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  • PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS UN JOUR…  PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS TOUJOURS ?

    PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS UN JOUR… PRIVÉ·E·S DE PARLOIRS TOUJOURS ?

    Le 31 mai 2020 par des proches de prisonniers enfermés à la maison centrale de St-Maur (36), au QMC de Réau (77), au QI d’Annœullin (59), à la maison centrale de Lannemezan (65), à la MA de La Talaudière (42), à la MA de La Santé (75), au CD de Nantes (44), à la MA de Rennes (35), à la MA de Ploemeur (56), au CD de Châteaudun (28), à la MA de Châlons-en-Champagne (51), avec Zorro, ancien prisonnier, et L’Envolée.

    Depuis le déconfinement du 11 mai, on entend dire que les parloirs sont rétablis mais c’est toujours le même mépris qui est subi par les prisonnier.es – et par nous-mêmes qui les visitons – depuis le début de la « gestion » de l’épidémie. Une gestion sécuritaire plus que sanitaire. Nous avons vécu la suppression des parloirs comme une mesure punitive et infantilisante ; leur pseudo rétablissement l’est tout autant. Et nous refusons que cela dure !

    Les visites à nos proches enfermé.es ont été brutalement supprimées le 17 mars, les privant de l’aide matérielle, du soutien moral, de l’amitié, de la solidarité, de l’amour que nous leur apportons chaque fois que nous mettons un pied dans ces horribles prisons. Pendant les deux mois de suspension des parloirs, nous n’avons eu de cesse d’exiger leur rétablissement immédiat. Rappelons que c’est la principale raison des mouvements de révolte qui ont alors éclaté. A l’heure où la direction de l’AP se flatte d’avoir éteint ces mouvements à force de transferts disciplinaires et de promesses de RPS (remises de peines supplémentaires), nous répétons que les prisonnier.es, nos compagnons, nos compagnes, nos amis, nos frères, nos sœurs, nos enfants… ont eu raison de se révolter.

    La suppression des parloirs était une mesure liberticide. Faute de masques, de tests et de solution hydroalcoolique à distribuer, et plutôt que de libérer massivement les prisonnier.es en urgence par une loi d’amnistie, l’État a considéré que les prisonnier.es et leurs proches ne seraient pas capables d’appliquer les fameux « gestes barrières ». A la recherche d’une solution adaptée à notre situation particulière, il a préféré la suppression pure et simple de ce dernier espace de liberté. Nous avons inlassablement souligné qu’il s’agissait bien d’un « motif familial impérieux » : rien n’y a fait. Dehors, des couples séparés ont pu se partager la garde de leurs enfants, mais les familles séparées par la prison ont été privées du droit de se retrouver ne serait-ce que quelques heures sans que la mesure soulève la moindre interrogation. Pourquoi était-ce une évidence ? Sort-on de l’humanité en rentrant en prison ? N’y avait-il plus de larmes pour les prisonnier.es dans un pays qui laissait déjà mourir ses anciens dans des Ehpad devenus prisons à leur tour ? A-t-on jugé politiquement intenable d’assurer le maintien d’un droit élémentaire aux prisonnier.es et leurs proches au moment d’imposer des conditions de vie carcérales à l’ensemble de la population ? Ou tout simplement, était-il plus « gérable » pour l’administration pénitentiaire (AP) de devancer les exigences des syndicats de surveillants ?

    Il semble qu’à ce jour, aucune prison ne soit devenue un foyer épidémique massif. Espérons que cela continue ; peut-être comprendrons-nous un jour pourquoi. D’ici là, ne laissons pas dire que la non-contamination massive des prisons est due à une bonne gestion de l’épidémie par l’AP. La preuve : quand le virus est entré ici et là (il n’y a pas de chiffre global), ce sont les surveillants qui l’ont amené avec eux, ainsi que les personnes que la justice a continué à incarcérer – en moins grand nombre que d’habitude, mais tout de même. L’affirmation que la suppression des visites a été bénéfique sert à justifier ce qui nous est aujourd’hui imposé en guise de parloirs. « Les parloirs seront limités à une personne, pour une heure maximum, une fois par semaine, avec des règles sanitaires drastiques [comme le port du masque et l’interdiction absolue de tout contact]. Nous savons que cela va être dur pour un détenu qui n’a pas vu sa femme depuis deux mois de ne pas lui prendre la main. » « Dur » ? C’est le moins qu’on puisse dire, Monsieur le directeur de l’AP. Disons aussi que ces règles sont méprisantes, infantilisantes, humiliantes, et au final… punitives !

    Une personne par visite, âgée de plus de 16 ans et de moins de 65 ans, une fois par semaine. Rappelons que les parloirs sont limités à six personnes en temps normal et que nous aurions pu comprendre de ne pas venir à plus de deux ou trois. Concrètement, cette mesure empêche les enfants de voir leurs parents. Alors que l’on incite les enfants à retourner dans des écoles qui ressemblent de plus en plus à des prisons, au nom de quoi les prive-t-on de parloir ? Combien de temps devront-ils encore attendre pour voir leur papa ou leur maman ?

    Ces règles instaurent des parloirs-express d’une durée de 30 minutes à une heure ; une mesure qui a déjà des conséquences très graves, notamment dans les établissements pour peine (centres de détention et centrales), car nombre d’entre nous renoncent à traverser la France pour une demi-heure ; Sans compter la limite des 100 kilomètres qui nous a exposé à une amende pendant quinze jours (1).

