Étiquette : numéro 52

  • Y a que la vérité qui blesse !

    Y a que la vérité qui blesse !

    Communiqué du journal L’Envolée suite à la censure du n°52 dans les prisons françaises.

    Le 4 janvier dernier, par une « note de la direction » placardée dans toutes les prisons, l’administration pénitentiaire (AP) a interdit la diffusion du n° 52 du journal L’Envolée aux prisonnier·e·s abonné·e·s ; en même temps, elle a porté plainte pour diffamation et injure. Depuis vingt ans, L’Envolée soutient que les prisonniers, les prisonnières et leurs proches sont les mieux placés pour énoncer quelques vérités sur la prison. À travers cette censure et cette plainte, il s’agit de réduire au silence cet espace de libre expression, d’information et d’élaboration collective d’une critique de la prison.

    L’Envolée publie des textes et des lettres qui décrivent le quotidien carcéral, dénoncent les conditions de détention et luttent contre l’enfermement. Notre journal est un porte-voix pour celles et ceux qui ont été mis au ban de l’humanité ; en effet, aucune parole de prisonnier·e·s ne peut être rendue publique hors du contrôle de l’administration pénitentiaire : conversations téléphoniques et parloirs peuvent être écoutés ; les courriers sont lus systématiquement et les passages « dérangeants » censurés. De plus, pour trop de gens à l’extérieur, toute parole sortie des prisons est forcément une parole infâme, toujours suspecte d’exagération ou de mensonge.

    Les pages mises en cause par l’AP reviennent sur plusieurs morts en détention.

    Le 9 septembre 2020, Idir est mort au quartier disciplinaire de Lyon-Corbas – deux semaines avant sa sortie. L’AP affirme qu’il s’est pendu mais sa famille et ses proches ne croient pas à cette version, qui est aussi mise en doute par des témoignages de prisonniers.

    Le 14 avril 2018, Jaouad a trouvé la mort au quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Ses voisins de cellule ont immédiatement dénoncé un « meurtre maquillé en suicide » et mis en cause une équipe de matons violents, qu’ils appelaient « l’escadron de la mort ».

    Il est aussi question de la mort « suspecte » de Sambaly à Saint-Martin-de-Ré en 2016, et de Jean-Christophe Merlet, un prisonnier handicapé à vie après avoir été roué de coups par une équipe de surveillants de cette prison.

    C’est à l’administration pénitentiaire de prouver qu’aucun de ses agents n’humilie ni ne tabasse ceux dont elle a la garde.

    Tous les trois jours en moyenne, l’administration pénitentiaire signale une nouvelle mort au sein de la population pénale. Administrativement, les prisonniers et les prisonnières sont « sous l’entière responsabilité de l’AP » ; il s’agit donc – a minima – de non-assistance à personne en danger. Quand une personne enfermée met fin à ses jours, c’est bel et bien la prison qui la tue, car le choc de l’enfermement, les conditions de vie inhumaines et la longueur des peines plongent certains prévenus et condamnés dans le désespoir.

    Mais ceux et celles qui connaissent la réalité carcérale pour l’avoir éprouvée dans leur chair parlent parfois de « morts suspectes » à propos de certains suicides en prison. Des surveillants pénitentiaires humilient et tabassent à l’abri des hauts murs des prisons, particulièrement dans les quartiers disciplinaires (QD) et dans les quartiers d’isolement (QI) ; et trop souvent, des prisonniers meurent. Les prisonniers et les prisonnières savent ce qui les attend quand ils et elles dénoncent ces violences : intimidations et punitions implacables. Ils sont souvent mis au cachot, ou font l’objet d’un transfert disciplinaire, ou les deux.

    Lorsque des proches ne croient pas à la version officielle après un décès en détention, l’AP et la justice invoquent tantôt des « problèmes de santé », tantôt une « consommation de stupéfiants », bien souvent des « troubles psychiatriques »… et presque toujours des « violences à l’encontre des surveillants ». Comme celle des prisonniers et prisonnières, la parole des familles est presque invariablement reçue avec méfiance ; quand ce n’est pas avec mépris.

    Là où la parole est censurée ; là où les prisonniers sont punis s’ils dénoncent ce qui se passe ; là où les seules images disponibles sont celles de l’AP ; là où les proches ne sont pas entendus… ce serait à L’Envolée de prouver la réalité des violences pénitentiaires dont elle se fait l’écho ?

    Eh bien non ! C’est à l’administration pénitentiaire de prouver qu’aucun de ses agents n’humilie ni ne tabasse ceux dont elle a la garde. Que ceux qui administrent la prison et ceux qui la défendent se chargent de démontrer qu’elle ne tue pas, que l’enfermement n’est pas indigne, que ce n’est pas une torture !

    Le journal a déjà été poursuivi, notamment lorsque nous avons publié des lettres dénonçant les pratiques des Équipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris, ces surveillants cagoulés mobilisés pour réprimer les mouvements de protestation à l’intérieur des prisons), et quand des prisonniers ont dénoncé la torture blanche des quartiers d’isolement (QI, qui ont remplacé les QHS – quartiers de haute sécurité de sinistre mémoire).

    Comme chaque fois, nous ferons de la plainte à laquelle nous allons faire face une occasion de plus de faire entendre des récits et opinions sortis de ces lieux où une violence d’État s’exerce loin des regards. Puisque la prison reste un gigantesque angle mort de notre société, puisse la censure qui frappe aujourd’hui L’Envolée permettre à un plus grand nombre d’entendre enfin la voix des premier·e·s concerné·e·s !


    L’Envolée, le 29 janvier 2021


    Pour en savoir plus sur les morts suspectes de prisonniers évoquées dans le communiqué :

  • Le numéro 52 est sorti !

    Le numéro 52 est sorti !

    Portez-vous bien, tenez-vous mal ! Il fait 68 pages, et il a été envoyé à tou.te.s les abonné.e.s en cette fin de semaine.
    Pour les autres : L’Envolée n°52 est en vente à Paris (Quilombo) et à Toulouse (Terra Nova).
    Et peut-être en Bretagne, à Saint-É, Marseille, Lyon, Nice, Cherbourg, Lons le Saunier, Montréal…
    Contactez-nous : contact@lenvolee.net ou en nous écrivant au 1, rue de la solidarité 75019 Paris.

    Actualisation janvier 2021 : le journal 52 a été interdit par la direction de l’administration pénitentiaire.
    Faites-nous signe si un·e de vos proches a du vivre des ‘bricoles’ parce que le journal faisait partie de ses affaires…
    Même si il ou elle a forcément reçu le canard des mains de l’AP.


    Télécharger le numéro

    Au sommaire :

    * Suerte, l’ami !
    * « Fais passer le yoyo », par No Name


    LES PRISONS CONFINÉES... / 6-28
    *
    Miradors d’une société toujours plus carcérale

    * Mutinerie d’Uzerche : l’Etat veut effacer l’historique
    * Carton écarlate à la MA de Seysses
    * Toujours privé·es de parloir
    * « A force d’être trop tôt pour eux… »,
    par Philippe
    * « Je veux vous rendre hommage », par Cathy
    * Les prisons pour sans-papiers n’ont jamais fermé

    * Brèves / 29
    *
    Les culottes d’Éliane / 30
    *
    Un nouveau code pénal pour enfermer les enfants / 31

    ISOLEMENT CARCÉRAL, TORTURE BLANCHE / 32-39
    * « Guide de survie contre l’isolement », par Mounir
    * Courriers de Bilal et Kémi
    * « Ici c’est le terminus »,
    par L’Infâme
    * « Je veux juste voir le ciel », par Sam
    * Trans et prisonnières : double peine !
    * « Arrivé au QD, ils m’ont mis à genou…»,
    par Abderazzak

    SUPERDUPOND-MORETTI / 40-44
    * De qui le ministre des prisons est-il vraiment l’ami ?
    * Demande de mise en liberté pour les prévenu.es : mode d’emploi et lettre type


    RÉVOLTES CONTRE LES PRISONS POUR SANS-PAPIERS / 45-47
    * Février 2020 : incendie ravage au CRA de Vincennes
    * « On n’est pas libre quand on est privé de sa vie »,
    par Carla
    * « Si tu chantes pas, tu manges pas », par une prisonnière du CRA du Mesnil-Amelot

    PEINE DE MORT EN PRISON / 48-56
    * Idir au mitard de Lyon-Corbas
    * Jaouad au mitard de Seysses
    * Khaled au QI de Villepinte
    * Mohammed au CRA de Vincennes
    * Sambaly à la centrale de Saint-Martin-de-Ré
    * L’AP s’acharne sur Jean-Christophe Merlet


    * Brèves
    / 57

    CONTRE UNE VENGEANCE D’ETAT AU PROCÈS DES RÉVOLTES DE BEAUMONT-SUR-OISE / 58-64

    * À lire, à voir / 65

    L’Envolée journal · FPP, 1 rue de la Solidarité 75019 Paris.
    Numéro 52 : 2euros + frais de ports
    Abonnements : 15. > les abonné·e·s de dehors paient les abonnements dedans !
    contact@lenvolee.net

    L’Envolée publie des lettres de prisonniers et de prisonnières, des récits de procès et des analyses sur la société et ses lois.
    Depuis 20 ans, le journal prolonge le travail mené par des émissions de radio qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, hors du contrôle de l’administration pénitentiaire (AP).
    Le journal est réalisé par des ex-prisonnier.es ou des proches qui pensent qu’il est primordial de faire vivre une discussion entre intérieur et extérieur des murs.
    Les prisonniers décrivent leur quotidien, dénoncent leur conditions de détention, se battent contre l’enfermement sans que d’autres aient à parler à leur place.
    Une parole de prisonnier.e qui dénonce l’AP ou la justice, – qui plus est quand cette parole est collective – , n’a pas le droit de franchir les murs !

    L’existence-même de cette parole dérange l’ordre des choses.
    L’Envolée se veut un porte-voix des prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait ; nous ne sommes ni des portes-paroles, ni même un syndicat de prisonniers.
    Nous faisons le pari que les mots nourrissent les luttes contre la justice et l’enfermement.
    Le journal s’inscrit dans l’histoire de la critique sociale abordée sous l’angle du droit et de la justice.

    La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer.
    Prisons et justice servent principalement à enfermer la misère.
    L’enfermement carcéral joue un rôle social de repoussoir : il produit une peur nécessaire au maintien de cette société. Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors.


    Ce journal existe depuis 2001 malgré les censures et poursuites de l’AP, malgré nos faibles moyens. Nous ne comptons que sur l’argent des abonnements et des événements que nous organisons pour financer la sortie du journal.
    N’hésitez pas à écrire, à vous abonner et à abonner vos proches prisonnier.es en nous envoyant leur numéro d’écrou :
    L’abonnement est gratuit pour les enfermé.es.

  • Lettre de l’Infâme – Révoltes et répression au CRA de Lyon – Le journal n°52 est sorti !

    Lettre de l’Infâme – Révoltes et répression au CRA de Lyon – Le journal n°52 est sorti !

    Emission de l’Envolée du 20 Novembre 2020 ·

    • Lettre de l’Infâme, agressé par des matons à la centrale de Vendin-le-Vieil
    • Lettre de Laurent Jacqua
    • Taoufik est mort à la prison de Perpignan et sa famille ne l’a appris qu’un mois plus tard par un codétenu en perm’ ! Cagnotte en ligne pour soutenir la famille.
    • En HP (Hôpitaux Psy) comme en CRA (Centre de Rétention), les audiences devant le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) se font de plus en plus en visio, voire sur simple consultation du dossier.
    • Prisons pour sans-papiers : Lecture du témoigagne de X., prisonnier au CRA de Lyon-Saint Exupéry, paru sur crametoncralyon.noblogs.org. Retour sur la grève de la faim au CRA de Vincennes.
    • Brèves : incendie de cellule à Condé sur Sarthe, Nanterre condamnée pour conditions indignes de détention

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.