Extrait d’une lettre de l’Infâme qui continue de prendre des peines au prétoire mais qui garde son sens de l’humour.
Lettre d’une proche d’un prisonnier en danger qui a besoin de soins urgents à Angoulême et contre qui l’AP s’acharne.
Témoignage audio de proches de prisonniers qui galèrent à accéder aux parloirs au CD de Nantes, où c’est une boîte privée qui gère les rendez-vous par téléphone (témoignages extraits de l’émission Casse-Muraille, le dimanche à 12h sur JetFM en région nantaise, 91.2 FM).
Liancourt : des matons bloquent la taule et la vie des prisonniers et de leurs proches. 40 Prisonniers refusent de réintégrer en protestation.
Appel de Marseille pour parler des Baumettes et du CRA du Canet
Casse-Muraille : émission de dédicaces, d’infos et de luttes contre les taules, diffusée le dimanche à 12h sur JetFM 91.5FM en région nantaise. Les témoignages des proches du CD de Nantes sur les parloirs ont été pris dans l’émission du 29 novembre 2020 disponible sur le site de l’émission et de JetFM.
L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.
Nous relayons cette lettre d’une proche d’un prisonnier enfermé à la Maison d’Arrêt d’Angoulême où il subit des traitements dégradants et violents et où, sans aucun accès aux soins, il est en danger permanent.
Monsieur,
Je soutiens un détenu, Mr H. Y., à la Maison d’Arrêt d’Angoulême.
Voici les conditions de sa détention : il a subi des mauvais traitements, on lui fait boire l’eau des wc, c’est ça ou rien, disent les surveillants. Pour les douches, 2 fois par semaine et encore, quand celles-ci sont propres et c’est peu dire ! son courrier n’est pas envoyé, ni à son avocate, ni à la SPIP, ni ailleurs. Ces médicaments lui sont donnés au compte-goutte. Il a très mal au dos, attend un RDV pour ses dents et ses yeux depuis 4 ans et demi. Son état de santé se dégrade. Sa prise de sang n’est pas bonne, il a du cholestérol, des GMGT. Il voudrait être transféré, il n’est pas à sa place dans cette maison d’arrêt.
A chaque parloir avec sa mère, il a une fouille à nu, fouille de vêtements, même le caleçon est mis à l’envers, ils le laissent nus devant une glace à la vue des surveillants, c’est humiliant ! les cantines il y a des manquants : les jeux de société, livres, jeux de dés, pinceaux pour son activité dessin. Tout ce que je lui remets m’est retourné : refusé par le propriétaire. Faux – archi faux. Les paquets sont neufs sans blister. Tout me revient. Pourquoi le priver de ces objets qui améliorent le quotidien ?
Ils sont trop dans les cellules, 5 dans une cellule de 4. L’autre dort au sol sur un matelas devant la porte.
La Maison d’Arrêt ne prévient pas la famille ne cas de problèmes graves. C’est une honte, il faut écrire au directeur ! il a le temps de mourir 20 fois. Il voudrait aller en SMPR ou en VHSI. On l’a forcé à quitter l’iso où il était, on lui a fait signer un document « pour travaux », faux. Ils ont mis quelqu’un à sa place.
Je m’étais renseignée pour une formation de pâtissier, c’est sa passion, a-t-il reçu la documentation ? il veut s’en sortir et on lui met des bâtons dans les roues. Je lui verse un petit peu chaque mois pour améliorer son quotidien, et bien ils lui prélèvent une somme qui lui sera remise à sa sortie. C’est maintenant qu’il en a besoin, pas après. Actuellement il est dans une cellule sans chauffage. Il n’a pas de vêtements chauds à froid, a beaucoup maigri. Il a des marques de coups au dos, aux bras, des strangulations. Il n’en peut plus. C’est un appel au secours. Il a fait déjà beaucoup de tentatives de suicides.
Il est dans une cellule sans chauffage. Il n’a pas de vêtements chauds à froid, a beaucoup maigri.
Il est au bout du rouleau, n’est pas entendu. Seule son avocate se démène pour trouver une solution. Je le soutiens également comme je peux. Que pouvons nous faire ? à l’aide ! Merci
Enfermé à plus de cinq heures de route de ma famille et toujours dans le circuit fluctuant de l’incarcération sous ses diverses formes (prison, CRA,, assignation à résidence).
Une lettre que nous avons reçu de Kamel Daoudi, plus long assigné à résidence de France, réenfermé il y a trois mois pour 20 minutes de retard. Il revient ici sur le journal et Olive (des lettres où il décrit son quotidien au QI de Corbas ont été publiées sur lundimatin).
Maison d’arrêt de Lyon-Corbas
Le 5 décembre 2020
C’est avec tristesse que j’ai appris la mort d’Olivier. Dès la première phrase de l’édito du N° 52 (octobre 2020) de L’Envolée papier, quand la mort d’Hafed avait été évoquée, j’ai compris. Ce sont deux piliers de L’Envolée qui ont été emportés au loin, et deux voix qui continueront à porter malgré leur absence. Je ne connaissais pas Olive personnellement. J’aurais bien aimé le rencontrer, tout comme Hafed. Malheureusement, nos destinées ne se sont pas croisées. Ce que j’aimais dans la personnalité d’Olivier, c’était son éternelle détermination et son invincible optimisme. Derrière sa voix enjouée et sonnante, quasi enfantine, on entendait sa force de caractère et sa détermination à lutter.
Aujourd’hui, je ne peux plus entendre ni écouter le générique de l’émission, mais chaque fois que j’entends un hélicoptère passer au-dessus de la prison, j’ai une pensée mélancolique pour toute votre équipe qui a contribué à me soutenir moralement quand nous étions dans les QI entre 2001 et 2005.
Aujourd’hui, me revoilà en taule pour une vingtaine de minutes de retard sur le couvre-feu qui m’était imposé depuis les quatre dernières années de mes douze ans de perpétuelle assignation à résidence.
Enfermé à plus de cinq heures de route de ma famille, je suis toujours dans le circuit fluctuant de l’incarcération sous ses diverses formes (prison, CRA, assignation à résidence).
Je tenais à vous saluer chaleureusement, ainsi que tous les auditeurs et auditrices de L’Envolée… A bientôt
« Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits »
Lettre publique que nous a transmis Kemi pour dénoncer ses conditions de détention à Saint Maur, prison malheureusement déjà tristement célèbre. Les matons et l’adiministrations s’acharnent sur lui sous de faux prétextes et le poussent à bout. N’hésitez pas à nous demander son contact si vous voulez lui écrire. Force et soutien à lui !
Le 23 novembre 2020, Maison Centrale de St Maur
À tous les détenus de France et les personnes non-incarcérées, j’écris cette lettre pour dénoncer mes conditions de détention et pour trouver un écho à ma parole.
Je suis à la centrale de Saint Maur depuis trois mois, au quartier d’isolement depuis mon arrivée dans l’établissement pour soi-disant être « observé ». Je viens d’être prolongé pour trois mois de plus car mon arrivée « serait » trop récente et donc ils ne peuvent pas dire si je suis « apte » à une détention ordinaire.
Au début, j’ai été classé auxiliaire peintre mais au bout de dix jours, ils m’ont déclassé parce qu’ils auraient trouvé un câble dénudé dans ma cellule « s’apparentant à un port USB ».
Puis le jour-même, j’ai été mis en gestion équipé menotté pour trois raisons différentes. La première serait que j’aurais fait venir une équipe de voyous un soir devant la prison et que le chef de détention nous aurait entendu tenir des propos mettant en danger l’établissement et le personnel pénitentiaire, la deuxième serait qu’ils ont des éléments prouvant la mise en place d’une prise d’otage et la troisième serait parce qu’un de mes frères – avec qui je n’ai pas de contact – voulait se suicider…
Mes conditions de détention sont horribles. Je n’ai pas le droit aux activités, pas de travail alors qu’un atelier a été ouvert au sein du QI, je vois un médecin tous les 36 du mois, mais le plus hallucinant est ma cellule.
Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire. On me donne le repas à travers un passe-plat, je fais tous mes entretiens dans ma cellule, derrière la grille, et mon interlocuteur dans la coursive, même le psy !!! Aucun secret médical !!! Les toilettes sont à côté de la porte sans cloison de séparation, l’eau du robinet est marron, j’ai le dos en miettes car les chaises sont interdites au QI, on a juste le droit à un tabouret !! Le repas nous arrive froid, les douches sentent la fausse sceptique !!
Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire.
Je demande des entretiens avec la direction mais personne à l’horizon, je les vois que quand elle vient m’inventer je ne sais quel délire !!! Mes courriers n’arrivent pas à destination et ne me parviennent pas, d’ailleurs je ne serais pas étonné que cette lettre atterrisse dans une poubelle de la prison ! J’ai téléphoné à « l’OIP » mais la voix d’un détenu ne vaut rien et faut croire que la direction de Saint Maur est intouchable, tellement que les autres détenus n’osent pas s’opposer à eux de peur de représailles !!! Sur quinze détenus du QI, nous ne sommes que trois à essayer de faire valoir nos droits. Mais ‘faut bien l’avouer, rien ne bouge… Je vous l’avoue, sans l’Envolée et une personne en particulier qui se reconnaîtra, je ne sais pas si je serait encore là pour écrire cette lettre. Je suis de nature combative, mais Saint Maur commence à avoir raison de moi ! Je place tous mes derniers espoirs dans cette lettre en espérant que ça fera réagir qui de droit…
Faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.
Je finis cette lettre en disant courage à tous les détenus de France. Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits… Un animal de compagnie à droit à de l’eau potable, une niche ou cage confortable, alors pourquoi pas moi ? J’espère que quelqu’un entendra mon appel au secours et m’aidera à faire bouger les mentalités. Et à faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.
Bien à vous, un détenu aux abois.
Si vous souhaitez contacter Mickaël, écrivez-nous à contact@lenvolee.net !
Lettre de Kemi qui nous écrit régulièrement et qui est enfermé à Saint Maur d’où il dénonce les traitements de l’AP et les conditions de sa cellule. N’hésitez pas à nous demander son contact pour lui écrire!
Témoignage et lettre de prisonniers en Italie qui reviennent sur la révolte à la prison de Modène le 8 mars 2020 et qui rappellent les 12 personnes tuées ce jour là et que l’administration essaie de faire oublier.
