Étiquette : quartier d'isolement

  • Le journal l’Envolée n°63 est sorti !

    Le journal l’Envolée n°63 est sorti !

    Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, et gratuit pour les prisonniers et prisonnières.

    Sommaire :

    • Dur D’entendre les Prisonniers Fâchés : à propos de la vague d’actions d’avril 2025
    • « La guerre, Darmanin, c’est vous qui l’avez déclenchée » : appel de DDPF
    • Narcotrafic, narcoprison, narcobullshit mais vraie torture
    • « On ne leur cèdera pas un seul millimètre de notre dignité » : lettre de Rédoine depuis le QI contre les QLCO
    • Lettres de l’intérieur :
      « Les nouvelles de dehors font pas rêver » – Julien à Seysses
      « Selon leur humeur, soit ils te défoncent, soit ils te défoncent » – Kémi à Moulins
      « Les frigos en priorité, Madame ! » – Vivi aux Baumettes
      « Je veux rentrer chez moi en Guadeloupe » – Fabrice à Valence
      « Oui, la surpopulation est une réalité » – BN à Poitiers
      « Cessez de nous disséquer, de nous autopsier, nous sommes encore vivants ! » – Pascal à Réau
    • Mort d’Aubin au mitard de Fleury : la famille ne croit pas à la version de la pénitentiaire

    Édito : Le principe du serflex

    Lorsque des policiers masqués et armés clamaient le slogan du syndicat d’extrême droite Alliance « Le problème de la police, c’est la Justice » devant l’Assemblée nationale en mai 2021, leur ministre de tutelle était à leurs côtés. Problème réglé : maintenant qu’il est garde des sceaux, il continue à avancer à marche forcée vers toujours plus de brutalisation de la Justice. Après avoir bien dragué les syndicats de keufs, Darmanin a remis le couvert direct avec les syndicats de matons en lançant une grande croisade antitaulards.

    Dans cette séquence boostée par l’instrumentalisation de l’évasion sanglante de Mohamed Amra en mai 2024, il ne se passe pas de jour sans que tombe une nouvelle annonce de mauvais augure pour les enfermé·es… Suppression des activités, commande de 3 000 nouvelles places de prison dans des préfabriqués, menace de faire payer des « frais d’incarcération » aux prisonnier·es… Et surtout, création de super « narcoprisons » à Vendin-le-Vieil, à Condé-sur-Sarthe et pourquoi pas jusqu’en Guyane – en attendant de « remettre du bon sens partout » avec une réforme de la Justice. Bref, il fait scrupuleusement tous les fonds de tiroir de l’arsenal répressif. Ça passe ou ça casse, mais c’est toujours tout bénéf pour la campagne présidentielle qu’il a déjà commencé à mener sur le dos des prisonniers et des prisonnières.

    La création des quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) est une aubaine qui permet à Gérald d’occuper le devant de la scène dans la guerre contre les « narcotrafiquants », dont il a largement contribué à consolider la figure menaçante. Un écran de fumée pratique pour légitimer une offensive bien plus large. Le narcotrafic n’a aucune existence juridique : dans la loi, il est seulement question de « criminalité organisée ». Et pour tomber dans cette catégorie, il suffit de se faire coller une association de malfaiteurs, ou même d’en être simplement suspecté. C’est dire si cette formule recouvre un vaste éventail de crimes et de délits. Les QLCO viennent s’ajouter à toute une gamme d’établissements et de régimes de détention. C’est le dernier maillon de la chaîne de la pénalisation – pour le moment… Entre placement préventif à l’isolement et opacité des critères de sélection, ça permet de faire peur à tout le monde. C’est un niveau de déshumanisation inédit, et sur lequel il sera difficile de revenir, selon le principe du Serflex : même si les concurrents de Darmanin réussissent à lui balancer une peau de banane dans la dernière ligne droite, le mal sera fait. D’autant que, selon les dires d’un conseiller du ministère, « on a l’opinion publique avec nous ».

    De mémoire d’Envolée, on avait jamais vu un tel engouement médiatique pour la com d’un ministre des tribunaux et des prisons. Le thème du remplissage de Vendin donne lieu à un véritable festival. Darmanin communique à chaque transfert, et la presse régionale jacasse chaque fois qu’un gars de chez eux est transféré. Chacun se passionne pour le « mercato des narcos » et le JDD se félicite que « sept profils à très haut risque [aient] été transférés […] pour isoler les têtes pensantes du narcobanditisme français ». De son côté, Le Figaro explique que « le pari est de mettre totalement sous cloche ces détenus pour les empêcher de poursuivre leurs juteuses affaires hors les murs et de commanditer crimes et exactions. » La prétendue « fuite » sur CNews et dans le JDD des fiches pénales des « détenus parmi les plus dangereux du pays » ne choque personne, elle donne lieu à une « plongée inédite dans les arcanes du crime organisé ». Et pour qu’on comprenne bien que c’est à tous·tes les prisonnier·es qu’il veut du mal, le ministre a même choisi de reporter d’une semaine l’inauguration de l’extension d’un établissement nîmois après avoir appris « l’existence d’une table de massage », et exigé qu’elle « soit retirée de la zone de détention et mise à disposition des personnels pénitentiaires ». La vraie nouveauté, c’est que Darmanin assume clairement qu’il faut plus de places en prison, mais pas pour que les taulard·es soient moins serré·es ; et que l’échelle des peines devenue échelle des tortures en vient carrément à constituer un argument électoral.

    Une offensive de cette ampleur contre 85 000 prisonnier·es ne pouvait évidemment pas rester sans réponse : il y a eu la vague d’actions de DDPF (défense des droits des prisonniers français). La déclaration d’intention décrit une situation bien réelle, à savoir que c’est à tous·tes les prisonnier·es que la guerre est déclarée. Derrière les opérations spectaculaires et leur exploitation médiatique, il y a le quotidien et les résistances de tous les jours – comme le blocage du QI de Fresnes en mai dernier – qui continuent à éclater sporadiquement ici et là tandis que l’étau se resserre. Et puis, dès leur transfert, une trentaine de personnes ont déposé des recours auprès du tribunal administratif contre leur placement au QLCO de Vendin et contre les conditions de détention. À l’heure où nous bouclons ce numéro, soit à peine un mois après leur arrivée à Vendin, des prisonniers se sont coordonnés pour inonder leur cellule dans trois coursives en même temps. Le lendemain, ils ont recommencé et tambouriné sur les portes ; certains ont aussi annoncé leur intention de se mettre en grève de la faim illimitée à partir du 1er septembre… On dirait bien que c’est pas fini.

    NB : Effectivement, quelques jours après le bouclage du n°63, nous recevions le communiqué des prisonniers de Vendin-le-Vieil en grève de la faim

    Télécharger le journal en cliquant ici

  • Récit d’une vraie-fausse évasion… et d’une vraie-vraie répression

    Récit d’une vraie-fausse évasion… et d’une vraie-vraie répression

    De notre envoyé spécial au QI (quartier d’isolement) de Strasbourg, juillet 2025 : comment les médias ont repris en chœur une mascarade policio-pénitentiaire… aussi ridicule que lourde de conséquences pour les prisonniers accusés à tort.

    Salut,
    Je vous écrit pour vous raconter la vraie histoire de la « tentative d’évasion déjouée » du 22 juillet au QI de la MA (maison d’arrêt) de Strasbourg qui a défrayé la chronique dans tous les médias de France, et qui s’apparente plus a une réelle mascarade montée de toutes pièces.

    Le 22 juillet tout se passait normalement au QI quand a 13h les surveillants ouvrent les portes les unes après les autres pour « contrôler » l’état des portes. En fait ils ont «  découvert » sur une, des traces de coupures et ont du coup contrôlé toutes les autres. Au total ils ont trouvé 3 portes «  sciées » : toutes de la même façon, dans le coin en bas a droite, proprement. Seul Hic, et pas des moindres, ces traces sont recouvertes par des traces de peinture.

    Je précise d’ores et déjà que les 3 détenus des cellules concernés ne se sont jamais vu, jamais parlé, et n’ont strictement rien à voir entre eux (un Djihadiste islamiste, un lié à l’extrême droite, et un trafiquant… les deux derniers purgeant des peines courtes avec des dates de sorties proches, 13 jours plus tard pour l’un deux….).

    Dans un premier temps il ne s’est rien passé de particulier, le service technique a posé une plaque de métal sur ces fameuses traces dans l’après midi même et basta. A ce moment précis PERSONNE n’imaginait qu’on allait oser parler d’une tentative d’évasion et que tout aller prendre autant d’ampleur. Il faut savoir que la MA de Strasbourg est réputé pour être dans un sale état, surpeuplée, y a des souris qui sont de passage dans les cellules, des fissures dans les murs, tout tombe en ruine un peu partout.

    En fin d’après midi voici que des gradés sortis de je ne sais où, accompagnés du directeur adjoint, ouvrent les portes des mecs concernés pour une « remontrance » comme a l’école primaire. Ils demandent aux mecs ce que c’est et pourquoi ils ont fait ça, les 3 leurs répondent naturellement qu’ils n’ont rien a voir, que y a de la peinture dessus donc c’est bien la preuve que eux n’ont pas pu faire ça, qu’il n’y a aucun intérêt a scier une porte (Pour aller a la douche en pleine nuit peut être ? Y a encore 15 portes avant la sortie..). Surtout que l’un sort en janvier, et un autre 13 jours plus tard…… (Faut vraiment être le roi des abrutis pour tenter de s’évader par la porte 13 jours avant sa libération !) Y en a 2 des 3 qui étaient dans leurs cellules seulement depuis quelques semaines.. enfin bref les surveillants bégayent car ils se rendent bien compte qu’il y a trop d’équations dans le problème qu’il essayent de résoudre.

    S’en suit une fouille des cellules concernées avec passage au Rayon X ou ils ne trouvent strictement rien pour appuyer leurs fabulations.

    Tout l’isolement prend un peu le truc a la rigolade et se permet quelques blagues a la gamelle vu l’aberration de la situation et tout le monde pense que ça va s’arrêter là.

    Mercredi 23 un des concernés arrive a échanger avec l’Auxi-peintre de l’étage a la fenêtre et lui demande si il avait déjà vu ses fameuses traces dans les portes et il lui répond : « C’est des grosses conneries, ils veulent vous niquer les gars, j’avais déjà remarqué ça en peignant la porte (d’un des 3) y a 2 ans et je l’ai montré au surveillant qui m’a répondu : «  On s’en bat les, couilles repeint par-dessus ». Voilà un argument de taille qui fait vraiment dire a tout le monde que c’est la fin de l’histoire.

    Sauf que le jeudi 24 au petit matin, les 3 concernés partent en garde a vue pour «  tentative d’évasion »  au comico de Strasbourg avec un beau cortège (toute la PJ mobilisée pour le transport et les auditions). Les GAV (gardes-à-vue) ont duré seulement 9h et les auditions en elles-mêmes entre 45min et 1h par tête, tellement qu’il n’y avait aucun éléments.
    Comment 3 personnes qui ne se sont jamais vu ni parlé et aux profils totalement différents, opposés voire même «  ennemis », peuvent avoir l’idée commune de s’évader en sciant la porte?
    Comment 2 personnes libérables dans les prochains mois voir les prochains jours peuvent prévoir de s’évader?
    Comment ils peuvent scier une porte et repasser de la peinture par dessus? Des 2 cotés de la porte en plus?

    Ils n’ont pas manqué de demander l’audition de l’auxi pour qu’ils puissent aussi témoigner et qui fut entendu le jour même.
    Une dinguerie, qui aurait pu rester une simple péripétie si la suite n’avait pas eu autant d’impact sur la détention et la vie des gens.

    Fin de GAV, affaire classées sans suite. Mais l’auxi ayant dit qu’il avait déjà déclaré ceci au surveillant et dit ce qu’on lui a répondu, a été déclassé le jour même ! En gros «  Ah t’as dis la vérité ? Bah tu vas plus bosser. »

    Le pire c’est que toutes cette histoire a été vendue (sûrement par un commissaire voulant se faire mousser…) et jetée en pâtures aux médias, les mecs sont même pas encore rentrés en cellules qu’ils passent déjà avec nom prénom et photo dans tous les médias de France. « Tentative d’évasion déjouée par l’AP » qu’ils osent dire, quelle blague !  (…) C’est repris de médias en médias sans qu’aucun ne vérifie l’info, c’était trop beau pour eux. En plein été quand y a rien a dire : « Un islamiste, un fasciste, et un narcotrafiquant » qui tentent de s’évader ! Wha la dinguerie. La réalité c’est que c’est sûrement le service technique qui a tenté un truc sur les portes il y a de ça des années, sûrement pour faire une trappe ou que sais-je, ils ont repeint par dessus 2 ou 3 fois et tout le monde a oublié. Jusqu’à ce fameux jour où il fallait des coupables…

    L’Auxi a donc été déclassé le jour même, un des trois (seulement un) est parti au mitard 30 jours pour «  tentative d’évasion », alors que ça a été classé sans suite par la justice elle même, et donc en toute illégalité. Et la meilleure c’est que 2 jours après ils ont commencé les transferts, le 28 juillet, 6 détenus ont été transférés, dont un concerné, qui sortirait dans 10 jours et qui après avoir fait le Tour de France des médias avec des graves accusations mensongères, a déposé plainte avec son avocat contre l’Administration et contre les médias qui relayent des conneries sans vérifier. Ils niquent leurs vies en racontant des conneries et sans devoir rendre des comptes a qui que ce soit. Quelle honte…. « Allez, on va le transférer, sinon on va avoir des problèmes… »

    A l’heure où je vous parle, tout le QI est fermé jusqu’en 2026 pour «  travaux ». Les 17 détenus ont été transférés parfois à des centaines de kilomètres. Tant pis pour ceux qui étaient du coin, qui bossaient, qui sortaient bientôt, pour les familles qui avaient les parloirs…

    On pense tous qu’il s’agit d’une mascarade orchestrée car tout le monde savait que ces traces de coupures n’étaient pas dues aux détenus et encore moins à ceux qui en ont été accusés. Certains surveillants sont au QI depuis 15 ans et ouvrent ces fameuses porte entre 5 et 10 fois par jour. Tout le monde savait ! Alors on se demande sérieusement si c’est pas un énorme coup de bluff pour toucher des subventions ou quoi pour remettre tout en état !  » Regardez, des détenus tentent de s’échapper, donnez nous vite les moyens de faire face ! « 

    Un des mis en cause a demandé une audience avec le capitaine, chef de l’étage en rentrant de GAV pour lui demander quel était ce bordel et comment on en arrive à la GAV alors que tous savaient qu’il n’avait rien à voir et que sa sortie était imminente. Le capitaine lui même s’est excusé (assez rare pour le souligner !) en disant qu’ils ont été complètement dépassés et que c’est le directeur adjoint qui s’en est mêlé, la DI (direction inter-régionale) et que c’est remonté jusqu’à la DAP (direction de l’administration pénitentiaire) qui a saisi le procureur, qu’ils ne pouvait rien faire à leur niveau malgré leurs conviction. En gros comme d’hab’ tout le monde se planque même devant les plus grande injustice.

    Le grand ménage qu’ils on fait en transférant l’ensemble du QI sert d’ailleurs d’alibi pour eux, comme ça plus personne ne peut parler ni dire la vérité.

    Voilà voilà, dans tout cela des mecs se retrouvent avec des saloperies (où rien n’est vrai) écrites sur eux dans la presse, et certains juste avant la «  réinsertion », un autre au mitard pour 30 jours en toute illégalité et d’autres sans taff ou loin de leurs familles, tout ça pour rien.

    Précisons aussi que les 3 mecs en question ont gagné leurs tickets à vie pour l’isolement grâce à ça, il y aura toujours une trace « tentative d’évasion » quelque part dans leurs dossier alors qu’il ne s’est rien passé.

    Preuve s’il en fallait que l’AP font ce qu’ils veulent et font porter le chapeau pour tout et n’importe quoi a n’importe qui, même ceux a 10 jours de leurs libération. C’est juste incroyable. En plus d’être enfermé dans un endroit qualifié de «  torture blanche » par les médecins, de pas dormir tranquille car les Ninjas viennent régulièrement vous soulever cagoule et calibre en main pour vous fouiller sans aucun motif, on peut aussi se faire accuser de faits complètement dingues sans aucune preuve…

    Voilà pourquoi je vous écris car personne ne relayera ces paroles, les médias «  mainstream » balancent leurs saloperies où rien n’est vrai mais ne diront jamais qu’ils se sont trompé.

  • « On ne leur cédera pas un seul millimètre de notre dignité »

    « On ne leur cédera pas un seul millimètre de notre dignité »

    A la centrale de Vendin-le-Vieil, depuis des années, Rédoine Faïd a testé un régime d’isolement carcéral excpetionnellement dur, qui est appliqué depuis juillet 2025 à des dizaines d’autres prisonniers dans le fameux « quartier de lutte contre la criminalité organisée » (QLCO) (voir ici ou et encore ). À Vendin comme partout, les quartiers d’isolement (QI) et les QLCO ne sont que des variantes contemporaines des quartiers de haute sécurité (QHS), ces lieux de torture blanche théoriquement supprimés par Badinter en 1982 mais qui « ont toujours été là », comme il le souligne. Rédoine a réussi par deux fois ces derniers mois à faire condamner l’administration pénitentiaire pour les conditions qu’il endure. Pour ne pas modifier son régime d’isolement, ce qui aurait pu ouvrir la possibilité d’un assouplissement dans tout l’établissement, la direction l’a fait transférer au QI de Condé-sur-Sarthe… où il va pouvoir suivre les travaux de préparation d’un autre futur QLCO… Voici une lettre dans laquelle il analyse et dénonce la violence de ces régimes d’isolement, et d’une société qui les invente et les accepte.

    Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil,
    Le 24 juillet 2025

    Bonjour L’Envolée,

    Je reprends le stylo pour dire les choses. Et il faut bien le dire : la prison d’aujourd’hui manque cruellement d’humanité. Elle ne propose pas de retour à la vie. L’empathie, cette beauté qui transcende la grisaille du monde carcéral, d’où sort la conscience de la retenue, a disparu, remplacée par le QLCO, cette usine à frustrations. Au grand jour ! Privation de lumière, harcèlement sécuritaire, mobilité réduite, hygiaphone qui vous prive de la chaleur de vos proches ou de votre conjoint… Qui peut bien autoriser ces méthodes tellement fascisantes à l’égard d’un être humain ?

    Nous ne sommes pas seulement isolés : on est coupés des nôtres, comme dans une salle d’attente où le temps ne passe pas, où l’heure du rendez-vous n’arrive jamais. L’ennui à l’isolement n’est pas qu’endémique, il est systémisé. Il est une mesure de rétorsion non écrite. Une arme administrative de destruction massive du genre humain qui vous tue à petit feu, sans laisser de trace – la signature des grands criminels. Dans ces conditions invivables, on n’a que le choix de se forcer à sortir seul se « promener » et faire du sport déraisonnablement. Souvent, on n’a pas envie. Mais face au danger physiologique qui guette, on se force. Notre cerveau et notre corps nous détestent, mais on s’en fout de tout dérégler. Nous sommes tous dans la survie. Il faut rester vivant, en bonne santé et vif d’esprit. Une priorité dans cet enfer. Les gens incarcérés à Vendin-le-Vieil sont des êtres très bousculés. C’est déjà un miracle que d’être encore debout en arrivant à Vendin, sachant qu’on arrive tous des QI des prisons de France où on a passé des années. Une femme ou un homme qui veut rester debout trouvera toujours un moyen. Parce que sa détermination est absolue… « La résistance est une renaissance », disait René Char. Nous sommes dans le combat pour rester vivants, mais aussi pour garder notre dignité.

    « Nous sommes dans le combat pour rester vivants. »

    Très franchement, je n’avais pas mesuré ce qu’était la dignité. Elle est un geste de consolation, de pudeur et de solidarité avec soi-même. Il faut écouter les êtres emprisonnés qui parlent de la dignité entre eux, comme s’ils ressentaient la même détresse, l’humiliation, les blessures qui leur ont été infligées. Des traumas qui sont eux aussi passés sous silence. On ne leur cédera pas un seul millimètre de notre dignité. Ce n’est pas négociable. À Vendin-le-Vieil, on doit affronter des ennemis impalpables, omniprésents : le confinement sévère des lieux et les effets du silence assourdissant. On nous dit que les QHS sont de retour, mais ils ont toujours été là. L’isolement, c’est le QHS ; ils ont juste changé l’appellation. C’est la même solitude, la même souffrance. Le QHS n’est pas une vie monastique, c’est une forme d’incarcération ultra-cruelle qu’on nous impose. Le rapport au temps, à la vie solitaire ou à l’enfermement provoque de graves troubles physiologiques qui deviennent irrémédiables sur la durée. Est-on entravés mentalement dans un espace clos ? L’isolement mène-t-il toujours à la réflexion ? Quand il est désiré, peut-être. Quand il est subi, c’est clairement impossible, du fait de la raréfaction des échanges, des stimuli cognitifs, de l’air et des mouvements. Une détention sans paroles dans un monde carcéral englouti par le silence, uniforme, submergé par le rien. Isolé. Sans secours. Sans connexions pour alerter ou prévenir. Il n’y a que la tension et l’appréhension. Le silence provoque en vous un déluge d’angoisse et de stress, sans droit de parole sur cette situation. Vous êtes condamné à vous taire.

    Il y a pourtant un énorme besoin de sociabilité, mais personne ne vous aide à sortir de la solitude. Une vie intérieure nourrie de silences et d’ombres qui sèment le flou et le doute en vous. Quel malheur que d’y être emprisonné. C’est une sorte d’alternance sans repères de journées incarcérées et de nuits enfermées dans l’insomnie permanente, qui confine à un sommeil mortuaire. On est perdus entre l’oubli et l’absurde, à une frontière qui menace de s’effacer : celle qui sépare civilisation et barbarie. Comment ne pas devenir dingue dans un centre pénitentiaire comme celui de Vendin-le-Vieil ? Par un processus de rétorsion, le directeur de cet établissement se permet de déstabiliser votre métabolisme intérieur, soi-disant pour vous rendre docile ; et la banalisation de telles agressions provoque des maladies mentales. Personne en prison n’assume d’avoir sciemment dégradé la neurologie d’un prisonnier : « il était bipolaire », « il était dépressif » ou le classique « il était déjà fou avant ».

    « Tout le monde devient une bombe à retardement. »

    La société ne sait quasiment rien sur la question. Ce sont des faits largement sous-estimés : la violence psychologique subie par des personnes détenues en situation de vulnérabilité physiologique et les maltraitances infligées par le milieu carcéral sont révoltantes et odieuses. Une impunité inimaginable, irresponsable. Les névroses sont nombreuses et très graves (phobies, angoisses, délires hallucinatoires, etc.). Il faut savoir que les psychoses, c’est médicalement autre chose : être suivi toute sa vie, se battre contre soi-même… Le QI et le mitard portent une lourde responsabilité dans ces déviances inhumaines et obscènes à l’encontre des personnes emprisonnées ; tout le monde devient une bombe à retardement en puissance. Autrement dit, tout le monde peut se laisser déborder par le seum qui s’invite au cœur de l’ennui et révèle la sauvagerie enfouie, la névrose injectée par ce système abject, par un trop plein d’agressivité inattendue où la violence apparaît dans son plus simple appareil, gratuite, injuste, aléatoire.

    Et paradoxalement, c’est la société qui sera aux premières loges pour assister à la chute. Là où on trouve le pire, et où un fait divers peut devenir un précipité de la violence ordinaire la plus abominable. La récidive, c’est ça. Et quand on empêche ces mecs en taule de changer ou de s’amender en les réduisant à de la merde, soyez sûrs qu’à leur sortie de prison ils respecteront les feux rouges, les pompiers et qu’ils diront « bonjour », « s’il vous plaît » et « au revoir » à la boulangère. Entendez bien que tout le monde sortira un jour de prison. Tout le monde. Et toutes ces bombes à retardement s’assiéront près de vous et de vos enfants dans le bus, le métro, le train, au cinéma… J’imagine aisément que vous préférez avoir près de vous des personnes calmes et apaisées. Logique. Alors, SVP, posez-vous donc la question : pourquoi les sortants de prison sont très violents, extrêmement agités ou complètement fracassés dans leur tête ? Les QLCO, les QI et les mitards ne font qu’accentuer cet état de fait. La société n’est pas dans le déni. Elle ne sait pas. Être à l’isolement, c’est la vie qui se traîne en équilibre fragile au-dessus d’un abîme de solitude, de détresse et d’indicibles chagrins. Le QHS est une esthétique de la dépression et de la cruauté administrative dont les pensionnaires sont tous des oubliés de l’existence, des invisibles et des infréquentables, où sourd le fracas de l’absurdité du monde carcéral. Le QHS est une plongée dans les entrailles d’un système répressif poisseux à l’humanité avilie, où la violence est toujours questionnée. On y passe des mois, des années, parfois une décennie et plus. On en revient brisé et blessé dans sa chair, résigné et cabossé, torturé par la solitude subie à outrance. On est coincé entre le monde des vivants et celui des morts.

    « Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. »

    Le QLCO est une sorte de génocide mental de la population carcérale. L’administration pénitentiaire se montre coupable, à travers ce régime à la noirceur absolue (sur le fond comme sur la forme), par des actes effroyables qui racontent l’enfermement dans sa violence cauchemardesque, et qui donnent matière à réflexion sur les causes de la récidive. Une détention sinistre, délabrée, où l’horizon assombri ne peut mener qu’au pire du pire. Le QLCO est un QHS géant à l’esthétique froide et inhumaine qui va industrialiser encore plus de violence et d’inégalités. Une fuite en avant dans l’oppression permanente. Un désastre humain sans précédent. Une absurdité schizophrénique caractérisant tellement la dérive du tout-sécuritaire hors-sol des caciques administratifs. Une non-réflexion dénuée de retenue, infusée, qui renvoie à la nature même de la justice, à la place des prisons dans notre société et à notre regard sur celles et ceux qui y vivent.
    La hideur morale accompagne souvent la déconfiture intellectuelle : il n’y a aucune réflexion politique et sociale dans ce décret anti-narco. C’est un énième contre-feu visant à faire diversion, à invisibiliser un défaitisme politique total sur la question de la consommation de la drogue en France. Et la cruauté du QLCO interroge sur la réaction de l’opinion – devenue hystérie collective – face à la criminalité et sa répression : c’est une sanction ? Une vengeance ? Une solution ? Le QLCO démontre clairement l’incapacité à régler le problème de la récidive. Cette brutalité nous révèle surtout combien la politique actuelle ne veut pas aider les personnes privées de liberté à retrouver une place dans la société.

    Pourtant, le narcotrafic provient de la misère sociale que ces enfants de la dèche ont retournée contre eux. Ce qui leur arrive aujourd’hui est une immense tragédie. De base, tous ces mecs étaient des défavorisés brisés par la vie, par la réalité désœuvrée des quartiers difficiles. Une ghettoïsation qui les a dévorés tout cru. Ils ne sont que le résultat de l’incompétence politique et de l’inertie sociale et culturelle de nos banlieues. Un vide tchernobylien.
    Ainsi, on nous montre à présent les « narco-racailles » comme des animaux « ensauvagés » qu’il faudrait encager à tout prix, en les réduisant à des silhouettes sans âme. Et donc, finalement, on les confine encore et encore dans ce sentiment lourd de celui qui se sent toujours enfermé. Un vivre-ensemble que l’on ne veut pas élargir à tous les vivants.
    On crache démagogiquement et on défèque publiquement sur les droits humains et les libertés fondamentales qu’on ne respecte plus. On ment aux avocates et aux avocats. On défie la magistrature. On snobe la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme). On renvoie outrancièrement la question humaine à son reflet angoissant, trouble, qu’il faut nettoyer par la force et par le populisme. Que nous est-il arrivé ?
    Jean-Paul Sartre, l’immense Robert Badinter, Michel Foucault, Serge Livrozet utilisaient le terme « abolition » pour définir leur lutte politique visant à supprimer totalement l’existence des QHS dans notre démocratie. Parce qu’ils avaient la conviction que piétiner l’humanité en prison, c’est fabriquer inévitablement la division, la haine convulsive et le désordre total dans la société. Ni plus ni moins.

    Rédoine

    Lettre initialement lue à l’antenne de l’Envolée radio le 5 septembre 2025 : écouter l’émission complète ici.

  • « Mes vêtements sont dans les grands cabas prêts à bouger »

    « Mes vêtements sont dans les grands cabas prêts à bouger »

    Lettre de Nathan, prisonnier longue peine enfermé depuis sa jeunesse en est à près de 40 transferts. L’administration pénitentiaire s’acharne pour lui faire payer ses révoltes et évasions et il empile les peines internes. Il raconte le traitement particulier des DPS (détenus particulièrement surveillés) qui continue même quand on perd ce statut. Il parle aussi de son isolement qui est prolongé depuis deux ans mais qu’il espère voir lever l’année prochaine.

    Centre pénitentiaire de Laon

    Le 6 décembre 2024

    La forme ou quoi, SDK wsh ?

    J’ai bien reçu votre courrier aujourd’hui, vous inquiétez pas pour le temps, car ici j’ai que ça à faire malheureusement d’attendre. Et puis la patience est une vertu pas vrai ?

    Je voulais faire une lettre de soutien à tous les braves, et on retire mes timbres c’est la galère.

    Moi ça va vous connaissez, ya pas le choix, la mentale, jsuis pas un faiblard. Le suicide c’est pas trop mon délire, on reste fort toute la haine intérieure me tient en forme.

    Les baluchonnages bah wé vous connaissez ça les amuse, mais tranquille je sais d’où je viens et où je vais, ya pas de souci avec ça vous en faites pas ! ^^

    MDR même moi je ne savais pas qu’il y avait une rate à Laon et jsavais même pas qu’il yvait une ville qui s’appelle Laon. Des barres c’est un peu la campagne ici, la misère. Ici au QI on est seulement cinq.

    MDR mes vêtements sont tous dans les grands cabas, prêts à bouger pour les baluchonnages. Ils sont parfois sportifs, parfois normal, ça dépend des équipes. Moi j’ai une escorte de niveau 3 (renforcée) à cause des évasions. Des fois c’est trois ou quatre véhicules d’Éris, parfois c’est les gendarmes cagoulés, gantés, armés, parfois police + motards, parfois surveillants et forces de l’ordre à l’appui. Ça varie, mais en vrai ils en font des caisses, ils se mitonnent de ouf.

    Wé mon écrou a changé, car pour un jugement j’ai bougé quelques jours plus au nord. J’ai repris deux ans pour un feu de cellule et des outrages, insultes envers les surveillants qui datent d’il y a 5-6 mois auparavant.

    Le QI (quartier d’isolement) j’y suis à cause des évasions, une prise d’otage et plein d’agressions plus ou moins graves. Depuis les mineurs en 2013 j’ai trois évasions et trois tentatives d’assassinat sur les bleus. Avant j’étais DPS en centrale, à Condé-sur-Sarthe à Alençon. Le DPS a sauté avec le temps, tant mieux, mais les mesures de sécurité qui me visent aujourd’hui sont toujours pareil, mais OKLM jnégocie pas avec les porcs, pas d’arrangement possible vous connaissez.

    Moi j’ai peut-être mes chances pour sortir du quartier d’isolement. Vers le 13 décembre 2024 max j’aurai la réponse, car l’administration pénitentiaire a sollicité la mainlevée de l’isolement parce que j’ai un bon comportement, et pour avoir accès à une « réinsertion dans la collectivité » aussi. Je vous tiendrai au courant, tout le monde est OK sauf la JAP (juge d’application des peines) qui n’est pas favorable. Mais pour l’instant ya qu’elle, et on attend la réponse de la DAP (direction de l’administration pénitentiaire) et ils ont jusqu’au 13 décembre pour donner des nouvelles. Aujourd’hui, le chef de détention m’a dit que c’était en bonne voie, car la DAP n’a pas encore répondu, donc j’garde espoir et j’y crois. J’attends la réponse mais s’ils renouvellent mon isolement c’est trois mois donc jusqu’au mois de mars 2025 minimum.

    Ici tu peux que patienter de voir et subir leurs décisions parfois contre-productives. Mais bon ça ils s’en foutent complet.

    Bon allez je vous laisse ici, j’espère que vous recevrez ma lettre et qu’elle vous fera plaisir. Ciao ciao, force à vous la famille !

    Nathan

  • Passer les fêtes au QI : lettres de Kémi

    Passer les fêtes au QI : lettres de Kémi

    Auteur du texte « Santa Muerte » sur la prison de Saint-Maur et le QI (quartier d’isolement), Kémi dit dans ces six lettres comment la dureté de l’isolement déteint sur son moral. Après un Noël 2021 solitaire, Kémi est enfin sorti du QI en janvier comme on peut le lire dans les deux dernières lettres. Cependant, à l’heure où nous publions ces lettres sur le site, l’AP (administration pénitentiaire) a déjà remis Kémi à l’isolement pendant l’été 2022.


    « Je m’en suis pris à l’AP et maintenant j’en paie le prix fort »

    Lettre lue pendant l’émission du 10 décembre 2021.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Novembre 2021

    Bonsoir chers auditeurs,

    Là il est 23 h et je tourne en rond dans ma cellule, donc je prends ma plume pour vous donner de mes nouvelles. La semaine dernière, j’ai enfin vu la directrice de Santa Muerte, elle a fait une demande de sortie d’isolement, mais je crois que c’était pour m’endormir car pour l’instant, j’y suis encore. En plus, j’ai appris par un pote qui a vu la cheffe et qui lui a dit que ce n’était pas pour tout de suite. Ils sont même pas capables de me le dire en face. Je vois rouge ! Pour les autres détenus, ça prend trois jours, et pour moi ça prend des plombes. J’avoue que mon moral baisse, car les fêtes arrivent, et j’me sens pas capable de les passer à l’isolement. Des envies de suicide me traversent l’esprit, j’essaie de rester combatif, mais imaginez deux ans de quartier d’isolement gratuit, et encore un Noël seul sans parloir, sans rien ni personne avec qui discuter. J’ai beaucoup de lettres qui me donnent leur soutien et je les en remercie, mais je supporte de moins en moins l’isolement social. 23H/24 dans 9 m² pendant deux ans, ça laisse des traces indélébiles. Mes enfants me manquent, le contact humain me manquent. Je regarde autour de moi et tout ce que je vois c’est le néant, le vide. Ce soir je regardais un film qui se passait en prison. Dans ce film, il y avait une scène qui m’a rappelé de mauvais souvenirs. C’est un type qui venait d’apprendre le décès de son papa, il avait l’autorisation d’aller aux obsèques, mais à la dernière minute l’administration pénitentiaire (AP) l’en a empêché. Ce qui m’est arrivé, et pour ça faire une prise d’otage en 2016 à la centrale d’Ensisheim en Alsace, ce qui m’a valu huit ans ferme en plus.

    Je regarde autour de moi et tout ce que je vois c’est le néant, le vide

    Depuis tout à l’heure, je suis partagé entre la douleur et la rage – la raison pour laquelle j’écris ce soir en espérant que ça me calme, mais je sais que je suis parti pour une nuit blanche. J’aimerais parler de choses joyeuses, mais j’ai le cœur et les pensées si sombres que cela m’est impossible. Je m’accroche et me dis que peut-être je sortirais de quartier d’isolement dans quelques jours, mais sans grande conviction.

    Je sais que j’ai commis des actes condamnables, mais ça fait dix ans que je suis en prison, et j’en ai encore onze ans sur le papier alors que je n’ai tué personne. Un violeur n’aurait même pas fait la moitié de ma peine. Alors que je n’ai que 32 ans. Je m’en suis pris à l’AP et maintenant j’en paie le prix fort. Ma vie est foutue, je n’ai plus d’avenir. Que vais-je faire à ma sortie après tant d’années passées derrière les barreaux. Dans quel état je vais être, avec toute cette haine et rage qu’ils ont placé en moi ? J’ai fait l’idiot, je l’assume, mais jamais je n’avais eu le cœur aussi noir. J’ai toute une vie à reconstruire car depuis mes 15 ans, je n’ai connu la liberté que pendant une année. Vous vous rendez compte ? J’ai passé plus de la moitié de ma vie en prison, mais on ne veut pas me donner une chance de me racheter. Je suis conditionnable en 2022, mais comment préparer ça dans de telles conditions d’incarcération ? C’est la prison et ses codes qui m’ont éduqué, j’ai appris la vie à l’école du crime. Pour la Justice française, je suis un cas perdu, mais c’est normal si l’AP ne fait rien pour m’aider à devenir autre chose qu’un numéro d’écrou. On me colle des avocats commis d’office, qui ne servent à rien car ils débutent ou que l’on ne peut pas leur donner 3000€ pour défendre nos droits. On nous parle de réinsertion, mais où est-elle ? Je vous pose la question, en prison il n’y a que la répression. Deux ans que je galère comme un chien à l’isolement gratuitement, tout ça parce que l’AP considère que je suis un danger. Mais un danger pour qui ? Je ne suis qu’un simple cambrioleur entouré de meurtriers et de violeurs, alors je suis un danger pour qui ? En bref je suis un danger car toutes les peines internes (23 ans que j’ai pris en plus), je les ai prises car je m’en suis pris à l’AP. Voilà ce qu’est l’administration française : violer nos enfants, on s’en fout, mais ne touchez pas à l’administration.

    Force et courage à toutes et tous, celles et ceux qui sont enfermé·e·s et leurs familles !

    Kémi


    « Je vais encore passer Noël au QI et ça me met un coup au moral »

    Maison centrale de Saint-Maur,

    Le 18 novembre 2021

    Salut L’Envolée,

    Merci pour votre carte, je vous mets un petit dessin avec cette lettre, un truc vite fait… En juin prochain ça fera dix ans que je suis en prison et libérable en 2032, avant ça j’étais en prison de mes 15 ans à mes 22 ans. Ces dix-sept dernières années, j’ai été libre un an avant de retomber en 2012, j’ai littéralement passé la moitié de ma vie en prison et pourtant j’ai que 32 ans ! C’est triste à dire mais c’est la prison qui m’a formé. Je fais partie de la communauté des gens du voyage donc la prison je connais depuis bébé, je suis venu au monde au parloir sérieux. Là le QI a été prolongé jusqu’au 4 février 2022, je vais encore passer Noël au QI et ça me met un coup au moral. Vous inquiétiez pas prenez votre temps pour répondre, je risque pas de bouger de là où je suis lol. Bon je vous laisse car faut que je nettoie la cellule car c’est le bordel.

    En attendant de vos nouvelles, prenez soin de vous les potos.

    Kémi

    Dessin de Kémi, le 18 novembre 2021.


    « Le père Noël est passé, l’AP m’a offert une X-box »

    Lettre lue pendant l’émission du 7 janvier 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Le 15 décembre 2021

    Bonjour l’équipe, bonjour à tous,

    Ce soir je prends la plume pour vous montrer toute la gratitude de ce que vous faites pour moi, mais surtout pour vous souhaitez de bonnes fêtes pour cette fin d’année 2021. Moi ça peut aller malgré le refus de ma sortie du QI. C’est bientôt les fêtes, alors j’essaie de me motiver pour essayer de rester positif, car mi-janvier la direction va faire une nouvelle demande. Je reste optimiste… qui sait ? Peut-être que la magie de Noël va frapper ? Quoiqu’il en soit, passez de bonnes fêtes avec vos proches car c’est important. Moi le père Noël est déjà passé, l’AP m’a offert une X-box et va m’apporter un colis de Noël ! Un vrai miracle de Noël MDR.

    Joyeux Noël, et bonnes fêtes à tous,

    Kémi


    « Comme vous devez vous en douter, j’ai passé des fêtes de merde »

    Lettre lue pendant l’émission du 7 janvier 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Le 28 décembre 2021

    Salut L’Envolée,

    Comme je le pensais, la demande de sortie du QI a été refusée, je suis dégoûté. Merci pour votre lettre avec le timbre et l’enveloppe que je viens de recevoir. Comme vous devez vous en douter, j’ai passé des fêtes de merde, seul dans mon 9 m² lol. Mi-janvier une nouvelle demande de sortie du QI va être faite mais bien sûr ça sera refusé 🙁 Sérieusement j’en ai marre d’être isolé, mon mental ne suit plus, je me bats pour ne pas baisser les bras mais c’est dur, surtout quand j’entends les autres détenus parler par la fenêtre de leur parloir ce qu’ils ont eu pour Noël, je t’avoue que ça m’a fait un truc en les entendant ! J’espère que 2022 sera une meilleure année pour moi.

    Bref je vous souhaite à tous une bonne année 2022 et tout ce qui va avec. Hâte d’avoir le nouveau numéro de L’Envolée, bon, il est 3h30 du matin, je vais en rester là car je vais aller faire dodo.

    En attendant de vos nouvelles,

    Prenez soin de vous les potos,

    Kémi

    Dessin de Kémi, le 8 décembre 2021.


    « Enfin la victoire ! »

    Maison centrale de Saint-Maur, en transit au quartier arrivants,

    Janvier 2022

    Enfin la victoire !

    Après deux ans d’isolement gratuit, mon avocate et moi avons gagné au tribunal administratif contre l’AP. Ça fait un mois que je suis sorti du QI, je vais faire la  »formation menuiserie ».

    Ça fait bizarre, après deux ans, de retrouver une détention  »ordinaire »… J’ai encore du mal à me repérer mais tout va bien.

    Aux détenus de France au QI et à leurs familles : ne lâchez rien. Avec un avocat et du calme on peut les faire plier. La preuve : je suis un preneur d’otage, un DPS (détenu particulièrement signalé), un détenu  »difficile », et pourtant mon avocate a gagné un recours, elle les a eus à leur propre jeu ! 

    Je circule en détention normale, je vais où je veux… 

    Gardez la force et le courage !

    Voilà, Kémi est enfin sorti du QI !

    Merci à tout le monde, on reste en contact régulier pour se donner des news ! 

    Kémi


    « Les deux ans de QI que j’ai fait gratuit m’ont rendu plus fort, en vrai »

    Lettre lue pendant l’émission du 4 février 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier arrivants,

    Janvier 2022

    Bonjour à tous,

    Bonne nouvelle : ça fait une semaine que je suis enfin sorti du QI ! Pour l’instant je suis en observation au quartier arrivants depuis une semaine. Encore une, et après ils me disent si je reste à cet étage et bosser comme « auxi peintre » (ça veut dire repeindre les cellules) ou s’ils me jettent dans le bâtiment B dans la jungle. Moi, je veux rester à mon étage, y a pas vingt détenus et c’est que des anciens. Après deux ans de QI gratuit, j’ai besoin de calme, car je sais qu’au bâtiment B je vais m’embrouiller, et obligé quelqu’un va me tester. Et je veux pas retourner au QI. On verra bien, si je vais au B, je vais me mélanger avec personne, parce que sinon je vais en corriger un. Ici au A, je suis posé, je joue au rami avec les anciens, c’est calme, c’est tranquille, c’est ça qu’il me faut. Mais bon, avec mon dossier, ils vont me mettre au B, ils me donneront pas une chance de réinsertion, l’AP on connaît, ça fait dix piges que je les côtoie tous les jours. Je me tiens à carreaux, mais l’AP regarde que mon passé, sans compter sur les histoires que l’ancienne directrice de Saint-Maur m’a faites. Là je profite à fond, c’est pas grave, les deux ans de QI. Les deux ans de QI que j’ai fait gratuit m’ont rendu plus fort en vrai.

    Là j’écoute un peu de son, et je me sens bien. Je suis plus au QI, ça fait trop chelou. Surtout la promenade. Bon là ça caille, donc je sors pas trop, mais j’hallucine quand j’y vais. Je peux marcher dans une vraie grande promenade. Bon je vous laisse, je vous tiens au jus et encore merci à vous, vous êtes des vrais, on lâche rien, y a pas d’arrangement !

    Kémi


  • Une savoureuse lettre anonyme – Une lettre de Francis sur « ordre et sécurité »  – Rediffusion d’une émission de « Bruits d’audience » consacrée à la prétendue politique de « Guerre à la drogue » aux USA

    Une savoureuse lettre anonyme – Une lettre de Francis sur « ordre et sécurité » – Rediffusion d’une émission de « Bruits d’audience » consacrée à la prétendue politique de « Guerre à la drogue » aux USA

    Émission de l’Envolée du vendredi 8 décembre 2023

    • Un mystérieux auditeur de l’intérieur nous a trouvés bien sévères sur le nettoyage ethnique en cours entre Méditerranée et Jourdain. Rare de pouvoir en rire, on l’en remercie chaleureusement.

    • Francis nous écrit de Lannemezan. Un courrier précieux qui revient sur l’arbitraire du QI, la réforme des RPS, et les « mesures d’ordre et de sécurité », alibi administratif parfait pour pourrir la vie des récalcitrants.
    • On rediffuse l’émission du mois dernier des camarades de « Bruits d’audience » sur Canal Sud, consacrée à la « guerre à la drogue » instaurée par Nixon et poursuivie jusqu’à aujourd’hui par les gouvernement américains successifs, une politique visant à l’incarcération de masse des non-Blancs, africains-américains en tête, qui a pas mal inspiré le durcissement des politiques pénales en France à partir des années 1980.

    Ziks : Ahmad Kaabour – Ounadikoum / Maryam Saleh x Zeid Hamdan – Watan El Akk / The Daktaris – Musicawi Silt /

    Le journal numéro 57 est dispo !

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque parfois de forces pour faire tourner l'émission comme on le voudrait en ce moment : 
    que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP, n'hésitez pas à nous contacter & à passer le mot !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne !
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  • Deux lettres de l’intérieur – Les aventures judiciaires de Super-Dupont – Un point sur les prisons israéliennes

    Deux lettres de l’intérieur – Les aventures judiciaires de Super-Dupont – Un point sur les prisons israéliennes

    Émission de l’Envolée du vendredi 1er décembre 2023

    • Une lettre de Kémi, prisonnier longue-peine actuellement enfermé à la centrale d’Arles, qui souhaite de joyeuses fêtes à tous et toutes ! On en profite pour revenir sur les quartiers d’isolement qu’il n’a que trop connus.

    • Une lettre de Claudio, extradé en France après avoir purgé une peine de vingt-cinq piges en Espagne, qui ne devait passer que quelques semaines dans les geôles françaises mais qui est pris en otage par l’administration depuis 2021. Long retour sur les remises de peine supplémentaire, une des nombreuses carottes de l’AP.

    • Notre inénarrable ministre des tribunaux et des prisons a été relaxé dans le cadre d’une affaire de trafic d’influence, dans laquelle lui était reproché d’avoir profité de sa fonction pour mettre la pression à des juges qui l’ont emmerdé quand il était avocat. Petit point sur la « Cour de justice de la République », tribunal spécial pour les ministres, composé d’élus et de magistrats pro.

    • On revient longuement sur la situation des prisonniers et prisonnières palestinien·ne·s et sur la manière dont la prison et la rétention administrative, sous des motifs purement arbitraires, sont un mode fondamental de gestion coloniale par la puissance occupante. Pour en apprendre plus, lire le précieux ouvrage « Des Hommes entre les murs, comment la prison façonne la vie des Palestiniens » de Assia Zaino.

    Musique : Adekunle Gold x Davido – High / Magic drum orchestra feat. Bunty – Originial Nuttah / Rola Azar – هي هي يا فلسطين

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  • Des nouvelles de l’Infâme – Lettre de Francis sur la gestion sécuritaire – Cabines HS au Mesnil et évasion collective à Vincennes – « On dirait une peine de prison » : appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes

    Des nouvelles de l’Infâme – Lettre de Francis sur la gestion sécuritaire – Cabines HS au Mesnil et évasion collective à Vincennes – « On dirait une peine de prison » : appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes

    Émission de l’Envolée du vendredi 24 novembre 2023

    • Une très longue lettre de l’Infâme, un vieux correspondant de l’Envolée, prisonnier longue peine qui multiplie les peines internes pour ses révoltes et a déjà passé 23 ans derrière les barreaux dont beaucoup d’année à l’isolement. Il raconte les misères que lui font subir le personnel de la centrale de Valence et l’administration pénitentiaire plus largement.

    • Une lettre de Francis, « la surreprésentation de l’État », où il parle de la gestion sécuritaire des classes populaires par l’État, au dedans comme au dehors. En taule, il raconte notamment la banalisation de la gestion menottée des prisonniers dans les quartiers d’isolement (QI).

    • On discute avec des membres d’À bas les CRA de la situation dans les centres de rétention administrative (CRA) du Mesnil Amelot, à côté de l’aéroport de Roissy et de Vincennes. Au Mesnil, les cabines qui permettent aux prisonniers de communiquer avec l’extérieur ont longtemps été hors service.
    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes pour dénoncer les conditions d’enfermement : « on dirait une peine de prison ». A Vincennes, une personne est décédée fin août à l’hôpital alors qu’elle était enfermée au CRA (on en parlait dans cette émission). Et il y a deux semaines, 9 personnes ont réussi à se faire la belle. Deux ont été rattrapées, mais les autres courent encore et on leur souhaite une bonne cavale !

    Y a plein d’infos sur les luttes des prisonniers et prisonnière dans les centres de rétention sur le blog d’A bas les CRA. On y trouve aussi les numéros des cabines des CRA (dont celles du Mesnil qui remarchent), qu’on peut appeler pour soutenir les personnes enfermées.

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  • L’isolement sclérose – Lettre des Baumettes – Sortir de l’HP – Évasion collective au CRA de Vincennes et mouvement collectif à Riom ! – Dissolution de collectifs et interdictions de manif

    L’isolement sclérose – Lettre des Baumettes – Sortir de l’HP – Évasion collective au CRA de Vincennes et mouvement collectif à Riom ! – Dissolution de collectifs et interdictions de manif

    Émission de l’Envolée du vendredi 17 novembre 2023

    • Lettre de Kémi et Césario – deux longues peines et deux correspondants de l’Envolée – qui nous écrivent depuis la prison d’Arles pour dénoncer les conséquences psychiques et physiques de l’isolement, véritable torture blanche qui sclérose le corps et l’esprit. Ça fait plaisir de lire une lettre écrite de l’intérieur écrite à quatre main quand l’administration pénitentiaire (AP) essaie de censurer toute parole collective !

    • Lettre de Zouzou depuis les Baumettes qui raconte la censure quotidienne (des lettres qui arrivent avec quatre mois de retard), les galères pour obtenir des perm’ et des aménagements de peine, et de l’impossibilité de se soigner dignement en détention.

    • Lettre de Christophe dont on a déjà lu des courriers il y a trois semaines dans lesquels il revenait aussi sur l’enfermement en hôpital psychiatrique qu’il a subi et sur ces conséquences dans sa vie au dehors après.

    • Ça bouge dans les prisons : au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, 8 personnes ont réussi à se faire la belle ensemble ! Malheureusement deux autres ont été rattrapées par les flics et ont sûrement pris une peine de prison derrière. Et au centre pénitentiaire de Riom, plus d’une vingtaine de prisonniers ont refusé de remonter après s’être fait sucrer leur promenade la veille, pour récupérer l’heure perdue. Dans la foulée, 4 des 7 cellules du mitard ont été défoncées et rendues inutilisables par ceux qui ont été désignés comme meneurs et envoyés au cachot !

    • On discute des dissolutions qui se multiplient depuis la loi séparatisme et encore plus depuis l’arrivée Darmanin. Le conseil d’État vient d’en valider trois – du CRI (coordination contre le racisme et l’islamophobie), de la GALE (groupe antifa lyonnais), et les fafs de l’Alvarium, et de rejeter celle des soulèvements de la terre. Et un rapport parlementaire tout frais sur les manifestations violences du printemps dernier propose de nouvelles pistes répressives et notamment l’extension des interdictions de manifester. Ça va pas s’arranger, mais surtout, c’est déjà ce que mange les prisonniers, les étrangers et les pauvres au quotidien !

    Ziks : Niro – Papa fait le pitre / Sofiane – Windsor / Norsacce Berlusconi – Dynastie Intro

    Le journal numéro 57 est dispo !

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque parfois de forces pour faire tourner l'émission comme on le voudrait en ce moment : 
    que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP, n'hésitez pas à nous contacter & à passer le mot !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne !
    Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h) ! Dispo sur toutes les plateformes de podcast.

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  • Une lettre du CNE et une lettre du QI – Une sortie qui fait plaisir ! Répression des solidarités avec la Palestine

    Une lettre du CNE et une lettre du QI – Une sortie qui fait plaisir ! Répression des solidarités avec la Palestine

    Émission de l’Envolée du vendredi 10 Novembre 2023

    • Une courte lettre de Claudio Lavazza, dont on a déjà relayé la parole à cette antenne. Après 25 ans de taule en Espagne pour des braquages, il est transféré en France pour finir sa peine mais il est prolongé depuis chaque année alors qu’il devrait juridiquement déjà être dehors. Il se bat en multipliant les recours mais aujourd’hui il ira quoiqu’il arrive au bout des 30 ans.

    • Une lettre anonyme du centre national d’évaluation (CNE) de Fresnes, qui parle du désœuvrement total, des locaux indignes, et de l’atmosphère extrêmement pesante qui y règnent. Pour rappel, les prisonniers et les prisonnières sont envoyés au CNE au début de leur peine ou lors de demandes d’aménagement pour être orientés vers des établissements pénitentiaires différents. Pendant six semaines, psy, CPIP, surveillants et autre expert les scrutent sous tous les angles pour définir leur profil et déterminer les années suivantes de leur détention. Mais c’est aussi là que tous les comptes rendus d’incidents passés et le parcours pénitentiaire pèsent dans la balance et que les gens paient sans cesse pour leur révolte passée.

    • Lettre de Francis Dorfer, prisonnier longue peine, incarcéré depuis qu’il est mineur, qui a multiplié les révoltes et les prises des paroles depuis les quartiers d’isolement (QI) où il est maintenu par l’AP qui lui fait payer ses rébellions. Dans sa lettre, il donne des exemples de l’absurdité des éléments retenus par les surveillants dans leurs rapports pour justifier encore et encore son maintien au QI, alors même qu’il n’a aucun rapport contre lui. Par exemple, des regards trop observateurs ou des intentions supposées permettent de prouver un soi-disant projet d’évasion. Il parle aussi de la façon dont les remises de peine sont maintenant conditionnées au « bon comportement » des détenu.es.

    • Une très bonne nouvelle : N., une correspondante de l’Envolée est sortie après plus de 20 ans de placard !! Elle s’est toujours bagarré contre l’administration pénitentiaire et ses agents mais surtout en solidarité avec les autres prisonnières et prisonniers, n’hésitant pas à dénoncer des agressions et des morts suspectes et subissant la répression de l’AP pour ça, dont elle porte jusqu’à aujourd’hui les séquelles. Mais la prison poursuit aussi au dehors car elle doit rester pendant un an dans l’appart et le boulot qu’une association lui a assigné et qu’à peine sortie elle commençait ses rendez vous avec sa CPIP.

    • On revient sur les massacres coloniaux que perpètrent l’armée israélienne dans la bande de Gaza suite aux attaques du Hamas. On discute surtout de l’ambiance qui s’est installée en France depuis : interdiction des rassemblements et réunions publiques que Darmanin voudrait voir systématique, poursuites pour apologie du terrorisme à des personnes soutenant la Palestine, soutien inconditionnel au gouvernement d’Israël sous peine d’être taxé d’antisémite etc.

    Ziks : Lowkey – Terrorist / Ahmed Ben Ali – Dameek Majeb / The Fugs – CIA Man

    Le journal numéro 57 est dispo !

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