Deux lettres reçues pendant l’été de Kémi, correspondant de longue date de l’Envolée, enfermé à la centrale d’Arles. Il raconte comment l’AP lui a encore une fois fait miroiter une sortie de l’isolement. Pour rappel, la pénitentiaire le maintient au QI depuis des années pour lui faire payer ses révoltes et prises de parole passées. Il raconte également les chaleurs insoutenables dans les taules pendant les dernières canicules. Une occasion de parler de la polémique de l’été suite à la photo qui a circulé d’une piscine dans une cellule. Le scandale, ce n’est pas cette piscine gonflable, mais bien les conditions ignobles dans lesquelles sont enfermés les prisonniers et les prisonnières dans les prisons de France qui deviennent invivables pendant les canicules.
Un appel de Najet, la mère d’Idir, mort au mitard de la prison de Lyon-Corbas le 9 septembre 2020, il y a tout juste trois ans. Elle se mobilise depuis pour rétablir la vérité sur son décès : on ne croit pas à la thèse officielle du suicide car des prisonniers ont raconté qu’il avait été passé à tabac par les matons. Elle se bat également pour la fermeture des quartiers disciplinaires et des quartiers d’isolement où ont lieu trop de « morts suspectes », ainsi que la dissolution des équipes de matons cagoulés, ELAC et ERIS, responsables de multiples violences. On lance aussi un appel à témoignage suite à la mort suspecte d’un prisonnier cet été à la prison de Villefranche.
Un appel d’Abdelaziz, membre du comité des proches de Nasser, enfermé à la maison d’arrêt de Perpignan où il est en grève de la faim depuis 73 jours pour exiger sa sortie. Il réclame le droit d’accompagner au dehors sa compagne malade en attendant son jugement mais l’AP s’acharne contre lui. Il est maintenu en préventive depuis deux ans alors que son état de santé s’est fortement dégradé depuis qu’il a cessé de s’alimenter et il est maintenant en fauteuil roulant. Et on sait que les conditions d’enfermement dans cette taule sont particulièrement dégueulasses. Un rassemblement de soutien a été appelé devant le taule le 2 septembre à 14h30.
Un non-lieu vient d’être prononcé pour les gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré en 2017. Un message fort envoyé par la justice aux forces de l’ordre : quelle que soit la mobilisation face à eux, les juges n’enverront pas les porteurs d’uniforme derrière les barreaux, même quand ils tuent.
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L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
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Lecture et discussion autour d’une longue lettre de l’Infame
Appel depuis le tribunal de Pontoise et discussion sur le délibéré du procès des révoltes de Beaumont-sur-Oise qui ont suivi la mort d’Adama Traoré
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PS : « Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. » – Règlement intérieur type, article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale
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Par le procès qui commence lundi, la justice cherchera à désigner des boucs émissaires pour leur faire payer ces révoltes, comme lors des procès des gilets jaunes et de Villiers-le-Bel, ou ceux des émeutes qui ont suivi le viol de Théo… Et le climat particulièrement sécuritaire de la période risque d’aggraver encore la lourdeur des peines. Depuis cinq ans, certains et certaines d’entre nous apportent un soutien concret à un des accusés en détention préventive et à sa famille. Ce qui suit est une modeste contribution pour tenter de faire en sorte que l’histoire ne se répète pas : les cinq accusés ne doivent pas subir une vengeance d’État. Seule une mobilisation conséquente pourrait gripper le fonctionnement normal de la machine à punir.
Bientôt cinq après les faits – et presque autant de détention préventive pour certains d’entre eux –, les accusés comparaîtront face à de très nombreux membres des forces de l’ordre : près d’une centaine se seraient en effet portés partie civile. Ils prétendent qu’on leur a tiré dessus avec la volonté de tuer : ils auraient essuyé des dizaines de tirs de chevrotine, de plombs, de fusil de chasse… et une dizaine d’entre eux auraient été légèrement blessés. Au départ, comme elle ne disposait pas de suffisamment d’éléments à charge, la juge d’instruction n’avait retenu que des « violences volontaires » et renvoyé les accusés devant le tribunal correctionnel pour ce délit. Mais cette décision a été contestée par le parquet, et la chambre d’instruction de la cour d’appel de Versailles a finalement maintenu la qualification criminelle des faits. Non seulement les peines encourues sont sans commune mesure, mais cette qualification d’une extrême gravité pose d’emblée une image déformée des accusés : il ne s’agit plus de quelques jeunes soupçonnés d’avoir pris part à une révolte face à une situation insupportable qui a réuni des centaines de personnes pendant plusieurs nuits, mais d ‘une bande de tueurs de flics. Les accusés sont poursuivis pour « tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique » avec la circonstance aggravante de « bande organisée », et pour délit de « dégradations ».
