais celle-ci ne fonctionne plus donc je suis obligée de demander à la matonne de me fermer la porte et celle-ci ne l’a pas fait tout de suite alors que j’avais des cigarettes dans la cellule et en prison les clopes c’est le nerf de la guerre donc j’ai flippé parce qu’elle ne me l’a pas fermée de suite, et je l’ai insultée. Voilà quoi, je vais de nouveau passer au prétoire, à moins que je sois libérée avant ce qui serait le top.

    Bon, je vous laisse, je vous donnerai des nouvelles après mes deux RDV et si comme je l’espère grâce à ma nouvelle avocate je sors vite, je vous contacterai sur le numéro que vous m’avez laissé. Biz et mille mercis !

    DD

  • Refus de perm par l’AP : lettres de DD

    Refus de perm par l’AP : lettres de DD

    Cette année, DD a écrit régulièrement à L’Envolée, retraçant le parcours de la combattante qu’elle a dû se taper pour obtenir une première permission. Elle a raconté comment l’AP (Administration pénitentiaire) a tenté de saboter ce moment et comment elle a dû se battre pendant des mois pour en obtenir d’autres, à cause d’une altercation avec un surveillant décidé à lui pourrir son retour de permission en lui collant un CRI (compte rendu d’incident). En plus d’être pénibles, les provocations des surveillant·e·s sont pour l’AP un moyen d’arrêter de donner des perm, et même d’empêcher l’obtention d’une libération conditionnelle. DD explique en détail le labyrinthe des CAP (Commissions d’applications des peines), entre CRI, passages au prétoire (le tribunal interne de la prison) et injonctions des CPIP (Conseiller·e·s d’insertion et de probation). La première lettre a été lue lors de l’émission du 11 février 2022, la suivante pendant l’émission du 18 mars 2022, et la troisième le 1er avril 2022.


    « La CPIP a dit à ma mère que j’aurai droit à un test d’alcoolémie en rentrant de perm »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 12 janvier 2022

    Salut L’Envolée,

    J’ai bien reçu votre lettre qui m’a fait grave plaisir. Je veux bien que vous m’envoyiez votre journal et si, comme vous me le dites, il y a d’autres personnes ok pour m’écrire, ce sera avec plaisir !

    Sinon, demain je passe à la CAP pour une permission. J’ai demandé trois jours, mais ma CPIP m’a fait passer un mot où elle me dit qu’elle ne sera d’accord que pour une journée car à ma dernière perm où j’ai revu mon fils (le grand) que je n’avais pas vu depuis onze ans, je me suis un peu « lâchée ». J’étais tellement heureuse et je l’avoue, j’avais aussi un peu bu. Donc, j’ai pris sur moi et j’ai écrit à ma CPIP, en lui demandant qu’elle m’accorde au moins deux jours car une seule journée c’est carrément trop court ! J’espère vraiment que c’est ce qu’elle va faire. Challa, au moins deux journées que j’ai le temps de profiter. En plus, après une perm on est confinées dix jours, avec une seule heure de promenade par jour, j’vous dis pas comment c’est dur !

    Sinon, à cause du covid, on n’a plus aucune activité.

    Par contre, j’ai une bonne nouvelle, j’ai complètement arrêté le xanax, je n’en prends plus du tout et je me sens beaucoup mieux dans mes baskets et je dors aussi beaucoup mieux.

    Bon, je vais mettre la radio à 88.4 [pour la rediffusion de L’Envolée sur Radio Galère] en espérant que je capte… Au fait, dans l’enveloppe il n’y avait que votre lettre, ils m’ont levé l’enveloppe avec le timbre ces chiens !

    Ici c’est toujours pareil, brouilleurs à fond, pas d’activités et toujours les fenêtres pour le deuxième, troisième et quatrième

    Le 13 janvier 2022

    Salut L’Envolée, je reviens de mon rdv avec la psychologue, ça m’a un peu fait « bouger » car cela fait longtemps que je ne sors plus en promenade. D’ailleurs ce week-end je vais me forcer à y aller histoire de marcher car en presque trois ans j’ai pris trente kilo, ce qui est énorme ! Mais bon, ici on ne fait rien, on mange mal, bref tout ce qu’il faut pour grossir. Faut dire que je compense mon manque d’affection (la famille, les amis, etc.) par la bouffe.

    Plus vite je sors de ce trou à rats, mieux ce sera ! Ici c’est toujours pareil, brouilleurs à fond, pas d’activités et toujours les fenêtres pour le deuxième, troisième et quatrième. Heureusement moi ça ne me concerne plus car je suis au CD1 [Centre de détention, 1er étage], mais je sais qu’il y a beaucoup de filles qui ont cassé les fenêtres et vous savez pas quoi, la détention les leur fait payer ! Un truc de ouf !

    Partir le matin pour revenir le soir même puis être enfermée pendant dix jours à cause du covid : fait chier, merde !

    Le 14 janvier 2022

    J’ai signé une perm de seulement une journée. La vérité j’suis dégoûtée. Enfin, c’est bizarre comme sentiment, car je suis à la fois contente de sortir une journée mais je suis écœurée que ce soit si court. Partir le matin pour revenir le soir même puis être enfermée pendant dix jours à cause du covid : fait chier, merde !

    Je viens d’appeler ma mère et la CPIP lui a dit que j’aurai droit à un test d’alcoolémie en rentrant. Putain, j’ai trop la haine ! Et lundi jour de ma perm, en fait, au lieu d’être trop heureuse de sortir, je vais avoir la haine et je ne vais même pas apprécier cette putain de journée. Ras l’bol !

    Par contre, je sais que je vais boire un peu et c’est normal mais quand je retourne à la prison il faut que mon taux d’alcoolémie soit à 0,00. De toutes façons je ne compte pas être ivre ! Je vais boire un petit apéro, 1 ou 2 verres de vin à table puis un digestif comme un colonel ou un Irish coffee sur la Corniche. Tout ça pour dire que je vais pas me torcher à la bière ! Lol.

    Vaut mieux que ça se passe bien sinon je peux dire adieu à mes perm… Mais, enfin, savoir que je vais les voir et être obligée de les quitter si tôt, c’est un véritable crève cœur !

    Je me suis bien sûr énervée, du coup j’ai encore eu un CRI. Bref, arrivée en cellule j’ai bouché l’œilleton pour être tranquille.

    Le 17 janvier 2022

    Ça fait deux heures que je suis revenue de ma perm qui s’est très bien passée. Par contre, l’AP a été dégueulasse, je m’explique. Ma mère m’avait acheté des produits pour les cheveux et donné une écharpe et je suis tombée sur un vrai connard qui m’a tout levé même mes cigarettes mais c’est pas le pire. Je me suis bien sûr énervée (je sais, ça ne sert à rien mais c’est plus fort que moi !) du coup j’ai encore eu un CRI. Bref, arrivée en cellule j’ai bouché l’œilleton pour être tranquille et à la ronde entre 19h00 et 19h30 quand la surveillante est passée, elle a allumé plusieurs fois la lumière et tapé à la porte et j’ai fait exprès de ne pas répondre alors que je pensais qu’ils allaient revenir, vérifier si j’étais morte ou vivante. Mais non, ils n’en ont rien à foutre, ils ne sont pas revenus et ça me choque grave ! Il y a des filles et des mecs qui se suicident et ils ne reviennent même pas voir comment je vais, j’hallucine carrément !

    Si demain le chef me fait redescendre au CD0 où les portes sont fermées (en gros, c’est comme la MAF, maison d’arrêt pour femmes), je vais très très mal le vivre donc challa que non, sinon je vais péter un plomb ! Putain, quand je suis dégoûtée comme ça, j’ai qu’une envie c’est me défoncer mais t’inquiètes ce n’est pas ce que je vais faire. Ça aurait été avant j’aurais même fait une TS [tentative de suicide] ! J’ai la rage, j’en peux plus de cette prison de merde !

