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  • Mourir à petit feu : trois lettres de prisonnier·e·s longues peines

    Mourir à petit feu : trois lettres de prisonnier·e·s longues peines

    Trois prisonnier·e·s condamné·e·s à de longues peines disent le temps qui détruit leur vie et celle des autres prisonnier·e·s, ces peines interminables qui dissipent tout idée de « réinsertion », mais surtout, qui tuent à petit feu, anéantissent les facultés physiques et intellectuelles. Cesario en arrive même à interpeller les institutions de l’État pour revendiquer le droit à mourir – comme les dix prisonniers de la centrale de Clairvaux qui écrivaient le 16 janvier 2006 :

    "À ceux de l'extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie. Silence ! On achève bien les chevaux ! Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous."

    La guillotine certes n’existe plus ; mais la peine de prison à vie, c’est-à-dire de prison jusqu’à la mort, l’a remplacée à coups « de mois qui paraissent être un an » comme l’écrit Céline ci-dessous, avec un tranchant tout aussi morbide. Ces courriers font hélas écho aux dits et écrits de prisonnier·e·s rassemblés dans le livre La peine de mort n’a jamais été abolie.


    « La vie continue, mais nous, on stagne au jour de notre incarcération »

    Lettre de Céline

    Publiée dans le numéro 55 de L’Envolée, et lue à l’antenne le 4 février 2022.

    Centre de détention de Rennes,

    Le 19 mars 2022

    Salut l’équipe,

    J’ai encore dix longues années à tenir dans ces lieux. J’en ai effectué que deux et demi sur les seize ans de départ. Je ne serai aménageable qu’en 2026. Le temps est long. Dans ces lieux, un mois paraît être un an, alors je mets à profit ce temps pour comprendre ce qui m’a conduit ici et pour « préparer » tant bien que mal ma sortie.

    Cela fait un an que je suis à Rennes (avant j’étais à la maison d’arrêt pour femmes de Limoges), le plus grand centre de détention pour femmes de France et apparemment d’Europe. Laissez-moi rire. L’administration pénitentiaire est pire que ce que j’ai connu en maison d’arrêt. Voilà deux semaines que j’attends pour enregistrer un numéro de téléphone, cinq mois d’attente et certainement plus pour un droit de visite. Des demandes sans réponses. On m’avait dit, avant mon transfert : « les numéros de téléphone suivent ». Et bien ici, non. Alors qu’à Fresnes, à Jullouville, à Poitiers, et j’en passe, ça suit. Quand je parle aux filles qui ont connu d’autres maisons d’arrêt, d’autres centres de détention, dès lors qu’on est condamné, on n’a plus besoin de fournir de factures pour enregistrer les numéros. Mais ici il le faut. C’est incompréhensible.

    En ce qui concerne le taf, il n’y a pas de travail pour toutes. Il y a une vingtaine de places au façonnage où l’on fait du travail à la pièce, coller des blocs sur des pochettes, plier des documents pour faire des pochettes à rabats ou des dossiers, faire des disques stationnement, enrouler des affiches pour des magasins, mettre des documents sous film. Il y a environ quarante places à la confection : draps, serviettes pour les prisons, uniformes pour les matons, matelas, et quelques commandes pour des entreprises privées. Ensuite, il y a les auxi pour le repas, le ménage, la désinfection. Ensuite, il y a la cuisine et deux ou trois filles pour les cantines. Il y a deux ou trois formations rémunérées. Pour les autres, ce sera soit l’indigence, soit des personnes à l’extérieur s’il nous en reste, quand elles peuvent et qu’elles nous font des virements.

    Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?

    Il faut un projet pour la sortie, mais comment mettre un projet en route quand on n’a pas les formations nécessaires ? Comment se renseigner quand on n’a pas accès aux informations ? Quand je vois des filles qui sont là depuis dix, quinze, vingt ans, comment les réinsérer dans un monde qui a totalement changé ? Ces filles qui n’ont pas connu internet et les téléphones portables, comment vont elles être autonomes et se servir de ces technologies qui sont tellement importantes aujourd’hui et pour lesquelles elles ne connaissent rien ? Ça me fait peur pour elles, mais aussi pour moi : dans dix ans, tout aura changé. C’est la vie ! Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?

    Dehors la vie continue, mais nous on stagne au jour de notre incarcération. Oui, la sortie me fait plus peur que de rester ici, mais pourtant j’ai un désir beaucoup plus grand d’être libre. C’est paradoxal et difficile à vivre.

