Le 27 février 2022, Libre Flot a entamé une grève de la faim contre son incarcération et sa mise en isolement. Il a exposé ses raisons dans un texte que l’on peut relire ici, puis dans un message publié au 17e jour de sa grève de la faim.Le 24 mars, il a été hospitalisé à l’Établissement public de santé national de Fresnes (EPSNF), autrement dit une prison-hôpital. Le 29 mars, l’AP (administration pénitentiaire) a enfin levé son régime d’isolement, mais il restait incarcéré et dans un état de grande faiblesse.
Peu avant et pendant son hospitalisation à l’EPSNF, Libre Flot a envoyé plusieurs textes pour donner de ses nouvelles, réagir à certaines émissions qu’il avait écoutées et revenir sur les raisons qui poussent l’État à s’acharner contre lui. Nous reproduisons ces textes ci-dessous.
Libre Flot a interrompu sa grève de la faim au bout de trente-six jours, et il a obtenu une libération pour « raison médicale » deux jours après. Il est donc dehors, mais toujours en attente de son jugement. Toutes les infos sur les sept personnes mises en cause en même temps que lui, aujourd’hui en liberté surveillée, sont à lire là.
« Merci pour le bordel qui, vous l’avez prouvé, peut être joyeux »
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, quartier d’isolement,
Le 19 mars 2022
Salut l’équipe,
Juste un rapide coucou en passant, qui ne reflète pas la gratitude à l’égard du soutien que vous m’apportez. Merci pour cette émission que vous m’avez en grande partie dédiée et pour le bordel qui, vous l’avez prouvé, peut être joyeux. Une petite rectification : hier, je n’ai pas eu d’entretien avec le directeur des détentions. Nous nous sommes juste croisés et avons échangé quelques mots dans le couloir à mon retour de l’UCSA (Unité de consultations et de soins ambulatoires).
Je voudrais remercier Pierrot pour son introduction et pour son analyse fine. Le rapprochement avec la situation en Ukraine, les volontaires, est quelque chose que je ressens depuis un bout de temps mais que je n’avais pas encore mis par écrit. Ça m’a fait plaisir d’entendre son constat, judicieux.
Bien qu’en toute franchise, j’ai été ravi de toute cette attention qui me touche réellement, je suis un peu désolé d’avoir tant empiété sur le temps initialement prévu pour les « Grands frères » de Guadeloupe. Mais je n’ai aucun doute que vous transmettrez sous peu leur parole. Je les salue et leur envoie toute ma détermination, ainsi qu’à tou·te·s les enfermé·e·s.
Salutations & respects,
Libre Flot
« À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’autodéfense de l’Ukraine »
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, quartier d’isolement,
Le 21 mars 2022
À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’autodéfense de l’Ukraine,
L’actualité en Ukraine et les engagements individuels de certain·e·s résonnent étrangement avec les engagements des volontaires contre Daesh. Je ne m’adresse pas aux militant·e·s d’extrême droite, aux idéologies basées sur la haine de l’autre, mais à vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’autodéfense de l’Ukraine par amour de la vie. À vous qui aujourd’hui êtes encensé·e·s par les médias et les politiques, sachez ceci : si vous êtes des militant·e·s politiques, vous êtes les potentiel·le·s terroristes de demain car, à votre retour, tout comme moi qui ai rejoint les Unités de protection du peuple (YPG) et combattu les barbares daeshiens, cette expérience sera une épée de Damoclès que la DGSI et le gouvernement feront planer au-dessus de vos têtes. Vous serez sûrement épié·e·s et surveillé·e·s, toute votre vie pourra être redessinée, réécrite, réinterprétée et de simples blagues pourront devenir des éléments à charge lorsque ces institutions auront décidé de vous instrumentaliser pour répondre aux besoins de leur agenda politique.
Depuis le 27 février, je suis en grève de la faim pour que l’on cesse de me traiter comme les terroristes contre lesquels j’ai combattu et ce, dans l’indifférence des médias et des politiques, sous une chape de plomb semblable à une pierre tombale. Je finirai par ces mots d’anarchistes ukrainien·ne·s :
"Liberté aux peuples, mort aux empires !"
Libre Flot
« J’espère que la violence absurde, bornée et illégitime que je subis se sache et puisse prendre fin »
Je me suis aperçu qu’à l’émission d’hier, vous n’avez pas été informé de mon transfert en hospitalisation à l’EPSNF en date du 24 mars. Je suis toujours dans un statut d’isolement, et reste 24H/24 dans ma cellule car mon cœur n’est pas fiable pour sortir. Je suis toujours en grève de la faim, sous perfusion de sérum physiologique et branché en permanence à un électrocardiogramme pour sonner l’alarme en cas de crise cardiaque. On me donne aussi quelques vitamines.
En tous cas, le personnel est sympa et bienveillant, même s’iels ne sont pas là et n’ont pas le temps de papoter. C’est agréable en plus de voir des gen·te·s souriant·e·s, être considéré comme autre chose qu’un détenu.
Le personnel de la pénitentiaire d’ici a réussi a faire ramener mon poste de radio, et cc’est vraiment pas du luxe. Je peux continuer à écouter mes émissions héhé, dont la vôtre. Car même si là, il y a la télé gratos, je n’arrive toujours pas à trouver quoi que ce soit à regarder. Toujours la même chose en boucle, des pubs, et la même chose encore et encore, du superficiel, de l’abrutissement.
Du coup, ça va, bouquins, radio, méditasiestes en grandes quantités.
Voilà pour mes nouvelles, j’espère que la censure ou tout du moins le silence médiatique va cesser, et que la violence absurde, bornée et illégitime que je subis se sache et puisse prendre fin.
Pfff ! Hier c’était rude. Aucune énergie. Même lire était au-delà de mes forces. J’ai pu recevoir une visite : une seule personne avec pass sanitaire. Trop bien, mais je n’ai pas pu en profiter pleinement vu mon état. J’espère qu’aujourd’hui je serai au moins apte à bouquiner. J’ai cru comprendre que j’allais enfin, après tant de temps, pouvoir écrire, téléphoner, voir une personne, aimer. Quelle hâte !
Lettre d’Itziar, écrite depuis une prison de Madrid dans laquelle en vient d’être extradée. Elle a réussi à ne pas se faire saisir le n°55 de L’Envolée en se moquant bien des maton·ne·s de Rennes avant de partir. Elle souligne que dans les prisons de l’État français comme celles de l’État espagnol, l’enfermement reste la même galère. Elle se réjouit enfin de la récente libération de Jakes Esnal et de Ion Kepa Parot, grâce à la mobilisation massive de la société basque depuis des années.
Lettre de Mickaël G., alias Kémi, datée du 13 septembre quelques jours avant son tabassage par les matons du QI de la centrale de Saint-Maur. Il ressent pourtant déjà très bien que la pression commence à monter et qu’on cherche à lui faire la misère. Il constate que ses courriers sont régulièrement bloqués, particulièrement ceux qui lui permettent d’avoir des informations concernant la mort de Romain Leroy, qui était l’un de ses amis de détention quand tous les deux étaient à Réau.