    Étant donné mon confinement, je risque d’être tentée de reprendre du xanax ou du valium

    Le 18 janvier 2022

    Salut, je suis confinée et comme je vous l’ai dit je n’ai qu’une heure de promenade par jour et vous allez être choqués : la surveillante m’a oublié. Du coup, pas de promenade… c’était trop tard. J’ai donc demandé d’aller à l’UCSA (Unité de consultations et de soins ambulatoires) histoire de me sortir de ma cellule et de voir du monde mais je n’sais pas si ça va être accepté. Je risque de passer toute la journée dans ma cellule, super ! De toute façon, ici les détenues n’ont jamais raison : ou tu fermes ta gueule ou tu prends un CRI comme ça m’est arrivé hier.

    Sinon, hier soir j’ai un peu écouté Radio Galère et ça avait l’air cool mais j’étais crevée et je me suis endormie, dommage.

    Étant donné mon confinement, je risque d’être tentée de reprendre du xanax ou valium (c’est la même merde), et je ne veux pas. Ça a été tellement long avant que je n’en prenne plus.

    P.-S. : demain après-midi je sors en promenade, je me suis faite collègue avec une gitane qui ne sait ni lire, ni écrire, donc je lui ai fait plusieurs courriers qu’il faut qu’elle signe. Comme je vous l’ai dit, si je peux, j’aide. Et puis nous sommes toutes dans le même bateau, c’est très important, je pense, de s’entraider.

    Sinon, je ne me souviens plus si je vous en ai parlé mais un médecin m’a dit que j’avais un problème au cœur, mais je ne sais pas encore ce que j’ai, tout ce que j’espère ce qu’on va pouvoir me soigner. Je suis très vite essoufflée. Alors, depuis que j’ai arrêté le xanax, ça va un tout petit peu mieux mais ce n’est pas ça. J’ai été deux fois à l’hosto [pour des examens médicaux].

    DD


    « Et la CPIP ose me dire que ce n’est pas une punition »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 15 février 2022

    Salut L’Envolée,

    J’ai bien reçu votre lettre et ce n’est pas grave si elle a mis un peu de temps. Ma dernière permission était carrément trop courte ! Mais finalement je n’ai été confinée qu’une journée car tant que ça dépasse pas 24 heures on est pas confinée dix jours. Mais ma perm du mois de mars a été annulée. Alors ma CPIP a dit à ma mère que c’était à cause du CRI, sauf que quand j’ai été signé la cause était que j’avais bu de l’alcool à mes deux dernières perm. Ça me met la haine car même si j’ai bu je ne suis pas rentrée ivre, c’est tout ce qui compte non ?! À la limite ils ont qu’à nous faire souffler dans un éthylotest !

    Sinon, quand t’es confinée, tu restes dans cellule et tu peux cantiner. Pour les clopes et même le reste, vous avez raison car il y a des surveillants cools qui te laissent rentrer avec et d’autres non, donc tu ne sais pas quoi faire et tu essayes… Pour le CRI je vais passer au prétoire, alors déjà que j’ai été punie de perm, j’espère qu’ils ne vont pas en rajouter !

    Le 24 février 2022

    Salut, il est 7 heures, il y a deux jours le chef m’a appelée pour me faire signer le CRI. Je passe au prétoire le 1er mars 2022 et j’espère que je ne vais pas aller au cachot. Déjà qu’ils m’ont puni en me retirant ma perm famille, ils vont pas en rajouter ! J’avais fait un mot à ma CPIP en lui disant qu’il n’y avait pas de loi interdisant l’alcool et écoute bien ce qu’elle m’a répondu :

    « Le juge a refusé votre perm en raison du CRI au retour de votre dernière perm, ainsi que pour la consommation d’alcool pendant votre perm. Il a estimé qu’au regard de votre fragilité en terme d’addictions que les perm se déroulent sans prise de produits ou d’alcool. Avant votre dernière perm cet élément vous avait été communiqué par la CPIP et aussi à votre mère. L’objectif madame DD n’est pas de vous punir mais de préparer au mieux votre sortie et limiter tout risque de récidive. Comme évoqué ensemble, les faits commis l’ont été alors que vous étiez alcoolisée ainsi le but est d’éviter ces alcoolisations pendant vos perm pour ne pas vous mettre en situation de risque et que vous restiez maître de votre comportement. »

