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  • Rassemblement contre la construction d’une nouvelle prison à Entraigues le 24 avril 2022

    Rassemblement contre la construction d’une nouvelle prison à Entraigues le 24 avril 2022

    Alors que l’état prévoit de construire encore et toujours plus de prisons pour continuer de nous sur-enfermer, des initiatives s’organisent ici et là contre ces projets. Nous relayons cet appel à se rassembler pour plus de tournesols et moins de barreaux.

    « Dimanche 24 avril 2022, un rassemblement et un semis collectif de tournesols s’organisent contre la construction d’une prison à la Z.A.C du Plan sur les terres agricoles d’Entraigues (Vaucluse).

    Il s’agit à la fois de sauver 15 hectares menacés d’artificialisation et de s’opposer au projet politique toujours plus punitif de l’État français qui projette de construire 15 000 places de prison dans toute la France.

    La future maison d’arrêt d’Entraigues n’est que le début d’une série de nouvelles taules dont l’objectif annoncé serait d’éviter la surpopulation de prisons. Dans les faits, aucun plan de construction de prison, depuis les années 1990, n’a fait baisser le taux d’occupation des établissements pénitentiaires.

    Pourquoi ?

    L’OIP observe que la prononciation des peines d’emprisonnement se fait sur des délits de plus en plus mineurs au fur et à mesure de l’augmentation des places dans les prisons. Plus on a de places et plus on enferme !

    Par ailleurs, le chantier menace 15 hectares de terres fertiles et une dizaine d’espèces vulnérables ou protégées. Mais il s’inscrit dans un projet encore plus vaste de bétonnisation qui porte initialement sur plus d’une centaine d’hectares. Ce projet est une violence de plus dans un département déjà sinistré : en tout, on recense près de 2200ha en danger d’artificialisation sur 27 communes du Vaucluse.

    Cette véritable guerre contre le vivant a poussé plusieurs collectifs anti-carcéraux et défenseurs de l’environnement à se réunir pour agir ensemble.

    Nous vous donnons rendez-vous le 24/04 à 11h sur le rond-point de la ZAC du Plan à Entraigues-sur-la-Sorgues (84320) dans le Vaucluse.

    Au programme : grand semis collectif de tournesols sur les terres menacées par le chantier, repas en musique, marché aux plants, rencontre et discussions avec les luttes locales.« 

    https://expansive.info/IMG/pdf/tract24avril2022.pdf
  • Discussion avec l’Envolée le 9 avril à Grenoble

    Discussion avec l’Envolée le 9 avril à Grenoble

    A l’occasion de la Quinzaine anti-répression à Grenoble, l’Envolée animera une discussion le samedi 9 avril à partir de 15h au 102 (102 rue d’Alembert).

    Quinzaine anti-répression à Grenoble :

    « Du 2 au 17 Avril 2022, le CAR38 (Collectif Anti-répression grenoblois) propose différents évènements pour penser les manières de se protéger contre la répression, mais aussi pour se doter collectivement d’outils de compréhension du système répressif. Cette quinzaine sera également l’occasion de questionner la place des institutions qui y participent (police, justice, prison) pour tirer des perspectives à travers la remise en question de leur fonctionnement ou de leur existence. »
    Consulter le programme complet ici.

    Discussion avec l’Envolée le 9 avril :

    Nous présenterons l’Envolée, le n°54 du journal, et le dernier livre que nous avons publié : La peine de mort n’a jamais été abolie, recueil de paroles de prisonniers, prisonnières et proches qui dénoncent la prison, la multiplication et longueur des peines d’enfermement, les quartiers d’isolement, les violences d’état…

    Nous reviendrons sur la situation très difficile dans les prisons et prisons pour étranger (CRA) sous prétexte de covid, les mobilisations des enfermé-e-s et la répression subie.

    Nous insisterons aussi sur quelques situations de répression judiciaire actuelles qui sont malheureusement des exemples du fonctionnement normal de la justice : les lettres et la grève de la faim de Libre Flot pour sortir de l’isolement et de détention provisoire ; l’incarcération des Grands Frères dans le cadre du mouvement social en Guadeloupe…

    Nous relaierons quelques combats de prisonnier.e.s et discuterons de l’importance de les soutenir, par exemple en leur écrivant. En lien avec cette discussion aura lieu un atelier d’écriture aux prisonnier.e.s.

  • Perms, semi-liberté et covid – Répression judiciaire en Guadeloupe – News de Libre Flot

    Perms, semi-liberté et covid – Répression judiciaire en Guadeloupe – News de Libre Flot

    Émission de l’Envolée du vendredi 1er avril 2022
    • Lettres de E. et Dédé qui reviennent sur les parloirs, les permissions, les semi-liberté et le Covid en taule. E. raconte comment la prison détruit les liens familiaux, l’importance des parloirs, mais aussi leur dureté : les proches y sont réprimés. On avait déjà lu des petits textes de Dédé dans cette émission. Elle revient cette fois sur le chantage aux permissions utilisé par les matons, mais aussi les CPIP, l’AP et les juges, qui cherchent à tout contrôler même quand tu n’a qu’une journée de permission.

    • Lecture d’une lettre d’Oneel toujours incarcéré suite à la vague de répression des révoltes en Guadeloupe. Suite de l’interview de Gladys Democrite, avocate d’un des sept mis en cause dans l’affaire des « Grands frères ». Trois d’entre eux – dont Oneel – ont été transféré en métropole, loin de leurs proches. Vous pouvez écouter ici une précédente interview de la sœur d’un des sept grands frères incarcérés, transférés injustement en métropole les uns après les autres.
    • Lecture de lettres de Libre Flot et discussion sur sa situation après plus d’un mois de grève de la faim. Libre Flot a été hospitalisé, au 25ème de sa grève de la faim. Il expliquait les raisons de son action dans un texte qu’on peut lire ici. Contactez-nous si vous souhaitez lui écrire. Le 29 mars, l’AP a enfin levé son régime d’isolement mais il reste incarcéré et dans un état de grande faiblesse. Toutes les infos sur les 7 mis en cause, tous en liberté surveillée sauf Libre Flot .

    • Agenda :
      – Les comités de soutien aux inculpé.es du 8 décembre appellent à une journée internationale de démonstration lundi 4 avril 2022. A Paris, nous nous rejoindrons à 18h à Ménilmontant. A Toulouse, le rassemblement aura lieu à 18h devant le Palais de Justice. Plus d’infos ici.
      Rencontre avec l’Envolée le samedi 9 avril a Grenoble a 15h ! Plus d’info ici.

    On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

  • Isolement, statut DPS, populisme pénal et santé en prison

    Isolement, statut DPS, populisme pénal et santé en prison

    Émission de L’Envolée du vendredi 25 mars 2022
    • Des nouvelles de Romain, DPS, et d’Adeline sa compagne !
    • Quelques réflexions sur le statut DPS (« Détenu particulièrement signalé »), en lien avec le meurtre d’Yvan Colonna à la centrale d’Arles. Appel à témoins : si vous avez des infos directes sur les circonstances plus que troubles de sa mort, contactez-nous.
    • Une lettre de Libre Flot, à l’isolement et en grève de la faim, qui rappelle pourquoi l’État s’acharne sur lui : il était parti combattre avec les YPG contre Daech.
    • Redif : Décorticage des programmes de politique pénale des candidat·e·s à la présidentielle avec nos ami·e·s de l’indispensable blog La Sellette (chroniques de comparutions immédiates). Spoiler : c’est consternant.
    • La chronique mensuelle de Coco : santé et prison.

    Musique : The Robins – « Riot in Cell Block Number 9 » · Little Francisco Greaves – « Hiko Iko » · Allen Toussaint – « We the People » · The Cardinals – « Misirlou · « Skip James – « Hard Time Killin’ Floor Blues » · Bérurier Noir – « Porcherie » · Carlton Williams – « Prison Song »


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  • Lettres : « La sécurité déshumanise tout »  – Libre Flot en grève de la faim – Répression judiciaire en Guadeloupe

    Lettres : « La sécurité déshumanise tout » – Libre Flot en grève de la faim – Répression judiciaire en Guadeloupe

    Émission de l’Envolée du vendredi 18 mars 2022
    • « La sécurité déshumanise tout » : Deux lettres de Francis, depuis la centrale d’Arles. Il y dénonce les QI, la longueur délirante des peines, sa « gestion équipée menottée » qui dure… l’ensemble de mesure ultra-sécuritaires que lui, comme tant d’autres, subissent en guise de vengeance de l’AP pour avoir refusé leur sort.

    • Chantage pour des perm’ : Lettres de Dédé qui raconte comment SPIP et JAP mettent la pression et refusent des permissions de sortie sous prétexte qu’elle aurait bu un peu d’alcool lors d’une précédente perm’.

    • Depuis le 27 février Libre Flot est en grève de la faim au QI de Bois d’Arcy pour réclamer sa libération.
      Dans cette émission nous donnons quelques nouvelles de sa situation et de la solidarité à l’extérieur, nous écoutons un message qu’il a publié au 17ème jour de sa grève de la faim et un message de soutien d’un proche…
      L’administration pénitentiaire continue d’ignorer ses revendications : rappelons que la mort d’un.e prisonnier.e ne choque pas la matonnerie, et choque très rarement à l’extérieur… Salut et courage à Libre Flot, parce que l’AP ne lui a pas enlevé la force de dénoncer l’isolement, de prendre la parole et faire entendre ses messages à l’extérieur !
      (Au moment où nous publions cet article, Libre Flot a été hospitalisé, au 25ème de sa grève de la faim. Contactez-nous si vous souhaitez lui écrire)

    • Répression policière et judiciaire du mouvement contre le pass vaccinal (et son monde) en Guadeloupe : incarcération des « Grands Frères » et interview d’une de leurs avocates Gladys Democrite…
      Nous écouterons d’autres interviews sur ce sujet dans les prochaines émissions. Vous pouvez écouter ici une précédente interview, de la sœur d’un des sept grands frères incarcérés, transférés injustement en métropole les uns après les autres.

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    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

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    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

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  • « Stress, angoisse, indécision, bug cérébral »

    « Stress, angoisse, indécision, bug cérébral »

    Lettre sur l’isolement depuis le quartier d’isolement (QI). Libre Flot nous écrit régulièrement depuis le QI de Bois d’Arcy où il est enfermé depuis le 8 décembre 2020 et dont vous pouvez retrouver des lettres sur notre site. Il nous a envoyé un nouveau texte où il parle de ces mouroirs que sont les QI, lue à l’antenne dans l’émission du 11 mars. Depuis le 27 février, il a entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention provisoire et à l’isolement et contre ses conditions d’enfermement. Il explique les raisons de cette grève dans un texte. Vous pouvez retrouver les publications des comités de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ici.

    Le 18 février 2022, QI de Bois d’Arcy

    S’il est vrai que je n’ai cessé de donner des nouvelles régulières par courrier puisqu’il était tout bonnement plus simple de poser le stylo et de le laisser glisser au fil aléatoire de pensées éparses, cela fait 8 mois que je n’ai pas posé de texte spécifiquement sur l’isolement. Non pas parce que la situation n’ait pas évoluée mais bien au contraire qu’il m’est devenu tellement plus ardu de m’y mettre. Plusieurs fois, j’ai voulu écrire (sur différents sujets) mais c’était devenu comme impossible, la concentration douloureuse et au final, toujours l’abandon, la remise à plus tard.. la déception ! Ce texte sera donc très certainement plus bref que les précédents. Mais vu qu’hier on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que je m’attende à sortir d’isolement, que c’était joué d’avance… et suivant la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) vis à vis de ma demande de mise en liberté (DML), je me dis que c’est le moment d’écrire car si je sors, je ne le ferait peut être pas et si je reste… au moins ça sera un constat de la situation à ce moment là.

     » La mascarade trimestrielle « 

    Hier donc a eu lieu mon débat contradictoire pour le maintien à l’isolement, la mascarade trimestrielle. Il est surprenant de constater qu’après plus d’un mois à demander, en vain, un rendez vous avec ma docteure attitrée, il soit mis au dossier, ce que je qualifierai de « foutaise », un avis favorable griffonné sur la lettre de la direction, le demandant, se résumant en deux mots : « Avis favorable » signé par un médecin inconnu accolée à cette lettre, où mon nom est inscrit avec un numéro d’écrou n’ayant rien à voir avec le mien… BRAVO !

    Mais attention ce n’est pas tout, la Pénitentiaire ne m’a pas oublié pour la St Valentin, car depuis le 14 février, je suis affublé de l’étiquette de « meneur ». Tout ça en ayant toujours et seulement été en isolement, sans aucune communication avec d’autres détenus, sans participation à une quelconque contestation, sans aucun compte -rendu d’incident (CRI), sans raison ! Félicitation ! (J’aurai préféré des fleurs…)

     » Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille « 

    Sur le plan physique, malgré que je passe un temps quotidien conséquent au maintien de mon état corporel, être enfermé en permanence dans des boites trop petites, sans accès à une vraie promenade, ne permet pas la marche. 14 mois « sans marcher » ont affaibli considérablement mes genoux, tout comme l’inaccès à des activités affecte mes poignets… Ces articulations me sont, depuis un certain temps déjà, douloureuses. Mais bonne nouvelle : mes dents sont soignées ! Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille, la situation est catastrophique. Déjà en octobre, lors de l’entretien avec le juge d’instruction, j’avais pu constater que je perdais le fil. Avant d’arriver à la fin de certaines questions, j’avais oublié le début, de même pour les réponses… Désormais c’est pire. (Heureusement, en février il a accepté de m’imprimer les questions pour que je puisse avoir un support pour pallier au déficit de mes capacités).

    Le constat le plus brutal est apparu via les cours d’anglais. L’anglais en tant que langue n’est pas le problème (même si mon vocabulaire est pauvre, et mes conjugaisons hasardeuses). Je comprends sans souci les énoncés et les textes servant de supports car cela est, selon moi « passif », je n’ai pas à réfléchir, à créer une idée pour cela. Mais lorsque l’exercice demande d’analyser, d’apposer un avis en toute chose exigeant une réflexion « active », le drame survient. Ce qui me demanderait qu’une demi heure en temps normal et qui au printemps dernier me prenait deux ou trois heures, m’est désormais hors de portée. Je sais que c’est facile mais je ne peux pas, mon cerveau se bloque, comme s’il se transformait en gelée anglaise (en glaise?), comme si les synapses se rétractaient, déconnectant les neurones les uns des autres et que la matière grise se figeait en se dilatant et subissant alors une forte compression contre la boite crânienne me provoquait des maux de têtes terrible. Savoir que quelque chose est normalement facile et constater ne plus pouvoir le faire est d’une violence inouïe. Comme si je n’arrivais plus à faire mes lacets ou à me servir d’un interrupteur… J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée.

     » J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée « 

    Il m’est aussi devenu impossible d’assimiler une quelconque information sans un temps relativement long consacré spécifiquement à cet effet. Prendre en direct une décision ou faire un choix, même anodin, me rend perplexe voire paniqué. Par exemple un matin, un surveillant m’a gentiment laissé choisir, chose inhabituelle, si je souhaitais aller en promenade le matin ou l’après midi. Résultat : stress, angoisse, indécision, bug cérébral… je ne sais même plus si j’ai réussi à choisir…

    Mon cerveau fonctionne au ralenti, les pensées ne se renouvellent pas, elles sont lentes et tournent en boucles sans vraiment évoluer. Je répète plus ou moins les mêmes choses dans mes courriers, il doit être rare que j’envoie des messages à caractère exclusif.

    J’ai l’impression que durant toute une semaine, il passe, dans mon cerveau, autant de pensées différentes qu’il en passait en une heure autrefois.

    Cette léthargie cérébrale rend toute tentative de réflexion lente et infructueuse que je me renvoie l’image d’un zombie qui, refusant de quitter le monde des vivants, s’acharne mordicus à mimer pathétiquement l’activité de sa vie passée…

    Libre Flot

  • Lettre sur le QI – violences policières en GAV – Lutte au CRA de Vincennes – Révoltes en Corse

    Lettre sur le QI – violences policières en GAV – Lutte au CRA de Vincennes – Révoltes en Corse

    Émission de l’Envolée du vendredi 11 mars 2022
    • Lettre de Libre Flot en grève de la faim sur le quartier d’isolement retranscrite ici (troisième courrier sur les QI). Il a commencé dimanche dernier une grève de la faim dont il explique les raisons dans un texte qu’on peut lire ici).
    • Appel de la mère de J. (qu’on avait reçu dans une émission sur les prisons pour mineurs) pour parler de sa garde à vue dans le 5e arrondissement de Paris et refus de soins qu’il subit de la part des keufs.
    • Deux appels du centre de rétention de Vincennes pour parler de la lutte en cours depuis deux semaines. Appel a la manif du 12 mars pour apporter de la solidarité aux prisonniers du CRA en lutte qu’on peut lire ici.
    • Retour sur la situation en Corse où les manifs et émeutes se poursuivent suite à l’agression d’Yvan Colonna. Le tout en lien avec ce qui se passe en Guadeloupe et dans le reste des colonies françaises.
    • Appel à la manif nationale du 19 mars contre contre le racisme, les violences policières et pénitentiaires, disponible ici.

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

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    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

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  • Lettres de Bois d’Arcy et des Baumettes – Christophe doit sortir – Luttes dans les CRA de Lyon et Vincennes

    Lettres de Bois d’Arcy et des Baumettes – Christophe doit sortir – Luttes dans les CRA de Lyon et Vincennes

    Émission de l’Envolée du vendredi 4 mars 2022
    • Lettre d’une prisonnière des Baumettes qui revient sur son recours a la CNDA (Cour nationale du droit d’asile).
    • Lecture du texte de Libre Flot qui annonce le début de sa grève de la faim le 27 février dernier, depuis le quartier d’isolement de Bois-d’Arcy. (disponible ici)

    • Retour sur la situation de Christophe, ancien prisonnier à Bapaume, enfermé maintenant à Liancourt. Sa santé se dégrade : il est temps que l’administration pénitentiaire le libère pour qu’il puisse se soigner.
    • Discussion sur la situation d’Yvan Colonna, actuellement en état de mort cérébrale. C’est bien L’État qui est responsable de la situation. Retour sur les blocages et rassemblements pour dénoncer la vengeance d’État qu’il subit.
    • Retour sur la lutte au CRA de Vincennes qui dure depuis deux semaines.
    • Appel de personnes incarcérées à la prison pour sans-papiers (CRA) de Lyon. A peine deux mois après l’ouverture de cette taule, un incendie a détruit l’un des bâtiments. 20 « places » sont devenues inutilisables. Des prisonniers ont été blessés et pas soignés. Une personne a peut-être déjà été envoyée en prison après une comparution immédiate.

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

  • Le populisme pénal en campagne présidentielle (avec les ami·e·s du blog La Sellette)

    Le populisme pénal en campagne présidentielle (avec les ami·e·s du blog La Sellette)

    Émission de L’Envolée du vendredi 24 février 2022
    • Lettre de Kemi, sorti de l’isolement !
    • Hommage à l’ami Hafed Benotman, co-fondateur de l’Envolée, mort il y a sept piges.
    • Décorticage des programmes de politique pénale des candidat·e·s à la présidentielle avec nos ami·e·s de l’indispensable blog La Sellette (chroniques de comparutions immédiates). Spoiler : c’est consternant.
    • La chronique mensuelle de Coco : santé et prison.
    • Lettre au procureur d’une des mis·e·s en examen du 8 décembre… pour qu’il lâche l’affaire. Depuis l’enregistrement de l’émission, Libre Flot s’est mis en grève de la faim. Plus de nouvelles ici.

    Musique : LK de l’hôtel Moscou – « Camarades » · Soseme Makonde – « Manzara » · The Cardinals – « Misirlou » · Skip James – « Hard Time Killin’ Floor Blues » · Bérurier Noir – « Porcherie » · Hafed Benotman – « Jaja » · Daddy Nuttea – « Le juge des 400 ans »


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  • « IL N’A PAS PRIS PERPÈTE, IL A ÉTÉ CONDAMNÉ À MORT ! »

    « IL N’A PAS PRIS PERPÈTE, IL A ÉTÉ CONDAMNÉ À MORT ! »

    Adil, mort par refus de soins à Séquedin : on oublie pas !

    Adil est mort le 12 février 2016 à la maison d’arrêt de Lille-Séquedin suite à un refus de soins délibéré. En décembre 2021, le médecin de la prison est passé au tribunal pour « homicide involontaire ». C’est le seul de tous les coresponsables de ce drame à avoir été inquiété. Anne était la compagne d’Adil ; sans son combat et sa parole, ce énième décès causé par la prison aurait été passé sous silence comme tant d’autres. Après le procès, elle a écrit un texte qui a été lu à l’antenne de L’Envolée. Nous le publions ici. Ce courageux combat des proches pour connaître la vérité – et pour la faire connaître ! – est capital.

    Lettre de Anne :

    Il aura fallu attendre presque six ans pour arriver au procès de ce médecin. Ça a été une journée compliquée. Mélange de sentiments : colère, haine et tristesse.

    Colère, parce que je me suis pris en pleine tête le mépris et l’indifférence de ce « médecin ». Il n’a cessé de se défendre en insistant qu’[Adil] était un détenu particulièrement surveillé (DPS), qu’il fallait le GIPN pour l’escorte. Mais peu importe le poids de ses erreurs passées, quand Adil le suppliait de l’aider, de le soigner, en bref, de faire son métier, il ne pesait plus que 53 kg pour 1m80. Il était à bout de force, et sûrement pas dangereux. La procureure a insisté sur le fait que ce drame était dû à l’égo démesuré de ce monstre !Précision : le mardi avant son décès, Adil a fait un malaise. En discutant avec un surveillant, le régulateur du Samu avait suspecté ce qui allait être la cause du décès d’Adil trois jours plus tard ! Malheureusement, le médecin de Séquedin a pris la communication et il a réaffirmé au médecin régulateur qu’Adil était un simulateur…

    Haine, parce qu’au travers des différents témoignages, j’ai pu une nouvelle fois imaginer la douleur, le désespoir qu’Adil a dû subir des jours, des semaines entières. J’aurais voulu lui crier ma haine, lui dire tout ce que j’ai perdu. Ma vie s’est arrêtée ce 12 février, nos projets envolés. Il me prive d’un homme aimant, protecteur, respectueux. Voilà ce qu’était Adil pour moi.

    Tristesse, parce que rien ne pansera cette plaie au cœur que j’ai depuis le 12 février 2016. Je suis triste, écœurée ; parce que oui, il aurait pu être sauvé. Et l’ensemble des avocats ont souligné ma présence sans faille à chaque parloir. Je n’en tire aucune fierté : à l’ombre du pénitencier, Adil était mon soleil, et nos projets nous faisaient croire en des jours meilleurs ! Même s’il avait pris perpète je serais restée. C’était comme ça, on était unis. Il n’a pas pris perpète, il a été condamné à mort ! Chaque soir, quand je ferme les yeux, je revois Adil allongé sans vie sur le sol de cette cellule. Il a fermé les yeux à tout jamais dans cet endroit.

    J’aurais voulu lui dire plein de choses. Mais quand je suis arrivée a la barre, j’ai été incapable de dire quoi que soit. Je n’ai fait que pleurer.

    Douze mois de prison avec sursis ont été requis contre lui, douze mois… douze mois pour la vie d’un homme. Il n’a pas fait exprès ? Mais il n’a rien fait pour l’éviter. Ma victoire sera d’avoir réussi à l’amener devant ce tribunal. Lors de ma dernière visite a la morgue, j’ai promis à Adil d’aller jusqu’au bout, de lui rendre justice. Et même si j’ai fait cette promesse à un corps froid, immobile, je me devais de la tenir.

    Délibéré le 9 février 2022.

    Anne, compagne d’Adil Taychi

    Des réactions à l’antenne de l’Envolée suite à la lecture du texte d’Anne :

    Comme pour Gordana, morte à Fleury Merogis en 2012, comme pour Yassin mort à Villefranche en janvier 2022, l’administration pénitentiaire (AP) a laissé mourir quelqu’un à l’intérieur alors que tout le monde voyait que son état de santé se dégradait. Ces histoires, trop nombreuses, on n’en entend parler que quand des codétenus lancent l’alerte, que des proches se battent pour la vérité, que des avocats se bougent…

    Rappelons ce qu’Anne disait en septembre 2017*. En février 2016, à son arrivée au parloir, elle est convoquée par un gradé qui lui explique qu’Adil est en très mauvaise santé ; des codétenus doivent aider Adil à descendre jusqu’au parloir ; les matons lui disent : « Si t’es pas en état, t’auras pas de parloir. » lls essaient de faire croire à Anne que c’est un parloir fantôme**, elle insiste pour voir Adil. Lors du parloir, il crache du sang, s’évanouit devant elle… elle appuie sur la sonnette d’urgence, les matons lui mettent des coups à terre et le traînent en disant : « Tu simules pour t’évader. » Ils font évacuer les parloirs, et disent à Anne : « Si tu veux qu’on soigne Adil, il faut que tu t’en ailles. » Il meurt deux jours plus tard, sans avoir été soigné, après avoir vomi du sang toute la journée. C’est parce qu’Anne a insisté pour le voir au parloir et parce qu’ils avaient communiqué avant par téléphone (même si c’est interdit) qu’elle a pu connaître son état de santé et le défaut de soin. C’est seulement pour ça qu’elle a une autre version que celle des matons et qu’elle sait la vérité.

    C’est immonde de laisser quelqu’un mourir d’un ulcère à l’estomac, dans une souffrance aussi intense. Un ulcère, ça se soigne. Comment on peut dire à quelqu’un qui crache du sang qu’il simule ? Ça révèle à quel point ils sont en guerre contre les prisonniers. Ça nous rappelle amèrement comment les matons qui ont tué Sambaly Diabaté pensaient qu’il s’était déféqué dessus pour les emmerder… alors qu’il était mort ! Les matons s’improvisent médecins pour décréter qu’un prisonnier simule, alors qu’évidemment ils n’ont aucune formation médicale. Et le médecin, lui, n’a pas l’air très compétent.

    La compagne d’Adil et la sœur de Sambaly ont fait preuve d’une force incroyable. Le fait qu’il y ait procès est une victoire. Pour ramener un médecin ou un maton devant un tribunal, c’est pas comme quand un flic porte plainte ! Pour faire éclater la vérité, pour que ça ne soit pas classé sans suite comme tant d’autres autres histoires, c’est un vrai combat. Anne se sera battue six ans pour qu’un procès ait lieu ! Comme après la mort de Gordana ou de Sambaly : les procès viennent de se tenir ! Pour les proches c’est des années de galère. Pour ces matons et médecins, quand la justice daigne les inculper, pas de comparution immédiate ! La plupart d’entre nous attendons nos procès en taule, alors qu’eux comparaissent libres et continuent d’exercer en attente du jugement dans la plus totale indifférence des faits qui leur sont reprochés.

    Et puis seul le médecin comparaissait ; il manquait beaucoup de gens à ce procès : des surveillants, une direction et des témoins. Ce moment aurait dû exister pour la famille, pour qu’elle entende la vérité. Dans ses dépositions, la directrice de la prison a chargé le médecin en disant qu’elle prenait des nouvelles d’Adil et que le docteur lui répondait : « Il simule, des examens sont en cours ». Certains surveillants auraient même voulu extraire Adil pour le faire soigner. Le médecin, lui, s’est défendu en rejetant la faute sur l’AP. Même si les médecins ne sont plus payés par l’AP depuis les années 90, ils restent des collabos des matons. Il s’est aussi défendu en parlant d’« erreur de diagnostic », mais il pensait qu’Adil simulait et était dangereux. Quel est le rapport entre la supposée dangerosité et une erreur de diagnostic ? En quoi la supposée dangerosité d’un prisonnier excuse-t-elle le refus de le soigner alors qu’il est à l’agonie ? Si un médecin pense systématiquement que son patient ment, il doit changer de métier. S’il se range systématiquement à l’opinion des surveillants, alors il est un maton, pas un médecin. Le scandale, c’est aussi qu’ambulanciers et urgences ne peuvent pas intervenir d’eux mêmes en prison : à chaque fois il faut que le service médical ou l’AP valide. Ça leur donne un contrôle total sur ce qui se passe, y compris quand il y a violence des matons, quand ils sont en train de pousser quelqu’un à bout.

    Suite à la plaidoirie de l’avocat de la famille, celui du médecin est tombé dans les pommes, du coup il a eu trois semaines de délai pour peaufiner sa plaidoirie -un luxe, alors que des étrangers en CRA sont jugés pour les révoltes au Mesnil Amelot sans êtres présents, sans visio, sans contact avec leur avocat ! Le droit est toujours utilisé contre notre gueule. Les droits de la défense, c’est pour les policiers et les matons accusés de violence, pour les bourgeois qui passent au tribunal. Pour les autres, on en entend jamais parler.

    La procureur a demandé douze mois avec sursis : c’est ridicule. Nous ne souhaitons la prison à personne, mais ce médecin devrait au moins être interdit d’exercice. Début février, le médecin a carrément été relaxé, donc la justice confirme aux matons et aux médecins qu’ils peuvent laisser mourir des gens, leur refuser des soins, qu’il ne va rien leur arriver. Si la justice ne reconnaît pas les responsabilités, nous connaissons la vérité. Racontons-la partout et intéressons-nous aux suites : appel, tentative de saisir l’ordre des médecins…

    Notes :

    * Vous pouvez réécouter ici un entretien de septembre 2017 où Anne revient longuement sur l’histoire, ou le lire dans le journal l’envolée n°47.

    ** On parle de « parloir fantôme » lorsque le prisonnier ne souhaite pas s’y rendre, ou lorsque le visiteur n’est pas venu.