Étiquette : Seysses

  • « Matons assassins » : des prisonniers prennent la parole à Seysses pour Rachid, mort au mitard – Interview de Thierry (suite), enfermé suite aux révoltes après la mort de Nahel

    « Matons assassins » : des prisonniers prennent la parole à Seysses pour Rachid, mort au mitard – Interview de Thierry (suite), enfermé suite aux révoltes après la mort de Nahel

    Émission de l’Envolée du vendredi 19 janvier 2024

    • On revient sur la mort de Rachid au mitard de Seysses dimanche dernier. La presse se fait le relais de la version des matons et de leurs syndicats qui parlent d’un suicide, alors que Rachid, 19 ans, venait d’apprendre qu’il devait sortir sous bracelet éléctronique la semaine suivante. Des prisonniers disent qu’il a été tué par les surveillants et qu’ils avaient des traces de coups sur le corps. Une centaine d’entre eux ont bloqué la promenade lundi aux cris de « matons assassins » et se sont fait réprimer par les ERIS. Ce n’est malheureusement pas la première fois que des prisonniers témoignent de la violence des gardiens de la MA de Seysses : plusieurs morts suspectes ont déjà eu lieu – et en particulier la sinistre équipe du mitard – et plusieurs blocages de promenades en protestation aussi. On dirait que rien n’a changé depuis la mort de Jaouad en 2018. A l’époque, les prisonniers avaient publié ce communiqué pour dénoncer « une mort de plus au quartier disciplinaire ». Appel à témoignages, il faut que la violence pénitentiaire cesse ! La prison tue.
    • Suite de la discussion avec Thierry, incarcéré à Saint-Étienne pendant les révoltes suite à la mort de Nahel en juin 2023. On avait passé la première partie de cet entretien dans cette émission. Thierry a été condamné à dix-huit mois de prison, dont six ferme. Dans cette deuxième partie, il raconte longuement son incarcération à la Talaudière, de son arrivée et de la souffrance psychologique en détention, à la sortie et les façons dont la tôle te poursuit dehors.

    Une pensée pour Sandrine, compagne de Nasser, qui a plusieurs fois appelé à cette antenne, et qui est décédée cette semaine. Force et courage à sa fille et à Nasser.

    Le journal numéro 57 est dispo !

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    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

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  • Appels à témoins – La bagarre de Marie-Reine face à la police – Dernière semaine de procès du 8.12 – Répression de la solidarité avec la Palestine en France

    Appels à témoins – La bagarre de Marie-Reine face à la police – Dernière semaine de procès du 8.12 – Répression de la solidarité avec la Palestine en France

    Émission de L’Envolée du vendredi 27 octobre 2023

    🧧 Lettre de Zouzou, des Baumettes, encore dans l’attente de sa libération pour raison de santé

    📧 Lettre de Karim de la centrale de Valence

    📴 Blocage contre les brouilleurs de téléphones portables à la maison d’arrêt de Seysses ? Appel à témoignages, on a eu l’info par un communiqué public d’un syndicat de police…

    ⛓️ Fleury-Mérogis : 400 places de plus inaugurées dans la plus grande prison d’Europe. L’hypocrisie des douches en cellule : c’est pas fait pour arranger les prisonnier.es !

    📢 Appel à témoins : un prisonnier est mort à la maison d’arrêt de Chambéry, sa famille cherche des contacts ou informations, n’hésitez pas à nous contacter.

    ☎️ Appel de Marie-Reine, victime de violences policières en 2016 qui continue de se battre malgré les « classé sans suite » : coursée par une voiture banalisée puis violentée et humiliée par une policière en civil au sol, elle est ensuite arrêtée et passe la nuit en garde à vue. Elle ne sait toujours pas pourquoi elle a été prise en fuite et traitée de manière si déshumanisante. Ou alors, elle sait trop bien. Une cagnotte est disponible pour faire avancer la lutte, qui coûte plein de sous et sa page « Justice pour Marie-Reine »

    🤙🏽 Appel d’un témoin du long procès en cours des sept mis.es en causes « du 8.12 » – dits « de l’ultragauche » – qui a commencé début octobre à Clichy. La mascarade de la justice anti-terroriste s’achève bientôt. Aujourd’hui c’était les plaidoiries. Heureusement, la juge a précisé qu’installer des messageries cryptées n’est pas un crime (sic), même si une partie des charges sont basées sur l’accusation d’avoir créé un groupe clandestin. Le parquet les a accusé.es de faire le procès de la DGSI.. Les peines requises sont délirantes : jusqu’à 6 ans de prison ferme sont requis contre Libre Flot, les autres ne retourneraient apparemment pas en taule, considéré.es comme ayant été « recruté.es », ce qui est juste aberrant si on écoute les témoignages des un.es et des autres (comme ici ou, et dans les dernières émissions). La justice : « l’isolement carcéral serait de la torture blanche ». On se tue à le dire ! Ne nous laissons pas anti-terroriser.
    À lire : Gardes à vue antiterroristes. Comment les biais psychologiques induisent de « faux aveux »

    📅 Agenda : Saint Étienne, vendredi 3 novembre – « violence pénitentiaire et censure : rencontre-discussion avec L’Envolée, pour en finir avec toutes les prisons« , au Remue-Méninges à 20h, entrée libre et gratuite.

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  • Procès de la mutinerie de la prison d’Uzerche – Violence policière & pénitentiaire : prise de parole historique de Fatou Dieng

    Procès de la mutinerie de la prison d’Uzerche – Violence policière & pénitentiaire : prise de parole historique de Fatou Dieng

    Emission de l’Envolée du vendredi 26 Février 2021
    • Petite victoire dans la lutte contre les plexiglas aux parloirs : rendu du tribunal administratif de Toulouse qui « ordonne au gouvernement de garantir aux détenus de la prison de Seysses des parloirs permettant d’entendre correctement leurs proches lors des visites ». Continuons à poser des recours !
    • Retour sur le procès qui s’est tenu le 22 février 2021 à Nantes des mutins de la prison d’Uzerche de mars 2020.
    Communiqué des prisonniers révoltés de la prison d’Uzerche du 22 mars 2020
    • Chronique « santé en prison » de Corinne Lakdhari, travailleuse sociale communautaire. À propos d’un colloque sur la justice sociale.
    • Violences pénitentiaires : audio de l’intervention de Fatou Dieng de l’association Vies volées lors d’un rassemblement contre la loi sécurité globale en février 2021. Fatou Dieng fait explicitement le lien entre les morts de la police et ceux de la pénitentiaire. Une prise de parole historique.

    Violence pénitentiaire, retour sur deux nouvelles histoires :

    • Récit de l’histoire de Lee Bert F, prisonnier tabassé par des surveillants de la prison de Val-de-Reuil en février 2020. Une fois n’est pas coutume, des matons ont osé parler et l’enquête a débouché sur un procès : 5 matons ont pris entre 4 mois et 2 ans de prison (dont un avec sursis) en première instance en mars 2020. Le 22 février 2021, le procès en appel a eu lieu, le délibéré sera rendu le 20 avril. Voir l’article de Julie Brafman, « Violence Carcérales, le “viking”, le faux rapport et la “vengeance” », Libération, 22 février 2021.
    • Retour sur le tabassage de Mme B. par les surveillants à la prison de Poitiers-Vivonnes le 2 février 2021. Une plainte a été déposée.
    • Récit et audio de la manifestation contre la construction d’un centre de rétention administrative (CRA) à Lyon, le 30 janvier 2020.
    • Annonce d’une cantine de soutien aux révoltes dans les CRA, samedi 27 février à midi au Marbré, 39, rue des Deux-Communes, Montreuil.
    MAJ : les keufs sont intervenus à la fin de la cantine pour expulser le squat. Plusieurs personnes ont été embarquées. Une manif est appelée à Montreuil dimanche contre les expulsions.

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  • Encore un « suicide » au mitard de Seysses : « trop de frangins sont morts »

    Encore un « suicide » au mitard de Seysses : « trop de frangins sont morts »

    Jules est mort au mitard de la maison d’arrêt de Seysses dans la nuit du 5 au 6 décembre. Il avait 20 ans. L’administration pénitentiaire prétend qu’il s’est pendu, mais les prisonniers sont formels : Jules ne s’est pas suicidé.
    Ils sont très nombreux à témoigner, et c’est toujours la même équipe qui est mise en cause ; ce sont toujours les prénoms des mêmes surveillants qui ressortent. Le pire, c’est que ça fait des années que ça dure.
    En 2018 déjà, après la mort de Jaouad, des prisonniers avaient demandé dans un communiqué que les membres de cette équipe soient dispersés ou mutés hors du quartier disciplinaire, mais rien n’a été fait. Rien n’a bougé. Jules, Jaouad, Mehdi… la liste des morts suspectes au quartier disciplinaire de cette taule ne cesse de s’allonger sans que soit jamais entendue la parole des prisonniers qui ne cessent de dénoncer cet escadron de la mort, comme ils le nomment. Pas un seul surveillant n’a été inquiété.

    À la mort de Jaouad en 2018, il y a eu des refus de remonter de promenade et une banderole portant les mots « matons assassins » a été déployée dans la cour de promenade peu après la publication du communiqué dans lequel des prisonniers de Seysses criaient leur détresse ; la seule réponse de Belloubet, ministre des tribunaux et des prisons de l’époque, a été de déclarer à la presse qu’elle condamnait « ces allégations » et se réservait le droit de porter plainte contre ceux qui les relayaient. Même pas peur…
    Pas question de passer sous silence le régime de terreur qui fait peser une menace mortelle sur la tête des prisonniers de Seysses. Manifestement visée, L’Envolée avait même encouragé la ministre à porter plainte… Un procès, c’est l’occasion en or de cuisiner à la barre les surveillants incriminés par tous les témoignages !

    En effet, tous les prisonniers qui décident de témoigner parlent invariablement de la même équipe, celle du mitard ou quartier disciplinaire  ce lieu clos, à l’abri de tous les regards, où règne la peur. Ils décrivent souvent les mêmes faits : amenés au quartier disciplinaire, ils y ont subi une prise qui leur a fait perdre connaissance  sans doute une des techniques de pliage mortelles enseignées à l’école de police… et aussi aux surveillants. Certains racontent qu’ils se sont ensuite réveillés nus, couverts de sang et d’hématomes, et qu’il ne leur a pas été permis de voir un médecin malgré leurs nombreuses demandes. Certains sont terrorisés au point de dire qu’ils ont « une chance sur deux » de sortir vivants du mitard ; c’est dur à entendre… et encore plus dur à vivre.

    Marre de cette impunité, marre que la voix des enfermés soit toujours réduite au silence…
    Voici quelques extraits des innombrables témoignages de prisonniers de Seysses sur le mitard et ce qui s’y passe.

    Ma femme connaît la femme de Jules : il l’a appelée trois fois pour dire qu’ils l’avaient mis à nu et qu’ils l’ont defoncé. Au final, elle a essayé de rappeler, et plus de nouvelles. Ils l’ont démonté, mais il s’est pas pendu, parce qu’avant la dinguerie, il était au téléphone avec sa femme. Il faut pas lâcher, il faut que sa famille porte plainte.

    Je suis resté longtemps à Seysses, ils ont failli me tuer. Ils ont tout fait pour me traîner aux isolés, ils m’ont fait une prise de sommeil ; je me suis réveillé au quartier disciplinaire, à poil – obligé de mettre le feu pour sortir.

    J’étais à Seysses en 2009, je suis allé au mitard ; ils m’ont tabassé, ils m’ont mis à poil avec les menottes aux mains et aux pieds, j’avais des bleus partout. Même le médecin – obligatoire –, ils me l’ont pas fait voir. Ils font ce qu’ils veulent. Les surveillants nous mettent à l’amende. Faut pas lâcher la famille de Jules. Il faut qu’ils payent tout ce qu’ils font.

    J’ai été à Seysses, ils ont tué Jaouad.
    J’ai vu plus d’un collègue rentrer au cachot, mais j’en ai pas vu beaucoup ressortir.
    La loi du mitard et celle du bâtiment n’ont rien à voir. On sait tous ce qui se passe au bâtiment disciplinaire : ils maquillent tout en suicide. Faut que la vérité sorte. Maintenant trop de frangins sont morts. C’est pire que l’omertà : tous complices, tous du sang sur les mains. J’ai fait trois ans au MAH 2 [bâtiment 2 de la maison d’arrêt des hommes] : y a pas de règles pour eux.

    Je suis sorti de Seysses le 8 décembre, c’est une prison où tu te lèves le matin et tu sais pas comment tu vas finir ta journée. Les surveillants sont très solidaires entre eux et camouflent beaucoup de choses. J’ai vu des mecs partir au mitard en mode avion et se faire éclater. J’étais auxi d’étage, et tu vois beaucoup plus de choses que les détenus qui taffent pas.

    Ils m’ont fait pareil à Seysses. Ils m’ont écrasé la tête, j’ai perdu connaissance. Fallait pas que je meure ; je pensais à mon fils quand ils m’écrasaient la tête à coup de Rangers sur le sol en béton. Pour tous les morts et tous les disparus, il faut le dénoncer.

    Mon beau-frère aussi a été retrouvé pendu au mitard. On a porté plainte… trop de trucs bizarres. On a même pas pu récupérer les affaires, elles avaient disparu.

    Moi aussi, j’étais à Seysses. À l’époque, ils ont dit qu’un jeune s’était suicidé : il avait les côtes cassées.

    Une année, à Seysses, après un refus de réintégration de cellule, je finis au mitard. Le deuxième soir, on entend un gadjo qui arrive en criant en rebeu de toutes ses forces ; on entend la serrure se refermer, et tandis que les matons s’arrachent, on continue d’entendre crier cet homme – qui devait être sans-papiers, donc personne à qui rendre des comptes –, puis d’un seul coup, on entend l’ouverture de la cellule et un brouhaha, un enchaînement de cris et de coups, puis plus un mot, puis la fermeture de la cellule.
    Je m’en souviendrai toute ma vie.
    Le lendemain matin, on nous fait sortir du mitard – nous étions deux ou trois à ce moment-là, sans compter le blédard – et là, dans le couloir, un sac mortuaire rempli… On nous a fait sortir du mitard en avance, juste au moment où les gengens arrivaient pour constater la mort de ce Monsieur.
    Seysses est la prison de France où il y a le plus de suicides… maquillés !

    Mon cousin aussi, à Seysses, il s’est soi-disant pendu au mitard, alors que les légistes ont relevé des bleus sur tout son corps. Il lui restait plus beaucoup à faire, il avait des enfants à l’extérieur… aucune raison pour lui de se pendre, vraiment. Faudrait se rassembler pour faire quelque chose à chaque décès, ou pousser un coup de gueule. Il faudrait vraiment aller plus loin dans les démarches. Courage aux familles pour tout ce qui se passe par là… Je sais que c’est dur.

    Solidarité avec les prisonniers de la Maison d’Arrêt de Seysses et les proches de Jules !
    On lâchera pas l’affaire.

  • Moretti et Darmanin · Des tests et des masques à Seysses · Appel du CRA de Marseille en lutte

    Moretti et Darmanin · Des tests et des masques à Seysses · Appel du CRA de Marseille en lutte

    Emission de l’Envolée du vendredi 11 Septembre 2020 ·
    • Lettre de Mika
    • Retour sur la nomination de Moretti et la paire qu’il forme avec Darmanin pour gérer les keufs et les matons
    • appel d’un avocat qui a obtenu avec ses collègues que la justice demande à l’AP de Seysses de donner accès aux prisonniers à des tests et des masques
    • Révolte dedans et dehors et répression au CRA de Marseille avec un appel d’un prisonnier à l’intérieur.

    Alerte expulsion des prisonniers en lutte du CRA du Canet à Marseille (https://abaslescra.noblogs.org/alerte-expulsion-des-greviste-de-la-faim-du-centre-de-retention-du-canet-marseille/):

    10 septembre 2020 :

    Depuis plusieurs semaines, les détenus des centres de rétention de Marseille et d’autres villes (Rennes, Lyon, Mesnil-Amelot) sont en grève de la faim pour obtenir leur libération. Beaucoup sont enfermés jusqu’à 90 jours, le maximum légal, alors même que leur expulsion est rendue impossible par la fermeture des frontières et l’annulation des vols. A Marseille, les personnes enfermées craignent la propagation du covid-19, dans des conditions sanitaires désastreuses et alors que 5 cas ont déjà été diagnostiqués …dans la police aux frontières qui contrôle le centre !

    L’État a décidé de casser ce mouvement qui prend de l’ampleur et qui commence à être relayé, médiatiquement, mais aussi par la multiplication des mobilisations de soutien en cette rentrée (3 manifestations à Marseille) : il a décidé d’une expulsion collective imminente du CRA de Marseille vers la Tunisie , par bateau, sur la ligne Marseille-Tunis opérée par la Corsica Linea et la Compagnie tunisienne de navigation (CTN). Cette semaine, le consul de Tunis a procédé à l’identification d’une quinzaine de retenus tunisiens au Canet, auxquels pourraient s’ajouter d’autres retenus tunisiens de Nîmes. Ce qui signifie la mise en œuvre imminente de la procédure d’expulsion.

    Merci de vous tenir prêt à agir pour empêcher cette expulsion et soutenir les personnes qui résistent à l’intérieur des murs !

    Vous pouvez aussi exiger la libération des retenus et dénoncer cette politique de terreur auprès de représentants de l’État français à Marseille et ses collaborateurs (dont les compagnies maritimes).


    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3) & MNE (Mulhouse 107.5).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Même après le déconfinement, il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffusons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous envoyez. Nous lisons également les messages que nous envoient les proches privés de parloir où qui en font dans des conditions punitives, qui nous demanderont de passer.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net, sur contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Flash info quotidien du 28 avril 2020 : l’épidémie à la centrale de Lannemezan, par Philippe Lalouel.

    Flash info quotidien du 28 avril 2020 : l’épidémie à la centrale de Lannemezan, par Philippe Lalouel.

    Actualité Covid-19 en prison :

    L’épidémie de Covid depuis la centrale de Lannemezan : « Nous on est déjà confinés depuis des années »

    Des nouvelles de Philippe à la centrale de Lannemezan, 25 avril 2020.

    Je suis un détenu de la centrale de Lannemezan. Je regarde la télé comme tout le monde, je vois beaucoup de choses qui sont vraies, qui sont fausses, c’est bizarre hein, comme tous les gens je pense. Et ici au début les matons n’avaient pas de gants ni de masques. Pour nous, le danger c’est eux, c’est pas nous, parce que nous on est déjà confinés depuis des années. On leur a imposé qu’ils aient des gants et des masques. On est juste quelques uns à avoir attrapé la direction, on les a menacés de bloquer la prison s’ils en mettaient pas. Parce qu’il y a beaucoup de saucissons aujourd’hui en prison. On est qu’une poignée de détenus à crier.

    Ça a quand même mis 3 jours, mais maintenant ils ont les gants et les masques. Après on a demandé des désinfectants pour les douches, parce que c’est commun, y en a plusieurs qui passent dans la même cabine, il faut faire quand même attention. Parce qu’il y a quand même des crados en prison !

    Après, la gamelle… le pain, il est pas plastifié. Nous les détenus on sait jamais si y en a un qui a touché le pain, le pain est dans des panières, c’est infect, il peut être touché par tout le monde, il peut être infecté. On fait de la parano à force d’écouter la télé, tu vois !

    Après ils ont mis en place des paquets de lingettes pour les cabines téléphoniques, des désinfectants, des pshits. A la musculation, on a le droit d’y aller mais il faut pas  être plus de 8, mais bon on est jamais à 8. Il y a désinfectants et lingettes pour nettoyer chaque machine que tu touches. C’est un gros bordel mais faut le faire.

    Nous les détenus on a pris l’initiative de désinfecter les douches à fond, avec des produits qu’ils ont donné, mais je sais pas si c’est vraiment efficace ! Parce qu’ils se cassent pas les couilles…  On a demandé de la javel, même d’en cantiner plus, mais ils veulent pas …

    Il interdisent pas les désinfectants avec de l’alcool, mais ils sont coupés, c’est pas comme vous dehors, aussi efficace. C’est toujours la même bouteille, il la re-remplissent, donc… t’as compris !

    Après on a pris l’initiative de tout frotter, avec les balais brosses, chacun son aile, à plusieurs détenus. Au moins c’est déjà un peu plus propre.

    Après nous, la vie continue normalement, on a les promenades. Par contre on se sert plus la main, hein, ça c’est normal ça se comprend . On a la muscu, on va au stade… On se met le plus possible à un mètre, comme y disent. Mais ça c’est un peu du cinéma pour moi : un virus, à un, deux, ou trois mètres, si tu dois l’attraper, tu l’attrapes.

    Après nous, dans l’illégalité, on sait les nouvelles, internet, tout ça… mais si on avait que la télé, on saurait rien. C’est des tombeaux, on écoute les conneries aux informations. A force d’écouter la télé t’as l’impression que le virus il va traverser ta télé ! C’est pas les matons qui vont te l’apporter, c’est la télé !

    On sait qu’il y a des prisons qui ont brûlé. C’est les maisons d’arrêt, ça se passe pas comme en centrale, les maisons d’arrêt, ça rentre, ça sort, c’est plus difficile. Après, comme en Italie y en a qui ont réussi à s’évader, ça peut arriver à n’importe quel moment. Aujourd’hui à Lannemezan on est comme sur un bateau, si y en a un qui l’attrape tout le monde va avoir peur.

    Regarde mon parcours : pourquoi je m’évade ? J’ai le VIH, j’apprends ça, j’ai 3 à 5 ans à vivre. J’apprends ça, je mévade. Je me fais reprendre, je me re-évade. Parce qu’on me dit que je vais mourir en prison. Des gens peuvent penser comme moi aujourd’hui. Bon moi je suis en fin de peine, je suis conditionnable, même si ils vont m’emmerder pour sortir, je vais sortir quand même. J’ai pas envie de crever. J’ai fait tout mon parcours carcéral à cause de ça, c’est pas maintenant que je vais lâcher et crever dans une cellule. J’aimerais pas en arriver là, je crèverai pas dans une cellule mais s’il le faut, je me battrai jusqu’au bout.

    C’est très difficile en prison. J’espère qu’après ce soi disant déconfinement, qu’ils comprendront ce que c’est le renfermement. Qu’ils mettront moins de longues peines comme ils nous mettent. Parce que moi j’ai pris une peine de condamné à mort, comme d’autres. J’espère que ça les fera réfléchir. Parce qu’en un mois et demi ils sont tous en train de pleurer. D’accord y a une maladie, je  souhaite rien à personne, mais voilà ça leur fait comprendre un peu ce qu’est un renfermement.

    Ici pour le moment y a aucun cas de Covid 19. On a vu un chef qui nous a expliqué brièvement. Pour moi ce qu’il a raconté c’est très léger : si y en a un qui attrape cette maladie… En bas au rez de chaussée y a une cellule pour handicapé, au cas où quelqu’un soit handicapé avec un chariot. Il y a une douche dedans. Le détenu qui serait contaminé prendrait une douche là-dedans, serait remonté dans sa cellule confiné, et sortirait en promenade éloigné des autres, ou je sais pas comment, il a pas dit la fin… Ils sont pas au point. Comme pour remettre en place les parloirs, ils sont pas au point du tout, ils nous demandent à nous des conseils ! C’est une honte. Un chef stagiaire a dit qu’il ferait venir une par une les familles, mais c’est impossible, on est 180 bonhommes ! On met un an pour faire venir toute une prison. Ils savent rien, ils sont pas au point, ils nous en parlent pas, y a que des affiches pour avertir « se laver des mains, nanani, nanana… »

    C’est comme les gens qui attendent pour sortir, qui doivent recevoir 2 mois de remises de peine à cause de cette maladie. Ils sont en fin de peine, ils attendent, ils ont rien du tout. Pour  les musulmans, comme ils les ont dans le pif, comme mon pote, il a rien. Ce truc pour vider les prisons, personne l’a eu ici, pourtant y a des 2 mois, des 18 mois, des grosses fin de peine. Mon ami doit sortir en octobre, s’ils lui donnent ses RPS et ça, il sort maintenant. C’est à la télé qu’y disent que des gens sortent, c’est du cinéma, en tous cas ici en centrale, personne est sorti, personne ! Peut être dans les maisons d’arrêt. Moi je suis conditionnable, j’ai une demande de condi posée, j’attends, je suis informé de rien du tout.

    J’ai appelé mon avocate, je lui ai demandé de faire un recours, parce que moi je suis plus fragile que n’importe qui, mais si elle traîne et que le déconfinement se fait, ça sera trop tard. Comme y en a ici qui ont le diabète. Ils ont mis une affiche comme quoi les gens qui sont plus fragiles que les autres pourraient avoir un aménagement de peine plus rapide. Le lendemain, on se lève, on sort de cellule, elle y est plus. Elle a disparu. Y a rien de rien qui s’est fait.

    On est là avec nos petites lingettes, notre désinfectant… et encore, quand on en a ! A moitié coupé, j’en suis sûr. On demande de la javel en plus, on en a pas. Ils sont à la ramasse.

    C’est tendu, y a plus de parloir. Donc ceux qui m’écoutent comprendront pourquoi c’est tendu ! Y  a eu quelques bagarres, y en a qui ont été mis à l’isolement. Pendant quatre jours, après les bagarres, on nous ont bloqué dans nos ailes, tu pouvais plus aller voir ton pote dans sa cellule, jouer à la playstation ou aux cartes, parler, regarder internet… Punition ! Ils ont essayé, quand ils ont senti que ça commençait à être chaud, ils ont relâché. La directrice qui avait pris cette décision, elle a fait que des études, elle comprend rien, donc c’est d’autres qui ont passé sur elle et qui ont dit faut débloquer. Et y a quelques surveillants qui ont dit «oh !  Attention » et ils ont compris, ils ont débloqué aujourd’hui.

    Les surveillants, ils se chient dessus. Ils ont le moral cassé, plus que nous, ils en parlent plus que nous. Y a des anciens surveillants qui me disent « y en a, c’est infernal : corona tatatata, toute la journée ». Vaut mieux se suicider que parler comme ça toute la journée. C’est comme si tu regardes la télé sur ça tous les jours.

    Ils restent corrects avec nous, ils ont pas le choix, il sont dans une spirale où ils ont pas le choix. En vérité, aujourd’hui, si y avait pas que des saucissons… y en a qui doivent se reconnaître, y en a qui  savent de quoi je parle, s’ils entendent ce message… parce que les prisons ont beaucoup changé. Si y en a qui sont pas contents de ce que je dis, je m’en fous, parce que je dis la vérité : y a beaucoup de saucissons… Mais si on veut, si on veut, actuellement, on a tout pour gagner. Que ça soit des blocages, ci ou ça… Y aura quelques transferts c’est sur. Mais beaucoup de gens y gagneront. Mais malheureusement les gens ne bougent plus, ils ont leur petit confort, tout ça… en centrale, c’est fini. Maison d’arrêt, CD, il y a plus de jeunes, ils sont plus vaillants, ça bouge plus, ça vit plus… Ici c’est une tombe. On dirait une prison pour fin de vie ! Je suis bien réveillé, j’ai la tête sur les épaules, donc je vois ça, mais y en a beaucoup qui s’endorment.

    Sur ce j’embrasse tout le monde, P, G, S,… Je remet toutes mes condoléances à Olivier qui s’est envolé, et qui sortira jamais de mon coeur. Voilà comment je finis mon message.

    Philippe

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de vingt minutes, que vous pouvez écouter chaque jour de la semaine sur la FM, les plateformes de podcast et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Jet FM (Nantes 91.2), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5), RKB (Guingamp 106.5), Vassivière (Royère 88.6), Canal Sud (Toulouse 92.2).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Flash info quotidien du 20 avril 2020

    Flash info quotidien du 20 avril 2020

    Actualité Covid-19 en prison :

    • Extrait de la première émission de l’Envolée : « Pourquoi on s’appelle l’Envolée », avec Francine, Hafed, Nadia et Olivier.
    • La violences de la police en temps de confinement: les bleus se lâchent.
    • Il y a deux ans, Jawad était tué au mitard par les matons à Seysses.
    • Des nouvelles des Centres de rétention administrative: témoignage d’un prisonnier de Vincennes, lecture d’un texte d’un prisonnier au Mesnil-Amelot.

    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande. L’émission de radio est diffusée le vendredi soir de 19 heures à 20 heures 30 sur FPP (106.3 Mhz en région parisienne) ou sur rfpp.net et disponible ensuite sur toutes les plateformes de podcast. L’épidémie de Coronavirus a de lourdes conséquences en prison. C’est pourquoi, face à la gravité de la situation, nous avons décidé de produire un bulletin d’information quotidien de quinze minutes, que vous pouvez écouter chaque soir de la semaine à 19 heures sur les ondes de FPP et sur lenvolee.net, en plus de l’émission du vendredi qui est maintenue.

    Les émissions sont diffusées toute la semaines sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3), Canut (Lyon 102.2), MNE (Mulhouse 107.5), Campus (Clermont-Ferrand 93.3), Clé des Ondes (Bordeaux 90.10), La Locale (Saint Girons 97.3), Prun’ (Nantes 92.0), Galère (Marseille 88.4), Campus (Grenoble 90.8), Campus (Dijon 92.2), Panik (Bruxelles 105.4), St Affrique (Montauban 96.7), Dio (Saint Étienne 89.5).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast. Nous appelons d’autres radios locales à diffuser largement ce bulletin, contactez-nous !

    Il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur.
    Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffuserons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous enverrez. Nous lirons également les messages que les proches privés de parloir nous demanderont de passer.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Face au Covid-19 en prison : amnistie générale !

    Face au Covid-19 en prison : amnistie générale !

    (Ce texte de la rédaction est publié dans le numéro d’avril du mensuel CQFD)

    « Avec le confinement, vous touchez du doigt – en plus roudoudou – ce que nous vivons au quotidien, nous les prisonniers : impossibilité d’aller et venir, privation de voir ses proches et soumission à l’arbitraire pour tout », écrit un prisonnier à L’Envolée, à l’heure où le pays est confiné et les prisonniers et prisonnières plus coupés du monde que jamais. Ajoutée à l’absence de soins, la surpopulation carcérale – ou plutôt, le surenfermement de la population – fait des prisons des lieux hautement pathogènes. Tous les ans, des épidémies s’abattent sur les personnes incarcérées : tuberculose, gale… Le Covid-19, qui ne fera pas exception, révèle la criante indignité de la prison.

    Suspendre les parloirs ne protégera pas les prisonniers

    Face à cette épidémie, Nicole Belloubet, la ministre des tribunaux et des prisons, opte pour une mesure très brutale : la suppression des parloirs et de toute activité. Faute de pouvoir isoler les prisonniers en attribuant une cellule à chacun (70 651 prisonniers et prisonnières au 1er janvier pour 61 080 places dans des cellules le plus souvent collectives) ; faute de distribuer à toutes et tous des masques de protection, des tests et des solutions hydroalcooliques ; faute de confiner les matons qui continuent de rejoindre leurs familles chaque soir… l’État considère d’office que les prisonniers, les prisonnières et leurs proches ne seraient pas capables d’appliquer les fameux « gestes barrières ».

    Plus de shit, des possibilités de cantines (achats de produits de la vie courante) restreintes, plus d’activités, plus de parloirs, 22 heures sur 24 en cellule et déjà des promenades réduites dans certaines prisons. Celles et ceux qui sont enfermés sont à la fois en colère et inquiets : le peu de mouvements et de contacts qui rendent la détention supportable disparaissent du jour au lendemain sans qu’ils et elles se sentent protégés pour autant. Ces mesures sont ressenties comme absurdes et méprisantes parce que le prétendu « confinement » est totalement inapplicable à l’intérieur des prisons. Et ce n’est pas la générosité de la ministre (télévision gratuite, un maigre crédit téléphonique et une aumône de 40 € pour les indigents) qui va étouffer les craintes – et le feu.

    Des révoltes contre ces mesures

    Ces mesures n’empêcheront pas l’épidémie de se répandre. Elles ne servent qu’à donner des gages aux personnels de l’Administration pénitentiaire (AP), et notamment aux matons, en diminuant les mouvements à l’intérieur et le nombre de fouilles à effectuer ; et donc les contacts. Ils ont aussi peur du coronavirus que des mutineries : ils savent très bien que les prisons vont se transformer à la fois en cluster (foyer d’infection) et en cocotte-minute prête à exploser. Leur syndicat majoritaire (Force ouvrière) a déjà menacé d’user du droit de retrait, agitant l’exemple de l’Italie où, depuis le 8 mars, des émeutes ont éclaté dans des dizaines de prisons, causant la mort d’au moins 14 prisonniers et plusieurs évasions collectives. Sur les toits, les prisonniers crient « Libertà ! » et exigent l’indulto – l’amnistie.

    Quinze jours après, la révolte gronde dans toutes les prisons françaises avec chaque jour des dizaines de mouvements collectifs : refus de remonter de promenade, montées sur les toits, mutineries ; et déjà des matons qui tirent, comme à la maison d’arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes) et au centre de détention d’Uzerche (Corrèze).

    Il faut vider les prisons

    C’est dans cette ambiance que la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, se fonde sur la protection que l’État doit aux gens qui sont sous sa garde pour demander, le 17 mars, de « réduire la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d’accueil des établissements », de « favoriser les sorties de prison et limiter les entrées » et « de procéder sans délai à la fermeture temporaire des centres et locaux de rétention administrative ». Du jamais vu.

    Le lendemain, un texte signé par des organisations qui vont de l’Observatoire international des prisons à l’Association nationale des juges de l’application des peines en passant par le Syndicat des avocats de France demande de « réduire drastiquement le nombre de personnes détenues ». Il énumère différentes manières de limiter les entrées : préférence aux peines alternatives, placement sous contrôle judiciaire plutôt qu’en détention provisoire, report de la mise à exécution des peines de prisons et limitation des comparutions immédiates, « particulièrement pourvoyeuses d’incarcérations ». Il demande également de faire sortir un maximum de personnes (en libérant les prévenus sous contrôle judiciaire, en multipliant les aménagements de peine, en anticipant les libérations en fin de peine et en suspendant des peines pour raison médicale). Les signataires suggèrent aussi d’augmenter les réductions de peine, voire de voter une loi d’amnistie. De mémoire de L’Envolée, on n’avait jamais vu ça non plus.

    Mais le plus fort reste à venir. Le 20 mars, la CGT pénitentiaire demande « un recours massif à la grâce individuelle pour le maximum de personnes incarcérées, en fonction du reliquat de peine restant et de la nature des infractions concernées ». Même s’ils ne peuvent pas tout à fait s’empêcher de jouer aux petits juges, ces surveillants envisagent la libération de presque 20 000 prisonniers condamnés à des peines de moins d’un an !

    Tout le monde dehors !

    Bon, on se calme, on reprend. Pour ce qui est des centres de rétention, le CGLPL le dit : tout le monde dehors. Pour ce qui est des prisons, on prend la calculette : 18 000 courtes peines + 20 000 prévenus en attente de jugement + 1 404 personnes en semi-liberté + 611 personnes en centre de peine aménagée + 20 000 prisonniers en centre de détention (régime soi-disant orienté vers la réinsertion, donc la sortie) + les malades (chiffres non fournis)… on arrive déjà à plus de 60 000 personnes à relâcher.

    Ajoutons simplement : les mineurs (804) + les plus de 60 ans et toutes les personnes qui ont déjà effectué des longues peines en dépassant les quinze ans d’enfermement… Bon an mal an, on y est : autant arrondir à 70 000 ! Soit l’amnistie générale ! Les prisonniers et les prisonnières l’exigent depuis vingt ans dans les colonnes de L’Envolée – avec un autre argumentaire, certes ; mais si là, tout le monde est d’accord, on ne va pas chipoter…

    Et ne plus remplir les prisons !

    Que tous ces gens s’entendent pour définir l’enfermement comme un risque sanitaire et fassent pression sur la ministre pour vider les prisons, même provisoirement, c’est historique. Malheureusement, on sait que ça ne suffira pas.

    Même face au péril sanitaire, l’impératif sécuritaire reste le maître mot : la machine pénale est pensée pour remplir les prisons, pas pour les vider. Nicole Belloubet le confirme dès le 20 mars en s’engageant à peine à « travailler sur (sic) les détenus malades et sur les personnes à qui il reste un mois de détention ». Elle finit par promettre 5 000 libérations – très loin du compte – en précisant qu’« il n’y aura pas d’amnistie, car il faut préserver la sécurité de la société ». Ben tiens !

    Quant aux quelques « mesures qui veillent à ne pas faire entrer de personnes supplémentaires en prison », elles sont contredites par un amendement – adopté par l’Assemblée nationale dès le 21 mars – qui fait du non-respect à quatre reprises des règles de confinement un délit puni de six mois d’emprisonnement. Cherchez l’erreur ! Le même jour, quatre hommes arrêtés pour ce motif étaient incarcérés à la prison de Villepinte (Seine-Saint-Denis) en attente de jugement pour « outrage et rébellion » et « mise en danger de la vie d’autrui »… Qui met la vie de qui en danger ?

    On le voit déjà dans toute la société : la coercition de la politique sécuritaire du gouvernement sera inversement proportionnelle à sa scandaleuse gestion sanitaire.

    Ça se fera aussi sur le dos des prisonniers à moins qu’ils et elles trouvent des moyens d’imposer leur libération.

    Force, courage et décontamination

    L’Envolée

    ***

    Messages et lettres de prison

    « À tous les frérots en prison : à partir du 19 mars, il faut qu’on bloque en promenade tous les jours jusqu’à que l’État accepte au minimum un parloir par semaine. Faut qu’on se fasse entendre bien plus haut que l’administration pénitentiaire : c’est l’État qui dirige. Il faut faire du bruit. Ils nous disent que c’est pour quinze jours alors qu’ils savent très bien que c’est parti pour plusieurs mois. Ils nous privent de la seule liberté qui nous reste : la visite de notre famille. Merci, et oubliez pas : l’union fait la force, ensemble on y arrivera. » Lenvolee.net, 18 mars.

    « Libérez un peu les prisons de la surpopulation carcérale ! On veut que les surveillants soient contrôlés à chaque entrée, parce que ça nous fait peur ; au moins leur fièvre parce que c’est eux qui vont nous le refiler. Tous les gens qui rentrent en prison aussi, qu’ils soient contrôlés à l’entrée, avec un registre. » Lenvolee.net, 19 mars.

    « Nos cantines n’arrivent pas, nos parloirs ont été suspendus. Personne ne se préoccupe de notre état de santé. On avait un co-cellulaire qui est parti, avec le masque, on l’a sorti à 8 heures du soir de la cellule. On ne sait pas pourquoi […]. Aujourd’hui nous sommes deux personnes encore dans la cellule. Nous présentons des symptômes de fièvre, le nez qui coule, et la gorge qui pique. […] L’administration trouve une seule solution :  “Vous vous étouffez pas ? Y a pas de souci à se faire !” […] J’appelle tous les détenus de la maison d’arrêt de Seysses à faire une révolution générale. » Maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne), Iaata.info.

    « On est 3 dans une cellule de 9 m2. Ça fait une semaine qu’on a plus de parloir, qu’ils nous autorisent plus les promenades, plus rien. […] On a peur qu’un jour la porte s’ouvre plus, qu’on nous laisse mourir dans la cellule… Y a beaucoup de psychose qui commence à s’installer dans la prison. » Maison d’arrêt de Seysses, Mediapart.

     « Nous voulons un DÉPISTAGE pour chaque détenu ainsi que pour chaque membre de l’administration pénitentiaire. – Nous souhaitons que tous les agents pénitentiaires sans exception soient équipés de gants et de masques (ce sont eux les plus exposés au virus car ce sont eux qui rentrent et sortent de l’établissement). – Nous voulons être informés de l’évolution de cette situation : quand les parloirs seront-ils rétablis ? Qu’en est-il des cantines ? Qu’en est-il des sacs de linge ? Qu’en est-il des soins médicaux en cas de coronavirus ? – Et enfin, pour nous protéger, nous aimerions que chaque détenu ait du gel désinfectant et un masque à sa disposition (le minimum en mesures d’hygiène actuellement). »
    Revendications des prisonniers du centre de détention d’Uzerche (Corrèze) lors de la mutinerie du 22 mars.

    « Un  message qui s’adresse à l’État et à tous ceux qui régulent les pénitenciers de France : nous voulons un dépistage au cas par cas pour chaque détenu et membre de l’établissement pénitentiaire. Nous voulons que les agents soient équipés de masques car c’est eux qui entrent et sortent de la prison donc c’est bien eux qui nous ramènent le coronavirus puisque nous n’avons plus de parloir. Nous voulons plus d’informations sur cette situation : cantines, parloirs, sacs de linge, activités, car les seules informations qu’on a c’est à la télé. Nous voulons du gel hydro-alcoolique, des masques, du savon pour chaque détenu. Tout ce qu’on a c’est du gel douche Tahiti. On nous offre la télé et 40 € pour les indigents, waouh, quelles belles mesures par l’État ! S’il peut faire mieux ce serait pas mal, sinon ça va chauffer. » Centre pénitentiaire de Béziers (Hérault), 23 mars.

    ***

  • ÉMISSION DE L’ENVOLÉE DU 11 MAI 2018

     

        • Appel : Lydia lit un 2e communiqué reçu depuis la prison de Seysses, et explique comment le PRP l’a reçu
        • Invités : Henriques Makassi, Hakim et la troupe de comédien.e.s : Rachel Malaika, Toni Alvess, Rka (94i officiel : FB), présentent leur nouvelle pièce de théâtre / comédie musicale,  L’annonce faite à Trapoutchik, suivi d’une discussion sur l’enfer carcéral.  1ere : 17 mai 20h30, au Théâtre Aleph 30 rue Christophe Colomb, 94200 Ivry-sur-Seine. Mail : streetosphère7@gmail.com.

    Zics : 2 Neg 2 Mystik – Le temps des opprimés / Kofs – Numéro 8 / Rka & Henriques  – Freestyle (instru : Beatbox) / RSK – In the Hood


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  • ÉMISSION DE L’ENVOLÉE DU 27 AVRIL 2018

     

    Émission spéciale sur la prison de Seysses, au programme :

        • Retour sur les fait : Mort de Jawad à Seysses et révoltes de solidarité : la seule réponse de l’État reste la répression.
        • Appel : Lydia lit la lettre que le PRP a reçu. Retour sur la mort d’un autre prisonnier dans ce même mitard, en février 2016.
        • Communiqué : Lecture du communiqué de la garde des sceaux, puis de celui du PRP.
        • Appel : Olivier, et coup de gueule contre le silence de l’OIP.

    Zics : Moona – Freestyle (Copelia) / Kendrick Lamar – Alright / Despo Rutti – Légitime Défense / Joke Dubamix – Des claques


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