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  • « Un humain = un humain ! »

    « Un humain = un humain ! »

    Voici une lettre adressée à L’Envolée par une prisonnière de la Maison d’arrêt femmes (MAF) des Baumettes (Marseille). Elle nous écrit pour dire qu’elle ne baisse pas les bras, dans un contexte carcéral ultra répressif. Nous avons déjà évoqué la violence pénitentiaire subie par les prisonnières des Baumettes (voir en bas de cette page). Entre autres : coupure des liens familiaux, fermeture des fenêtres, brutalités, fouilles à nu fréquentes et violentes. Elles subissent des représailles en réponse à leurs protestations. Forces, courage et détermination à elles !

    “Maison d’arrêt pour femmes des Baumettes, le 24 février 2021,

    Bonjour à vous,
    J’espère que ma carte vous trouve en bonne forme et en bon moral.

    L’hiver passe et nous arrivons au printemps. Mais il ne nous a pas épargnées cette année 2020 : pluie, vent, froid, neige, inondation, etc. Alors oui, on l’a senti passer. De plus, les conditions de ce château sont loin d’être aux normes européennes… mais une honte de la société, c’est clair.

    La solidarité, bien des personnes ont oublié ce mot. Comme d’habitude, je me bats pour tout. De toute façon, la vie est un combat. Et il ne faut jamais baisser les bras !!! Peu importe l’adversaire face à soi.

    Je ne rentre pas dans la case car je suis assez trempée en caractère. Je tempère au vu du lieu et des conséquences. De toute façon, j’assume. Face à nous, ils sont tous humains.
    Un humain = un humain !

    Ça passe vite pour mes enfants dehors. J’ai laissé des bébés, ce sont des femmes et des hommes maintenant. C’est une claque qui fait mal. Mais pas le choix, on s’y fait, et le temps fait son chemin et son travail.

    Prenez soin des vôtres, c’est important.

    N.”

    • Plus d’infos sur la MAF des Baumettes ici et .
    • Lisez aussi notre article sur le 8 mars des prisonnières ici.
  • Lettres de l’intérieur – interview de la sœur de Sambaly Diabaté, tué par des matons en 2016 – Marches contre les violences d’Etat

    Lettres de l’intérieur – interview de la sœur de Sambaly Diabaté, tué par des matons en 2016 – Marches contre les violences d’Etat

    Emission de l’Envolée du 19 Mars 2021
    • Lettre de Y. enfermé à la Maison d’Arrêt d’Angoulême.
    • Lettre de N., de la MAF des Baumettes :
    • Extraits de lettres de Mickaël, au QI de Saint Maur, et de l’Infâme, au QI de Valence.
    • Enregistrement d’une discussion avec la soeur de Sambaly Diabaté, mort dans un fourgon dans les mains de surveillants de Saint Martin de Ré le 9 août 2016. Elle revient sur la longue lutte judiciaire toujours en cours.
    • Appel aux marches du 20 mars contre les violences d’Etat, les violences policières et pénitentiaires.
    • Enregistrement de Najet, la mère d’Idir, mort au mitard de Lyon Corbas en septembre 2020.
    • à Arles, les ERIS sont intervenus plusieurs jours de suite après des blocage de promenade pour protester contre une fouille à nu abusive suite à un parloir. Et déjà des transferts disciplinaires …

    FERMETURE DES MITARDS ET DES QUARTIERS D’ISOLEMENT, ABOLITION DES BRIGADES PÉNITENTIAIRES CAGOULÉES (ERIS ET ELAC) !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons de toute sorte. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers et leurs proches.

    Direct chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, jeudi à 17h30 à Toulouse sur Canal Sud 92.2,et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes.

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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça.
    La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

  • Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin

    Violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues : l’omerta doit prendre fin

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE COMMUN | 16 MARS 2021

    Le 4 janvier 2021, le directeur de l’administration pénitentiaire interdisait la diffusion du numéro 52 du journal L’Envolée dans toutes les prisons françaises en raison d’un dossier consacré au décès de plusieurs personnes détenues dans des conditions suspectes. Dans le même temps, il portait plainte pour diffamation. Il est reproché au journal, relais de la parole des personnes détenues et de leurs proches depuis près d’une vingtaine d’années, d’avoir « allégué des faits de violences volontaires commis par des personnels de l’administration pénitentiaire, dans l’exercice de leurs fonctions » et « imputé aux responsables hiérarchiques des auteurs de ces violences alléguées de ne pas les avoir dénoncées ».

    Cette interdiction ne saurait occulter le problème de fond dénoncé par le journal : les violences commises par des agents de l’administration pénitentiaire sur des personnes détenues sont une réalité désormais largement documentée, tout comme les rouages institutionnels permettant qu’elles se perpétuent.

