Étiquette : proches

  • Lettre des Baumettes sur l’UCSA – Lettre de St Mihiel sur la carotte et la censure de l’AP – Djamel, 21 ans de peines interne et 14 ans de mitard pour refuser de se soumettre

    Lettre des Baumettes sur l’UCSA – Lettre de St Mihiel sur la carotte et la censure de l’AP – Djamel, 21 ans de peines interne et 14 ans de mitard pour refuser de se soumettre

    Émission de l’Envolée du vendredi 17 mars 2023
    • Une lettre des Baumettes, datée de février dernier. Ça discute de refus de soins en détention, de l’UCSA (le médical en détention) et des brimades quotidiennes de la matonnerie, « ils pensent, parce qu’ils portent du bleu, qu’ils ont tous les droits », et de la violence des ELAC (les équipes de surveillants cagoulés présents dans les taules).

    • Lettre du centre de détention de saint Mihiel, datée de février. Lettre d’un prisonnier longue peine, écrite depuis le mitard qui revient sur des conditions de détention particulièrement dures : pas de travail, enfermement en cellule prolongé, réveils nocturnes, etc. Il parle aussi de la censure du journal l’Envolée. On relaie régulièrement les lettres de Lucas mais nos réponses sont censurées par l’administration pénitentiaire.

    • Coup de fil de proches de Djamel, prisonnier longue peine actuellement incarcéré à Saint Maur, pour parler de l’acharnement de l’AP et de l’empilement des peines internes quand on se rebelle en prison. Retour sur ses 23 ans de détention et les tortures qu’il y subit depuis son incarcération à 18 ans. Alors qu’il est rentré pour 2 ans et demi, il n’est jamais ressorti une seule fois depuis. On en profite pour lire deux lettres qu’il a écrite pour parler de sa situation, du refus de soin qui met sa santé en danger, et de la répression qu’il subit pour demander simplement son transfert au plus près de ses proches. Cela fait plus de 14 ans qu’il est maintenu au mitard, au quartier disciplinaire !

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacter et à passer le mot !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne, sur 102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h), Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

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  • Du son contre les prisons – Faire un journal en taule – Conf’ dérangée d’un prisonnier longue peine et ses proches – Manifs contre les CRA

    Du son contre les prisons – Faire un journal en taule – Conf’ dérangée d’un prisonnier longue peine et ses proches – Manifs contre les CRA

    Émission de L’Envolée du vendredi 3 mars 2023

    Une émission enregistrée en direct le 24 février sur Radio Dio à Saint-Étienne, avec beaucoup de monde autour de la table ! On en a profité pour vous présenter ce qu’il se passait contre la taule dans le coin ce week end-là.

    • Nabil, qu’on connaît bien à cette antenne, nous parle de montages sonores qu’il a réalisés, « Bruits de coursives ». Ils vont être diffusés le lendemain soir à la Gueule noire à Saint Etienne pendant une soirée contre la taule. Il explique qu’il a voulu passer par un média audio parce que les bruits de la taule l’ont marqué à vie et qu’il a fait ce montage pour lancer une discussion et une réflexion contre les prisons. On en écoute un extrait, c’est pas encore dispo sur internet.

    • On parle de la conférence dérangée « Parloir famille » qui a été présentée le soir même, vendredi 24 février, à l’amicale laïque du Crêt de Roch, toujours à Saint-Étienne. Louis, 18 ans de cabane et de nombreuses années d’isolement liées à son statut de DPS, raconte comment ils ont avec d’autres prisonniers tenté de créer un syndicat, puis de faire un journal (qui a duré 12 ans !). Avec Annette, Christine, qui ont connu des années de parloirs, ils passent par la conférence gesticulée pour parler de la conditions des longues peines et de leurs proches en partageant leur propre expérience.

    • Retour sur les manifs contre les centres de rétentions qui ont eu lieu dans plusieurs villes contre la nouvelle loi raciste du gouvernement, samedi 18 février : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes … Plusieurs groupes ont pu se rassembler devant les CRA et échanger avec les prisonniers et les prisonnières au delà des murs. On peut retrouver plus d’infos sur ces mobilisations notamment sur le blog d’à bas les CRA.