Appel d’un proche de Taoufik enfermé à la prison de Perpignan et mort le 18 octobre. La famille n’a été prévenu que trois semaines plus tard qu’il serait mort à l’hôpital.
Appel de deux proches de prisonniers de Seysses qui se mobilisent contre les morts suspectes trop nombreuses dans cette taule et son mitard, et sur les conditions inhumaines dans les QD.
Des nouvelles de l’Infâme : l’AP s’acharne toujours et lui a collé 54 jours de QD (demandez nous si vous voulez son contact pour lui écrire) !
Témoignage sur les prisonniers tués dans la prison de Modène en mars :
Je suis allé en prison parce que la police est venue contrôler et m’a trouvé sans papiers, ils m’ont envoyé en prison. Depuis que j’étais en prison, les problèmes ont commencé, une fois il y a eu une bagarre, je n’avais rien à voir avec ça. Ensuite, la police est arrivée et ils sont entrés et nous ont battus et nous ont cassé les os, puis ils nous ont mis en cellule d’isolement pendant 3 jours sans nous emmener à l’hôpital. Finalement, un garçon a été emmené à l’hôpital et s’est évanoui à cause des douleurs. Quand il l’a vu, le médecin l’a laissé entrer de toute urgence. Le médecin a dit à la police qu’il devait rester à l’hôpital au moins 3-4 jours, mais la police ne voulait pas. Le médecin avait demandé qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur de la prison pour l’aider à bouger pendant un mois, mais la police n’a rien fait de tout ce que le médecin avait demandé et lui a donné un certificat. Il a fait un rapport à la police à l’hôpital et a pris le dossier avec lui, à la fin ce soir-là, ils l’ont pris et l’ont immédiatement emmené à la prison de Modène où j’avais également été transféré, dans une cellule où se trouvaient également mes amis de ma ville, j’y suis resté jusqu’à ce que le coronavirus arrive et lorsque le corona est arrivé il y avait un homme malade du virus et ils ne voulaient pas le laisser sortir et ils nous ont interdit de voir les membres de nos familles. Après cela, une révolution s’est produite et ils ont incendié la prison et les forces spéciales sont entrées et ont commencé à tirer, 12 personnes sont mortes dont 2 de mes amis, ils sont morts sous mes yeux, je suis toujours sous le choc. Je m’étais échappé sur le toit de la prison pour qu’ils ne me tirent pas dessus après ils nous ont tous pris et emmenés et mis dans une pièce, ils nous ont enlevé tous nos vêtements et ils ont commencé à nous battre, nous gifler et nous donner des coups de pied. Ensuite, ils nous ont rendu nos vêtements et ils nous ont mis en ligne et ils nous ont encore battus avec la matraque, à ce moment-là, j’ai réalisé qu’ils allaient nous emmener dans une autre prison. Tels étaient les coups que nous avons reçus qu’ils m’ont envoyé dans une autre prison sans chaussures. Puis, quand nous sommes arrivés à la prison, ils nous ont battus à nouveau. Au final j’ai purgé ma peine je suis très choqué pour mes amis je n’ai pas pu porter plainte contre les carabiniers parce qu’ils sont trop forts. Et je n’ai ni argent ni documents. Je suis toujours très choqué je n’arrive plus à dormir ni à bien manger. Après tout, je me sens encore très mal, mais malgré tout j’aime l’Italie, grâce à vous qui m’avez fait parler.
Lettre envoyée à la mi-octobre 2020 à OLGa (journal anticarcéral national de lettres de prisonnier-e-s)
Nous sommes maintenant au milieu de la soi-disant deuxième vague de la pandémie. Dans toute l’Italie, le nombre d’infections et de décès augmente et, ainsi que pour les soins de santé et les écoles, le gouvernement n’a rien mis en œuvre pour les prisons pour empêcher la propagation du virus. Les données sont catastrophiques: plus de 2000 détenus et gardiens sont infectés. Avec le surpeuplement des prisons, il est clair que nous sommes confrontés à une bombe prête à éclater. De plus, aujourd’hui comme au printemps dernier, des mesures sanitaires adéquates ne sont même pas prises à l’intérieur des taules: les masques et autres équipements de protection individuelle manquent, les tampons sont effectués avec difficulté, les soins médicaux, déjà difficiles d’accès, sont maintenant encore plus remis en question. Outre les différentes administrations pénitentiaires, les autorités sanitaires locales chargées de la santé en prison sont également responsables de ces carences. Les détenus, épuisés par la répression de ce printemps, cependant n’abandonnent pas les actions de protestation: battages, refus de revenir des promenades, refus du chariot, grèves de la faim sont les outils avec lesquels ils essaient de se faire entendre car ils savent que pour l’État et les administrations publiques et pénitentiaires ils sont chair à canon. Les dispositions prises par la Dap (département d’administration pénitentiaire) et le ministre de la Justice sont une photocopie de celles de mars: blocage des entretiens pour les détenus dans les zones rouges et ouvertures ridicules pour réduire la surpopulation. Alors que les gardiens, principaux vecteurs de l’infection, entrent et sortent des pénitenciers et que les magistrats de surveillance continuent de refuser la liberté aux nombreux candidats, démontrant qu’ils ne veulent pas surmonter le problème sécuritaire malgré le risque de carnage dans les prisons. Il nous semble plus que jamais important de briser le mur du silence et de l’isolement qui entoure les prisons, de donner la parole aux protestations de ceux qui sont enfermés et de soutenir leur lutte pour qu’il soit clair qu’aujourd’hui comme en mars la seule sécurité est la liberté.
L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
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Jules est mort au mitard de la maison d’arrêt de Seysses dans la nuit du 5 au 6 décembre. Il avait 20 ans. L’administration pénitentiaire prétend qu’il s’est pendu, mais les prisonniers sont formels : Jules ne s’est pas suicidé. Ils sont très nombreux à témoigner, et c’est toujours la même équipe qui est mise en cause ; ce sont toujours les prénoms des mêmes surveillants qui ressortent. Le pire, c’est que ça fait des années que ça dure. En 2018 déjà, après la mort de Jaouad, des prisonniers avaient demandé dans un communiqué que les membres de cette équipe soient dispersés ou mutés hors du quartier disciplinaire, mais rien n’a été fait. Rien n’a bougé. Jules, Jaouad, Mehdi… la liste des morts suspectes au quartier disciplinaire de cette taule ne cesse de s’allonger sans que soit jamais entendue la parole des prisonniers qui ne cessent de dénoncer cet escadron de la mort, comme ils le nomment. Pas un seul surveillant n’a été inquiété.
À la mort de Jaouad en 2018, il y a eu des refus de remonter de promenade et une banderole portant les mots « matons assassins » a été déployée dans la cour de promenade peu après la publication du communiqué dans lequel des prisonniers de Seysses criaient leur détresse ; la seule réponse de Belloubet, ministre des tribunaux et des prisons de l’époque, a été de déclarer à la presse qu’elle condamnait « ces allégations » et se réservait le droit de porter plainte contre ceux qui les relayaient. Même pas peur… Pas question de passer sous silence le régime de terreur qui fait peser une menace mortelle sur la tête des prisonniers de Seysses. Manifestement visée, L’Envolée avait même encouragé la ministre à porter plainte… Un procès, c’est l’occasion en or de cuisiner à la barre les surveillants incriminés par tous les témoignages !
En effet, tous les prisonniers qui décident de témoigner parlent invariablement de la même équipe, celle du mitard ou quartier disciplinaire – ce lieu clos, à l’abri de tous les regards, où règne la peur. Ils décrivent souvent les mêmes faits : amenés au quartier disciplinaire, ils y ont subi une prise qui leur a fait perdre connaissance – sans doute une des techniques de pliage mortelles enseignées à l’école de police… et aussi aux surveillants. Certains racontent qu’ils se sont ensuite réveillés nus, couverts de sang et d’hématomes, et qu’il ne leur a pas été permis de voir un médecin malgré leurs nombreuses demandes. Certains sont terrorisés au point de dire qu’ils ont « une chance sur deux » de sortir vivants du mitard ; c’est dur à entendre… et encore plus dur à vivre.
Marre de cette impunité, marre que la voix des enfermés soit toujours réduite au silence… Voici quelques extraits des innombrables témoignages de prisonniers de Seysses sur le mitard et ce qui s’y passe.
Ma femme connaît la femme de Jules : il l’a appelée trois fois pour dire qu’ils l’avaient mis à nu et qu’ils l’ont defoncé. Au final, elle a essayé de rappeler, et plus de nouvelles. Ils l’ont démonté, mais il s’est pas pendu, parce qu’avant la dinguerie, il était au téléphone avec sa femme. Il faut pas lâcher, il faut que sa famille porte plainte.
Je suis resté longtemps à Seysses, ils ont failli me tuer. Ils ont tout fait pour me traîner aux isolés, ils m’ont fait une prise de sommeil ; je me suis réveillé au quartier disciplinaire, à poil – obligé de mettre le feu pour sortir.
J’étais à Seysses en 2009, je suis allé au mitard ; ils m’ont tabassé, ils m’ont mis à poil avec les menottes aux mains et aux pieds, j’avais des bleus partout. Même le médecin – obligatoire –, ils me l’ont pas fait voir. Ils font ce qu’ils veulent. Les surveillants nous mettent à l’amende. Faut pas lâcher la famille de Jules. Il faut qu’ils payent tout ce qu’ils font.
J’ai été à Seysses, ils ont tué Jaouad. J’ai vu plus d’un collègue rentrer au cachot, mais j’en ai pas vu beaucoup ressortir. La loi du mitard et celle du bâtiment n’ont rien à voir. On sait tous ce qui se passe au bâtiment disciplinaire : ils maquillent tout en suicide. Faut que la vérité sorte. Maintenant trop de frangins sont morts. C’est pire que l’omertà : tous complices, tous du sang sur les mains. J’ai fait trois ans au MAH 2 [bâtiment 2 de la maison d’arrêt des hommes] : y a pas de règles pour eux.
Je suis sorti de Seysses le 8 décembre, c’est une prison où tu te lèves le matin et tu sais pas comment tu vas finir ta journée. Les surveillants sont très solidaires entre eux et camouflent beaucoup de choses. J’ai vu des mecs partir au mitard en mode avion et se faire éclater. J’étais auxi d’étage, et tu vois beaucoup plus de choses que les détenus qui taffent pas.
Ils m’ont fait pareil à Seysses. Ils m’ont écrasé la tête, j’ai perdu connaissance. Fallait pas que je meure ; je pensais à mon fils quand ils m’écrasaient la tête à coup de Rangers sur le sol en béton. Pour tous les morts et tous les disparus, il faut le dénoncer.
Mon beau-frère aussi a été retrouvé pendu au mitard. On a porté plainte… trop de trucs bizarres. On a même pas pu récupérer les affaires, elles avaient disparu.
Moi aussi, j’étais à Seysses. À l’époque, ils ont dit qu’un jeune s’était suicidé : il avait les côtes cassées.
Une année, à Seysses, après un refus de réintégration de cellule, je finis au mitard. Le deuxième soir, on entend un gadjo qui arrive en criant en rebeu de toutes ses forces ; on entend la serrure se refermer, et tandis que les matons s’arrachent, on continue d’entendre crier cet homme – qui devait être sans-papiers, donc personne à qui rendre des comptes –, puis d’un seul coup, on entend l’ouverture de la cellule et un brouhaha, un enchaînement de cris et de coups, puis plus un mot, puis la fermeture de la cellule. Je m’en souviendrai toute ma vie. Le lendemain matin, on nous fait sortir du mitard – nous étions deux ou trois à ce moment-là, sans compter le blédard – et là, dans le couloir, un sac mortuaire rempli… On nous a fait sortir du mitard en avance, juste au moment où les gengens arrivaient pour constater la mort de ce Monsieur. Seysses est la prison de France où il y a le plus de suicides… maquillés !
Mon cousin aussi, à Seysses, il s’est soi-disant pendu au mitard, alors que les légistes ont relevé des bleus sur tout son corps. Il lui restait plus beaucoup à faire, il avait des enfants à l’extérieur… aucune raison pour lui de se pendre, vraiment. Faudrait se rassembler pour faire quelque chose à chaque décès, ou pousser un coup de gueule. Il faudrait vraiment aller plus loin dans les démarches. Courage aux familles pour tout ce qui se passe par là… Je sais que c’est dur.
Solidarité avec les prisonniers de la Maison d’Arrêt de Seysses et les proches de Jules ! On lâchera pas l’affaire.
Appel de Milfet, fille de Zineb Redouane, tuée par la police à Marseille le 2 décembre 2020. Retour sur la lutte de la famille contre la justice depuis deux ans et sur la récente contre-expertise menée par Disclose et Forensic Architecture.
Loi Sécurité Globale : il n’y a pas que l’article 24, malgré ce qu’en disent les journalistes. Et l’OIP n’a apparemment pas mieux à faire que de conseiller l’AP pour bien gérer la détention.
Des nouvelles d’Abderrazak et de l’Infâme contre qui l’administration pénitentiaires continuent de s’acharner.
Le numéro 52 semble avoir été bloqué dans certaines taules, tenez nous au courant ! En tous cas, il est disponible sur le net pour le commander : là.
Des nouvelles des colis de Noël qui seront mis de côté 24 heures avant distribution.
L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.
Lettre de la conjointe d’un enfermé au CRA du Mesnil-Amelot, qui y a été verbalisée d’une amende de 135 euros pour la dissuader de venir au parloir et qui a été humiliée, fouillée et intimidée par la police aux frontières sur place.
Gardes à vues suite à l’incendie au CRA de Marseille, lecture d’un témoignage d’un prisonnier
Des nouvelles de l’Infâme sorti du quartier disciplinaire après avoir subi la violence des matons de Vendin-le-Vieil. Il est donc de retour au quartier d’isolement. Contactez-nous pour lui écrire !
Le journal n°52 « Portez-vous bien, tenez-vous mal ! » est arrivé un peu partout, tenez-nous au courant s’il ne l’était jusqu’à vous ! Et contactez-nous si vous ne le trouvez pas dehors !
Retour sur l’un des 14 procès qui souhaite désigner des coupables de la mutinerie d’Uzerche de Mars 2020, à Chartres. Rappel des revendications des prisonniers à l’époque, et des faits : la destruction des deux tiers de la détention par les révoltés a occasionné 333 transferts. Encore 10 procès à suivre sur aux quatre coins de la France. Passons-nous le mot si d’autres procès sont annoncés !
Des nouvelles de la famille de Taoufik Belrithri mort le 18 octobre après avoir été transféré de la prison de Perpignan à l’hopital, mais dont la famille a été informée de son décès 23 jours après: la demande d’autopsie a été déposée par l’avocat.
« Santé en prison » chronique de Coco : soignez-vous bien, tenez-vous mal !
Demandes de mises en liberté pour les prévenus : du nouveau qui facilitera les demandes concernant Fresnes, et qui peut servir pour toute taule ayant déjà été condamnée. La personne concernée n’aura plus à prouver elle-même les conditions indignes de détention.
Retour sur le blocage au CD de Muret fin octobre : lecture de la lettre de Seiya, prisonnier, et de sa compagne, Saori, et des notes qu’ils voulaient qu’on lise à l’antenne. Le 27 octobre, 29 prisonniers ont bloqué la promenade pendant 5 heures jusqu’à l’arrivée des Eris, demandant à ne plus avoir de séparations lors des parloirs, à lever l’interdiction de contact et à autoriser de nouveau les colis de linge et ceux de Noël.
