Étiquette : Varenne-le-Grand

  • Emission du 3 avril 2020

    Emission du 3 avril 2020

    L’envolée – émission du 03 avril 2020
    • Clin d’œil à notre ami Olivier. Interrogé par Laurent Jacqua en octobre 2011, il présente l’Envolée et le rôle des émissions de radio dans les luttes contre les prisons.
    • Laurent Jacqua pousse un coup de gueule à propos de la situation actuelle. Lui qui a connu alors qu’il était en prison plusieurs épidémie – celle du Sida à la fin des années 1980 et celle du H1N1 en 2009- ; « Le monde a pris 90 jours de mitard (…) Les prisonniers et les vieux on s’en bat les couilles. Nos vieux on les laisse crever comme en cellule« .
    • Communiqué « Nous détenus de France« , initialement écrit par les prisonniers de Rennes puis repris par nombre de prisonnier.e.s partout en France.
    • Discussion sur la réouverture de certains ateliers pour de la fabrication de masque par des prisonniers… pour le personnel de la pénitentiaire.
    • Lettre de la compagne d’un prisonnier du Havre : les matons n’appellent pas les médecins et cachent les malades.
    • Lettre d’Heisenberg de Meaux-Chauconin: « J’aimerai savoir comment la Garde des sceaux choisit les personnes qui doivent sortir ? » et discussion à propos des annonces de libération des prisonnier.e.s : les malades ne sortent pas !
    • Quelques pistes juridiques pour essayer de sortir : demande de suspensions de peine et demande d’aménagement.
    • Lettre de Slim de Varenne-le-grand : la répression et la peur dans les prisons.
    • Les matons ont peur, alors les gars et les filles dedans, « grattez tout ce que vous avez à prendre, mais n’oubliez pas : y’a pas d’arrangement!« 
    • Retour sur la grève de la faim entamée en début de semaine au Centre de rétention administratif du Mesnil Amelot.

    Lettre de la compagne d’un prisonnier de la MA du Havre, 01 avril 2020.

    « Mon mari est actuellement à la prison du Havre. A savoir qu’ils sont trois détenus dans la cellule ! Il n’y a qu’un lit superposé… Donc il y en a un qui dort sur un matelas par terre et le matin il range le matelas sous le lit du bas. Dans la nuit d’hier (le 29 mars 2020) son co-détenu n’arrivait plus à respirer. Ils ont appelé les surveillants qui ne voulaient rien faire, pas se déplacer, rien ! Ils ont juste dit de mettre le détenu malade sur le lit du bas ! Ça faisait plusieurs jours que le détenu se sentait mal, qu’il avait tous les symptômes du Covid-19 : fièvre, fatigue, essoufflement, maux de tête. A la base, c’est un boxeur, donc bonnes conditions physiques, il fait du sport tous les jours en prison de base ! Et là, trois jours qu’il ne pouvait plus en faire, dû à sa fatigue et à l’essoufflement. Et là, cette nuit, à 2 heures du matin, son état s’est aggravé, il a demandé à mon mari de joindre les surveillants afin de leur expliquer la situation, mais rien. Les surveillants n’ont pas voulu se déplacer ! Le gars qui est donc malade a donné son téléphone à mon mari – oui, on le sait, c’est interdit en prison ! – et il a demandé à mon mari d’appeler le SAMU car il était en très mauvais état… C’est dire à quel point il était dans un mauvais état ! Le SAMU a alors contacté la prison et les surveillants, et un chef est enfin monté dans la cellule voir ce qu’il se passait. Avant même de s’occuper du détenu malade, le chef a immédiatement pris le téléphone portable et l’a cassé. Ce n’est que ensuite qu’ils ont pris le co-détenu malade ! Ils l’ont obligé à marcher et l’ont isolé aux arrivants (ce qui représente une longue distance : changement de bâtiment !). Le détenu malade est sorti avec une simple couverture, en short et tee-shirt avec ses baskets. Ils ne lui ont rien donné d’autre. A savoir aussi que l’infirmerie de la prison du Havre est fermée ! Mon mari a eu son rappel de vaccin dans un couloir de la prison, devant la porte de sa cellule, et debout ! Je ne vais pas vous faire un détail sur l’hygiène en prison… Mais l’heure est grave ! Les détenus ne sont plus respectés. »

    Lettre de Slim, prisonnier à Varennes-Le-Grand, le 28 mars 2020.

    « Depuis le commencement du coronavirus, il n’y a aucune mesure de sécurité qui est prise, plusieurs cas avérés par un surveillant en scrèd. Ils les isolent, font comme si de rien n’était, ils les cachent. On ne nous dit rien. Les mecs, ils les isolent et après, on ne les voit plus. Ils ont été testés mais on ne nous a pas dit le résultat. Ils les changent d’étage.

    La moitié des surveillants n’utilise pas de gants, et les masques sont très peu utilisés, on dirait que c’est laissé au bon vouloir de chacun. Ils ne respectent pas le mètre de distance.

    La seule activité autorisée c’est le sport, par groupe de 20, uniquement dehors sur le terrain de foot. Ils ont envoyé un malade avec nous au sport et après ils l’ont confiné.

    Franchement, si on est malade, c’est mieux de ne pas le dire car ils ne veulent pas nous aider. Ils vont nous isoler c’est tout. De toute façon on n’a aucune info.

    Il y a eu un blocage il y a une semaine, ça a duré un moment. Ils ont fait venir l’ERIS. Ils sont passés en comparution immédiate, ils ont pris 6 et 9 mois de peine.

    Ils ne nettoient pas les coursives. Ils se protègent eux, on ne les voit pas trop. Il n’y a plus de fouilles au corps. On a un peu la trouille, on voit à la télé ce qui se passe dehors. On a du savon, mais on a un problème de cantine, là par exemple j’ai pas eu le pack de bouteilles d’eau que j’avais demandé en début de semaine. Si on n’a plus d’eau, qu’on peut plus avoir de savon, on fait comment?

    Aucune précaution n’est prise pour la nourriture, ceux qui servent la gamelle, ils n’ont pas de masque. Nous on ne mange plus la gamelle du coup. On a des réserves, mais ça va pas durer éternellement si y’a plus de cantine. Plus de parloir du tout depuis le début du confinement. Ça va pour l’instant y’a encore du cannabis, mais d’ici une semaine ça va être le bordel. Ils nous ont donné des petits cadeaux pour nous calmer. Vingt balles par ci, vingt balles par là, ils nous achètent comme des p’tits ados. »

    SLIM

    Face à la gravité de la situation, à partir du lundi 23 mars, L’Envolée diffuse à 19h un flash info quotidien d’un quart d’heure sur FPP (106.3 Mhz sur la bande FM à Paris) sur ce qui se passe dans les prisons françaises. Nous y lisons les messages qui nous sont envoyés au 07.52.40.22.48. Nous maintenons par ailleurs l’émission du vendredi, entre 19 heures et 20 heures 30.


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  • Flash info quotidien du 30 mars 2020

    Flash info quotidien du 30 mars 2020

    • Clin d’œil à Olivier, qui a fondé en 2001 avec quelques complices l’émission et le journal L’Envolée, parti samedi soir pour une cavale éternelle. On continuera à l’entendre ou le lire chaque soir de la semaine.
    Ce soir : le texte d’intention qu’Oliv’ a écrit en son nom pour le numéro 1 du journal.
    Lettre de Slim, prisonnier de Varennes-le-Grand.
    Fabrication de masques en prison, les ateliers ont repris. Pour qui les masques?
    • News des prisons pour étrangers (Mesnil, Oissel, Vincennes).

    « CHERCHE COMPLICES POUR ENTREPRISE DE DEMOLITION« 

    par Olivier, L’Envolée N°1, Juin 2001.

    « Casser le silence, c’est rompre un peu d’isolement. Celui qui est à l’œuvre dedans comme celui qui ronge insidieusement nos vies d’hommes soi-disant libres.

    Libres de quoi ?

    De faire là où l’on nous dit de faire ? De suivre les modèles sociaux et économiques plus que jamais en vigueur, Travail, Famille, Patrie, ou Consommation, Moi je, Citoyennisme ?

    La plus grande des violences, c’est celle d’un feu tricolore bien réglé, Vert je passe, Rouge je m’arrête… : traduisons par Vert passez, Rouge on vous arrête. Les feux dont je rêve sont d’un autre genre, ils ressembleraient à un brasier qui en finirait avec un monde dénué de tout, un monde où le vivant est anesthésié, où les passions sont éteintes, où les humains ont peur des autres, ont peur d’eux-mêmes, ont peur d’avoir peur.

    Les prisons sont les poubelles de leurs laboratoires : on y jette tout ce qu’on ne peut ronger et tout ce qui dérange. Ce n’est ni un miroir, ni un condensé, c’est l’envers du monstre moral, l’endroit de l’ordre marchand. Allumer ne serait-ce que quelques feux follets, de ci, de là, fait apparaître des failles dans un système qui tente de persuader qu’il est invincible, intemporel, tout puissant. Creuser et brûler: c’est ce que l’Envolée voudrait tenter de faire avec d’autres complices. La radio, le journal, les liens tissés un peu partout dedans, dehors, des réseaux de solidarité active, des amitiés … : autant de possibilités de développer des conspirations subversives, de mettre autant de bâtons qu’il y a de roues, de coincer la machine.

    Ils sont l’ordre, nous serons le bordel. »

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’émission de radio est diffusée le vendredi soir de 19 heures à 20 heures 30 sur FPP (106.3 Mhz en région parisienne) ou sur rfpp.net et disponible ensuite sur toutes les plateformes de podcast. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de quinze minutes, que vous pouvez écouter chaque soir de la semaine à 19 heures sur les ondes de FPP et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Nous demandons à toutes les radios locales de diffuser largement ce bulletin.
    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relaierons les actions collectives et individuelles dont vous nous informerez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur.

    Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer. Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48. Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur Instagram, Twitter, FB & Snapchat.

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