Un mystérieux auditeur de l’intérieur nous a trouvés bien sévères sur le nettoyage ethnique en cours entre Méditerranée et Jourdain. Rare de pouvoir en rire, on l’en remercie chaleureusement.
Francis nous écrit de Lannemezan. Un courrier précieux qui revient sur l’arbitraire du QI, la réforme des RPS, et les « mesures d’ordre et de sécurité », alibi administratif parfait pour pourrir la vie des récalcitrants.
On rediffuse l’émission du mois dernier des camarades de « Bruits d’audience » sur Canal Sud, consacrée à la « guerre à la drogue » instaurée par Nixon et poursuivie jusqu’à aujourd’hui par les gouvernement américains successifs, une politique visant à l’incarcération de masse des non-Blancs, africains-américains en tête, qui a pas mal inspiré le durcissement des politiques pénales en France à partir des années 1980.
Ziks : Ahmad Kaabour – Ounadikoum / Maryam Saleh x Zeid Hamdan – Watan El Akk / The Daktaris – Musicawi Silt /
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque parfois de forces pour faire tourner l'émission comme on le voudrait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP, n'hésitez pas à nous contacter & à passer le mot !
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne ! Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h) !Dispo sur toutes les plateformes de podcast.
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Émission de l’Envolée du vendredi 17 novembre 2023
Lettre de Kémi et Césario – deux longues peines et deux correspondants de l’Envolée – qui nous écrivent depuis la prison d’Arles pour dénoncer les conséquences psychiques et physiques de l’isolement, véritable torture blanche qui sclérose le corps et l’esprit. Ça fait plaisir de lire une lettre écrite de l’intérieur écrite à quatre main quand l’administration pénitentiaire (AP) essaie de censurer toute parole collective !
Lettre de Zouzou depuis les Baumettes qui raconte la censure quotidienne (des lettres qui arrivent avec quatre mois de retard), les galères pour obtenir des perm’ et des aménagements de peine, et de l’impossibilité de se soigner dignement en détention.
Lettre de Christophe dont on a déjà lu des courriers il y a trois semaines dans lesquels il revenait aussi sur l’enfermement en hôpital psychiatrique qu’il a subi et sur ces conséquences dans sa vie au dehors après.
Ça bouge dans les prisons : au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, 8 personnes ont réussi à se faire la belle ensemble ! Malheureusement deux autres ont été rattrapées par les flics et ont sûrement pris une peine de prison derrière. Et au centre pénitentiaire de Riom, plus d’une vingtaine de prisonniers ont refusé de remonter après s’être fait sucrer leur promenade la veille, pour récupérer l’heure perdue. Dans la foulée, 4 des 7 cellules du mitard ont été défoncées et rendues inutilisables par ceux qui ont été désignés comme meneurs et envoyés au cachot !
On discute des dissolutions qui se multiplient depuis la loi séparatisme et encore plus depuis l’arrivée Darmanin. Le conseil d’État vient d’en valider trois – du CRI (coordination contre le racisme et l’islamophobie), de la GALE (groupe antifa lyonnais), et les fafs de l’Alvarium, et de rejeter celle des soulèvements de la terre. Et un rapport parlementaire tout frais sur les manifestations violences du printemps dernier propose de nouvelles pistes répressives et notamment l’extension des interdictions de manifester.Ça va pas s’arranger, mais surtout, c’est déjà ce que mange les prisonniers, les étrangers et les pauvres au quotidien !
Ziks : Niro – Papa fait le pitre / Sofiane – Windsor / Norsacce Berlusconi – Dynastie Intro
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Deux lettres de Kémi de la Centrale d’Arles : passage au prétoire sans passage au mitard et hommage à Romain Leroy, tué par la prison il y a un an
Sortie du quartier d’isolement après une grosse bataille administrative pour Kémi : même si c’est une très bonne nouvelle, il a été transféré dans un « quartier spécifique » (QSI) après plusieurs années d’isolement, dans des conditions qui restent quasi les mêmes : il reste à l’isolement dans des conditions un peu améliorées…
Lecture des lettres de Francis, Claudio et Kémi sur les « équipes de sécurité pénitentiaire » et les « équipes locales d’appui et de contrôle » (ELAC / ELSP)
Histoire et l’armement des ELAC & ELSP dans les prisons françaises
Retour sur le procès de Rédoine Faïd pour évasion : « ma vraie carapace à moi, l’est la dignité. On m’a mis dans la tête qu’il n’y avait pas d’espoir avec l’administration pénitentiaire. Mon défi, c’est de rester debout et vivant »
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Lettre de l’Infâme sur la soit-disant abolition de la peine de mort et les quartiers d’isolement, publié dans notre dernier bouquin « La Peine de mort n’a jamais été abolie ».
