Présentation du journal l’Envolée n°63, d’août 2025 : lectures des textes « Le principe du serflex », « Dur D’entendre les Prisonnier.e.s Fâché.e.s » et « Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture »
Rediffusion d’une émission Mayday de Radio Canut : « Face à la peine ». « La surenchère des discours sécuritaires tient semaine après semaine le haut de l’affiche. Il faudrait punir toujours plus fermement ceux que l’on assigne comme racailles, barbares, ennemis de l’intérieur. Cette semaine à travers l’histoire d’un procès aux assises, on essaie de comprendre le fonctionnement de cette justice de classe. Quelles assignations sociales et raciales sont à l’œuvre dans la mécanique du jugement. Qu’est-ce que la punition répare réellement ? Comment l’ensemble de l’institution judiciaire œuvre à sauver une société profondément injuste ? » Nous rediffusons de larges extraits de ce programme, vous pouvez l’écouter en intégralité ainsi que les autres émissions Mayday ici.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
On lit une lettre de Pascal que l’administration pénitentiaire (AP) continue de faire galérer au centre national d’évaluation (CNE) de Réau, en attente de son transfert à la centrale Saint-Martin-De-Ré ; avec en prime pas de taf, de formation ou d’activité.
On relaie « TranSperce la taule », un appel à contribution pour les personnes trans qui subissent l’enfermement pour fabriquer un manuel d’autodéfense face à la prison pour les personnes transfems et leurs proches. On peut retrouver le texte d’appel en entier notamment ici. Et on peut réécouter l’émission de janvier dernier où on avait reçu un appel d’Arlette pour parler de ce projet et des violences particulières que subissent les personnes transfems à l’intérieur de la part des maton.es et du personnel médical.
On revient sur l’audience en appel qui s’est tenue le 25 septembre 2025 pour le recours de l’Envolée contre la censure par l’AP des n°55 et 56. Sans grande surprise, la justice administrative a validé le droit de l’administration a censurer un journal sur la seule base d’une menace pour le bon ordre des établissements pénitentiaires, l’équivalent à l’intérieur de la menace à l’ordre public dehors. Et peu importe finalement pour les juges que les écrits incriminés – le récit du procès des matons qui ont tué Sambaly Diabaté à Saint-Martin-de-Ré en 2016 – soient vérifiés.
On discute de l’actualité : un ancien président avec un mandat de dépôt à effet différé, les médias de gauche qui défendent l’idée d’une justice qui s’appliquerait à tous – alors qu’on sait ici que les prisons et les juges servent avant tout à enfermer les pauvres (on peut relire l’édito du n°62 à ce sujet).
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
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Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, et gratuit pour les prisonniers et prisonnières.
Sommaire :
Dur D’entendre les Prisonniers Fâchés : à propos de la vague d’actions d’avril 2025
« La guerre, Darmanin, c’est vous qui l’avez déclenchée » : appel de DDPF
Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture
« On ne leur cèdera pas un seul millimètre de notre dignité » : lettre de Rédoine depuis le QI contre les QLCO
Lettres de l’intérieur : « Les nouvelles de dehors font pas rêver » – Julien à Seysses « Selon leur humeur, soit ils te défoncent, soit ils te défoncent » – Kémi à Moulins « Les frigos en priorité, Madame ! » – Vivi aux Baumettes « Je veux rentrer chez moi en Guadeloupe » – Fabrice à Valence « Oui, la surpopulation est une réalité » – BN à Poitiers « Cessez de nous disséquer, de nous autopsier, nous sommes encore vivants ! » – Pascal à Réau
Mort d’Aubin au mitard de Fleury : la famille ne croit pas à la version de la pénitentiaire
Édito : Le principe du serflex
Lorsque des policiers masqués et armés clamaient le slogan du syndicat d’extrême droite Alliance « Le problème de la police, c’est la Justice » devant l’Assemblée nationale en mai 2021, leur ministre de tutelle était à leurs côtés. Problème réglé : maintenant qu’il est garde des sceaux, il continue à avancer à marche forcée vers toujours plus de brutalisation de la Justice. Après avoir bien dragué les syndicats de keufs, Darmanin a remis le couvert direct avec les syndicats de matons en lançant une grande croisade antitaulards.
Dans cette séquence boostée par l’instrumentalisation de l’évasion sanglante de Mohamed Amra en mai 2024, il ne se passe pas de jour sans que tombe une nouvelle annonce de mauvais augure pour les enfermé·es… Suppression des activités, commande de 3 000 nouvelles places de prison dans des préfabriqués, menace de faire payer des « frais d’incarcération » aux prisonnier·es… Et surtout, création de super « narcoprisons » à Vendin-le-Vieil, à Condé-sur-Sarthe et pourquoi pas jusqu’en Guyane – en attendant de « remettre du bon sens partout » avec une réforme de la Justice. Bref, il fait scrupuleusement tous les fonds de tiroir de l’arsenal répressif. Ça passe ou ça casse, mais c’est toujours tout bénéf pour la campagne présidentielle qu’il a déjà commencé à mener sur le dos des prisonniers et des prisonnières.
La création des quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) est une aubaine qui permet à Gérald d’occuper le devant de la scène dans la guerre contre les « narcotrafiquants », dont il a largement contribué à consolider la figure menaçante. Un écran de fumée pratique pour légitimer une offensive bien plus large. Le narcotrafic n’a aucune existence juridique : dans la loi, il est seulement question de « criminalité organisée ». Et pour tomber dans cette catégorie, il suffit de se faire coller une association de malfaiteurs, ou même d’en être simplement suspecté. C’est dire si cette formule recouvre un vaste éventail de crimes et de délits. Les QLCO viennent s’ajouter à toute une gamme d’établissements et de régimes de détention. C’est le dernier maillon de la chaîne de la pénalisation – pour le moment… Entre placement préventif à l’isolement et opacité des critères de sélection, ça permet de faire peur à tout le monde. C’est un niveau de déshumanisation inédit, et sur lequel il sera difficile de revenir, selon le principe du Serflex : même si les concurrents de Darmanin réussissent à lui balancer une peau de banane dans la dernière ligne droite, le mal sera fait. D’autant que, selon les dires d’un conseiller du ministère, « on a l’opinion publique avec nous ».
