Une lettre d’un prisonnier de la centrale de Moulins-Yzeure qui parle de l’isolement produit par la détention et en particulier pour les doubles peines mais aussi de la bagarre récente contre les restrictions de doublettes (droit de se retrouver dans une même cellule) et pour le droit de faire son ménage porte ouverte. Il raconte aussi l’exploitation du travail en détention et surtout qu’on a voulu lui faire fabriquer les uniformes des matons !
On lit deux lettres de prisonniers kanaks déportés en métropole suite à la répression des révoltes commencées au printemps dernier. On était revenu dans plusieurs émissions sur la répression judiciaire et carcérale de ce mouvement, et on avait déjà relayé des lettres de prisonniers kanaks déportés dans cette émission et dans celle-ci.
Un appel d’Arlette pour annoncer et expliquer les motivations d’un appel en cours à témoignage auprès des femmes trans incarcérées dans les différents lieux d’enfermement (prison, HP, …) pour parler des discriminations et répressions spécifiques qu’elles y subissent.
Agenda : réunion publique organisée par le comité Justice pour Mohamed Benmouna à Saint-Etienne (vendredi 24 janvier 2025 à 18h), pour discuter, se rencontrer et préparer un week-end de mobilisation contre les violences d’état, le racisme et les injustices en mars 2025.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
Il est presque rentré partout à l’intérieur, et chez tous les abonnés ! Abonnez-vous et/ou commandez-le via contact@lenvolee.net ! Retrouvez les lieux de dif’ en cliquant ici. Au sommaire :
« L’émotion est à son comble », lettre de Nadia – p.5
La peine de mort n’a jamais été abolie, des prisonniers troublent la fête d’anniversaire – p.7 * Lettres de 2021 de L’Infâme, Francis, Mounir, Daniel et Kémi
Matons violents en procès et familles en colère – p.15 * Homicide à la centrale de Saint-Martin-de-Ré * « On en a marre qu’ils salissent nos défunts » par Charlotte
A l’isolement – p.18 * « La nécessité d’une mise à jour », lettre de Libre Flot * « Le QI peut abattre même les plus durs d’entre nous », lettre de Mickaël
Des nouvelles de l’ami Papillon – p.25 Traque, enfermement, expulsions… Violence d’état contre les étranger·e·s – p. 26 * « La pénitentiaire disait… », lettre de J. * « A chaque avion qui décolle, on panique », entretien avec S. * Refus de test PCR, par La Sellette * Une expulsion en quatre-vingts tours du monde, par B. « On ne se met pas à la place de la personne retenue en Ehpad », entretien avec Christine R. – p.34 Lettre ouverte d’une Gilet jaune contre la répression, par Nia – p.36
Notes sur le procès des révoltes provoquées par la mort d’Adama Traoré en 2016 – p.38 Transphobie en prison – p. 42 * « Criminaliser les femmes qui se défendent » à propos du procès de Jennifer * « Je ne me sens plus en sécurité depuis l’agression que j’ai subi », lettre de A.
Covid ou pas covid, ce qui ne varie pas, c’est le mépris – p. 45
« J’ai écouté l’émission, j’ai été très ému », lettre de Y. – p. 46
Coin lecture – p. 47
Merci à Nia, Léo, Laurent, Svink et aux colleur·euse·s pour les illustrations du numéro !
Édito L’Envolée 54 – novembre 2021
S’il y a bien un « lien indissoluble entre la dictature et la peine de mort » – dixit Robert –, qu’en est-il du lien indissoluble entre l’État – sous quelque forme qu’il se présente – et la violence systémique de ses agents en armes ? Entre l’État et la torture blanche soigneusement invisibilisée dans ses prisons ? Toutes les prisons sont des couloirs de la mort ! Nous avons tenté de faire vivre cette vérité avec la sortie d’un livre, des discussions publiques, des affiches sur les murs…
Au même moment, le budget pénitentiaire 2022 était examiné à l’Assemblée nationale et, toujours sans surprise, «l’extension du parc immobilier pénitentiaire» concentre l’immense majorité de ces fonds publics. L’autre gros poste de dépense, c’est la sécurisation des prisons. À croire que les conclusions des États généraux de la justice ont déjà été tirées : c’est la poursuite du programme pénal amorcé à la fin des années 1970, avec toujours plus d’enfermement préventif, plus de délits mineurs poursuivis et des peines qui s’allongent. Ce budget s’inscrit tout simplement dans la continuité d’une politique de surenfermement de la population : 49 000 prisonniers en 2001, 70 000 en 2020, 80 000 à l’horizon 2027 – sans aucun lien avec une quelconque évolution de la démographie ou de la « délinquance ». Le lien, c’est du côté de l’appauvrissement du plus grand nombre qu’il faut le chercher, tandis qu’une frange non négligeable de la grande bourgeoisie en profite en assumant de plus en plus ouvertement l’option fasciste.
« Il faut s’opposer au passe sanitaire qui nous habitue un peu plus au contrôle de nos déplacements », tentent de crier des manifestant·e·s. C’est vrai… mais nous nous sommes bien habitués aux tentes d’exilés lacérées par des fonctionnaires de police ; nous nous sommes habitués à laisser crever des gens trente ans en prison ; nous nous sommes habitués à voir dissoudre des associations « islamistes », « gauchistes », « islamogauchistes »… Nous nous sommes habitués à ce qu’on bâtisse des murs pour éloigner les usagers de drogues ; nous nous sommes habitués à ce que les mots changent de sens et qu’« antifa » veuille dire fasciste dans la bouche des éditorialistes de garde ; à entendre un ministre des migrations proférer que les « murs des camps protègent les migrants »…
Nous nous sommes habitués ? Qui ça, « nous » ? La « majorité » ? Ça reste à voir ! Des collectifs s’organisent ici et là contre les constructions de prisons à venir, des prisonniers et des prisonnières continuent de se battre à l’intérieur ; des Gilets jaunes mutilés, des proches, tués au mitard ou dans la rue par la police s’organisent pour combattre la violence de l’État ! Et ça fait tout de même du monde !
L’Envolée se veut un porte-voix pour les prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait. Le journal publie des lettres, des comptes rendus de procès, et des analyses sur la société et ses lois. Il prolonge le travail mené par des émissions de radio qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, hors du contrôle de l’administration pénitentiaire (AP). Le journal est réalisé par des ex-prisonnier·e·s, des proches de prisonnier·e·s et d’autres qui savent que la prison plane au-dessus de nos têtes à tous. Il est primordial de faire exister la parole des prisonnier·e·s qui sont les mieux placés pour décrire leur quotidien, dénoncer leurs conditions de détention, les violences qu’ils et elles subissent et critiquer la prison. Une parole qui sort de la prison constitue un acte politique qui dérange l’ordre des choses, surtout quand cette parole est collective. Nous sommes convaincu·e·s que les mots inspirent et nourrissent la lutte contre la justice et l’enfermement. La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer. Prisons et justice servent principalement à enfermer la misère. En jouant son rôle de repoussoir social, l’enfermement carcéral produit la peur nécessaire au maintien de cette société. Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors. Ce journal existe depuis 2001 malgré les censures de l’AP, malgré les poursuites pour diffamation, malgré nos faibles moyens. Nous ne comptons que sur l’argent des abonnements extérieurs et des événements de soutien pour le financer. N’hésitez pas à écrire, à vous abonner et à abonner vos proches : pour les prisonniers et les prisonnières l’abonnement est gratuit.
Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. Règlement intérieur type, Article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale