Étiquette : solidarité

  • AMNISTIE POUR LES INCULPÉS DE LA RÉVOLTE POPULAIRE !

    AMNISTIE POUR LES INCULPÉS DE LA RÉVOLTE POPULAIRE !

    Police, justice, prison : les maillons d’une même chaîne

    « Moi quand je fous le feu ça fait d’la lumière et j’y vois plus clair ! »
    Hafed Benotman, 2005

    Contrairement à ce que tous les commentateurs serinent à longueur d’émission, les feux de la révolte en cours nous disent beaucoup. Notamment sur le système police-justice-prison, qui est là avant tout pour enfermer les pauvres, notamment les jeunes prolétaires racisés – quand il ne les tue pas. Face aux arrestations de masse de ces derniers jours, se rendre dans les tribunaux qui ont commencé à juger les révoltés – et y porter la revendication d’une amnistie générale –, c’est le moins qu’on puisse faire.

    « Il y a chez eux une dynamique qui les dépasse. En réalité, ils n’obéissent à aucun raisonnement rationnel », assène le substitut du procureur de Nanterre après l’annonce des premières incarcérations. Au-delà d’un mépris social et d’un racisme hélas largement partagés, il est clair que lui a un intérêt direct à dépolitiser, désocialiser et animaliser les révoltés qu’il envoie au trou… puisque l’institution qu’il incarne est une des cibles de cette révolte populaire. On entend beaucoup parler des attaques de mairies, de commissariats et autres Lidl, moins de celles des maisons de justice, de la prison de Fresnes et de Réau, ou encore des bien mal nommés Services de probation et d’insertion pénitentiaire (Spip). A croire qu’« intoxiqués » à GTA ou pas, les gamins en révolte savent bien que la prison est faite pour eux – comme elle l’était pour leur parents qui ont connu le tournant sécuritaire des années 1980 et l’explosion de l’incarcération de masse. A croire que l’« insertion » n’est qu’un autre nom de la mise au travail de la jeunesse des quartiers populaires dans des conditions dégradantes.

    La brutalité d’hommes en armes quadrillant les rues n’est que l’expression la plus visible de la violence d’État. Après le policier, c’est le juge qui prend le relais ; et après le juge, le maton. C’est la chaîne pénale : police-justice-prison. Comme celle de la police, la violence des cours de justice s’abat tous les jours, tranquillement, sur les classes les plus pauvres et les plus stigmatisées des quartiers populaires. « Combien de Nahel n’ont pas été filmés ? »,peut-on lire sur des banderoles. De 2014 à 2019, la police a tué en moyenne 25 personnes par an ; depuis, le nombre des morts entre les mains des forces de l’ordre a encore bondi – jusqu’à 52 décès en 2021, et plus de 40 l’année dernière. Et combien d’autres morts en prison ? Impossible de le dire : là, il n’y a jamais d’images, évidemment. On pense à Sambaly, à Jawad, à Idir, à Alassane, à Jimony, à Taoufik, à Théo, à Gordana et tant d’autres. Prisonnier.e.s et proches le répètent à la radio ou dans notre journal depuis vingt ans : la violence des surveillants pénitentiaires s’abat tous les jours. Ils humilient ; certains tabassent, certains tuent derrière les hauts murs des prisons de France ; tout particulièrement dans les mitards et les quartiers d’isolement. Dans ces lieux, pas d’autres témoins que les caméras de surveillance, et les agents connaissent tous les angles morts. Comme les policiers, ils sont couverts par leur hiérarchie et acquittés par la justice.

    La phase judiciaire de la répression des mouvements sociaux ne produit pas d’images révoltantes, mais elle n’en est pas moins violente pour autant. Le garde des sceaux Dupont-Moretti a d’ores et déjà sonné la mobilisation générale de la machine judiciaire pour écraser le mouvement. Il y a fort à parier que les chiffres de 2005 (800 révoltés avaient pris du ferme en trois semaines) et ceux des Gilets jaunes (1 500 peines ferme en cinq mois) seront largement dépassés. Sa circulaire à destination des parquets est d’ailleurs le décalque de celle qui visait le mouvement des Gilets jaunes  – avec la criminalisation des parents en prime. Le ministre encourage le recours à l’infraction de « participation à un groupement en vue de la préparation de violences », qui permet de condamner toute personne présente sur les lieux, en l’absence de tout autre élément à charge. Les procureurs sont invités à « déferrer » tout le monde systématiquement, même les mineurs. Ça va entraîner énormément d’incarcérations, car les sanctions pénales qui suivent un déferrement sont généralement plus lourdes et plus brutales. L’augmentation du recours aux comparutions immédiates est exponentielle depuis les grandes révoltes de 2005 ; et lors des mouvements sociaux, elles sont utilisées massivement.

    Le ministre demande aussi de faire remonter les chiffres tous les jours pour faire de la communication – pour éteindre le soupçon de cet introuvable « laxisme judiciaire » qui est invariablement invoqué par la droite et l’extrême droite. Car l’extrême droite armée est à l’offensive dans les médias comme dans les rues : les mêmes syndicats de policiers qui demandent « le respect de la présomption d’innocence » et « l’indépendance de la justice » pour leur collègue exigent en même temps que la justice s’automatise encore plus pour ceux qu’ils qualifient de « nuisibles », de « hordes sauvages », de « chienlit ». Pour les éradiquer, ils exigent une fois de plus les pleins pouvoirs, ils en appellent au « réarmement de la police ». Ce terme avait été utilisé par Marine Le Pen en 2017 après le viol de Théo par d’autres policiers fascistes. Juste avant, des flics avaient manifesté armés non loin de l’Elysée. Ils se chauffaient, à l’époque. Aux élections suivantes, ils manifestaient cette fois devant l’Assemblée nationale pour dénoncer ce chimérique « laxisme judiciaire ». Déjà ministre de l’Intérieur, Darmanin les avait rejoints pour les assurer de son soutien. Forts de ces victoires symboliques successives, les syndicat Alliance et Unsa ont prospéré et assumé leur orientation fasciste au cœur de la police, mais aussi dans l’administration pénitentiaire. Les menaces séditieuses de ces jours-ci sont la suite logique d’une négociation au long cours au cœur de l’État pour qu’il durcisse le régime et arme toujours plus ces hommes déjà en armes. Ce qu’il fait, d’ailleurs, en déployant le Raid et la BRI, qui tirent dans les rues.

    Face à cette prise d’otage de l’Etat et des rues par ces bandes armées, c’est ailleurs qu’il s’agit de construire un rapport de force. S’il y a bien un endroit où il faut se trouver, c’est dans les tribunaux et devant les prisons : pour dire à la justice qu’on n’est pas d’accord, et pour que les gens se sentent moins seuls face à une institution entièrement dirigée contre eux. Déjà des réunions, des collectifs, des rassemblements s’organisent pour faire face à l’immense répression policière et judiciaire que l’État va continuer à déployer. Il y a eu près de 4 000 arrestations en une semaine, et les premières perquisitions ont déjà eu lieu. Soyons nombreux et nombreuses dans les tribunaux et devant les prisons pour que l’autodéfense collective face à la justice fasse partie intégrante du mouvement.

    Il nous faut trouver la force et la détermination nécessaires pour exiger l’amnistie de tous les inculpés, c’est-à-dire l’abandon des poursuites à leur encontre et leur libération immédiate. Celles et ceux qui ont pris part au mouvement social contre la réforme des retraites, celles et ceux qui se mobilisent contre la dissolution des Soulèvement de la terre, les organisations de gauche et de défense des droits de l’homme peuvent trouver là le moyen de se solidariser en actes avec les révoltés. Dans la rue, la révolte populaire a déjà pris pour cible la chaîne pénale qui sert à enfermer principalement celles et ceux qui subissent de plein fouet la violence économique, tout en couvrant la violence de ses agents. Un tel mot d’ordre d’amnistie générale serait un premier pas pour gripper la machine judiciaire qui enferme chaque jour les enfants des colonisés, les étrangers et les pauvres des quartiers de France ; qui tous n’en peuvent plus d’être stigmatisés, emprisonnés et pris pour cibles.

    L’Envolée, 4 juillet 2023.

  • Censure en prison – Journée nationale contre la violence pénitentiaire – Comparutions immédiates dans le mouvement social

    Censure en prison – Journée nationale contre la violence pénitentiaire – Comparutions immédiates dans le mouvement social

    Émission du jeudi 25 mai 2023

    • Lettre de Kémi sur la censure en prison et sur la « fouille DPS » qu’il a subi dernièrement
    • Message d’une prisonnière en colère après avoir été agressée par des gardiens en cellule
    • Message public de la famille d’Alassane Sangaré, mort de manière suspecte à Fleury-Mérogis fin novembre 2022 : une étape est franchie, la lutte continue !
    • Journée nationale contre la violence pénitentiaire et pour l’abolition des mitards : intervention de Najet (collectif Idir Espoir et Solidarités) qui a initié cette journée en 2021
    • Invités : « La Sellette, chronique de la violence judiciaire » sur les comparutions immédiates qui ont eu lieu à Toulouse dans le cadre du mouvement social.
    • Nouvel outil de la FASTI : brochure contre l’enfermement administratif, pour faire entendre la vois des personnes sans-papier enfermées !
    • Agenda : RDV à Toulouse contre l’expulsion des habitant.es du squat de Laporte à St Martin du Touch vendredi 26 mai & toutes les actions de la journée nationale contre les violences pénitentiaires à Amiens, Rennes, Nantes, Lyon, Toulouse, Marseille… !

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque parfois de forces pour faire tourner l'émission comme on le voudrait en ce moment : 
    que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP, n'hésitez pas à nous contacter & à passer le mot !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne ! Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne, sur 102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h) ! Dispo sur toutes les plateformes de podcast.

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  • Suspension de parloir à la MAF de Nancy – L’état condamné pour torture blanche – Appel du 28 mai contre les violences pénitentiaires

    Suspension de parloir à la MAF de Nancy – L’état condamné pour torture blanche – Appel du 28 mai contre les violences pénitentiaires

    Émission du vendredi 19 mai 2023

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  • SOUTIEN AUX PRISONNIERS EN GRÈVE DE LA FAIM AU QI DE BOURG EN BRESSE !

    SOUTIEN AUX PRISONNIERS EN GRÈVE DE LA FAIM AU QI DE BOURG EN BRESSE !

    Mise à jour le 6 juin 2023 : Mohamed a enfin obtenu d’être transféré. Brice, un autre prisonnier du QI de Bourg-en-Bresse s’était mis en grève de la faim et de la soif depuis une semaine, il a été placé au mitard. Un rassemblement a eu lieu le 3 juin devant la prison, et un autre aura lieu le samedi 10 juin 2023 à 16h pour le soutenir et réclamer son transfert. Il est aussi toujours utile de contacter l’administration pour affirmer votre soutien.
    Des news dans la dernière émission de l’envolée à écouter ici et un résumé plus récent à lire .
    Suivez les news sur les réseaux, par exemple sur la page FB  » Infosprisonsursaintetienne « .

    « MOHAMED DEMANDE LA LEVÉE DE SON ISOLEMENT
    ET LA FIN DE SA DÉTENTION PROVISOIRE
    Sa compagne appelle à faire connaître cette histoire et à faire du bruit autour. Soyons nombreux et nombreuses à contacter la direction du centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse à l’adresse ci-dessous pour manifester notre soutien à Mohamed et notre vigilance face à cette situation alarmante !
    Centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse
    20, chemin de la Providence, BP 90321
    01011 Bourg-en-Bresse
    (Téléphone : 04.26.16.10.00)

    En détention provisoire, Mohamed est enfermé au quartier d’isolement (QI) de Bourg-en-Bresse depuis quinze mois. Il subit l’acharnement de l’administration pénitentiaire (AP) : disparition d’affaires, « gestion équipée-menottée », refus de soins médicaux… Accusé sans aucun fondement d’être le meneur d’un récent mouvement collectif contre les brouilleurs de téléphones portables, il est en grève de la faim depuis plus d’un mois pour demander sa sortie du QI et la fin de sa détention provisoire. Après s’être heurtée au silence assourdissant des institutions – jusqu’à la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté –, la compagne de Mohamed a décrit les faits à l’antenne de L’Envolée le 5 mai 2023 ; elle a aussi parlé des violences et du mépris subis par les proches de prisonniers. On peut écouter l’entretien complet ici, et lire la retranscription intégrale de cette prise de parole sur Expansive info  ; en voici des extraits condensés.

    « Mon mari est incarcéré – injustement – et, depuis plus de quinze mois, il a été placé au QI. Il y a maintenant trente jours, il a entamé une grève de la faim, et je suis la compagne qui l’épaule dans sa descente aux enfers. Ils l’ont mis à l’isolement parce que dans son dossier, il était qualifié de meneur – c’était en 2010 ! Là on est en 2023, il y a eu des mouvements d’émeutes dans la prison contre les brouilleurs qui ont été installés pour couper les réseaux de téléphones [portables]. La mutinerie a duré plusieurs jours. [L’administration a] dû faire intervenir les Eris [équipes régionales d’intervention et de sécurité] : c’est comme des gendarmes casqués avec des boucliers. Quasiment toute la promenade a participé à cette mutinerie. Mon mari est resté en retrait du début à la fin, mais le directeur du bâtiment a décidé que c’était lui le meneur, qu’il devait donc être placé à l’isolement pour la sécurité de l’établissement. Comme il n’a pas participé, ils disent que ce serait lui qui aurait dit à tout le monde d’aller casser des brouilleurs, de frapper les surveillants… et que tous les détenus l’auraient écouté ! Il a déjà été placé au QI, puis au bout de six mois, il a réintégré le bâtiment, où il y a des bagarres, comme dans toutes les prisons, parce que les détenus sont tous sur les nerfs. Et par exemple il y avait une bagarre dans le couloir ou en salle de muscu – comme tous les jours -, même si mon mari était en promenade à ce moment-là, ils lui ont dit : « on va vous remettre à l’isolement parce que depuis que vous avez intégré le bâtiment, il y a trop de bagarres, donc c’est vous qui envoyez les gens se battre. » C’est incroyable, mais c’est vraiment ce qu’ils ont dit.

    Les conditions d’isolement, c’est simple : ils sont isolés de tout le monde. Les seules personnes qu’ils voient, c’est les surveillants du QI et du parloir – quand ils en ont – ou l’infirmier. Sinon ils ne croisent personne, ils sont coupés de tout. Même en promenade, ils ont les grilles – comme des animaux en cage, quoi ! Aucun brin de liberté. Normalement, les promenades en prison, il y a des murs et des barrières, mais c’est ouvert en haut. A l’isolement, c’est tout fermé, quadrillé. Quand [les surveillants] voient que des voisins se parlent à la fenêtre, ils les changent [de cellule] pour qu’il n’y ait aucun lien, qu’ils soient vraiment tout seuls. Quand ils vont au parloir, les surveillants bloquent toute la prison. Tous les détenus qui ont parloir sont bloqués, et ceux du QI viennent tout seuls, un par un ; ils ne croisent personne à part nous et les surveillants.

    Le lynchage judiciaire a commencé dès son placement en détention, et là c’est une horreur. Ils le harcèlent, clairement. Mon mari, quand il a été transféré, ils lui ont volé ses affaires, les surveillants. A Noël, on a le droit de leur faire entrer des kilos de choses qu’il n’y a pas en prison. Je lui avais mis des gourmandises, et des sachets de tilleul, parce que depuis qu’il est à l’isolement, mon mari a des insomnies. Comme ça l’aidait un peu dehors, je lui avais acheté et fait rentrer au moins 200 paquets de tilleul, le sac était énorme. Je reçois un appel de mon mari : « Tu n’as pas mis les sachets de tilleul, comment je vais faire, t’abuse ! – Mohamed, je sais très bien que je te les ai mis, j’ai tout noté ! » On était en train de se prendre la tête ; son voisin à l’isolement l’a entendu et lui a dit : « Tout à l’heure au parloir, j’ai vu des sachets de thé bleus dans la poubelle. » Le brigadier de l’étage a fini par dire aux surveillants de rendre les sachets de thé. Ça peut paraître rien, un sachet de tilleul, mais c’est énorme pour quelqu’un qui est en train de serrer dans sa tête, qui est à l’isolement, et moi ça me fait plaisir de pouvoir lui apporter cette sérénité… et même ça, les surveillants arrivent à nous le casser. Ils créent des tensions avec les seules personnes qui sont là pour eux. Ils lui font subir un acharnement, c’est du harcèlement, en fait. Et moi, parce que je suis la femme de Mohamed, c’est pareil.

    Une fois, on a été bloqués pendant une heure dans l’entrée de la prison pour une alarme. J’étais enceinte, et sur la fin, en plus ; j’avais nulle part où m’asseoir : à part un tapis roulant et des portiques, il y a rien du tout. Je me suis assise sur le tapis ; à aucun moment ils m’ont demandé si ça allait. Il y avait des personne âgées, un gars en béquilles, le pauvre, des enfants… mais ils s’en foutaient, comme si c’était bien fait pour nous, parce qu’on venait voir des détenus ; comme si on était des moins que rien. Le chef venait de temps en temps demander aux surveillants si tout allait bien, mais à aucun moment il nous a calculé.

    Je vis à 1 h 40 de Bourg-en-Bresse, c’est pas rien quand t’es enceinte. Je suis allée au parloir jusqu’au huitième mois de grossesse, parce qu’il était au QI et qu’il avait besoin de me voir, sinon c’est encore plus dur. C’est les compagnes, les mères et les femmes qui lâchent rien, en fait. On est là, et on se bat même si c’est dur aussi pour nous.

    Quand il a commencé sa grève de la faim, il a fait un malaise ; l’infirmière est venue et a constaté qu’il n’avait plus de force. Il a refait un malaise, il a appelé, personne n’est venu. Ils sont venus au bout de trois heures. Le chef lui a dit : « De toute façon, on a reçu des directives strictes ; même si tu fais un malaise et que t’as besoin d’aller à l’hôpital, le week-end ou les jours fériés, on pourra pas te transférer à l’hôpital parce qu’il y a pas d’escorte disponible. » Il avait la gestion menottée et l’escorte : depuis qu’il a écrit à l’avocat, il ne les a plus pour tous les mouvements, mais toujours pour sortir de la prison : une voiture devant, une voiture derrière et une voiture de gendarmes. Il peut donc ne pas du tout avoir de soins. Samedi dernier, il a encore fait un malaise, il est resté par terre. Il a appelé les surveillants. Personne n’est venu. Il s’est relevé tout seul. Il a rampé jusqu’à son lit et il s’est allongé dessus.

    [Sa revendication, c’est] la sortie du quartier d’isolement – et la sortie de prison, parce qu’il est en détention provisoire, et l’instruction est terminée ; donc il n’ont plus aucun argument. On sait très bien comment la détention provisoire est utilisée pour punir les gens. Dans cette histoire, il y a la responsabilité du directeur de l’AP, et aussi celle des juges. Si demain il arrive quelque chose à mon mari, ce sera de leur faute à eux. Il faut rendre cela public, faire du bruit… Mohamed a vu le docteur mardi dernier, il a perdu 12 kilos ! Il lui a fait un certificat de contre-indication de placement à l’isolement par rapport à son état de santé. Il a le certificat, il l’a donné, le docteur l’a donné au directeur. Quand il a eu le certificat, il a eu une petite once d’espoir : la sortie d’isolement, c’est rapide, parce que c’est une décision de la prison… Quand il a vu que c’était pas le cas, il a dit : « En fait, ils veulent pas me sortir de là ! »

    J’en parle autour de moi, n’hésitez pas à relayer l’info, parce que s’ils se disent : « De toute façon il n’y a que nous qui savons », dans le pire des cas, s’il arrive quelque chose, c’est lui, quoi… Alors que si on fait du bruit pour dire : « Non, c’est votre faute ! Il est sous votre responsabilité ! Il fait la grève de la faim, c’est vous qui l’avez mis au QI, c’est vous qui ne voulez pas le sortir du QI, alors que vous savez son état de santé »

  • Soirée de soutien à L’Envolée – 21 avril à Pantin

    Soirée de soutien à L’Envolée – 21 avril à Pantin

    Contre la censure de la parole des prisonnier.e.s, une discussion ensemble, une cantine partagée et un concert de Baro Syntax, Ratur, Sitou Koudadjé, et DJ Black Mirror, vendredi 21 avril à La Trotteuse à Pantin, métro Hoche à partir de 17h ! La prison tue, passe le mot !

  • Tuer pour diviser : répression des rues et répression des champs – Nouvelles de Kémi, Alfredo Cospito, Libre Flot, Kamel Daoudi et Vincenzo Vecchi

    Tuer pour diviser : répression des rues et répression des champs – Nouvelles de Kémi, Alfredo Cospito, Libre Flot, Kamel Daoudi et Vincenzo Vecchi

    Émission du 30 mars 2023

    Actualité de la prison et de la justice :

    • Une lettre de Kémi, à l’isolement à la centrale d’Arles
    • Alfredo Cospito toujours en grève de la faim contre son régime d’isolement en Italie
    • Kamel Daoudi maintenu dans le nomansland administratif de l’assignation à résidence
    • Les matons fascistes de Nantes : deux communiqués vomitifs.
    • Une nouvelle lettre de Libre Flot du 30 mars, qui revient en long sur l’isolement, ce qu’il produit dedans puis dehors, quand on en sort. Cette lettre arrive juste avant une audience du 4 avril au tribunal administratif de Versailles suite aux recours qu’il a fait contre sa mise à l’isolement alors qu’il état en préventive. La mise à l’isolement était donc seulement un moyen pour  le « faire craquer » ? 
    • Une bonne nouvelle pour  Vincenzo Vecchi : la Cour d’appel de Lyon déclare que le mandat d’arrêt européen à son encontre n’est pas applicable et refuse de le remettre aux autorités italiennes. Pourvu que ça dure !

    Répression actuelle du mouvement social :

    Agenda :

    • Appel à se rassembler à Entraigues pour trois jours d’échanges contre le béton et la prison : les 8, 9et 10 avril. Plus d’infos : https://valleesenlutte.org/spip.php?article480
    • Marche des mutilés le 9 avril prochain. Appel à leur cagnotte en ligne et à la cagnotte Vanessa qu’on accueillait à l’antenne la semaine dernière. 
    • Repas en hommage à Alassane Sangaré, mort le 24 nov 2022 à la prison de Fleury-Mérogis samedi 15 avril à partir de 17h30 à la salle Georges Duhamel à Créteil. Débat suivi du repas.
    • Pour Alfredo Cospito, rendez-vous chaque mercredi à Euforie à Toulouse à 18h, et s’il venait à mourir, un rendez-vous est prévu le lendemain à 19h place Arnaud Bernard à Toulouse. De très nombreux rassemblements et points d’info sont tenus partout. Contre la prison et l’isolement, solidarité avec Alfredo Cospito ! 

    Dans cette émission, on traite de la brutale répression en cours et on essaye de décortiquer la forme qu’elle prend, à quoi elle sert : la violence policière de rue ou des champs, adossée à ce qu’on appellera une « justice administrative ».  Nous sommes obligés de traiter ensemble ce qui s’est passé à Sainte-Soline et ce qui se passe dans ce mouvement social. C’est le même monde qui est combattu ici et là et Darmanin a choisi de se saisir de l’un pour faire disparaitre l’autre. Sainte-Soline, la mise en scène du massacre annoncé semble être le point d’orgue et le point de retournement de l’opinion pour le ministère. Il nous dit à toutes et tous « je peux vous tuer ». Cette semaine la question se pose : cette stratégie de brutalité policière, cette stratégie de la tension, va-t-elle conduire à la dissociation escomptée par Darmanin ? 


    C’est important de traiter longuement de cette répression dans une émission contre les prisons pour plusieurs raisons évidentes : c’est un mouvement social contre la dégradation des conditions de vie sociale et environnementales, or on a un peu tendance à penser que ce sont bien la misère et des conditions de vie dégradées qui conduisent en prison tout le temps. Par ailleurs ce mouvement en particulier conduit et va conduire des gens en prison ; la limite politique des mouvements c’est bien souvent la peur de sa répression ; donc la comprendre c’est se donner quelques moyens d’y faire face ; de considérer « l’anti répression » comme un moment du mouvement, pas un après. Ce que les GJ avaient bien compris. Et puis enfin, pour une raison bien pratique : vous qui êtes dedans, quel regard pouvez-vous porter sur ce qui se passe à part sur BFM ? C’est donc à nous de tenter de combler les trous et d’essayer ainsi de construire un point de vue avec vous, de l’autre côté des murs.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacter et à passer le mot !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne, sur 102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h), Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels et textos).
    Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris,
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    et sur instagram, twitter, facebook.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Le n° 56 vient de sortir, abonnez vous et vos proches enfermés !

  • Enfermement et santé mentale – Revalorisation du statut des matons – Censure de L’Envolée et riposte

    Enfermement et santé mentale – Revalorisation du statut des matons – Censure de L’Envolée et riposte

    Émission de l’Envolée du vendredi 23 février 2023
    • Lettre du Gros, enfermé au centre de détention de Muret : il a appris qu’il avait une leucémie et galère à se faire soigner malgré la gravité de sa maladie
    • Réactions après la publication d’une « étude épidémiologique sur la santé mentale des détenus libérés » de la Fédération Régionale de Recherche en Santé Mentale
    • Débat autour de l’annonce de la « revalorisation du statut » des matons par le ministère des tribunaux et des prisons
    • Retour sur la mobilisation à Créteil trois mois après la mort suspecte d’Alassane Sangaré à Fleury
    • Analyse sur la censure en prison des derniers numéros de L’Envolée !


    Musique : Organise – Asake, La Caccia Alle Stregue (La Violenza) – Alfredo Bandelli, I Fought The Law – The Jolly Boys, Prison Song – Carlton Williams

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  • Le n°56 de L’Envolée interdit en prison – Contre la construction de nouvelles taules – Un an depuis la mort suspecte de Théo Sahna

    Le n°56 de L’Envolée interdit en prison – Contre la construction de nouvelles taules – Un an depuis la mort suspecte de Théo Sahna

    Émission de L’Envolée du vendredi 27 janvier 2023
    • Lettre anonyme qui témoigne de la saisie du numéro 56 : « C’est abusé, dès que L’Envolée retransmet un procès de matons, ils censurent le numéro… Vous les touchez là où ça leur fait mal ! »
    • Lettre d’En deçà du réel : « Vous voulez interdire, censurer [L’Envolée] car vous connaissez la puissance des mots qui reflètent la vérité. »
    • Lecture amusée de la note du ministère qui nous censure. On rappelle que le meilleur des soutiens à apporter de dehors est de s’abonner ! Les abonnements dehors permettent l’envoi gratuit du journal à toutes les personnes enfermées.
    • On lit l’hommage aux combats du regretté Romain Leroy. Force à ses proches !
    • Christine raconte les initiatives dans toute la France pour empêcher les constructions de nouvelles prisons. Le dernier « plan prison » prévoit la construction de 15 000 nouvelles places. Depuis plusieurs années, des collectifs s’organisent pour les contrer, comme les rencontres pour partager la niak et les idées : rendez-vous à Toulouse ce weekend, et ce printemps à Entraigues mi-avril ! On peut aussi retrouver le collectif Crève la taule 84 dans leurs émissions de V’la la gamelle sur radio Aïoli, sans oublier l’émission anticarcérale des potes de Marseille, sur radio Galère, La Courte Échelle
    • Un an depuis la mort de Théo Sahna à Fresnes : un message de sa veuve et un retour sur sa mort suspecte qui reste sans réponse, comme tant d’autres. La prison tue, encore et toujours. De plus en plus de familles se battent contre la violence d’état et imposent le sujet.
    • C’est le retour de la chronique santé et prison de Coco autour de la Journée de solidarité avec les personnes trans, non-binaires et intersexes incarcéré.e.s, le 22 janvier.
    • Lecture du dernier communiqué des amis de JC Merlet, enfermé à Roanne, qui continue de payer le fait d’avoir dénoncé la mise à mort de Sambaly Diabaté par les surveillants de Saint Martin de Ré.

    Musique : Smells Like Teen Spirit – Blue Mode, Kwaku the Traveller – Black Sherif, Méthode Rouge – Vïrus x Al’Tarba, Soledad – El Combo de los Galleros, Prison Song – Carlton Williams, Arrête Mal Parlé – Fair Nick Star.

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  • Tribune pour dénoncer l’impact des mesures d’assignation à résidence en France

    Tribune pour dénoncer l’impact des mesures d’assignation à résidence en France

    Nous relayons ce communiqué diffusé à l’occasion du 10 décembre, la « journée internationale des droits de l’homme ». Le livre de Kamel Daoudi, « je suis libre, dans le périmètre que l’on m’assigne », est dispo par ici. (gratuit pour les enfermé·e·s, contactez-nous !)


    En cette journée internationale des droits humains, cette tribune souhaite dénoncer l’impact sur sur tout un chacun, des mesures d’assignation à résidence prises par les autorités françaises au travers de la situation individuelle paroxystique de Kamel Daoudi, assigné à résidence et obligé de pointer plusieurs fois par jour au commissariat depuis maintenant plus de 14 ans.
    Ces privations lui interdisent la possibilité de travailler et de vivre normalement avec sa famille, le plongeant ainsi dans une situation de précarité économique et sociale évidente. Nous dénonçons ce qui apparaît très clairement comme un régime de privation de liberté constitutif d’une atteinte à l’état de droit.


    Cet état de privation de liberté a été soumis à la discrétion de l’autorité publique, sans limite dans le temps, ni intervention du juge de la liberté et de la détention (JLD). En somme, Kamel Daoudi pourrait rester sous ce régime de privation de liberté jusqu’à la fin de sa vie.
    Condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en France pour un projet qui lui a été imputé qu’il a toujours contesté, il a purgé sa peine de prison, et reste pourtant sous le coup d’une interdiction définitive de territoire français inapplicable. Une privation de liberté contrôlée par l’administration sans limite de temps.
    Ce genre de cas permet à l’administration de priver ou restreindre la liberté de personnes de manière illimitée dans le temps.


    Kamel Daoudi déchu de sa nationalité française en 2002 est considéré par la France comme un étranger mais ne peut pas expulsé du territoire, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) ayant donné suite à la requête de M. Daoudi en prononçant l’impossibilité pour la France de l’éloigner vers l’Algérie (son pays de naissance qu’il a quitté à l’âge de 5 ans).


    En effet, M. Daoudi y risque des traitements dégradants et inhumains au sens de la convention européenne des droits humains. Par ailleurs, toute sa famille réside en France et il n’a plus aucune attache avec son pays de naissance depuis plus de 42 ans. Kamel Daoudi est donc assigné à résidence administrative depuis le 25 avril 2008, subissant l’application d’un régime d’exception permettant à l’administration, sans aucune intervention du JLD, « jusqu’à ce qu’existe une perspective raisonnable d’exécution de [son] éloignement. » (L.561-1 du CESEDA).
    Cette « perspective raisonnable d’exécution de son éloignement » n’étant pas possible au vu de la décision de la CEDH, cela confère à ce régime d’assignation à résidence un caractère perpétuel.
    Kamel Daoudi pourrait donc rester jusqu’à la fin de sa vie dans ce régime de privation de liberté. Une décision prise sur des motifs flous à interprétation large.

    Cette décision d’assignation à résidence repose sur le CESEDA (Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile) et s’appuie sur la notion de « trouble à l’ordre public », une notion à très large spectre d’interprétation et potentiellement arbitraire.


    Amnesty international dénonce depuis des années l’assignation à résidence de Kamel Daoudi, alors que la justice n’a plus rien à lui reprocher. Cette situation porte atteinte à ses droits fondamentaux, y compris son droit à travailler ou son droit à la vie privée et familiale.Cette situation est en outre maintenue par le ministère de l’intérieur maintenant Kamel au milieu d’enjeux politiques dépassant largement sa personne.
    Plus largement, cette notion de « trouble à l’ordre public » peut tout à fait, selon les interprétations s’appliquer à des militant.e.s œuvrant contre les intérêts du gouvernement en place. La frontière est fine pour que les motifs fondant l’application de ces régimes de privation de libertés soient applicables à d’autres situations pouvant être jugées par l’autorité publique comme risquant de troubler l’ordre public.


    L’assignation à résidence n’est pas le seul dispositif de contrôle et de surveillance, elle fait partie d’un arsenal juridique répressif qui va de la perquisition administrative, jusqu’à l’interdiction de paraître dans certains lieux.
    Des exemples récents nous l’ont encore montré, des décisions de ce type ont été prises contre des militants écologistes lors de la COP 21, des syndicalistes ou encore des supporters de football.
    Une décision qui s’inscrit dans un mouvement d’intégration des régimes d’exception dans le droit commun.


    Plusieurs régimes d’exception ont été mis en place ces dernières années et ceux-ci ont donné lieu à une transposition de cette législation d’urgence dans le droit commun. L’état d’urgence en réaction aux attentats de 2015 et prorogé plusieurs fois jusqu’en 2017 a permis l’entrée en vigueur de la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme reprenant de façon substantielle, ce régime d’exception.


    La situation exceptionnelle et excessive à laquelle sont confrontés Kamel Daoudi et sa famille est devenue la règle pour un ensemble de décisions de privations ou de restrictions de libertés potentiellement applicables à toute personne vivant sur le territoire français, étrangère ou française.


    * * *


    Nous dénonçons donc à travers cette situation l’ensemble des atteintes à l’état de droit produit par la délégation de l’exécution des peines à l’autorité publique. Par son lien étroit avec les enjeux politiques, l’autorité publique ne peut être en aucun cas garante d’une justice équitable.
    Nous considérons que l’assignation à résidence est une privation de liberté et qu’une personne sous le joug d’une telle décision doit être en mesure de voir les conditions de cette privation, contrôlées par le Juge des Libertés et des Détentions.
    Nous dénonçons l’ensemble des dérives juridiques de la lutte contre le terrorisme, imprégnant les personnes d’une tache indélébile de nature à justifier toute forme d’atteinte à leurs libertés fondamentales.


    Nous dénonçons l’entrée dans le droit commun et la massification de ces décisions privatives de libertés souvent basées sur le principe flou de « trouble à l’ordre public » de plus en plus appliquées à n’importe quelle personne française ou étrangère exerçant des droits fondamentaux comme celui de manifester et bien d’autres.


    Collectif de Défense des Libertés Publiques
    France, le 10 décembre 2022

  • Émission spéciale avec Aurélie Garand, pour son livre « Depuis qu’ils nous ont fait ça… »

    Émission spéciale avec Aurélie Garand, pour son livre « Depuis qu’ils nous ont fait ça… »

    Émission de l’Envolée du vendredi 25 novembre 2022
    • Rencontre avec Aurélie Garand, autrice de « Depuis qu’ils nous ont fait ça » qui est sorti en librairie le jour de l’émission ! Son frère Angelo a été abattu par le GIGN pour ne pas avoir réintégré la prison après une permission de sortie d’une journée au titre du « maintien des liens familiaux », le combat judiciaire a été vite balayé, mais Aurélie continue à se battre « pour les vivants » ! Dans son livre, elle décrit l’engrenage carcéral dans lequel était piégé son frère, tombé dès l’enfance dans les mains de la justice, qui a multiplié les petites peines de prison et n’était plus, aux yeux de l’État, qu’un délinquant, un problème à régler.
    https://www.comite-soutien-vincenzo.org/

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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Le numéro 55 est dispo et déjà censuré par l’Administration pénitentiaire ! Raison de plus pour le faire tourner !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami·e·s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné·e·s !