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  • « Je m’efforce d’être debout face à la rudesse de la tâche ».

    « Je m’efforce d’être debout face à la rudesse de la tâche ».

    Sandra en grève de la faim contre l’assignation à résidence de sa famille.

    Kamel Daoudi est assigné à résidence depuis 2008. Forcé de déménager du jour au lendemain au gré des décisions ministérielles, séparé de ses proches, contraint de pointer chaque jour à la gendarmerie, il se débat dans un labyrinthe administratif. Le 14 septembre 2023, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a refusé de se prononcer sur le fond du dossier en rejetant sa requête pour des motifs de procédure. Face a cet énième refus qui mêle vengeance d’Etat et folie administrative, Sandra, la compagne de Kamel vient d’entamer une grève de la faim. Dans le texte qui suit elle exprime les raisons de son action, sa détermination et son refus d’être « considérée comme « une pauvre femme » assignée à rester dans l’ombre de son conjoint, spectatrice de la souffrance de ses enfants ».

    Mon mari a été condamné définitivement en décembre 2005 pour des soupçons d’appartenance à une « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Ce dossier repose essentiellement sur des aveux extorqués sous la torture. Mon mari a toujours nié les faits qu’on lui a reprochés. Il a exécuté intégralement sa peine.

    A cette peine a été adjointe, une peine complémentaire d’interdiction définitive du territoire français (IDTF). Cette IDTF est inapplicable car en cas d’expulsion vers son pays de naissance, l’Algérie, il serait exposé à des traitements dégradants et inhumains. L’expulsion étant impossible, le ministère de l’intérieur a décidé de l’assigner à résidence, en attendant son éloignement vers un autre pays.

    Ce 14 septembre 2023, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a refusé de se prononcer sur le fond de son dossier en rejetant sa requête pour des motifs de procédure. Cela signifie que la Cour Européenne laisse à l’État français toute latitude pour continuer à assigner mon mari sans limite dans le temps et sans se soucier des retombées sur l’ensemble de notre famille. Le gouvernement français concourt à le placer dans une situation inextricable lui interdisant toute vie privée et familiale. Je dois pour ma part pallier à toutes les injonctions du ministère sans jamais me rebeller ni contester leur bien-fondé.

    Comme la réhabilitation de Kamel est rendue impossible par les autorités administratives malgré ses attaches solides et profondes en France où il vit depuis l’âge de cinq ans, par voie de conséquence, celles-ci me privent – moi et mes enfants – de notre droit à la vie privée et familiale. Aucun pays n’acceptant son accueil, avec la réputation que l’État français a dressé de lui, l’administration s’acharne à nous pousser vers une impasse : son retour forcé en Algérie. Ce harcèlement continu sur quinze ans est épuisant pour toute la famille.

    Le ministère de l’intérieur interdit à mon mari de travailler. Mes enfants ne peuvent que constater l’incapacité de leur père à participer normalement à leur éducation et à leur épanouissement d’autant plus qu’il a été éloigné à plus de deux heures de route du foyer familial.

    Mes enfants doivent constamment s’adapter aux nouvelles contraintes liées à l’assignation de leur père. En quinze ans, ils ont dû arpenter les routes de France pour se rendre vers 7 lieux différents situés dans des départements aussi éloignés que la Creuse, la Haute-Marne, le Tarn, la Charente-Maritime ou le Cantal. Gérer le quotidien de deux adultes, une adolescente et trois jeunes enfants dans une chambre d’à peine dix mètres carrés relève d’une organisation extrêmement rigoureuse pour tenter de créer un climat sécurisant et apaisant malgré les circonstances. Chaque déplacement implique de fait, un isolement social.

    Cette situation d’enfermement à l’air libre crée une atmosphère anxiogène chez de jeunes enfants encore plus intense que pour l’incarcération d’un parent. En effet, un parent incarcéré peut susciter un espoir auprès de l’enfant qui sait que celui-ci sortira un jour tandis que dans le cas de l’assignation à résidence, l’enfant partage cet enfermement et n’a aucun espoir que la situation ne s’améliore. Je ne peux pas dire à mes enfants que le dénouement sera nécessairement politique.