MORT ENTRE LES MAINS DES FORCES DE L’ORDRE La police nationale avait été remplacée quelques années auparavant par des compagnies de gendarmerie. Des habitants de Beaumont-sur-Oise – petite ville du Val-d’Oise d’à peine 10 000 habitants – nous ont rapporté que dès leur arrivée , les rapports des gendarmes avec la population ont tout de suite été particulièrement tendus ; ils cherchaient à s’imposer par la force pour contrôler le secteur, exerçant de nombreuses violences sur les jeunes habitants des quartiers populaires de Beaumont et des villes voisines. Les contrôles d’identité viraient au harcèlement, et souvent, dégénéraient : insultes, coups de matraques, balayettes, bombes lacrymogènes, Tasers, Flash-Balls. Personne ne portait plainte, tout le monde sait bien que ça n’aboutit jamais…L’après-midi du 19 juillet 2016, Adama Traoré, habitant du quartier Boyenval à Beaumont-sur-Oise, s’enfuit en courant pour échapper à un contrôle d’identité. Interpellé, il est plaqué et maintenu au sol par trois gendarmes qui pèsent de tout leur poids sur son corps. Les militaires notent qu’il se plaint de ne pas pouvoir respirer ; ils l’embarquent cependant dans leur fourgon où il perd connaissance. Mais ils ne le transportent pas à l’hôpital, ils poursuivent leur route vers la gendarmerie. Les pompiers constatent son décès à 19 h 05 : ils le trouvent menotté dans la cour de la caserne, face contre terre. Mais rien n’est dit à la famille. Ayant entendu dire qu’il « a fait une crise », ses proches contactent les hôpitaux pour rechercher sa trace. En vain. C’est par un appel aux pompiers qu’ils apprennent que le jeune homme est retenu à la gendarmerie. Quand la mère d’Adama s’y rend alors pour demander des nouvelles de son fils, elle se voit répondre qu’« il va très bien ». Elle attend donc sur place avec ses proches. Ce n’est qu’à 23 h 30 que les gendarmes annoncent la mort d’Adama Traoré à sa famille. Soit quatre heures et demie après le constat officiel du décès. Le choc est terrible. Le jeune homme est bien connu à Beaumont pour sa pratique intensive du sport avec des jeunes du coin, et tous ceux qui le connaissent savent bien qu’il était en excellente forme physique au moment de son interpellation. Personne ne peut croire à un prétendu « malaise ». Les forces de l’ordre sont déployées pour protéger la gendarmerie et la mairie, et les alentours du quartier Boyenval sont « bouclés ».
RÉVOLTE POPULAIRE ET MENSONGE D’ÉTAT Dès l’annonce du décès du jeune homme qui fêtait ce jour-là ses 24 ans, des affrontements surviennent entre les gendarmes et de jeunes riverains. Selon les autorités, des dizaines de personnes mettent feu à des voitures. Des tirs sont entendus. Les gens scandent le nom d’Adama. 130 policiers, gendarmes et CRS sont déployés dans tous les quartiers populaires de la zone, ainsi qu’une soixantaine de pompiers. Plusieurs hélicoptères balayent la commune avec leurs projecteurs. Les forces de l’ordre utilisent leurs Flash-Balls tout près des habitations, lancent des lacrymogènes, des grenades de désencerclement. Une personne est interpellée. À l’issue de cette première nuit, cinq gendarmes auraient été légèrement blessés par des tirs à la carabine à plomb. Le lendemain matin, mercredi 20 juillet, le procureur de Pontoise déclare publiquement qu’Adama Traoré serait mort « à la suite d’un malaise ». La maire refuse de rencontrer la famille, qui n’a toujours pas pu voir le corps. Le préfet, qui doit tenir une conférence de presse, annule sa venue au dernier moment. Mais les journalistes se sont déplacés. Des proches en profitent pour prendre la parole et donner leur version des faits, lançant à la presse que sans les émeutes de la veille, ils ne se seraient pas intéressés une seule seconde à la mort d’un jeune homme noir dans une gendarmerie. Le soir même, une vingtaine de personnes se rassemblent pacifiquement devant la caserne et font un sit-in pour réclamer que la famille puisse enfin voir le corps du défunt. Tout le monde se fait gazer à terre sans sommation, puis les coups de matraques pleuvent dans la plus grande confusion. Le « dispositif de sécurisation » est reconduit pour la nuit de mercredi à jeudi, avec toujours autant de forces de l’ordre. Plusieurs véhicules et du mobilier urbain sont incendiés dans la nuit. Neuf personnes sont interpellées. Jeudi 21 juillet, une première autopsie prétend qu’Adama Traoré serait mort des suites d’une « infection très grave touchant plusieurs organes ». Ses proches n’y croient pas car il n’a aucun antécédent médical. La tension ne baisse pas. Le quartier est toujours encerclé de fourgons de gendarmes, de policiers et de CRS particulièrement virulents. C’est une véritable occupation militaire. Malgré la pression de la préfecture qui tente de convaincre les parents de rapatrier au plus vite le corps d’Adama Traoré au Mali, prétextant les rites musulmans à respecter, la famille tient bon et exige une seconde expertise ; elle ne lance pas d’appel au calme. Des centaines de personnes sont encore dehors pour exprimer leur colère. En trois nuits, elles ont essuyé les tirs de plus de 300 balles de défense et de 60 grenades de désencerclement. Vendredi 22 juillet, une marche blanche est organisée à Beaumont par la famille. La tentative de la mairie et de la préfecture de l’en dissuader, prétextant les « tensions », échoue. Plusieurs milliers de personnes défilent sans incident en mémoire d’Adama Traoré. Dix personnes auraient été interpellées, cette nuit-là. Les autorités rapportent des « tirs de mortiers et de chevrotines », qui auraient « blessé très légèrement » quatre gendarmes. Le lendemain soir, le « dispositif de sécurité » est encore renforcé : 265 membres des forces de l’ordre encerclent le quartier. Au moins une voiture serait incendiée, et des flics prétendent avoir été la cible de tirs d’armes à plomb. Les forces de l’ordre auraient « sécurisé la zone » ; c’est le dernier soir qualifié « d’émeute » par les médias. Plusieurs fourgons auraient été visés, et les plaintes des hommes en armes pleuvent déjà pour « tentative d’homicide » et « menaces de mort ».
