Lettre de Mickaël Gilgenmann

« Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits »

Lettre publique que nous a transmis Kemi pour dénoncer ses conditions de détention à Saint Maur, prison malheureusement déjà tristement célèbre. Les matons et l’adiministrations s’acharnent sur lui sous de faux prétextes et le poussent à bout. N’hésitez pas à nous demander son contact si vous voulez lui écrire. Force et soutien à lui !

Le 23 novembre 2020,
Maison Centrale de St Maur

À tous les détenus de France et les personnes non-incarcérées, j’écris cette lettre pour dénoncer mes conditions de détention et pour trouver un écho à ma parole.

Je suis à la centrale de Saint Maur depuis trois mois, au quartier d’isolement depuis mon arrivée dans l’établissement pour soi-disant être « observé ». Je viens d’être prolongé pour trois mois de plus car mon arrivée « serait » trop récente et donc ils ne peuvent pas dire si je suis « apte » à une détention ordinaire.

Au début, j’ai été classé auxiliaire peintre mais au bout de dix jours, ils m’ont déclassé parce qu’ils auraient trouvé un câble dénudé dans ma cellule « s’apparentant à un port USB ».

Puis le jour-même, j’ai été mis en gestion équipé menotté pour trois raisons différentes.
La première serait que j’aurais fait venir une équipe de voyous un soir devant la prison et que le chef de détention nous aurait entendu tenir des propos mettant en danger l’établissement et le personnel pénitentiaire, la deuxième serait qu’ils ont des éléments prouvant la mise en place d’une prise d’otage et la troisième serait parce qu’un de mes frères – avec qui je n’ai pas de contact – voulait se suicider…

Mes conditions de détention sont horribles. Je n’ai pas le droit aux activités, pas de travail alors qu’un atelier a été ouvert au sein du QI, je vois un médecin tous les 36 du mois, mais le plus hallucinant est ma cellule.

Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire. On me donne le repas à travers un passe-plat, je fais tous mes entretiens dans ma cellule, derrière la grille, et mon interlocuteur dans la coursive, même le psy !!! Aucun secret médical !!!
Les toilettes sont à côté de la porte sans cloison de séparation, l’eau du robinet est marron, j’ai le dos en miettes car les chaises sont interdites au QI, on a juste le droit à un tabouret !! Le repas nous arrive froid, les douches sentent la fausse sceptique !!

Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire.


Je demande des entretiens avec la direction mais personne à l’horizon, je les vois que quand elle vient m’inventer je ne sais quel délire !!!
Mes courriers n’arrivent pas à destination et ne me parviennent pas, d’ailleurs je ne serais pas étonné que cette lettre atterrisse dans une poubelle de la prison ! J’ai téléphoné à « l’OIP » mais la voix d’un détenu ne vaut rien et faut croire que la direction de Saint Maur est intouchable, tellement que les autres détenus n’osent pas s’opposer à eux de peur de représailles !!! Sur quinze détenus du QI, nous ne sommes que trois à essayer de faire valoir nos droits. Mais ‘faut bien l’avouer, rien ne bouge… Je vous l’avoue, sans l’Envolée et une personne en particulier qui se reconnaîtra, je ne sais pas si je serait encore là pour écrire cette lettre.
Je suis de nature combative, mais Saint Maur commence à avoir raison de moi !
Je place tous mes derniers espoirs dans cette lettre en espérant que ça fera réagir qui de droit…

Faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.

Je finis cette lettre en disant courage à tous les détenus de France. Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits… Un animal de compagnie à droit à de l’eau potable, une niche ou cage confortable, alors pourquoi pas moi ? J’espère que quelqu’un entendra mon appel au secours et m’aidera à faire bouger les mentalités. Et à faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.

Bien à vous,
un détenu aux abois. 

Si vous souhaitez contacter Mickaël, écrivez-nous à contact@lenvolee.net !


Commentaires

5 réponses à “Lettre de Mickaël Gilgenmann”

  1. […] Encore un « suicide » au mitard de Seysses : « trop de frangins sont morts »Lettre de Kemi […]

  2. Pour avoir purgé une peine de 20 ans à Saint maur j’ai eu aussi le droit de goûter à un certain mépris de la part de certains surveillants sans oublier la direction de l’époque c’était en 92…Par chance à cet époque là il y avait encore des vrais hommes,les vrais voyous alors il était difficile pour la pénitentiaire d’abuser vraiment,maintenant c’est malheureusement une autre époque sans règles et forcément les matons et l’AP se régale…A vous tous qui êtes encore derrière ces hauts murs de Saint maur (santa muerte )comme on le disait à l’époque je vous souhaite force et courage les gars.

  3. […] une lettre publiée et lue à l’antenne il y a quelques mois, Mickaël dénonçait les conditions inhumaines du […]

  4. […] novembre 2020, L’Envolée expliquait que « les matons et l’administration s’acharnent sur lui sous de faux prétextes et le poussent à bou… ». C’est une technique bien connue que l’AP utilise régulièrement : détruire les […]

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