Halte à la vengeance infinie de l’administration pénitentiaire
Fabrice est un prisonnier guadeloupéen enfermé depuis 2010 et déporté en métropole en 2011. Depuis, il réclame son transfert en Guadeloupe auprès de ses proches qui ne peuvent pas venir lui rendre visite aussi loin – une double peine qu’il subit comme de nombreux autres prisonnier·e·s transféré·e·s des territoires colonisés. Fabrice a essayé de se faire entendre par tous les moyens. Ne recevant que mépris et répression en réponse, il est allé jusqu’à faire ce que l’administration pénitentiaire appelle des « prises d’otage » : il a retenu dans sa cellule des membres du personnel pénitentiaire dans l’espoir d’être enfin entendu. Matons, administration et institution judiciaire lui font payer ces actes de révolte par des représailles infinies. Il a été condamné à une vingtaine d’années supplémentaires à l’intérieur, alors qu’il était entré pour une peine de huit ans.
Pendant de longues années en quartier d’isolement – des lieux de destruction physique et psychique, il n’a été en contact qu’avec des surveillants casqués. Il a subi la violence d’escortes suréquipées, le menottage à chaque mouvement et les fouilles systématiques, les repas jetés par une trappe, l’impossibilité de voir un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) dans des conditions décentes…
Ce traitement a eu de graves conséquences sur la santé de Fabrice. En 2017, il a reçu deux grenades assourdissantes jetées par des surveillants dans sa douche. Ça l’a rendu sourd d’une oreille. Il a aussi souffert d’un grave ulcère à l’estomac provoqué par le stress. L’administration s’est cantonnée dans un refus de soins récurrent.
Jusqu’en mars 2025, à la prison de Vendin-le-Vieil, Fabrice a subi des injures et des provocations racistes pendant des mois. Il en a fait part à la direction de l’établissement, à la direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) Grand-Nord – Lille et à la direction de l’administration pénitentiaire (DAP). La DAP et la Disp ont répondu, mais sans rien faire pour mettre un terme à ces agissements.
Fabrice a tout de même obtenu un transfert à la maison centrale de Valence où il a été sorti d’isolement au mois de juin pour à peine quelques semaines, et ce pour la première fois depuis plus de treize ans!
Mais comme il a porté plainte contre les surveillants qui l’ont rendu sourd, l’administration pénitentiaire a repris les hostilités aussitôt. Elle l’a transféré à maison centrale sécuritaire de Condé-sur-Sarthe – son troisième transfert en un an. Il y est enfermé dans des conditions particulièrement dures, toujours au quartier d’isolement où des surveillants cagoulés et lourdement équipés le menottent et l’entravent à chaque sortie de cellule. Condé-sur-Sarthe est une des « fameuses » narcoprisons où sont mis en place les nouveaux QLCO (Quartier de lutte contre la criminalité organisée) – une réhabilitation explicite des QHS (quartiers de haute sécurité) du XXe siècle.
Nous lançons une campagne de solidarité avec Fabrice pour faire connaître son combat, pour briser un peu l’isolement et pour dire stop à la fonction coloniale et raciste de la prison. Il est important de relayer cet appel, la sécurité de Fabrice en dépend ! Et puis il y a une cagnotte, car en prison tout coûte cher : les cantines, le frigo, et surtout le téléphone pour la Guadeloupe.
Lettre ouverte d’une proche d’un prisonnier à Luynes qui revient sur la grève des matons qui bloquent la vie des personnes enfermées et de leurs proches, et sur les multiples condamnations de la France à la CEDH pour ses conditions d’incarcération qui restent lettre morte.
Lettre de BN qui continue de nous écrire de Poitiers-Vivonnes. Elle parle de l’absence totale d’activités pendant l’été, mais aussi à cause de la circulaire de Darmanin du début d’année. Elle continue de subir le surenfermement et doit partager sa cellule alors qu’elle est en centre de détention où l’accès aux soins, notamment psy, est très limité. Sans surprise, cela engendre de la violence entre les personnes enfermées.
Lettre de Fabrice envoyée avant son transfert à Condé sur Sarthe. Il revient sur l’agression qu’il a subi à Saint Maur en 2017 alors qu’il bloquait la douche pour dénoncer les humiliations et les injures racistes qu’il subissait quotidiennement. On lui a tiré des grenades assourdissante qui l’ont rendu sourd d’une oreille avant de l’enfermer au cachot sans aucun soin. Aujourd’hui, sa plainte a enfin été reçue et il écrit qu’il est content d’être enfin reconnu comme victime dans cette histoire.
On relaie un communiqué écrit par des proches de Fabrice pour faire parler de son histoire et de son combat et qui revient sur son long parcours carcéral en métropole, loin de la Guadeloupe d’où il est originaire (on peut le lire sur notre site ici).
On passe un enregistrement qui revient sur des mouvements au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes pour protester contre le fait que les prisonniers n’ont plus accès à la fouille (les affaires dont on les prive à leur arrivée au CRA) et n’ont plus d’eau chaude. Les personnes enfermées ont notamment refusé d’intégrer le réfectoire à plusieurs reprises et ont finalement obtenu le retour de l’eau chaude. Des membres du collectif A Bas les CRA y discutent avec des prisonniers du CRA de Vincennes sur les conditions d’enfermement déplorables et les luttes à l’intérieur (on peut retrouver d’autres paroles de personnes enfermées au CRA et d’autres textes sur le site du collectif).
Appel de Libre Flot et de Pierrot des éditions du Bout de la ville pour présenter le bouquin qui vient de sortir : « Anticiper le bruit sec des verrous ». « En 2017, comme tant d’autres militant.es internationalistes, Libre flot s’engage auprès des forces kurdes du Rojava pour défendre la révolution sociale alors attaquée par Daesh. À son retour, il est dans le viseur du Renseignement français qui, obsédé par les personnes revenues du front, échafaude autour de lui une affaire abracadabrante. Le 8 décembre 2020, Libre Flot est accusé avec six autres personnes « d’association de malfaiteurs terroriste ». Incarcéré près d’un an et demi en détention provisoire, il subit la « torture blanche » de l’isolement. Il écrit pour tâcher d’y survivre. Ses textes, d’une humanité bouleversante, auscultent la matière même de la conscience, qui s’atrophie inexorablement quand on la prive d’attachements. » Flot revient sur ses seize mois d’isolement, les routines pour tenir mentalement et physiquement, mais l’esprit et le corps qui se dégradent quand même, sans véritable accès aux soins.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
Correspondant chevronné de l’Envolée, Kémi a subi la violence pénitentiaire sous toutes ses formes : tabassages, longues années en quartier d’isolement (QI)… Lorsqu’il a atterri à la centrale de Moulins, en détention ordinaire, il a espéré voir enfin le bout du tunnel. Puis la répression l’a rattrapé sous forme de « gestion individualisée ». Il nous décrit cette innovation pénitentiaire qui permet d’étendre toujours plus la torture blanche de l’isolement en appliquant un régime isolé au sein même de la détention « ordinaire ». Il dénonce aussi l’étiquetage des prisonniers, qui sert à les réprimer à vie, et le buzz médiatique autour de Sarko : la compassion du bloc bourgeois envers un de ses membres incarcéré n’est que le revers du mépris social qui justifie l’écrasement de la population carcérale en général.
Maison centrale de Moulins-Yzeure 26 septembre 2025
Coucou les ami.es,
J’espère que vous allez toutes et tous bien ! Moi ça va, je suis en « gestion individualisée », en gros c’est le Q.I. en détention « ordinaire »… J’y suis depuis août après une embrouille avec un autre détenu. Je me suis retrouvé devant dix ou quinze matons avec un « pic » dans la main ! J’ai prévenu que je ne fais plus dans la « diplomatie », du coup suite à l’embrouille, ils m’ont mis en « gestion individuelle ». J’ai une heure de promenade par jour le matin, j’ai le droit de croiser personne, et ils bloquent tous les mouvements quand je dois me rendre à un rendez-vous ! Ils bloquent la taule rien que pour moi ! Au début, ils disaient que c’était pour ma « sécurité » mais quand ils m’ont dit ça, j’ai pété un plomb. Du coup, maintenant, c’est pour « garder un environnement sain » !! Ils ont de la suite dans les idées ! Je suis au QI ! Mais bon, je garde le moral quoi qu’il arrive, c’est le plus important, et l’avocate est sur un transfert dans le sud.
Quatorze ans que je galère derrière les murs, autant d’années de répression, la moitié en QI et tous les six mois, ils trouvent encore des trucs pour bien nous faire « subir » notre peine de dinosaure ! Ça fait dix ou onze ans que je suis DPS, donc j’ai droit à des « bonus » du menu de la pénitentiaire ! MDR la prison c’est un monde à part, mais la centrale c’est un univers à part ! On a des peines de ouf à faire, et rien n’est fait pour nous « réinsérer », si réinsertion il y a besoin ! Ils essaient de nous formater le cerveau, le pire c’est qu’ils y arrivent avec certain.es ! Les bobo disent qu’on est au « club med », et bien vous savez quoi ? On est au « club med » de l’enfer ! Imaginez 300 détenus enfermés dans 9 m² pour 10, 15, 20 ans ou perpète. 70 % n’ont plus aucun lien avec l’extérieur (la taule brise des familles!) et tous les jours, ils voient les mêmes personnes, les mêmes matons, rajoutez la parano, la jalousie, les rumeurs, etc.… Ils mangent la « gamelle », j’appelle plus ça le « repas », car si vous pouviez voir ce qu’ils nous servent, vous auriez la nausée ! N’oubliez pas la répression ! Si tu t’embrouilles avec un détenu ou un maton, tu vas au cachot, voire même au QI, car bien sûr, tu prends cher, très cher si tu t’embrouilles avec l’AP ! Ils ont les trucs légaux pour te faire mettre à genoux, mais souvent ils viennent avec leur équipement de CRS à quinze pour un mec et ils te boulonnent la tronche ! Le quartier VIP c’est pour les cols blancs ! On fait pas la prison ! On la subit et surtout nos proches !
Imaginez si votre fils ou frère ou poto ou mère, sœur, copain a le malheur d’être emprisonné et quand il/elle vous appelle de la cabine, et vous dit : « Ils m’ont pété les côtes » pour rien ! Ou si il/elle n’a pas les moyens de téléphoner mais vous ne recevez pas leurs lettres car l’AP les censure ! Moi j’ai la chance de pouvoir appeler mes ami.es de temps en temps et pareil pour les parlus, mais j’ai passé plusieurs années seul, mais vraiment seul donc je sais de quoi je parle !
La semaine dernière à la télé, ils disaient qu’il faut nous serrer la vis, mais ils disent qu’il faut pas mettre « Papy Sarko » en prison car c’est pas mérité ! Le pauvre, il mérite pas ça ! Et la mère ou le père de famille qui va en taule pour avoir volé à bouffer pour leurs gosses, ils méritent la prison ? Le ou la manifestant.e qui se retrouve en mandat de dépôt juste pour avoir voulu se faire entendre par la monarchie moderne, c’est mérité ? Faut ouvrir les yeux, car c’est incroyable comment les chaînes infos dirigées par les facho font tout pour faire peur aux citoyens classiques.
En plus, tout le monde est placé dans plusieurs « cases ». Moi j’ai eu droit à la mention « fin de suivi pour radicalisation », dans mes idées politiques, mes liens « persistants avec l’extrême-gauche » ! Sérieux ? Mdr ! Bientôt ils vont me dire qu’ils me soupçonnent d’avoir buté Kennedy ! K-ou, je suis né en 89 !
Ceux qui ont fait de la taule au quartier VIP, tu les vois sur les plateaux télé avec leur costard à 1978€, mais le ou la détenu.e qui a fait la vraie prison, on les laisse pas s’exprimer ! Y a un truc qui me rend fou en ce moment, c’est quand je vois le bobo expert en tout mais surtout rien, dire à la télé : « ouais la prison c’est un foyer » ! T’es qui toi pour dire ça, viens y a une cellule vide à côté de la mienne, viens, pas longtemps, juste trois mois et après retourne à la télé dire c’est quoi la prison ! Sinon ferme juste ta bouche ! Tous les membres du gouvernement sont mis en examen pour chacun un truc différent, pas un qui va en taule ! Et maintenant que Sarko va aller en taule, ils se chient dessus ! Mdr ! « C’est la France que l’on a humilié. » Mdr ! Bref ce soir je voulais partager ça avec vous, en espérant que vous aurez cette lettre !
Une émission préenregistrée consacrée à Robin Cotta qui a été tué par son codétenu aux Baumettes le 9 octobre 2024 et dont les proches se battent pour obtenir la justice en confrontant l’administration pénitentiaire à sa responsabilité dans cette mort.
On va d’abord écouté une émission réalisée par radio Zinzine avec Carole, la mère de Samuel, ami de Robin incarcéré en même temps que lui (vous pouvez retrouver l’émission ici – il faut cliquer sur le haut parleur pour que la piste audio puisse apparaître). On y entend les récits de Carole et de Samuel ainsi qu’un conte écrit en hommage à Robin (on a coupé les passages où on entendait Darmanin et une matonne syndiquée qui se justifiaient et seulement gardé les réponses que Carole leur faisait).
Le 11 octobre 2025, un an après le décès de Romain, ses proches ont organisé une marche blanche pour lui rendre hommage. On diffuse un enregistrement des prises de paroles faites à cette occasion.
On finit l’émission en revenant sur l’histoire de Mehdi Berroukeche, tué lui aussi par son codétenu au quartier semi liberté de la Talaudière le 28 décembre 2022. Une mobilisation à l’extérieur s’était organisée pour soutenir les prisonniers les QSL. On peut retrouver les textes publiés à ce moment sur un site d’info locale ici et là, et on peut réécouter l’émission de l’Envolée où on entendait des prisonniers du QSL de la Talaudière témoigner ici.
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Kemi à la centrale de Moulins : il est placé en « gestion individualisée », ce régime d’isolement au sein de la détention ordinaire qui permet d’étendre toujours plus cette torture blanche. Il dénonce aussi la manière dont l’étiquetage des prisonnier.e.s (« radicalisé », « extrême gauche »…) permet à l’AP de les réprimer à très long terme, et critique le mépris social envers la population carcérale, qui justifie son écrasement : « Les bobos disent qu’on est au Club Med, et ben vous savez-quoi ? On est au Club Med de l’enfer »
Fabrice au CP de Valence : une instruction a été ouverte suite à sa plainte contre des surveillants de Saint-Maur qui avaient jeté en 2017 une grenade assourdissante dans la douche de laquelle où il était, ce qui lui a causé de graves séquelles. Il exprime un espoir de pouvoir enfin être entendu, alors qu’il va aussi lui-même subir un procès pour cette histoire, les agents de l’état violents se couvrant toujours en accusant leurs victimes. Nous savons qu’il sera très difficile pour lui d’être écouté par la justice… Force et courage à lui ! Pour en savoir plus : écouter ici ou lire là
Aurélie au CP de Rennes face à l’arbitraire des règlements pénitentiaires et de leur application : courriers bloqués, virée de formation pour n’apprendre par assez vite, interdiction d’avoir plus de 30 photos en cellule…
Valentin à la MA de la Santé : incarcéré pour « violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique » (en manif), une accusation qui « masque une foret de vies brisées » par les violences policières et pénitentiaires, violences économiques, violences d’état raciste…
Entretien avec Nina, ancienne prisonnière et membre de l’AFDP, Accompagnement des familles de détenu(e)s et prévention : association fondée en juin 2025 qui propose informations et aide aux proches de prisonnier.e.s, face à la difficulté de prendre la parole et de trouver de l’aide et de l’info. L’association vise aussi à chercher l’empathie de l’opinion publique face à un « système contre-productif ». Elle agit au travers d’une cagnotte de soutien, d’un groupe de soutien Whats app, de lives et pages d’infos sur Tiktok… –> plus d’infos et tous les contacts ici : https://www.helloasso.com/associations/afdp … Nina est aussi l’autrice des musiques diffusées dans cette émission 😉
Actus :
Résultat du recours en appel au tribunal administratif contre la censure des numéros 55 et 56 de l’Envolée… (écouter plus de détails dans notre émission du 3 octobre) : nous pouvons annoncer officiellement que nous avons perdu… quelle surprise ! Ce que nous retenons, c’est que selon la justice : « La vérité au sujet de la violence pénitentiaire systémique est diffamatoire, donc censurable, même si tu prouves que ce que tu dis es vrai ». Les notes d’audience du procès des surveillants qui ont tué le prisonnier Sambaly Diabaté à Saint-Martin de Ré attestent qu’ils ont dit à la barre que les techniques qui ont entraîné la mort leur ont été enseignées au sein de l’AP à Fleury Merogis… Mais on a pas le droit de le dire et de le dénoncer dans un journal lu par des prisonnier.e.s.
Annonces de Darmanin sur l’ouverture de quatres QLCO (Quartiers de lutte contre la criminalité organisée) supplémentaires : les gouvernements passent, les darmadingueries restent. Ils prévoient une extension rapide et flippante d’une usine mortifère, des quartiers où l’isolement et la destruction des liens avec les proches sont poussés à leur paroxysme. Nous rappelons qu’il n’y a pas d’ »erreur de casting » : ce régime est ultra brutal et personne ne devrait le subir.
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Présentation du journal l’Envolée n°63, d’août 2025 : lectures des textes « Le principe du serflex », « Dur D’entendre les Prisonnier.e.s Fâché.e.s » et « Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture »
Rediffusion d’une émission Mayday de Radio Canut : « Face à la peine ». « La surenchère des discours sécuritaires tient semaine après semaine le haut de l’affiche. Il faudrait punir toujours plus fermement ceux que l’on assigne comme racailles, barbares, ennemis de l’intérieur. Cette semaine à travers l’histoire d’un procès aux assises, on essaie de comprendre le fonctionnement de cette justice de classe. Quelles assignations sociales et raciales sont à l’œuvre dans la mécanique du jugement. Qu’est-ce que la punition répare réellement ? Comment l’ensemble de l’institution judiciaire œuvre à sauver une société profondément injuste ? » Nous rediffusons de larges extraits de ce programme, vous pouvez l’écouter en intégralité ainsi que les autres émissions Mayday ici.
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On lit une lettre de Pascal que l’administration pénitentiaire (AP) continue de faire galérer au centre national d’évaluation (CNE) de Réau, en attente de son transfert à la centrale Saint-Martin-De-Ré ; avec en prime pas de taf, de formation ou d’activité.
On relaie « TranSperce la taule », un appel à contribution pour les personnes trans qui subissent l’enfermement pour fabriquer un manuel d’autodéfense face à la prison pour les personnes transfems et leurs proches. On peut retrouver le texte d’appel en entier notamment ici. Et on peut réécouter l’émission de janvier dernier où on avait reçu un appel d’Arlette pour parler de ce projet et des violences particulières que subissent les personnes transfems à l’intérieur de la part des maton.es et du personnel médical.
On revient sur l’audience en appel qui s’est tenue le 25 septembre 2025 pour le recours de l’Envolée contre la censure par l’AP des n°55 et 56. Sans grande surprise, la justice administrative a validé le droit de l’administration a censurer un journal sur la seule base d’une menace pour le bon ordre des établissements pénitentiaires, l’équivalent à l’intérieur de la menace à l’ordre public dehors. Et peu importe finalement pour les juges que les écrits incriminés – le récit du procès des matons qui ont tué Sambaly Diabaté à Saint-Martin-de-Ré en 2016 – soient vérifiés.
On discute de l’actualité : un ancien président avec un mandat de dépôt à effet différé, les médias de gauche qui défendent l’idée d’une justice qui s’appliquerait à tous – alors qu’on sait ici que les prisons et les juges servent avant tout à enfermer les pauvres (on peut relire l’édito du n°62 à ce sujet).
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
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Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, et gratuit pour les prisonniers et prisonnières.
Sommaire :
Dur D’entendre les Prisonniers Fâchés : à propos de la vague d’actions d’avril 2025
« La guerre, Darmanin, c’est vous qui l’avez déclenchée » : appel de DDPF
Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture
« On ne leur cèdera pas un seul millimètre de notre dignité » : lettre de Rédoine depuis le QI contre les QLCO
Lettres de l’intérieur : « Les nouvelles de dehors font pas rêver » – Julien à Seysses « Selon leur humeur, soit ils te défoncent, soit ils te défoncent » – Kémi à Moulins « Les frigos en priorité, Madame ! » – Vivi aux Baumettes « Je veux rentrer chez moi en Guadeloupe » – Fabrice à Valence « Oui, la surpopulation est une réalité » – BN à Poitiers « Cessez de nous disséquer, de nous autopsier, nous sommes encore vivants ! » – Pascal à Réau
Mort d’Aubin au mitard de Fleury : la famille ne croit pas à la version de la pénitentiaire
Édito : Le principe du serflex
Lorsque des policiers masqués et armés clamaient le slogan du syndicat d’extrême droite Alliance « Le problème de la police, c’est la Justice » devant l’Assemblée nationale en mai 2021, leur ministre de tutelle était à leurs côtés. Problème réglé : maintenant qu’il est garde des sceaux, il continue à avancer à marche forcée vers toujours plus de brutalisation de la Justice. Après avoir bien dragué les syndicats de keufs, Darmanin a remis le couvert direct avec les syndicats de matons en lançant une grande croisade antitaulards.
Dans cette séquence boostée par l’instrumentalisation de l’évasion sanglante de Mohamed Amra en mai 2024, il ne se passe pas de jour sans que tombe une nouvelle annonce de mauvais augure pour les enfermé·es… Suppression des activités, commande de 3 000 nouvelles places de prison dans des préfabriqués, menace de faire payer des « frais d’incarcération » aux prisonnier·es… Et surtout, création de super « narcoprisons » à Vendin-le-Vieil, à Condé-sur-Sarthe et pourquoi pas jusqu’en Guyane – en attendant de « remettre du bon sens partout » avec une réforme de la Justice. Bref, il fait scrupuleusement tous les fonds de tiroir de l’arsenal répressif. Ça passe ou ça casse, mais c’est toujours tout bénéf pour la campagne présidentielle qu’il a déjà commencé à mener sur le dos des prisonniers et des prisonnières.
La création des quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) est une aubaine qui permet à Gérald d’occuper le devant de la scène dans la guerre contre les « narcotrafiquants », dont il a largement contribué à consolider la figure menaçante. Un écran de fumée pratique pour légitimer une offensive bien plus large. Le narcotrafic n’a aucune existence juridique : dans la loi, il est seulement question de « criminalité organisée ». Et pour tomber dans cette catégorie, il suffit de se faire coller une association de malfaiteurs, ou même d’en être simplement suspecté. C’est dire si cette formule recouvre un vaste éventail de crimes et de délits. Les QLCO viennent s’ajouter à toute une gamme d’établissements et de régimes de détention. C’est le dernier maillon de la chaîne de la pénalisation – pour le moment… Entre placement préventif à l’isolement et opacité des critères de sélection, ça permet de faire peur à tout le monde. C’est un niveau de déshumanisation inédit, et sur lequel il sera difficile de revenir, selon le principe du Serflex : même si les concurrents de Darmanin réussissent à lui balancer une peau de banane dans la dernière ligne droite, le mal sera fait. D’autant que, selon les dires d’un conseiller du ministère, « on a l’opinion publique avec nous ».
De mémoire d’Envolée, on avait jamais vu un tel engouement médiatique pour la com d’un ministre des tribunaux et des prisons. Le thème du remplissage de Vendin donne lieu à un véritable festival. Darmanin communique à chaque transfert, et la presse régionale jacasse chaque fois qu’un gars de chez eux est transféré. Chacun se passionne pour le « mercato des narcos » et le JDD se félicite que « sept profils à très haut risque [aient] été transférés […] pour isoler les têtes pensantes du narcobanditisme français ». De son côté, Le Figaro explique que « le pari est de mettre totalement sous cloche ces détenus pour les empêcher de poursuivre leurs juteuses affaires hors les murs et de commanditer crimes et exactions. » La prétendue « fuite » sur CNews et dans le JDD des fiches pénales des « détenus parmi les plus dangereux du pays » ne choque personne, elle donne lieu à une « plongée inédite dans les arcanes du crime organisé ». Et pour qu’on comprenne bien que c’est à tous·tes les prisonnier·es qu’il veut du mal, le ministre a même choisi de reporter d’une semaine l’inauguration de l’extension d’un établissement nîmois après avoir appris « l’existence d’une table de massage », et exigé qu’elle « soit retirée de la zone de détention et mise à disposition des personnels pénitentiaires ». La vraie nouveauté, c’est que Darmanin assume clairement qu’il faut plus de places en prison, mais pas pour que les taulard·es soient moins serré·es ; et que l’échelle des peines devenue échelle des tortures en vient carrément à constituer un argument électoral.
Une offensive de cette ampleur contre 85 000 prisonnier·es ne pouvait évidemment pas rester sans réponse : il y a eu la vague d’actions de DDPF (défense des droits des prisonniers français). La déclaration d’intention décrit une situation bien réelle, à savoir que c’est à tous·tes les prisonnier·es que la guerre est déclarée. Derrière les opérations spectaculaires et leur exploitation médiatique, il y a le quotidien et les résistances de tous les jours – comme le blocage du QI de Fresnes en mai dernier – qui continuent à éclater sporadiquement ici et là tandis que l’étau se resserre. Et puis, dès leur transfert, une trentaine de personnes ont déposé des recours auprès du tribunal administratif contre leur placement au QLCO de Vendin et contre les conditions de détention. À l’heure où nous bouclons ce numéro, soit à peine un mois après leur arrivée à Vendin, des prisonniers se sont coordonnés pour inonder leur cellule dans trois coursives en même temps. Le lendemain, ils ont recommencé et tambouriné sur les portes ; certains ont aussi annoncé leur intention de se mettre en grève de la faim illimitée à partir du 1er septembre… On dirait bien que c’est pas fini.
Ce numéro a été illustré par Antoine Bouraly. Vous pouvez retrouver son boulot sur instagram.com/antoine_bouraly
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De notre envoyé spécial au QI (quartier d’isolement) de Strasbourg, juillet 2025 : comment les médias ont repris en chœur une mascarade policio-pénitentiaire… aussi ridicule que lourde de conséquences pour les prisonniers accusés à tort.
Écouter la lettre :
Salut, Je vous écrit pour vous raconter la vraie histoire de la « tentative d’évasion déjouée » du 22 juillet au QI de la MA (maison d’arrêt) de Strasbourg qui a défrayé la chronique dans tous les médias de France, et qui s’apparente plus a une réelle mascarade montée de toutes pièces.
Le 22 juillet tout se passait normalement au QI quand a 13h les surveillants ouvrent les portes les unes après les autres pour « contrôler » l’état des portes. En fait ils ont « découvert » sur une, des traces de coupures et ont du coup contrôlé toutes les autres. Au total ils ont trouvé 3 portes « sciées » : toutes de la même façon, dans le coin en bas a droite, proprement. Seul Hic, et pas des moindres, ces traces sont recouvertes par des traces de peinture.
Je précise d’ores et déjà que les 3 détenus des cellules concernés ne se sont jamais vu, jamais parlé, et n’ont strictement rien à voir entre eux (un Djihadiste islamiste, un lié à l’extrême droite, et un trafiquant… les deux derniers purgeant des peines courtes avec des dates de sorties proches, 13 jours plus tard pour l’un deux….).
« A ce moment précis PERSONNE n’imaginait qu’on allait oser parler d’une tentative d’évasion. »
Dans un premier temps il ne s’est rien passé de particulier, le service technique a posé une plaque de métal sur ces fameuses traces dans l’après midi même et basta. A ce moment précis PERSONNE n’imaginait qu’on allait oser parler d’une tentative d’évasion et que tout aller prendre autant d’ampleur. Il faut savoir que la MA de Strasbourg est réputé pour être dans un sale état, surpeuplée, y a des souris qui sont de passage dans les cellules, des fissures dans les murs, tout tombe en ruine un peu partout.
En fin d’après midi voici que des gradés sortis de je ne sais où, accompagnés du directeur adjoint, ouvrent les portes des mecs concernés pour une « remontrance » comme a l’école primaire. Ils demandent aux mecs ce que c’est et pourquoi ils ont fait ça, les 3 leurs répondent naturellement qu’ils n’ont rien a voir, que y a de la peinture dessus donc c’est bien la preuve que eux n’ont pas pu faire ça, qu’il n’y a aucun intérêt a scier une porte (Pour aller a la douche en pleine nuit peut être ? Y a encore 15 portes avant la sortie..). Surtout que l’un sort en janvier, et un autre 13 jours plus tard…… (Faut vraiment être le roi des abrutis pour tenter de s’évader par la porte 13 jours avant sa libération !) Y en a 2 des 3 qui étaient dans leurs cellules seulement depuis quelques semaines.. enfin bref les surveillants bégayent car ils se rendent bien compte qu’il y a trop d’équations dans le problème qu’il essayent de résoudre.
S’en suit une fouille des cellules concernées avec passage au Rayon X ou ils ne trouvent strictement rien pour appuyer leurs fabulations.
Tout l’isolement prend un peu le truc a la rigolade et se permet quelques blagues a la gamelle vu l’aberration de la situation et tout le monde pense que ça va s’arrêter là.
Mercredi 23 un des concernés arrive a échanger avec l’Auxi-peintre de l’étage a la fenêtre et lui demande si il avait déjà vu ses fameuses traces dans les portes et il lui répond : « C’est des grosses conneries, ils veulent vous niquer les gars, j’avais déjà remarqué ça en peignant la porte (d’un des 3) y a 2 ans et je l’ai montré au surveillant qui m’a répondu : « On s’en bat les, couilles repeint par-dessus ». Voilà un argument de taille qui fait vraiment dire a tout le monde que c’est la fin de l’histoire.
« Une dinguerie qui aurait pu rester une simple péripétie, si la suite n’avait pas eu autant d’impact sur la détention et la vie des gens. »
Sauf que le jeudi 24 au petit matin, les 3 concernés partent en garde a vue pour « tentative d’évasion » au comico de Strasbourg avec un beau cortège (toute la PJ mobilisée pour le transport et les auditions). Les GAV (gardes-à-vue) ont duré seulement 9h et les auditions en elles-mêmes entre 45min et 1h par tête, tellement qu’il n’y avait aucun éléments. Comment 3 personnes qui ne se sont jamais vu ni parlé et aux profils totalement différents, opposés voire même « ennemis », peuvent avoir l’idée commune de s’évader en sciant la porte? Comment 2 personnes libérables dans les prochains mois voir les prochains jours peuvent prévoir de s’évader? Comment ils peuvent scier une porte et repasser de la peinture par dessus? Des 2 cotés de la porte en plus?
Ils n’ont pas manqué de demander l’audition de l’auxi pour qu’ils puissent aussi témoigner et qui fut entendu le jour même. Une dinguerie, qui aurait pu rester une simple péripétie si la suite n’avait pas eu autant d’impact sur la détention et la vie des gens.
Fin de GAV, affaire classées sans suite. Mais l’auxi ayant dit qu’il avait déjà déclaré ceci au surveillant et dit ce qu’on lui a répondu, a été déclassé le jour même ! En gros « Ah t’as dis la vérité ? Bah tu vas plus bosser. »
Le pire c’est que toutes cette histoire a été vendue (sûrement par un commissaire voulant se faire mousser…) et jetée en pâtures aux médias, les mecs sont même pas encore rentrés en cellules qu’ils passent déjà avec nom prénom et photo dans tous les médias de France. « Tentative d’évasion déjouée par l’AP » qu’ils osent dire, quelle blague ! (…) C’est repris de médias en médias sans qu’aucun ne vérifie l’info, c’était trop beau pour eux. En plein été quand y a rien a dire : « Un islamiste, un fasciste, et un narcotrafiquant » qui tentent de s’évader ! Wha la dinguerie. La réalité c’est que c’est sûrement le service technique qui a tenté un truc sur les portes il y a de ça des années, sûrement pour faire une trappe ou que sais-je, ils ont repeint par dessus 2 ou 3 fois et tout le monde a oublié. Jusqu’à ce fameux jour où il fallait des coupables…
L’Auxi a donc été déclassé le jour même, un des trois (seulement un) est parti au mitard 30 jours pour « tentative d’évasion », alors que ça a été classé sans suite par la justice elle même, et donc en toute illégalité. Et la meilleure c’est que 2 jours après ils ont commencé les transferts, le 28 juillet, 6 détenus ont été transférés, dont un concerné, qui sortirait dans 10 jours et qui après avoir fait le Tour de France des médias avec des graves accusations mensongères, a déposé plainte avec son avocat contre l’Administration et contre les médias qui relayent des conneries sans vérifier. Ils niquent leurs vies en racontant des conneries et sans devoir rendre des comptes a qui que ce soit. Quelle honte…. « Allez, on va le transférer, sinon on va avoir des problèmes… »
A l’heure où je vous parle, tout le QI est fermé jusqu’en 2026 pour « travaux ». Les 17 détenus ont été transférés parfois à des centaines de kilomètres. Tant pis pour ceux qui étaient du coin, qui bossaient, qui sortaient bientôt, pour les familles qui avaient les parloirs…
« Comme d’hab’ tout le monde se planque même devant les plus grande injustice. »
On pense tous qu’il s’agit d’une mascarade orchestrée car tout le monde savait que ces traces de coupures n’étaient pas dues aux détenus et encore moins à ceux qui en ont été accusés. Certains surveillants sont au QI depuis 15 ans et ouvrent ces fameuses porte entre 5 et 10 fois par jour. Tout le monde savait ! Alors on se demande sérieusement si c’est pas un énorme coup de bluff pour toucher des subventions ou quoi pour remettre tout en état ! » Regardez, des détenus tentent de s’échapper, donnez nous vite les moyens de faire face ! «
Un des mis en cause a demandé une audience avec le capitaine, chef de l’étage en rentrant de GAV pour lui demander quel était ce bordel et comment on en arrive à la GAV alors que tous savaient qu’il n’avait rien à voir et que sa sortie était imminente. Le capitaine lui même s’est excusé (assez rare pour le souligner !) en disant qu’ils ont été complètement dépassés et que c’est le directeur adjoint qui s’en est mêlé, la DI (direction inter-régionale) et que c’est remonté jusqu’à la DAP (direction de l’administration pénitentiaire) qui a saisi le procureur, qu’ils ne pouvait rien faire à leur niveau malgré leurs conviction. En gros comme d’hab’ tout le monde se planque même devant les plus grande injustice.
Le grand ménage qu’ils on fait en transférant l’ensemble du QI sert d’ailleurs d’alibi pour eux, comme ça plus personne ne peut parler ni dire la vérité.
Voilà voilà, dans tout cela des mecs se retrouvent avec des saloperies (où rien n’est vrai) écrites sur eux dans la presse, et certains juste avant la « réinsertion », un autre au mitard pour 30 jours en toute illégalité et d’autres sans taff ou loin de leurs familles, tout ça pour rien.
Précisons aussi que les 3 mecs en question ont gagné leurs tickets à vie pour l’isolement grâce à ça, il y aura toujours une trace « tentative d’évasion » quelque part dans leurs dossier alors qu’il ne s’est rien passé.
Preuve s’il en fallait que l’AP font ce qu’ils veulent et font porter le chapeau pour tout et n’importe quoi a n’importe qui, même ceux a 10 jours de leurs libération. C’est juste incroyable. En plus d’être enfermé dans un endroit qualifié de « torture blanche » par les médecins, de pas dormir tranquille car les Ninjas viennent régulièrement vous soulever cagoule et calibre en main pour vous fouiller sans aucun motif, on peut aussi se faire accuser de faits complètement dingues sans aucune preuve…
Voilà pourquoi je vous écris car personne ne relayera ces paroles, les médias « mainstream » balancent leurs saloperies où rien n’est vrai mais ne diront jamais qu’ils se sont trompé.
Lettre de Rédoine Faïd contre les QLCO et tous les QHS modernes, juillet 2025.
A la centrale de Vendin-le-Vieil, depuis des années, Rédoine Faïd a testé un régime d’isolement carcéral excpetionnellement dur, qui est appliqué depuis juillet 2025 à des dizaines d’autres prisonniers dans le fameux « quartier de lutte contre la criminalité organisée » (QLCO) (voir ici ou là et encore là). À Vendin comme partout, les quartiers d’isolement (QI) et les QLCO ne sont que des variantes contemporaines des quartiers de haute sécurité (QHS), ces lieux de torture blanche théoriquement supprimés par Badinter en 1982 mais qui « ont toujours été là », comme il le souligne. Rédoine a réussi par deux fois ces derniers mois à faire condamner l’administration pénitentiaire pour les conditions qu’il endure. Pour ne pas modifier son régime d’isolement, ce qui aurait pu ouvrir la possibilité d’un assouplissement dans tout l’établissement, la direction l’a fait transférer au QI de Condé-sur-Sarthe… où il va pouvoir suivre les travaux de préparation d’un autre futur QLCO… Voici une lettre dans laquelle il analyse et dénonce la violence de ces régimes d’isolement, et d’une société qui les invente et les accepte.
Écouter la lettre :
Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, Le 24 juillet 2025
Bonjour L’Envolée,
Je reprends le stylo pour dire les choses. Et il faut bien le dire : la prison d’aujourd’hui manque cruellement d’humanité. Elle ne propose pas de retour à la vie. L’empathie, cette beauté qui transcende la grisaille du monde carcéral, d’où sort la conscience de la retenue, a disparu, remplacée par le QLCO, cette usine à frustrations. Au grand jour ! Privation de lumière, harcèlement sécuritaire, mobilité réduite, hygiaphone qui vous prive de la chaleur de vos proches ou de votre conjoint… Qui peut bien autoriser ces méthodes tellement fascisantes à l’égard d’un être humain ?
Nous ne sommes pas seulement isolés : on est coupés des nôtres, comme dans une salle d’attente où le temps ne passe pas, où l’heure du rendez-vous n’arrive jamais. L’ennui à l’isolement n’est pas qu’endémique, il est systémisé. Il est une mesure de rétorsion non écrite. Une arme administrative de destruction massive du genre humain qui vous tue à petit feu, sans laisser de trace – la signature des grands criminels. Dans ces conditions invivables, on n’a que le choix de se forcer à sortir seul se « promener » et faire du sport déraisonnablement. Souvent, on n’a pas envie. Mais face au danger physiologique qui guette, on se force. Notre cerveau et notre corps nous détestent, mais on s’en fout de tout dérégler. Nous sommes tous dans la survie. Il faut rester vivant, en bonne santé et vif d’esprit. Une priorité dans cet enfer. Les gens incarcérés à Vendin-le-Vieil sont des êtres très bousculés. C’est déjà un miracle que d’être encore debout en arrivant à Vendin, sachant qu’on arrive tous des QI des prisons de France où on a passé des années. Une femme ou un homme qui veut rester debout trouvera toujours un moyen. Parce que sa détermination est absolue… « La résistance est une renaissance », disait René Char. Nous sommes dans le combat pour rester vivants, mais aussi pour garder notre dignité.
« Nous sommes dans le combat pour rester vivants. »
Très franchement, je n’avais pas mesuré ce qu’était la dignité. Elle est un geste de consolation, de pudeur et de solidarité avec soi-même. Il faut écouter les êtres emprisonnés qui parlent de la dignité entre eux, comme s’ils ressentaient la même détresse, l’humiliation, les blessures qui leur ont été infligées. Des traumas qui sont eux aussi passés sous silence. On ne leur cédera pas un seul millimètre de notre dignité. Ce n’est pas négociable. À Vendin-le-Vieil, on doit affronter des ennemis impalpables, omniprésents : le confinement sévère des lieux et les effets du silence assourdissant. On nous dit que les QHS sont de retour, mais ils ont toujours été là. L’isolement, c’est le QHS ; ils ont juste changé l’appellation. C’est la même solitude, la même souffrance. Le QHS n’est pas une vie monastique, c’est une forme d’incarcération ultra-cruelle qu’on nous impose. Le rapport au temps, à la vie solitaire ou à l’enfermement provoque de graves troubles physiologiques qui deviennent irrémédiables sur la durée. Est-on entravés mentalement dans un espace clos ? L’isolement mène-t-il toujours à la réflexion ? Quand il est désiré, peut-être. Quand il est subi, c’est clairement impossible, du fait de la raréfaction des échanges, des stimuli cognitifs, de l’air et des mouvements. Une détention sans paroles dans un monde carcéral englouti par le silence, uniforme, submergé par le rien. Isolé. Sans secours. Sans connexions pour alerter ou prévenir. Il n’y a que la tension et l’appréhension. Le silence provoque en vous un déluge d’angoisse et de stress, sans droit de parole sur cette situation. Vous êtes condamné à vous taire.
Il y a pourtant un énorme besoin de sociabilité, mais personne ne vous aide à sortir de la solitude. Une vie intérieure nourrie de silences et d’ombres qui sèment le flou et le doute en vous. Quel malheur que d’y être emprisonné. C’est une sorte d’alternance sans repères de journées incarcérées et de nuits enfermées dans l’insomnie permanente, qui confine à un sommeil mortuaire. On est perdus entre l’oubli et l’absurde, à une frontière qui menace de s’effacer : celle qui sépare civilisation et barbarie. Comment ne pas devenir dingue dans un centre pénitentiaire comme celui de Vendin-le-Vieil ? Par un processus de rétorsion, le directeur de cet établissement se permet de déstabiliser votre métabolisme intérieur, soi-disant pour vous rendre docile ; et la banalisation de telles agressions provoque des maladies mentales. Personne en prison n’assume d’avoir sciemment dégradé la neurologie d’un prisonnier : « il était bipolaire », « il était dépressif » ou le classique « il était déjà fou avant ».
« Tout le monde devient une bombe à retardement. »
La société ne sait quasiment rien sur la question. Ce sont des faits largement sous-estimés : la violence psychologique subie par des personnes détenues en situation de vulnérabilité physiologique et les maltraitances infligées par le milieu carcéral sont révoltantes et odieuses. Une impunité inimaginable, irresponsable. Les névroses sont nombreuses et très graves (phobies, angoisses, délires hallucinatoires, etc.). Il faut savoir que les psychoses, c’est médicalement autre chose : être suivi toute sa vie, se battre contre soi-même… Le QI et le mitard portent une lourde responsabilité dans ces déviances inhumaines et obscènes à l’encontre des personnes emprisonnées ; tout le monde devient une bombe à retardement en puissance. Autrement dit, tout le monde peut se laisser déborder par le seum qui s’invite au cœur de l’ennui et révèle la sauvagerie enfouie, la névrose injectée par ce système abject, par un trop plein d’agressivité inattendue où la violence apparaît dans son plus simple appareil, gratuite, injuste, aléatoire.
Et paradoxalement, c’est la société qui sera aux premières loges pour assister à la chute. Là où on trouve le pire, et où un fait divers peut devenir un précipité de la violence ordinaire la plus abominable. La récidive, c’est ça. Et quand on empêche ces mecs en taule de changer ou de s’amender en les réduisant à de la merde, soyez sûrs qu’à leur sortie de prison ils respecteront les feux rouges, les pompiers et qu’ils diront « bonjour », « s’il vous plaît » et « au revoir » à la boulangère. Entendez bien que tout le monde sortira un jour de prison. Tout le monde. Et toutes ces bombes à retardement s’assiéront près de vous et de vos enfants dans le bus, le métro, le train, au cinéma… J’imagine aisément que vous préférez avoir près de vous des personnes calmes et apaisées. Logique. Alors, SVP, posez-vous donc la question : pourquoi les sortants de prison sont très violents, extrêmement agités ou complètement fracassés dans leur tête ? Les QLCO, les QI et les mitards ne font qu’accentuer cet état de fait. La société n’est pas dans le déni. Elle ne sait pas. Être à l’isolement, c’est la vie qui se traîne en équilibre fragile au-dessus d’un abîme de solitude, de détresse et d’indicibles chagrins. Le QHS est une esthétique de la dépression et de la cruauté administrative dont les pensionnaires sont tous des oubliés de l’existence, des invisibles et des infréquentables, où sourd le fracas de l’absurdité du monde carcéral. Le QHS est une plongée dans les entrailles d’un système répressif poisseux à l’humanité avilie, où la violence est toujours questionnée. On y passe des mois, des années, parfois une décennie et plus. On en revient brisé et blessé dans sa chair, résigné et cabossé, torturé par la solitude subie à outrance. On est coincé entre le monde des vivants et celui des morts.
« Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. »
Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. L’administration pénitentiaire se montre coupable, à travers ce régime à la noirceur absolue (sur le fond comme sur la forme), par des actes effroyables qui racontent l’enfermement dans sa violence cauchemardesque, et qui donnent matière à réflexion sur les causes de la récidive. Une détention sinistre, délabrée, où l’horizon assombri ne peut mener qu’au pire du pire. Le QLCO est un QHS géant à l’esthétique froide et inhumaine qui va industrialiser encore plus de violence et d’inégalités. Une fuite en avant dans l’oppression permanente. Un désastre humain sans précédent. Une absurdité schizophrénique caractérisant tellement la dérive du tout-sécuritaire hors-sol des caciques administratifs. Une non-réflexion dénuée de retenue, infusée, qui renvoie à la nature même de la justice, à la place des prisons dans notre société et à notre regard sur celles et ceux qui y vivent. La hideur morale accompagne souvent la déconfiture intellectuelle : il n’y a aucune réflexion politique et sociale dans ce décret anti-narco. C’est un énième contre-feu visant à faire diversion, à invisibiliser un défaitisme politique total sur la question de la consommation de la drogue en France. Et la cruauté du QLCO interroge sur la réaction de l’opinion – devenue hystérie collective – face à la criminalité et sa répression : c’est une sanction ? Une vengeance ? Une solution ? Le QLCO démontre clairement l’incapacité à régler le problème de la récidive. Cette brutalité nous révèle surtout combien la politique actuelle ne veut pas aider les personnes privées de liberté à retrouver une place dans la société.
Pourtant, le narcotrafic provient de la misère sociale que ces enfants de la dèche ont retournée contre eux. Ce qui leur arrive aujourd’hui est une immense tragédie. De base, tous ces mecs étaient des défavorisés brisés par la vie, par la réalité désœuvrée des quartiers difficiles. Une ghettoïsation qui les a dévorés tout cru. Ils ne sont que le résultat de l’incompétence politique et de l’inertie sociale et culturelle de nos banlieues. Un vide tchernobylien. Ainsi, on nous montre à présent les « narco-racailles » comme des animaux « ensauvagés » qu’il faudrait encager à tout prix, en les réduisant à des silhouettes sans âme. Et donc, finalement, on les confine encore et encore dans ce sentiment lourd de celui qui se sent toujours enfermé. Un vivre-ensemble que l’on ne veut pas élargir à tous les vivants. On crache démagogiquement et on défèque publiquement sur les droits humains et les libertés fondamentales qu’on ne respecte plus. On ment aux avocates et aux avocats. On défie la magistrature. On snobe la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme). On renvoie outrancièrement la question humaine à son reflet angoissant, trouble, qu’il faut nettoyer par la force et par le populisme. Que nous est-il arrivé ? Jean-Paul Sartre, l’immense Robert Badinter, Michel Foucault, Serge Livrozet utilisaient le terme « abolition » pour définir leur lutte politique visant à supprimer totalement l’existence des QHS dans notre démocratie. Parce qu’ils avaient la conviction que piétiner l’humanité en prison, c’est fabriquer inévitablement la division, la haine convulsive et le désordre total dans la société. Ni plus ni moins.