OCCUPATION MILITAIRE : PUNITION COLLECTIVE Tout au long de cette première semaine, la presse se focalise sur les « violences urbaines » de Persan-Beaumont. Les images de voitures calcinées et d’un fourgon criblé d’impacts de plomb tournent en boucle, tandis que seule la version officielle sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré est relayée. La parole n’est presque jamais donnée aux habitants et aux proches du défunt. Aucun média ne rapporte qu’au quartier Boyenval, où vit la famille en deuil, les hélicoptères tournent toute la journée et une bonne partie de la nuit. Les nombreuses brigades qui l’encerclent donnent l’assaut fréquemment, harcèlent les jeunes, font régner une ambiance de guerre : la gestion coloniale des quartiers populaires fonctionne à plein. Les voies sans issue sont ouvertes pour que les forces de l’ordre puissent faire le tour du quartier avec leurs véhicules. L’éclairage public est coupé chaque fois que des habitants se rassemblent. Tout le monde a peur, on n’ose plus laisser sortir ses enfants, chacun craint pour sa propre vie. Cette occupation policière dure près d’une semaine, elle est vécue par tous comme une punition collective. Il s’agit de faire payer le mouvement de révolte en cours à tous les habitants – coupables d’habiter au mauvais endroit et d’appartenir à la mauvaise classe sociale. Réprimer un quartier entier, c’est aussi une stratégie cynique pour que les habitants se désolidarisent du combat de la famille pour la vérité, en la désignant implicitement comme responsable des désordres. Le message est clair : quand les flics tuent vos enfants, encaissez en silence. La seule réponse au deuil et à la colère, c’est l’intimidation et le mépris : la maire ne daigne même pas présenter ses condoléances, et les gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré ne sont pas mis en examen – à l’heure actuelle, ils n’apparaissent encore dans l’enquête que comme simples « témoins assistés » et continuent leur sale besogne. De nombreux interpellés passent en comparution immédiate peu après les révoltes ; certains sont interdits de la zone. D’ailleurs, quatre mois plus tard, les émeutes reprennent à Beaumont lorsque deux frères de la famille Traoré sont mis en examen pour des accusations délirantes : cette fois, l’itinéraire du bus qui dessert le quartier Boyenval est carrément détourné. La justice inflige déjà une peine pour l’exemple en condamnant cinq proches d’Adama Traoré à des peines allant jusqu’à trois ans de prison. On comprend pourquoi la révolte qui a débuté à Boyenval s’est vite étendue à tout une partie du Val-d’Oise, rappelant l’embrasement de 2007 qui avait suivi la mort de Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli, percutés par un véhicule de police à Villiers-le-Bel. Mais c’est surtout la vengeance d’État qui s’en est suivie qui nous fait redouter l’issue du procès qui va se tenir : après les révoltes de Villiers-le-Bel, la machine judiciaire s’était mise en branle pour désigner des responsables. Loin d’inquiéter les flics tueurs, elle avait renvoyé cinq habitants de Villiers devant les assises pour des tirs sur la police. Sans preuves, et essentiellement sur la base de témoignages anonymes rémunérés, deux d’entre eux avaient écopé de peines de douze et quinze ans de prison. Un troisième, accusé d’avoir fourni l’arme, avait été condamné à trois ans. Force est de constater que l’histoire se répète.
LA MACHINE IMPITOYABLE DES COURS D’ASSISES Un procès de cour d’assises est une pièce de théâtre, la mise en scène d’une justice rendue par le peuple, incarné par six jurés de plus de 23 ans tirés au sort sur les listes électorales. Ils votent en délibéré à l’issue des audiences avec le président et ses deux assesseurs, d’abord sur la culpabilité, puis sur la peine. La mécanique est bien huilée, et rien ne doit venir perturber la bonne marche de cette machine à punir le plus lourdement possible. Les cours d’assises jugent les crimes. Celles et ceux qui y sont jugés sont donc d’emblée perçus, notamment par les jurés, comme de présumés criminels. Dans le box, face à la salle et aux parties civiles, parfois entravé, souvent entouré de gendarmes, l’accusé est livré en pâture. Chacune de ses réactions est scrutée, chaque attitude disséquée et analysée – à charge. Dans le procès de novembre, les cinq accusés vont comparaître ensemble sous la qualification de « bande organisée ». En plus, certains d’entre eux, depuis quatre ans en détention préventive, comparaîtront comme prisonniers extraits en vue du procès. C’est peu dire que leur appréciation risque d’être un poil orientée par la mise en scène quand on leur demandera en substance : « Pensez-vous que les cinq personnes que vous voyez rassemblées dans le même box, entourées de flics, constituent une bande organisée ? » Mais l’influence ne s’arrête pas là. Dans leur noire tenue de carnaval macabre, le juge et ses deux assesseurs, auréolés de leur maîtrise du code pénal, surplombent l’ensemble, jurés compris. C’est le président qui dirige les audiences. Il distribue la parole, donne le rythme, impose le silence. Pas facile pour le juré de remettre en cause la manière dont le procès se déroule. Tout au plus peut-il, comme à l’école, demander la permission pour poser une question ou aller pisser. Alors, quand vient le moment du délibéré, il écoute généralement bien sagement le juge. Il faut du courage pour aller contre celui qui sait.Et puis les jurés sont pris par l’air du temps, qui est sacrément défavorable aux accusés : ils viennent d’un quartier populaire, une « cité sensible », un de ces « territoires perdus de la République », « criminogène », où les caïds sont censés régner en maître et où prospère « l’ensauvagement » – vieille thématique de l’extrême droite aux relents coloniaux reprise sans complexe par le ministre de l’intérieur. Sans oublier la promesse de Macron aux flics à la mi-octobre, quand il a demandé à ses ministres de travailler à la « fin des réductions de peine automatiques pour les agresseurs de policiers ». Voilà des mois que les politiques et les médias n’interrompent leur logorrhée anxiogène sur le covid que pour tourner en boucle sur une insécurité prétendument galopante et la « haine de la police » – cette police qui fout la pression à l’État à coups de grèves récurrentes pour avoir plus de fric et plus de flingues. La défiance envers l’autorité serait donc une violence qui se répand comme un virus sans qu’on parvienne à l’endiguer ? Accuser des jeunes de cité de s’être réunis pour tuer des flics, c’est avant tout l’occasion de faire un exemple, de faire « passer un message ». La cour d’assises est le lieu de la vengeance d’État. S’y prononcent, dans la bienséance, des peines d’élimination sociale. En fait, ce qui est jugé en cour d’assises, ce n’est pas tant l’acte comme ils le prétendent que l’individu accusé de l’avoir commis. Pour mieux jouer la comédie de l’impartialité, les jurés voient défiler des experts grassement rétribués par la justice qui servent la soupe de l’accusation, chacun dans son domaine respectif, noyant l’auditoire sous un jargon technique qui veut se faire passer pour de la science. Il en va des experts psy comme des experts en balistique : ils inventent des trajectoires. Les experts psy voient les accusés quelques minutes, les enquêteurs de personnalité interrogent leur « entourage » ; ensemble, ils figent l’accusé dans un processus criminel, une ligne droite qui va de sa naissance à son « crime » supposé. C’est ainsi que des violences subies dans l’enfance ne seront pas présentées comme des circonstances atténuantes ou des clés de compréhension, mais plutôt comme autant de signes d’une personnalité irrémédiablement violente. Le parcours judiciaire, notamment, est toujours scrupuleusement égrené pour mieux démontrer la dangerosité d’un profil. Car il ne s’agit pas pour une cour d’assises de considérer un être humain dans sa complexité, de comprendre comment et pourquoi il en vient à agir de telle ou telle manière. Il s’agit d’infliger une peine de prison à un individu, pris isolément. Le caractère collectif n’est pris en considération que comme circonstance aggravante : une association de malfaiteurs ou une bande organisée. Les circonstances d’un événement sont au mieux des éléments d’information qui appuient une accusation, mais elles ne rentrent que très peu en ligne de compte quand il s’agit de prononcer la peine. On va jusqu’à prétendre deviner une intention pour la juger – et cela risque d’être particulièrement le cas dans ce procès. Le contexte social, économique et politique, n’a rien à faire en cour d’assises. Car ici encore plus qu’ailleurs, expliquer, ce serait déjà excuser. On n’est pas là pour ça, il faut du sang et des larmes. Il y a donc peu de doutes que dans le procès à venir, les portraits des accusés seront à charge, et que tout ce qui pourrait expliquer leur présence dans le box sera retenu contre eux. Ils viennent du même secteur ? Ce sera sans doute un indice probant de « bande organisée ». Certains ont été proches d’Adama Traoré ou de membres de sa famille ? Ça servira inévitablement à corroborer une prétendue haine naturelle de la police, sur le mode : « Ils voulaient tuer un flic pour se venger. » Et le fait que ce quartier ait été immédiatement placé sous occupation policière – en fait, une provocation indécente – deviendra la preuve de la dangerosité de la zone. Sous les lambris de la justice de classe, ils risquent de devenir les leaders ensauvagés d’une insurrection armée déterminée à faire couler le sang des condés pour venger l’un des leurs… Devant une salle remplie de forces de l’ordre de tout poil, parties civiles de circonstance venues se faire un peu d’argent de poche et asseoir un peu plus leur pouvoir de chefaillons. La fiction risque hélas de convaincre des jurés abreuvés ad nauseam de discours sécuritaires. Et comme toujours aux assises, les zones d’ombres et les doutes ne profiteront pas aux accusés. Plus les caricatures sont grossières, plus le jury peut condamner lourdement, en toute bonne conscience, persuadé de contribuer à protéger une société en déroute ; alors que le véritable objet de ce procès, c’est la légitimation d’une occupation militaire d’État qui a suivi une exécution, même si elle ne sera jamais évoquée en ces termes.
LES ÉMEUTIERS DE BOYENVAL ONT EU RAISON DE SE RÉVOLTER De notre côté, peu nous importe de savoir si tel ou tel accusé a tiré à la carabine à plomb en direction des forces d’occupation. Les rares flics « blessés » ont eu au pire quelques égratignures, voire paraît-il une perte d’audition. Ce qui est sûr, c’est que la justice veut faire payer aux accusés une révolte populaire de grande ampleur. Qu’ils y aient participé ou non, qu’ils aient tiré ou non, l’enjeu reste le même : en punir quelques-uns pour terroriser les autres. Inutile de préciser que les gendarmes qui ont tué Adama Traoré, eux, ne sont toujours pas poursuivis. C’est tout un quartier qui s’est soulevé quand on a appris que ce jeune homme noir était mort dans la gendarmerie. Un de plus sur la trop longue liste des victimes de la police, qui présentent presque invariablement un profil similaire : un jeune non-blanc d’un quartier populaire… La révolte s’est répandue face aux mensonges éhontés de l’État et à une occupation policière brutale et humiliante. C’est ce soulèvement et le combat médiatique et politique des proches d’Adama Traoré qui ont permis que cette mort ne soit pas oubliée comme tant d’autres. La colère enfle aujourd’hui dans tous les quartiers du pays, déjà salement frappés ces derniers mois par les mesures de confinement qui ont laissé les coudées franches à la police pour y jouir violemment de son arbitraire et de son racisme. Rappelons-nous de la manif monstre qui a encerclé le nouveau TGI de Paris une semaine après la fin du confinement : des dizaines de milliers de personnes venues crier leur ras-le-bol du traitement colonial, de la brutalité policière, du racisme d’État. On le sait : la police est violente par essence, et de la gifle au meurtre, les violences policières ne sont jamais le fait de brebis galeuses. Comme le racisme, ça fait partie de l’exercice normal du maintien de l’ordre. En France, si la guillotine a été officiellement abolie il y a bientôt quarante ans, la peine de mort prospère dans la rue, les fourgons, les casernes, les mitards. Chaque fois que la police tue, chaque fois que la matonnerie tue, c’est toujours pareil : mensonges sur les circonstances, sempiternelle mise en avant de la « légitime défense », portrait à charge de la victime – comme si un profil pouvait justifier qu’un chien de garde décide de la peine de mort… Quand les proches ont la force et le courage de mener un combat pour la vérité arrive parfois un procès, au bout d’harassantes années de lutte, et c’est la justice qui vient plier l’histoire… en relaxant presque systématiquement les flics tueurs ou en les condamnant à des peines symboliques. La violence de l’État est systémique et sans commune mesure avec l’autodéfense qui y répond parfois. Les quartiers populaires ont évidemment raison de se révolter. Et nous sommes du côté de ceux que l’État veut sacrifier en boucs émissaires. C’est pourquoi nous appelons toutes les personnes solidaires à se rendre à la cour d’assises du Val-d’Oise* du 21 juin au 10 juillet pour soutenir les accusés. Il ne faut pas les laisser seuls dans une salle pleine d’uniformes – histoire que la justice ne puisse pas faire son sale boulot en catimini.
*(Depuis la gare du Nord : Ligne H, arrêt Pontoise / Depuis gare Saint-Lazare : Ligne J, arrêt Pontoise / RER C : arrêt Pontoise)
(Tant qu’il y aura la Justice, il n’y aura pas de paix)
Tout y est : « Des banlieues à feu et à sang », « en ébullition », « la sécession de certains quartiers », « un risque de partition », et une dernière, en mode métaphore animalière : « les émeutiers marquent leur territoire »… La presse qui elle-même en avait un peu marre des affaires de pantins présidentiables se jette sur l’os et plonge la France dans l’angoisse avec son nouveau feuilleton policier. Objectif simple : ne surtout pas dire que ce qu’il se joue depuis le viol de Théo lors d’un « contrôle policier » est aussi, une remise en cause inédite de la justice.
Mêle-toi de tes affaires
La gauche flippe, comme à son habitude quand elle doit gérer cet « électorat traditionnel »… qu’elle a perdu depuis longtemps. Elle claque des genoux d’un nouveau 2005, et plus encore de vraiment perdre ces élections déjà perdues. Ben oui, à force d’être déjà « en état d’urgence permanent » depuis deux ans, elle peut même plus sortir cette arme de dissuasion des masses – comme ses confrères de droite l’avaient fait en 2005. Alors Hollande tente un truc : il fait son Obama de dernière minute en posant pour la photo à l’hosto à côté de Théo ; on n’avait pas vu ça pour les proches d’Adama… Le FN, par le biais de son porte parole, voudrait quant à lui « interdire les troubles publics pour l’avenir »… Au delà du fait que cette phrase n’a aucun sens, c’est un très très gros mensonge. Il trépigne, le petit mari de Marine. Tout son parti fait des rêves humides de contagion brûlante. Il est déçu quand un expert quelconque – mesurant l’opinion qu’il fabrique – explique que « pour l’instant, c’est le thème de la lutte contre le terrorisme qui paraît le plus important quand on évoque les fonctions régaliennes auprès des français »… On en a tellement fait en deux ans sur le terrorisme qu’il faut y aller franco pour revenir au petit quotidien sécuritaire. Marine Le Pen – entre des larmes de crocodile sur la Prom’ pour les victimes de l’attentat de Nice et un Vendée Globe sauce PNL dans son clip de campagne –, revient à ses premières amours : la défense de la police qu’il « faut réarmer moralement et matériellement ». Vous noterez l’usage du ré, alors qu’on a vu des flics cagoulard et armés manifester tout l’hiver, pénétrant même le périmètre interdit du palais de l’Élysée… Et puis, pour la route, histoire que nos amis les bêtes n’aient pas l’impression de travailler pour rien, elle y va d’un « 40 000 places de prison supplémentaires ».
Fillon, trop empêtré dans la révélation de son petit biz’ familial, nous envoie son Ciotti de proximité pour faire du lien social sécuritaire. Ce sont des gamins qui mettent le feu à des poubelles –et jamais à une petite fille soit dit en passant, laquelle n’a jamais été sauvée par des flics, en prime– et tiennent tête à la police d’occupation? Qu’à cela ne tienne : on se voit déjà « abaisser la majorité pénale à 16 piges »,relancer « des tribunaux correctionnels pour mineurs », multiplier les centre éducatifs fermés. Une spéciale à Luis Voguel, maire LR de Melun : « ce n’est pas un hasard si ces incidents se déroulent en pleines vacances scolaires. Il faut lutter contre le décrochage scolaire dans ces quartiers »… Un truc que t’as pas capté, mon petit Louis ? S’il y a bien un moment pour décrocher de l’école, c’est les vacances, que tu vives dans un ghetto de riche ou dans un ghetto de pauvre. Quant à Macron –le pseudo outsider aux dents déjà longues–, il profite des légers problèmes de ses collègues de droite pour dégainer. Lui qui trouve le moyen d’être en tête des sondages alors qu’il n’avait rien poucav’ jusque là de son programme, il nous balance enfin un programme de… 15000 places de prison supplémentaires !Il reprend et cite officiellement le rapport que notre actuel ministre des tribunaux et des prisons, JJ Urvoas, avait sorti en septembre dernier. Pas bien original, l’Emmanuel, qui rajoute pour la saveur, une pincée de «tolérance zéro pour la délinquance » et une remise en cause du «principe d’automaticité de l’aménagement des peines inférieures à deux ans ». Comme si il n’y avait pas déjà des milliers de gens qui purgent des peines de moins de deux ans, en préventive par exemple.
Les mots sont salement importants
Nous, pendant ce temps là, on ne va pas trop jouer – comme trop d’autres – à lire dans la boule de cristal. Mais on va quand même rappeler une obsession : les mots sont lourds de sens.
Nous avons la brutale impression d’être replongés dans n’importe quel numéro de l’Envolée écrit entre 2005 et 2008 : dans le discours dominant, les enfants deviennent des « barbares» ; les manifestants, des « casseurs » ; les familles en deuil, des « boutte-feu victimaires » ; les tués par la police, des « délinquants au lourd casier judiciaire » ; les questions sociales, « des problèmes migratoires ou religieux » ; les quartiers populaires et misérables, des « zones de non droit » ; un viol lors d’une arrestation un « accident regrettable »… Alors, en toute logique, il faudrait que l’État puisse intervenir à la naissance, ou aux frontières, ou les deux, pour « prévenir la délinquance ».
Tout cela, on le sait. Mais il y a un endroit où nous devons nous méfier, pour ne pas se faire à notre tour les agents de ces sournois glissements de sens:il n’y a pas «des violences policières », mais bien «la violence de la police ». Comme il n’y a pas « des violences faites aux femmes », mais bien « la violence patriarcale ». L’emploi du pluriel induit toujours –même involontairement– qu’il s’agit d’une succession d’actes isolés, individuels. Des bavures. Des dérapages, en somme. À l’inverse, dire : « la violence » et y ajouter « de la police », c’est affirmer qu’elle est structurelle, c’est à dire que l’ordre social en a besoin pour se maintenir,qu’elle est en un pilier, qu’elle est à la fois voulue et nécessaire. En un mot, elle est politique.Il ne peut donc pas être question de « moraliser » la police. La raison d’être de la police, c’est de produire la violence exigée par l’État pour se maintenir ; elle se doit d’être raciste, patriarcale, au service de la bourgeoisie.
« Le contrôle qui s’opérait dans le rapport au travail s’étend dorénavant dans toutes les séquences de vie par la militarisation de l’espace. De l’exploitation ouvrière à l’asservissement des banlieues, les procédés sont les mêmes : c’est l’incorporation de la domination par les corps, où le policier joue dorénavant le rôle du contremaître. Le quadrillage par les mouchards, la hiérarchisation parallèle, les assignations sans motif, les insultes racistes qui étaient le lot quotidien de « l’usine de la terreur » dénoncée par les ouvriers de l’époque sont les mêmes mécanismes qui opèrent maintenant dans les « quartiers de la peur », comme le dit très justement le texte de Hugues Bazin. « Résister à cette domination, c’est analyser l’humiliation avant tout comme une question politique décisive». (1)
La rue c’est important, le tribunal c’est primordial
Et malheureusement – et ce n’est pas pour le plaisir de jouer sur les mots – il faudrait qu’on parvienne à appliquer ce même type d’analyse à la justice. La justice, dans les faits, ce n’est pas qu’un mot, ce n’est pas un concept ou un idéal : c’est avant tout une institution.C’est à dire un rapport de force qui s’est institutionnalisé, l’état des rapports sociaux du moment, inscrit dans le marbre de la loi. La Justice sanctionne et valide l’ordre social dominant à un instant précis. La justice ne peut être pour Théo, ou pour Adama. La justice n’est là que pour l’État, et c’est bien normal : c’est sa seule raison d’être. Nul besoin de philosopher, d’ergoter sur la pertinence du concept-même de « justice », de se demander si elle est une étoile à poursuivre dans ce monde ou dans l’au-delà des croyants, ou encore quelle forme elle pourrait prendre dans un « monde post-révolutionnaire ». Ici et maintenant, la justice, ce sont des tribunaux, des peines de prison, des juges, des procs, des matons.
Comme on peut le lire dans des compte rendus quotidiens publiés sur le net, ces jours-ci au tribunal de Bobigny, les bourreaux en robe noire n’ont de cesse de le répéter quand ils condamnent lourdement les « émeutiers » : « La procureure rappelle encore une fois son amour pour les policiers, elle affirme à demi-mots son envie de faire des exemples » (2) (3) (4). Ils sont là pour ne pas faire le lien entre ce qui se passe dans la rue et le viol de Théo, ou l’assassinat d’Adama, ou tous les contrôles et humiliations que nous subissons tous les jours. Son travail, c’est précisément de dissocier ces histoires.
Réclamer la justice – surtout à l’État –, l’appeler de ses vœux, l’invoquer, la prier, n’a donc finalement pas grand sens. Mais l’observer, la pointer, l’attaquer, non seulement ça a du sens, mais c’est de toute première nécessité. C’est là que s’enterrent les mouvements, c’est là que se réaffirme constamment la domination. Il n’y a de justice que de classe (comme la lutte). Il faudrait donc précisément taffer à l’empêcher de faire son travail, pour une fois, contrairement à ce que les chiens de garde de journalistes font dire à Théo sur son lit d’hôpital.
Le rassemblement du samedi 11 février est historique à ce titre-là : des milliers de gens se sont rassemblés devant le tribunal du 93. Devant cette cité judiciaire où nous sommes des centaines de milliers à avoir été « entendus », c’est à dire humiliés, rabaissés, condamnés. Et encore plus nombreux à y avoir assisté à l’exécution semi-publique d’un gamin, d’un poto, d’un camarade… Ou bien encore à l’acquittement d’un flic qui a tué ou mutilé. Ce n’est pas par hasard que si peu de commentaires médiatiques ont insisté sur ce point fondamental : le rassemblement avait lieu devant un tribunal ! Pas dans Paname intra-muros mais en banlieue ; pas devant un commissariat ou devant l’assemblée nationale : devant un tribunal.
« Tout le monde déteste la police » (car elle nous déteste tous) est devenu un slogan jouissif et largement partagé. Et si on se mettait à crier aussi « Tout le monde déteste la justice » (qui, elle, n’a même pas besoin de nous détester pour nous éliminer socialement) ? La rue c’est important, le tribunal c’est primordial. C’est là que la machine étatique nous individualise, nous met à l’ombre, nous vole nos proches, brise nos solidarités. C’est donc là avant tout qu’il faut se montrer solidaires. Et pourquoi pas, parfois, la bloquer. « En attendant mieux, nous demandons que les émeutiers soient acquittés. Pour qu’à leur quotidien déjà injuste ne s’ajoute pas la mort sociale ! La Justice arrive bien à acquitter des policiers qui ont tué », comme l’écrit Hanane Karimi dans un post FB repris par Street Press (5).
Si vraiment quelque-chose a changé depuis 2005 et si, comme l’affirment certains témoignages à chaud de la journée du 11, le mouvement du printemps dernier a permis de partager quelques évidences, alors il est plus que jamais nécessaire de se rendre en masse dans et devant les tribunaux. À Bobigny, et partout ailleurs en France.
Courriers : Damien (MA de Fleury-Mérogis), Kamel (poème)
Invités : Les potes et frères d’Adama Traoré sont venus parler de leurs frères, des événements récents et de la mobilisation à Beaumont-sur-Oise.
Tel : Christine nous raconte un peu sa sortie depuis dix jours et sa « liberté » retrouvée après quatre années de prison et de bagarre au quotidien avec l’administration pénitentiaire.
Invitée : Loubna, sortie de prison depuis cinq mois, condamnée pour avoir défendu un gamin face à la police.
Zics : Demi Portion – Marre ; Dead Prez – Fuck the Law ; Berurier Noir – Manifeste ; Al & Casey – L’hiver est long
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Courrier : communiqué sur les conditions de détention par les prisonniers basques de la MA de Villepinte, membres du collectif des prisonniers politiques basques.
Tel : le collectif du 8 juillet nous fait un compte-rendu du délibéré du procès des flics qui ont mutilé Joachim Gatti entre autres
Tel : Mamadou nous parle de son frère Abdoulaye Camara assassiné par la police
News : Soutien à Youssouf et Bagui Traoré incarcérés à la MA d’Osny pour museler la contestation des proches d’Adama
Tel : Aurore, elle a pris six mois ferme exécutoire le 1er décembre, se bat encore et a besoin de soutien, alors écrivez lui !
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Courrier : Erdoğan Çakir (CD de Villenauxe-la-Grande) + extraits d’une interview parue dans Le Nouveau Jour J
News de Aurore coincée par sa JAP et condamnée pour ça…
Invité : Philippe nous présente sa pièce de théâtre « Pisser dans l’herbe » adaptation de textes de Christine Ribailly et de Philippe Lalouel qu’il jouera en avant première en décembre à la Parole Errante à Montreuil.
Brèves : Communiqué de Defcol à propos des poursuites judiciaires suite au mouvement contre la loi travail ; Youssouf et Bagui Traoré incarcérés à la MA d’Osny pour museler la contestation des proches d’Adama ; Damien ; Lecture du communiqué d’appel à la « Prison Strike » débutées à l’automne dans les prisons américaines.
Zics : Singe des rues – Anomalie Parmi l’Espace ; Kyma – Morceau 9 ; Dead Prez – We Want Freedom
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Courrier : Gaëtan (CP de Lannemezan) revient sur la mort de Rachid un co-prisonnier que l’AP n’a pas laissé sortir malgré un cancer.
Deux entretiens contre la police :
Entretien avec Assa Traoré. La soeur d’Adama Traoré tué par les gendarmes en juillet dernier est désormais poursuivie pour diffamation par la maire de Beaumont-sur-Oise, Nathalie Groux. Pour tenter d’écraser la contestation portée par cette famille et leurs proches, nouvelles offensives de l’Etat et la justice : deux des frères d’Assa et Adama, Youssouf et Bagui ont été arrêtés et incarcérés.
Entretien avec Nawel et Phuong, du « Collectif du 8 juillet », à chaud sur le procès qui s’est tenu pendant toute la semaine au tribunal de Bobigny contre trois policiers qui avaient blessé plusieurs manifestants en 2009 à Montreuil. Elles parlent notamment des 11 témoignages que le collectif a réussi à produire devant le tribunal : des gens blessés ou des proches de tués par la police. Des paroles trop rares qui doivent trouver un échos hors du tribunal car elles démontrent le caractère structurel, volontaire et politique de ces violences d’Etat.
Zics : Lino feat. T. Killa et Calbo – VLB ; Sizzla – I’m living ; Sans Tiep – La police assassine
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