Catégorie : Entretiens

  • « Tout le monde (ou presque) déteste la police… » 2/3 : Entretien avec Amal Bentounsi

    « Cinquante ans qu’on nous tue dans les quartiers, dans les maisons d’arrêt » Entretien avec Amal Bentounsi, sœur d’Amine Bentounsi tué par la police

    Pour contribuer à contrer la com’ policière qui se déverse ces jours-ci partout dans la presse, nous publions la retranscription d’un entretien avec Amal Bentounsi à l’émission parisienne de l’Envolée et publié dans le numéro 43 du journal. Force, courage et détermination à elle, à tous ceux et celles qui ont perdu un proche sous les mains policières ou matonnes, à tous ceux et celles qui tentent de s’organiser contre la violence d’Etat pendant ce mouvement social et le reste du temps. (suite…)

  • « Tout le monde (ou presque) déteste la police, car elle déteste tout le monde (ou presque) » 1/3

    Ca y est, l’ex-premier flic de France et actuel premier ministre l’a annoncé : son gouvernement a à nouveau recours au fameux article 49.3 pour faire passer sa loi contre les travailleurs -avec ou sans emploi. Passage en force qui ne surprend pas tant que cela : après avoir nié le mouvement social en cours il faut l’achever au plus vite et faire place nette au spectacle marchand de l’euro de foot. Gageons que cette annonce ne fera que renforcer la détermination de tous et toutes à occuper les rues et, pourquoi pas à bloquer l’économie. Quoi qu’il en soit, ce mouvement aura déjà su montrer quelque chose : tout le monde -en tout cas beaucoup de monde- déteste la police… car la police déteste tout le monde -sauf les nantis cela va sans dire. Sans doute plus encore que dans les mouvements sociaux récents, les vaches se la sont donnée ces temps-ci. Pas une manifestation, pas un blocage, pas un rassemblement sans son lot de blessé-e-s. Oui, ils ont bien des consignes : casser des nez, étouffer, crever des yeux pour faire peur et vider la rue. Non, il n’y a pas « de policiers avec nous »! Ils font leur travail et c’est bien ce qu’on leur reproche. (suite…)

  • « Je veux que les gens sachent »

    Peines intérieures = 13ème mois

    ENTRETIEN AVEC NADIA QUI DÉNONCE L’ACHARNEMENT QUE SUBIT SON NEVEU IBRAHIM EN DETENTION

    Une retranscription de cet entretien ouvre le n°43 du journal L’Envolée (février 2016), que vous pourrez trouver bientôt en pdf sur ce site et dans vos points de distribution habituels. Une même réalité recoupe les parcours carcéraux d’Ibrahim, de Christine, de Rachide et de Fabrice, relayés dans ce numéro du journal : des prisonniers et prisonnières entrés pour des peines relativement courtes, voient leurs peines s’allonger à l’infini à cause de peines prononcées pour des incidents en détention, souvent à cause de plaintes de surveillants.

    Dans l’émission Papillon du 21 janvier 2016, Nadia a raconté le parcours d’Ibrahim, son neveu, entré en prison en 2006 pour vingt-deux mois. Cela fait maintenant dix ans qu’il est séquestré par l’administration pénitentiaire (AP) : la quasi totalité de sa peine est donc le fruit de condamnations pour des faits survenus à l’intérieur. Nadia dénonce ce que l’AP fait subir aux proches et aux prisonniers qui n’acceptent pas de se soumettre à l’autorité carcérale et qui découvrent qu’en prison on peut continuer à être condamné à de la prison. La plupart du temps il s’agit de matons qui, en plus de comptes-rendus d’incidents et de sanctions disciplinaires internes, portent plainte au tribunal pour de simples outrages ou de soi-disant menaces… Pas besoin de bras-de-fer contre leur hiérarchie devant les prudhommes, c’est au tribunal correctionnel qu’ils vont chercher leur treizième mois sur le dos des prisonniers…

    Et au tribunal, les peines intérieures s’ajoutent à la peine initiale. C’est comme ça que des prisonniers entrés pour quelques mois et identifiés comme revendicatifs ne sortent jamais.

    Vous pouvez écouter ou télécharger l’entretien original en cliquant ici.

    Vous pouvez aussi écouter une précédente interview de Nadia, réalisée par l’Actu des Luttes sur radio FPP à Paris, qui racontait comment elle a décidé de se mobiliser suite au tabassage d’Ibrahim par des surveillants à la prison de Poitiers Vivonne. Voir ici.

  • Eh bien moi, je dis aux détenus « mobilisez-vous ! »

    En six années de détention, Franck Steiger a été incarcéré dans différents établissements pénitentiaires. Depuis sa sortie en décembre 2013, il s’obstine à dénoncer les mauvais traitements et les violences que lui et d’autres prisonniers ont subi, notamment au centre pénitentiaire (CP) d’Annoellin. Il raconte également les méthodes de pression dont l’administration pénitentiaire (AP) use sur les détenus récalcitrants ou trop vindicatifs. Franck s’est lancé dans un combat juridique et a décidé de porter plainte contre l’AP. Conscient que l’union fait la force et qu’une plainte individuelle ne pèsera pas lourd face à la machine pénitentiaire, il souhaite que d’autres détenus se joignent à lui et lance un appel à l’antenne de l’émission Papillon. (suite…)

  • Karim Tahir : l’AP et l’HP unis pour détruire la révolte au jour le jour

    En février 2010, dans le n°27 de l’Envolée, nous avions interviewé Sylvie S., une amie de longue date de Karim Tahir, prisonnier longue peine. Quatre ans après, Karim est enfermé à la centrale de Condé-sur-Sarthe. Comme d’autres prisonniers, il est un cobaye pour la pénitentiaire. But de l’expérience : garder des individus entre quatre murs pendant des décennies… et essayer de leur ôter toute résistance. Le 17 avril 2014, Sylvie est venue l’expliquer à l’émission de radio Papillon. Depuis la réalisation de cette entretien et sa publication dans le dernier numéro du journal (N°39, mai 2014), Karim a été transféré à l’hôpital psychiatrique le plus proche de Condé, au prétexte qu’il serait actuellement quelque peu « dérangé »… gavé de médocs pour lui ôter toute résistance, enfermé pour des années, on le serait à moins. L’AP a bien appris ces dernières années à transformer consciencieusement toute forme de rébellion en manifestation de dérangement psychique. « La révolte ça se soigne » disent les bouses blanches en bon auxiliaire de justice qu’elles sont, lorsque les coups de bâton de l’AP ne suffisent plus. Nous donnerons très vite plus d’informations pour aider Sylvie à sortir Karim de cette autre prison aux miradors chimiques. En attendant vous pouvez lire son interview (suite…)

  • Rachide Boubala, parcours d’un longue peine de Condé

     Nous avons récemment publié des nouvelles de Rachide Boubala, 37 ans, initialement libérable en 2000 mais devenu un prisonnier longue peine: sortie prévue en 2038. Pas de peine d’assises mais une série de condamnations en correctionnelle non compressibles accumulées du fait même de son incarcération. Elles lui valent «ce CDI avec l’AP et la moitié de l’année passée au cachot», explique Catherine, sa compagne. Rachide peine à faire entendre publiquement les raisons de ses luttes. Les journalistes embarqués préfèrent de loin recracher la soupe des syndicats pénitentiaires : «La population détenue est de plus en plus vindicative»(Corse-Matin), «les matons sont lassés de venir travailler la boule au ventre»(Europe 1), «les transferts peuvent être obtenus sans prise d’otages, en faisant des demandes par courrier»(un maton de Clairvaux sur FranceinfoTV). (suite…)

  • Extrait d’échanges avec Catherine, la compagne de Rachide Boubala

    « Rachide me téléphone au minimum 2 fois par jour. C’est sa seule activité et cela lui donne l’occasion de sortir de sa cellule du quartier d’isolement. Pendant une vingtaine d’années je fus intervenante dans les bibliothèques de la Maison centrale de Clairvaux, et c’est dans le cadre de ce travail que j’ai rencontré Rachide qui végétait dans les QI/QD (une tournée de 84 établissements en 16 ans). Cette rencontre a donné une lueur de vie à Rachide, vite contrarié, puisque depuis 2 ans qu’il réclame de revenir à la MC de Clairvaux pour être près de moi -son seul lien extérieur-, on le fait tourner en bourrique dans d’autres établissements. Forcément, il se révolte et prend des années supplémentaires. L’éloignement a fait qu’il a 10 ans de plus à ses peines; 10 ans de plus pour se rapprocher de moi depuis 2 ans, à l’exemple de ce que vous dénoncez dans votre journal l’Envolée. Moi j’appelle ça de la justice de brousse. Elle fait honte à la France… surtout si elle est la voix de l’opinion publique. Je suis scandalisée par les commentaires d’internautes dans les rubriques de faits divers qui ne sont que haine et frustrations. J’avais entendu parler de l’Envolée à la maison centrale de Clairvaux par des détenus qui sont très soucieux de l’écho de leurs problèmes à travers les médias. Quand je lis ces témoignages, je constate que les mêmes problèmes se répètent, que rien ne bouge et que la mort les lèche tous les jours un peu plus. Rachide est toujours à la Maison d’arrêt de Rouen. Depuis jeudi, il est entré en mode combat. Sa demande d’affectation à Clairvaux (15 km de chez moi) lui a été refusée sans motif par l’EMS. »

    avril 2014

    A suivre…

  • Interview de Christophe Khider

    Le procès de la belle de Moulin-Yzeure en 2009 s’est achevé le 11 avril.
    Christophe a été condamné à 15 ans de prison, qui viennent s’ajouter aux 48 qu’il avait déjà à tirer, les peines pour évasion n’étant pas confusionnables… Omar a été condamné à la même, les trois complices à 5 ans (ce qui veut dire pour les deux femmes une sortie imminente). Le procès est raconté ici. Courage à eux, et bonne route à Redoine Faïd.

    Christophe a donné une interview par téléphone au sinistre Journal du dimanche, toujours avide de faits divers spectaculaires. Sa parole se fraie pourtant un chemin derrière les titres racoleurs. Pour ceux et celles qui sont passées à côté, on la reproduit ici, en hommage à cet irréductible combattant.  Une putain de leçon de vie… (suite…)