Quartier d’isolement de Valence, 14 juin 2021
J’ai pris à la base 8 ans de prison… À la base ! Mais l’AP et ses bourreaux ont fait leur office ! Très rapidement, l’AP m’a envoyé dans ces cimetières à ciel ouvert que l’on appelle isolements ! Ces lieux où les viles canailles, tout comme les voyous certifiés bonhommes, perdent peu à peu la tête, la santé et trop souvent même la vie par des suicides inexpliqués, que j’estime être des assassinats ! Ce, tout simplement, pour avoir refusé de se faire avaler par une machine bien huilée que l’on nomme administration pénitentiaire ! Alors, comment pouvoir espérer s’en sortir, avec une vraie volonté sincère pour se « ranger des voitures », quand on est envoyés dans ces bas-fonds de la prison que sont les QI ? Surtout quand on vit et subit l’inacceptable ? Qu’est-ce que l’inacceptable, me demanderez-vous ? L’inacceptable, c’est quand tu subis de la part de tes bourreaux des tentatives d’assassinats, car ils ont essayé par trois fois de me tuer véritablement. Par trois fois, ils n’y sont pas parvenus, mais j’y ai « laissé des plumes » : AVC, paralysie, membres cassés, etc. Ou encore, quand ces mêmes bourreaux te privent des choses basiques, comme le droit d’écrire vers l’extérieur, de lire, d’être soigné par un médecin. Ou encore te priver d’eau froide quand il y a la canicule, te priver de tes repas, arracher le peu de choses qui te connectent avec l’extérieur et/ou ta vie passée et/ou future, comme les courriers de tes proches, les photos de tes frères et sœurs, etc. Ou encore porter plainte contre toi, pour rallonger ta peine, et comme beaucoup sont des mange-pierres, demander des milliers d’euros de dommages et intérêts quand des mecs comme moi, à force de se faire rabaisser, insulter, frapper, etc., on décide de dire stop, de se rebeller et de se dire : moi, je tends pas l’autre joue ! Mais tout ça a un prix ! Le prix de la honte ! Le prix que j’ai payé de ces années d’isolement. Financièrement, bien trop… une somme à 6 chiffres, et ce uniquement pour des surveillants ou des détenus-prévôts, car dans mon affaire d’assises, je n’ai pas de dommages et intérêts à payer aux victimes !
Mais, bien plus que le côté financier, le prix de la honte, c’est celui de ma vie à moi ! Ma vie, en tant qu’homme, en tant qu’être humain !
À cause de ces gens, de ce contexte mortifère de l’isolement strict, sécuritaire et sécurisé, du fait aussi qu’il n’y a aucun outil pour la réinsertion dans les QI où tu es malmené H24, au lieu d’avoir à effectuer 8 ans, j’en ai 30 sur papier à faire ! 30 ans ! Et, sur ces 30 ans, je ne sais pas combien j’en aurai fait au QI. Ces répercussions sont souvent des privations sensorielles d’un autre temps, abjectes, des pressions psychologiques terribles et constantes, et très souvent physiques-psychologiques telles que te mettre de longs moments tout nu au cachot ! Tu perds ainsi, dans cette configuration-là, en étant dépouillé de tes vêtements, ce qui fait en partie de toi un être humain civilisé, et tu te sens avili, d’une façon qu’il me serait impossible de vous décrire tellement je n’ai pas les mots pour exprimer ma peine, ma haine et mon dégoût.
Imaginez, qu’à ma place, ce soit vous, vous qui lisez ces lignes, qui subissiez une telle chose !
Imaginez, 8-10 personnes, parce qu’ils sont 8-10, alors physiquement plus fortes que vous, qui vous dépouillent manu militari dans une violence inouïe de vos vêtements, de tous vos vêtements, et vous laissent ainsi, des jours entiers, dans une cellule de cachot ! Quels sentiments alors ressentiriez-vous, surtout sachant que, même si ça s’est passé réellement, vous n’avez aucun moyen de vous faire justice légalement, pour faire condamner ces gens qui agissent telles des petites frappes de bas-étage ?! Et que ressentirez-vous si à un moment tout est fait pour vous priver, des années durant, de vos proches, donc, par effet boule de neige, de visites, et par ce même effet boule de neige, de courriers, et de ce fait aussi, de soutien tant financier que vestimentaire, entre autres choses ?
Que dire aussi, si à ma place, ce soit vous qu’on prenait au saut du lit pour vous envoyer en psychiatrie, même si vous n’avez pas de problèmes de ce côté-ci, à vous qu’on piquait le cul avec des produits dont les noms bizarres ne vous diront probablement rien, mais qui auraient pour effets de vous faire oublier même le visage de vos proches, que vous n’ayez même pas conscience d’être en vie, à un point tel que vous pissez et chiez sur vous comme si c’était chose normale, et vous n’avez alors même pas l’envie, et encore moins le cerveau en vie, pour vous dire « il faut que je me nettoie » ? Que dire encore, si c’était à vous, madame, monsieur – si vous avez la force de vous relever et de vous remettre de tout cela – qu’on ne donne aucun « outil » pour envisager une réinsertion ? Sans de tels « outils » en QI, comment faire pour avoir un jour une perm’ ? Une condi ? Comment ne pas sombrer ?
Surtout, sachez-le bien : au QI, toute volonté d’alerter sur de telles choses est quasi infaisable quand on n’a aucun soutien. Que ressentiriez-vous, si c’était à vous que de telles choses arrivaient ?
Je ne vous le souhaite pas, mais gardez en tête que, ça comme le dit la formule pour la prévention sur le SIDA, la prison (tout comme le SIDA), ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tous et toutes un jour vous pouvez devoir y faire face. Il faut que tout cela bouge ! Et pas demain, pas dans un mois, pas dans un an ! Mais tout de suite ! Mais, ça va faire quarante ans le 9 octobre 2021 que la peine de mort a été soi-disant abolie ! Quelle blague amère ! En toute honnêteté, elle n’a jamais été abolie ! Elle a juste pris d’autres formes, d’autres noms ! Une forme dans sa plus dure réalité : « la torture blanche », silencieuse. Deux principaux noms : quartiers d’isolement, et quartiers disciplinaires, pour leurs formes les plus dures, et les plus violentes ! On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et SVP insurgez-vous en, levez-vous, poing tendu, pour dire stop ! Je veux pas faire dans la pleurnicherie, ni dans le mélo, mais sachez que tout ce que j’ai écrit ici, je l’ai subi de plein fouet, personnellement !
C’est une réalité. Je suis tombé en prison en 2000, j’avais alors 17 ans 1⁄2 ! J’aurais dû en sortir, max – si j’avais fait ma peine « plein pot » sans RPS ni rien – en 2008 ! On est en 2021, et je suis encore dedans ! Et ma date de libération actuelle est 2030 ! Faute à qui ? À moi ? Non ! Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Faute à mes geôliers et aux prévôts ! Mes plus belles années parties en fumée à cause de gens mauvais ! Je reprendrais les mots d’un grand monsieur que je ne connais pas personnellement, mais qui, pour moi, est une véritable source de courage au vu de son parcours carcéral et de son refus de se laisser broyer par ce système carcéral et judiciaire, tout comme répressif, qui n’est autre que monsieur Laurent Jacqua qui, un jour de mars 2006 a écrit ceci, retenez-bien : « Sachez, pour votre gouverne, que sur un arrêt de jugement, on trouve la mention suivante : « Au nom du peuple français ». C’est donc en votre nom que sont appliquées toutes ces détentions « spéciales ». C’est aussi en votre nom que les prisonniers subissent la torture blanche dans tous les quartiers d’isolement de France ! Maintenant que vous le savez, l’acceptez-vous ? » À cela, je rajouterais humblement : et si c’était vous qui subissiez de telles choses, l’accepteriez-vous ? Hein ?! Quoi qu’il en soit, moi, bien qu’ayant subi l’indicible, je suis encore là sur le front ! Et fais et ferai toujours face et front, la tête haute, à mes bourreaux ! De manière pacifique en 1er lieu et, s’il faut protéger ma vie, par tout moyen légal et/ou illégal, afin de survivre et de ne pas mourir de leurs mains ! Pour terminer, bien que j’ai perdu bien des gens de ma famille – car la prison a détruit mes liens familiaux –, bien que j’ai physiquement, en 21 ans de cabane, sacrément morflé, que tout le monde sache que je suis encore bel et bien présent, encore debout, et ne laisserai jamais, ô non jamais, rien ni personne me tuer, me rabaisser au rang de « chose », ni faire de moi une marionnette de l’AP ! Y a pas d’arrangements, et y en aura jamais ! Courage à vous toutes les lionnes incarcérées, les loups incarcérés, les p’tits gremlins incarcérés, et à toutes celles et ceux enfermés partout ailleurs où on enferme en France – genre CRA et compagnie – qui ne se laissent pas marcher sur la tête par ce système meurtrier et assassin, destructeur et déshumanisant. Force, courage et détermination à vous toutes et tous ! Je suis rien ni personne ! Car, en prison, on est tous et toutes des détenu·e·s anonymes parmi les anonymes.
Au fait… moi c’est l’Infâme, juste pour info, pour celles et ceux qui me connaissent ! Un anonyme parmi tant d’autres. Et je veux survivre à la prison, pour vivre enfin, en toute liberté… un jour.
L’infâme
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Nous publions régulièrement des récits de mauvais traitements et de violences subis par des prisonnier.e.s. M. nous a déjà écrit il y a plusieurs mois pour dénoncer ses conditions d’enfermement à la maison d’arrêt (MA) d’Angoulême : surpopulation, manque d’accès aux soins, fouilles à répétition… Dans ce nouveau courrier, il raconte comment il a été mis au mitard sous un motif mensonger et privé du traitement médical qu’il doit prendre quotidiennement. La fragilité psy des prisonniers (et de toute personne enfermée entre quatre murs) est parfois utilisée contre eux et sert souvent à mettre encore un peu plus en doute leur parole. Pourtant, ce qu’ils vivent et dénoncent est tout aussi réel.
Lundi 28 Décembre 2020
Maison d’arrêt d’Angoulême,
« Aux traitements inhumains et dégradants, s’ajoute la torture. »
Je vous mets par écrit les faits, ceux qu’on m’a fait subir et ceux que je subis actuellement. Je peux vous dire que j’ai failli y laisser la vie. Les dysfonctionnements et négligences sont nombreux et récurrents. J’ai 43 ans, j’ai des fragilités psychologiques que l’administration pénitentiaire connaît parfaitement. Je ne souffre d’aucune pathologie psychiatrique, je suis dans la catégorie « état limite », avec une anxiété importante et des angoisses dépressives importantes. J’ai un suivi aléatoire. Je galère pour mes soins tant physiques que psychologiques. Aux traitements inhumains et dégradants, s’ajoute la torture. Torture blanche : des menaces de représailles de la part d’une minorité de surveillants (ils ne sont pas tous comme cela). Bavures et drames, entorses au droit et règlement sont légion. Des procédures non appliquées et des procédures abusives. J’ai aussi fait l’objet d’un article du journal local, la « Charente Libre », mensonger, où c’est avantageux pour eux seuls (les surveillants), où ils inversent les rôles, se font victimiser, et pleurnichent aussi. Trop d’abus, et mes droits les plus élémentaires sont bafoués, laissant place à une anarchie complète.
Déroulement des faits
Mercredi 18 Novembre, j’étais en forte tension psychique suite à quelques soucis familiaux graves cette semaine-là ; j’avais un rendez-vous avec ma psychologue de référence, j’ai attendu et essayé de gérer cette détresse seul.
Jeudi 19 : toujours aussi tendu, peu dormi et toujours pas vu ma psy.
Vendredi 20 : au petit matin, après une insomnie, je n’en pouvais plus. J’étais dans une grande souffrance. A 10h30, je décide de faire signe au surveillant de mon étage. Il appelle son collègue de l’UCSA, il l’a fait devant moi, le surveillant de l’UCSA lui a répondu : « C’est compliqué. » Encore un frein, ils me barrent l’accès à l’infirmerie, me laissant à la dérive alors que j’avais un rendez-vous de calé. Tout ceci aurait largement pu être évité. Ils m’ont laissé sciemment dans cet état, et dans mes retranchements, j’ai pris tout un stock de médicaments : 45 somnifères, 32 antidépresseurs et 12 Séresta. Mon codétenu m’a vu m’effondrer, il a immédiatement alerté. J’étais désespéré ; d’où mon acte. Une infirmière sympa est venue en cellule, elle m’a emmené à l’UCSA et elle a fait toutes les démarches pour me transférer d’urgence à l’hôpital de Giras (Angoulême).
Samedi 21, je me suis réveillé toujours pas bien, comateux, encore avec des médocs ; de plus, j’étais encore sous perfusion. Je tenais des propos incohérents ; pour Giras, j’étais tiré d’affaire, mais très loin d’être stabilisé. J’aurais dû aller en HP (hôpital psychiatrique).
En début d’après-midi, les surveillants de la MA sont venus me chercher. J’ai été entravé. J’étais bancal et ça les amusait.
J’aurais dû réintégrer ma cellule comme c’est la procédure ; ça n’a pas été le cas. La procédure classique en cas de velléités suicidaires, c’est CProU (cellule de protection d’urgence, dénoncée par de nombreuses personnes pour ses effets délétères) – Giras – HP – retour MA – cellule. Eux ont fait l’inverse avec un excès de zèle, malgré les recommandations du médecin-chef – ma psy – concernant les effets délétères de la CProU : j’y ai subi de mauvais traitements en octobre 2019 : j’ai dû boire l’eau des chiottes parce qu’on m’avait coupé l’eau. Torture blanche + traitement inhumain et dégradant. Donc de retour en MA, j’aurais dû réintégrer ma cellule ; eh bien non ! par ruse, on me dit d’aller chercher mon traitement. Je monte, et là on me dirige vers la CProU, ce qui n’est pas la procédure normale comme ils ont essayé de le dire. Il n’y avait aucune justification. Je n’étais pas suicidaire. Le lieu est hyper anxiogène et favorise fortement le passage à l’acte. Je n’ai pas voulu y rentrer. Ils voyaient que je n’étais pas bien. J’avais besoin de soins d’urgence, personne ne m’a écouté ! je ne voulais pas me déshabiller ; j’ai tenté de dialoguer : peine perdue. Ils se sont jetés sur moi à trois, puis à cinq ; j’ai été projeté au sol, écrasé par leur poids. J’ai hurlé si fort qu’on m’a entendu de loin, tellement ils me faisaient mal. La force employée était disproportionnée et injustifiée ! j’étais au sol, et quelques minutes après, j’entends une voix : « Ce con, il m’a fait mal ! » Le surveillant s’est fait mal en me mettant les menottes. La gradée condescendante a rétorqué : « Ah, il a mordu un surveillant », alors que rien n’était fait en face de moi, et puis : « Allez, hop ! au QD. » C’est un prétexte ; je me rappelle de tout, sauf d’avoir fait mal ou mordu.
« un des surveillant m’étrangle, et là je dis : « Je n’arrive plus à respirer. » »
Je suis un détenu exemplaire, pas violent d’ordinaire, je participe à tout, je suis instruit et j’essaie de défendre mes droits car ils sont peu, voire pas du tout respectés ; j’ai mis trois ans pour obtenir le règlement intérieur – et ça, la pénitentiaire n’aime pas ! Vers 15h30, après avoir été maîtrisé, je suis dans la coursive nord, au moment de la descente de l’escalier, un des surveillant m’étrangle, et là je dis : « Je n’arrive plus à respirer. » Au bout de l’escalier, la gradée lui a dit d’arrêter. J’étais blanc et je tanguais ; j’étais même HS.
« ils m’ont menacé : « Si tu portes plainte, tu auras des représailles. » »
Au QD, ils me jettent au sol avec une violence inouïe, puis ils m’arrachent mes vêtements violemment. je suis à poil, complètement passif. Ils me mettent à genoux, la tête face au mur. Toujours à poil, je reçois un coup dans le dos. Je m’éclate contre le mur et la grille d’aération, un autre surveillant lui dit d’arrêter. Il arrête. Il me balance un pyjama en papier et me dit : « Si tu le déchires, je te fous un coup de poing. » Ce type de pyjama se déchire en moins de cinq minutes si vous avez le malheur de bouger. Je suis resté plus de deux heures sans couverture et sans chauffage. J’étais à même le sol sur un matelas en mousse gonflé d’humidité. J’ai demandé mon traitement, ils me l’ont refusé. En sortant, ils m’ont menacé : « Si tu portes plainte, tu auras des représailles. » C’est inadmissible, inhumain et dégradant. Abus de pouvoir. Traité comme un vulgaire chien, et dans le dénuement le plus total. De plus, mon état mental n’était pas compatible avec le maintien au QD.
Sanction : vingt jours dont cinq avec sursis.
La cellule du QD
Pas de chauffage pendant treize jours. Juste deux jours de chauffage, le 30 novembre et le 1er décembre, pas d’eau au robinet, juste les chiottes qui fonctionnent ; j’ai dû la boire pendant quinze jours. Humidité + fuite de la fenêtre lorsqu’il pleut, matelas imbibé, mur à la peinture écaillée, odeur nauséabonde.
Samedi 21 Novembre : aucun accès au soin. Je n’ai pas eu mes deux traitements, aucune possibilité de faire constater mes blessures.
Dimanche 22 Novembre : juste une couverture et toujours le pyjama en papier. Au matin, provocation d’un surveillant : « T’es calmé ? » Pas d’eau chaude pour un café et pas de traitement.
Lundi 23 Novembre : plus de quarante-huit heures sans traitement. J’étais en manque, sale et privé de douche (douche au QD, lundi, mercredi et vendredi réglementaires), pas dormi depuis plus de quarante-huit heures, une insomnie due à la privation de traitement. Je me suis tordu de douleur. Je voulais en finir. Mes angoisses n’ont cessé de s’amplifier.
Vers 10h20, je passe au prétoire en état de manque, sans avocat. Ils ont bien vu que je n’allais pas bien du tout… rien.
Vers midi, un médecin arrive, mais n’ose pas entrer. J’ai juste vu une flopée de chefs et surveillants ; aucune auscultation. J’ai pourtant demandé à « voir » un doc.
Mercredi 25 Novembre : enfin une douche. Un souci : l’eau chaude sort directement, donc impossible de la prendre. Cinq jours crade. J’ai signalé au surveillant qui a fait le nécessaire.
Les chefs ont été corrects avec moi, et certains surveillants aussi ; je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Ce n’est qu’une poignée qui agissent mal. Ils ont essayé de me briser pendant quinze jours.
Jeudi 26 Novembre : enfin un surveillant humain, il m’a dit vu qu’il était présent à l’hôpital et à la CProU, que « ça se voyait que tu étais gazé », et lui n’a rien vu de particulier lorsque j’ai été maîtrisé ; il n’est pas OK avec ses collègues.
Vendredi 27 Novembre : Une vraie douche. Je suis resté sept jours consécutifs sans douche (entorse à la loi et au règlement).
Lundi 30 Novembre : parloir. Encore fouille à nu systématique ; cela fait plus de quatre mois que je suis en permanence mis à poil pour les parloirs sans aucun justificatif particulier… encore des abus.
Samedi 5 décembre : je regagne ma cellule.
Mardi 8 Décembre : le matin, on me refuse le linge en prétextant un changement dans le règlement, ce qui est bien évidemment faux. C’est le surveillant qui m’a donné un coup dans le dos, je ne m’étonne pas. Et j’ai finalement pu récupérer mon linge avec un bon surveillant. Des petits coups de vice gratuits.
Jeudi 10 Décembre : vers 17 heures, encore une brimade et un total manque de respect de ce surveillant, il est grand, gros, cheveux grisonnant, moustache : « Alors, le croqueur, c’est ton surnom ? ».
Samedi 12 Décembre : j’avais le culte, comme par hasard, ils me disent (la même équipe), « que je ne suis pas sur la liste ». Faux, violation d’un des articles de la loi du 24 Novembre 2009 concernant la santé, la culture, les fouilles, journaux, courriers, etc.
» Cette Maison d’Arrêt est un mouroir »
J’espère que vous allez prendre connaissance de tout et m’aider à faire valoir mes droits pour arrêter de subir… je suis traumatisé, ma santé décline et je dérive. Je me sens mourir ici, et je n’ai pas la totalité des soins. On est déconsidérés, traités comme des moins que rien. Ils violent même le code de la déontologie concernant la confidentialité (article 10 titre II), et nous mettent en péril. J’ai beau écrire à la cheffe de détention, au chef d’établissement, aucune réponse. A force, c’est très dur de prendre sur soi… j’attends toujours mon transfert ! J’irai jusqu’au bout avec mon avocate, j’ai trop de problèmes de santé et de moral. Cette MA est un mouroir.