    Il suffit de côtoyer Kamel Daoudi pour être suspecté de terrorisme. En plein état d’urgence alors qu’un car de CRS stationnait chaque nuit pendant plus de deux mois, de 19h à 7h devant mon domicile, les plaques d’immatriculation d’amis qui me rendaient visite étaient systématiquement relevées devant eux afin qu’ils comprennent que cette maison était hautement surveillée. Beaucoup de connaissances se sont malheureusement pliées à cette intimidation.

    Avec la répétition de situations humiliantes, toute atteinte à notre intégrité et à notre réputation contribue à alimenter le supplice dit « de la goutte d’eau ». Après la chute de plusieurs milliers de gouttes, une simple petite goutte a le même effet que l’effondrement d’un immeuble sur votre front. Je m’efforce d’être debout malgré la rudesse de la tâche pour faire face à toutes les personnes méprisantes qui me perçoivent comme une personne peu respectable et peu fréquentable.

    Ce qui est désarmant dans ce retournement permanent du stigmate, c’est que les institutions censées protéger les citoyens me laissent livrée à mon sort. En 2017, quand un couple de voisins policiers fabulateurs a décidé de tout entreprendre pour me nuire en provoquant l’intervention abusive de la section de déminage de Toulouse, les autorités concernées dont l’IGPN n’ont pas cherché à circonscrire leurs méfaits. Il a fallu d’autres incidents et des mensonges répétés très « grossiers » de la part de ces agents de police pour que les autorités judiciaires décident enfin de neutraliser ce couple en classant leurs plaintes extravagantes, sans suite. En revanche ma plainte pour harcèlement et diffamation déposée antérieurement contre ces mêmes voisins n’a toujours pas abouti à ce jour. Ce prétendu « non-évènement » pour reprendre l’expression du commandant de police de l’époque, a eu pour conséquence mon arrêt de travail pour anxiété post-traumatique pendant près d’un an. Il faut s’imaginer le quotidien de mes enfants pendant cette période alors que je peinais à réaliser de simples tâches ménagères.

    Combien de femmes se seraient résignées à se séparer de leur conjoint devant toutes ces difficultés, combien d’enfants humiliés se seraient laissés déborder par une colère légitime ?

    Le ministère de l’Intérieur refuse d’acter que nous ne sommes plus le 23 avril 2008, date du premier arrêté d’assignation à résidence de Kamel. Il s’emploie à toujours mettre en avant la sécurité publique sans considérer l’évolution de la situation familiale depuis quinze ans. Pourtant l’assignation à résidence a des répercussions palpables sur mon quotidien.

    En 2009, mon époux a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir quitté le périmètre de son assignation afin de m’accompagner à la clinique alors que j’étais enceinte de sept mois. Et en 2020, il a été condamné à un an ferme en première instance pour 25 minutes de retard à son couvre-feu tandis qu’il cuisinait dans un lieu associatif. A chaque fois, j’ai dû supporter les conséquences de ces tragédies qui résultent des conditions particulièrement sévères de son assignation à résidence. La moindre infraction peut ainsi être punie d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison ferme.

    Qui pourrait se prévaloir, en quinze ans d’assignation, de ne jamais avoir le moindre retard pour les deux, trois ou quatre pointages quotidiens imposés au commissariat ? Je ne comprends plus l’énergie déployée par le ministère de l’intérieur pour broyer toute une famille au mépris des droits individuels les plus fondamentaux.

    Deux murs restent infranchissables :
    Décoller l’étiquette de Kamel, considéré comme « un homme dangereux » alors qu’il n’a commis aucune infraction depuis la fin de l’exécution de sa peine en 2008 ;
    Déconstruire des décisions de justice administrative fondées essentiellement sur des notes blanches pour obtenir sa réhabilitation en relevant par exemple son interdiction définitive du territoire.

    Ne pas tenir compte de l’évolution de la situation de Kamel en l’espace de plus de quinze ans n’est pas digne d’un État prétendant respecter les libertés individuelles fondamentales. Le ministère a-t-il seulement conscience qu’il ne s’agit plus simplement de la destinée de Kamel. J’ai des droits en tant que femme. Je ne suis pas uniquement l’épouse de Kamel. J’aspire à être considérée comme un individu à part entière.