    La section française de l’Observatoire international des prisons rapportait ainsi dans un rapport de juin 2019 être saisie de plusieurs témoignages par semaine de personnes détenues ou de leurs proches dénonçant des violences subies de la part de personnels pénitentiaires. Le décès récent de Jimony R. alors incarcéré au centre pénitentiaire de Meaux après avoir été, selon le témoignage d’un surveillant pénitentiaire, « roué de coups » notamment « à la tête (…) alors qu’il était menotté et maîtrisé au sol » vient également rappeler la tragique actualité de cette réalité.

    Les mécanismes institutionnels qui permettent à cette réalité de perdurer sont également aujourd’hui parfaitement connus et identifiés : difficultés à réunir les preuves de faits qui se déroulent le plus souvent à l’abri des regards et des caméras de vidéosurveillance, manque d’information sur les modalités de dépôt de plainte et d’accompagnement juridique dans ces démarches, représailles pour les personnes détenues, leurs proches ou toute autre personne qui entendrait dénoncer des violences subies en détention, mutisme des autorités hiérarchiques qui préfèrent bien souvent détourner le regard, manque de diligence des autorités administratives et judiciaires dans la réalisation des enquêtes, et un « parole contre parole » qui tourne presque systématiquement à l’avantage de l’uniforme.

    La censure du numéro 52 du journal L’Envolée, pour avoir relayé la parole de personnes détenues et de leurs proches sur cette réalité, est une nouvelle illustration de la chape de plomb que l’administration pénitentiaire met sur un phénomène qui devrait au contraire alerter et inquiéter. Plutôt que de s’en saisir à bras le corps, pour qu’aucune suspicion de comportement violent de la part d’un agent pénitentiaire sur une personne détenue ne puisse plus rester sans suite, l’administration pénitentiaire préfère tenter de faire taire celles et ceux qui s’en font l’écho. Attachées au respect des droits fondamentaux et de la dignité de toute personne, nos organisations continueront à soutenir toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour que la lumière soit faite sur une réalité encore trop souvent ignorée et cachée. Pour que l’omerta qui règne sur les violences de surveillants pénitentiaires sur des personnes détenues prenne fin.

    Communiqué co-signé par l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), A3D (Association des avocats pour la défense des droits des détenus), le journal l’Envolée, La Ligue des Droits de l’Homme, l’Observatoire International des Prisons (OIP), le Syndicat des Avocats de France (SAF).

  • Le 8 mars et toute l’année : Solidarité avec les prisonnières !

    Le 8 mars et toute l’année : Solidarité avec les prisonnières !

    De Fleury aux Baumettes, et partout ailleurs : solidarité avec les prisonnières.

    Pour le 8 mars 2014, des prisonnières, militantes basques féministes, avaient diffusé un tract dans la cour de promenade de la MAF (maison d’arrêt femmes) de Fleury Merogis : un appel aux femmes et prisonnières à se révolter. A l’occasion du 8 mars 2021, nous le republions ci-dessous, complété d’extraits de lettres qui détaillaient alors leurs conditions d’enfermement, leurs combats, leurs solidarités.

    Ces récits résonnent avec ce que dénoncent les prisonnières de la MAF des Baumettes (Marseille) depuis l’automne 2020 : déjà menacés par l’enfermement, les liens avec leurs proches, avec leurs enfants, sont coupés sous prétexte de Covid. On leur impose des grilles aux fenêtres qui les empêchent de respirer et de se parler. Elles subissent des fouilles à corps particulièrement abusives et humiliantes. Elles ont refusé de remonter de promenade, mené des recours juridiques, fait du boucan aux fenêtres en interpellant Dupont-Moretti – resté sourd évidemment. Elles subissent brutalités et représailles de la pénitentiaire. Forces, courage et détermination à elles !

    [ Plus d’infos sur les Baumettes ici et ]

    « La prison étouffe nos conditions de vie »

    Tract diffusé par des prisonnières de Fleury Merogis dans la cour de promenade le 8 mars 2014

    Aujourd’hui, 8 mars, le jour international de la femme, en tant que femmes prisonnières, militantes, basques et féministes, nous vous faisons part de nos réflexions.

    Encore en 2014, nous les femmes, continuons à nous battre pour nos droits dans cette société. Avec l’Europe en crise des droits, notre situation et les acquis de ces dernières décennies ont régressé considérablement. Il suffit d’apprécier la croisade contre les droits des femmes déclenchées par l’Eglise et l’extrême-droite.

    « La prison rend presque impossible le droit d’être maman et aussi la maternité. »

    Le système capitaliste-patriarcal veut diriger nos vies et même nos corps à l’avantage du capitalisme. Par conséquence, en faisant partie de ce système, nous les femmes, il ne nous reste que la violence, la précarité, la pauvreté. La prison ne fait qu’aggraver la crue réalité. Elle nous éloigne de la société égalitaire qu’on revendique, avec le seul objectif de nous soumettre, suscite une constante violence dans la relation pouvoir-soumission. La prison étouffe nos conditions de vie, en empêchant notre développement, en amplifiant les situations de pauvreté et précarité, en nous exploitant au travail et en nous rémunérant avec des salaires misérables. La prison rend presque impossible le droit d’être maman et aussi la maternité. L’architecture de la prison ne répond pas aux besoins ni de l’enfant ni de la mère. Les mamans avec des enfants hors de la prison n’ont pas beaucoup plus de chances. Elles subissent de véritables entraves pour conserver les liens avec leurs enfants. Les obstacles aux relations nous les trouvons régulièrement : avec les proches, amis, conjoint/e… Il faut ajouter que tout contact avec des hommes est annulé, nous nous trouvons alors dans une situation, dans un monde hors de la réalité. Si le fait d’être en prison ne suffit pas, notre sexualité aussi est condamnée à périr dans ces quatre murs. Aucun texte ne mentionne expressément que les relations sexuelles sont interdites en prison. Sans être explicitement interdite ni autorisée, toute pratique sexuelle peut aussi bien être sanctionnée que tolérée en prison. Alors, l’administration pénitentiaire s’appuie sur une faute disciplinaire, celle « d’imposer à la vue, des actes obscènes ou susceptibles d’offenser la pudeur », lorsqu’elle souhaite sanctionner une pratique sexuelle au sein d’un établissement pénitentiaire. Conséquence : toute possibilité d’intimité et de sexualité est anéanti en prison. Que dire du plaisir, aucune prévention, aucune mesure nous est proposé pour avoir un moment de plaisir. Pas d’endroit où l’intimité est assurée, pas de préservatifs, ni jouets sexuels à disposition… La prison réagit avec un discours répressif et une mentalité conservatrice et réactionnaire.

    « Notre sexualité aussi est condamnée à périr dans ces quatre murs »

    L’assemblée nationale vient d’accepter une proposition de loi au sujet de l’égalité homme- femme. Projet mené par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes. Nous estimons que cette loi ne répondra pas aux besoins des femmes, elle sert à laver l’image de cette société mais pas pour faire face à la véritable controverse.

    Nous voulons profiter du 8 mars pour dénoncer et faire appel à toutes les femmes pour se battre ensemble, coude à coude, pour une société égalitaire. Nous encourageons toutes les femmes à être sujets de révolte contre cette situation d’oppression.

    Pour la défense de nos droits fondamentaux, pour une société égalitaire femme-homme, pour une société plus humaine : femme prisonnière, engage-toi dans la lutte féministe !

    Des prisonnières politiques basques.

    « L’étouffante pression que nous subissons quotidiennement »

    Extrait d’une lettre de prisonnières politiques basques, Fleury Merogis, mars 2014 :

    “Le problème, ce ne serait pas les conditions inhumaines que nous subissons ? Nous pourrions parler du manque d’hygiène des douches, qui sont pleines de moisissure, ou de la cour de promenade pleine d’excréments où nous devons nous asseoir par terre. Des repas répétitifs, froids, servis en quantité insuffisante avec un chariot qui amène la nourriture à deux pas du sol. (…) De la suppression de la trousse mensuelle avec les produits d’hygiène corporelle de base et la suppression du service de laverie. Du manque de respect de certaines surveillantes qui nous réveillent la nuit ou crient dans les couloirs. Du manque de possibilité de formation. De l’étouffante pression que nous subissons quotidiennement : palpation, fouilles… même la bassine pour aller aux douches est fouillée !”

    (publié dans le journal L’envolée n°39 en mai 2014)

    « Nous avons fait un blocage après la promenade du dimanche »

    Lettre d’Itziar, MAF de Fresnes, mars 2014 :

    “ Le 9 janvier, une femme a mis le feu à sa cellule ; mis à part le manque d’information et le retard dans l’évacuation des détenues, malheureusement habituelles dans ces situations, il faut absolument dénoncer l’attitude et les décisions suivantes de la direction : cette femme, après un cri à l’aide comme celui-là, a été placée seule en cellule, cellule théoriquement “particulièrement surveillée”. Trois jours après, cette femme a été retrouvée morte dans sa cellule. N.L., tuée par le système pénitentiaire. Nous, les détenues de la MAF, nous avons fait un blocage après la promenade, une minute de silence pour dénoncer sa mort et en hommage. D’ailleurs, nous avons écrit une carte pour embrasser et soutenir ses proches, mais la direction a refusé de nous fournir l’adresse de la famille.”

  • La Hass sort un bouquin – Super Dupont s’attaque aux remises de peines – Procès des révoltés du CRA de Mesnil Amelot – Marche pour Taoufik

    La Hass sort un bouquin – Super Dupont s’attaque aux remises de peines – Procès des révoltés du CRA de Mesnil Amelot – Marche pour Taoufik

    Emission de l’Envolée du vendredi 12 Mars 2021
    • La Hass est de nouveau notre invité ! Il revient sur son temps au placard à Fresnes, mais surtout sur la sortie de son bouquin aux éditions de La Pigne (à acheter, commander et offrir), basé sur les dessins qu’il faisait, un par jour, quand il était enfermé à l’intérieur. On recommande !
    • Super Dupont a annoncé sa grande réforme de la justice et il entend s’attaquer aux remises de peines automatiques pour conditionner les prisonnier.e.s à la bonne conduite. L’ami des matons montre encore une fois son vrai visage.
    • Retour sur le procès suite à la révolte au centre de rétention du Mesnil Amelot et de l’incendie de deux bâtiments du CRA en janvier 2021. Les sept inculpés ont été condamnés à des peines de prison ferme.
    • Taoufik est mort de manière suspecte à la prison de Perpignan en octobre 2020. Ses proches se mobilisent pour obtenir la vérité sur les circonstances de sa mort. Rent le samedi 13 mars devant le tribunal de Perpignan.Plus d’infos sur la page du comité Vérité et Justice pour Taoufik (Comité Vérité Justice 66).

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. RDV chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, PFM à Arras et alentours 99.9 le mardi à 21h30 et les jeudi vendredi & samedi dans la nuit, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
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  • « Santa Muerte » Lettre de Mickaël

    « Santa Muerte » Lettre de Mickaël

    Combien de détenus doivent mourir entre ces murs sous la responsabilité de l’AP pour que la population réagisse enfin ?

    Dans une lettre publiée et lue à l’antenne il y a quelques mois, Mickaël dénonçait les conditions inhumaines du quartier d’isolement (QI) de la centrale de Saint-Maur. Sur le site de L’Envolée, un ancien prisonnier lui a répondu et a commenté sa lettre. Le message se terminait par ces mots : « À vous tous qui êtes encore derrière ces hauts murs de Saint-Maur – Santa Muerte comme on le disait à l’époque –, je vous souhaite force et courage, les gars. » Mickaël a repris la formule dans le texte qu’il nous a écrit peu après. Il décrit clairement le rôle de la prison et dit comment les taules et les matons poussent les prisonniers à bout et rappelle que les centrales et les QI sont des mouroirs.

    Santa Muerte

    Lettre de Mickaël G.

    Quartier d’Isolement, Centrale de Saint Maur,

    Janvier 2021

    Connaissez-vous « Santa Muerte » ? Moi, ça fait quatre longs mois que je vis au creux de ses mains froides… Je parle bien évidemment de la centrale de Saint-Maur… Pourquoi l’appeler ainsi ? Parce que, littéralement, je suis en train de mourir à petit feu entre ces quatre murs glaciaux, j’ai perdu 20 kg à cause de l’eau polluée du robinet, et récemment j’ai chopé une angine au cachot tellement il fait froid. Mais le plus triste, c’est que la toubib m’a prescrit un spray pour le nez pour soigner mon angine tenace, à croire qu’elle ne connaît que ça, comme médocs !!!

    Que faut-il que je fasse pour que les choses changent dans cette abattoir à détenus ?

    Nos conditions de détention au QI sont horribles et on n’a même pas droit à des soins dignes de ce nom !!! Faut-il que l’on se laisse mourir pour attirer l’attention de hauts responsables sur ce lieu inhumain ? Ça ne servirait à rien car nos vies ne comptent pas, nous ne sommes que des numéros pour eux !!!

    Quand les matons pleurent pour leurs conditions de travail, tout le monde en parle et veut les aider à être plus payés à en faire encore moins. Mais quand un ou des détenus se plaignent, on leur met la trique !!! L’écriture m’aide beaucoup. Avant, je faisais des prises d’otages ou des agressions violentes avec arme contre l’AP (administration pénitentiaire), mais j’ai compris trop tard que ça les arrangeait bien !!! Je suis rentré en prison pour quatre ans, ça fait maintenant neuf ans que ça tourne, et ça jusqu’en 2032. Peut-être aurais-je droit à une conditionnelle vers 2024, mais Dieu seul sait de quoi est fait mon avenir…

    Si j’écris à cette heure-ci, 4 h 42 du matin, c’est parce que je me pose tout un tas de questions, du genre : où je serais si « X » de L’Envolée ne m’avait pas écrit pour me montrer son soutien et donné l’occasion de m’exprimer autrement que par la violence et le sang, qu’aurais-je fait comme dinguerie pour partir de Santa Muerte ? C’est pour ça qu’il faut se battre avec leurs armes : recours administratifs, plaintes au pénal. Faut taper dans leur portefeuille et non pas dans leur tronche de SS du 21ème siècle !!! C’est bien connu, en France, tue, viole, torture qui tu veux, mais ne touche pas à l’argent français !! Un pointeur prendra toujours moins qu’un braqueur, alors posez vous les bonnes questions !!! Santa Muerte m’aura servi à une chose : elle m’a ouvert les yeux sur cette société qui porte des œillères et qui se laisse manipuler par une politique carcérale et toute-répressive. Les Français « libres » ne veulent pas voir ce qui se passe dans leurs prisons, et je dis « leurs » prisons car c’est avec leurs impôts qu’ils font construire ces lieux où on torture, on viole et on tue leurs enfants, leurs frères, leurs sœurs, leurs pères ou leurs mères !

    La plupart d’entre eux se croient à l’abri, mais ils ne sont pas conscients que n’importe qui peut atterrir ici !!

    Combien de détenus doivent mourir derrière ces murs entre les mains de l’AP pour que la population réagisse enfin ? Un jour viendra où toutes les prisons seront à feu et à sang, car plus le monde extérieur évolue, plus le monde carcéral régresse !!!

    Je n’appelle pas à une révolution carcérale et judiciaire, j’appelle juste à une ré-humanisation des détenus en France, cette France donneuse de leçon, cette France hypocrite ! Quand un col blanc est condamné à neuf ans pour détournement de fonds publics, c’est-à-dire votre argent, chers Français, il est libéré au bout de quelques mois parce que Môssieur fait une déprime. Mais quand un jeune de vingt ans prend un an ferme pour avoir volé à manger et finit par se suicider en prison, l’AP dit : « une gamelle d’économisée ! » Vous trouvez ça normal ? Moi, non !!!

    Il existe même des quartiers VIP, pourquoi ? Nous sommes censés être tous égaux en France, alors pourquoi nous, simples citoyens, devons-nous faire notre peine dans la merde avec des tortionnaires comme geôliers alors que d’autres sont comme à l’hôtel ? Égalité, liberté, fraternité mon cul !!!

    Force, courage et honneur à tous et à toutes les prisonnier·ère·s de France.

    Mickaël G.

  • Prisons pour mineurs et réforme de la justice des mineurs – Retour sur le procès des révoltes au CRA du Mesnil-Amelot

    Prisons pour mineurs et réforme de la justice des mineurs – Retour sur le procès des révoltes au CRA du Mesnil-Amelot

    Emission de l’Envolée du vendredi 5 Mars 2021
    • Prisons pour mineurs et retour sur la réforme de la justice des mineurs annoncée par Super Dupont-Moretti.
    • J. revient sur les conditions endurées dans les différentes prisons pour mineurs par où il est passé : Centre Éducatif Fermé (CEF), Centre Éducatif Renforcé (CER), et Établissement pour Mineurs (EPM).

    MAJ : l’audience s’est terminée à 3h du matin : ils ont été reconnus « coupables ». Six d’entre eux ont été condamnés à des peines de 4 à 16 mois fermes de prison. Le septième accusé a pris une peine d’un an de sursis.

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  • Procès de la mutinerie de la prison d’Uzerche – Violence policière & pénitentiaire : prise de parole historique de Fatou Dieng

    Procès de la mutinerie de la prison d’Uzerche – Violence policière & pénitentiaire : prise de parole historique de Fatou Dieng

    Emission de l’Envolée du vendredi 26 Février 2021
    • Petite victoire dans la lutte contre les plexiglas aux parloirs : rendu du tribunal administratif de Toulouse qui « ordonne au gouvernement de garantir aux détenus de la prison de Seysses des parloirs permettant d’entendre correctement leurs proches lors des visites ». Continuons à poser des recours !
    • Retour sur le procès qui s’est tenu le 22 février 2021 à Nantes des mutins de la prison d’Uzerche de mars 2020.
    Communiqué des prisonniers révoltés de la prison d’Uzerche du 22 mars 2020
    • Chronique « santé en prison » de Corinne Lakdhari, travailleuse sociale communautaire. À propos d’un colloque sur la justice sociale.
    • Violences pénitentiaires : audio de l’intervention de Fatou Dieng de l’association Vies volées lors d’un rassemblement contre la loi sécurité globale en février 2021. Fatou Dieng fait explicitement le lien entre les morts de la police et ceux de la pénitentiaire. Une prise de parole historique.

    Violence pénitentiaire, retour sur deux nouvelles histoires :

    • Récit de l’histoire de Lee Bert F, prisonnier tabassé par des surveillants de la prison de Val-de-Reuil en février 2020. Une fois n’est pas coutume, des matons ont osé parler et l’enquête a débouché sur un procès : 5 matons ont pris entre 4 mois et 2 ans de prison (dont un avec sursis) en première instance en mars 2020. Le 22 février 2021, le procès en appel a eu lieu, le délibéré sera rendu le 20 avril. Voir l’article de Julie Brafman, « Violence Carcérales, le “viking”, le faux rapport et la “vengeance” », Libération, 22 février 2021.
    • Retour sur le tabassage de Mme B. par les surveillants à la prison de Poitiers-Vivonnes le 2 février 2021. Une plainte a été déposée.
    • Récit et audio de la manifestation contre la construction d’un centre de rétention administrative (CRA) à Lyon, le 30 janvier 2020.
    • Annonce d’une cantine de soutien aux révoltes dans les CRA, samedi 27 février à midi au Marbré, 39, rue des Deux-Communes, Montreuil.
    MAJ : les keufs sont intervenus à la fin de la cantine pour expulser le squat. Plusieurs personnes ont été embarquées. Une manif est appelée à Montreuil dimanche contre les expulsions.

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches & permets un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur.

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  • Violence pénitentiaire ordinaire et coups de vices quotidiens – l’ambiance sécuritaire du moment

    Violence pénitentiaire ordinaire et coups de vices quotidiens – l’ambiance sécuritaire du moment

    Emission de l’Envolée du vendredi 19 Février 2021
    • Lettre de Mikaël dont l’isolement a été prolongé
    • Lettre de l’Infâme sur son transfert disciplinaire depuis Vendin et comment l’AP fait tourner les prisonniers de taule en taule pour les garder enfermés en empêchant les aménagements de peine.
    • Lettre de Y. sur les violences qu’il subit à la Maison d’Arrêt d’Angoulême et le mitard de cette prison.
    • Discussion sur les violences pénitentiaires et les petits coups de vice du quotidien qui poussent à bout: fouilles à nu, agressions, menaces, etc. Comme l’écrit Y. dans une autre lettre :

    « Auparavant, je prenais des lames de rasoir, dehors jamais je n’avais fait ce truc. En faisant ça, je retourne cette violence engendrée par cette détention qui me tue. La prison assassine et plus tard, on devient une statistique, encore des chiffres : matricule, cellule, incident, hospitalisation, suicide, morts suspectes et bien d’autres. »

    • Billet sur l’ambiance sécuritaire du moment et qui enferme toujours plus dedans comme dehors et contre les syndicats de maton.
    • Et pour rappel, le lien vers la pétition de l’association « Idir Espoir et Solidarité » pour demander la fermeture des mitards :

    https://www.mesopinions.com/petition/politique/petition-radier-quartiers-disciplinaires-devastateurs/108213

    • Brèves : la prison de Seysses condamnée pour les doubles plexis aux parlus. Et un nouveau chef pour les matons.
    • et pendant toute l’émission, des extraits du livre de La Hass « Brèves de prison » qui vient d’être publié aux éditions La Pigne et qu’on recommande !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. RDV chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, PFM à Arras et alentours 99.9 le mardi à 21h30 et les jeudi vendredi & samedi dans la nuit, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes.

    Pour nous joindre : 07.52.40.22.48(whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    Rappel : l’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Contactez-nous !

  • Lettre dénonçant l’arbitraire pénitentiaire à la prison d’Angoulême

    Lettre dénonçant l’arbitraire pénitentiaire à la prison d’Angoulême

    «SI TU PORTES PLAINTE, TU AURAS DES REPRÉSAILLES»

    Nous publions régulièrement des récits de mauvais traitements et de violences subis par des prisonnier.e.s. M. nous a déjà écrit il y a plusieurs mois pour dénoncer ses conditions d’enfermement à la maison d’arrêt (MA) d’Angoulême : surpopulation, manque d’accès aux soins, fouilles à répétition… Dans ce nouveau courrier, il raconte comment il a été mis au mitard sous un motif mensonger et privé du traitement médical qu’il doit prendre quotidiennement. La fragilité psy des prisonniers (et de toute personne enfermée entre quatre murs) est parfois utilisée contre eux et sert souvent à mettre encore un peu plus en doute leur parole. Pourtant, ce qu’ils vivent et dénoncent est tout aussi réel.

    Lundi 28 Décembre 2020

    Maison d’arrêt d’Angoulême,

    « Aux traitements inhumains et dégradants, s’ajoute la torture. »

    Je vous mets par écrit les faits, ceux qu’on m’a fait subir et ceux que je subis actuellement. Je peux vous dire que j’ai failli y laisser la vie. Les dysfonctionnements et négligences sont nombreux et récurrents. J’ai 43 ans, j’ai des fragilités psychologiques que l’administration pénitentiaire connaît parfaitement. Je ne souffre d’aucune pathologie psychiatrique, je suis dans la catégorie « état limite », avec une anxiété importante et des angoisses dépressives importantes. J’ai un suivi aléatoire. Je galère pour mes soins tant physiques que psychologiques. Aux traitements inhumains et dégradants, s’ajoute la torture. Torture blanche : des menaces de représailles de la part d’une minorité de surveillants (ils ne sont pas tous comme cela). Bavures et drames, entorses au droit et règlement sont légion. Des procédures non appliquées et des procédures abusives. J’ai aussi fait l’objet d’un article du journal local, la « Charente Libre », mensonger, où c’est avantageux pour eux seuls (les surveillants), où ils inversent les rôles, se font victimiser, et pleurnichent aussi. Trop d’abus, et mes droits les plus élémentaires sont bafoués, laissant place à une anarchie complète.

    Déroulement des faits

    Mercredi 18 Novembre, j’étais en forte tension psychique suite à quelques soucis familiaux graves cette semaine-là ; j’avais un rendez-vous avec ma psychologue de référence, j’ai attendu et essayé de gérer cette détresse seul.

    Jeudi 19 : toujours aussi tendu, peu dormi et toujours pas vu ma psy.

    Vendredi 20 : au petit matin, après une insomnie, je n’en pouvais plus. J’étais dans une grande souffrance. A 10h30, je décide de faire signe au surveillant de mon étage. Il appelle son collègue de l’UCSA, il l’a fait devant moi, le surveillant de l’UCSA lui a répondu : « C’est compliqué. » Encore un frein, ils me barrent l’accès à l’infirmerie, me laissant à la dérive alors que j’avais un rendez-vous de calé. Tout ceci aurait largement pu être évité. Ils m’ont laissé sciemment dans cet état, et dans mes retranchements, j’ai pris tout un stock de médicaments : 45 somnifères, 32 antidépresseurs et 12 Séresta. Mon codétenu m’a vu m’effondrer, il a immédiatement alerté. J’étais désespéré ; d’où mon acte. Une infirmière sympa est venue en cellule, elle m’a emmené à l’UCSA et elle a fait toutes les démarches pour me transférer d’urgence à l’hôpital de Giras (Angoulême).

    Samedi 21, je me suis réveillé toujours pas bien, comateux, encore avec des médocs ; de plus, j’étais encore sous perfusion. Je tenais des propos incohérents ; pour Giras, j’étais tiré d’affaire, mais très loin d’être stabilisé. J’aurais dû aller en HP (hôpital psychiatrique).

    En début d’après-midi, les surveillants de la MA sont venus me chercher. J’ai été entravé. J’étais bancal et ça les amusait.

    J’aurais dû réintégrer ma cellule comme c’est la procédure ; ça n’a pas été le cas. La procédure classique en cas de velléités suicidaires, c’est CProU (cellule de protection d’urgence, dénoncée par de nombreuses personnes pour ses effets délétères) – Giras – HP – retour MA – cellule. Eux ont fait l’inverse avec un excès de zèle, malgré les recommandations du médecin-chef – ma psy – concernant les effets délétères de la CProU : j’y ai subi de mauvais traitements en octobre 2019 : j’ai dû boire l’eau des chiottes parce qu’on m’avait coupé l’eau. Torture blanche + traitement inhumain et dégradant. Donc de retour en MA, j’aurais dû réintégrer ma cellule ; eh bien non ! par ruse, on me dit d’aller chercher mon traitement. Je monte, et là on me dirige vers la CProU, ce qui n’est pas la procédure normale comme ils ont essayé de le dire. Il n’y avait aucune justification. Je n’étais pas suicidaire. Le lieu est hyper anxiogène et favorise fortement le passage à l’acte. Je n’ai pas voulu y rentrer. Ils voyaient que je n’étais pas bien. J’avais besoin de soins d’urgence, personne ne m’a écouté ! je ne voulais pas me déshabiller ; j’ai tenté de dialoguer : peine perdue. Ils se sont jetés sur moi à trois, puis à cinq ; j’ai été projeté au sol, écrasé par leur poids. J’ai hurlé si fort qu’on m’a entendu de loin, tellement ils me faisaient mal. La force employée était disproportionnée et injustifiée ! j’étais au sol, et quelques minutes après, j’entends une voix : « Ce con, il m’a fait mal ! » Le surveillant s’est fait mal en me mettant les menottes. La gradée condescendante a rétorqué : « Ah, il a mordu un surveillant », alors que rien n’était fait en face de moi, et puis : « Allez, hop ! au QD. » C’est un prétexte ; je me rappelle de tout, sauf d’avoir fait mal ou mordu.

    « un des surveillant m’étrangle, et là je dis : « Je n’arrive plus à respirer. » »

    Je suis un détenu exemplaire, pas violent d’ordinaire, je participe à tout, je suis instruit et j’essaie de défendre mes droits car ils sont peu, voire pas du tout respectés ; j’ai mis trois ans pour obtenir le règlement intérieur – et ça, la pénitentiaire n’aime pas ! Vers 15h30, après avoir été maîtrisé, je suis dans la coursive nord, au moment de la descente de l’escalier, un des surveillant m’étrangle, et là je dis : « Je n’arrive plus à respirer. » Au bout de l’escalier, la gradée lui a dit d’arrêter. J’étais blanc et je tanguais ; j’étais même HS.

    « ils m’ont menacé : « Si tu portes plainte, tu auras des représailles. » »

    Au QD, ils me jettent au sol avec une violence inouïe, puis ils m’arrachent mes vêtements violemment. je suis à poil, complètement passif. Ils me mettent à genoux, la tête face au mur. Toujours à poil, je reçois un coup dans le dos. Je m’éclate contre le mur et la grille d’aération, un autre surveillant lui dit d’arrêter. Il arrête. Il me balance un pyjama en papier et me dit : « Si tu le déchires, je te fous un coup de poing. » Ce type de pyjama se déchire en moins de cinq minutes si vous avez le malheur de bouger. Je suis resté plus de deux heures sans couverture et sans chauffage. J’étais à même le sol sur un matelas en mousse gonflé d’humidité. J’ai demandé mon traitement, ils me l’ont refusé. En sortant, ils m’ont menacé : « Si tu portes plainte, tu auras des représailles. » C’est inadmissible,  inhumain et dégradant. Abus de pouvoir. Traité comme un vulgaire chien, et dans le dénuement le plus total. De plus, mon état mental n’était pas compatible avec le maintien au QD.

    Sanction : vingt jours dont cinq avec sursis.

    La cellule du QD

    Pas de chauffage pendant treize jours. Juste deux jours de chauffage, le 30 novembre et le 1er décembre, pas d’eau au robinet, juste les chiottes qui fonctionnent ; j’ai dû la boire pendant quinze jours. Humidité + fuite de la fenêtre lorsqu’il pleut, matelas imbibé, mur à la peinture écaillée, odeur nauséabonde.

    Samedi 21 Novembre : aucun accès au soin. Je n’ai pas eu mes deux traitements, aucune possibilité de faire constater mes blessures.

    Dimanche 22 Novembre : juste une couverture et toujours le pyjama en papier. Au matin, provocation d’un surveillant : « T’es calmé ? » Pas d’eau chaude pour un café et pas de traitement.

    Lundi 23 Novembre : plus de quarante-huit heures sans traitement. J’étais en manque, sale et privé de douche (douche au QD, lundi, mercredi et vendredi réglementaires), pas dormi depuis plus de quarante-huit heures, une insomnie due à la privation de traitement. Je me suis tordu de douleur. Je voulais en finir. Mes angoisses n’ont cessé de s’amplifier.

    Vers 10h20, je passe au prétoire en état de manque, sans avocat. Ils ont bien vu que je n’allais pas bien du tout… rien.

    Vers midi, un médecin arrive, mais n’ose pas entrer. J’ai juste vu une flopée de chefs et surveillants ; aucune auscultation. J’ai pourtant demandé à « voir » un doc.

    Mercredi 25 Novembre : enfin une douche. Un souci : l’eau chaude sort directement, donc impossible de la prendre. Cinq jours crade. J’ai signalé au surveillant qui a fait le nécessaire.

    Les chefs ont été corrects avec moi, et certains surveillants aussi ; je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Ce n’est qu’une poignée qui agissent mal. Ils ont essayé de me briser pendant quinze jours.

    Jeudi 26 Novembre : enfin un surveillant humain, il m’a dit vu qu’il était présent à l’hôpital et à la CProU, que « ça se voyait que tu étais gazé », et lui n’a rien vu de particulier lorsque j’ai été maîtrisé ; il n’est pas OK avec ses collègues.

    Vendredi 27 Novembre : Une vraie douche. Je suis resté sept jours consécutifs sans douche (entorse à la loi et au règlement).

    Lundi 30 Novembre : parloir. Encore fouille à nu systématique ; cela fait plus de quatre mois que je suis en permanence mis à poil pour les parloirs sans aucun justificatif particulier… encore des abus.

    Samedi 5 décembre : je regagne ma cellule.

    Mardi 8 Décembre : le matin, on me refuse le linge en prétextant un changement dans le règlement, ce qui est bien évidemment faux. C’est le surveillant qui m’a donné un coup dans le dos, je ne m’étonne pas. Et j’ai finalement pu récupérer mon linge avec un bon surveillant. Des petits coups de vice gratuits.

    Jeudi 10 Décembre : vers 17 heures, encore une brimade et un total manque de respect de ce surveillant, il est grand, gros, cheveux grisonnant, moustache : « Alors, le croqueur, c’est ton surnom ? ».

    Samedi 12 Décembre : j’avais le culte, comme par hasard, ils me disent (la même équipe), « que je ne suis pas sur la liste ». Faux, violation d’un des articles de la loi du 24 Novembre 2009 concernant la santé, la culture, les fouilles, journaux, courriers, etc.

     » Cette Maison d’Arrêt est un mouroir »

    J’espère que vous allez prendre connaissance de tout et m’aider à faire valoir mes droits pour arrêter de subir… je suis traumatisé, ma santé décline et je dérive. Je me sens mourir ici, et je n’ai pas la totalité des soins. On est déconsidérés, traités comme des moins que rien. Ils violent même le code de la déontologie concernant la confidentialité (article 10 titre II), et nous mettent en péril. J’ai beau écrire à la cheffe de détention, au chef d’établissement, aucune réponse. A force, c’est très dur de prendre sur soi… j’attends toujours mon transfert ! J’irai jusqu’au bout avec mon avocate, j’ai trop de problèmes de santé et de moral. Cette MA est un mouroir.