    Même si elle disparait le 2 juin, cette restriction initiale des 100 kilomètres aura renforcé notre détermination à réaffirmer une revendication que prisonnier.es et proches  portons depuis des dizaines d’années : le rapprochement familial et la fin des transferts disciplinaires qui éloignent les prisonniers à l’autre bout de la France. Nous exigeons que nos proches soient enfermés au plus près de nos lieux de vies pour que nous n’ayons plus à choisir entre un plein d’essence et un caddie pour nourrir les nôtres.

    Ces règles généralisent les parloirs « hygiaphone ». C’est le retour en force d’une mesure disciplinaire dégradante que les prisonnier.es ont combattu pendant des années : la vitre de séparation. L’absurde nous impose même le plus souvent de porter un masque derrière ce plexiglas. Non seulement on ne se touche pas, mais on ne s’entend pas, on se voit mal et on se comprend difficilement.

    Ces règles sont soumises à l’arbitraire des agents de la pénitentiaire. Nous savons déjà qu’elles ne s’appliquent pas de la même manière d’une prison à une autre, d’une heure à l’autre, d’un surveillant à l’autre. Une fois de plus, nous nous trouvons toujours un peu plus isolé.es face au sort qui nous est fait.

    Ces règles sont clairement punitives. Si nous nous prenons la main, notre droit de visite peut être supprimé et nos proches incarcéré.es placé.es à l’isolement pendant quatorze jours. Des surveillants épient en permanence nos moindres faits et gestes. En plus de nous infantiliser, cette surveillance constante ne nous laisse plus aucune intimité, aucune possibilité d’échanger sur des questions personnelles.

    Ces règles ne protègent pas les prisonniers. Nous sommes contraints de porter des masques – non fournis -, mais eux n’ont toujours pas le droit d’en porter en détention. Bien que les prisonnier.es fabriquent et lavent les masques de la pénitentiaire, on ne leur en donne pas. Pire : celles et ceux qui en portent se prennent des comptes rendus d’incidents. Et bien souvent lorsque nous proposons d’en apporter au parloir, on nous le refuse. Quant au gel hydroalcoolique, il est toujours interdit… au cas où quelqu’un voudrait se saouler avec ! Ne venez donc pas nous parler de prévention sanitaire. Rappelons encore une fois que surveillants et surveillantes rentrent tous les soirs dans leurs familles et qu’il est vraisemblable qu’ils se prennent dans les bras !

    Ces règles ont vocation à durer et l’absence de déclaration du gouvernement à ce sujet nous le confirme. S’il a fallu deux mois pour bricoler un système aussi ridicule et liberticide pour les parloirs, il faudra des mois, voire des années pour le faire disparaitre. Que l’épidémie reflue ou pas, cela ne changera pas fondamentalement la donne : en prison, quand nous perdons un espace de liberté, il est perdu pour longtemps. Et on peut craindre que la période serve de prétexte à l’introduction massive d’horribles visioparloirs qui se substitueraient progressivement à la chaleur des présences.

    A moins bien sûr, que nous trouvions la force – dedans aussi bien que dehors – de faire entendre nos exigences. Nombre de prisonnier.es refusent de se rendre au parloir pour combattre dès aujourd’hui l’avenir qui se dessine. Cette grève des parloirs n’est qu’un des nombreux moyens de lutte qui peuvent être déployés pour s’y opposer.

    Des proches de prisonniers enfermés à la maison centrale de St-Maur (36), au QMC de Réau (77), au QI d’Annœullin (59), à la maison centrale de Lannemezan (65), à la MA de La Talaudière (42), à la MA de La Santé (75), au CD de Nantes (44), à la MA de Rennes (35), à la MA de Ploemeur (56), au CD de Châteaudun (28), à la MA de Châlons-en-Champagne (51), avec Zorro, ancien prisonnier, et L’Envolée.

    Note :

    (1) Pour parer à l’absence de dérogation spécifique prévue par le gouvernement, des avocats ont proposé de regrouper les recours en cas d’amende. Pour être mis.es en relation avec eux si cela vous est arrivé, écrivez à contact@lenvolee.net.

  • ÉMISSION DU 29 MAI 2020 : les prisonnier.es face au (dé)confinement

    ÉMISSION DU 29 MAI 2020 : les prisonnier.es face au (dé)confinement


    • Retour sur la semaine : Les matons sont testés mais pas les prisonniers, l’administration réécrit l’histoire de ces trois derniers mois, des contaminations à l’EPM de Porcheville, fabrication d’hygiaphone portatif à Riom, les sanctions au parloir.
    • Des nouvelles de la justice à Rennes. Des grosses peines pour une soit-disant prise d’otages et pour avoir bousculer un maton.
    • Une lettre de Philippe Lalouel : contaminé par le VIH dans les années 1980, il ne veut pas qu’un autre virus le tue en prison !
    • Retour sur la décision de la cours de cassation sur la prolongation automatique des détentions provisoires: il faut demander des DML.
    • Nouvelles des Centre de rétention administrative: une nouvelle grève de la faim au Mesnil-Amelot ; des jugements sans visio en absence des prévenus.
    • Interview de trois prisonniers du CRA de Vincennes.