    Il me semble aussi que chaque fois que la situation d’un enfant est en cause, l’intérêt supérieur de celui-ci doit primer ; il s’agit d’un principe essentiel. Marteler sans aucun élément sérieux que Kamel continue d’être dangereux, alors qu’il se comporte de manière exemplaire dans des conditions déshumanisantes, ne peut suffire à sacrifier la vie de nos enfants en les privant de l’amour et de la présence de leur père. Être considérée comme « une pauvre femme » assignée à rester dans l’ombre de son conjoint, spectatrice de la souffrance de mes enfants, ne peut suffire à me réduire au silence.

    Mes droits et ceux de mes enfants, tous ressortissants français sont inaliénables.

    Durant toutes ces années notre famille a beaucoup trop souffert d’un ostracisme décomplexé, d’une violence institutionnelle assumée et d’un isolement qui n’est plus supportable. Ce qui est inhumain, ce n’est pas seulement de laisser Kamel dans cette situation sans fin mais de me mépriser en tant que femme et de laisser grandir mes enfants en leur faisant croire que leur quotidien relève de la normalité.

    Sandra, Aurillac, le 18 septembre 2023.

  • Lettre de Zouzou – La DML de Nasser rejetée – Encore un mort au CRA de Vincennes – Des prisonniers en lutte contre les violences policières

    Lettre de Zouzou – La DML de Nasser rejetée – Encore un mort au CRA de Vincennes – Des prisonniers en lutte contre les violences policières

    Émission de l’Envolée du vendredi 15 septembre 2023

    • Lettre de Zouzou qui voit ses perspectives d’aménagement de peine s’éloigner.

    • Appel des proches de Nasser après ses plus de 85 jours de grève de la faim et le refus de sa dernière demande de remise en liberté (DML). On a déjà parlé de la bagarre de Nasser à la maison d’arrêt de Perpignan pour obtenir sa sortie et pouvoir accompagner sa compagne dans son traitement médical dans des émissions précédentes.

    • Des nouvelles de la prison pour sans papier de Vincennes : des prisonniers du centre de rétention sont en grèves de la faim pour protester contre les violences policières. On revient également sur le décès à la fin du mois d’août dans ce même CRA d’un prisonnier transféré à l’hôpital suite à une tentative de suicide.


    Agenda :

    • Présentation du dernier numéro du journal et du bouquin d’Hafed le 20 septembre à la librairie Quilombo, 23 rue Voltaire 75011 Paris

    Sons : 113 – Les évadés / Djadja et Dinaz – Drôle de mentalité / DTF – Dans la ville

    Le journal numéro 57 est dispo !

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
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    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque parfois de forces pour faire tourner l'émission comme on le voudrait en ce moment : 
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  • Un des co-accusé·es du 8.12 raconte sa détention provisoire et leur procès à venir en octobre

    Un des co-accusé·es du 8.12 raconte sa détention provisoire et leur procès à venir en octobre

    Émission du vendredi 8 septembre 2023

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  • Des nouvelles de Kémi – Canicule et piscine : la polémique de l’été –  Idir est mort au mitard de Corbas il y a trois ans – Nasser en grève de la faim à Perpignan

    Des nouvelles de Kémi – Canicule et piscine : la polémique de l’été – Idir est mort au mitard de Corbas il y a trois ans – Nasser en grève de la faim à Perpignan

    Émission du vendredi 1er septembre 2023

    • Deux lettres reçues pendant l’été de Kémi, correspondant de longue date de l’Envolée, enfermé à la centrale d’Arles. Il raconte comment l’AP lui a encore une fois fait miroiter une sortie de l’isolement. Pour rappel, la pénitentiaire le maintient au QI depuis des années pour lui faire payer ses révoltes et prises de parole passées. Il raconte également les chaleurs insoutenables dans les taules pendant les dernières canicules. Une occasion de parler de la polémique de l’été suite à la photo qui a circulé d’une piscine dans une cellule. Le scandale, ce n’est pas cette piscine gonflable, mais bien les conditions ignobles dans lesquelles sont enfermés les prisonniers et les prisonnières dans les prisons de France qui deviennent invivables pendant les canicules.

    • Un appel de Najet, la mère d’Idir, mort au mitard de la prison de Lyon-Corbas le 9 septembre 2020, il y a tout juste trois ans. Elle se mobilise depuis pour rétablir la vérité sur son décès : on ne croit pas à la thèse officielle du suicide car des prisonniers ont raconté qu’il avait été passé à tabac par les matons. Elle se bat également pour la fermeture des quartiers disciplinaires et des quartiers d’isolement où ont lieu trop de « morts suspectes », ainsi que la dissolution des équipes de matons cagoulés, ELAC et ERIS, responsables de multiples violences. On lance aussi un appel à témoignage suite à la mort suspecte d’un prisonnier cet été à la prison de Villefranche.

    • Un appel d’Abdelaziz, membre du comité des proches de Nasser, enfermé à la maison d’arrêt de Perpignan où il est en grève de la faim depuis 73 jours pour exiger sa sortie. Il réclame le droit d’accompagner au dehors sa compagne malade en attendant son jugement mais l’AP s’acharne contre lui. Il est maintenu en préventive depuis deux ans alors que son état de santé s’est fortement dégradé depuis qu’il a cessé de s’alimenter et il est maintenant en fauteuil roulant. Et on sait que les conditions d’enfermement dans cette taule sont particulièrement dégueulasses. Un rassemblement de soutien a été appelé devant le taule le 2 septembre à 14h30.

    • Un non-lieu vient d’être prononcé pour les gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré en 2017. Un message fort envoyé par la justice aux forces de l’ordre : quelle que soit la mobilisation face à eux, les juges n’enverront pas les porteurs d’uniforme derrière les barreaux, même quand ils tuent.

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  • Il y a un an, la prison tuait Romain Leroy

    Il y a un an, la prison tuait Romain Leroy

    Le 9 août 2022, Romain Leroy prisonnier longue peine, correspondant de l’Envolée, est mort. Il est mort d’une rupture de l’aorte. Il avait 38 ans.

    Notre ami et allié, ce papa et mari est parti pour toujours.

    Il est mort de la prison. (Le numéro 56 du journal en hommage à Romain est dispo ici).

    De transfert en transfert, il est passé par les prisons les plus sécuritaires de France. Quartier disciplinaire, isolement, acharnement… parce qu’il refusait de laisser la taule le broyer.

    En 2016 il décide de prendre la parole publiquement. Cette prise de parole, État et médias l’ont appelé « la mutinerie de Valence ». Sans ce mouvement collectif, personne n’aurait daigné tendre ne serait-ce qu’une oreille pour entendre la réalité des conditions carcérales. Lisez ou relisez ses déclarations au procès de cette révolte et cette lettre qu’il avait écrite à l’époque pour expliquer son geste.

    Sans vouloir être un héros, Romain voulait raconter, dénoncer et combattre les vrais drames de la taule, ceux qui sont vécus par tous les prisonnier·es, toutes les familles : le manque de soin, les morts suspectes, les difficultés de rapprochement familial, l’isolement, l’absence de respect des droits les plus élémentaires des prisonnier·es, etc.

    L’administration pénitentiaire n’a pas de cœur, c’est normal, mais elle a de la mémoire et la vengeance tenace. Jamais, elle n’a pu pardonner à Romain ces prises de parole.

    A chacune de ses interventions publiques, Adeline, sa compagne, raconte cette vengeance pénitentiaire (notamment dans cette émission). Elle l’a subie, elle aussi, au fil des ans ; mais sans relâche, elle continue de se battre.

    Nous pensons à elle aujourd’hui, ainsi qu’à leur petite fille qui n’aura connu son papa qu’à travers les barreaux.

    Nous pensons à Romain qui a su rester fier, droit, sincère, humain et vrai.

    Si l’administration l’a qualifié de « dangereux » c’est parce qu’il a contribué à faire entendre la vérité sur la prison et le sort réservé aux prisonnier·es longues peines.

    Nous le remercions pour cela et sommes fier·es d’avoir lutté à ses côtés.

    Malgré la censure, nous ne le répèterons jamais assez : la  prison tue !

    Le combat continue, y’a pas d’arrangement !

  • Présentation du dernier numéro du journal : le n°57 – spécial contre la censure – est dans les bacs !

    Présentation du dernier numéro du journal : le n°57 – spécial contre la censure – est dans les bacs !

    Émission de l’Envolée du vendredi 28 Juillet 2023

    Émission spéciale pour présenter le dernier numéro du journal, le n° 57 qui est sorti en juin dernier et qui est entièrement consacrée à la censure par l’administration pénitentiaire de notre petit canard, mais surtout de la vie des prisonniers et des prisonnières et de leurs luttes. On y lit l’édito, on présente le sommaire, on discute des lettres et des morceaux d’articles.

    Pour rappel, vous pouvez retrouver l’édito et le sommaire sur notre site ici. Et vous pouvez également télécharger ce journal au format PDF (comme les 56 numéros précédents aussi d’ailleurs) ici pour les diffuser le plus largement possible dehors comme dedans.

    Le numéro 57 est dispo !

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  • Émission spéciale sur l’opération Wuambushu à Mayotte : Répression coloniale des populations pauvres / prison et centre de rétention surpeuplés

    Émission spéciale sur l’opération Wuambushu à Mayotte : Répression coloniale des populations pauvres / prison et centre de rétention surpeuplés

    Émission de l’Envolée du vendredi 21 juin 2023

    Une émission spéciale sur la répression coloniale à Mayotte et sur l’opération Wuambushu lancée par le ministre des flics depuis avril 2023. Cette émission a été réalisée en lien avec une autre émission de la radio FPP, l’écho des Comores.

    On revient d’abord sur l’histoire de Mayotte, une île de l’archipel des Comores dans l’océan indien pour comprendre comment elle est restée française malgré l’indépendance des Comores et comment elle est ensuite devenue un département français. Mayotte est un territoire d’exception – le droit du sol ne s’y applique pas – au centre des intérêts impérialistes français et encore géré comme une colonie.

    On discute ensuite longuement de l’opération Wuambushu qui vise explicitement les populations pauvres du territoire avec des objectifs en termes de destruction d’habitations et d’expulsion de personnes considérées comme « illégales ». L’État français a déployé tout son arsenal répressif – juges, flics, matons, et ses troupes de choc comme le RAID, la CRS 8, les ERIS) pour en faire la vitrine de sa politique migratoire mortifère.

    Bien sûr, cette violence et ce racisme d’État s’exprime au quotidien à Mayotte (qui représente chaque année plus de la moitié des enfermements en centre de rétention et les trois quart des expulsions réalisé par la France) mais ils prennent en ce moment une ampleur et un caractère assumé et décomplexé inédits. Plus de 300 maisons ont déjà été détruites, la prison et le centre de rétention de l’île sont encore plus surpeuplés que d’habitude (240% de taux d’occupation pour la taule).

    On relaie des témoignages de personnes enfermées au CRA de Mayotte suite à l’opération Wuambushu. Cette parole est sortie grâce à des membres d’AbaslesCRA qui ont appelé les cabines téléphoniques du centre pour échanger avec les prisonniers et les prisonnières et les soutenir. Un texte était sorti sur le blog du collectif au début de l’opération.

    Pour rappel, il est possible d’appeler les cabines de toutes les prisons pour sans-papier et les numéros sont disponibles sur le blog d’abaslescra.

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  • « En France, la psychiatrie et la prison c’est la même chose »

    « En France, la psychiatrie et la prison c’est la même chose »

    On avait pas encore publié cette lettre écrite en 2020 par une personne enfermée à l’Hôpital Psychiatrique des Eaux Vives en région parisienne. Dans notre émission et notre journal, on parle rarement de ces lieux d’enfermement car on y a moins de contacts. Mais ces paroles nous rappellent bien que les HP sont aussi des prisons où on subit un enfermement contraint, encadré par la justice et où le quotidien est soumis à l’arbitraire d’une administration. Force à toutes les personnes psychiatrisées sous contrainte et leurs proches. Continuons de faire sortir la parole de ces lieux et de soutenir celles et ceux qui y sont enfermées.

    Salut l’Envolée,

    Déjà quand t’arrives ici en HP ça commence par le déshabillage et ça c’est humiliant. Y a l’isolement aussi qui est une forme de torture psy. Y en a beaucoup d’autres ici (des formes de tortures) comme la contention où ils te ligotent – le mot est faible, c’est comme une camisole.

    Y a une chambre qui s’appelle la cellule d’isolement et après y a une camisole chimique qui peut avoir lieu.

    Y a un autre truc qui s’appelle le patch et genre on t’immobilise et tu peux plus bouger, t’es attaché a un lit. Moi ils m’ont fait ça pendant 20 minutes, j’avais peur qu’ils m’abandonnent là. C’est tous leurs outils pour la torture.

    Quand t’arrives ici à l’hôpital le premier truc qu’ils te font c’est te mettre à poil pour vérifier que t’as pas de drogue ou quoi que ce soit. Et après ils te filent une tunique ou un pyjama où on se sent complètement à poil. Parce que les médecins et infirmières et les anciens patients, eux sont habillés. C’est humiliant et ça crée un truc par rapport aux autres patients, ça met une distance.

    J’trouve ça absurde qu’on condamne les gens parce qu’ils sont malades.

    À chaque fois que je suis hospitalisé ou interné, ma grand mère m’envoie des cartes postales. Et ça, ça fait très plaisir. Dès qu’on est enfermé, la première chose qu’on fait c’est rédiger un papier pour le juge ou écrire un papier à sa femme ou sa famille. J’ai vu des gens qui arrivaient là dedans (en hôpital psychiatrique), la première chose qu’ils faisaient c’était de rédiger un testament.

    Souvent le fait que les gens sont internés, on pense directement à la folie. Mais souvent c’est lié à des événements extérieurs  : situation économique, familiale ou de société.

    Ici, pour vous décrire comment ça se passe. T’as une petite chambre avec une petite table, une chaise et un lit. C’est pas un hôtel F1 c’est sûr.. Y a des toilettes mais y a pas de douche. Ici c’est mal isolé. Ma chambre donne sur un couloir. A gauche y a un côté où à une époque ils avaient mis tous les gens qui avaient attrapé le covid.

    À côté de ma chambre, y a la cellule d’isolement. Là, y a un mec qui a été, comment dire, peut être pas neutralisé, mais violenté par les infirmiers parce qu’il était réticent à leur obéir. Là, il est enfermé à l’isolement on sait pas pour combien de temps. Lui il crie derrière la porte qu’on le torture et il demande à voir les surveillants… J’essaye d’aller lui parler à travers la porte pour le rassurer. Je comprends qu’il soit pas bien.. Moi quand je suis arrivé ici, je me suis réveillé et je savais pas ce que je foutais là.

    La journée ici : normalement on te réveille à 7h pour aller à la douche. Mais moi j’ai obtenu de me lever à 8h. Et j’arrive pas utiliser leurs douches. L’hygiène c’est important c’est sûr, mais ici y a pas d’intimité. Y a une douche pour 20 personnes, je vais pas faire la queue en slip avec un savon.

    Le petit dej c’est un beurre président, confiture, du pain. C’est le premier truc qui se passe dans la journée. C’est un moment important.

    Jusqu’à midi on fait ce qu’on peut. Y en a qui lisent comme moi, d’autres qui sortent dans le parc parce qu’ils sont autorisés. Moi j’ai eu des permissions en ville, jpourrai rentrer chez moi si je voulais mais j’ai plus mes clés, mon portefeuille ou quoi. Ils m’ont tout pris, donc bon je reste là.

    La différence entre la psychiatrie et la prison. C’est qu’en prison t’as une peine, ça dure un certain temps. Ici en psychiatrie on a aucune idée de date de sortie. Et ça, c’est angoissant.

    C’est ce que j’essaye d’expliquer à ma responsable. Je comprends pas ce qu’ils veulent de moi. Je sais pas si je dois fermer ma gueule ou faire genre que je vais mieux. Apparemment il faudrait que je patiente. Le temps de comprendre ça, c’est déjà quelque chose.

    Moi ça me fait peur de rester ici jusqu’à la fin de ma vie. Ici je vois des vieux qui sont là depuis longtemps, je vois des gens qui sont là depuis 15 ans…

    En fonction de ton attitude quand t’arrives, d’abord t’as un entretien avec un médecin pendant 10 minutes qui évalue si on te met à l’isolement ou pas. Mais si t’arrives le week-end ou un jour férié y a pas de médecin disponible pour te recevoir, alors tu vas à l’isolement direct.

    Au début quand t’es à l’isolement, t’as le droit à 4 cigarettes par jour, en bâtiment fermé t’as 10 cigarettes, et en bâtiment ouvert, comme là où je suis, j’ai le droit de fumer comme je veux. Enfin en fonction de mes moyens donc je suis obligé de me limiter. Ici c’est la guerre des clopes, tout le monde en a besoin. Le troc marche pas mal à base de clopes.

    Quand t’es à l’isolement, la cigarette c’est un des trucs qui fait tenir. T’attends ta cigarette, t’essaies d’en profiter un maximum.

    La cuisine c’est un problème énorme ici. Dans tous les sens du terme. Y a beaucoup de gens qui ont des intoxications alimentaires parce que la chaîne du froid est pas respectée. Beaucoup de produits sont congelés ici et ils font pas attention.

    Ici y a un tout secteur qui s’appelle IS A 13, l’autre c’est l’ASM 13 (association mentale 13). En gros ici c’est l’hôpital psychiatrique du 13e arrondissement même s’il est en Essonne.

    Y a d’autres bâtiments dont je connais pas le nom, là où on n’a pas accès parce que c’est grillagé. Ça paraît plutôt inquiétant, on sent qu’il se passe des choses derrière la grille. Des fois y a des camions qui partent, y a aussi la police qui passe souvent dans les bâtiments fermés. Y a 2-3 jours une personne qui portait pas de masque a été contrôlée dehors, ils l’ont ramenée au bâtiment fermé parce qu’elle était sortie de psychiatrie quelques jours avant. Là ils viennent de la ramener en bâtiment « ouvert ».

    La première fois que ça m’est arrivé ce truc là d’enfermement, j’suis resté 1 mois et demi en bâtiment fermé.

    Ici on mange à 19h et après on me donne des médicaments. Après je m’endors direct, je fume une clope et jm’endors. À 21h30-45 on me redonne un somnifère qui est assez efficace et qui me permet de m’endormir. Et je me réveille le lendemain avec les gens à l’isolement qui tapent à la porte. Même si je dors, on me réveille a 21h30 pour me donner le somnifère. Ça m’a toujours fait halluciner mais je cherche plus à comprendre.

    Et c’est rien y a bien pire. J’ai vécu bien pire et je vois des cas où c’est très compliqué. Y des patients qui ont pas de visite, pas de courrier, pas de procédure pour faire appel devant la justice, qui ont toujours des médicaments ou qui sont dans des situations d’handicap qui les placent en situation de dépendance totale face à l’administration, à qui on parle comme à des demeurés. J’trouve ça inhumain comme ils traitent ces gens.

    Au niveau de la justice ici ça passe par le JLD. C’est le juge des libertés et détention. Simplement on arrive dans une salle d’attente. Ça m’est arrivé d’être convoqué au TGI pour des JLD de personnes que je connaissais. Le juge te dit selon tel article t’es vraiment malade mais il y connaît rien en médecine le juge. Le dernier JLD auquel j’ai assisté c’était dans une petite pièce. Y avait le juge, la greffière, le ministère public, mon avocat et moi. L’avocat m’a demandé ce qu’j’voulais, je lui ai demandé qu’on me libère. Je suis sorti de la pièce et j’ai reçu deux jours après par courrier des papiers me disant que j’étais prolongé.

    Le premier JLD j’ai pas pu y assister parce qu’ils m’ont placé à l’isolement à mon entrée à l’HP.

    On les voit quand ils sortent de la salle, ils sont tous copains. Le magistrat, l’avocate, la greffière, ils passent leur vie ensemble. L’avocate, le magistrat c’est plus à lui qu’elle a envie de plaire qu’à moi.

    En France la psychiatrie et la prison c’est la même chose.

    On continue de donner des nouvelles.

    Une personne enfermée aux Eaux-vives le 20.10.2020

  • Comment l’AP utilise l’HP pour mater les rebellions – Communiqué du centre de semi-liberté de Rennes – Répression judiciaire des révoltes – Résistances aux CRA de Marseille & Vincennes

    Comment l’AP utilise l’HP pour mater les rebellions – Communiqué du centre de semi-liberté de Rennes – Répression judiciaire des révoltes – Résistances aux CRA de Marseille & Vincennes

    Émission de l’Envolée du vendredi 14 juillet 2023

    • Lettre de Kémi qui revient sur ses passages dans des unités psychiatriques. Il décrit les conditions carcérales de ces lieux d’enfermement et la façon dont l’administration pénitentiaire (AP) utilise la psychiatrisation pour mater les rebellions des prisonniers et des prisonnières. Il parle aussi des piqûres que peut t’imposer l’AP ou le médecin.

    • Une lettre reçue en 2020 écrite par une personne enfermée aux Eaux Vives un hôpital psychiatrique d’Île de France. Elle décrit son quotidien -notamment la bouffe dégueulasse voire avariée – et les différentes formes de tortures qu’on y subit : de la fouille à nu à l’arrivée aux camisoles physiques et chimiques, en passant par les cellules d’isolement. Elle explique également l’absence de date de sortie, les méandres judiciaires pour essayer de sortir : « en France, la psychiatrie et la prison c’est la même chose ».

    • Communiqué de prisonniers enfermés au centre de semi-liberté de Rennes. On avait déjà relayé deux communiqués il y a quelques mois que ces prisonniers avaient fait sortir pour protester contre l’état de l’eau qui est impropre à la consommation et remplacée par trois bouteilles d’eau par personnes enfermées. 8 mois plus tard, la situation ne s’est toujours pas arrangée et concerne également plusieurs quartiers du centre de détention pour femmes attenant.

    • Des nouvelles de résistance dans les prisons pour sans papier, aux centre de rétention de Marseille et de Vincennes. Au CRA du Canet à Marseille, dans la nuit du 30 juin, une révolte a éclaté et entraîné un incendie et une personne est morte après avoir été hospitalisée. On peut retrouver des paroles de prisonniers qui racontent ces moments ici et . On peut avoir des infos sur ces CRA sur les blogs d’Abaslescra et de Marseilleanticra.

    Le numéro 57 est dispo !

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

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  • Révoltes après la mort de Nahel : des prisons et des tribunaux attaqués ! – La répression judiciaire est en marche – Amnistie pour tous les inculpés du mouvement social !

    Révoltes après la mort de Nahel : des prisons et des tribunaux attaqués ! – La répression judiciaire est en marche – Amnistie pour tous les inculpés du mouvement social !

    Émission de l’Envolée du vendredi 7 juillet 2023

    • On continue de parler du mouvement social qui a éclaté suite au meurtre de Nahel, tué par un policier à Nanterre. Les émeutes ont largement ciblé les commissariats et les mairies, mais il y a aussi eu des attaques contre des centres d’insertion et de probation, contre des taules et des tribunaux. Les révoltés s’en sont pris très consciemment à la chaîne police-justice-prison qui permet au système de tenir et les réprime au quotidien.

    • On discute aussi de la façon dont l’État et ses porteurs d’uniforme se défendent, dans la rue et dans les médias, pour cacher la réalité de la violence policière et de son rôle dans le fonctionnement quotidien des institutions, mais aussi le caractère massif des révoltes qui ont eu lieu et les réduire à quelques images spectaculaires. Et aussi justifier un déchaînement de nouvelles violences des forces de l’ordre tuant une nouvelle personne à Marseille et normalisant le déploiement des blindés et des armes de guerre dans les rues pour mater les révoltes.

    • Retour sur la répression judiciaire du mouvement sur laquelle le ministre des prisons et des tribunaux a largement communiqué. Il a notamment demandé des peines de prison ferme pour tous les émeutiers et de punir sévèrement les mineurs et leurs parents. Près de 4000 arrestations en une semaine, des centaines de déferrement dont un tiers concernent des mineurs, et à l’arrivée, déjà 400 personnes incarcérées. On revient sur les comparutions immédiates massives et les quelques formes de solidarité qui s’y sont manifestées. Et les perquisitions ont déjà commencé sur la base des vidéos et des balances.

    Dans un texte publié cette semaine, on appelait à se rendre massivement dans les salles des tribunaux pour ne pas laisser les révoltés et leurs proches seuls face à la répression judiciaire, et pour demander l’amnistie de tou.tes les révolté.es.

    On aussi publié le texte d’une habitante de quartier populaire qui revient sur les raisons de la colère et les appels au calme, et fait le lien avec les révoltes de 2005.

    Ziks : Passi – « Émeutes » // Nia – « Vendetta » //

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