De mémoire d’Envolée, on avait jamais vu un tel engouement médiatique pour la com d’un ministre des tribunaux et des prisons. Le thème du remplissage de Vendin donne lieu à un véritable festival. Darmanin communique à chaque transfert, et la presse régionale jacasse chaque fois qu’un gars de chez eux est transféré. Chacun se passionne pour le « mercato des narcos » et le JDD se félicite que « sept profils à très haut risque [aient] été transférés […] pour isoler les têtes pensantes du narcobanditisme français ». De son côté, Le Figaro explique que « le pari est de mettre totalement sous cloche ces détenus pour les empêcher de poursuivre leurs juteuses affaires hors les murs et de commanditer crimes et exactions. » La prétendue « fuite » sur CNews et dans le JDD des fiches pénales des « détenus parmi les plus dangereux du pays » ne choque personne, elle donne lieu à une « plongée inédite dans les arcanes du crime organisé ». Et pour qu’on comprenne bien que c’est à tous·tes les prisonnier·es qu’il veut du mal, le ministre a même choisi de reporter d’une semaine l’inauguration de l’extension d’un établissement nîmois après avoir appris « l’existence d’une table de massage », et exigé qu’elle « soit retirée de la zone de détention et mise à disposition des personnels pénitentiaires ». La vraie nouveauté, c’est que Darmanin assume clairement qu’il faut plus de places en prison, mais pas pour que les taulard·es soient moins serré·es ; et que l’échelle des peines devenue échelle des tortures en vient carrément à constituer un argument électoral.
Une offensive de cette ampleur contre 85 000 prisonnier·es ne pouvait évidemment pas rester sans réponse : il y a eu la vague d’actions de DDPF (défense des droits des prisonniers français). La déclaration d’intention décrit une situation bien réelle, à savoir que c’est à tous·tes les prisonnier·es que la guerre est déclarée. Derrière les opérations spectaculaires et leur exploitation médiatique, il y a le quotidien et les résistances de tous les jours – comme le blocage du QI de Fresnes en mai dernier – qui continuent à éclater sporadiquement ici et là tandis que l’étau se resserre. Et puis, dès leur transfert, une trentaine de personnes ont déposé des recours auprès du tribunal administratif contre leur placement au QLCO de Vendin et contre les conditions de détention. À l’heure où nous bouclons ce numéro, soit à peine un mois après leur arrivée à Vendin, des prisonniers se sont coordonnés pour inonder leur cellule dans trois coursives en même temps. Le lendemain, ils ont recommencé et tambouriné sur les portes ; certains ont aussi annoncé leur intention de se mettre en grève de la faim illimitée à partir du 1er septembre… On dirait bien que c’est pas fini.
Ce numéro a été illustré par Antoine Bouraly. Vous pouvez retrouver son boulot sur instagram.com/antoine_bouraly
Le journal coûte 2 euros. Il est gratuit pour les prisonniers et prisonnières : demandez-le en nous contactant. Abonnez-vous en soutien (15euros par an) pour recevoir les futurs numéros, ou pour commander les 62 autres numéros : L’Envolée journal – FPP, 1 rue de la Solidarité – 75019 Paris ou contact@lenvolee.net
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal)
De notre envoyé spécial au QI (quartier d’isolement) de Strasbourg, juillet 2025 : comment les médias ont repris en chœur une mascarade policio-pénitentiaire… aussi ridicule que lourde de conséquences pour les prisonniers accusés à tort.
Écouter la lettre :
Salut, Je vous écrit pour vous raconter la vraie histoire de la « tentative d’évasion déjouée » du 22 juillet au QI de la MA (maison d’arrêt) de Strasbourg qui a défrayé la chronique dans tous les médias de France, et qui s’apparente plus a une réelle mascarade montée de toutes pièces.
Le 22 juillet tout se passait normalement au QI quand a 13h les surveillants ouvrent les portes les unes après les autres pour « contrôler » l’état des portes. En fait ils ont « découvert » sur une, des traces de coupures et ont du coup contrôlé toutes les autres. Au total ils ont trouvé 3 portes « sciées » : toutes de la même façon, dans le coin en bas a droite, proprement. Seul Hic, et pas des moindres, ces traces sont recouvertes par des traces de peinture.
Je précise d’ores et déjà que les 3 détenus des cellules concernés ne se sont jamais vu, jamais parlé, et n’ont strictement rien à voir entre eux (un Djihadiste islamiste, un lié à l’extrême droite, et un trafiquant… les deux derniers purgeant des peines courtes avec des dates de sorties proches, 13 jours plus tard pour l’un deux….).
« A ce moment précis PERSONNE n’imaginait qu’on allait oser parler d’une tentative d’évasion. »
Dans un premier temps il ne s’est rien passé de particulier, le service technique a posé une plaque de métal sur ces fameuses traces dans l’après midi même et basta. A ce moment précis PERSONNE n’imaginait qu’on allait oser parler d’une tentative d’évasion et que tout aller prendre autant d’ampleur. Il faut savoir que la MA de Strasbourg est réputé pour être dans un sale état, surpeuplée, y a des souris qui sont de passage dans les cellules, des fissures dans les murs, tout tombe en ruine un peu partout.
En fin d’après midi voici que des gradés sortis de je ne sais où, accompagnés du directeur adjoint, ouvrent les portes des mecs concernés pour une « remontrance » comme a l’école primaire. Ils demandent aux mecs ce que c’est et pourquoi ils ont fait ça, les 3 leurs répondent naturellement qu’ils n’ont rien a voir, que y a de la peinture dessus donc c’est bien la preuve que eux n’ont pas pu faire ça, qu’il n’y a aucun intérêt a scier une porte (Pour aller a la douche en pleine nuit peut être ? Y a encore 15 portes avant la sortie..). Surtout que l’un sort en janvier, et un autre 13 jours plus tard…… (Faut vraiment être le roi des abrutis pour tenter de s’évader par la porte 13 jours avant sa libération !) Y en a 2 des 3 qui étaient dans leurs cellules seulement depuis quelques semaines.. enfin bref les surveillants bégayent car ils se rendent bien compte qu’il y a trop d’équations dans le problème qu’il essayent de résoudre.
S’en suit une fouille des cellules concernées avec passage au Rayon X ou ils ne trouvent strictement rien pour appuyer leurs fabulations.
Tout l’isolement prend un peu le truc a la rigolade et se permet quelques blagues a la gamelle vu l’aberration de la situation et tout le monde pense que ça va s’arrêter là.
Mercredi 23 un des concernés arrive a échanger avec l’Auxi-peintre de l’étage a la fenêtre et lui demande si il avait déjà vu ses fameuses traces dans les portes et il lui répond : « C’est des grosses conneries, ils veulent vous niquer les gars, j’avais déjà remarqué ça en peignant la porte (d’un des 3) y a 2 ans et je l’ai montré au surveillant qui m’a répondu : « On s’en bat les, couilles repeint par-dessus ». Voilà un argument de taille qui fait vraiment dire a tout le monde que c’est la fin de l’histoire.
« Une dinguerie qui aurait pu rester une simple péripétie, si la suite n’avait pas eu autant d’impact sur la détention et la vie des gens. »
Sauf que le jeudi 24 au petit matin, les 3 concernés partent en garde a vue pour « tentative d’évasion » au comico de Strasbourg avec un beau cortège (toute la PJ mobilisée pour le transport et les auditions). Les GAV (gardes-à-vue) ont duré seulement 9h et les auditions en elles-mêmes entre 45min et 1h par tête, tellement qu’il n’y avait aucun éléments. Comment 3 personnes qui ne se sont jamais vu ni parlé et aux profils totalement différents, opposés voire même « ennemis », peuvent avoir l’idée commune de s’évader en sciant la porte? Comment 2 personnes libérables dans les prochains mois voir les prochains jours peuvent prévoir de s’évader? Comment ils peuvent scier une porte et repasser de la peinture par dessus? Des 2 cotés de la porte en plus?
Ils n’ont pas manqué de demander l’audition de l’auxi pour qu’ils puissent aussi témoigner et qui fut entendu le jour même. Une dinguerie, qui aurait pu rester une simple péripétie si la suite n’avait pas eu autant d’impact sur la détention et la vie des gens.
Fin de GAV, affaire classées sans suite. Mais l’auxi ayant dit qu’il avait déjà déclaré ceci au surveillant et dit ce qu’on lui a répondu, a été déclassé le jour même ! En gros « Ah t’as dis la vérité ? Bah tu vas plus bosser. »
Le pire c’est que toutes cette histoire a été vendue (sûrement par un commissaire voulant se faire mousser…) et jetée en pâtures aux médias, les mecs sont même pas encore rentrés en cellules qu’ils passent déjà avec nom prénom et photo dans tous les médias de France. « Tentative d’évasion déjouée par l’AP » qu’ils osent dire, quelle blague ! (…) C’est repris de médias en médias sans qu’aucun ne vérifie l’info, c’était trop beau pour eux. En plein été quand y a rien a dire : « Un islamiste, un fasciste, et un narcotrafiquant » qui tentent de s’évader ! Wha la dinguerie. La réalité c’est que c’est sûrement le service technique qui a tenté un truc sur les portes il y a de ça des années, sûrement pour faire une trappe ou que sais-je, ils ont repeint par dessus 2 ou 3 fois et tout le monde a oublié. Jusqu’à ce fameux jour où il fallait des coupables…
L’Auxi a donc été déclassé le jour même, un des trois (seulement un) est parti au mitard 30 jours pour « tentative d’évasion », alors que ça a été classé sans suite par la justice elle même, et donc en toute illégalité. Et la meilleure c’est que 2 jours après ils ont commencé les transferts, le 28 juillet, 6 détenus ont été transférés, dont un concerné, qui sortirait dans 10 jours et qui après avoir fait le Tour de France des médias avec des graves accusations mensongères, a déposé plainte avec son avocat contre l’Administration et contre les médias qui relayent des conneries sans vérifier. Ils niquent leurs vies en racontant des conneries et sans devoir rendre des comptes a qui que ce soit. Quelle honte…. « Allez, on va le transférer, sinon on va avoir des problèmes… »
A l’heure où je vous parle, tout le QI est fermé jusqu’en 2026 pour « travaux ». Les 17 détenus ont été transférés parfois à des centaines de kilomètres. Tant pis pour ceux qui étaient du coin, qui bossaient, qui sortaient bientôt, pour les familles qui avaient les parloirs…
« Comme d’hab’ tout le monde se planque même devant les plus grande injustice. »
On pense tous qu’il s’agit d’une mascarade orchestrée car tout le monde savait que ces traces de coupures n’étaient pas dues aux détenus et encore moins à ceux qui en ont été accusés. Certains surveillants sont au QI depuis 15 ans et ouvrent ces fameuses porte entre 5 et 10 fois par jour. Tout le monde savait ! Alors on se demande sérieusement si c’est pas un énorme coup de bluff pour toucher des subventions ou quoi pour remettre tout en état ! » Regardez, des détenus tentent de s’échapper, donnez nous vite les moyens de faire face ! «
Un des mis en cause a demandé une audience avec le capitaine, chef de l’étage en rentrant de GAV pour lui demander quel était ce bordel et comment on en arrive à la GAV alors que tous savaient qu’il n’avait rien à voir et que sa sortie était imminente. Le capitaine lui même s’est excusé (assez rare pour le souligner !) en disant qu’ils ont été complètement dépassés et que c’est le directeur adjoint qui s’en est mêlé, la DI (direction inter-régionale) et que c’est remonté jusqu’à la DAP (direction de l’administration pénitentiaire) qui a saisi le procureur, qu’ils ne pouvait rien faire à leur niveau malgré leurs conviction. En gros comme d’hab’ tout le monde se planque même devant les plus grande injustice.
Le grand ménage qu’ils on fait en transférant l’ensemble du QI sert d’ailleurs d’alibi pour eux, comme ça plus personne ne peut parler ni dire la vérité.
Voilà voilà, dans tout cela des mecs se retrouvent avec des saloperies (où rien n’est vrai) écrites sur eux dans la presse, et certains juste avant la « réinsertion », un autre au mitard pour 30 jours en toute illégalité et d’autres sans taff ou loin de leurs familles, tout ça pour rien.
Précisons aussi que les 3 mecs en question ont gagné leurs tickets à vie pour l’isolement grâce à ça, il y aura toujours une trace « tentative d’évasion » quelque part dans leurs dossier alors qu’il ne s’est rien passé.
Preuve s’il en fallait que l’AP font ce qu’ils veulent et font porter le chapeau pour tout et n’importe quoi a n’importe qui, même ceux a 10 jours de leurs libération. C’est juste incroyable. En plus d’être enfermé dans un endroit qualifié de « torture blanche » par les médecins, de pas dormir tranquille car les Ninjas viennent régulièrement vous soulever cagoule et calibre en main pour vous fouiller sans aucun motif, on peut aussi se faire accuser de faits complètement dingues sans aucune preuve…
Voilà pourquoi je vous écris car personne ne relayera ces paroles, les médias « mainstream » balancent leurs saloperies où rien n’est vrai mais ne diront jamais qu’ils se sont trompé.
Lettre de Rédoine Faïd contre les QLCO et tous les QHS modernes, juillet 2025.
A la centrale de Vendin-le-Vieil, depuis des années, Rédoine Faïd a testé un régime d’isolement carcéral excpetionnellement dur, qui est appliqué depuis juillet 2025 à des dizaines d’autres prisonniers dans le fameux « quartier de lutte contre la criminalité organisée » (QLCO) (voir ici ou là et encore là). À Vendin comme partout, les quartiers d’isolement (QI) et les QLCO ne sont que des variantes contemporaines des quartiers de haute sécurité (QHS), ces lieux de torture blanche théoriquement supprimés par Badinter en 1982 mais qui « ont toujours été là », comme il le souligne. Rédoine a réussi par deux fois ces derniers mois à faire condamner l’administration pénitentiaire pour les conditions qu’il endure. Pour ne pas modifier son régime d’isolement, ce qui aurait pu ouvrir la possibilité d’un assouplissement dans tout l’établissement, la direction l’a fait transférer au QI de Condé-sur-Sarthe… où il va pouvoir suivre les travaux de préparation d’un autre futur QLCO… Voici une lettre dans laquelle il analyse et dénonce la violence de ces régimes d’isolement, et d’une société qui les invente et les accepte.
Écouter la lettre :
Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, Le 24 juillet 2025
Bonjour L’Envolée,
Je reprends le stylo pour dire les choses. Et il faut bien le dire : la prison d’aujourd’hui manque cruellement d’humanité. Elle ne propose pas de retour à la vie. L’empathie, cette beauté qui transcende la grisaille du monde carcéral, d’où sort la conscience de la retenue, a disparu, remplacée par le QLCO, cette usine à frustrations. Au grand jour ! Privation de lumière, harcèlement sécuritaire, mobilité réduite, hygiaphone qui vous prive de la chaleur de vos proches ou de votre conjoint… Qui peut bien autoriser ces méthodes tellement fascisantes à l’égard d’un être humain ?
Nous ne sommes pas seulement isolés : on est coupés des nôtres, comme dans une salle d’attente où le temps ne passe pas, où l’heure du rendez-vous n’arrive jamais. L’ennui à l’isolement n’est pas qu’endémique, il est systémisé. Il est une mesure de rétorsion non écrite. Une arme administrative de destruction massive du genre humain qui vous tue à petit feu, sans laisser de trace – la signature des grands criminels. Dans ces conditions invivables, on n’a que le choix de se forcer à sortir seul se « promener » et faire du sport déraisonnablement. Souvent, on n’a pas envie. Mais face au danger physiologique qui guette, on se force. Notre cerveau et notre corps nous détestent, mais on s’en fout de tout dérégler. Nous sommes tous dans la survie. Il faut rester vivant, en bonne santé et vif d’esprit. Une priorité dans cet enfer. Les gens incarcérés à Vendin-le-Vieil sont des êtres très bousculés. C’est déjà un miracle que d’être encore debout en arrivant à Vendin, sachant qu’on arrive tous des QI des prisons de France où on a passé des années. Une femme ou un homme qui veut rester debout trouvera toujours un moyen. Parce que sa détermination est absolue… « La résistance est une renaissance », disait René Char. Nous sommes dans le combat pour rester vivants, mais aussi pour garder notre dignité.
« Nous sommes dans le combat pour rester vivants. »
Très franchement, je n’avais pas mesuré ce qu’était la dignité. Elle est un geste de consolation, de pudeur et de solidarité avec soi-même. Il faut écouter les êtres emprisonnés qui parlent de la dignité entre eux, comme s’ils ressentaient la même détresse, l’humiliation, les blessures qui leur ont été infligées. Des traumas qui sont eux aussi passés sous silence. On ne leur cédera pas un seul millimètre de notre dignité. Ce n’est pas négociable. À Vendin-le-Vieil, on doit affronter des ennemis impalpables, omniprésents : le confinement sévère des lieux et les effets du silence assourdissant. On nous dit que les QHS sont de retour, mais ils ont toujours été là. L’isolement, c’est le QHS ; ils ont juste changé l’appellation. C’est la même solitude, la même souffrance. Le QHS n’est pas une vie monastique, c’est une forme d’incarcération ultra-cruelle qu’on nous impose. Le rapport au temps, à la vie solitaire ou à l’enfermement provoque de graves troubles physiologiques qui deviennent irrémédiables sur la durée. Est-on entravés mentalement dans un espace clos ? L’isolement mène-t-il toujours à la réflexion ? Quand il est désiré, peut-être. Quand il est subi, c’est clairement impossible, du fait de la raréfaction des échanges, des stimuli cognitifs, de l’air et des mouvements. Une détention sans paroles dans un monde carcéral englouti par le silence, uniforme, submergé par le rien. Isolé. Sans secours. Sans connexions pour alerter ou prévenir. Il n’y a que la tension et l’appréhension. Le silence provoque en vous un déluge d’angoisse et de stress, sans droit de parole sur cette situation. Vous êtes condamné à vous taire.
Il y a pourtant un énorme besoin de sociabilité, mais personne ne vous aide à sortir de la solitude. Une vie intérieure nourrie de silences et d’ombres qui sèment le flou et le doute en vous. Quel malheur que d’y être emprisonné. C’est une sorte d’alternance sans repères de journées incarcérées et de nuits enfermées dans l’insomnie permanente, qui confine à un sommeil mortuaire. On est perdus entre l’oubli et l’absurde, à une frontière qui menace de s’effacer : celle qui sépare civilisation et barbarie. Comment ne pas devenir dingue dans un centre pénitentiaire comme celui de Vendin-le-Vieil ? Par un processus de rétorsion, le directeur de cet établissement se permet de déstabiliser votre métabolisme intérieur, soi-disant pour vous rendre docile ; et la banalisation de telles agressions provoque des maladies mentales. Personne en prison n’assume d’avoir sciemment dégradé la neurologie d’un prisonnier : « il était bipolaire », « il était dépressif » ou le classique « il était déjà fou avant ».
« Tout le monde devient une bombe à retardement. »
La société ne sait quasiment rien sur la question. Ce sont des faits largement sous-estimés : la violence psychologique subie par des personnes détenues en situation de vulnérabilité physiologique et les maltraitances infligées par le milieu carcéral sont révoltantes et odieuses. Une impunité inimaginable, irresponsable. Les névroses sont nombreuses et très graves (phobies, angoisses, délires hallucinatoires, etc.). Il faut savoir que les psychoses, c’est médicalement autre chose : être suivi toute sa vie, se battre contre soi-même… Le QI et le mitard portent une lourde responsabilité dans ces déviances inhumaines et obscènes à l’encontre des personnes emprisonnées ; tout le monde devient une bombe à retardement en puissance. Autrement dit, tout le monde peut se laisser déborder par le seum qui s’invite au cœur de l’ennui et révèle la sauvagerie enfouie, la névrose injectée par ce système abject, par un trop plein d’agressivité inattendue où la violence apparaît dans son plus simple appareil, gratuite, injuste, aléatoire.
Et paradoxalement, c’est la société qui sera aux premières loges pour assister à la chute. Là où on trouve le pire, et où un fait divers peut devenir un précipité de la violence ordinaire la plus abominable. La récidive, c’est ça. Et quand on empêche ces mecs en taule de changer ou de s’amender en les réduisant à de la merde, soyez sûrs qu’à leur sortie de prison ils respecteront les feux rouges, les pompiers et qu’ils diront « bonjour », « s’il vous plaît » et « au revoir » à la boulangère. Entendez bien que tout le monde sortira un jour de prison. Tout le monde. Et toutes ces bombes à retardement s’assiéront près de vous et de vos enfants dans le bus, le métro, le train, au cinéma… J’imagine aisément que vous préférez avoir près de vous des personnes calmes et apaisées. Logique. Alors, SVP, posez-vous donc la question : pourquoi les sortants de prison sont très violents, extrêmement agités ou complètement fracassés dans leur tête ? Les QLCO, les QI et les mitards ne font qu’accentuer cet état de fait. La société n’est pas dans le déni. Elle ne sait pas. Être à l’isolement, c’est la vie qui se traîne en équilibre fragile au-dessus d’un abîme de solitude, de détresse et d’indicibles chagrins. Le QHS est une esthétique de la dépression et de la cruauté administrative dont les pensionnaires sont tous des oubliés de l’existence, des invisibles et des infréquentables, où sourd le fracas de l’absurdité du monde carcéral. Le QHS est une plongée dans les entrailles d’un système répressif poisseux à l’humanité avilie, où la violence est toujours questionnée. On y passe des mois, des années, parfois une décennie et plus. On en revient brisé et blessé dans sa chair, résigné et cabossé, torturé par la solitude subie à outrance. On est coincé entre le monde des vivants et celui des morts.
« Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. »
Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. L’administration pénitentiaire se montre coupable, à travers ce régime à la noirceur absolue (sur le fond comme sur la forme), par des actes effroyables qui racontent l’enfermement dans sa violence cauchemardesque, et qui donnent matière à réflexion sur les causes de la récidive. Une détention sinistre, délabrée, où l’horizon assombri ne peut mener qu’au pire du pire. Le QLCO est un QHS géant à l’esthétique froide et inhumaine qui va industrialiser encore plus de violence et d’inégalités. Une fuite en avant dans l’oppression permanente. Un désastre humain sans précédent. Une absurdité schizophrénique caractérisant tellement la dérive du tout-sécuritaire hors-sol des caciques administratifs. Une non-réflexion dénuée de retenue, infusée, qui renvoie à la nature même de la justice, à la place des prisons dans notre société et à notre regard sur celles et ceux qui y vivent. La hideur morale accompagne souvent la déconfiture intellectuelle : il n’y a aucune réflexion politique et sociale dans ce décret anti-narco. C’est un énième contre-feu visant à faire diversion, à invisibiliser un défaitisme politique total sur la question de la consommation de la drogue en France. Et la cruauté du QLCO interroge sur la réaction de l’opinion – devenue hystérie collective – face à la criminalité et sa répression : c’est une sanction ? Une vengeance ? Une solution ? Le QLCO démontre clairement l’incapacité à régler le problème de la récidive. Cette brutalité nous révèle surtout combien la politique actuelle ne veut pas aider les personnes privées de liberté à retrouver une place dans la société.
Pourtant, le narcotrafic provient de la misère sociale que ces enfants de la dèche ont retournée contre eux. Ce qui leur arrive aujourd’hui est une immense tragédie. De base, tous ces mecs étaient des défavorisés brisés par la vie, par la réalité désœuvrée des quartiers difficiles. Une ghettoïsation qui les a dévorés tout cru. Ils ne sont que le résultat de l’incompétence politique et de l’inertie sociale et culturelle de nos banlieues. Un vide tchernobylien. Ainsi, on nous montre à présent les « narco-racailles » comme des animaux « ensauvagés » qu’il faudrait encager à tout prix, en les réduisant à des silhouettes sans âme. Et donc, finalement, on les confine encore et encore dans ce sentiment lourd de celui qui se sent toujours enfermé. Un vivre-ensemble que l’on ne veut pas élargir à tous les vivants. On crache démagogiquement et on défèque publiquement sur les droits humains et les libertés fondamentales qu’on ne respecte plus. On ment aux avocates et aux avocats. On défie la magistrature. On snobe la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme). On renvoie outrancièrement la question humaine à son reflet angoissant, trouble, qu’il faut nettoyer par la force et par le populisme. Que nous est-il arrivé ? Jean-Paul Sartre, l’immense Robert Badinter, Michel Foucault, Serge Livrozet utilisaient le terme « abolition » pour définir leur lutte politique visant à supprimer totalement l’existence des QHS dans notre démocratie. Parce qu’ils avaient la conviction que piétiner l’humanité en prison, c’est fabriquer inévitablement la division, la haine convulsive et le désordre total dans la société. Ni plus ni moins.
Retour du procès de l’attentat de Condé-sur-Sarthe
Émission de l’Envolée du vendredi 19 septembre 2025
AU PROGRAMME :
En juin 2025, nous avons suivi le procès de l’attentat qui avait eu lieu à la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019. Pendant une UVF (unité de vie familiale), le prisonnier Michaël Chiolo et sa compagne avaient blessé au couteau deux surveillants avant de se retrancher et de revendiquer leur acte au nom de l’État islamique. Le RAID était intervenu, avait blessé et arrêté M.Chiolo et tué par balle sa compagne.
Au procès, M.Chiolo a revendiqué son acte comme un attentat commis au nom de l’État islamique, ce que nous ne pouvons que désapprouver. Cela dit, dans cette émission, nous racontons et analysons ce procès pour deux raisons. Premièrement le principal accusé ne cesse de dénoncer la violence pénitentiaire et d’affirmer qu’elle a fait de lui ce qu’il est devenu. Deuxièmement, derrière le show médiatico-sécuritaire antiterroriste, cette audience a aussi mis en lumière la prison actuelle, la justice en général et la justice antiterroriste en particulier, qui a permis d’infliger des peines délirantes.
Nous situons l’attentat dans son contexte en rappelant l’histoire de la prison de Condé-sur-Sarthe, cette centrale sécuritaire ouverte en 2013 et qui a toujours infligé des conditions invivables. Les prisonniers y avaient obtenu collectivement quelques assouplissements, puis avaient subi un durcissement après l’arrivée du directeur Chapu (+ d’infos ici). Suite à l’attentat dont nous parlons aujourd’hui, les surveillants avaient protesté en bloquant la détention pendant deux semaines. Punissant ainsi collectivement tous les prisonniers et leurs proches en leur infligeant quinze jours insupportables (voir ici), ils avaient ensuite obtenu de la part de l’AP un nouveau durcissement des conditions de détention, qui ne font qu’empirer avec les projets actuels de QLCO de Darmanin.
En 2019, l’auteur de l’attentat et ses quatre co-accusés étaient tous prisonniers longues peines et enfermés au QMC 2 (quartier maison centrale) de Condé-sur-Sarthe, cette aile où l’administration pénitentiaire avait décidé de regrouper des prisonniers condamnés pour terrorisme islamiste ou soupçonnés d’être « radicalisés » – parfois sur la base de critère fumeux tels que le fait de s’être converti en prison alors qu’on était déjà musulman.
Au long du procès, tous les accusés ont régulièrement dénoncé la violence pénitentiaire comme la dénoncent habituellement de nombreux prisonniers et prisonnières. Si Chiolo a expliqué que c’est la prison qui avait fait de lui ce qu’il était devenu, nous ne pouvons que combattre la trajectoire politique qu’il a choisie, qui relève selon nous d’une forme de fascisme. Si nous avons décidé malgré tout de raconter ce procès, c’est parce que ses quatre co-accusés ont systématiquement nié le moindre lien avec cet acte et rejeté une quelconque sympathie avec ses motivations djihadistes, mais aussi parce que la dénonciation de la violence pénitentiaire formulée par les 5 accusés a systématiquement été occultée, sous prétexte de l’accusation de terrorisme.
Raconter ce procès, c’est enfin et surtout montrer comment la justice et l’administration pénitentiaire (par le biais de ses services de renseignement internes et de son logiciel de fichage Genesis) fabriquent de toute pièce une culpabilité terroriste pour les quatre co-accusés, qui se retrouvent là parce qu’ils se sont fréquentés en prison, alors même qu’ils ne cessent de le répéter : c’est l’AP qui les a enfermés ensemble, et les pratiques présentées par l’accusation comme des preuves de leur « association de malfaiteur terroriste » ou de leur complicité ne relèvent que de conduites ordinaires en détention. Chiolo a pris une peine extrêmement lourde : la perpétuité incompressible, qui n’avait été appliquée jusqu’ici que pour des homicides. Mais ses co-accusés ont aussi reçu des peines délirantes : perpétuité assortie de 30 ans de sûreté pour l’un, 20 et 12 ans pour les autres. Le dernier a été acquitté. Les seuls éléments qui ont justifié leurs peines sont des pratiques banales en détention : pratiquer des sports de combat ensemble, chuchoter, donner des vêtements, avoir des compagnes qui s’entraident, etc. Ces éléments seraient des preuves qu’ils ont constitué un « club des cinq », traduit pénalement par le crime d’ « association de malfaiteur terroriste ».
C’est une caricature poussée à l’extrême de la manière dont la justice en général construit la « vérité judiciaire » sur la base d’éléments toujours tournés en défaveur des accusés : quoi que l’on ait fait ou pas fait, ce sera toujours retenu à charge. C’est aussi un malheureux exemple de la manière dont tout comportement ordinaire en détention (apprendre la langue des signes, se fréquenter dans un gourbi, prêter sa console de jeux vidéo, etc.,) peut être employé par l’administration pénitentiaire pour imaginer des profils dangereux et les (mal)traiter comme tels.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), sur Instagram ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
à Lyon les 18 et 20 septembre 2025. Le non-lieu prononcé le 25 juin ne restera pas sans réponse ! Soyons nombreux-ses pour contester cette décision et soutenir le combat !
Texte d’appel :
Mort au mitard de la prison Lyon-Corbas. Le combat d’une mère pour la vérité.
Décision de non-lieu rendue le 24 juin 2025.
Je m’appelle Najet, je suis la maman de Idir Mederres, mort à 22 ans à la prison de Lyon Corbas, au mitard.
Ce jour là, le 9 septembre 2020, on m’a annoncé que mon fils s’était pendu dans sa cellule. On m’a dit que c’était un suicide. Mais je le dis aujourd’hui haut et fort : c’est faux. Ils ont volé sa vie, ils ont maquillé ça en suicide. Et je veillerai que son nom reste éternel.
Un traitement inhumain dans une cellule sans eau ni lumière
Idir était isolé dans une cellule du quartier disciplinaire, privé d’eau, de lumière, de dignité. Ils lui ont coupé l’eau et l’électricité. Il était contraint de boire l’eau des toilettes. Je l’ai vu à la morgue, il portait des traces de coups, des hématomes. Idir aimait la vie. Il avait des projets, il attendait la sortie, il pensait à sa famille.
5 ans de combat, 3 juges, 0 verité
Pendant 5 ans, j’ai vu 3 juges se succéder. Le premier juge avait commencé à enquêter sérieusement. Il a été muté. La deuxième juge ne retrouvait même pas le dossier du début. Une fois retrouvé, elle a disparu pendant des mois. Un troisième juge a refusé tous les actes demandés par nos avocats (reconstitutions, expertises, auditions) Le 24 juin 2025, cette même juge, de retour, a prononcé un non lieu. Aucune verité, aucune justice.
Idir n’est pas un dossier. C’est mon fils, il avait 22 ans.
Il voulait vivre. Il méritait la dignité, pas l’abandon. Je refuse qu’il soit une victime de plus dans un système qui humilie, isole, détruit. Je demande la réouverture du dossier, une enquête indépendante, la verité pour Idir et la fin de l’impunité carcérale. Je suis sa voix. Je ne me tairai jamais. Je suis une maman, et je suis debout pour lui.
Idir n’est pas un suicide. C’est un abandon, une maltraitance, un drame évitable. Mobilisons nous, parlons en, exigeons la verité
à la Bourse du Travail (salle C, 205 place Guichard, Lyon 03)
20 septembre 15h : marche au départ de Bellecour – Arrivée jean Macé
…et après la Manif, à L’Atelier des Canulards & Luttine* :
18h : bar /cantine Sérigraphie (tu peux aussi ramener tes T-shirts) Atelier d’ écriture aux prisonnier-es Vente affiches & T-shirts Prises de paroles associations anti carcérales et familles
De 19h a 23h45 : Open Mic & concerts de LOURS & MAZAGANG
*à l’Atelier des Canulars / La luttine, 91 rue Montesquieu, Lyon 7ème.
Émission de l’Envolée du vendredi 12 septembre 2025
AU PROGRAMME :
« Enfermer les étrangers : le juge et la rétention administrative » : nous rediffusons cette émission Tapage qui décrypte la violence judiciaire qui envoie de plus en plus d’étranger.e.s en CRA (centres de rétention administrative), pour des périodes de plus en plus longues, dans des conditions de plus en plus dures…
Puis nous rediffusons un extrait de l’interview de Mohamed au micro de l’Envolée en janvier 2022, qui raconte son expérience du CRA, la brutalité des conditions de détention et des gardiens-policiers, les résistances et solidarités des enfermés…
Annonce du Week-end contre les violences carcérales, en commémoration d’Idir Mederes, mort au mitard de la maison d’arrêt de Lyon Corbas le 9 septembre 2020. Depuis, ses proches se mobilisent pour dénoncer cette mort suspecte et la brutalité pénitentiaire.
Le 18 septembre, une conférence de presse sera l’occasion de revenir sur le non-lieu qui a été prononcé par la justice en juin 2025.
Le 20 septembre aura lieu une manifestation, départ 15h à Bellecour (Lyon).
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Émission de l’Envolée du vendredi 5 septembre 2025
Lettre de BN écrite du centre de détention (CD) de Poitiers Vivonne. Elle est dépitée de se retrouver en doublette en CD après son long passage au centre national d’évaluation (CNE) de Fresnes. Elle raconte les difficultés du travail à la buanderie de la taule et qu’elle continue aussi de son côté son activité d’écrivain public commencé à Fresnes. Elle revient aussi sur les déclarations récentes de Darmanin qui veut limiter le droit de vote des personnes enfermées aux scrutins nationaux.
Lettre de Fabrice envoyée de la maison centrale de Valence qui est de nouveau à l’isolement quelques mois après son transfert depuis Vendin où il a longuement bataillé contre des matons racistes. Malheureusement, la situation n’est pas meilleure à Valence … Il rappelle aussi que, même une fois sa peine officiellement terminée, il restera théoriquement interdit 5 ans de retourner en Guadeloupe, alors même que toutes ses bagarres à l’intérieur ont visé à obtenir son transfert chez lui.
Lettre de Rédoine envoyée de la prison de Vendin le Vieil, quelques jours avant son transfert à Condé sur Sarthe. Après avoir été condamné deux fois par un tribunal à améliorer ses conditions de détention, l’administration pénitentiaire (AP) a préféré le changer de taule plutôt que d’assouplir le régime de détention terrible qu’elle met actuellement en place à Vendin avec l’aménagement du premier quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO). Rédoine analyse ce nouvel avatar des quartiers de haute sécurité (QHS) et l’anéantissement physique et mental des êtres humains qu’il produit sciemment.
Ça a été le feuilleton médiatique de l’été : le remplissage du premier QLCO à Vendin le Vieil, la première « narcoprison » avec laquelle Darmanin continue à faire campagne sur le dos des prisonniers et des prisonnières. A chaque transfert, des articles sont sortis pour divulguer les fiches pénales des prisonniers que le parquet, le ministère ou l’AP font fuiter. Ce qui a permis de se rendre compte qu’une grande proportion des personnes enfermées dans ce nouveau QHS sont en détention provisoire.
Même pas un mois après que 88 prisonniers y ont été enfermés, le QLCO de Vendin a connu son premier mouvement collectif avec des inondations de cellule et de coursives, une grève de la faim collective, et un communiqué que nous relayons ici (et dispo sur insta ici).
Retour sur un épisode au quartier d’isolement (QI) de la maison d’arrêt de Strasbourg fin juillet, avec l’annonce d’une fausse tentative d’évasion d’abord largement relayée par la presse avant que l’AP n’étouffe l’affaire. Car les prisonniers qui ont raconté ce qui s’était vraiment passé décrivent une administration qui se couvre en montant un dossier de toute pièce et en accusant trois personnes enfermées à l’isolement pour masquer ses défaillances. En attendant, l’une d’elle a pris 30 jours de mitard pour rien …
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Nous relayons l’intégralité du communiqué de presse des grévistes… à faire tourner en solidarité avec les prisonniers et leurs proches.
Super cartel de Vendin le Vieil
Grève de la faim à partir du 1er septembre 2025
Nous, détenus, annonçons aujourd’hui une grève de la faim à compter du 1er septembre 2025.
Notre mouvement n’est pas dirigé contre nos conditions de détention mais contre les conditions inhumaines imposées à nos familles.
Nos familles paient le prix fort.
* Elles parcourent des centaines de kilomètres pour venir nous voir, parfois au détriment de leur santé, de leur travail, de leur équilibre.
* Au parloir, elles se retrouvent derrière un hygiaphone, dispositif justifié officiellement pour éviter l’introduction d’objets illicites. Pourtant, chacun sait qu’un portique à ondes millimétriques détecte déjà tout objet interdit. Même les surveillants témoignent que ce système sert avant tout à « casser psychologiquement » détenus et familles.
Une mise en scène indigne
* Les familles, y compris des enfants, sont accueillies par des agents cagoulés censés les impressionner. Pourtant, en détention même, les agents ne portent pas de cagoule.
* Les appels téléphoniques sont limités à deux fois par semaine, sur des créneaux restreints (8h-12h, 14h-16h). Or, à ces heures, les proches travaillent et les enfants sont à l’école.
* Rappelons que nos proches n’ont commis aucune faute : ils ont un casier vierge, ils paient leurs impôts et n’ont évidemment aucun numéro d’écrou.
La vérité contre les mensonges
Nous ne sommes pas violents avec les agents, seuls quelques individus isolés et déséquilibrés le sont. La vérité, c’est que les agents sont en sous-effectifs, et non 250 comme l’affirme le ministre de la Justice, Monsieur Gérald DARMANIN.
DARMANIN ment. Le délégué syndical David LACROIX ment.
Notre position
Votre rêve est de nous pousser à la violence. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Notre résistance sera pacifique mais déterminée.
Le 1er septembre 2025, nous entamerons une grève de la faim pour défendre la dignité de nos familles.