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  • Enfermement et santé mentale – Revalorisation du statut des matons – Censure de L’Envolée et riposte

    Enfermement et santé mentale – Revalorisation du statut des matons – Censure de L’Envolée et riposte

    Émission de l’Envolée du vendredi 23 février 2023
    • Lettre du Gros, enfermé au centre de détention de Muret : il a appris qu’il avait une leucémie et galère à se faire soigner malgré la gravité de sa maladie
    • Réactions après la publication d’une « étude épidémiologique sur la santé mentale des détenus libérés » de la Fédération Régionale de Recherche en Santé Mentale
    • Débat autour de l’annonce de la « revalorisation du statut » des matons par le ministère des tribunaux et des prisons
    • Retour sur la mobilisation à Créteil trois mois après la mort suspecte d’Alassane Sangaré à Fleury
    • Analyse sur la censure en prison des derniers numéros de L’Envolée !


    Musique : Organise – Asake, La Caccia Alle Stregue (La Violenza) – Alfredo Bandelli, I Fought The Law – The Jolly Boys, Prison Song – Carlton Williams

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  • Deux lettres des QI et une du dehors sous bracelet – Maltraitances en taule et à l’HP – Manifs contre les CRA et marche blanche pour Alassane Sangaré

    Deux lettres des QI et une du dehors sous bracelet – Maltraitances en taule et à l’HP – Manifs contre les CRA et marche blanche pour Alassane Sangaré

    Émission de l’Envolée du vendredi 17 février 2023
    • Lettre reçue en janvier 2023 depuis un quartier d’isolement d’une prison de l’Est de la France à partir de laquelle on revient sur le rôle du droit dans la lutte contre l’État et la prison, sur les peines internes et les coups bas de l’administration pénitentiaire.

    • Une lettre de Kémi, correspondant de l’Envolée depuis plusieurs années, qui subit la misère de l’AP qui ne lui pardonne pas ses bagarres et ses prises de parole. On lui impose de nouveau une gestion menottée et on le menace de le considérer comme un radicalisé.

    • Une lettre depuis l’extérieur, d’une prisonnière sortie avec le bracelet, qui raconte comment l’incarcération détruit socialement et poursuit au dehors. On avait déjà relayé plusieurs de ses lettres lorsqu’elle était encore incarcérée aux Baumettes.

    • Discussion avec Patricia qui revient sur le long parcours carcéral de sa fille, Charlotte, en prison puis en hôpitaux psychiatriques, décédée lors d’une permission. On revient avec elle sur la façon dont la taule enferme aussi les proches et sur les maltraitances de l’enfermement psychiatrique. On parle également de la pièce de théâtre qu’elle a écrit par la suite sur leur histoire en lisant une lettre de Charlotte écrite à sa mère et un autre extrait. La pièce va être jouée au théâtre du Nord Ouest à partir du 25 février. En attendant, vous pouvez déjà la soutenir en participant à la cagnotte en ligne pour financer la réalisation de la pièce et du court métrage par ici.

    • Agenda fourni avec des mobilisations tout le week end contre les centres de rétention et la dernière loi raciste du gouvernement, mais aussi la marche blanche pour Alassane Sangaré mort à Fleury il y a un an dans des conditions suspectes, le samedi 18 février à Créteil.

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  • La séparation des « proches » au quotidien : lettres d’Emma.V

    La séparation des « proches » au quotidien : lettres d’Emma.V

    L’administration pénitentiaire appelle « proches » les personnes qui soutiennent les enfermés jour après jour… mais elle les en éloigne systématiquement, parfois pour des années. Incarcérée aux Baumettes, Emma.V raconte la souffrance continue de cette séparation ; les quelques bouffées d’oxygène apportées par les parloirs, les UVF (Unités de vie familiale), les relais parents-enfants ou les perm n’enlèvent rien à la violence du retour en cellule.


    « Deux ans que je serai loin de mes princesses, jamais je ne vais me remettre d’une telle souffrance »

    Lettre lue à l’émission du 7 janvier 2022.

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 10 décembre 2021

    Bonjour L’Envolée,

    Je reçois avec plaisir votre petite carte, le petit rayon de soleil de la journée. À chaque fois que je reçois l’un de vos courriers je vous réponds aussitôt. [Du courrier s’est mystérieusement égaré.] Je me souviens que la dernière fois que j’avais reçu votre lettre, elle est partie dès le lendemain… Imaginez ici, on n’est même pas libre d’écrire librement !