Lecture du communiqué public « Mickaël G. est en danger à la centrale de Saint-Maur« , publié ce vendredi 28 octobre par le Comité des proches de Mickaël G. concernant les conditions de détention insupportables qu’il subit. Le comité demande de le faire circuler au maximum ! On peut les contacter par mail : lesamisdemickaelg@gmail.com
Fin du compte-rendu du procès à Lille de matons qui ont passé à tabac un prisonnier, nu et seul dans sa cellule, le 3 janvier 2022 à la prison de Lille-Sequedin. On discute de la défense des matons qui, pour se protéger, évoquent cette nouvelle expression du soi-disant « effet-tunnel« , dont on avait déjà entendu parler à propos des matons qui ont tué Sambaly Diabaté, mais aussi suite à des personnes tuées par les keufs.
Discussion sur le budget 2023 du ministère des tribunaux et des prisons, toujours à la hausse.
Musiques : Futuristiq, Réalité / Intouchable, Je ne dors plus (remix) / Lesram, Wesh enfoiré
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacteret à passer le mot !
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook.
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami·e·s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné·e·s !
Dans cette suite de courriers de l’hiver 2021-2022 lus lors des émissions du 10 décembre 2021 (pour la pièce de théâtre) et du 24 janvier 2022 (pour les autres textes), Libre Flot dit l’impossibilité de recevoir des soins décents au QI (Quartier d’isolement) et décrit le mépris du secret médical qui y règne. La santé mentale et psychologique des isolé·e·s ne peut que se dégrader. Non seulement l’AP (Administration pénitentiaire) et les surveillant·e·s connaissent cet état de fait, mais le personnel médical est complice. Avec le soutien de l’UCSA (Unité de consultation et de soins ambulatoire), c’est-à-dire du « médical », L’AP soutient que les souffrances provoquées par le QI sont « normales ».
Pièce de théâtre en un acte sur l’UCSA
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, quartier d’isolement,
Décembre 2021
Salut salut,
Ceci n’est pas une vraie lettre, juste une envie de partager un événement banal du petit théâtre du quotidien en un unique acte. C’est une visite de l’UCSA.
Scène 1
[Le rideau se lève sur une cellule. Une personne est penchée sur son bureau, étudiant des documents. Un bruit de clés actionnant une serrure retentit fortement. La personne se lève, saisit un masque, l'enfile pendant que la porte s'ouvre.]
Scène 2
[Derrière la porte, dans le couloir, se trouvent deux personnes en blouse blanche (une doctoresse, jamais vue par le détenu, et une infirmière) et deux autres en uniforme bleu foncé (surveillant et gradé). Chacun·e reste de son côté de la porte durant toute la scène.]
[La doctoresse.] Bonjour c'est l'UCSA, vous allez bien ?
[Le détenu.] Mouais, c'est comme d'habitude.
[La doctoresse.] Ah. Ça veut dire que ça va alors.
[Le détenu.] Non, ce que je veux dire c'est que j'ai toujours de fortes douleurs aux articulations, tout particulièrement aux genoux et aux poignets.
[La doctoresse fait style d'écrire sur un document, mais c'est trop rapide pour être plus qu'une croix ou deux. Elle reprend.] Ah, c'est parce que vous ne faites pas assez de sport.
[Le surveillant.] Ça, non. Il en fait bien du sport !
[La doctoresse.] Alors c'est parce que vous en faites trop. Passez une bonne journée.
[La porte se referme, le rideau tombe sur le détenu.]
Voici une scène 100% véridique, et rien n’a été omis ou rajouté de ce que j’ai perçu. Cette visite n’a rien d’extraordinaire, elle est d’une banale réalité. Et qu’est-ce qu’on peut en retirer ?
Pour l’UCSA ces visites sont des visites de routine, et c’est le cas. Tout va toujours bien selon eux, tant que l’on ne dit pas de manière appuyée que ça ne va pas. Ces visites doivent aller le plus vite possible, il faut un réel effort au détenu pour avoir une oreille attentive. Effort d’autant plus difficile quand ça ne va pas.
L’intention du surveillant, même si elle partait d’un bon sentiment, démontre le non-respect du secret médical.
Et au final, la visite n’a servi à rien. J’ai mal ? Bah, c’est de ta faute, on s’en fout.
Voilà, je voulais juste vous partager ça, tant que je l’avais en tête. Je vous écrirai une vraie lettre pour répondre à celle que vous m’avez envoyée et que je n’ai pas encore reçue. Au plaisir de vous lire et de vous écouter,
Salutations & respects,
Libre Flot
« Ce n’est hélas pas étrange que des personnes, pour en faire le moins possible, annulent les soins des personnes isolées »
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, quartier d’isolement,
Le 31 décembre 2021
Salut, salut,
Un petit coucou pour vous donner quelques nouvelles :
Après des mois de plaintes répétées à propos de douleurs articulaires, on m’a filé un rendez-vous avec un·e kiné, puis un·e autre puisque le premier n’a pas eu lieu et j’espère en avoir un autre bientôt puisque le second n’a pas eu lieu non plus. La cause ? Je suis au QI !
Et le dentiste ? Merci au sentiment de culpabilité… Je m’explique : comme d’hab’, j’ai rendez-vous, les surveillant·e·s et le/la gradé·e sont au courant et je ne vois rien venir… Le matin, je vais à l’opprimenade du QI (c’est dans le même couloir) en précisant : « Si le dentiste appelle, vous me sortez et m’y amenez. – Oui, oui ». Début d’après-midi, on m’amène à la salle de sport, je précise : « Si le dentiste appelle, vous me sortez et m’y amenez ». À ce moment, le/la gradé·e me dit que le rendez-vous n’aura pas lieu, que le/la dentiste ne peut pas me recevoir. Dépité, ça se voit un peu sur ma tronche, je lui dis que c’est comme d’habitude, que mes rendez-vous sont toujours repoussés, celui-ci depuis quatre mois, qu’hier encore celui du kiné aussi… Et là je découvre sur son visage comme un malaise (mal à l’aise), un air un peu gêné, comme une once d’empathie mêlée à de la culpabilité. Je fini le sport, iel me dit qu’il a rappelé le/la dentiste, qu’iel a fait pression pour que mon rendez-vous soit honoré… Oui oui, c’est un peu gros, iel en fait trop c’est pas crédible. Quelques minutes après j’apprends par le personnel médical que mon rendez-vous était ce matin et que le personnel de l’AP (c’était le/la même gradé·e le matin) avait déclaré que je n’irai pas à mon rendez-vous. Bon évidemment, comme mon rendez-vous (qui devait être le dernier) ne s’est pas déroulé au moment prévu, ça foutait la « merde » à l’UCSA et suite à un cognage de porte et à un échange non-verbal que je n’ai pas pu voir à cause de ma posture, ma consultation s’est finie plus vite que prévu (selon ma perception) et un autre rendez-vous m’a été redonné. Bon en tous cas, là où j’avais le plus mal a été rebouché !
Donc oui je remercie le sentiment de culpabilité car ce n’est hélas pas étrange que des personnes, pour en faire le moins possible, annulent les soins des personnes isolées. Encore moins étrange quand on sait que ce·tte même gradé·e, peut-être pour éviter le surmenage, a tendance à « oublier » d’emmener les personnes en opprimenade ou en les « oubliant » dedans, ou en les « oubliant » dans la salle de sport, ou en les « oubliant » dans la douche… Comme si l’enfermement, ou régime d’isolement n’était pas suffisant, il faudrait encore nous faire galérer toute la journée à poireauter… C’est vrai qu’on est chiant à vouloir profiter de tous ces fantastiques bienfaits et ces nombreuses activités auxquelles on a droit, on veut sortir, rentrer, se dépenser, se laver et même retourner s’instruire en cellule… Mince cela l’oblige à faire son travail ! Peut-être espère-t-iel qu’en nous faisant subir toutes ses attentes abusives, on se lasse reste enfermés en cellule 24H/24 et lui permette de se tourner les pouces ? Raté !
Sinon, lundi dernier, j’ai pu constater le retour des Plexiglas au parloir. (Au moins, y a plus cette table qui prenait toute la place). D’ailleurs, en lisant certains témoignages d’autres détenu·e·s dans L’Envolée, il est question « d’intimité » lors des parloirs. Ici à Bois l’Arsouille, d’intimité, il n’y en a point !Les parloirs d’architecture panoptique sont vitrés des deux côtés où circulent en permanence surveillant·e·s qui épient sans cesse.
Je termine cette lettre-là pour qu’elle parte ce matin, je vous écoute ce soir (sûrement une émission enregistrée). Merci à vous pour votre soutien. Courage à tou·te·s les enfermé·e·s et leurs proches.
Salutations & respects,
Libre Flot
« Rien ne s’est amélioré. Cela ne se peut sans l’élimination des causes provoquant les maux. »
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, quartier d’isolement,
Le 13 janvier 2022
Salut à vous tout·e·s !
Juste un petit coucou pour vous partager une réflexion sur le langage utilisé par l’UCSA pour dédouaner l’Admin’ Pen’ des conditions inacceptables de la détention en QI. N’ayant pas envie de passer quinze ans dessus (et d’ailleurs l’écriture devenant de plus en plus difficile), la forme de ce bref texte peut être un peu lourd et redondant, tout en simplifiant et réduisant des processus de réflexion, toujours est-il, et c’est le principal, que l’on comprendra aisément je l’espère le fond et le sens des propos.
En ce qui concerne ma situation, je ne m’étalerai pas sur mes différents « soucis » (moi aussi j’utilise les euphémismes) médicaux, vous comprendrez que rien ne s’est amélioré. Cela ne se peut sans l’élimination des causes provoquant les maux… J’ai juste ajouté à ma routine les exercices conseillés par le kiné.
Quant à ma détention provisoire, cela fait plus de trois mois que je n’ai pas de nouvelles du juge d’instruction (JI), que rien ne se passe… Récemment lors du renouvellement de mon mandat de dépôt, le juge des libertés et de la détention avait ordonné une enquête de faisabilité pour une « liberté conditionnelle » (je suis pas sûr du terme mais en gros prison à la maison avec bracelet). Cela fait désormais plus d’une semaine que nous savons que le JI a la réponse, que mes avocat·e·s ont demandé qu’on le leur transmette… mais rien. Encore une fois, le JI fait durer le « plaisir ». Cela ne pourra pas, dommage pour lui, durer éternellement. Pendant ce temps, je ne peux que constater ses pratiques humanistes.
Voilà pour aujourd’hui, au plaisir de vous écouter et de vous lire ! Merci encore pour votre soutien à tou·te·s les enfermé·e·s et à leurs proches. Force et courage à elleux et spécialement aux isolé·e·s.
Salutations & respects,
Libre Flot
Souffrances acceptées et voulues par l’Admin’ Pen’ ou ses commanditaires. C’est ce qu’on appelle la torture.
Après quatre mois de plaintes répétées à propos de douleurs généralisées aux articulations, j’ai enfin (après 3 rendez-vous repoussés) vu le kiné. Verdict ? « C’est normal dans ces conditions ». Étrangement, c’est toujours la même rengaine quels que soient mes maux… Mes maux de tête semi-permanents ? « C’est normal dans ces conditions qu’est l’isolement ». Mes pertes de mémoire, mon incapacité de concentration, la perte de repère spatio-temporels, mes douleurs cardiaques, mon oppression thoracique, mes troubles visuels, mes vertiges, mon hébétude, etc. ? Pareil ! « C’est normal au vu de mes conditions de détention. »
Dans un environnement normal (et même en détention classique), pourtant, subir l’ensemble de ces maux n’est pas considéré comme chose normale. Y introduire le facteur « Quartier d’Isolement » ne la rend pas plus normale. Tout comme ce que l’on dit avant un « mais » n’a pas vraiment de sens (je ne sais pas…, mais…), définir quelque chose de « normal » mais uniquement sous des conditions spécifiques ôte automatiquement toute notion de normalité. On ne peut dès lors plus parler que de conséquences logiques ou de réactions systématiques. Si le fait d’obtenir les mêmes résultats en prenant n’importe quelle personne et en la plaçant dans une cellule 22 ou 23 heures par jour, sans interaction sociale, est considéré par les médecins de l’UCSA comme « normal au vu des conditions de détention en isolement », cela veut, en fait, dire que ces conséquences, subies par la majorité des personnes en QI, sont donc bien des réactions systémiques et sont aussi très bien connues.
L’utilisation mensongère du terme « normal » (associé au « dans ces conditions ») est en fait un euphémisme ayant pour but de masquer la vérité toute simple qui est que la détention au QI provoque de graves souffrances aux individu·e·s. Souffrances tant physiques, cérébrales et psychologiques, qui, étant connues et systémiques, sont donc acceptées et voulues par l’Admin’ Pen’ (ou ses commanditaires). C’est ce que l’on appelle de la torture.
Le personnel médical, lorsqu’il (ab)use volontairement de cet euphémisme falacieux pour éviter d’énoncer la vérité qu’il connaît, n’œuvre plus à la santé de ses patient·e·s mais leur ment, les trompe, couvrant ainsi les méfaits de l’Admin’ Pen’ et lui permettent ainsi le maintien en isolement, ce qui dégrade profondément les individu·e·s. L’UCSA se rend donc complice de cette torture. Mais bon, on ne mord pas la main qui (même indirectement) nous nourrit…
« utilisation normale d’un euphémisme médical pour une torture carcérale »
P.-S. : et oui ! Je vous ai encore glissé quelques phrases à rallonge que vous allez « kiffer » pour une lecture à voix haute… hihihi 😉 (non, non, c’est promis, c’est pas du sadisme !)
Le gouvernement a orchestré le mirage d’un prétendu « retour à la normale » avec la fin du passe sanitaire et du port du masque obligatoire en mars 2022 ; mais à l’intérieur, les mesures foireuses que l’AP (Administration pénitentiaire) impose aux prisonnier·e·s depuis deux ans – jamais les mêmes d’une semaine à l’autre ou d’une taule à l’autre – ne tombent pas vite. Prisonnier·e·s et proches n’en peuvent plus de ces mesures arbitraires et vexatoires – notamment au parloir, en salons et en UVF (Unité de vie familiale), seuls moyens de maintenir des liens avec l’extérieur.
« Souriez, vous êtes matés ! »
Lettre de l’Infâme
Cette lettre écrite du QI (Quartier d’isolement) de Valence a été lue à l’émission du 15 avril 2022. On y voit comment l’AP (Administration pénitentiaire) se sert du prétexte du covid pour multiplier les restrictions au parloir et faire subir une surveillance accrue aux prisonniers et à leurs proches tandis que les matons qui vont et viennent librement peuvent faire rentrer le virus. L’Infâme revient sur l’argent promis aux prisonnier·e·s pour appeler leurs proches par téléphone pendant le premier confinement de mars-avril 2020, ce « cadeau» destiné à calmer les révoltes collectives contre l’interdiction pure et simple de tous les parloirs…
Centre pénitentiaire de Valence, quartier d’isolement,
Le 14 mars 2022
Coucou les ami(e)s,
L’Infâme est de retour, histoire de vous parler un peu du covid et de comment tout se joue autour de ça en ce lieu oppressant déjà, de base, qu’est le quartier d’isolement. De mon point de vue, le sujet covid est un peu spécial, je l’avoue, car je suis encore et toujours « isolé ministériel ». Mais ça n’en reste pas moins violent, révoltant, et parfois même un non-sens ! Mais bon, j’vais – comme à mon habitude –, vous parler sans langue de bois, même si ça pourrait déplaire à l’AP. Mais ce détail-là, je m’en tape comme de ma première chemise, car la libre expression est un droit – et un devoir, même – de l’être humain. Revenons à nos moutons… ou plutôt, à notre covid – toute une histoire, cette merde de covid, hein !
Vous n’êtes pas sans savoir, vous, à l’Envo (pour celles et ceux qui me sont le plus proches) que, depuis quelques mois, j’ai enfin des parloirs. Et là, le choc ! Mon parloir s’est super bien passé ! Mais côté covid, le parloir, un désastre ! On a fait avec, moi et mes frérots.
L’ordre qui nous a été donné, c’est zéro contact. Pas même un check du poing, ou même du pied ou alors du coude.
L’ordre qui nous a été donné, c’est zéro contact. Pas même un check du poing, ou même du pied ou alors du coude. Rien, nada ! Et croyez-moi qu’après presque quinze ans sans parloir, de renouer avec le parloir, j’en étais ému… Mais ne pas pouvoir dans mes bras mes frérots, leur faire la bise, une accolade, etc., c’est d’une violence terrible ! J’aurais voulu passer outre, sauf qu’on était surveillés de près. Et v’là que ça fait des aller-retours, sans cesse, pour noter si on fait un écart ou pas… Alors qu’eux, bien évidemment, se faisaient des checks du poing ! Mais nous, on nous refusait même ça. Moi, j’étais dos à la porte de la cuisine du parloir, et je voyais les frérots lever les yeux, à chaque passage de Big Brother… Souriez, vous êtes matés ! Au sens propre comme au figuré. Une mise à l’amende inacceptable ! Et bien que pas contents de cette flagrante inhumanité qu’on subissait, on s’est pliés malgré tout à ça. Une mise à l’amende inacceptable ! Et bien que pas contents de cette flagrante inhumanité qu’on subissait, on s’est pliés malgré tout à ça.
Le pire de cette mise à l’amende, c’est qu’on nous a bien signifié que, si on avait le moindre contact, que ce soit à l’initiative de mes visiteurs ou à la mienne, non seulement il serait mis fin à la visite, mais le permis de visite serait non pas suspendu, mais tout simplement supprimé. Et le pire dans tout ça, c’est qu’on ne pouvait rien y faire. Alors la mort dans l’âme, on n’a pas joué aux cons ! Mais c’était d’une violence psychologique extrême tout ça ! Mais, le principal, c’est que ça ne nous a pas empêché de profiter pleinement des trois heures de parloir qu’on a eu ce jour-là.
Alors, vu les mesures de covid, pour les parloirs ici, à Valence, tenez-vous bien, car l’annonce est aussi rude que révoltante : de base, sans prolongation de durée, la durée d’un parloir, c’est 1h30 ! 3 heures avec une prolongation ! Et le parloir, c’est juste le dimanche. Et quand je dis « le dimanche », c’est pas tout le dimanche, mais une seule session de 1h30 si y a pas de prolongation. Soit le matin, soit l’après-midi.
Même dans une prison aussi reloue que Condé-sur-Sarthe par exemple, les parloirs, c’est tout le week-end, et les jours fériés. Et toutes les sessions. C’est-à-dire, si la famille, les amis, etc., viennent, ils peuvent faire 3 heures le matin, 3 heures l’après-midi, tout le week-end. Et si le jour qui précède ou succède un week-end est férié, c’est possible de faire la session du matin et de l’après-midi, de faire 3 heures à chaque fois, sur les trois jours entiers.
Ici, non ! C’est juste le dimanche, soit le matin, soit l’après-midi pour une seule session. Ici, Valence, c’est un CP (Centre pénitentiaire), donc y a une maison d’arrêt. Eux par contre, ils ont droit à plusieurs jours de parloir. Pourquoi pas nous, détenus QMC (Quartier maison centrale) ? Là encore, mystère et boule de gomme, au goût de révolte ! Et pourtant, y a personne côté centrale qui se bouge son cul pour s’insurger contre ça. Pas de bloquage, pas de mouvement de contestation, pacifique ou non. Rien, zéro ! Suis-je le seul à ne pas trouver ça ni acceptable, ni normal ? J’en ai bien l’impression ! Pfff, des moutons qui se sont laissés abrutir par le système ! Et par les miettes qu’on nous a données, par de prétendues « volontés » de maintenir des liens familiaux – par exemple avec le téléphone, où on nous donnait des clopinettes, du genre : « Estime-toi heureux, on te file 30 balles de téléphone gratis ! Appelle chez toi et ferme ta gueule ! » Ben non, désolé, moi, j’ferme pas ma gueule !
Je pense qu’il y en a qui se sont gavés sur nous !
Je sais pas si vous vous rappelez, les mesures prises par les politiques, c’était à la base 40€ par mois pour la téléphonie.Et d’un coup d’un seul, 40€ pour nous, les enfermés, les invisibles, les anonymes parmis les anonymes, 40€ c’était c’était bien trop, et sans que personne, de nous, détenus, ne sache vraiment comment, ni par qui tout cela s’est décidé, c’est redescendu à 30€ ! Vu que l’État, à la base, envoyait « une enveloppe-budget » pour les opérateurs de l’époque Sagi et Telio et que ces opérateurs ensuite répartissaient automatiquement, pour chaque prison et pour chaque prisonnier déterminé, la somme liée à la téléphonie, je pense qu’y en a qui se sont gavés sur nous !Car on est combien de détenus en France ? 74, 75, 76.000 ? Mais à 10€ par tête, chaque mois, y a un champion bien avisé qui se foutait alors 10€ multiplié par le nombre de détenus en France dans la poche, ça veut dire ?Quel détenu en a été informé du pourquoi, du comment ? Pas moi en tout cas ! On s’est bien fait enfler, par des escrocs en col blanc, qui, pendant une X période, se sont mis 10€ multiplié par le nombre de détenus dans la poche ! Et ce sont vous, mesdames messieurs du dehors, qui payez avec vos impôts, avec toutes les taxes que vous donnez à l’État au quotidien. C’est votre argent, pas le nôtre, étant donné que nous, en prison, sommes rarement imposables.
J’ai jamais entendu que ces clampins avaient été inquiétés par la Justice. Et pourquoi ? Tout simplement parce que, hormis certains détenus et certaines personnes qui luttent pour nous au dehors, personne n’en a rien à foutre que ces gens se gavent tant sur votre dos que sur le nôtre ! Libre à chacun de faire comme ces trois singes : j’ai rien vu, j’ai rien entendu, et je parle pas. Mais moi, je suis pas un singe ! Ni je ferme ma gueule, ni je deviens sourd quand ça se complique, ni je ferme les yeux sur ce qu’on nous fait. Car, ce qu’on nous fait à tous, détenus, on vous le fait à vous aussi au dehors, vous qui n’avez aucun lien quel qu’il soit avec le milieu pénitentiaire, car c’est aussi et surtout à vous que je m’adresse car nos proches ou ceux qui luttent à nos côtés, eux, savent. Ils font ce qu’ils peuvent pour aider, que ce soit par exemple en faisant entendre nos voix à nous les oppressés du système carcéral qui broie de l’humain et leur famille ! Mais, que vous le vouliez ou non, vous qui n’avez aucun lien direct ou indirect avec un détenu ou le milieu carcéral, vous êtes vous aussi tout autant impactés que nous ! Bien qu’il y ait des gens formidables, comme ceux et celles qui forment l’Envolée, bien qu’il y ait aussi d’autres assoces qui luttent tout comme l’Envo pour nous détenu(e)s, retenu(e)s que ce soit en prison ou dans tous les lieux où on enferme (à ceux-là, force et courage, aux femmes et hommes enfermé(e)s entre autres dans ces maudits centres de rétention administrative), ou que ce soit aussi nos proches… Certes tout ce monde, ça en fait des gens qui luttent pour nous, mais on est encore trop peu nombreux ! À vous toutes et tous, sentez-vous concernés et vous aussi, prenez position, car on a tous et toutes besoin de vous aussi ! Vous comme moi, on est tous des êtres humains avant tout ! Vous, mesdames, messieurs, si c’était vous qui subissiez ce genre de choses, l’accepteriez-vous ? Et, si vous ne l’acceptiez pas si vous étiez à ma place, pourquoi pas d’ores et déjà, en l’état actuel des choses ? Dites non et insurgez-vous, selon ce que vous pouvez, soutenez les personnes qui subissent ce broyage psychologique et physique !
Pourquoi acceptez-vous ou même, pourquoi préférez-vous fermer les yeux, les oreilles et la bouche, alors que ça se passe ici en France ? Et à celles et ceux qui liront ceci, vous y penserez peut-être le jour où vous vous ferez agresser par un délinquant qui récidive : à mon niveau, ai-je fait ma part citoyenne en soutenant comme je le peux pour faire avancer les conditions des détenus ? Car si j’avais été là pour aider du mieux possible, peut-être que celui qui cambriole ou qui vend de la came à mon gamin aurait trouvé son chemin dans la droiture ! Au lieu de ça, il a subi, s’est endurci de la plus mauvaise des façons, et j’ai, en un sens, contribué à cela en ne faisant rien, en me complaisant dans mon petit train de vie, parce que je ne me sentais pas concerné. Ce que je vous dis là, ce sont de vraies réalités, c’est pas juste des élucubrations d’un mec qui aurait perdu la tête !
Tout simplement, ces mesures, en ce qui concerne les parloirs, c’est juste pour nous oppresser sans que rien ne le justifie !
Autre sujet les amis, par exemple, les salons ou UVF… Par exemple, entre le jour où j’ai eu mon premier parloir et mon premier salon, il ne s’est passé qu’un mois. Cool ! Ça dure 6 heures toute la session « du matin jusqu’au soir », 10h30-16h30, dans un genre d’appart aménagé ! Là, j’ai pu embrasser mes frérots, leur faire de grosses accolades, etc. Mais question : pourquoi alors nous menacer, pour les parloirs, de nous faire sauter le permis vu qu’au salon, on pouvait faire ce qu’on nous interdit au parloir ?Ben tout simplement parce que ces mesures, en ce qui concerne les parloirs, c’est juste pour nous oppresser sans que rien ne le justifie ! Normalement, à l’issue d’un UVF, ou d’un salon, il devrait y avoir une période de pfff… je sais même pas combien, car même ici, ils savent pas tellement ça change tout le temps de confinement obligatoire ! Moi, je savais que les frérots n’avaient pas le covid, donc je pouvais pas l’avoir à l’issue du salon. J’ai demandé, juste pour voir ce qu’on répondrait, si je pouvais (comme je le fais souvent) aller en salle de bibliothèque pour écrire mes courriers. « Prépare-toi, on arrive dans cinq minutes », m’a t-on dit, alors que tous savaient que je rentrais du salon. Au bout de trois minutes je les appelle et je les bluffe en leur disant : tout compte fait je dois appeler chez moi, j’reste en cellule. En fait, je me suis auto-confiné moi même dix jours pour être sûr.
Les surveillants nous rappellent sans cesse qu’il faut respecter les gestes barrière alors que ça contamine sans vergogne, ni souci de conscience les détenus, parce que, eux, n’ont pas respecté les gestes barrière !
Un détenu a eu le covid ici, au QI, et pourtant il n’a pas eu le covid lors s’un salon ou d’un UVF ou d’un parloir !Au QI, nos contacts se limitent la plupart du temps aux surveillants. Il a des mesures de gestion équipée, donc ils ouvrent peu sa cellule. Il a eu des contacts qu’avec les surveillants et personne d’autre, donc c’est un surveillant qui lui a refilé le covid. Et, aucun détenu n’a été informé que l’un d’entre nous l’avait chopé à cause d’un surveillant, quelle honte ! Ils nous mettent en danger, mais par contre ils nous rappellent sans cesse qu’il faut respecter les gestes barrières alors que ça contamine sans vergogne, ni souci de conscience les détenus, parce qu’eux n’ont pas respecté les gestes barrières !On sait même pas si c’est un surveillant QI qui lui a donné cette merde de covid, ou un Elac(Équipe locale d’appui et de contrôle) ! Car c’est les Elac qui font les mouvements infirmerie par exemple, quand on va à l’infirmerie ou dès qu’on sort du bâtiment du QI, donc non seulement ça a infecté un détenu, mais que dire de cet inconscient d’agent qui, de ce fait, a mis aussi ses collègues à lui en danger, peut-être même aussi ses proches. À cette période, ce détenu n’avait pas de parloir, de salon, ou d’UVF prévu : imaginez si ça avait été le cas, et qu’il ait eu une visite, avant même d’avoir été depisté positif ! Ce mec a des gamins, et s’il avait infecté ses gamins sans le savoir s’il avait eu parloir ? C’est-à-dire que de l’inconscience d’un seul surveillant, vous imaginez un peu comment tout ça aurait pu mal tourner.