    Ça me met trop la haine car j’ai bu un pastis, un verre de vin et un digestif donc à ma rentrée de perm et même avant j’étais loin d’être ivre. Et elle ose me dire que le but n’est pas de me punir, mais moi je n’y vois qu’une punition de merde qui me met encore plus les nerfs ! Bref AP de merde ! Bon, j’ai la haine là, je vais écrire de nouveau à ma CPIP pour lui dire que je n’étais pas alcoolisée à ma rentrée de perm. À+

    Hier j’ai pas assuré j’ai pris mes douze valium

    Le 25 février 2022

    Salut, il est 5h27 je me lève et j’ai hâte qu’il soit 8h00 pour que les portes s’ouvrent et que j’aille chercher mon traitement. Depuis lundi je n’ai pas pris le valium, mais là comme j’ai mon traitement pour tout le week-end, je vais me retrouver avec douze valium donc il faut que j’assure et que je n’en prenne pas du tout, mais j’ai confiance je vais y arriver.

    Le 26 février 2022

    Coucou il est 12h56, hier j’ai pas assuré j’ai pris mes douze valium donc aujourd’hui j’ai la tête dans l’cul, ça m’apprendra. Ce que je vais faire maintenant c’est d’aller chercher mon traitement même le week-end, de cette façon je suis sûre de ne plus en prendre car quand j’y vais tous les jours, je dis à l’infirmière qu’elle ne me donne pas les valium et ça me facilite la tâche.

    Donc, comme je vous l’ai dit, pas de perm au mois de mars, donc j’attends de voir ma connasse de CPIP pour lui demander si au mois d’avril ce sera possible, car si elle s’y oppose, la juge va automatiquement refuser. Challa que j’ai ma perm au mois d’avril de trois jours j’espère. Bon, je vous laisse car il faut que je me prépare pour aller en promenade. À+

    Le 28 février 2022

    Il est 12h47 et je pense que cet aprem je vais descendre en promenade prendre un peu le soleil. Demain je passe au prétoire, pourvu que je n’ai qu’un avertissement car le cachot non merci ! De toute façon j’en a parlé à ma psychologue et elle m’a dit ce qu’il fallait que je dise ou que je ne dise pas. En tous cas, sachez-le, maintenant je vais faire le canard car je tiens trop à mes perm ! Dire qu’au mois de mars je devais y aller, je suis dégoûtée ! Maintenant il n’y a plus qu’à espérer qu’elle me laisse celle du mois d’avril ; mais bon je pense que si elle me laisse sortir en avril ce ne sera qu’une journée… Ils ont vraiment rien compris !

    Je reviens du prétoire et je suis confinée pendant huit jours

    Le 1er mars 2022

    Salut, j’ai la trouille de me retrouver au cachot et j’ai pas non plus envie d’être confinée sans TV, je flippe et c’est normal, challah que j’aie que du sursis. J’ai un avocat commis d’office, j’espère qu’il me servira à quelque chose. Bon je dois aller me préparer, à+

    Coucou, il est 10h55, je reviens du prétoire et je suis confinée pendant huit jours sans TV et je crois sans téléphone. J’ai une heure de promenade le matin de 7h45 à 8h45, une misère quoi. Enfin, j’espère que ça va vite passer. À+

    Il est 14h29, à 13h30 je devais aller à un ciné-débat, mais comme je suis confinée je n’y ai pas le droit, dégoûtée car ça m’aurait intéressée. Enfin à 15h30 j’ai RDV avec mon éducatrice spécialisée et j’y vais ; je vais leur demander un maximum de RDV pour être le moins possible dans ma putain de cellule. Heureusement que j’ai la chaîne hi-fi ! C’est toujours ça, je me sens moins seule. À+

    Il est 19h18 et je m’emmerde grave ! En fait, je crois que le plus difficile ça va être le soir car il n’y a rien à faire sans la TV, une fois que tu as dîné, tu te fais chier et le temps est long. Bref, du coup je suis confinée, donc depuis aujourd’hui je reprends le valium, au moins ça me fait dormir un peu. À+

    Le 2 mars 2022

    Salut, il est 6h24, ça va j’ai bien dormi. J’écoute la radio, mais je sens que ça va être long jusqu’à 8h30, heure à laquelle je vais au SMPR (Service médico-psychologique régional). Bref, vivement mardi prochain que je sois déconfinée. À+

    Bon je vous envoie la lettre. Ciao. Biz.

    DD

    P.-S. : Putain ils m’ont mis la promenade de 7h45 à 8h45 et à 8h30 je dois aller au SMPR et vous savez pas quoi ? La surveillante me demande de choisir entre les deux ! Mais je veux aller aux deux. Bon ben finalement je me suis arrangée j’irais à l’UCSA à 9h30, ouf !


    « Comme à chaque fois, les surveillants exagèrent grave ce qu’ils nous reprochent »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 11 mars 2022

    Alors déjà, à mon retour de perm d’une seule journée, je n’ai pas été confinée car ma perm n’a pas dépassé la journée, sinon tu es confinée dix jours. Et pour mon CRI, il n’a pas été annulé, et en plus quand la cheffe m’a appelé pour me le lire, comme à chaque fois, les surveillants exagèrent grave ce qu’ils nous reprochent. Du coup ma perm du mois de mars a été annulée, trop dégoûtée ! Ma mère se fait opérer début mai et sera en rééducation jusqu’en juillet, donc si je ne vais pas en perm au mois d’avril, je ne pourrai pas y aller avant longtemps. Ma CPIP m’a dit que je demande tout de même une perm au mois d’avril mais que ce serait la juge qui déciderait. Sauf que si ma CPIP s’y oppose, la juge va la suivre et là, ça serait l’horreur car ma famille me manque trop ! Je suis donc passée au prétoire le mois dernier et en plus de l’annulation de ma perm j’ai eu huit jours de confinement sans TV. Heureusement que j’ai la chaîne hi-fi ! Mais c’était grave difficile !

    Et pour le valium je l’ai pris pendant le confinement comme ça, ça me permettait d’être plus détendue et de faire des siestes, mais là, j’ai tout arrêté et définitivement ! Le médecin voulait me les descendre petit à petit mais je lui ai dit : « non, j’arrête tout d’un coup », et ça se passe très très bien.

    Le 16 mars 2022

    Salut L’Envolée,

    Je me remets à vous écrire car déjà, j’en ai envie et ensuite parce que j’ai de bonnes nouvelles qui je l’espère vont se concrétiser. Alors, j’ai vu ma CPIP qui m’a parlé de semi-liberté, ils ont fait huit cellules de semi pour les femmes car avant il n’y en avait qu’une. Alors, je passe en CAP le 13 avril pour une perm, puis je passe aussi pour ma semi. Donc je sortirai de 8h à 17h et j’irai dans une association où j’aurais des activités matin et après-midi et le midi on déjeune tous ensemble. […] Par contre, il va falloir que je sois forte [à propos des drogues], mais mes fils me la donnent cette force. […] J’ai 48 ans, j’ai fait le tour de la question [des drogues], maintenant il est temps que je passe à autre chose comme à ma famille. Je les aime trop pour les décevoir de nouveau. A+

    DD

  • EMISSION DU 8 FEVRIER 2019

     

        • Lettres : Texte sur des mauvais traitements à l’HP ; retranscription d’une discussion avec des prisonnières du CRA de Mesnil Amelot
        • Débat : Suite de la discussion sur le mouvement des gilets jaunes
        • Appel : Marie, soeur d’Antoine, incarcéré après l’acte II
        • Brèves : Squat expulsé à Turin ; appel rejeté pour le meurtre d’Angelo Garand ; agenda

    Ziz : LIM – Je regrette pas / Joey Bada$$ – Hardknock / Mysa- Une époque formidable


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