    Pour répondre à votre carte, bien sûr que le mois de décembre est très dur… Ici tu dois supporter l’insupportable. En ce moment mon moral est à la baisse. Mes filles me manquent terriblement. Elles sont venues me voir le 1er décembre au relai parents-enfants, la seule chose qu’ils ont fait de bien ici, c’est une salle adaptée avec des jeux… J’étais heureuse de les voir bien sûr, mais quel sentiment de haine envers moi-même. Elles ont tellement grandi, j’ai tout loupé, j’ai mal, tellement mal à l’intérieur.

    Et ici aucun travail, très peu de formation même aucune ! Peu d’activités. J’en peux plus vraiment, après ici ils te parlent de réinsertion.

    Ça, plus tout ce que tu vis et vois au quotidien, je sais que ça me laissera d’énormes blessures intérieures. Je vous remercie du fond du cœur pour votre force et votre soutien. Comment voulez-vous, avec tout ça, ne pas lâcher l’affaire ?

    Le 18 décembre, deux ans que je serai loin de mes princesses. Jamais je ne vais me remettre d’une telle souffrance.

    Voilà.

    À très vite de vous relire, et surtout passez de bonnes fêtes de Noël et de fin d’année si je ne vous relis pas avant.

    Emma.V



    « Ce qui me détruit c’est à chaque fois que je vois mes filles, voir à quel point elles ont grandi »

    Lettre lue à l’émission du 1er avril 2022.

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,

    Le 13 mars 2022

    Coucou L’Envolée !

    La détention détruit, l’enfermement te rend fragile, nerveuse. Des fois tu exploses pour un rien. C’est dur très dur. Ce qui me détruit en particulier c’est à chaque fois que je vois mes filles. Voir à quel point elles ont grandi. J’ai laissé un bébé de quatre mois et elle va avoir trois ans en mai. Imaginez. J’ai tout loupé… et ça, ça fait mal.

    J’ai bien eu mon UVF le 26 février, tout s’est bien passé. C’est là que je m’aperçois que mon mari est vraiment courageux. Les trois petites sont assez dures. Avec leur papa c’est des princesses donc elles n’écoutent pas grand-chose. Elles me manquent tellement.

    J’ai écrit à ma fille une carte d’anniversaire, elle ne l’a jamais reçue ! C’est dégueulasse !

    Voilà je vous remercie beaucoup à chaque fois de me mettre un timbre. Je galère tout le temps à en trouver. C’est horrible d’être démunie !

    À très vite,

    Emma.V


    « Ma place, ma vie n’est vraiment pas d’être dans cette prison de merde »

    Lettre lue à l’émission du 10 juin 2022.

    Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes

    Ma première permission

    Avril 2022

    Après deux ans et quatre mois d’enfermement, j’ai pu bénéficier d’une journée de permission. La première. 9h-19h une vraie bouffée d’oxygène. Une grande remise en question également. Quand on passe une journée dehors et que l’on doit revenir, le soir, on se rend compte que la liberté n’a pas de prix. Ma place, ma vie n’est vraiment pas d’être dans cette prison de merde.

    La dérention nous fait prendre conscience de nos erreurs certes, mais on est H24 en stress, le bruit des clefs, toute cette souffrance à l’intérieur de ces murs, cette violence verbale et psychique c’est horrible.

    J’ai l’impression d’avoir tout perdu et pourtant mon mari est toujours là, seul avec nos trois petites princesses. Elles me manquent tellement.

    Mai 2022

    Chaque matin, dès 7h, on est dans le stress. Les bruits des clefs arrivent. Ce bruit de clefs restera gravé dans notre tête, un bruit pour lequel on restera marquées.

    À peine réveillées il faut sortir notre poubelle. Parfois, un peu d’humanité un « bonjour », parfois rien.

    Supporter l’insupportable

    Certaines surveillantes respectent notre sommeil, d’autres nous allument la lumière en plein sommeil lors de leurs rondes : 23h, 3h, 6h. Pire que de la torture.