Et là, depuis 24 heures, plus personne ne met de masques. Est-ce général et/ou généralisé ? Mystère et boule de gomme ! Au QI, personne ne nous a informés de quoi que ce soit à ce sujet ! Alors, les Castex, Vérand, Macron et compagnie, au lieu de filer des chèques carburants et qu’ça foute la pagaille, au lieu de faire profil bas Olivier, et de pas remplir ton rôle de ministre, et toi Manu, au lieu de t’la raconter comme un Superman que t’es pas en voulant donner des leçons à ce fou de Poutine, commencez, messieurs, par vous occuper des vrais problèmes qu’il y a dans votre pays. Regardez d’un peu plus près tout ce qui se passe dans les prisons ! On tombe malade, on crève, que ce soit brutalement ou à petit feu, ce qui n’en n’est pas moins tout aussi brutal que de mourir d’une dizaine de coups de couteau dans une cour de promenade.Parce que, quand il y a des détenus « médiatiques et médiatisés » là vous commencez à bouger, et même à faire les canards, en transférant les gens là ou ils voulaient être pour être proches des leurs, chose que jusque là vous leurs avez refusé et tout ça, à quel titre, de quel droit ? Celui de l’apaisement des esprits échauffés à blanc ? Et nous alors, nous, les invisibles sauf quand on fait une prise d’otage ou qu’on agresse un surveillant, vous en avez rien à foutre de nous ? Et vous croyez que je vais voter pour des gens comme vous ? Commencez par voir les réalités de ce qui ce passe dans les geôles françaises, les CRA, et tous ces lieux où on enferme et tue de multiples façons, où l’on broie des gens, des familles entières, et faites changer les choses, alors là… peut-être, je dis bien peut-être, voterai-je un jour si un de vous tient de tels engagements !
À toutes celles et ceux que je nomme pas et qui me soutiennent, activement et/ou, dans l’ombre, ainsi qu’à ma tante et mon oncle qui sont là pour moi, merci à vous pour votre soutien, votre cœur, et votre détermination ! Courage aussi, tout spécialement, à N. « la lionne » incarcérée actuellement aux Baumettes ! À toutes les femmes, hommes, minots, et tous ceux et celles, enfermé(e)s ailleurs qu’en prison, gardez le moral et l’espoir de jours meilleurs ! Force courage et détermination ! Restez unis et solidaires ! Car le combat « c’est nous contre eux, pas nous contre nous ».
Y a pas d’arrangement, et y en aura jamais là-dessus ! Force à tous.
L’Infâme
« Voilà deux ans que le covid a posé ses bagages en prison »
Lettre de Francis Dorffer
Chaque fois que des mesures répressives sont mises en place au détriment des prisonnières et des prisonniers, ou de leurs proches, le risque, c’est qu’elles s’inscrivent dans le droit et dans les pratiques de l’AP et de ses matons longtemps après la disparition du prétexte qui les a initialement justifiées. Francis souligne dans cette lettre lue à l’émission du 15 avril 2022 que le covid ne fait pas exception à la règle.
Maison centrale d’Arles, quartier d’isolement,
Le 13 mars 2022,
Salut à tous,
Aujourd’hui, voilà deux ans que le covid a posé ses bagages en prison. Mars 2020, premier confinement : pendant des semaines, les visites au parloir ont été interrompues, les UVF annulés… Et dans certaines prisons, cela a mis plusieurs mois à reprendre !
Beaucoup de mesures sanitaires se sont transformées en nouvelles règles inscrites dans le marbre en détention, et sont appliquées de façon permanente : parloirs vitrés, heures de réservation réduites ‒ parfois plusieurs heures réduites à une seule par jour. Dans beaucoup de prisons, les mesures liées au covid sont devenues un moyen de restreindre les droits : nombre de personnes au parloir réduit à deux ou trois, et en UVF, idem ! Activités en détention annulées, voire complètement supprimées, demande de vaccin ou test pour accéder aux UVF, isolement de personnes ayant eu des contacts au parloir ou au retour d’UVF…
Bref, sans parler du réel manque d’information, on a pu voir nos droits réduits avec comme seule réponse : « C’est le covid ! »
Pour info, le 14 mars, le masque n’est plus obligatoire à porter. Donc à toutes et tous ! N’oubliez pas de vous informer et demandez des informations. Dans la majorité des cas, cela n’a été que le moyen de faire régresser les droits et de remettre des vitres dans les parloirs !
Courage à tous ! Force à tous !
Francis Dorffer
« Depuis deux ans qu’il y a ce foutu virus, la détention a beaucoup changé »
Lettre de DD
Dans cette lettre lue à l’émission du 1er avril 2022, DD rappelle rapidement les principales restrictions imposées aux Baumettes depuis l’arrivée du covid et la détérioration des relations des prisonnières avec leurs proches qu’elles entraînent, tout en soulignant que même quand on n’a pas de parloirs, on est tout de même affecté par des mesures comme la limitation des activités, et donc des mouvements et des rencontres au sein de la détention.
Centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes,
Le 11 mars 2022,
Depuis deux ans qu’il y a ce foutu virus, le corona, la détention a beaucoup changé. Personnellement je n’ai pas de parloir, mais je sais que pendant une période ils ont mis les plexiglas aux parloirs, il n’y avait plus d’UVF et le relais mère-enfants était fermé. Sans parler de toutes les activités qui ont cessé et ne sont toujours pas revenu à la normale. Ensuite, il y a plein de postes de travail qui ont été annulés, comme la formation bâtiment, tertiaire, la formation magasinier. Il y avait aussi le linge que la famille amenait à la détention et qui n’était pas donné avant une semaine, voire plus.Depuis, quelques activités ont repris mais très peu. Voilà tout ce que j’avais à dire sur les changements de l’AP.
DD
« Si le détenu n’est pas vacciné minimum deux doses, c’est parlu hygiaphone et confiné sept jours »
Lettre de Kémi
Kémi nous avait déjà écrit à propos du covid en automne 2021, quand un cluster avait été déclaré à la maison centrale de Saint-Maur ; il dénonçait des conditions sanitaires catastrophiques et la responsabilité des matons dans la propagation de la maladie. En mars 2022, récemment sorti du QI, Kémi constate le maintien de certaines restrictions, comme celles liées à la vaccination ou à la durée des parloirs, alors qu’officiellement, l’AP prétend lever toutes les mesures restrictives liées au covid.Cette lettre a été lue à l’émission du 8 avril 2022.
Maison centrale de Saint-Maur,
Le 14 mars 2022
Salut L’Envolée,
Ici ils sont pas emmerdants avec le covid, faut juste qu’on porte un masque c’est tout. Moi je suis toujours à la formation « menuiserie » mais je vais voir pour un autre job car celui-là paie pas et je m’ennuie grave. Le formateur c’est un fatigué ce gars ! Bref, je prends mes marques petit à petit, j’ai dû remettre les poings sur les « I » et les barres sur les « T » mais maintenant ça va. Ils ont vu qu’après le QI je suis resté un lion et pas devenu un fatigué !
Bref, là il est 22 heures et j’écoute le son de NAPS « Les mains faites pour l’or », j’ai fait mes exercices et me suis lavé au lavabo, à l’ancienne les potos MDR.
En tous cas merci de m’écrire, ça fait grave plaisir, ça me montre que je ne suis pas seul et ça me permet de traverser cette épreuve qu’est la prison. Sérieux, surtout depuis que je suis sorti du QI, quand je reviens du taf et vois que j’ai une lettre, je la lis avant même de manger et ensuite je prends le temps le soir pour y répondre. D’ailleurs merci pour l’enveloppe timbrée, ça me permet de vous rép et ça fait plaisir.
Pour le covid en prison, ici ils sont tranquilles. Parloirs, UVF, salons : tout est disponible sans restriction. Juste, si le détenu n’est pas vacciné min deux doses, c’est parlu hygiaphone et confiné sept jours, mais si t’es vacciné c’est tout normal et pas confiné. Après ça reste 1h30 à la place de toute la journée et deux visiteurs max mais tu peux négocier pour un mineur en plus de deux majeurs. En détention tout est normal, juste on doit porter le masque sinon rien n’a changé. En plus le masque on le met que quand on a un entretien ou parloir, sinon ils cassent pas les couilles.
En attendant de vos nouvelles, prenez soin de vous les potos, à+
Kémi
« Tout le reste découle de cette inertie de l’ARS »
Extrait de lettre de Ion Kepa Parot
Ion Kepa Parot souligne la responsabilité de l’État et en particulier de l’ARS dans la gestion du covid dans cet extrait de lettre lu à l’émission du 8 avril 2022. Au bout de plus de trente-deux ans de prison, à plus de 71 ans, Ion est une personne à risque car il est gravement malade ; de plus, il a eu le covid en prison l’été 2021. Il vient enfin d’obtenir une libération conditionnelle (le 13 octobre 2022), après une énième demande. L’État français persistait jusque-là dans la logique de vengeance qui est la sienne depuis des décennies en rejetant systématiquement ces demandes, alors que Ion avait dépassé sa période de sûreté depuis 2005. Des manifestations avaient eu lieu régulièrement au pays Basque pour exiger sa libération ainsi que celle de Jakes Esnal, lui aussi gravement malade après plus de trente-deux années passées en prison, et celle de tou·te·s les Basques enfermé·e·s du fait de l’acharnement sans fin des États français et espagnol contre ETA (Euskadi ta Askatasuna) même après sa dissolution.
Centre de détention de Muret,
Le 16 mars 2022
[…] Pourrais-tu dire aussi, de ma part, à Madame L’Envolée que début décembre 2020, j’avais dit au médecin-chef du centre de détention de Muret qu’il était urgent de vacciner contre la covid-19 sinon nous risquions un cluster important. Et, le cluster s’est installé en mars 2021 (40 détenus confinés durant plus de 20 jours) à cause des retards de l’ARS (Agence régionale de santé). Nous sommes toujours en retard d’une guerre, comme en 1918 et 1940, même pour la santé par manque de vision, de réflexion et de matériel. De plus, l’Institut Pasteur était en retard, il a fallu acheter des vaccins à l’étranger et vacciner, ici au CD de Muret, en juin 2021. Tout le reste découle de cette inertie de l’ARS. Le plus important ce ne sont pas les conséquences mais la cause.
Lettre de Claudio Lavazza, dans laquelle il explique les mécanismes juridiques permettant à la France de ne pas le libérer, au mépris du droit européen. On peut lire cette lettre par ici.
Nouvel appel d’Adeline, comme la semaine dernière, car les pressions et l’acharnement des matons et de l’administration pénitentiaire contre Kémi continuent, en particulier à cause de l’équipe de nuit du quartier d’isolement (QI) de la centrale de Saint-Maur. Kémi est actuellement en danger, il demande un transfert immédiat et s’il venait à lui arriver quoi que ce soit, nous en tiendrons l’AP pour responsable. Kémi n’est pas suicidaire.
Appel de Nordine, contre qui un procureur requiert, lors de son procès en appel, 4 ans de prison et 20.000€ d’amende à payer aux keufs. C’est cher payé pour s’être fait tirer dessus – lui et sa compagne Merryl –par la BAC de Stains la nuit des 15-16 août 2021. Bien sûr, la plainte de Nordine contre l’agression des keufs n’avance pas aussi vite que les poursuites qui pèsent contre lui. Le verdict du procès en appel est fixé au 29 novembre 2022. Il est possible de suivre le combat de Nordine et de Merryl sur leur Facebook.
Des nouvelles de L’Infâme à Valence, contre qui l’AP recommence à s’acharner.
Une pensée pour Jakes Esnal et Ion Kepa Parot, qui obtiennent enfin une condi après 32 ans passés derrière les barreaux.
Musiques : Eloquence, Chapelet dans ma fouille / Asian Doll, 41 Shots / IAMDDB & Inka, Leaned Out
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacteret à passer le mot !
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Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Lettre d’un prisonnier longue peine, Cesario, sur les peines infinies et la peine de mort en taule
Censure du dernier numéro du journal : des saisies dans les cellules de Caen et de Condé-sur-Sarthe
Les effets délétères de la canicule sur les prisonniers en taule
Appels téléphoniques depuis deux prisons pour sans-papiers : violences au mitard dans un CRA, et angoisse et enfermement à répétition dans le CRA de Vincennes
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L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 55 est dispo !
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Retour sur l’ambiance des élections et le premier tour : les prisonnier•e•s qui ont voté l’ont fait pour Mélenchon alors que les uniformes ont voté fasciste en majorité.
Le fameux « plan prison » (+15 000 places en 2027) est en route : construction de taules à Muret, Entraigues et le SAS (« structure d’accompagnement vers la sortie ») de Noisy le grand. Christine nous raconte comment s’organise la lutte contre la prison d’Entraigues.
Discussion sur le 2ème tour, où est en lice le bloc bourgeois à deux faces : une partie est clairement fasciste, une autre libérale-autoritaire. Quoiqu’il en soit c’est le même mouvement pour préserver les profits des plus riches… Et toujours enfermer les pauvres.
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Émission sur le covid et la gestion sécuritaire en taule
Longue lettre de l’Infâme incarcéré au Q.I. de Valence, qui revient en long sur le contexte du covid, par exemple en parloir et à propos des crédits de téléphone « offerts » par l’A.P. pour remplacer les parloirs
Lettre de Francis enfermé au Q.I. d’Arles, dans laquelle il explique comment les règles absurdes et sécuritaires prenant le covid pour prétexte commencent à être intériorisées par les gens qui les subissent
Lettre de Kémi, toujours enfermé à Saint-Maur
Agenda : rassemblement contre la construction d’une nouvelle prison à Entraigues-sur-la-Sorgue le dimanche 24 avril 2022 (voir l’appel ici).
