Le n°53 du porte-voix des prisonniers et prisonnières, et de leurs proches, qui luttent contre le sort qui leur est fait, est sorti. Il est envoyé gratuitement aux personnes enfermées qui le souhaitent. Pour les autres, vous pouvez trouver les 56 pages du dernier numéro pour 2 euros dans les bonnes crèmeries, ou vous abonner. Toutes les infos en cliquant ici.

Au sommaire :

  • Le ministère et l’administration pénitentiaire voudraient faire taire l’Envolée, les prisonniers et leurs proches.
  • Lettre de l’Infâme, au quartier d’isolement (QI) de Vendin : « C’est hallucinant les trucs qu’ils inventent pour justifier les actes odieux et injustes ».
  • La peine de mort n’a pas été abolie, c’est la guillotine qui a été supprimée !
  • Lettre de Libre Flot, au QI de Bois d’Arcy : « L’isolement est à la solitude ce que la lobotomie est à la méditation ».
  • « Ici c’est Marseille, bébé » : Des prisonnières des Baumettes contre les violences et le sexisme des matons.
  • Pour un féminisme anticarcéral. Contributions à la réflexion.
  • Le COVID, on pensait que c’était une maladie.
  • L’AP nie l’identité de genre des prisonnier.e.s trans : « En prison c’est homme ou femme ».
  • Tour des structures d’enfermement pour mineurs : le parcours de Jul.
  • Superdupont sucre les remises de peine « dans la dignité ».
  • … et pas mal de brèves.

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L’édito de ce numéro 53 :

Et ça recommence… Quand Olive proposait pour la énième fois de commencer l’édito par cette phrase, on se marrait, mais on ne trouvait pas mieux !
L’inflation sécuritaire, ça ne date pas d’hier. Alors quand Macron déclare dans la presse que « chaque français verra plus de bleu, de policiers sur le terrain en 2022 ; ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants »… ça fait surtout démagogie d’Etat pour les nuls.


Prétendre en finir avec l’irresponsabilité pénale – vieille obsession inlassablement ressassée par les vengeurs d’Etat ! Faire aboyer son ministre de l’intérieur, petit Thiers des temps modernes qui, étudiant à Science Po, se faisait appeler « El Tiranos » et se vantait de « regarder les strings qui dépassent » ! En donner toujours plus aux condés qui manifestent contre une justice soi-disant laxiste parce qu’elle a osé acquitter quelques gosses dans l’affaire de Viry-Châtillon ! Envoyer son ministre des tribunaux et des prisons à la télé pour faire les gros yeux à Marine Le Pen qui « dit n’importe quoi, moi je vais vous dire ce qu’on a fait : on a pas du tout libéré 15 000 personnes, on en a libéré 6 000, qui étaient à un mois de la fin de leur peine » ! Ce que les prisonniers ne cessent de répéter depuis le premier confinement finit par être confirmé par le ministre lui-même – faux ténor, mais vrai populiste ! Mais bon, campagne présidentielle oblige ; et une campagne, c’est fait pour dire de la merde – oups ! –, pour rassurer les braves gens en les inquiétant à mort !

Pas surpris, on vous dit !
Sauf que…
les condés qui pleurent, ils viennent à peine d’obtenir une nouvelle loi sécuritaire – le treizième « paquet » quand même depuis 2001 ! Sauf que… l’extrême droite a pris ses quartiers sur les plateaux de télé H24 ! Sauf que… une brochette de vieux militaires puant l’Algérie française menace dans la presse de prendre les armes pour sauver la Patrie ! Sauf que… loi contre le prétendu « séparatisme », avec extension du droit de dissoudre les associations ! Sauf que… fermeture des frontières et six mois en centre de rétention pour les sans-papiers ! Sauf que… nouvelle loi contre le terrorisme dans les tuyaux, avec fichage des internés en psychiatrie… sauf que… sauf que…

Alors oui, ça continue…
Mais ça s’accumule, ça s’emballe. Il sent pas bon, l’air du temps ! Il pue la guerre même ! Guerre au terros, aux virus, aux étrangers, aux délinquants… des guerres qui masquent les véritables antagonismes : diviser pour régner.
Jamais on ne les entend parler de la guerre de classe en cours, dont la réforme du chômage illustre la violence.

Si en un an, on n’a pas compris grand-chose à ce virus, les gouvernants ont bien compris, eux, comment profiter de l’épidémie. Ils avancent vite contre une population qui s’épuise à intégrer – ou contourner – chaque nouvelle règle avant qu’elle ne soit remplacée par la suivante.
Comme toujours, les seules vraies « zones de non-droit » sont celles de la grande bourgeoisie qui trinque au champ’ dans des restaurants clandos ambiance Napoléon et se torche le cul avec les règles sanitaires qu’elle impose à une population infantilisée. Des hommes et des femmes envoyé·e·s au turbin dans des conditions toujours plus infâmes dans l’attente d’un hypothétique après. « L’essentiel étant de survivre, acceptez tout ! » Mais il n’y a pas d’après ; juste l’effondrement social qui se poursuit. Juste ça…

Avec ou sans covid, ce sont toujours les plus pauvres et les immigré·e·s qui meurent d’épuisement, d’isolement, de manque de soins. Comme on meurt toujours en prison dans l’indifférence générale !
Le covid camoufle cette crise sociale, et fournit de nouveaux moyens légaux d’écraser les soulèvements qu’elle ne manquera pas d’occasionner demain et de réprimer les combines d’une population massivement mise au chômage ! Pas un complot : juste une aubaine pour des gouvernants qui se dotent d’un arsenal sanitaire pour compléter leur arsenal sécuritaire.
Quand des centaines de milliers de Gilets Jaunes se sont soulevés contre la crise économique qui était déjà là, ce même gouvernement de Versaillais les avait écrasés, mutilés, enfermés ! Le voilà, le sens de la construction de 7000 nouvelles places de prison, de l’autorisation de Flash-balls dans les coursives, de la multiplication du recours à la visioconférence pour les jugements, de la suppression des remises de peine, du maintien des Plexy dans les parloirs… Dans les années à venir, l’Etat, qu’il soit d’extrême droite ou d’extrême centre, voudra enfermer encore plus de monde, plus brutalement, plus longtemps. Enfermer les « classes dangereuses » est un vieux projet ; c’est le leur. Se battre aux côtés des prisonniers, contre la prison et le monde qui la génère : voilà le nôtre.

La censure que nous venons de subir et le procès qui nous est intenté ne font que renforcer notre détermination à relayer les combats des enfermé·e·s et de leurs proches. « Notre problème c’est pas l’article 24 [qui interdit de filmer la police] c’est le 17 [ la police] », affichaient certains manifestants contre la loi de sécurité globale l’hiver dernier.
Notre problème, c’est aussi tous les autres articles ; c’est la Loi, en somme. C’est la sécurité. La commune n’est pas morte !

La dernière page du numéro 53 :

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