    Je suis épuisée d’ici, ça crie tout le temps le soir jusqu’à pas d’heure. Les filles s’insultent pour une cigarette ou du tabac. Une fatigue intérieure tellement profonde…

    Emma.V

    Dessin d’Emma.V, le15 février 2022.
  • L’AMI ROMAIN LEROY EST MORT

    L’AMI ROMAIN LEROY EST MORT

    Prisonnier longue peine, correspondant de l’Envolée, Romain Leroy est mort le 9 août 2022 d’une rupture de l’aorte. Il avait 38 ans. Pourquoi le principal vaisseau sanguin du corps se fissure-t-il quand on est jeune et en bonne santé ? Depuis quatorze ans, Romain vivait dans le climat sécuritaire suffocant des maison centrales. En 2016, il avait dénoncé cette oppression avec quelques autres prisonniers longues peines ; d’abord par des sit-in, des recours et des lettres publiques. Puis, devant l’indifférence générale, ils ont subtilisé les clés des matons, ouvert toutes les cellules et mis à sac l’ensemble du Quartier maison centrale (QMC) de la prison de Valence. Romain a déclaré lors du procès de cette mutinerie : « c’est moi qui passe en jugement, mais ce que je dis, c’est au nom de toutes les longues peines de France » (Un compte-rendu de ce procès à écouter ici ou lire là). Lourdement condamné, il a subi un traitement particulièrement dur de l’administration pénitentiaire (AP). Transféré dans les prisons de Condé-sur-Sarthe, Réau et Arles, il a finalement été envoyé à Moulins en août 2021. Pendant six mois, les matons l’y ont réveillé toutes les deux heures, toutes les nuits. A deux reprises il s’est vu attribuer, puis retirer un travail pour des motifs fallacieux. Tout récemment il avait été changé de bâtiment pour subir un régime « portes fermées » (vingt-trois heures sur vingt-quatre en cellule), puis mis au mitard.

    Non-assistance à personne en danger ?

    Les moments partagés avec Adeline, sa compagne, et leur fille, sont alors de rares respirations pour Romain. Lors d’un UVF (parloir familial de soixante-douze heures) fin juillet 2022, dès le vendredi Romain se sent mal. Il éprouve une grosse douleur à la poitrine. Adeline appelle à l’interphone les matons qui répondent qu’« aucun personnel médical ne peut intervenir en UVF ; s’il sort maintenant, c’est retour cellule jusquà lundi, où il verra un médecin de la détention. » Sachant qu’il ne pourra pas voir de médecin du week-end, Romain et Adeline préfèrent rester ensemble à l’UVF.

    Le dimanche matin, il est au plus mal, il ne peut même plus se lever. Adeline appelle à nouveau les surveillants à 6 heures en demandant d’appeler les secours ; même réponse : « Si ça ne va pas, on le remonte en cellule et il verra un docteur lundi ». Elle exige alors de sortir en urgence de l’UVF pour appeler elle-même le Samu depuis le parking de la prison. Romain est pris en charge et hospitalisé dans un état critique. Pendant son hospitalisation en réanimation, la pénitentiaire tente encore quelques coup bas, mais Adeline peut demeurer auprès de lui grâce au personnel médical. Il reste dix jours entre la vie et la mort, et puis son cœur lâche.

    Acharnement post mortem

    Le lendemain de sa mort, Adeline en informe la prison de Moulins. Loin de lui présenter ses condoléances, le directeur lui demande fissa le certificat de décès pour pouvoir « procéder à la levée d’écrou et au rendu du corps ». Romain est enterré le samedi 13 août entouré de ses proches.

    Depuis, Adeline tente de récupérer quelques affaires qui ont une valeur sentimentale et de donner le reste à des compagnons de détention indigents. Elle sait par les familles d’autres prisonniers que la cellule de Romain à été vidée dès le lendemain de sa mort.

    Pendant trois jours, au gré des dizaines de coups de fil qu’elle passe, les différents services de la prison invoquent divers prétextes pour ne pas lui rendre les affaires : « en attente d’éléments internes », « problème de succession vu la dette de Romain à la société », « besoin d’un certificat d’hérédité ». Elle obtient finalement un rendez-vous pour la semaine suivante (le mardi 24 août). Espérons que la direction de Moulins et son petit personnel en resteront là côté froide mesquinerie. Adeline, elle, compte continuer le combat contre la prison, pour Romain, pour l’accès au soin des prisonniers longues peines.

    Y a pas d’arrangement

    Une fois de plus, la prison a tué. Encore une fois, une veuve et une gamine n’ont pas même le temps de pleurer car elle doivent mener un bras de fer avec l’administration. Vengeance bureaucratique contre un prisonnier à qui l’AP ne peut pardonner d’avoir crié haut et fort son refus d’être enterré vivant ? Simple défaut de soins comme il y en a tous les jours en détention ? Ou les deux ?

    Quoi qu’il en soit, une fois de plus, un prisonnier est sorti de prison les pieds devant. Si toutes les morts en prison nous révoltent, la mort de Romain nous touche tout particulièrement. En 2017, lors de son procès suite à la révolte contre le QMC de Valence, nous l’avions entendu expliquer son geste à la barre, digne et déterminé, exigeant que l’on entende enfin le sort fait aux prisonniers longues peines. Quelques mois plus tard, nous avions reçu et publié une lettre d’une grande justesse. Pendant des années, nous avons relayé le combat qu’Adeline mène sans relâche pour que l’AP cesse de traiter prisonnier.e.s et proches comme des bêtes. Depuis des années, ensemble, ils ont fait vivre une vérité que nous continuerons de répéter toutes les semaines à l’émission radio de l’Envolée : y a pas d’arrangement.

    L’Envolée, août 2022

    À relire et ré-écouter :

    Pour entendre des interventions lors desquelles Adeline dénonce la misère faite à Romain et à d’autres prisonniers : ré-écouter les émissions l’Envolée du 13 novembre 2020, 14 janvier 2022, 28 janvier 2022, 1er juillet 2022…

  • Discussion avec Estrella –  Manifestation pour Jimony mort à la prison de Meaux – Appel de prisonniers du CRA du Mesnil

    Discussion avec Estrella – Manifestation pour Jimony mort à la prison de Meaux – Appel de prisonniers du CRA du Mesnil

    • Lettre d’une mère de prisonnier
    • Discussion avec Estrella, femme d’un prisonnier longue peine, notamment sur le confinement des prisons qui n’en finit pas.
    • Enregistrement de la manifestation et des prises de parole devant la prison de Meaux, lors du rassemblement du 7 février 2021 en hommage à Jimony Rousseau Sissoko.
    • Appel de prisonniers enfermés à la prison pour sanss-papiers du Mesnil-Amelot.

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    La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    « Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. »

    Règlement intérieur type, article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale
  • Lettres du quartier d’isolement – Des proches prennent la parole – Mouvement de m*** à Liancourt – News des Baumettes et du Canet

    Lettres du quartier d’isolement – Des proches prennent la parole – Mouvement de m*** à Liancourt – News des Baumettes et du Canet

    Emission du 18 Décembre 2020 –
    • Message de Bilal (dont on a publié une lettre dans le dernier journal) et une lettre qu’il a écrit à Super-Dupond.
    • Extrait d’une lettre de l’Infâme qui continue de prendre des peines au prétoire mais qui garde son sens de l’humour.
    • Lettre d’une proche d’un prisonnier en danger qui a besoin de soins urgents à Angoulême et contre qui l’AP s’acharne.
    • Témoignage audio de proches de prisonniers qui galèrent à accéder aux parloirs au CD de Nantes, où c’est une boîte privée qui gère les rendez-vous par téléphone (témoignages extraits de l’émission Casse-Muraille, le dimanche à 12h sur JetFM en région nantaise, 91.2 FM).
    • Liancourt : des matons bloquent la taule et la vie des prisonniers et de leurs proches. 40 Prisonniers refusent de réintégrer en protestation.
    • Appel de Marseille pour parler des Baumettes et du CRA du Canet

    Casse-Muraille : émission de dédicaces, d’infos et de luttes contre les taules, diffusée le dimanche à 12h sur JetFM 91.5FM en région nantaise. Les témoignages des proches du CD de Nantes sur les parloirs ont été pris dans l’émission du 29 novembre 2020 disponible sur le site de l’émission et de JetFM.

    http://jetfm.fr/site/Casse-Murailles-no62-29-novembre.html


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Des proches verbalisés au CRA du Mesnil – Blocage au CD de Muret : témoignage de l’intérieur et de l’extérieur

    Des proches verbalisés au CRA du Mesnil – Blocage au CD de Muret : témoignage de l’intérieur et de l’extérieur

    Émission de l’Envolée du 27 Novembre 2020 ·
    • Lettre de la conjointe d’un enfermé au CRA du Mesnil-Amelot, qui y a été verbalisée d’une amende de 135 euros pour la dissuader de venir au parloir et qui a été humiliée, fouillée et intimidée par la police aux frontières sur place.

    • Gardes à vues suite à l’incendie au CRA de Marseille, lecture d’un témoignage d’un prisonnier
    • Des nouvelles de l’Infâme sorti du quartier disciplinaire après avoir subi la violence des matons de Vendin-le-Vieil. Il est donc de retour au quartier d’isolement. Contactez-nous pour lui écrire !

    • Le journal n°52 « Portez-vous bien, tenez-vous mal ! » est arrivé un peu partout, tenez-nous au courant s’il ne l’était jusqu’à vous ! Et contactez-nous si vous ne le trouvez pas dehors !

    • Retour sur l’un des 14 procès qui souhaite désigner des coupables de la mutinerie d’Uzerche de Mars 2020, à Chartres. Rappel des revendications des prisonniers à l’époque, et des faits : la destruction des deux tiers de la détention par les révoltés a occasionné 333 transferts. Encore 10 procès à suivre sur aux quatre coins de la France. Passons-nous le mot si d’autres procès sont annoncés !
    • Des nouvelles de la famille de Taoufik Belrithri mort le 18 octobre après avoir été transféré de la prison de Perpignan à l’hopital, mais dont la famille a été informée de son décès 23 jours après: la demande d’autopsie a été déposée par l’avocat.
    • « Santé en prison » chronique de Coco : soignez-vous bien, tenez-vous mal !
    • Demandes de mises en liberté pour les prévenus : du nouveau qui facilitera les demandes concernant Fresnes, et qui peut servir pour toute taule ayant déjà été condamnée. La personne concernée n’aura plus à prouver elle-même les conditions indignes de détention.
    • Retour sur le blocage au CD de Muret fin octobre : lecture de la lettre de Seiya, prisonnier, et de sa compagne, Saori, et des notes qu’ils voulaient qu’on lise à l’antenne. Le 27 octobre, 29 prisonniers ont bloqué la promenade pendant 5 heures jusqu’à l’arrivée des Eris, demandant à ne plus avoir de séparations lors des parloirs, à lever l’interdiction de contact et à autoriser de nouveau les colis de linge et ceux de Noël.

    • Le mauvais flic Darmanin et le mauvais flic SuperDupont-Moretti. Violences à république mais depuis bien longtemps loin des regards, la visio-conférence aux Assises, l’ambiance générale avec cette loi de sécurité globale et les manifestations dans toute la France.

    Musique : « Mano de Dios » Diego Maradona, « La Caccia Alle Streghe – La Violenza » Alfredo Bandelli, « 40 dollars » A-Wax, « Heures Sombres » Singe des Rues


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS UN JOUR…  PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS TOUJOURS ?

    PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS UN JOUR… PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS TOUJOURS ?

    Le 31 mai 2020 par des proches de prisonniers enfermés à la maison centrale de St-Maur (36), au QMC de Réau (77), au QI d’Annœullin (59), à la maison centrale de Lannemezan (65), à la MA de La Talaudière (42), à la MA de La Santé (75), au CD de Nantes (44), à la MA de Rennes (35), à la MA de Ploemeur (56), au CD de Châteaudun (28), à la MA de Châlons-en-Champagne (51), avec Zorro, ancien prisonnier, et L’Envolée.

    Depuis le déconfinement du 11 mai, on entend dire que les parloirs sont rétablis mais c’est toujours le même mépris qui est subi par les prisonnier.es – et par nous-mêmes qui les visitons – depuis le début de la « gestion » de l’épidémie. Une gestion sécuritaire plus que sanitaire. Nous avons vécu la suppression des parloirs comme une mesure punitive et infantilisante ; leur pseudo rétablissement l’est tout autant. Et nous refusons que cela dure !

    Les visites à nos proches enfermé.es ont été brutalement supprimées le 17 mars, les privant de l’aide matérielle, du soutien moral, de l’amitié, de la solidarité, de l’amour que nous leur apportons chaque fois que nous mettons un pied dans ces horribles prisons. Pendant les deux mois de suspension des parloirs, nous n’avons eu de cesse d’exiger leur rétablissement immédiat. Rappelons que c’est la principale raison des mouvements de révolte qui ont alors éclaté. A l’heure où la direction de l’AP se flatte d’avoir éteint ces mouvements à force de transferts disciplinaires et de promesses de RPS (remises de peines supplémentaires), nous répétons que les prisonnier.es, nos compagnons, nos compagnes, nos amis, nos frères, nos sœurs, nos enfants… ont eu raison de se révolter.

    La suppression des parloirs était une mesure liberticide. Faute de masques, de tests et de solution hydroalcoolique à distribuer, et plutôt que de libérer massivement les prisonnier.es en urgence par une loi d’amnistie, l’État a considéré que les prisonnier.es et leurs proches ne seraient pas capables d’appliquer les fameux « gestes barrières ». A la recherche d’une solution adaptée à notre situation particulière, il a préféré la suppression pure et simple de ce dernier espace de liberté. Nous avons inlassablement souligné qu’il s’agissait bien d’un « motif familial impérieux » : rien n’y a fait. Dehors, des couples séparés ont pu se partager la garde de leurs enfants, mais les familles séparées par la prison ont été privées du droit de se retrouver ne serait-ce que quelques heures sans que la mesure soulève la moindre interrogation. Pourquoi était-ce une évidence ? Sort-on de l’humanité en rentrant en prison ? N’y avait-il plus de larmes pour les prisonnier.es dans un pays qui laissait déjà mourir ses anciens dans des Ehpad devenus prisons à leur tour ? A-t-on jugé politiquement intenable d’assurer le maintien d’un droit élémentaire aux prisonnier.es et leurs proches au moment d’imposer des conditions de vie carcérales à l’ensemble de la population ? Ou tout simplement, était-il plus « gérable » pour l’administration pénitentiaire (AP) de devancer les exigences des syndicats de surveillants ?

    Il semble qu’à ce jour, aucune prison ne soit devenue un foyer épidémique massif. Espérons que cela continue ; peut-être comprendrons-nous un jour pourquoi. D’ici là, ne laissons pas dire que la non-contamination massive des prisons est due à une bonne gestion de l’épidémie par l’AP. La preuve : quand le virus est entré ici et là (il n’y a pas de chiffre global), ce sont les surveillants qui l’ont amené avec eux, ainsi que les personnes que la justice a continué à incarcérer – en moins grand nombre que d’habitude, mais tout de même. L’affirmation que la suppression des visites a été bénéfique sert à justifier ce qui nous est aujourd’hui imposé en guise de parloirs. « Les parloirs seront limités à une personne, pour une heure maximum, une fois par semaine, avec des règles sanitaires drastiques [comme le port du masque et l’interdiction absolue de tout contact]. Nous savons que cela va être dur pour un détenu qui n’a pas vu sa femme depuis deux mois de ne pas lui prendre la main. » « Dur » ? C’est le moins qu’on puisse dire, Monsieur le directeur de l’AP. Disons aussi que ces règles sont méprisantes, infantilisantes, humiliantes, et au final… punitives !

    Une personne par visite, âgée de plus de 16 ans et de moins de 65 ans, une fois par semaine. Rappelons que les parloirs sont limités à six personnes en temps normal et que nous aurions pu comprendre de ne pas venir à plus de deux ou trois. Concrètement, cette mesure empêche les enfants de voir leurs parents. Alors que l’on incite les enfants à retourner dans des écoles qui ressemblent de plus en plus à des prisons, au nom de quoi les prive-t-on de parloir ? Combien de temps devront-ils encore attendre pour voir leur papa ou leur maman ?

    Ces règles instaurent des parloirs-express d’une durée de 30 minutes à une heure ; une mesure qui a déjà des conséquences très graves, notamment dans les établissements pour peine (centres de détention et centrales), car nombre d’entre nous renoncent à traverser la France pour une demi-heure ; Sans compter la limite des 100 kilomètres qui nous a exposé à une amende pendant quinze jours (1).

    Même si elle disparait le 2 juin, cette restriction initiale des 100 kilomètres aura renforcé notre détermination à réaffirmer une revendication que prisonnier.es et proches  portons depuis des dizaines d’années : le rapprochement familial et la fin des transferts disciplinaires qui éloignent les prisonniers à l’autre bout de la France. Nous exigeons que nos proches soient enfermés au plus près de nos lieux de vies pour que nous n’ayons plus à choisir entre un plein d’essence et un caddie pour nourrir les nôtres.

    Ces règles généralisent les parloirs « hygiaphone ». C’est le retour en force d’une mesure disciplinaire dégradante que les prisonnier.es ont combattu pendant des années : la vitre de séparation. L’absurde nous impose même le plus souvent de porter un masque derrière ce plexiglas. Non seulement on ne se touche pas, mais on ne s’entend pas, on se voit mal et on se comprend difficilement.

    Ces règles sont soumises à l’arbitraire des agents de la pénitentiaire. Nous savons déjà qu’elles ne s’appliquent pas de la même manière d’une prison à une autre, d’une heure à l’autre, d’un surveillant à l’autre. Une fois de plus, nous nous trouvons toujours un peu plus isolé.es face au sort qui nous est fait.

    Ces règles sont clairement punitives. Si nous nous prenons la main, notre droit de visite peut être supprimé et nos proches incarcéré.es placé.es à l’isolement pendant quatorze jours. Des surveillants épient en permanence nos moindres faits et gestes. En plus de nous infantiliser, cette surveillance constante ne nous laisse plus aucune intimité, aucune possibilité d’échanger sur des questions personnelles.

    Ces règles ne protègent pas les prisonniers. Nous sommes contraints de porter des masques – non fournis -, mais eux n’ont toujours pas le droit d’en porter en détention. Bien que les prisonnier.es fabriquent et lavent les masques de la pénitentiaire, on ne leur en donne pas. Pire : celles et ceux qui en portent se prennent des comptes rendus d’incidents. Et bien souvent lorsque nous proposons d’en apporter au parloir, on nous le refuse. Quant au gel hydroalcoolique, il est toujours interdit… au cas où quelqu’un voudrait se saouler avec ! Ne venez donc pas nous parler de prévention sanitaire. Rappelons encore une fois que surveillants et surveillantes rentrent tous les soirs dans leurs familles et qu’il est vraisemblable qu’ils se prennent dans les bras !

    Ces règles ont vocation à durer et l’absence de déclaration du gouvernement à ce sujet nous le confirme. S’il a fallu deux mois pour bricoler un système aussi ridicule et liberticide pour les parloirs, il faudra des mois, voire des années pour le faire disparaitre. Que l’épidémie reflue ou pas, cela ne changera pas fondamentalement la donne : en prison, quand nous perdons un espace de liberté, il est perdu pour longtemps. Et on peut craindre que la période serve de prétexte à l’introduction massive d’horribles visioparloirs qui se substitueraient progressivement à la chaleur des présences.

    A moins bien sûr, que nous trouvions la force – dedans aussi bien que dehors – de faire entendre nos exigences. Nombre de prisonnier.es refusent de se rendre au parloir pour combattre dès aujourd’hui l’avenir qui se dessine. Cette grève des parloirs n’est qu’un des nombreux moyens de lutte qui peuvent être déployés pour s’y opposer.

    Des proches de prisonniers enfermés à la maison centrale de St-Maur (36), au QMC de Réau (77), au QI d’Annœullin (59), à la maison centrale de Lannemezan (65), à la MA de La Talaudière (42), à la MA de La Santé (75), au CD de Nantes (44), à la MA de Rennes (35), à la MA de Ploemeur (56), au CD de Châteaudun (28), à la MA de Châlons-en-Champagne (51), avec Zorro, ancien prisonnier, et L’Envolée.

    Note :

    (1) Pour parer à l’absence de dérogation spécifique prévue par le gouvernement, des avocats ont proposé de regrouper les recours en cas d’amende. Pour être mis.es en relation avec eux si cela vous est arrivé, écrivez à contact@lenvolee.net.