Le journal L’Envolée n°61 est sorti !

Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, et gratuit pour les prisonniers et prisonnières.

Sommaire :

  • Réductions de peine : l’éternelle carotte
  • Lettres de Troyes et des Baumettes
  • La BAC à la barre
  • « T’es personne et on te ferme la porte » Un message de Fleury
  • Mesnil-Amelot : encore un mort en CRA
  • Lettres de déportés kanak
  • Offensives législatives contre les étranger·es
  • CRA de Marseille : en réaction aux manipulations racistes

Édito : « Y a des joies, y a de lourdes peines, rien de nouveau sous le soleil »

En octobre 2024, des journalistes d’extrême droite ont accompagné un député proche de Zemmour au centre de rétention administrative (CRA) de Marseille pour filmer des prisonniers en caméra cachée. Loin de déranger l’administration, leur « reportage » est devenu une tribune pour les discours racistes des condés et du personnel médical : ils ont décrit un « public » (!) de plus en plus dangereux, qui serait mieux traité que les blancs pauvres des campagnes, et qu’il faudrait expulser à tout prix. En réaction, les prisonniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre la manipulation de leur parole et de leur image – et ils l’ont payé au prix fort, par des expulsions.

Les médias fascisants et les institutions répressives marchent ensemble. Aux États-Unis, un président suprémaciste a été réélu avec le soutien actif d’un milliardaire qui a mis à son service un des plus importants réseaux sociaux de la planète… En France, les discours des porteurs d’uniforme et des médias d’extrême droite nourrissent et légitiment la politique du gouvernement : construire toujours plus de CRA, faciliter les expulsions, sous-traiter et reléguer la « gestion » des étranger·es aux frontières de l’Europe. Tout ce beau monde s’accorde pour enfermer massivement les personnes sans papiers, ce qui détourne opportunément l’attention du surenfermement des classes populaires. Comme nous le racontent des prisonnier·es de Fleury et de Poitiers, les maisons d’arrêt craquent. Les triplettes se généralisent, il y a même quatre ou cinq prisonniers par cellule à Mayotte.

À l’unanimité, la réponse à cette « explosion de l’insécurité » qu’on veut nous faire gober en continu, c’est bien l’enfermement. Gros déchaînement politico-médiatique sur une énième catégorie de super-méchants : les « narcoracailles » qui « mexicanisent » la France. Eh oui : à force d’être trop délinquant·e, on finit par être un peu moins français·e – et donc plus condamnable. La nation est en péril ! Les matons redouteraient même l’infiltration de trafiquant·es par une vague de candidatures au concours… Peur de se faire piquer leur bizness, peut-être ?

La menace du « narcoterrorisme » justifie l’annonce en rafale de mesures plus ou moins inédites : création d’un parquet national antistupéfiants, atteintes aux droits de la défense, suppression des jurés populaires aux assises, suspension des aides sociales aux personnes condamnées, abolition de l’excuse de minorité… Après les qualifications d’association de malfaiteurs et de bande organisée, tadam ! Voilà l’association de malfaiteurs en bande organisée ! À quand l’association de malfaiteurs qui font du mal à plusieurs en bande organisée et en réunion ?

On connaît la chanson… La figure du grand méchant dealer servait déjà dans les années 1980 à faire accepter l’enfermement de masse et à camoufler le rôle principal de la prison : la répression quotidienne et silencieuse des crises sociales et de la misère… Tous les jours, des petits charbonneurs mangent du ferme en comparution immédiate.

À l’intérieur, certaines catégories de prisonnier·es – les « grands bandits », les pédocriminels et les terroristes – se sont vu appliquer au fil du temps des traitements spéciaux ; il s’agit maintenant d’en dépoussiérer une autre, sous le nom rénové de narcotrafiquants. On leur promet déjà un régime de détention spécifique – et surtout l’isolement dans des quartiers de haute sécurité. C’est bien pratique d’introduire de tels dispositifs en les appliquant à des prisonnier·es désigné·es comme des « monstres » : ça normalise le pire et ça distille le durcissement des conditions d’enfermement dans toute la prison. C’est de pire en pire, mais y en a toujours un pour qui c’est encore plus pire, alors faut se tenir à carreau en espérant que ça tombe pas sur soi. Les prisons tiennent par leurs divers quartiers punitifs ; et la société, par ses prisons. Continuez à flipper, et marchez droit !

Face à tout ça, toujours le même refrain ! Il faut écouter et porter la parole des enfermé·es – les sans-papiers qui se révoltent dans les CRA, les longues peines oublié·es, les Kanak déporté·es en métropole, et toutes celles et ceux qui mettent en place des solidarités à l’intérieur.

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