    En ce qui concerne le CGLPL (Contrôleur général des lieux de privation de liberté), on se tourne vers eux mais si on sait que ça sert à rien, mais surtout parce qu’on ne sait pas vers qui se tourner pour revendiquer ce qui nous semble injuste, ignoble. Alors on écrit au CGLPL ou à l’OIP (Observatoire international des prisons). Si les gens savaient vraiment ce que l’on vit, ce que l’on paie, et le prix, ce que l’on touche… Même ça, est ce que ça aurait un impact ?

    Céline


    « Des vieux que l’on a laissés crever »

    Lettre lue à l’antenne le 10 juin 2022.

    Centre de détention de Bédenac,

    Mai 2022

    Bonjour,

    Je suis dans la prison où il y a eu pas mal de problèmes, avec des vieux que l’on a laissé crever. J’ai vu ce qu’il y a de pire. Et aujourd’hui encore, exemples :

    • un codétenu cardiaque, avec les poumons foutus, et un demi-cœur qui fonctionne, qui n’a aucun suivi depuis un an qu’il est ici
    • un autre, polytraumatisé, avec le cerveau d’un enfant enfermé sans suivi

    Et le pire, c’est que le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) ne sert à rien, le médical c’est du n’importe quoi depuis que le médecin que l’on avait est parti. Pour savoir ce qu’il s’est passé, vous n’avez qu’à regarder sur le net : Bédenac, CGLPL, « maltraitrance sur les personnes âgées ». Je fais partie de principaux donneurs d’alerte au CGLPL, avec aussi l’ancien médecin du site. J’appelais tous les jours le CGLPL, et avec des courriers de suivi. Du coup, après cette visite de contrôle, du CGLPL, je vous explique pas, je suis très mal vu de la direction. Heureusement que les surveillants me comprennent, sauf deux ou trois qui n’ont rien compris. Mais si je devais recommencer, je le ferai car c’est inhumain ce qu’il se passe. On a été condamnés à la prison, pas à la peine de mort ! C’est que, ici, on peut se poser la question.

    Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos !

    Vous savez, un autre exemple : un détenu qui me traite de « sale juif », qui fait des saluts nazis, des propos insultants sur les juifs. Et là, personne ne fait rien ! On le laisse faire. Pas besoin de se demander pour qui vote la direction de cette taule. Il ne fait pas bon être juif et étranger ici.

    En gros, c’est la merde totale, sauf les cellules et les bâtiments. En fait, c’est comme les bonbons à l’orange sanguine : l’emballage est beau, mais sans l’emballage c’est amer. C’est pour cela que je n’en peux plus. Je suis triste de cette vie et de ce monde qu’on laisse à nos enfants. On nous abreuve d’informations de guerre, de haine. Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos ! Et tous ces gens qui crèvent dans le monde de faim, de la guerre, quelle honte !

    Je vous remercie pour votre réponse, à bientôt.


    « La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits »

    Lettre de Cesario

    Lettre lue à l’antenne le 17 juin 2022.

    Dans une prison du sud de la France, quartier d’isolement,

    Mai 2022

    À mesdames et messieurs les représentants de la nation française, élu·e·s aux élections législatives de juin 2022,

    Je rédige ce courrier depuis la cellule d’un quartier d’isolement d’un centre pénitentiaire du sud de la France. J’ai écrit précédemment plusieurs courriers aux différents ministres de la Justice successifs. Au dernier en poste aussi, après la visite qu’il a effectué dans cet établissement quelques semaines en arrière, sans un regard sur ce quartier d’isolement situé à 50 mètres à peine de son parcours balisé ! J’écris donc ce jour à ceux qui véritablement s’intéressent et s’investissent réellement dans la défense des droits et conditions de vie en détention, comme l’OIP-SF et le trimestriel Dedans-dehors, que je lis depuis de nombreuses années. Si ma lettre paraît, vous en prendrez connaissance. La CGLPL recevra une copie de ce courrier. Nous sommes actuellement 501 détenus condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en France. Pour certains, les plus anciens, la fin de vie est proche mais leur état physique ne leur permet pas une libération, ils attendent la mort dans les « EPHAD » pénitentiaires.

    Tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté

    Pour d’autres, dont je fais partie, nous sommes encore en bonne santé apparente. Mon cas personnel est tout de même atypique. Condamné en 1988 à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits datant de 1986. Je fus libéré deux fois en libération conditionnelle, en 2007 puis une seconde fois en mars 2019. En novembre 2019 j’étais à nouveau réincarcéré et je viens de voir ma conditionnelle révoquée en totalité. Sans rentrer dans les détails, tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté. À 62 ans et trente-huit années de détention effectives, je souhaite comme certains autres détenus ayant mon profil de peine, que nous soient accordé le droit de partir en bon état, en utilisant un procédé létal et légal de fin de vie. Je suis encore en capacité de faire ce choix, et vous élus du peuple, êtes en capacité de faire adopter une loi le permettant. La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits.

    Vous pouvez l’ignorer, mais c’est un fait établi dont personne ne parle. N’attendez pas comme d’habitude qu’un très grave fait divers intramuros vous oblige, sous la pression médiatique, à vous pencher sur ce dossier de la fin de vie des très, très longues peines. J’en terminerai en citant Cioran :

    "Je ne vis que parce qu'il est en mon pouvoir de mourir quand bon me semblera : sans l'idée de suicide, je me serais tué depuis toujours."

    Salutations à toutes et tous,

    Cesario

  • Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    Semi-liberté et fin de peine : lettres de DD

    DD est en fin de peine depuis des mois, mais l’administration pénitentiaire (AP) et les surveillant·e·s continuent à la faire poireauter en repoussant sans cesse sa libération en conditionnelle, par toutes sortes de contraintes juridiques, financières et de déplacements (pour le logement et le travail). Elle a donc peur de retomber dans le piège du traitement lourd qui lui est prescrit. Comme souvent, sa fin de peine est un combat harassant contre l’AP, notamment contre les CAP (commissions d’applications des peines) et des Spip (services pénitentiaires d’insertion et de probation) qui ont un pouvoir discrétionnaire sur la date de sortie des prisonnier·e·s, au « comportement » ou à la tête du client. Les surveillant·e·s mettent des bâtons dans les roues en collant des CRI (comptes-rendus d’incident) aux fin de peine. Aucune des promesses de sortie de l’AP n’a été tenue – pas même celle de mi-juillet mentionnée dans la dernière lettre, ce qui prolonge encore son enfermement de quelques semaines. Ces lettres ont été respectivement lues lors des émissions du 6 mai, du 20 mai et du 8 juillet 2022.

    DD est enfin sortie de prison, au mois d’août 2022.


    « J’ai eu l’impression de passer à l’abattoir »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 19 avril 2022

    Chère Envolée,

    J’ai bien reçu votre retour sur ma lettre du covid. En ce moment j’ai le moral à zéro à cause de ma CPIP (Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) qui a fait n’importe quoi et à cause d’elle ma permission des 18, 19 et 20 avril ne m’a pas été accordée. Et en plus elle m’a fait passer en débat contradictoire avec un dossier en carton ! Elle a fait n’importe quoi et je suis grave vénère contre elle ! Je suis passée en débat contradictoire devant l’officier de la prison (c’est lui qui te connaît le mieux), la JAP (juge d’application des peines), le procureur et d’autres personnes qui ne servent à rien à part « apprendre le métier de JAP ». Bref, j’ai eu l’impression de passer à l’abattoir… Je m’explique : la juge te déballe à la figure toutes les conneries que tu as fait dans ta vie, donc déjà je m’attendais pas à ça, j’ai déjà été jugée, j’estime qu’il n’était pas nécessaire de me rappeler tout ça. […]

    Je ne suis pas sûre mais je crois que c’est la première fois que je vous écris une lettre où je suis autant en colère. La vérité je n’en peux plus et je suis à la limite de demander à mon psy-addictolo qu’il me represcrive du xanax, ce qui serait vraiment dommage puisque cela fait environ quatre mois que j’ai arrêté. En plus, je trouve, que ce soit l’éducatrice ou la CPIP, qu’ils m’ont trop fait croire que j’allais aller en semi et j’y ai tellement cru que ça fait drôle. En ce moment même je devrais être avec la mère et mes fils et ma perm a été refusée parce que j’ai bu un pastis, un verre de vin et un digestif, ça me met la haine car au lieu de t’encourager parce que tu fais de gros progrès, ces connards font tout le contraire et là j’ai tellement la haine que cette juge (JAP) je te jure qui si je la revois, je vais pas hésiter à lui jeter tout mon venin à la figure. Il n’y a que l’officier de la détention qui a dit que je ne pouvais pas mieux faire et que j’avais fait de très beaux progrès. Voilà, j’en ai ras le bol !

    DD


    « C’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 4 mai 2022

    Salut L’Envolée,

    Là, il est 10h30 et j’ai le moral à zéro… donc évidemment j’ai envie de prendre plein de benzo pour dormir et donc oublier, mais je n’ai pas ce qu’il faut, peut-être cet aprem incha allah car je suis au bout du rouleau. Je me rends compte que c’est à chaque fois à cause de la prison que j’ai envie de prendre des médocs, mais c’est aussi grâce à cette détention que désormais la drogue est derrière moi. C’est malheureux mais il m’aura fallu ça pour que je comprenne plein de choses importantes de la vraie vie. Car je serai peut-être morte aujourd’hui si j’étais restée dehors à faire que des conneries, donc quelque part ça aura été positif.

    […] J’attends la réponse de la JAP le 9 mai prochain pour savoir si je vais en semi puis ensuite max fin juin j’aurai mon appartement thérapeutique, mais je vous jure que si elle me refuse la semi je demande à mon médecin qu’il me represcrive du xanax.

    Le 5 mai 2022

    J’ai lu les parties de mes lettres que vous avez lues à la radio et je les trouve bien choisies, elles représentent exactement ce que je vis ! Vous me direz, c’est normal c’est moi qui les ai écrites, lol ! Sinon les perm j’ai fait une croix dessus car là ma mère est à l’hosto jusqu’au 9 juin […]. J’espère que si j’ai ma semi, les week-end je pourrai aller la voir, j’ai demandé à avoir un week-end sur deux chez ma mère. Par contre, les cellules de la semi sont aux anciennes Baumettes, donc douches communes et cellules à l’ancienne, mais bon ça c’est pas grave tant que je goûte à la liberté !

    Encore aujourd’hui je n’ai pas trop le moral, mais je pense que ce sera comme ça tant que je n’aurai pas le délibéré de la JAP… Je suis complètement éteinte, je n’ai envie de rien sinon bien sûr de la liberté. […]

    Sinon, ma CPIP s’est plantée je ne serai pas payée si je vais travailler [dans une association]. Vu que je serai en semi je ne toucherai toujours pas mon AAH (allocation adulte handicapée) à taux plein, donc ça risque d’être difficile… mais j’ai un tout petit peu d’argent de côté. Mais vu que je suis sous curatelle, vous avez compris, ça va être la galère ! Enfin celle-ci se termine en 2023 donc j’espère que je vais pouvoir l’arrêter car ça aussi c’est infantilisant, mais j’avais été obligée pour que mon père se porte garant pour me prendre un appart.

    Je vous laisse, prenez soin de vous.

    DD


    « Il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 24 juin 2022,

    Salut L’Envolée,

    Je n’en peux plus, il faut que je sorte au plus vite de cet enfer qu’est la prison, c’est pourquoi je vais prendre une avocate avec l’aide juridictionnelle pour qu’elle contacte la CPIP et la JAP pour convenir d’un aménagement de peine, qui a déjà été accordé lors de mon débat contradictoire le 12 avril dernier où je demandais la semi qui m’a été refusée, mais la libération dans un appartement thérapeutique que j’ai presque trouvé m’a été accordée donc je vais me faire aider par une avocate afin d’être libre, disons mi-juillet 2022. Amen.

    Le 25 juin 2022,

    Salut L’Envolée.

    Comme vous le voyez j’écris pas très souvent en ce moment. J’ai eu deux CRI (comptes-rendus d’incident), un dans la « salle d’attente » du SMPR où il y a aussi les mecs et il y en a un qui m’a descendu un yoyo avec du tabac car j’étais en chien de tabac et une surveillante sortie de nulle part est venue me prendre le tabac alors je l’ai insultée. Et une autre à cause de ma cellule dont je suis censée avoir la clef mais celle-ci ne fonctionne plus donc je suis obligée de demander à la matonne de me fermer la porte et celle-ci ne l’a pas fait tout de suite alors que j’avais des cigarettes dans la cellule et en prison les clopes c’est le nerf de la guerre donc j’ai flippé parce qu’elle ne me l’a pas fermée de suite, et je l’ai insultée. Voilà quoi, je vais de nouveau passer au prétoire, à moins que je sois libérée avant ce qui serait le top.

    Bon, je vous laisse, je vous donnerai des nouvelles après mes deux RDV et si comme je l’espère grâce à ma nouvelle avocate je sors vite, je vous contacterai sur le numéro que vous m’avez laissé. Biz et mille mercis !

    DD

  • Refus de perm par l’AP : lettres de DD

    Refus de perm par l’AP : lettres de DD

    Cette année, DD a écrit régulièrement à L’Envolée, retraçant le parcours de la combattante qu’elle a dû se taper pour obtenir une première permission. Elle a raconté comment l’AP (Administration pénitentiaire) a tenté de saboter ce moment et comment elle a dû se battre pendant des mois pour en obtenir d’autres, à cause d’une altercation avec un surveillant décidé à lui pourrir son retour de permission en lui collant un CRI (compte rendu d’incident). En plus d’être pénibles, les provocations des surveillant·e·s sont pour l’AP un moyen d’arrêter de donner des perm, et même d’empêcher l’obtention d’une libération conditionnelle. DD explique en détail le labyrinthe des CAP (Commissions d’applications des peines), entre CRI, passages au prétoire (le tribunal interne de la prison) et injonctions des CPIP (Conseiller·e·s d’insertion et de probation). La première lettre a été lue lors de l’émission du 11 février 2022, la suivante pendant l’émission du 18 mars 2022, et la troisième le 1er avril 2022.


    « La CPIP a dit à ma mère que j’aurai droit à un test d’alcoolémie en rentrant de perm »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 12 janvier 2022

    Salut L’Envolée,

    J’ai bien reçu votre lettre qui m’a fait grave plaisir. Je veux bien que vous m’envoyiez votre journal et si, comme vous me le dites, il y a d’autres personnes ok pour m’écrire, ce sera avec plaisir !

    Sinon, demain je passe à la CAP pour une permission. J’ai demandé trois jours, mais ma CPIP m’a fait passer un mot où elle me dit qu’elle ne sera d’accord que pour une journée car à ma dernière perm où j’ai revu mon fils (le grand) que je n’avais pas vu depuis onze ans, je me suis un peu « lâchée ». J’étais tellement heureuse et je l’avoue, j’avais aussi un peu bu. Donc, j’ai pris sur moi et j’ai écrit à ma CPIP, en lui demandant qu’elle m’accorde au moins deux jours car une seule journée c’est carrément trop court ! J’espère vraiment que c’est ce qu’elle va faire. Challa, au moins deux journées que j’ai le temps de profiter. En plus, après une perm on est confinées dix jours, avec une seule heure de promenade par jour, j’vous dis pas comment c’est dur !

    Sinon, à cause du covid, on n’a plus aucune activité.

    Par contre, j’ai une bonne nouvelle, j’ai complètement arrêté le xanax, je n’en prends plus du tout et je me sens beaucoup mieux dans mes baskets et je dors aussi beaucoup mieux.

    Bon, je vais mettre la radio à 88.4 [pour la rediffusion de L’Envolée sur Radio Galère] en espérant que je capte… Au fait, dans l’enveloppe il n’y avait que votre lettre, ils m’ont levé l’enveloppe avec le timbre ces chiens !

    Ici c’est toujours pareil, brouilleurs à fond, pas d’activités et toujours les fenêtres pour le deuxième, troisième et quatrième

    Le 13 janvier 2022

    Salut L’Envolée, je reviens de mon rdv avec la psychologue, ça m’a un peu fait « bouger » car cela fait longtemps que je ne sors plus en promenade. D’ailleurs ce week-end je vais me forcer à y aller histoire de marcher car en presque trois ans j’ai pris trente kilo, ce qui est énorme ! Mais bon, ici on ne fait rien, on mange mal, bref tout ce qu’il faut pour grossir. Faut dire que je compense mon manque d’affection (la famille, les amis, etc.) par la bouffe.

    Plus vite je sors de ce trou à rats, mieux ce sera ! Ici c’est toujours pareil, brouilleurs à fond, pas d’activités et toujours les fenêtres pour le deuxième, troisième et quatrième. Heureusement moi ça ne me concerne plus car je suis au CD1 [Centre de détention, 1er étage], mais je sais qu’il y a beaucoup de filles qui ont cassé les fenêtres et vous savez pas quoi, la détention les leur fait payer ! Un truc de ouf !

    Partir le matin pour revenir le soir même puis être enfermée pendant dix jours à cause du covid : fait chier, merde !

    Le 14 janvier 2022

    J’ai signé une perm de seulement une journée. La vérité j’suis dégoûtée. Enfin, c’est bizarre comme sentiment, car je suis à la fois contente de sortir une journée mais je suis écœurée que ce soit si court. Partir le matin pour revenir le soir même puis être enfermée pendant dix jours à cause du covid : fait chier, merde !

    Je viens d’appeler ma mère et la CPIP lui a dit que j’aurai droit à un test d’alcoolémie en rentrant. Putain, j’ai trop la haine ! Et lundi jour de ma perm, en fait, au lieu d’être trop heureuse de sortir, je vais avoir la haine et je ne vais même pas apprécier cette putain de journée. Ras l’bol !

    Par contre, je sais que je vais boire un peu et c’est normal mais quand je retourne à la prison il faut que mon taux d’alcoolémie soit à 0,00. De toutes façons je ne compte pas être ivre ! Je vais boire un petit apéro, 1 ou 2 verres de vin à table puis un digestif comme un colonel ou un Irish coffee sur la Corniche. Tout ça pour dire que je vais pas me torcher à la bière ! Lol.

    Vaut mieux que ça se passe bien sinon je peux dire adieu à mes perm… Mais, enfin, savoir que je vais les voir et être obligée de les quitter si tôt, c’est un véritable crève cœur !

    Je me suis bien sûr énervée, du coup j’ai encore eu un CRI. Bref, arrivée en cellule j’ai bouché l’œilleton pour être tranquille.

    Le 17 janvier 2022

    Ça fait deux heures que je suis revenue de ma perm qui s’est très bien passée. Par contre, l’AP a été dégueulasse, je m’explique. Ma mère m’avait acheté des produits pour les cheveux et donné une écharpe et je suis tombée sur un vrai connard qui m’a tout levé même mes cigarettes mais c’est pas le pire. Je me suis bien sûr énervée (je sais, ça ne sert à rien mais c’est plus fort que moi !) du coup j’ai encore eu un CRI. Bref, arrivée en cellule j’ai bouché l’œilleton pour être tranquille et à la ronde entre 19h00 et 19h30 quand la surveillante est passée, elle a allumé plusieurs fois la lumière et tapé à la porte et j’ai fait exprès de ne pas répondre alors que je pensais qu’ils allaient revenir, vérifier si j’étais morte ou vivante. Mais non, ils n’en ont rien à foutre, ils ne sont pas revenus et ça me choque grave ! Il y a des filles et des mecs qui se suicident et ils ne reviennent même pas voir comment je vais, j’hallucine carrément !

    Si demain le chef me fait redescendre au CD0 où les portes sont fermées (en gros, c’est comme la MAF, maison d’arrêt pour femmes), je vais très très mal le vivre donc challa que non, sinon je vais péter un plomb ! Putain, quand je suis dégoûtée comme ça, j’ai qu’une envie c’est me défoncer mais t’inquiètes ce n’est pas ce que je vais faire. Ça aurait été avant j’aurais même fait une TS [tentative de suicide] ! J’ai la rage, j’en peux plus de cette prison de merde !

    Étant donné mon confinement, je risque d’être tentée de reprendre du xanax ou du valium

    Le 18 janvier 2022

    Salut, je suis confinée et comme je vous l’ai dit je n’ai qu’une heure de promenade par jour et vous allez être choqués : la surveillante m’a oublié. Du coup, pas de promenade… c’était trop tard. J’ai donc demandé d’aller à l’UCSA (Unité de consultations et de soins ambulatoires) histoire de me sortir de ma cellule et de voir du monde mais je n’sais pas si ça va être accepté. Je risque de passer toute la journée dans ma cellule, super ! De toute façon, ici les détenues n’ont jamais raison : ou tu fermes ta gueule ou tu prends un CRI comme ça m’est arrivé hier.

    Sinon, hier soir j’ai un peu écouté Radio Galère et ça avait l’air cool mais j’étais crevée et je me suis endormie, dommage.

    Étant donné mon confinement, je risque d’être tentée de reprendre du xanax ou valium (c’est la même merde), et je ne veux pas. Ça a été tellement long avant que je n’en prenne plus.

    P.-S. : demain après-midi je sors en promenade, je me suis faite collègue avec une gitane qui ne sait ni lire, ni écrire, donc je lui ai fait plusieurs courriers qu’il faut qu’elle signe. Comme je vous l’ai dit, si je peux, j’aide. Et puis nous sommes toutes dans le même bateau, c’est très important, je pense, de s’entraider.

    Sinon, je ne me souviens plus si je vous en ai parlé mais un médecin m’a dit que j’avais un problème au cœur, mais je ne sais pas encore ce que j’ai, tout ce que j’espère ce qu’on va pouvoir me soigner. Je suis très vite essoufflée. Alors, depuis que j’ai arrêté le xanax, ça va un tout petit peu mieux mais ce n’est pas ça. J’ai été deux fois à l’hosto [pour des examens médicaux].

    DD


    « Et la CPIP ose me dire que ce n’est pas une punition »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 15 février 2022

    Salut L’Envolée,

    J’ai bien reçu votre lettre et ce n’est pas grave si elle a mis un peu de temps. Ma dernière permission était carrément trop courte ! Mais finalement je n’ai été confinée qu’une journée car tant que ça dépasse pas 24 heures on est pas confinée dix jours. Mais ma perm du mois de mars a été annulée. Alors ma CPIP a dit à ma mère que c’était à cause du CRI, sauf que quand j’ai été signé la cause était que j’avais bu de l’alcool à mes deux dernières perm. Ça me met la haine car même si j’ai bu je ne suis pas rentrée ivre, c’est tout ce qui compte non ?! À la limite ils ont qu’à nous faire souffler dans un éthylotest !

    Sinon, quand t’es confinée, tu restes dans cellule et tu peux cantiner. Pour les clopes et même le reste, vous avez raison car il y a des surveillants cools qui te laissent rentrer avec et d’autres non, donc tu ne sais pas quoi faire et tu essayes… Pour le CRI je vais passer au prétoire, alors déjà que j’ai été punie de perm, j’espère qu’ils ne vont pas en rajouter !

    Le 24 février 2022

    Salut, il est 7 heures, il y a deux jours le chef m’a appelée pour me faire signer le CRI. Je passe au prétoire le 1er mars 2022 et j’espère que je ne vais pas aller au cachot. Déjà qu’ils m’ont puni en me retirant ma perm famille, ils vont pas en rajouter ! J’avais fait un mot à ma CPIP en lui disant qu’il n’y avait pas de loi interdisant l’alcool et écoute bien ce qu’elle m’a répondu :

    « Le juge a refusé votre perm en raison du CRI au retour de votre dernière perm, ainsi que pour la consommation d’alcool pendant votre perm. Il a estimé qu’au regard de votre fragilité en terme d’addictions que les perm se déroulent sans prise de produits ou d’alcool. Avant votre dernière perm cet élément vous avait été communiqué par la CPIP et aussi à votre mère. L’objectif madame DD n’est pas de vous punir mais de préparer au mieux votre sortie et limiter tout risque de récidive. Comme évoqué ensemble, les faits commis l’ont été alors que vous étiez alcoolisée ainsi le but est d’éviter ces alcoolisations pendant vos perm pour ne pas vous mettre en situation de risque et que vous restiez maître de votre comportement. »

    Ça me met trop la haine car j’ai bu un pastis, un verre de vin et un digestif donc à ma rentrée de perm et même avant j’étais loin d’être ivre. Et elle ose me dire que le but n’est pas de me punir, mais moi je n’y vois qu’une punition de merde qui me met encore plus les nerfs ! Bref AP de merde ! Bon, j’ai la haine là, je vais écrire de nouveau à ma CPIP pour lui dire que je n’étais pas alcoolisée à ma rentrée de perm. À+

    Hier j’ai pas assuré j’ai pris mes douze valium

    Le 25 février 2022

    Salut, il est 5h27 je me lève et j’ai hâte qu’il soit 8h00 pour que les portes s’ouvrent et que j’aille chercher mon traitement. Depuis lundi je n’ai pas pris le valium, mais là comme j’ai mon traitement pour tout le week-end, je vais me retrouver avec douze valium donc il faut que j’assure et que je n’en prenne pas du tout, mais j’ai confiance je vais y arriver.

    Le 26 février 2022

    Coucou il est 12h56, hier j’ai pas assuré j’ai pris mes douze valium donc aujourd’hui j’ai la tête dans l’cul, ça m’apprendra. Ce que je vais faire maintenant c’est d’aller chercher mon traitement même le week-end, de cette façon je suis sûre de ne plus en prendre car quand j’y vais tous les jours, je dis à l’infirmière qu’elle ne me donne pas les valium et ça me facilite la tâche.

    Donc, comme je vous l’ai dit, pas de perm au mois de mars, donc j’attends de voir ma connasse de CPIP pour lui demander si au mois d’avril ce sera possible, car si elle s’y oppose, la juge va automatiquement refuser. Challa que j’ai ma perm au mois d’avril de trois jours j’espère. Bon, je vous laisse car il faut que je me prépare pour aller en promenade. À+

    Le 28 février 2022

    Il est 12h47 et je pense que cet aprem je vais descendre en promenade prendre un peu le soleil. Demain je passe au prétoire, pourvu que je n’ai qu’un avertissement car le cachot non merci ! De toute façon j’en a parlé à ma psychologue et elle m’a dit ce qu’il fallait que je dise ou que je ne dise pas. En tous cas, sachez-le, maintenant je vais faire le canard car je tiens trop à mes perm ! Dire qu’au mois de mars je devais y aller, je suis dégoûtée ! Maintenant il n’y a plus qu’à espérer qu’elle me laisse celle du mois d’avril ; mais bon je pense que si elle me laisse sortir en avril ce ne sera qu’une journée… Ils ont vraiment rien compris !

    Je reviens du prétoire et je suis confinée pendant huit jours

    Le 1er mars 2022

    Salut, j’ai la trouille de me retrouver au cachot et j’ai pas non plus envie d’être confinée sans TV, je flippe et c’est normal, challah que j’aie que du sursis. J’ai un avocat commis d’office, j’espère qu’il me servira à quelque chose. Bon je dois aller me préparer, à+

    Coucou, il est 10h55, je reviens du prétoire et je suis confinée pendant huit jours sans TV et je crois sans téléphone. J’ai une heure de promenade le matin de 7h45 à 8h45, une misère quoi. Enfin, j’espère que ça va vite passer. À+

    Il est 14h29, à 13h30 je devais aller à un ciné-débat, mais comme je suis confinée je n’y ai pas le droit, dégoûtée car ça m’aurait intéressée. Enfin à 15h30 j’ai RDV avec mon éducatrice spécialisée et j’y vais ; je vais leur demander un maximum de RDV pour être le moins possible dans ma putain de cellule. Heureusement que j’ai la chaîne hi-fi ! C’est toujours ça, je me sens moins seule. À+

    Il est 19h18 et je m’emmerde grave ! En fait, je crois que le plus difficile ça va être le soir car il n’y a rien à faire sans la TV, une fois que tu as dîné, tu te fais chier et le temps est long. Bref, du coup je suis confinée, donc depuis aujourd’hui je reprends le valium, au moins ça me fait dormir un peu. À+

    Le 2 mars 2022

    Salut, il est 6h24, ça va j’ai bien dormi. J’écoute la radio, mais je sens que ça va être long jusqu’à 8h30, heure à laquelle je vais au SMPR (Service médico-psychologique régional). Bref, vivement mardi prochain que je sois déconfinée. À+

    Bon je vous envoie la lettre. Ciao. Biz.

    DD

    P.-S. : Putain ils m’ont mis la promenade de 7h45 à 8h45 et à 8h30 je dois aller au SMPR et vous savez pas quoi ? La surveillante me demande de choisir entre les deux ! Mais je veux aller aux deux. Bon ben finalement je me suis arrangée j’irais à l’UCSA à 9h30, ouf !


    « Comme à chaque fois, les surveillants exagèrent grave ce qu’ils nous reprochent »

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 11 mars 2022

    Alors déjà, à mon retour de perm d’une seule journée, je n’ai pas été confinée car ma perm n’a pas dépassé la journée, sinon tu es confinée dix jours. Et pour mon CRI, il n’a pas été annulé, et en plus quand la cheffe m’a appelé pour me le lire, comme à chaque fois, les surveillants exagèrent grave ce qu’ils nous reprochent. Du coup ma perm du mois de mars a été annulée, trop dégoûtée ! Ma mère se fait opérer début mai et sera en rééducation jusqu’en juillet, donc si je ne vais pas en perm au mois d’avril, je ne pourrai pas y aller avant longtemps. Ma CPIP m’a dit que je demande tout de même une perm au mois d’avril mais que ce serait la juge qui déciderait. Sauf que si ma CPIP s’y oppose, la juge va la suivre et là, ça serait l’horreur car ma famille me manque trop ! Je suis donc passée au prétoire le mois dernier et en plus de l’annulation de ma perm j’ai eu huit jours de confinement sans TV. Heureusement que j’ai la chaîne hi-fi ! Mais c’était grave difficile !

    Et pour le valium je l’ai pris pendant le confinement comme ça, ça me permettait d’être plus détendue et de faire des siestes, mais là, j’ai tout arrêté et définitivement ! Le médecin voulait me les descendre petit à petit mais je lui ai dit : « non, j’arrête tout d’un coup », et ça se passe très très bien.

    Le 16 mars 2022

    Salut L’Envolée,

    Je me remets à vous écrire car déjà, j’en ai envie et ensuite parce que j’ai de bonnes nouvelles qui je l’espère vont se concrétiser. Alors, j’ai vu ma CPIP qui m’a parlé de semi-liberté, ils ont fait huit cellules de semi pour les femmes car avant il n’y en avait qu’une. Alors, je passe en CAP le 13 avril pour une perm, puis je passe aussi pour ma semi. Donc je sortirai de 8h à 17h et j’irai dans une association où j’aurais des activités matin et après-midi et le midi on déjeune tous ensemble. […] Par contre, il va falloir que je sois forte [à propos des drogues], mais mes fils me la donnent cette force. […] J’ai 48 ans, j’ai fait le tour de la question [des drogues], maintenant il est temps que je passe à autre chose comme à ma famille. Je les aime trop pour les décevoir de nouveau. A+

    DD

  • Actualité sécuritaire – Le « contrat de travail » en prison – Lettre de DD

    Actualité sécuritaire – Le « contrat de travail » en prison – Lettre de DD

    Émission de L’Envolée du vendredi 6 mai 2022
    • Appel à nous rejoindre, pour diffuser le journal et faire vivre la parole des prisonniers et prisonnières en-dehors des murs.

    • Lettre de DD à la prison des Baumettes sur son refus de demande semi-liberté par la JAP (juge d’application des peines) et sur l’acharnement contre elle de la CPIP (conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) qui refuse de soumettre de nouvelles permissions de sortie.

    • Discussion autour de l’actualité sécuritaire pour maintenir l’ordre social : programmes de Macron, attaques contre les étranger·e·s, démission du directeur fasciste de Frontex (la police aux frontières de l’Union européenne), contre-rassemblement de la manif des syndicats de flics fascistes.

    • 1er mai : les fausses avancées du « contrat de travail » en prison sauce Macron.

    Cliquez sur l’image pour lire l’appel


    On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !