Hommage à l’ami Hafed Benotman, co-fondateur de l’Envolée, mort il y a sept piges.
Décorticage des programmes de politique pénale des candidat·e·s à la présidentielle avec nos ami·e·s de l’indispensable blog La Sellette (chroniques de comparutions immédiates). Spoiler : c’est consternant.
La chronique mensuelle de Coco : santé et prison.
Lettre au procureurd’une des mis·e·s en examen du 8 décembre… pour qu’il lâche l’affaire. Depuis l’enregistrement de l’émission, Libre Flot s’est mis en grève de la faim. Plus de nouvelles ici.
Musique : LK de l’hôtel Moscou – « Camarades » · Soseme Makonde – « Manzara » · The Cardinals – « Misirlou » · Skip James – « Hard Time Killin’ Floor Blues » · Bérurier Noir – « Porcherie » · Hafed Benotman – « Jaja » · Daddy Nuttea – « Le juge des 400 ans »
On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook & snapchat.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Lettre d’une prisonnière du centre de détention des Baumettes
Des nouvelles du centre de rétention de Vincennes où 60 prisonniers du bâtiment 2A ont commencé une grève de la faim le jeudi 17 au soir. Un ancien prisonnier est avec nous pour en parler. Et des prisonniers nous appellent depuis les trois bâtiments du CRA pour raconter comment ça se passe à l’intérieur.
Retour sur le procès du médecin qui a laissé mourir d’un ulcère Adil Taychi a Lille-Séquedin en 2016. Il a été finalement relaxé mais le procureur fait appel et la compagne d’Adil aussi.
La semaine dernière, les matons ont bloqué plein de taules dans un nouveau mouvement de m… Retour sur les conséquences pour les prisonnier.ères et leurs proches.
Des nouvelles de Nani en grève de la faim et de la soif au CD des Baumettes.
Musique : R.BI & L.E.O.U.A. – Mouja · Awaze Ciya – Awazek tê · Jazzy Bazz – Memento mori · Soom T – Yes my people
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Discussion avec Adeline, compagne de Romain, prisonnier longue peine qui subit toujours les représailles de l’administration pénitentiaire 6 ans après sa prise de parole (voir le compte rendu de son procès en appel du 14 juin 2017 pour la mutinerie au QMC de Valence).
Projet de construction d’une nouvelle prison à Muret, dans le 31, qui ferait de cette petite ville la capitale européenne de l’incarcération. Un collectif « Pour un Muret écologique et non carcéral » s’est monté afin de l’empêcher et manifestait le 12 janvier dernier. Contact : prison-ni-muret-ni-ailleurs@protonmail.com
Chronique de Coco sur la santé en prison. Cette semaine, continuité des soins et rôle central du médecin traitant.
Chronique de la violence policière du blog indispensable La Sellette, qui décortique la comparution immédiate. Cette semaine, nos camarades se penchent sur la question du renvoi dans les audiences ; la première question posée au prévenu est toujours la même : veut-il être jugé immédiatement ou sollicite-t-il un délai pour préparer sa défense ? La réponse peut être lourde de conséquences.
Présentation d’une nouvelle émission de radio anticarcérale : V’là la gamelle ! diffusée sur Radio Aïoli(« une antenne rebelle et joviale en écoute sur la radio numérique DAB + canal 5C à Avignon et alentours et sur le site de la radio »)
Retour sur l’arrestation d’Emilio, extradé par l’Italie en France pour son implication dans les luttes contre la frontière, et incarcéré depuis.
Pour lui écrire :
Emilio Scalzo
écrou 89145
Maison d’Arrêt d’Aix Luynes
70 route des chateaux du Mont Robert CS 20600
13595 Aix en Provence Cedex 3
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Des nouvelles de Romain, qui subit toujours les représailles de l’administration pénitentiaire 6 ans après sa prise de parole.
Appel de Sylvia pour parler de Yacine, mort à la prison de Villefranche : appel à témoin pour toute personne qui aurait des informations sur les circonstances de son décès.
Appel de Marseille pour continuer de parler de la situation de Claudio Lavazzaqui devrait être libéré depuis le 11 décembre 2021 mais qui est toujours entre quatre murs. Claudio Lavazza est un camarade qui a beaucoup lutté jusqu’en 1996, année de son arrestation pendant un braquage en Espagne. Il a été maintenu enfermé pendant plus de 24 ans là-bas dont 8 ans dans les FIES (équivalent espagnol des Quartiers de Haute Sécurité, QHS). Voir à ce sujet l’émission de la semaine dernière.
Pour lui écrire :
Claudio Lavazza ec 11818, CD 1 cellule 5, 1D Centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan Chemin de Pémégnan BP 90629 40000 Mont-de-Marsan
Pour visiter la page internet de présentation de son livre Ma peste de vie paru aux Éditions l’assoiffé, c’est par ici.
Appel de Charlotte, veuve de Jimony Rousseau tué par les matons à la prison de Meaux-Chauconin en janvier 2021. Les proches organisent un rassemblement devant le tribunal de Meaux le 19 janvier 2022 à midi, pour demander la mise en examen des surveillants impliqués dans sa mort et qui sont toujours en service. Pour lire le communiqué c’est par ici. Pour retrouver la page du collectif Justice pour Jimony, c’est là.
Soutien à Emilio, extradé par l’Italie en France pour son implication dans les luttes contre la frontière, et incarcéré depuis.
Pour lui écrire :
Emilio Scalzo
écrou 89145
Maison d’Arrêt d’Aix Luynes
70 route des chateaux du Mont Robert CS 20600
13595 Aix en Provence Cedex 3
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Retour sur la mort d’Adil Taychi à la prison de Séquedin le 12 février 2016.
Lecture d’un texte écrit par Anne, la femme d’Adil : elle revient sur le procès du médecin présent le jour de sa mort, seul mis en cause dans cette affaire. Encore une fois, la prison a tué par manque de soin, ou plutôt par refus de soigner.
Rediffusion d’un long entretien avec Anne, réalisé à cette antenne en 2017. Force et courage à elle et tou.te.s les proches de victimes de violences pénitentiaires.
Il aura fallu attendre presque 6 ans pour arriver au procès de ce médecin. Ça a été une journée compliquée. Mélange de sentiments : colère, haine et tristesse. Colère parce que je me suis pris en pleine tête le mépris et l’indifférence de ce « médecin ». Il n’a cessé de se défendre en insistant qu’il était un détenu particulièrement surveillé (DPS), qu’il fallait le GIPN pour l’escorte. Mais peu importe le poids de ses erreurs passées, quand Adil le suppliait de l’aider, de le soigner, en bref, de faire son métier, il ne pesait plus que 53 kg pour 1m80. Il était à bout de force et sûrement pas dangereux. La procureure à insister sur le fait que ce drame était dû à l’égo démesuré de ce monstre ! Précision : le mardi avant son décès, Adil a fait un malaise. En discutant avec un surveillant, le régulateur du Samu à suspecté ce qui sera la cause du décès d’Adil 3 jours plus tard ! Malheureusement le médecin de Séquedin a pris la communication et a réaffirmé au médecin régulateur qu’Adil était un simulateur…
Haine : parce qu’au travers des différents témoignages j’ai pu une nouvelle fois imaginer la douleur, le désespoir qu’Adil a du subir des jours, des semaines entières . J’aurai voulu lui crier ma haine, lui dire tout ce que j’ai perdu. Ma vie s’est arrêtée ce 12 février, nos projets envolés. Il me prive d’un homme aimant, protecteur, respectueux. Voilà ce qu’était Adil pour moi.
Tristesse : parce que rien ne pansera cette plaie au cœur que j’ai depuis le 12 février 2016. Je suis triste, écœurer parce que oui il aurait pu être sauver. Et l’ensemble des avocats ont souligné ma présence sans faille à chaque parloir. Je n’en tire aucune fierté. A l’ombre du pénitencier, Adil était mon soleil et nos projets nous faisait croire en des jours meilleurs ! Même s’il avait pris perpet’, je serais resté. C’était comme ça, on était unis. Il n’a pas pris perpet’, il a été condamné à mort ! Chaque soir, quand je ferme les yeux, je revois Adil, allongé sans vie sur le sol de cette cellule. Il a fermé les yeux a tout jamais dans cet endroit .
J’aurais voulu lui dire plein de choses. Mais quand je suis arrivée a la barre, j’ai été incapable de dire quoi que soit. Je n’ai fait que pleurer.
12 mois de prison avec sursis ont été requis contre lui, 12 mois… 12 mois pour la vie d’un homme. Il n’a pas fait exprès ? Mais il na rien fait pour l’éviter . Ma victoire sera d’avoir réussi à l’amener devant ce tribunal. Lors de ma dernière visite a la morgue j’ai promis à Adil d’aller jusqu’au bout, de lui rendre justice. Et même si j’ai fait cette promesse à un corps froid, immobile, je me devais de la tenir. Délibéré le 9 février 2022.
Anne, compagne d’Adil Taychi
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Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001
« Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes ! La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant. C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine. Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »
Retour sur le procès de 7 matons qui ont tué Sambaly en août 2016 à la prison de Saint Martin de Ré, qui a eu lieu du 29 novembre au 1er décembre à la Rochelle. Appel et discussion avec Oumou, soeur de Sambaly.
Diffusion d’un enregistrement envoyé par l’assemblée d’Ile de France contre les centres de rétention (abaslescra.noblogs.org). Une personne récemment expulsée en Guinée, sans avoir fait de test PCR, revient sur son passage en CRA et la violence des expulsions.
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Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001
« Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes ! La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant. C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine. Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »
Voici une lettre écrite par plusieurs prisonniers de la taule de Caen et qui nous est parvenue en octobre dernier. Ils y reviennent sur la mort de Youssef, un codétenu, pour qu’il ne soit pas oublié. Ils rappellent également que la peine de mort n’a pas été abolie et que la prison tue. Et que, loin des regards et des médias, ce n’est que grâce aux prisonniers et aux proches que la mémoire de ces personnes existe et que la responsabilité de la prison et de l’administration pénitentiaire est dénoncée.
CD de Caen
Octobre 2021
Salut l’Envolée,
Notre codétenu Youssef s’est pendu dans sa cellule mardi 11 octobre. Il avait 28 ans. C’est le 3ème suicide depuis avril. On devrait plutôt dire mort par enfermement mais bon, quoi de neuf depuis l’abolition de la peine de mort?
Il était seul. Soudanais, sans papiers, sans famille ni amis pour le soutenir économiquement et émotionnellement. D’ailleurs, il était en détresse psychologique. C’est de soins dont il avait besoin! Il était difficile à vivre en cellule, il était sérieusement malade, ses codétenus n’ont jamais tenu plus de 4 heures avec lui. Alors ils ont fini par le mettre seul. Mais un mec comme ça tu ne peux pas le laisser seul. Dans sa cellule, les fenêtres étaient à deux mètres de haut, il ne voyait pas l’extérieur! Quand il avait refusé d’aller à la douche, la réponse du surveillant : « Va te laver espèce de gros porc! ». C’était comme ça tout le temps avec les matons, forcément un mec sans famille ni amis pour se soucier de lui… Il avait droit aux 20 balles que l’AP donne gracieusement aux détenus sans revenus. Pour les fringues, les produits d’hygiène et de première nécessité va falloir revenir ! Alors on le dépannait de temps en temps, sinon il ramassait les mégots par terre en promenade…
Mais bon ça fait une bouche en moins à nourrir pour l’AP et puis un délinquant en moins …
Ce matin là, le surveillant l’a vu par l’oeilleton à 6h15 du matin, pendu. Ils ont attendu 6h45 pour ouvrir la cellule. En 30 minutes ils auraient peut-être pu le sauver! Mais bon ça fait une bouche en moins à nourrir pour l’AP et puis un délinquant en moins.. Ça rentre dans les quotas et les stats alors tout va bien!
On ne les laissera pas nous tuer à petit feu dans l’indifférence générale dans leurs prisons de merde
On a parlé de lui à l’église et à la mosquée, on essaye de voir si il n’y a pas moyen de contacter de la famille quelque part.. Pas un mot dans les journaux, même locaux. C’est normal quand il n’y a personne pour s’approprier Youssef et demander des comptes! On a tenté d’écrire à Ouest France sans trop d’espoir. Nous on ne le laissera pas être oublié. Pour que plus personne ne tombe dans l’oubli. C’est pas parce qu’ils nous enferment loin de tous les regards qu’on va subir en silence! On ne les laissera pas nous tuer à petit feu dans l’indifférence générale dans leurs prisons de merde.
Entretien avec Oumou Diabaté, sœur de Sambaly, mort en 2016 à la centrale de Saint-Martin-de-Ré.
Le 9 août 2016, Sambaly Diabaté meurt étouffé dans un fourgon cellulaire, bâillonné, menotté dans le dos, avec un voire plusieurs matons sur lui. L’Envolée avait été informé de la mort de Samba en août 2016 par Gaëtan, correspondant du journal et lui-même prisonnier à la prison centrale de Saint-Martin-de-Ré. En mars 2020, un autre prisonnier, Jean-Christophe Merlet nous a contacté. Il était présent au début des événements qui ont conduit à la mort de Samba ; et l’acharnement qu’il subit de la part de la pénitentiaire est lié à sa volonté de témoigner. En effet, depuis des années il a tenté de retrouver la famille Diabaté pour lui livrer son témoignage sur cette terrible journée du 9 août 2016. C’est aujourd’hui chose faite et c’est grâce à lui si nous sommes à présent en contact avec Oumou, la soeur de Samba. Elle souhaite sortir de l’isolement dans lequel plonge toute lutte contre l’administration pénitentiaire, ce monstre tout puissant de silence et de mensonges. Voici l’entretien qu’elle nous a accordé et que vous pouvez aussi écouter dans l’émission de L’Envolée radio du 19 mars 2021. Ce témoignage est particulièrement important dans une période où, familles et proches de prisonnier.e.s se mobilisent partout en France, pour faire émerger les violences pénitentiaires ; des violences qui sont au cœur de la gestion sécuritaire de toutes les prisons.
Audio de l’entretien avec Oumou, la soeur de Samba
Bonjour Oumou merci de nous répondre. Vous êtes la sœur de Sambaly Diabaté, prisonnier à Saint-Martin-de-Ré en 2016, qui est mort lors d’une altercation avec les surveillants en août 2016.
Oui, le 9 août 2016. Mon frère a été emprisonné en 2010. Au début, il était à Rochefort, puis à Nantes et à Saint-Martin, puis il a été transféré a Fresnes. Il a demandé à retourner à Saint-Martin pour que je puisse le voir souvent, comme d’habitude, pour m’éviter de faire un long trajet. Nous sommes une fratrie de huit, dont Samba était le dernier. Il a pris dix ans de prison. Sur Saint-Martin, il a eu pas mal de soucis avec les gardiens. Je pense que Samba connaissait pas mal de choses sur les gardiens ; c’est devenu un problème pour lui. Pour l’empêcher de parler, c’était toujours des bagarres, toujours des problèmes ; il été toujours contrôlé, toujours sous pression. Je suis intervenue plusieurs fois à ce sujet. La dernière fois, c’était très grave : j’étais partie en vacances, et à mon retour j’ai retrouvé sur mon répondeur plus de 20 messages de mon frère.
Il vous avait appelé de la cabine de la prison ?
Oui, de la cabine, en me disant : « Viens vite avant qu’ils me tuent ». Je suis arrivée le 3, et j’ai appelé dès que j’ai vu les messages : je n’arrivais pas à les joindre pour prendre un parloir. Il m’a rappelé le soir et il m’a dit qu’il venait d’avoir ma maman, et que maman lui avait dit que j’étais de retour de vacances. Il m’a rappelé, et ce jour-là il m’a dit : « Les gardiens, ils sont en face et ils se moquent de moi, je suis gravement malade. Viens vite. » Je lui ai dit : « Mais t’as quoi ? » Il m’a dit : « Viens, j’ai été empoisonné. » Je suis allée le voir le 5 août, et quand je suis arrivée il était en punition à la Citadelle. Ils m’ont fait attendre quinze, vingt minutes. La directrice est venue me voir en me disant qu’il fallait pas que je m’inquiète, mais que mon frère allait être accompagné de gardiens habillés avec des casques et des tenues militaires, parce qu’il était agité.
C’était les Eris (Equipes régionales d’intervention et de sécurité) ?
Oui, c’est ça. J’ai demandé : « Pourquoi il est accompagné par ces gens-là ? » Ils m’ont dit que c’était parce qu’il était un peu agité, et la dame m’a pris plus de trente minutes en me racontant qu’il était agité, qu’il s’était converti… J’ai dit : « Mais il est né musulman et pratiquant ! » Ils m’ont accompagnée, j’ai encore attendu dix minutes, et là je vois mon frère qui arrive, qui a perdu plus de 20 kilos… Je l’ai pas reconnu.
Vous ne l’aviez pas vu depuis combien de temps ?
Trois semaines. Il a perdu 20 kilos en trois semaines ! Quand j’ai vu ces messieurs qui l’accompagnaient, aussitôt j’ai hurlé et je suis tombée. Les gardiens qui me disent : « Qu’est-ce qui se passe ? »… mon frère s’est jeté sur moi, on s’est pris dans les bras. Je lui ai demandé : « Qu’est ce qui t’arrive ? » Il m’a dit : « Heureusement que t’es venue, parce que je vais pas tarder à mourir. », j’ai dit : « Pourquoi ? Et pourquoi t’as maigri comme ça ? » Il a soulevé son haut : il n’avait plus de ventre. Il avait attaché son pantalon avec ses deux chaussettes.
Tellement il était devenu trop grand ?
Oui, il tenait plus, donc il a pris ses deux chaussettes et il les a nouées pour ne pas perdre son pantalon. C’est là que j’ai vu que c’était grave, quelqu’un qui pesait plus de 100 kilos qui perd du poids comme ça, brusquement. Il m’a dit : « La dernière fois, j’ai mangé la gamelle, et depuis je suis pas bien : je fais tout sur moi. » J’ai hurlé, j’ai demandé aussitôt que la directrice vienne le voir.
C’était Manaud-Bénazeraf, la directrice ?
Oui, c’était elle ; je lui ai demandé de venir avec une feuille et un stylo, que mon frère lui explique ce qui se passait, et j’ai dit que je voulais qu’il soit tout de suite hospitalisé, le plus rapidement possible. Elle m’a dit que c’était vendredi, et que c’était pas possible ; j’ai répondu que si c’était pas possible, moi je resterais dans la cellule avec mon frère, que je ne bougerais pas d’ici. Mon frère était couché sur ma jambe et il expliquait tout ce qu’il s’était passé avec les gardiens : qu’avant qu’il soit empoisonné, il a été assommé dans la salle de sport. De dos, quelqu’un l’a assommé, il est tombé dans les pommes un moment, et quand il s’est relevé il y avait plus personne autour de lui. Ça l’a inquiété. Il a dit aux gardiens d’arrêter, ou sinon il allait tout dire ce qu’il savait… mais quoi ? Moi, je lui ai conseillé de tout expliquer. Il a dit à la directrice qu’il avait été empoisonné parce qu’il savait trop de choses. Madame Manaud a tout écrit, tout ce qu’il a dit, et elle m’a promis que le lundi il serait hospitalisé. Elle m’a dit que je n’avais pas le droit de dormir ici. Le lundi j’ai essayé de les joindre en vain, et mardi je les ai eus au téléphone. J’avais parloir l’après-midi, sauf que la dame m’a dit au téléphone qu’il allait mieux aujourd’hui ; mais au moment où elle m’a dit ça, mon frère était mort.
Ça, vous l’avez su par le rapport d’autopsie ?
Voilà. Et moi, quand j’ai fini mon travail, au moment où je me changeais, j’ai reçu un coup de téléphone de la citadelle qui m’appelait pour me dire que mon frère venait de mourir. J’ai dit : « Mourir comment ? Il n’a pas été hospitalisé… Il était un peu malade, mais comment ? ». Aussitôt, je suis allée là-bas. Mme Aras a téléphoné, elle a discuté un peu avec moi.
C’est la procureur de la Rochelle?
Oui, elle m’a téléphoné au bureau du directeur de la Cidatelle. Il y avait aussi Mme Arbonneieux, qui pleurait.
Qui est-ce ?
C’était pas une surveillante, elle était… je sais pas bien, c’était quelqu’un qui recevait souvent mon frère, comme une assistante sociale qui s’occupe des détenus. De temps en temps, les détenus avaient des entretiens avec elle ; donc cette dame m’a dit qu’elle avait vu mon frère plusieurs fois et qu’il était très respectueux. Elle dit qu’elle avait [jamais] vu un détenu aussi respectueux. Elle est vivante, on peut la contacter, elle répétera la même chose devant tout le monde.
Elle n’a pas témoigné?
Dans le dossier, je vous dis, il y a plein de gens qui n’y sont pas et qui devraient y être. Pourquoi ? Je ne sais pas.
Pour bien comprendre : vous allez à la prison le mardi, vous êtes reçue par la directrice… et ensuite ?
Le corps était parti en hélicoptère quand je suis arrivée ; il n’était plus sur place. L’autopsie a montré qu’il était mort par étouffement. Il y a eu deux autopsies qui précisent qu’il a été étouffé. Comment et pourquoi, je sais pas. Avec un de mes frères, on a été convoqués par Mme Aras, mais le dossier est en cours. Aujourd’hui nous en sommes là.
Vous avez des avocats?
Oui, on a un avocat et une avocate : Me Castaing et Me Gouache.
Il vient d’y avoir une qualification en « homicide involontaire », et avez fait un pourvoi en cassation pour obtenir la qualification de « violences volontaires ayant entraîné la mort ?
Oui. Nous, on veut prouver que ça a été prémédité. Si deux gardiens se sont suicidés, c’est qu’il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas.
Pour résumer, il y a une dizaine de mis en cause et deux des surveillants mis cause se sont donné la mort. Il y a aussi des personnels de direction mis en cause ?
La direction, pour le moment, ils n’ont pas été convoqués, je ne sais pas pourquoi. Il y en a même certains qui ont changé de service, qui travaillent sur Paris maintenant… il y a eu beaucoup de bouleversements après le décès.
Ils se protègent entre eux. IIs sont mutés pour pas rester sous les feux des projecteurs… Il y a donc des personnes qui devraient être dans le dossier mais qui n’y sont pas.
Oui, il y en a. Je sais pas bien, mais il manque des gens, et ils sont protégés par leur syndicat… mais protégés jusqu’à quand ?
La loi du silence fonctionne bien. Donc là, vous êtes en attente ?
Oui, on attend de savoir comment ça va se passer. Depuis son décès, notre famille est perdue : notre maman a perdu plus de trente kilos. Elle ne mange plus. C’était son petit dernier, qu’elle voyait pas souvent. Elle était venue le voir en prison en 2015 ; elle s’apprêtait à revenir, et là on l’appelle pour lui dire… Il a pas pu lui dire adieu. Le lundi, il l’a appelé pour lui dire : « Maman, je sais qu’on va plus se revoir. Je vais mourir, il vont pas tarder à me tuer. Je te demande pardon, Maman. » Et le lendemain il a été tué.
A l’époque, il y a des prisonniers qui ont témoigné ?
Oui, beaucoup. On a eu des témoignages, il y a même des prisonniers qui ont subi des agressions après avoir témoigné ; y en a aussi qui ont refusé de témoigner, et qui ont été libérés. Je suis au courant de pas mal de choses… mais bon, on verra.
En 2016, Gaetan, qui était prisonnier à Saint-Martin, nous avait écrit pour dire qu’il y avait eu un mort et que c’était la faute de l’AP, de l’administration de cette prison sordide gouvernée par les syndicats. Après s’être pris un compte rendu d’incident (CRI), il avait été placé à l’UHSA (unité hospitalière spécialement aménagée) où il avait été cachetonné ; après, il avait du mal à écrire. A l’époque, on avait pas réussi à trouver votre contact pour vous faire passer ce témoignage et vous mettre en lien avec les autres familles qui se battent dans des histoires similaires… Il était pourtant pas fou…
Samba est mort d’une clé d’étranglement dans le fourgon cellulaire, c’est ça ?
Oui, dans le fourgon du transfert au quartier disciplinaire, ils se sont assis sur son thorax ; il était bâillonné.
C’est portant complètement interdit, les bâillons… Vous savez pourquoi il a été placé au QD ?
Non, mais il y était déjà quand je l’ai vu le vendredi. Ils l’ont fait revenir de l’autre côté pour en finir avec lui, je pense. Ce n’est pas du hasard ; pour moi, c’était prémédité. Je l’ai vu le vendredi et il me l’a dit ! Il me l’a dit plus de dix fois. Il savait que sa vie était menacée. Il était torturé psychologiquement, ils lui disaient : « Ah, il s’est converti, il a le Coran, il dit Allah Akbar », et tout ça… mais on va où ? Tous les jours, il y a l’appel du muezzin dans les mosquées, qui dit « Allah Akbar » ! On va où ? Dire Allah Akbar, c’est pas la fin du monde !
Oui, ils sont vraiment fous avec ça.
Dans la bible on parle de la grandeur de Dieu, de Jésus… Ils ont leur façon de faire, les musulmans ont leur façon de faire, dans ce monde, si on s’accepte pas entre nous, que chacun ne peut pas vivre librement, que chacun ne peut pas pratiquer sa religion librement, on va où ? Tout ce que tu fais, c’est mal vu. On finira par se regarder et se tuer pour ça. Ce sera la guerre civile dans le monde ou quoi.
On est en contact avec vous grâce à un prisonnier qui s’appelle J.-C. Merlet. il était prisonnier en même temps que Samba ; ils se connaissaient très bien. Christophe a assisté au début de l’altercation entre Samba et les surveillants. Il a été lui-même passé à tabac trois semaines après la mort de Samba, et il estime que c’est lié à la mort de Samba. Depuis toutes ces années, il a essayé de vous retrouver pour témoigner, pour vous parler de votre frère… c’est aujourd’hui chose faite grâce à un courrier qui vous a été envoyé. C’est important d’avoir des témoignages, d’avoir la version des prisonniers, parce que celle des surveillants sera toujours bien huilée… Quoique là, ils ne se protègent pas ; pas tous, en tout cas.
Non, ils se sont déchirés, aujourd’hui.
Le samedi 20 mars, il y a une manifestation contre les violences d’état : les violences policières et pénitentiaires. Il y aura beaucoup de familles et de collectifs de morts de la police et de la prison.
C’est bien. Il faut ; à un moment, ça va péter, ça m’intéresse d’entrer en contact avec ces familles, parce qu’on est tous dans le même combat. Il est important qu’on soit tous en contact, ensemble, pour faire un soutien général. Nous, on lâchera pas. Merci beaucoup pour ce que vous faites.
On le fait pour nous, pour vous, pour tous ceux qui sont enfermés ; parce qu’on sait que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Oui, parce qu’il y a pas mal de monde dans cette situation. Ceux qu’on sait, et aussi ceux qu’on ne connaît pas.
Le mercredi 9 Septembre 2020, à deux semaines de sa sortie, l’administration pénitentiaire apprend à la famille d’Idir que celui-ci a été retrouvé pendu dans sa cellule au quartier disciplinaire de la prison de Lyon-Corbas.
La famille ne croit pas qu’Idir, 22 ans, bientôt libre, se soit suicidé. Nous non plus. Nous savons la pénitentiaire abonnée au classique, tragique et mensonger « suicide » et qui plus est cette prison et son mitard sont tristement connus pour des faits similaires.
Le témoignage d’un prisonnier est venu confirmer qu’Idir ne s’était pas pendu. L’AP a bien tenté d’étouffer ce témoin en lui collant 90 jours de mitard mais étant obligés de l’extraire tous les 30 jours, il a pu à cette occasion raconter qu’Idir a bien été tué par les matons.
Derrière ces « morts suspectes » en prison, suicide ou arrêt cardiaque, il n’y a pas toujours une famille prête à se battre, et à mettre en cause la version officielle. Il n’y a pas toujours de témoignages directs de prisonniers car les jours de mitard, les transferts et la peur sont autant de bâtons dans les roues. Et quand il y a les deux il n’est vraiment pas simple que la famille et les témoins entrent en contact.
Pour Idir tout est réunit, famille et témoins ensemble pour faire la lumière sur sa mort. Pourtant nous savons que le combat va être très long car le système pénitentiaire / justice est huilé pour se couvrir les uns les autres avec une efficacité redoutable. La famille a monté le collectif « Idir Espoir et Solidarité », et elle a organisé une marche blanche qui a réunit plus de 150 personnes jusqu’au centre de détention de Lyon-Corbas.
« Ils l’ont tué et là ils sont en train de cacher les choses à tout le monde. »
Témoignage sorti de la prison de Corbas le 8 Octobre:
« Pour vous expliquer l’histoire d’Idir : il a fini au mitard. Il s’est embrouillé avec les hessess et la brigadière et à la fin ils lui ont fait une clef de bras, ils l’ont frappé, ils lui ont mis le genou sur le cou, il l’a pas supporté et il est mort. Et ils l’ont pendu à la fin pour cacher la vérité. Et voilà personne dit rien, tout le monde s’en bat.
Je suis en direct de Corbas là, on est le 6 Octobre 2020. Et voilà ce qui s’est passé pour le petit Idir ça s’est passé au mitard. Il était avec Y., il est témoin lui. Il a voulu en parler à tout le monde. Tout le monde essaie de le cacher. Et là il est au mitard, il a pris plusieurs peines pour une brigadière. En fait ils étaient là-bas, ils faisaient un peu de bordel. Voilà ils criaient à la fenêtre, ils tapaient dans les portes. Et ils sont venus. Ils s’en sont pris d’abord à Y. Ils ont coupé l’eau et l’électricité aux deux. Ba voilà au bout d’un moment quand on a soif et qu’on est enfermé quelque part et qu’on a plus d’électricité et plus d’eau, bah ils ont été obligés de boire dans les toilettes. Et ils les ont insultés tout ça et tout.
Et ils sont rentrés dans la cellote de Y. et ils l’ont défoncé. Ils ont fait leur truc de genou là. Et bah juste après le petit jeune là Idir, il l’appelait pour lui demander l’heure de la prière, de la salat. C’est pour dire c’était pas quelqu’un de suicidaire, c’est sûr à 100%. Et bah juste après il les a entendus aller dans leur cellote et ils l’ont frappé. Sauf qu’il a plus rien entendu après. Il l’a appelé, appelé. Il répondait plus. Ils l’ont tué et là ils sont en train de cacher les choses à tout le monde. Personne dit rien ici. Là quand il est sorti du mitard il en a parlé à tout le monde ici.
Là faut faire passer le message. Inch allah comme nous on est puni, bah eux aussi ils paient ces –bip-. »
« Trouvez-vous qu’être interdit d’eau et d’électricité pendant plusieurs jours est une manière de traiter un homme ? »
Message de la mère d’Idir du 8 Octobre sur FB :
« Je vous écris ce message aujourd’hui pour la première fois. Je suis la maman de défunt Idir Mederres. Je voudrais faire éclater la vérité sur sa mort. Mon défunt fils de 22 ans qui a perdu la vie a la Maison d’arrêt de Corbas d’une cause non naturelle. Le Mercredi 9 Septembre 2020 à 17h30.
Les médias et la justice veulent nous cacher la véritable cause. Malgré l’autopsie faite, le milieu hospitalier ne veut pas nous donner les résultats des causes et des faits de la mort de mon défunt fils. A ce jour, nous essayons de savoir la véritable histoire. Ayant fait nos recherches de notre côté et grâce au réseaux sociaux nous avons pu avoir de nombreux témoignages et preuve que mon défunt fils ne s’est pas donné la mort par pendaison, et nous pouvons vous prouvez le contraire en demandant aux autorités qu’ils protègent tous nos témoins.
Comme vous avez pu le constater sur la vidéo d’un témoin qui a fait le tour des réseaux sociaux vous avez donc pu avoir une part de vérité sur sa mort, de plus mon fils buvait l’eau des toilettes lorsqu’il avait soif. Est-ce humains de faire vivre une telle chose a quelqu’un ?
Nous recevons des tas de témoignage d’anciens détenus qui tombent des nues de la situation et qui eux-mêmes sont traumatisés par ces situations. Mon fils, n’avait aucun problème avec qui que ce soit, c’était un garçon qui avait la tête sur les épaules, et qui avait beaucoup de projet de vie, car ce n’était pas un voyou. Je ne dis pas cela car c’est mon fils dont je parle, mais tous ses proches vous le diront c’était un bon garçon, il avait juste conduit sans permis et fait une course poursuite. Et même s’il avait été un grand délinquant il ne méritait pas ça.
Les seules personnes avec qui il a eu des problèmes n’étaient que la brigadière du mitard le jour de son décès celle qu’on appelle Karima et c’est d’ailleurs elle qui a donné l’ordre de lui couper l’eau et l’électricité a lui ainsi qu’a Y. qui n’était autre que son voisin de cellule au mitard. Aujourd’hui ils ont détruit une famille entière et surtout moi, mère de famille qui ne trouve plus le sommeil et qui a un mal fou à se relever. Si vous avez un minimum de compassion, je pense que vous ne voudriez pas que cela se répète perpétuellement. Nous vous faisions un appel à l’aide et souhaitons que justice soit faite. Aujourd’hui les médias nous font croire que dans les maisons d’arrêt les gardiens et brigadier sont corrects mais tout le monde sait que cette endroit est corrompu malgré les efforts fait par l’Etat, ce milieu est rempli de haine. Trouvez-vous qu’être interdit d’eau et d’électricité pendant plusieurs jours est une manière de traiter un homme ? Nous avons découvert qu’il a été malmené et maltraité par les soit disant force de l’ordre si je peux me le permettre.
Je suis la mère du défunt Idirs Mederres. Avouez la vérité car les personnes incarcérées ne sont pas un simple numéro d’écrou ou des animaux ce sont des êtres humains après tout ils ont une famille derrière qui souffre énormément. »
« On ne veut plus de morts dans nos prisons. Et ça il faut vraiment que tout le monde l’entende »
Dans l’émission de l’Envolée du 2 Octobre, la tante d’Idir prend la parole :
« Je suis la tante d’Idir, paix à son âme. Je resterai toujours la tante à Idir mais je suis surtout la sœur de tous ceux qui sont en détention, que ce soit sœur de religion ou sœur d’humanité.
Aujourd’hui, le cri qu’on veut pousser c’est, on ne veut plus qu’il y ait d’Idir. On ne veut plus qu’il y ait d’autres Idir. Il y en a eu avant. Il y en a maintenant. Il y en aura malheureusement encore après. Et si on ne fait pas quelque chose aujourd’hui pour arrêter tout ça, ça continuera. C’est vraiment le premier message qu’on veut faire passer.
Alors certes les personnes détenues y en a qui ont fait des bêtises d’autres non. On n’est pas là pour les juger. Y a la présomption d’innocence. Y a plein de prisonniers qui sont en détention en attente de procès ou pour purger leur peine, mais aussi qui font des projets pour une fois qu’ils seront dehors. On ne veut plus trouver nos petits jeunes morts ! Idir il avait 22 ans. Il devait sortir deux semaines après. Je ne veux plus qu’il y ait des mamans qui vivent ça.
Jamais personne, ni aucune famille, ne pensait un jour être mêlé à ça. Quand nos petits jeunes font des bêtises et qu’ils se retrouvent en prison, on se dit qu’on va le retrouver. On va leur donner la force et l’énergie de continuer à se battre et retrouver le droit chemin. Ce qu’on arrive à faire avec beaucoup de nos jeunes. Malheureusement, avec la prison parfois on les retrouve pas.
On a créé une association, qui s’appelle « Idir Espoir et Solidarité ». On va pas lâcher. J’ai besoin de témoignages de personnes qui sont détention, ou d’anciens détenus. On a besoin de soutien. On n’est pas en guerre. On veut que la vérité éclate. Pour Idir, paix à son âme. Et pour toutes les autres personnes qui sont en détention. Qu’ils aient 20 ans, qu’ils aient 30 ans, 40 ans 50 ans, qu’ils aient commis des délits, qu’ils aient commis des crimes, c’est pas des numéros d’écrou, c’est des personnes, c’est des êtres humains. On veut plus de morts dans nos prisons. Et ça il faut vraiment que tout le monde l’entende…
On en est à 84 « suicides » en prison depuis le début de l’année. On est en septembre. Il faut savoir que c’est des crimes qui sont maquillés. Mais même s’il y a vraiment autant de suicides, la question c’est pourquoi il y a autant de suicides ? Qu’est ce qu’on leur fait à nos petits jeunes pour qu’ils arrêtent de croire en la vie, en leur religion, en leur famille ? Qu’est ce qu’on leur fait subir pour leur faire croire qu’ils ont pas de dignité et qu’ils sont seuls au monde ? Et voilà vous êtes pas seuls, on est là, pour tous les détenus de France. »
Extrait audio d’un témoignage de l’intérieur de la prison de Corbas racontant comment Idir a été tué par les matons et comment un autre prisonnier est aujourd’hui menacé par l’AP.
Marche blanche dimanche 11 Octobre 2020 pour Idir organisée par les proches au départ du marché de gros de Corbas à 14h30 en direction du centre pénitentiaire. Soyons nombreux.ses ! (lien vers l’évènement FB en dessous).
· Violences policières contre les prisonnières du CRA de Mesnil Amelot
Appel d’une prisonnière de la prison pour sans-papier de Mesnil qui raconte les violences subies par elle et ses codétenues : refus de soin, humiliations racistes, et tentatives d’expulsion.
· Brèves
Retour sur les parloirs sauvages devant les prisons pour sans-papier (CRA) un peu partout en France
Répression contre les prisonniers en CRA qui refusent les tests COVID (exiger par les pays) pour éviter les expulsions : GAV et peine de prison s’enchaînent…
Le droit au rapprochement familial n’existe toujours pas en prison : Des prisonniers sur les toits à Saint-Quentin Fallavier et une cellule en feu à Argentan. La justice et l’AP répriment : transferts disciplinaires et huit mois fermes !
L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.