On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook & snapchat.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Lettre sur l’isolement depuis le quartier d’isolement (QI). Libre Flot nous écrit régulièrement depuis le QI de Bois d’Arcy où il est enfermé depuis le 8 décembre 2020 et dont vous pouvez retrouver des lettres sur notre site. Il nous a envoyé un nouveau texte où il parle de ces mouroirs que sont les QI, lue à l’antenne dans l’émission du 11 mars. Depuis le 27 février, il a entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention provisoire et à l’isolement et contre ses conditions d’enfermement. Il explique les raisons de cette grève dans un texte. Vous pouvez retrouver les publications des comités de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ici.
Le 18 février 2022, QI de Bois d’Arcy
S’il est vrai que je n’ai cessé de donner des nouvelles régulières par courrier puisqu’il était tout bonnement plus simple de poser le stylo et de le laisser glisser au fil aléatoire de pensées éparses, cela fait 8 mois que je n’ai pas posé de texte spécifiquement sur l’isolement. Non pas parce que la situation n’ait pas évoluée mais bien au contraire qu’il m’est devenu tellement plus ardu de m’y mettre. Plusieurs fois, j’ai voulu écrire (sur différents sujets) mais c’était devenu comme impossible, la concentration douloureuse et au final, toujours l’abandon, la remise à plus tard.. la déception ! Ce texte sera donc très certainement plus bref que les précédents. Mais vu qu’hier on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que je m’attende à sortir d’isolement, que c’était joué d’avance… et suivant la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) vis à vis de ma demande de mise en liberté (DML), je me dis que c’est le moment d’écrire car si je sors, je ne le ferait peut être pas et si je reste… au moins ça sera un constat de la situation à ce moment là.
» La mascarade trimestrielle «
Hier donc a eu lieu mon débat contradictoire pour le maintien à l’isolement, la mascarade trimestrielle. Il est surprenant de constater qu’après plus d’un mois à demander, en vain, un rendez vous avec ma docteure attitrée, il soit mis au dossier, ce que je qualifierai de « foutaise », un avis favorable griffonné sur la lettre de la direction, le demandant, se résumant en deux mots : « Avis favorable » signé par un médecin inconnu accolée à cette lettre, où mon nom est inscrit avec un numéro d’écrou n’ayant rien à voir avec le mien… BRAVO !
Mais attention ce n’est pas tout, la Pénitentiaire ne m’a pas oublié pour la St Valentin, car depuis le 14 février, je suis affublé de l’étiquette de « meneur ». Tout ça en ayant toujours et seulement été en isolement, sans aucune communication avec d’autres détenus, sans participation à une quelconque contestation, sans aucun compte -rendu d’incident (CRI), sans raison ! Félicitation ! (J’aurai préféré des fleurs…)
» Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille «
Sur le plan physique, malgré que je passe un temps quotidien conséquent au maintien de mon état corporel, être enfermé en permanence dans des boites trop petites, sans accès à une vraie promenade, ne permet pas la marche. 14 mois « sans marcher » ont affaibli considérablement mes genoux, tout comme l’inaccès à des activités affecte mes poignets… Ces articulations me sont, depuis un certain temps déjà, douloureuses. Mais bonne nouvelle : mes dents sont soignées ! Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille, la situation est catastrophique. Déjà en octobre, lors de l’entretien avec le juge d’instruction, j’avais pu constater que je perdais le fil. Avant d’arriver à la fin de certaines questions, j’avais oublié le début, de même pour les réponses… Désormais c’est pire. (Heureusement, en février il a accepté de m’imprimer les questions pour que je puisse avoir un support pour pallier au déficit de mes capacités).
Le constat le plus brutal est apparu via les cours d’anglais. L’anglais en tant que langue n’est pas le problème (même si mon vocabulaire est pauvre, et mes conjugaisons hasardeuses). Je comprends sans souci les énoncés et les textes servant de supports car cela est, selon moi « passif », je n’ai pas à réfléchir, à créer une idée pour cela. Mais lorsque l’exercice demande d’analyser, d’apposer un avis en toute chose exigeant une réflexion « active », le drame survient. Ce qui me demanderait qu’une demi heure en temps normal et qui au printemps dernier me prenait deux ou trois heures, m’est désormais hors de portée. Je sais que c’est facile mais je ne peux pas, mon cerveau se bloque, comme s’il se transformait en gelée anglaise (en glaise?), comme si les synapses se rétractaient, déconnectant les neurones les uns des autres et que la matière grise se figeait en se dilatant et subissant alors une forte compression contre la boite crânienne me provoquait des maux de têtes terrible. Savoir que quelque chose est normalement facile et constater ne plus pouvoir le faire est d’une violence inouïe. Comme si je n’arrivais plus à faire mes lacets ou à me servir d’un interrupteur… J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée.
» J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée «
Il m’est aussi devenu impossible d’assimiler une quelconque information sans un temps relativement long consacré spécifiquement à cet effet. Prendre en direct une décision ou faire un choix, même anodin, me rend perplexe voire paniqué. Par exemple un matin, un surveillant m’a gentiment laissé choisir, chose inhabituelle, si je souhaitais aller en promenade le matin ou l’après midi. Résultat : stress, angoisse, indécision, bug cérébral… je ne sais même plus si j’ai réussi à choisir…
Mon cerveau fonctionne au ralenti, les pensées ne se renouvellent pas, elles sont lentes et tournent en boucles sans vraiment évoluer. Je répète plus ou moins les mêmes choses dans mes courriers, il doit être rare que j’envoie des messages à caractère exclusif.
J’ai l’impression que durant toute une semaine, il passe, dans mon cerveau, autant de pensées différentes qu’il en passait en une heure autrefois.
Cette léthargie cérébrale rend toute tentative de réflexion lente et infructueuse que je me renvoie l’image d’un zombie qui, refusant de quitter le monde des vivants, s’acharne mordicus à mimer pathétiquement l’activité de sa vie passée…
Lettre de Libre Flot en grève de la faim sur le quartier d’isolement retranscrite ici (troisième courrier sur les QI). Il a commencé dimanche dernier une grève de la faim dont il explique les raisons dans un texte qu’on peut lire ici).
Appel de la mère de J. (qu’on avait reçu dans une émission sur les prisons pour mineurs) pour parler de sa garde à vue dans le 5e arrondissement de Paris et refus de soins qu’il subit de la part des keufs.
Deux appels du centre de rétention de Vincennes pour parler de la lutte en cours depuis deux semaines. Appel a la manif du 12 mars pour apporter de la solidarité aux prisonniers du CRA en lutte qu’on peut lire ici.
Retour sur la situation en Corse où les manifs et émeutes se poursuivent suite à l’agression d’Yvan Colonna. Le tout en lien avec ce qui se passe en Guadeloupe et dans le reste des colonies françaises.
Appel à la manif nationale du 19 mars contre contre le racisme, les violences policières et pénitentiaires, disponible ici.
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
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Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !