A Fleury-Mérogis, le 4 mai 2016
Bonjour,
Nous vous écrivons de la MAF de Fleury-Mérogis pour vous informer des changements effectués par la direction concernant les horaires de promenade après le passage au système de promenade unique et de la suite des mouvements que nous, les prisonnières, avons réalisés.Nous constatons que le but de l’Administration Pénitentiaire est de restreindre les mouvements des prisonnières au minimum. Le système mis en place nous oblige à choisir entre prendre l’air 2 petites heures ou réaliser une autre activité que ce soit sportive ou culturelle. Si notre activité, et même notre parloir, coïncide avec la promenade ce jour-là nous ne sortons pas. Le week-end, comme nous vous l’avions déjà communiqué, il n’y a pas d’activités et, par contre, il y a souvent des parloirs, alors nous restons enfermées en cellule pendant des heures et des heures à attendre la promenade du lendemain. Alors nos demandes sont soit de remettre en place les deux promenades par jour, soit de prolonger le temps de la promenade de l’après-midi.
Après les protestations que nous avons réalisées ces dernières semaines le directeur adjoint, M. Parscau, nous avait demandé du temps pour faire quelques « ajustements » et pour réfléchir sur nos demandes concernant le week-end. Pendant ce temps quelques blocages ont été réalisés. Le week-end du 16 avril nous étions 6 personnes du côté condamné et 34 du côté prévenu encouragées par le soutien reçu de l’extérieur. Ce samedi-là nous avons entendu les cris des manifestant-es au loin et de l’intérieur nous avons essayé de nous faire entendre, ce qui nous a valu d’être escortées jusqu’aux parloirs sous la menace d’interrompre nos parloirs si nous persistions à crier. Nos proches nous ont transmis avec joie l’ambiance de l’extérieur, pour eux aussi c’est important de sentir que nous ne sommes pas seules dans notre lutte.
Et pendant ce temps la répression a continué. La commission d’aménagement des peines (CAP) du mois d’avril est passée. Des permissions de sortie et l’octroi de remise de peines ont été refusés pour plusieurs femmes ayant participé aux blocages. Après il s’est avéré qu’il y avait des documents manquants ou d’autres raisons pour ces refus, mais ils se sont bien chargés de noter les blocages comme en étant la cause. De notre côté nous avons décidé de rester systématiquement les deux heures en promenade, pas une minute de moins, ce qui nous coûte des tensions et des rapports au quotidien, mais au moins nous avons constaté que les matonnes ne se permettent pas de raccourcir autant le temps de la promenade.
Finalement, le résultat des profondes réflexions de la direction est arrivé et les « ajustements » se sont traduits par la mise en place d’un premier appel et la possibilité de réintégrer la promenade si on se trouvait ailleurs à condition qu’il reste au moins 20 minutes avant la fin. Concernant le week-end… maintenant les samedi et dimanche nous sortirons les après-midi de 15h00 à 17h00 !! C’est à dire que maintenant nous passerons toute la matinée enfermées. Ce changement n’arrange en rien notre situation, et pire, nous montre que la direction reste fixée sur le système de promenade unique de deux heures. Pas étonnant, avec ces gens c’est impossible de raisonner.
Nous parlons de conditions de vie dignes, ils parlent de règlement. Nous parlons d’entraide, de partage, eux parlent de « trafic ». Nous parlons d’humanité, ils parlent de textes de loi. Nous parlons de besoin de communiquer, de discuter, de se rencontrer, eux parlent de sécurité et d’isolement. Ils font leur loi, ils créent des systèmes de contrôle qui naissent des besoins de réprimer les problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés, c’est la machine qui s’alimente elle-même. C’est en nous menant à bout et en créant des tensions qu’ils justifient leur dérive sécuritaire et répressive.
Nous continuerons à nous battre pour des conditions dignes à l’intérieur comme vous le faites à l’extérieur. En espérant vous entendre à nouveau le samedi prochain nous envoyons une forte accolade enragée et solidaire à toutes celles et ceux qui luttent et résistent.
Des prisonnières de la MAF de Fleury-Mérogis
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