    Musique: Big Floyd x Dj Screw – « Freestyle » / Police – « Roxanne » / Nessbeal – « Poussières d’Empire » / Ann Sexton – « You’ve Been Gone Too Long » 



    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • ÉMISSION DU 22 MAI 2020 –                  les prisonnier.es face au (dé)confinement

    ÉMISSION DU 22 MAI 2020 – les prisonnier.es face au (dé)confinement



    Musique: Ratur – « Pissenlit » / Precious Bryant – « The Truth » / Tommy Buttler – « Prison Song » / Future – « Mask Off » / Buckshot Le Fonque – « I Know Why The Caged Bird Sing » 



    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • 26 lettres contre la prison

    26 lettres contre la prison

    « Ça ne valait pas la peine, mais ça valait le coup », le livre florilège d’Hafed Benotman, co-inventeur de L’Envolée, était déjà gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande (et il l’est toujours). Nous vous en offrons aujourd’hui le pdf complet ainsi que le disque qui l’accompagne.

     

    Pour télécharger le PDF du livre, cliquez là : Ça ne valait pas la peine mais ça valait le coup – Hafed Benotman

    Pour télécharger le zip du disque CD en MP3 haute qualité, c’est par là : Quelques pistes contre la prison (2001-2014)

     

  • les prisonnier.es face au (dé)confinement : le scandale des parloirs et la violence des matons

    les prisonnier.es face au (dé)confinement : le scandale des parloirs et la violence des matons

    L’Envolée – émission du 15 Mai 2020 (1h30)

    Après 36 flash infos quotidiens et 9 émissions hebdo pour pallier à l’absence de parloirs ; malgré la dite réouverture des parloirs on a continué une semaine de plus. On se retrouve donc vendredi prochain !
    Un énorme merci aux 17 radios FM et aux 5 web radios qui ont diffusé L’Envolée partout en France et en Belgique.

    • Clin d’œil : Olivier parle des QMC, de l’évasion de Redoine Faïd et comme le disait le grand Jacques « Ya pas de prison d’où on ne s’échappe pas ».
    • Big up de la semaine: évasion à Vannes, on transmet plein de courage au prisonnier qui a été rattrapé.
    • Retour sur la prise de parole d’Uzerche: 8 prisonniers en GAV, on continue de suivre.
    • Retour sur le scandale de la pseudo-reprise des parloirs: on ne peut pas parler de parloir lorsqu’un maton est sur ton dos quand tu vois tes proches. Les conditions sont intolérables: refus de la réduction des temps de parloirs et de l’interdiction des enfants !
    • Contestation des 100km pour aller au parloir : il faut contester les amendes collectivement !
    • Des masques pour les prisonniers et prisonnières !
    • Retour sur la situation de Redoine Ikil enfermé dans les prisons Algériennes: lecture d’une lettre de sa soeur
    • La violence des matons et comment ça empêche toute poursuite:
      • A Epinal, les matons mettent au mitard un prisonnier qui réunissait des témoignages de violence des matons,
      • Des nouvelles de JC Merlet,
      • Les matons détruisent la vidéo-surveillance qui les incriminent à Luynes,
      • A Besançon, les matons tabassent deux prisonniers.
    • Appel : Il faut aller au tribunal pour rendre publiques ces affaires ! Etre solidaire des prisonnier.e.s et relayer ce qu’ils se passe là-bas.
    • Suite de l’interview de Nabil, enfermé à La Talaudière (St Etienne), qui explique la chronologie de sa plainte contre les conditions de détention dans la prison.
    • Retour sur la situation dans les CRA et la fin de la grève de la faim à Lille.
    • 12 morts à cause de la police depuis le début du confinement.

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3) & MNE (Mulhouse 107.5).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Même après le déconfinement, il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffusons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous envoyez. Nous lisons également les messages que nous envoient les proches privés de parloir où qui en font dans des conditions punitives, qui nous demanderont de passer.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net, sur contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.


    Musique : Hank Ballard – « How You Gonna Get Respect », Berurier Noir– « Fils de », Dublin City Ramblers – « Helicopter Song » / A Wax – « 40 Dollars ».


  • Petit argumentaire juridique pour justifier d’aller voir un.e proche incarcéré.e à plus de 100 kilomètres de chez soi.

    Petit argumentaire juridique pour justifier d’aller voir un.e proche incarcéré.e à plus de 100 kilomètres de chez soi.

    Alors que les parloirs ont soi-disant repris depuis le début du déconfinement le 11 mai, et que les déplacements à plus de 100 km de chez soi sont soumis à de très nombreux interdits, nombreuses sont les personnes à se demander si elles peuvent ou non aller visiter leurs proches quand il ou elle est incarcéré.e à plus de 100 kilomètres. Aucune dérogation spécifique n’a été prévue par le gouvernement ; mais nous pouvons dores et déjà nous appuyer sur des éléments juridiques en cas de contrôles policiers pour éviter une verbalisation. En plus de vous munir d’une attestation dérogatoire en y cochant la case « motif familial impérieux » ou « assistance à une personne vulnérable », nous vous invitons à imprimer les éléments qui suivent lorsque vous vous déplacerez pour visiter votre proches. Ils ont été rédigé par un juriste. Si toutefois, un policier décidait de vous verbaliser, nous vous invitons à nous contacter (contact@lenvolee.net) ; nous vous mettrons en contact avec notre avocat qui portera collectivement les recours contre ces amendes.

    L’article 3 du décret du 11 mai 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire prévoit l’interdiction de tout déplacement conduisant une personne à la fois à sortir d’un périmètre défini par un rayon de 100 kilomètres de son lieu de résidence et à sortir du département dans lequel ce dernier est situé.

    Plusieurs dérogations à ce principe d’interdiction sont prévues par le décret.

    Sont permis notamment les déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance des personnes vulnérables, pour le répit et l’accompagnement des personnes handicapées et pour la garde d’enfants.

    La principale difficulté réside dans l’imprécision du texte.

    Il existe en effet une grande incertitude sur ce qui peut être considéré comme « un motif familial impérieux » ou « l’assistance de personne vulnérable ». Le gouvernement ayant décidé de s’en rapporter au « discernement » des forces de l’ordre. Hum hum…

    L’imprécision du texte d’incrimination a déjà été dénoncée et le Conseil Constitutionnel sera bientôt amené à se prononcer sur la constitutionnalité du délit de « non-respect des obligations du confinement ».

    En attendant, une verbalisation est donc toujours possible même s’il apparait qu’une personne visitant un détenu devrait pouvoir invoquer un motif familial impérieux ou une assistance à une personne vulnérable.

    En effet, comme le rappelait à juste titre la circulaire du 20 février 2012 relative au maintien des liens extérieurs des personnes détenues : « Les visites concernent […] l’exercice d’un droit fondamental, celui du droit à la vie familiale, protégé par l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales »

    La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 a consacré le droit au maintien des liens familiaux par l’exercice des permissions de sortir mais aussi des visites.

    Ainsi, « les personnes détenues, quelle que soit leur catégorie pénale, peuvent recevoir des visites de la part des membres de leur famille ou d’autres personnes » (circulaire du 20 février 2012 précitée).

    Le 7 mai 2020, sur France Inter, répondant à une question d’une  auditrice désirant voir son compagnon incarcéré à plus de 100 km de chez elle, Nicole BELLOUBET, Garde des sceaux, précisait :

    « Il nous a semblé très important, très important à partir du 11 mai […] d’accompagner ce mouvement social et de rouvrir les parloirs » La ministre indiquait que cette réouverture se ferait dans des conditions de sécurité sanitaire. Elle poursuivait en précisant que l’auditrice ne pourrait, pour ces raisons, toucher la main de son compagnon.

    S’agissant du franchissement de la limite des 100km elle précisait : « En revanche, sur la question de la distance, dans la mesure où il s’agit d’un rapprochement familial singulier il me semble qu’on pourra avoir là une dérogation ».

    Entendue par la commission des lois le 14 mai 2020 la Ministre de la justice indiquait :

    « Ce retour au droit commun, il s’impose dans les prisons […] surtout dès cette semaine, j’ai souhaité, avec le déconfinement, que l’on puisse recommencer les parloirs qui sont absolument essentiels pour les maintiens des liens familiaux… »

    Par ailleurs au-delà du cadre familial, il doit être considéré que toute personne privée de liberté –et ce quelle que soit ses conditions de détention- est une personne vulnérable.

    C’est la raison pour laquelle le législateur a étendu la possibilité des visites au-delà du cercle familial.

    Ainsi, « les personnes justifiant d’un intérêt autre que familial pour visiter une personne détenue peuvent obtenir un permis de visite. Il peut ainsi s’agir de personnes proches, de personnes appartenant au cercle amical ou de personnes constituant un soutien pour la personne détenue. Le soutien apporté peut prendre plusieurs formes: aide morale, aide à la préparation à la sortie ou à un projet de réinsertion, continuité d’une prise en charge commencée à l’extérieur, etc… »(Circulaire précitée).

    Enfin doit nécessairement être pris en compte le fait, que la vulnérabilité des personnes détenues a inévitablement été accrue par la période de confinement :

    –          Surpopulation carcérale et crainte d’une contamination,

    –          Suspension des parloirs,

    –          Suspension des activités…

    Dans ces conditions, une personne visitant un détenu doit pouvoir se prévaloir de la dérogation prévu au 4° du I de l’article 3 du décret du 11 mai 2020.

    Dans ce cas le décret prévoit que les personnes doivent se munir, lors de leurs déplacements, d’une déclaration indiquant le motif du déplacement accompagnée, le cas échéant, d’un ou plusieurs documents justifiant ce motif ainsi que d’un justificatif du lieu de résidence. Le modèle de cette déclaration est fixé par arrêté du ministre de l’intérieur.

  • Flash info quotidien du 14 mai 2020 : fin du tour du monde des prisons – Saint Etienne

    Flash info quotidien du 14 mai 2020 : fin du tour du monde des prisons – Saint Etienne

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : Olivier revient sur les évasions des prisonniers qui subissent des peines jusqu’à la mort.
    • Appel à témoignage: les matons placent au QI un prisonnier qui a récolté des témoignages de leur violence;
    • Annonce de la mort d’un prisonnier à Saint-Etienne.
    • Lettre d’un Gilet-Jaune de Saint-Etienne.
    • Interview de Nabil, enfermé à La Talaudière, par Elsa : « c’est toujours un risque de parler comme ça, publiquement. […] J’aimerais bien que les gens dehors, ils comprennent que les détenus, si ils parlent pas trop, c’est parce que c’est dangereux pour eux. C’est pas un acte anodin. »

    Nabil : Il me semble que dans toutes les prisons de France, en fait, c’est la même chose. Y’a plus de parloirs. Pour aller à l’infirmerie, ou juste pour la joindre, c’est un peu compliqué, c’est même très compliqué car il n’y a que quelques jours où les médecins sont présents, du coup, bien sûr, les détenus ils n’ont pas accès aux soins qu’ils devraient avoir.

    Elsa : Encore pire que d’habitude ?

    N : D’habitude, y a quand même au moins des consultations médecin à peu près tous les jours, et là c’est pas du tout le cas.
    Donc là, en fait, c’est la sortie du confinement et on ne sais toujours pas si les activités vont reprendre, si le scolaire va reprendre, si la bibliothèque sera ouverte… Parce qu’ils ont même fermé la bibliothèque, pendant tout le temps du confinement ! Même si on a pu entendre dans certaines émissions qu’il y a avait toujours un accès à la bibliothèque, c’est pas vrai, nous ici en tous cas on n’en a pas. Ils ont mis apparemment des cloisons aux parloirs, pour la reprise des parloirs, ils ont mis des espèces de vitres en plexiglas, je les ai pas vu, mais bon, on m’a dit ça.

    E : Pour les mettre entre les familles et le prisonniers ?

    N : Exactement. Et bon, les surveillants ils ne portent pas de gants, la plupart ils ne portent pas de masques, certains oui et d’autres non. J’ai un peu l’impression, en fait, que certains surveillants n’en ont rien à foutre, de toute manière. C’est pas dans leurs préoccupations, de savoir si on va tomber malade ou pas. Je sais pas si, ici, il y a des gens qui ont eu le Covid ou non, parce qu’il y a plusieurs bâtiments, et comme c’est fait, en fait, on ne peut pas forcément voir tout le monde. Par exemple, si y a eu des arrivants, on ne les vois pas. On peut pas voir ceux qui sont dans ce qu’on appelle « le petit quartier », et eux, on ne les vois jamais et on n’a jamais de contacts avec eux. Moi, j’suis dans le bâtiment des travailleurs, ici en tous cas personne n’est tombé malade. J’imagine qu’il y en a eu, mais moi j’en ai pas entendu parler, ils ne l’ont pas ébruité en tous cas.

    E : Ça créée du stress pour les prisonniers ?

    N : Oui, et notamment, surtout, pour les parloirs quoi. Parce que les gens ils ne voient plus leurs proches, donc forcément ça stresse un peu tout le monde, de ne pas pouvoir avoir un contact avec des gens de l’extérieur. Malgré qu’ils nous aient mis une cabine téléphonique en cellule (là, en fait, ils ont mis des cabines dans chaque cellule) juste après le début du confinement. Mais les échanges par téléphone, c’est pas les mêmes que quand on a les personnes directement, devant nous. C’est pas du tout la même chose. Et puis, imaginez bien que de toute manière, y a plein de gens qui font leurs petits trafics, tout ça, qu’ils peuvent pas faire, et puis même pour le linge, par exemple, sortir ou ramener du linge, bah c’est pas possible… Y a moyen quand même de se le faire laver, mais les détenus en général ils préfèrent les donner à leur famille plutôt que de le donner à la détention, parce que des fois il est perdu, des fois il est peut-être volé même, ou déchiré quand il revient, ou alors il est encore sale quand il revient… donc oui ça peut faire des conflits. En plus ici y a eu quelques conflits liés aux cantines parce que pendant le confinement il n’y avait pas tous les articles disponibles, notamment en nourriture, du coup souvent ils nous mettaient « rupture de stock ». Il faut savoir qu’ici on ne peut cantiner que toutes les trois semaines notre nourriture, en fait quand on fait notre dépôt de compte-cantine on attend trois semaine pour avoir nos cantines. Ce qui fait que, quand on attend trois semaines, on nous dit que y en a pas parce qu’il y a rupture de stock et qu’on doit attendre trois semaines de plus, forcément ça créée des tensions, des problématiques avec les surveillants – parce que de tout manière on ne peut parler qu’avec eux, et ne leur reprocher qu’à eux. Oui, y a eu quelques tensions !

    E : Au tout début, je crois que c’était au tout début du confinement, dans les médias locaux ça a parlé de protestations, dans la prison…

    N : Bah en fait c’est pas vrai ! Il y a eu un mouvement, mais qui n’était pas un mouvement de protestation vis-à-vis du confinement. Il y a eu un mouvement de contestation contre les conditions de détention générales, mais ça, c’est régulier à La Talaudière depuis quelques mois, où il y a toujours des conflits entre l’administration et des détenus, qui refusent de remonter de promenade. Même, il y a un mur qui sépare deux cours de promenades, à plusieurs reprises il a été cassé, le grillage aussi, qui a été cassé à plusieurs reprises.
    Mais ça c’était déjà avant, ça avait déjà commencé avant le confinement. Les gens, ici… Ici il y a presque pas de travail, y a pas d’activités, les cours de promenade ont été réduites quelques années en arrière, donc elles sont plus petites, bah forcément les détenus ils aimeraient retrouver leur grande promenade, on avait deux grandes cours on se retrouve avec deux petites… Et aussi il y a des surveillants qui jouent le rôle de la provocation tout le temps. Donc ça aussi ça a favorisé le fait qu’il y ait des mouvements. Et puis il n’y a pas assez de transferts vers les centres de détention, y a plein de gens qui attendent depuis cinq ans, qui sont encore en maison d’arrêt, qui ne peuvent toujours pas accéder au centre de détention, ce qui est un problème quand t’a une longue peine.

    E : La ministre a parlé de faire sortir plein de gens de prison à cause de la crise du Covid, toi tu a vu des gens sortir ?

    N : Les gens qu’on a vu sortir, c’est les gens qui devaient sortir. Qui ne devaient pas avoir de RPS, de remise de peine supplémentaire, bah là, comme de par hasard, on les leur a donné quand même. C’est à dire qu’ils ne répondaient pas aux conditions, ils n’allaient ni au scolaire, ni ils travaillaient, ils ne faisaient aucun effort, de, comme ils aiment bien le dire, « de réinsertion ». Là, ils ont pu avoir les RPS mais c’est tout. C’est tout, y a pas eu plus que ça. Franchement, ça ne s’est pas ressenti en détention. Y a que là, depuis une semaine, qu’on a senti un petit souffle, dans la prison. Et seulement dans le bâtiment dans lequel je suis, c’est parce que y a beaucoup de gens qui sont partis en transfert, à Roanne. Donc là, ça a libéré quelques places en cellule. Donc il y a des gens qui se retrouvent tout seuls en cellule ; mais sinon, en vrai, il n’y a pas beaucoup de gens qui ont pu sortir. De tout manière, les aménagements de peine ils ont été bloqués pendant tout le confinement, il n’y a pas de gens qui ont pu en faire, enfin très peu, et ce très peu, c’est ceux qui en avaient fait, bien avant, et qu’ils attendaient déjà leur réponse. Mais ça reste des gens, en fin de peine, qui leur reste pas grand chose à faire, trois mois à tout casser. On a vu des gens rentrer par contre.

    E : Beaucoup ?

    N : Pas mal quand même, ouais. J’ai pas l’impression que le confinement a changé bien grand chose sur les entrées en prison. Pour moi c’est toujours la même chose, y a toujours autant d’entrées, ça veut dire, je sais pas moi, quinze à vingt personnes par semaine qui doivent rentrer à peu près. Mais non, j’ai pas vu beaucoup de gens sortir en tous cas. En tous cas, ceux que je fréquente, que je vois depuis longtemps ici, je les vois pas sortir.

    E : Quelque chose à ajouter ?

    N : Non, pas vraiment. Ah, si ! Que c’est toujours un risque de parler comme ça, publiquement. Et que moi, sur mes dernières détentions, j’ai subi de plein fouet de parler publiquement de ce qu’il se passait en détention. Et ça m’a coûté l’isolement, beaucoup de mitard, beaucoup de pressions de la part des surveillants, tout ça. Là, je ne sais pas si j’aurais des pressions ou non, et en vrai, j’en ai rien à foutre. Mais, je le dis parce que j’aimerais bien que les gens dehors, ils comprennent que les détenus, si ils parlent pas trop, c’est parce que c’est dangereux pour eux. C’est pas un acte anodin. Souvent, j’entends des gens dire « ils se plaignent pas beaucoup », « ils disent rien », ceci cela… Oui, mais en fait, si ils disent rien, c’est aussi qu’ils ont peur pour eux, pour leur sortie, pour savoir s’ils vont obtenir leurs aménagements, si il ne vont pas subir les assauts de l’administration pénitentiaire ou des transferts très loin de chez eux… Alors voilà, c’est un truc que je voulais dire quand même.

    E : C’est pour ça qu’on peut te remercier de nous donner des nouvelles, envoyé spécial malgré toi ! Et à tous ceux qui le font, déjà, big up ! À tous ceux qui font ça, c’est un sacré risque.

    N : J’tiens à dire aussi aux détenus qui peuvent le faire, qui n’ont pas peur des pressions et tout, qu’ils doivent parler, et pas se laisser faire. Ils doivent agir, par tous les moyens qu’ils peuvent, en envoyant des courriers, ou en téléphonant à des radios ou à des journaux ou n’importe quoi, mais en tous cas qu’ils se laissent pas abattre, qu’ils se disent pas que c’est fichu, qu’on peut rien faire. Non, y a toujours moyen de faire quelque chose !


    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de vingt minutes, que vous pouvez écouter chaque jour de la semaine sur la FM, les plateformes de podcast et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Jet FM (Nantes 91.2), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5), RKB (Guingamp 106.5), Vassivière (Royère 88.6), Canal Sud (Toulouse 92.2).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Interview de Nabil, enfermé à La Talaudière

    Interview de Nabil, enfermé à La Talaudière

    « c’est toujours un risque de parler comme ça, publiquement. […] J’aimerais bien que les gens dehors, ils comprennent que les détenus, si ils parlent pas trop, c’est parce que c’est dangereux pour eux. C’est pas un acte anodin. »

    lu à l’antenne le 14 Mai 2020

    Nabil : Il me semble que dans toutes les prisons de France, en fait, c’est la même chose. Y’a plus de parloirs. Pour aller à l’infirmerie, ou juste pour la joindre, c’est un peu compliqué, c’est même très compliqué car il n’y a que quelques jours où les médecins sont présents, du coup, bien sûr, les détenus ils n’ont pas accès aux soins qu’ils devraient avoir.

    Elsa : Encore pire que d’habitude ?

    N : D’habitude, y a quand même au moins des consultations médecin à peu près tous les jours, et là c’est pas du tout le cas.
    Donc là, en fait, c’est la sortie du confinement et on ne sais toujours pas si les activités vont reprendre, si le scolaire va reprendre, si la bibliothèque sera ouverte… Parce qu’ils ont même fermé la bibliothèque, pendant tout le temps du confinement ! Même si on a pu entendre dans certaines émissions qu’il y a avait toujours un accès à la bibliothèque, c’est pas vrai, nous ici en tous cas on n’en a pas. Ils ont mis apparemment des cloisons aux parloirs, pour la reprise des parloirs, ils ont mis des espèces de vitres en plexiglas, je les ai pas vu, mais bon, on m’a dit ça.

    E : Pour les mettre entre les familles et le prisonniers ?

    N : Exactement. Et bon, les surveillants ils ne portent pas de gants, la plupart ils ne portent pas de masques, certains oui et d’autres non. J’ai un peu l’impression, en fait, que certains surveillants n’en ont rien à foutre, de toute manière. C’est pas dans leurs préoccupations, de savoir si on va tomber malade ou pas. Je sais pas si, ici, il y a des gens qui ont eu le Covid ou non, parce qu’il y a plusieurs bâtiments, et comme c’est fait, en fait, on ne peut pas forcément voir tout le monde. Par exemple, si y a eu des arrivants, on ne les vois pas. On peut pas voir ceux qui sont dans ce qu’on appelle « le petit quartier », et eux, on ne les vois jamais et on n’a jamais de contacts avec eux. Moi, j’suis dans le bâtiment des travailleurs, ici en tous cas personne n’est tombé malade. J’imagine qu’il y en a eu, mais moi j’en ai pas entendu parler, ils ne l’ont pas ébruité en tous cas.

    E: Ça créée du stress pour les prisonniers ?

    N : Oui, et notamment, surtout, pour les parloirs quoi. Parce que les gens ils ne voient plus leurs proches, donc forcément ça stresse un peu tout le monde, de ne pas pouvoir avoir un contact avec des gens de l’extérieur. Malgré qu’ils nous aient mis une cabine téléphonique en cellule (là, en fait, ils ont mis des cabines dans chaque cellule) juste après le début du confinement. Mais les échanges par téléphone, c’est pas les mêmes que quand on a les personnes directement, devant nous. C’est pas du tout la même chose. Et puis, imaginez bien que de toute manière, y a plein de gens qui font leurs petits trafics, tout ça, qu’ils peuvent pas faire, et puis même pour le linge, par exemple, sortir ou ramener du linge, bah c’est pas possible… Y a moyen quand même de se le faire laver, mais les détenus en général ils préfèrent les donner à leur famille plutôt que de le donner à la détention, parce que des fois il est perdu, des fois il est peut-être volé même, ou déchiré quand il revient, ou alors il est encore sale quand il revient… donc oui ça peut faire des conflits. En plus ici y a eu quelques conflits liés aux cantines parce que pendant le confinement il n’y avait pas tous les articles disponibles, notamment en nourriture, du coup souvent ils nous mettaient « rupture de stock ». Il faut savoir qu’ici on ne peut cantiner que toutes les trois semaines notre nourriture, en fait quand on fait notre dépôt de compte-cantine on attend trois semaine pour avoir nos cantines. Ce qui fait que, quand on attend trois semaines, on nous dit que y en a pas parce qu’il y a rupture de stock et qu’on doit attendre trois semaines de plus, forcément ça créée des tensions, des problématiques avec les surveillants – parce que de tout manière on ne peut parler qu’avec eux, et ne leur reprocher qu’à eux. Oui, y a eu quelques tensions !

    E : Au tout début, je crois que c’était au tout début du confinement, dans les médias locaux ça a parlé de protestations, dans la prison…

    N : Bah en fait c’est pas vrai ! Il y a eu un mouvement, mais qui n’était pas un mouvement de protestation vis-à-vis du confinement. Il y a eu un mouvement de contestation contre les conditions de détention générales, mais ça, c’est régulier à La Talaudière depuis quelques mois, où il y a toujours des conflits entre l’administration et des détenus, qui refusent de remonter de promenade. Même, il y a un mur qui sépare deux cours de promenades, à plusieurs reprises il a été cassé, le grillage aussi, qui a été cassé à plusieurs reprises.
    Mais ça c’était déjà avant, ça avait déjà commencé avant le confinement. Les gens, ici… Ici il y a presque pas de travail, y a pas d’activités, les cours de promenade ont été réduites quelques années en arrière, donc elles sont plus petites, bah forcément les détenus ils aimeraient retrouver leur grande promenade, on avait deux grandes cours on se retrouve avec deux petites… Et aussi il y a des surveillants qui jouent le rôle de la provocation tout le temps. Donc ça aussi ça a favorisé le fait qu’il y ait des mouvements. Et puis il n’y a pas assez de transferts vers les centres de détention, y a plein de gens qui attendent depuis cinq ans, qui sont encore en maison d’arrêt, qui ne peuvent toujours pas accéder au centre de détention, ce qui est un problème quand t’a une longue peine.

    E : La ministre a parlé de faire sortir plein de gens de prison à cause de la crise du Covid, toi tu a vu des gens sortir ?

    N : Les gens qu’on a vu sortir, c’est les gens qui devaient sortir. Qui ne devaient pas avoir de RPS, de remise de peine supplémentaire, bah là, comme de par hasard, on les leur a donné quand même. C’est à dire qu’ils ne répondaient pas aux conditions, ils n’allaient ni au scolaire, ni ils travaillaient, ils ne faisaient aucun effort, de, comme ils aiment bien le dire, « de réinsertion ». Là, ils ont pu avoir les RPS mais c’est tout. C’est tout, y a pas eu plus que ça. Franchement, ça ne s’est pas ressenti en détention. Y a que là, depuis une semaine, qu’on a senti un petit souffle, dans la prison. Et seulement dans le bâtiment dans lequel je suis, c’est parce que y a beaucoup de gens qui sont partis en transfert, à Roanne. Donc là, ça a libéré quelques places en cellule. Donc il y a des gens qui se retrouvent tout seuls en cellule ; mais sinon, en vrai, il n’y a pas beaucoup de gens qui ont pu sortir. De tout manière, les aménagements de peine ils ont été bloqués pendant tout le confinement, il n’y a pas de gens qui ont pu en faire, enfin très peu, et ce très peu, c’est ceux qui en avaient fait, bien avant, et qu’ils attendaient déjà leur réponse. Mais ça reste des gens, en fin de peine, qui leur reste pas grand chose à faire, trois mois à tout casser. On a vu des gens rentrer par contre.

    E : Beaucoup ?

    N : Pas mal quand même, ouais. J’ai pas l’impression que le confinement a changé bien grand chose sur les entrées en prison. Pour moi c’est toujours la même chose, y a toujours autant d’entrées, ça veut dire, je sais pas moi, quinze à vingt personnes par semaine qui doivent rentrer à peu près. Mais non, j’ai pas vu beaucoup de gens sortir en tous cas. En tous cas, ceux que je fréquente, que je vois depuis longtemps ici, je les vois pas sortir.

    E : Quelque chose à ajouter ?

    N : Non, pas vraiment. Ah, si ! Que c’est toujours un risque de parler comme ça, publiquement. Et que moi, sur mes dernières détentions, j’ai subi de plein fouet de parler publiquement de ce qu’il se passait en détention. Et ça m’a coûté l’isolement, beaucoup de mitard, beaucoup de pressions de la part des surveillants, tout ça. Là, je ne sais pas si j’aurais des pressions ou non, et en vrai, j’en ai rien à foutre. Mais, je le dis parce que j’aimerais bien que les gens dehors, ils comprennent que les détenus, si ils parlent pas trop, c’est parce que c’est dangereux pour eux. C’est pas un acte anodin. Souvent, j’entends des gens dire « ils se plaignent pas beaucoup », « ils disent rien », ceci cela… Oui, mais en fait, si ils disent rien, c’est aussi qu’ils ont peur pour eux, pour leur sortie, pour savoir s’ils vont obtenir leurs aménagements, si il ne vont pas subir les assauts de l’administration pénitentiaire ou des transferts très loin de chez eux… Alors voilà, c’est un truc que je voulais dire quand même.

    E : C’est pour ça qu’on peut te remercier de nous donner des nouvelles, envoyé spécial malgré toi ! Et à tous ceux qui le font, déjà, big up ! À tous ceux qui font ça, c’est un sacré risque.

    N: J’tiens à dire aussi aux détenus qui peuvent le faire, qui n’ont pas peur des pressions et tout, qu’ils doivent parler, et pas se laisser faire. Ils doivent agir, par tous les moyens qu’ils peuvent, en envoyant des courriers, ou en téléphonant à des radios ou à des journaux ou n’importe quoi, mais en tous cas qu’ils se laissent pas abattre, qu’ils se disent pas que c’est fichu, qu’on peut rien faire. Non, y a toujours moyen de faire quelque chose !

  • Flash info quotidien du 13 mai 2020 : CP de Nantes, JC Merlet & tour du monde des prisons – l’Italie

    Flash info quotidien du 13 mai 2020 : CP de Nantes, JC Merlet & tour du monde des prisons – l’Italie

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : Olivier revient sur les conditions au mitard.
    • Brèves: un prisonnier malade à Villeneuve-les-Maguelones, un prisonnier mort dans un fourgon sur l’Ile Maurice.
    • Appel témoignage pour le feu au QHS de Condé.
    • Au CP de Nantes, les prisonniers répondent aux circulaires de la direction.
    • Des nouvelles de Jean-Christophe Merlet
    • Tour du monde des prisons: la situation en Italie.


    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

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    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Jet FM (Nantes 91.2), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5), RKB (Guingamp 106.5), Vassivière (Royère 88.6), Canal Sud (Toulouse 92.2).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Flash info quotidien du 12 mai 2020 : tour du monde des prisons – les Etats-Unis.

    Flash info quotidien du 12 mai 2020 : tour du monde des prisons – les Etats-Unis.

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Clin d’oeil : Olivier revient sur l’évasion de Rédoine Faïd à Réau, « du velour ».
    • Tour du monde des prisons: la situation aux Etats-Unis.


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