Présentation du journal l’Envolée n°63, d’août 2025 : lectures des textes « Le principe du serflex », « Dur D’entendre les Prisonnier.e.s Fâché.e.s » et « Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture »
Rediffusion d’une émission Mayday de Radio Canut : « Face à la peine ». « La surenchère des discours sécuritaires tient semaine après semaine le haut de l’affiche. Il faudrait punir toujours plus fermement ceux que l’on assigne comme racailles, barbares, ennemis de l’intérieur. Cette semaine à travers l’histoire d’un procès aux assises, on essaie de comprendre le fonctionnement de cette justice de classe. Quelles assignations sociales et raciales sont à l’œuvre dans la mécanique du jugement. Qu’est-ce que la punition répare réellement ? Comment l’ensemble de l’institution judiciaire œuvre à sauver une société profondément injuste ? » Nous rediffusons de larges extraits de ce programme, vous pouvez l’écouter en intégralité ainsi que les autres émissions Mayday ici.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, et gratuit pour les prisonniers et prisonnières.
Sommaire :
Dur D’entendre les Prisonniers Fâchés : à propos de la vague d’actions d’avril 2025
« La guerre, Darmanin, c’est vous qui l’avez déclenchée » : appel de DDPF
Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture
« On ne leur cèdera pas un seul millimètre de notre dignité » : lettre de Rédoine depuis le QI contre les QLCO
Lettres de l’intérieur : « Les nouvelles de dehors font pas rêver » – Julien à Seysses « Selon leur humeur, soit ils te défoncent, soit ils te défoncent » – Kémi à Moulins « Les frigos en priorité, Madame ! » – Vivi aux Baumettes « Je veux rentrer chez moi en Guadeloupe » – Fabrice à Valence « Oui, la surpopulation est une réalité » – BN à Poitiers « Cessez de nous disséquer, de nous autopsier, nous sommes encore vivants ! » – Pascal à Réau
Mort d’Aubin au mitard de Fleury : la famille ne croit pas à la version de la pénitentiaire
Édito : Le principe du serflex
Lorsque des policiers masqués et armés clamaient le slogan du syndicat d’extrême droite Alliance « Le problème de la police, c’est la Justice » devant l’Assemblée nationale en mai 2021, leur ministre de tutelle était à leurs côtés. Problème réglé : maintenant qu’il est garde des sceaux, il continue à avancer à marche forcée vers toujours plus de brutalisation de la Justice. Après avoir bien dragué les syndicats de keufs, Darmanin a remis le couvert direct avec les syndicats de matons en lançant une grande croisade antitaulards.
Dans cette séquence boostée par l’instrumentalisation de l’évasion sanglante de Mohamed Amra en mai 2024, il ne se passe pas de jour sans que tombe une nouvelle annonce de mauvais augure pour les enfermé·es… Suppression des activités, commande de 3 000 nouvelles places de prison dans des préfabriqués, menace de faire payer des « frais d’incarcération » aux prisonnier·es… Et surtout, création de super « narcoprisons » à Vendin-le-Vieil, à Condé-sur-Sarthe et pourquoi pas jusqu’en Guyane – en attendant de « remettre du bon sens partout » avec une réforme de la Justice. Bref, il fait scrupuleusement tous les fonds de tiroir de l’arsenal répressif. Ça passe ou ça casse, mais c’est toujours tout bénéf pour la campagne présidentielle qu’il a déjà commencé à mener sur le dos des prisonniers et des prisonnières.
La création des quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) est une aubaine qui permet à Gérald d’occuper le devant de la scène dans la guerre contre les « narcotrafiquants », dont il a largement contribué à consolider la figure menaçante. Un écran de fumée pratique pour légitimer une offensive bien plus large. Le narcotrafic n’a aucune existence juridique : dans la loi, il est seulement question de « criminalité organisée ». Et pour tomber dans cette catégorie, il suffit de se faire coller une association de malfaiteurs, ou même d’en être simplement suspecté. C’est dire si cette formule recouvre un vaste éventail de crimes et de délits. Les QLCO viennent s’ajouter à toute une gamme d’établissements et de régimes de détention. C’est le dernier maillon de la chaîne de la pénalisation – pour le moment… Entre placement préventif à l’isolement et opacité des critères de sélection, ça permet de faire peur à tout le monde. C’est un niveau de déshumanisation inédit, et sur lequel il sera difficile de revenir, selon le principe du Serflex : même si les concurrents de Darmanin réussissent à lui balancer une peau de banane dans la dernière ligne droite, le mal sera fait. D’autant que, selon les dires d’un conseiller du ministère, « on a l’opinion publique avec nous ».
De mémoire d’Envolée, on avait jamais vu un tel engouement médiatique pour la com d’un ministre des tribunaux et des prisons. Le thème du remplissage de Vendin donne lieu à un véritable festival. Darmanin communique à chaque transfert, et la presse régionale jacasse chaque fois qu’un gars de chez eux est transféré. Chacun se passionne pour le « mercato des narcos » et le JDD se félicite que « sept profils à très haut risque [aient] été transférés […] pour isoler les têtes pensantes du narcobanditisme français ». De son côté, Le Figaro explique que « le pari est de mettre totalement sous cloche ces détenus pour les empêcher de poursuivre leurs juteuses affaires hors les murs et de commanditer crimes et exactions. » La prétendue « fuite » sur CNews et dans le JDD des fiches pénales des « détenus parmi les plus dangereux du pays » ne choque personne, elle donne lieu à une « plongée inédite dans les arcanes du crime organisé ». Et pour qu’on comprenne bien que c’est à tous·tes les prisonnier·es qu’il veut du mal, le ministre a même choisi de reporter d’une semaine l’inauguration de l’extension d’un établissement nîmois après avoir appris « l’existence d’une table de massage », et exigé qu’elle « soit retirée de la zone de détention et mise à disposition des personnels pénitentiaires ». La vraie nouveauté, c’est que Darmanin assume clairement qu’il faut plus de places en prison, mais pas pour que les taulard·es soient moins serré·es ; et que l’échelle des peines devenue échelle des tortures en vient carrément à constituer un argument électoral.
Une offensive de cette ampleur contre 85 000 prisonnier·es ne pouvait évidemment pas rester sans réponse : il y a eu la vague d’actions de DDPF (défense des droits des prisonniers français). La déclaration d’intention décrit une situation bien réelle, à savoir que c’est à tous·tes les prisonnier·es que la guerre est déclarée. Derrière les opérations spectaculaires et leur exploitation médiatique, il y a le quotidien et les résistances de tous les jours – comme le blocage du QI de Fresnes en mai dernier – qui continuent à éclater sporadiquement ici et là tandis que l’étau se resserre. Et puis, dès leur transfert, une trentaine de personnes ont déposé des recours auprès du tribunal administratif contre leur placement au QLCO de Vendin et contre les conditions de détention. À l’heure où nous bouclons ce numéro, soit à peine un mois après leur arrivée à Vendin, des prisonniers se sont coordonnés pour inonder leur cellule dans trois coursives en même temps. Le lendemain, ils ont recommencé et tambouriné sur les portes ; certains ont aussi annoncé leur intention de se mettre en grève de la faim illimitée à partir du 1er septembre… On dirait bien que c’est pas fini.
Ce numéro a été illustré par Antoine Bouraly. Vous pouvez retrouver son boulot sur instagram.com/antoine_bouraly
Le journal coûte 2 euros. Il est gratuit pour les prisonniers et prisonnières : demandez-le en nous contactant. Abonnez-vous en soutien (15euros par an) pour recevoir les futurs numéros, ou pour commander les 62 autres numéros : L’Envolée journal – FPP, 1 rue de la Solidarité – 75019 Paris ou contact@lenvolee.net
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal)
Émission de l’Envolée du vendredi 5 septembre 2025
Lettre de BN écrite du centre de détention (CD) de Poitiers Vivonne. Elle est dépitée de se retrouver en doublette en CD après son long passage au centre national d’évaluation (CNE) de Fresnes. Elle raconte les difficultés du travail à la buanderie de la taule et qu’elle continue aussi de son côté son activité d’écrivain public commencé à Fresnes. Elle revient aussi sur les déclarations récentes de Darmanin qui veut limiter le droit de vote des personnes enfermées aux scrutins nationaux.
Lettre de Fabrice envoyée de la maison centrale de Valence qui est de nouveau à l’isolement quelques mois après son transfert depuis Vendin où il a longuement bataillé contre des matons racistes. Malheureusement, la situation n’est pas meilleure à Valence … Il rappelle aussi que, même une fois sa peine officiellement terminée, il restera théoriquement interdit 5 ans de retourner en Guadeloupe, alors même que toutes ses bagarres à l’intérieur ont visé à obtenir son transfert chez lui.
Lettre de Rédoine envoyée de la prison de Vendin le Vieil, quelques jours avant son transfert à Condé sur Sarthe. Après avoir été condamné deux fois par un tribunal à améliorer ses conditions de détention, l’administration pénitentiaire (AP) a préféré le changer de taule plutôt que d’assouplir le régime de détention terrible qu’elle met actuellement en place à Vendin avec l’aménagement du premier quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO). Rédoine analyse ce nouvel avatar des quartiers de haute sécurité (QHS) et l’anéantissement physique et mental des êtres humains qu’il produit sciemment.
Ça a été le feuilleton médiatique de l’été : le remplissage du premier QLCO à Vendin le Vieil, la première « narcoprison » avec laquelle Darmanin continue à faire campagne sur le dos des prisonniers et des prisonnières. A chaque transfert, des articles sont sortis pour divulguer les fiches pénales des prisonniers que le parquet, le ministère ou l’AP font fuiter. Ce qui a permis de se rendre compte qu’une grande proportion des personnes enfermées dans ce nouveau QHS sont en détention provisoire.
Même pas un mois après que 88 prisonniers y ont été enfermés, le QLCO de Vendin a connu son premier mouvement collectif avec des inondations de cellule et de coursives, une grève de la faim collective, et un communiqué que nous relayons ici (et dispo sur insta ici).
Retour sur un épisode au quartier d’isolement (QI) de la maison d’arrêt de Strasbourg fin juillet, avec l’annonce d’une fausse tentative d’évasion d’abord largement relayée par la presse avant que l’AP n’étouffe l’affaire. Car les prisonniers qui ont raconté ce qui s’était vraiment passé décrivent une administration qui se couvre en montant un dossier de toute pièce et en accusant trois personnes enfermées à l’isolement pour masquer ses défaillances. En attendant, l’une d’elle a pris 30 jours de mitard pour rien …
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
Nous relayons l’intégralité du communiqué de presse des grévistes… à faire tourner en solidarité avec les prisonniers et leurs proches.
Super cartel de Vendin le Vieil
Grève de la faim à partir du 1er septembre 2025
Nous, détenus, annonçons aujourd’hui une grève de la faim à compter du 1er septembre 2025.
Notre mouvement n’est pas dirigé contre nos conditions de détention mais contre les conditions inhumaines imposées à nos familles.
Nos familles paient le prix fort.
* Elles parcourent des centaines de kilomètres pour venir nous voir, parfois au détriment de leur santé, de leur travail, de leur équilibre.
* Au parloir, elles se retrouvent derrière un hygiaphone, dispositif justifié officiellement pour éviter l’introduction d’objets illicites. Pourtant, chacun sait qu’un portique à ondes millimétriques détecte déjà tout objet interdit. Même les surveillants témoignent que ce système sert avant tout à « casser psychologiquement » détenus et familles.
Une mise en scène indigne
* Les familles, y compris des enfants, sont accueillies par des agents cagoulés censés les impressionner. Pourtant, en détention même, les agents ne portent pas de cagoule.
* Les appels téléphoniques sont limités à deux fois par semaine, sur des créneaux restreints (8h-12h, 14h-16h). Or, à ces heures, les proches travaillent et les enfants sont à l’école.
* Rappelons que nos proches n’ont commis aucune faute : ils ont un casier vierge, ils paient leurs impôts et n’ont évidemment aucun numéro d’écrou.
La vérité contre les mensonges
Nous ne sommes pas violents avec les agents, seuls quelques individus isolés et déséquilibrés le sont. La vérité, c’est que les agents sont en sous-effectifs, et non 250 comme l’affirme le ministre de la Justice, Monsieur Gérald DARMANIN.
DARMANIN ment. Le délégué syndical David LACROIX ment.
Notre position
Votre rêve est de nous pousser à la violence. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Notre résistance sera pacifique mais déterminée.
Le 1er septembre 2025, nous entamerons une grève de la faim pour défendre la dignité de nos familles.