Les prisonniers italiens se défendent actuellement contre la suppression des parloirs décidée par l’administration. Selon les informations récoltées – qui ne sont surement pas complètes, il y a eu des mutineries dans vingt établissements pénitentiaires, huit prisonniers sont morts et au moins cinquante prisonniers italiens se sont évadés. Nous traduisons un témoignage, recueilli par le site Diario di bordo nella tempesta sociale, à propos des révoltes de la prison de Modène.

Une révolte a éclaté à la prison Sant’Anna de Modène le 8 mars 2020 en début d’après-midi. La chose n’est pas passée inaperçue à l’extérieur car trois panaches de fumée se sont élevés des ailes de l’établissement, sans parler de l’important va-et-vient des surveillants et de la surveillance d’un hélicoptère en vol stationnaire au-dessus de la zone. Des parents, des personnes solidaires et d’autres spectateurs se sont donc rassemblés aux environs, d’où ils ont pu voir défiler les GOM [un equivalent italien des Eris, le “GIGN des matons”] en tenue antiémeute, et entendre distinctement des coups de feu. Malgré quelques tentatives des pompiers de les tenir à distance, les gens ont fini par se masser devant la prison, d’où ils ont assisté au defilé des camionnettes et des ambulances de la pénitentiaire. Au bout d’un moment, comme les parents demandaient des nouvelles des prisonniers, un gradé de la pénitentiaire et une représentante de la directrice de la prison sont sortis leur dire que dans le cadre des négociations avec les émeutiers barricadés dans une aile, on leur avait rendu leurs téléphones portables pour leur permettre d’appeler leurs proches. Il était donc demandé aux familles de répondre aux appels des prisonniers pour les convaincre de sortir. En fin de journée, protégés par un nombre considérable d’antiémeute, les flics sont sortis, encadrant des prisonniers et des prisonnières menottés, qu’ils frappaient. Une personne est sortie sur une civière. A ce moment-là, déjà, quelqu’un a apercu un sac qui contenait un mort.

Au cours d’un parloir sauvage avec des prisonniers enfermés dans l’aile qui donne sur la place, les enfermés ont parlé de transferts, précisant qu’ils étaient les derniers dans la section, en instance de transfert, et qu’ils se faisaient massacrer. Quatre-vingts personnes ont été transférées, apparemment à Bologne, Reggio Emilia, Parme, Piacenza et Ascoli, dans quatre bus de la pénitentiaire au moins, et d’autres fourgons.

D’après la presse bourgeoise, l’affaire serait partie des ateliers pour s’étendre ensuite à tout l’établissement, où les prisonniers auraient brûlé des matelas et se seraient barricadés dans au moins une des ailes, s’emparant de l’armurerie, d’après une vidéo. D’après les mêmes sources, trois personnes ont perdu perdu la vie, sans autres précisions sur leur identité ou sur les causes de leur mort. Deux autres seraient en réanimation. La presse évoque d’importants dégâts dans l’établissement et dit que des documents ont été détruits. L’émeute aurait éclaté suite à la suppression des parloirs et des visites d’intervenants extérieurs plutôt qu’à cause d’une inquiétude sur la sécurité sanitaire dans l’enceinte de l’établissement. Il restait apparemment des émeutiers barricadés en fin de soirée.

[Actualisation: Six morts sont annoncés à la prison de Modène]

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