Le mauvais flic Darmanin et le mauvais flic SuperDupont-Moretti. Violences à république mais depuis bien longtemps loin des regards, la visio-conférence aux Assises, l’ambiance générale avec cette loi de sécurité globale et les manifestations dans toute la France.
Musique :« Mano de Dios » Diego Maradona, « La Caccia Alle Streghe – La Violenza » Alfredo Bandelli, « 40 dollars » A-Wax, « Heures Sombres » Singe des Rues
L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.
Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.
L’infâme nous a écrit pour raconter les violences des matons contre lui depuis qu’il a été transféré à Vendin en Septembre. L’AP veut le faire craquer et le pousse à bout. On relaie ici sa lettre, pour que ses bourreaux ne restent pas cachés derrière quatre murs et le silence de la prison. Force à lui ! N’hésitez pas à nous contacter pour lui écrire.
le 17 Novembre 2020, Vendin-le-Vieil
Salut,
Désolé, j’écris mal car j’écris de la main gauche – heureusement que je suis ambidextre, hein ?
Tout va très très mal : dans les paroles et les dossiers de l’AP, y a que des mythos ! Et ce que je te dis n’est que vérité ! Et j’ai peur qu’ils réussissent à me tuer. Une fois encore, ça recommence. Ils me font du mal. Sérieusement trop. Depuis mardi 10 novembre, je suis au cachot. Ça se passe mal, ici. Samedi, j’ai subi salement deux agressions en une fois. Je t’explique.
Ils m’ont mis les menottes, puis m’ont dit : « On te met à côté, on va te faire une fouille. » Moi, OK, je les ai suivis ; j’ai obtempéré.
Sauf que depuis mercredi soir, j’ai le bras droit comme paralysé : j’ai tenté de me suicider tellement ils me poussent à bout, en me mettant la corde au cou. Heureusement, j’ai fait ça n’importe comment, car je suis pas un habitué de la chose ; la corde a pété et je me suis mangé la gueule par terre. Bref … depuis, j’ai plus de sensations dans le bras droit. J’ai perdu conscience cette nuit-là, donc je crois que c’est lié à ça, la paralysie.
J’en reviens à ce que je te disais : donc je me fous à poil pour la fouille (j’ai du mal, mais j’y arrive)… Puis le surveillant en face de moi, qui porte un bouclier, me dit : « lève les bras » – bien qu’il sache très bien que je peux pas lever le bras droit. Je lui dis : « OK, mais je suis obligé de le faire en m’aidant de l’autre main ». J’avais le bras gauche en l’air ; j’ai même pas le temps de descendre ma main pour attraper la droite et la lever au-dessus de la tête qu’il me charge très brutalement. Ma tête a heurté le mur derrière moi de manière tellement violente qu’il m’a mis KO. Et là, mon frérot, mon calvaire n’a fait que commencer. KO, à terre, je suis roué de coup de pieds ! Combien de temps ? je sais pas, mais ça m’a paru interminable. ¾ KO, ¼ conscient, je vois les jambes des surveillants me frapper, mon corps faire des sursauts – mais impossible de me protéger. Aucune partie de mon corps de voulait bouger à cause de l’état de KO dans lequel j’étais. Puis celui qui m’a mis le KO est monté sur mon dos, m’a fait un espère d’étranglement, puis il m’a dit : « On va voir c’est qui l’enculé ! »
Ensuite, ben ça a été la lacrymo. Ils m’ont mis 27 jets de gazeuse(mes oreilles ont entendu 27 pshitt) ! Les endroits visés sont multiples : les yeux, le nez, l’intérieur des narines, sur et dans la bouche, sur et dans les oreilles, sur les testicules et sur le sexe.
J’ai encore repris des coups, puis ils m’ont dit « rhabille-toi » alors que ça me brûlait de partout ! ils me disaient tout en me bousculant : « Allez, dépêche-toi, on perd patience… On va encore te ‘stimuler’ à coup de gazeuse si tu te dépêches pas. » J’ai lâché mes vêtements, car la bousculade avait empiré la sensation de brûlure de la gazeuse. J’ai cherché mes fringues à tâtons sur le sol, ce qui m’a valu d’être piétiné à nouveau et de reprendre une nouvelle série de petits coups de gazeuse. Malgré les petits coups de gazeuse et les gifles que me mettait toujours le même surveillant – celui qui m’a mis KO avec son bouclier lorsqu’il m’a chargé -, j’ai quand même réussi à m’habiller en mettant juste le bas de jogging, le tee-shirt, et un pull-over – je crois -, mon bourreau a dit : « Ah, il a oublié le caleçon, ça vaut bien encore quelques … » Mais là, un autre agent lui a pas laissé finir sa phrase, il a dit : « C’est bon, on lui en a foutu plein la gueule… mais là, c’est trop ! » Mon bourreau a dit à l’autre surveillant : « T’étais d’accord aussi pour qu’on l’sèche ! T’étais OK comme les autres… » « – Oui, sauf que là, ça suffit, il a son compte. C’est bon, on arrête les frais ! » Quel con j’ai été de croire qu’ils étaient en train de s’embrouiller ! J’ai pas capté que celui qui faisait style qu’il voulait arrêter, en fait, pendant qu’il parlait, il se mettait en « position » ! Il s’est placé stratégiquement pour me gazer de loin mais avec précision, sans toucher ses collègues. Tout en me faisant face pour viser ! Ça les a bien fait rire ! Il a encore envoyé quatre jets rapides à ce moment-là, un dans les yeux, un dans le nez, un autre dans la bouche quand j’ai crié de douleur, et un à l’intérieur des oreilles ! Moi, j’ai hurlé ! Puis celui que je croyais temporisateur, il a dit en rigolant : « Putain, ça part vite, cette connerie-là ! Mais ça a pas l’air d’être efficace… »puis il m’en a refoutu à l’intérieur du conduit auditif. Depuis ce jour, j’entends un bruit en continu dans mon oreille gauche ! J’entends comme un sifflement 24h/24 depuis qu’il m’a gazé. Ça les a tous fait marrer. La première surveillante a éclaté de rire en disant : « Bon alors, enculé, tu fais encore le malin maintenant ? C’est qui qui commande ici, hein ? » Vu que je répondais pas, elle m’a dit : « J’entends rien ! Je t’ai posé une question, tu vas répondre, sinon on va te retomber dessus… »
Qu’est ce que tu veux que je fasse ? Je suis menotté dans le dos, j’ai mangé un KO, j’ai des hématomes à la tête et un peu partout sur le corps, mon corps me brûle à cause de la lacrymo, j’y vois presque rien… J’ai été obligé de faire la victime pour qu’ils arrêtent. Je leur ai dit « OK, c’est bon, c’est bon, j’fais pas l’malin, c’est vous les patrons, c’est vous les tauliers ! J’ferme ma gueule, y a rien à dire ! C’est vous les plus forts. »
Et tu sais frérot, ça, ça m’a fait mal aussi, de leur dire ; mais je pense que si j’avais pas dit ça, ils auraient continué, et la gazeuse m’aurait tué, je pense, en m’étouffant. T’aurais dû voir ça : ils étaient comme possédés. Rien ne les aurait fait arrêter. Vu le déroulement des choses, ils avaient prévu cette punition ! c’est pas, comme ils le prétendent, une fouille à laquelle je n’ai pas voulu me soumettre, mais bel et bien une punition, doublée de sévices graves ! J’me sens si faible face à eux. J’en suis convaincu : ils ont planifié et organisé la punition violente qu’ils m’ont fait subir ce samedi.
Et dis-toi qu’il a fallu que je foute le bordel en service de nuit pour qu’un gradé aille faire en sorte que je voie quelqu’un… Même si j’ai vu une infirmière que le lendemain matin (les faits se sont passés samedi matin) et qu’apparemment y a pas de médecin jusqu’à mercredi. D’ici là, il n’y aura plus d’hématomes ni de bleus ! Toute trace de cette agression aura disparu ! « On y peut rien, y a pas de médecin avant mercredi, la seule chose qu’on peut faire, c’est vous donner du Doliprane ! » « Mais c’est pas de Doliprane dont j’ai besoin. Ce dont j’ai besoin, c’est de relater ce que j’ai dit à un médecin, d’être examiné et soigné au plus vite, et d’obtenir un certificat médical pour déposer plainte contre ces individus. Mercredi, tout aura disparu. Voilà ce dont j’ai besoin, et tout de suite, pas mercredi ! » Voilà ce que j’ai dit.
« Nous, on peut rien pour vous, on peut juste dire au médecin de passer vous voir mercredi, et vous donner du Doliprane maintenant ! On est désolés, M. Bouazza, c’est tout ce qu’on peut faire. »
La façon qu’ils m’ont démonté, les sévices qu’ils m’ont fait, et tout ce qu’ils font autour de ça pour faire croire que tout est légitime et que tout a été fait dans les règles ! Je suis au cachot depuis mardi et c’est seulement aujourd’hui dimanche qu’on me donne de quoi écrire !Mais on veut pas me donner de quoi me laver. On me donne pas à manger comme aux autres… soit-disant sur ordre de la direction. C’est hallucinant, les trucs qu’ils inventent pour justifier les actes odieux et injustes. En gros, les surveillants et une première surveillante – qui fait partie de ces gradés qui mentent et inventent souvent des choses pour me porter atteinte de façon récurrente ces temps-ci – se sont mis d’accord pour mentir ; pour dire que je les ai menacés de leur jeter des excréments et de l’urine avec les barquettes dans lesquelles on nous donne à manger. Donc l’ordre de la direction, c’est mettez un rapport d’incident pour ces menaces inventées à Bouazza, et nous, en tant que membres de la direction, on vous autorise à ne plus lui donner un repas normal en barquette. Donnez-lui seulement 4 petites portions individuelles de fromage avec un fruit le midi, et pareil le soir !
Et comme on m’a dit, le « repas de punition »,comme ils l’appellent ici, a été validé par le médical, Donc entre ces médecins, la diététicienne, et la direction ; et ça a été validé par note ministérielle. Je n’en crois pas un mot, mon frérot. C’est juste les affabulations et les mensonges de la première surveillante. Rien de plus. Car que ce soit au QI comme au cachot. Comment penser et croire que ceux qu’ont leur repas chaud, qui plus est et nourrissant, à base de légumes, de féculents, d’entrées, de viandes, de desserts, etc. …comment un tel repas complet, même s’il est souvent dégueulasse car mal cuit ou cuit à l’eau, sans sel ou sauce parfois, etc. … Comment un repas complet trouverait-il son équivalent nutritionnel dans quatre portions de fromage midi et soir ? Donc pour moi, plus de repas chauds nourrissants etc. Juste quatre portions individuelles genre « Vache qui rit », emmental, etc. et une baguette de pain. Est-ce légal ? Est-ce humain ? Apparemment oui, selon la gradée – et par ordre de la direction.
Est-ce légal ? Est-ce humain ?
Ils veulent même pas que j’aille au téléphone. Pourtant j’ai le droit d’y aller, mais ils inventent des trucs, ils disent que j’insulte, menace etc. …ce qui leur donne le droit, selon eux, de ne pas m’amener au téléphone. Comme ça, je ne mets pas mes soit-disant menaces à exécution. Pourtant, tu sais, frérot, qu’ils font souvent allusion à mes conversations téléphoniques ou à mes courriers. Ils savent que je peux, ou plutôt qu’au QD, je vais appeler que le week-end. Dejà qu’y a pas de médecin jusqu’à mercredi, ils me font pas aller au téléphone de tout le week-end pour éviter que je fasse venir un secours du dehors, sachant que ma tante taffe la semaine.
Sinon, ben, si vous avez toujours des avocats qui vous aident à L’Envolée, voyez si vous pouvez m’en envoyer un ici, à Vendin. Car faut que ça s’arrête, ce qu’ils me font ! Entre les coups, les mensonges, les abus de pouvoir, le fait qu’ils créent des incidents de toutes pièces pour me salir et me mettre au QD, et ensuite faire d’autres abus de pouvoir… Tout ça pour dire : « Nous, agents de l’AP, on n’a rien fait, voyez tous les rapports d’incident (mensongers)… Tout démontre que c’est le détenu et lui seul qui est fautif dans tout ça, que c’est le seul a avoir créé tout ça. Nous, on n’a rien fait, on est clean. » Bah oui ! j’en peux plus.
Ils m’ont poussé au suicide une fois déjà. Je recommencerai pas car c’est atroce. Mais ça veut pas dire qu’eux n’essaieront pas de me tuer. Et vu que j’ai essayé – poussé par eux -, si eux me tuent, ils diront : « Il avait déjà essayé, sauf que là, il s’est pas loupé ; la première fois, il s’était loupé. »
Portez-vous bien, tenez-vous mal ! Il fait 68 pages, et il a été envoyé à tou.te.s les abonné.e.s en cette fin de semaine. Pour les autres : L’Envolée n°52 est en vente à Paris (Quilombo) et à Toulouse (Terra Nova). Et peut-être en Bretagne, à Saint-É, Marseille, Lyon, Nice, Cherbourg, Lons le Saunier, Montréal… Contactez-nous : contact@lenvolee.net ou en nous écrivant au 1, rue de la solidarité 75019 Paris.
Actualisation janvier 2021 : le journal 52 a été interdit par la direction de l’administration pénitentiaire. Faites-nous signe si un·e de vos proches a du vivre des ‘bricoles’ parce que le journal faisait partie de ses affaires… Même si il ou elle a forcément reçu le canard des mains de l’AP.
* Suerte, l’ami ! * « Fais passer le yoyo », par No Name
LES PRISONS CONFINÉES... / 6-28 * Miradors d’une société toujours plus carcérale * Mutinerie d’Uzerche : l’Etat veut effacer l’historique * Carton écarlate à la MA de Seysses * Toujours privé·es de parloir * « A force d’être trop tôt pour eux… », par Philippe * « Je veux vous rendre hommage », par Cathy * Les prisons pour sans-papiers n’ont jamais fermé
* Brèves / 29 *Les culottes d’Éliane/ 30 * Un nouveau code pénal pour enfermer les enfants / 31
ISOLEMENT CARCÉRAL, TORTURE BLANCHE/ 32-39 * « Guide de survie contre l’isolement », par Mounir * Courriers de Bilal et Kémi * « Ici c’est le terminus », par L’Infâme * « Je veux juste voir le ciel », par Sam * Trans et prisonnières : double peine ! * « Arrivé au QD, ils m’ont mis à genou…», par Abderazzak
RÉVOLTES CONTRE LES PRISONS POUR SANS-PAPIERS / 45-47 * Février 2020 : incendie ravage au CRA de Vincennes * « On n’est pas libre quand on est privé de sa vie », par Carla * « Si tu chantes pas, tu manges pas », par une prisonnière du CRA du Mesnil-Amelot
PEINE DE MORT EN PRISON / 48-56 * Idir au mitard de Lyon-Corbas * Jaouad au mitard de Seysses * Khaled au QI de Villepinte * Mohammed au CRA de Vincennes * Sambaly à la centrale de Saint-Martin-de-Ré * L’AP s’acharne sur Jean-Christophe Merlet * Brèves / 57 CONTRE UNE VENGEANCE D’ETAT AU PROCÈS DES RÉVOLTES DE BEAUMONT-SUR-OISE/ 58-64
* À lire, à voir / 65
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L’Envolée publie des lettres de prisonniers et de prisonnières, des récits de procès et des analyses sur la société et ses lois. Depuis 20 ans, le journal prolonge le travail mené par des émissions de radio qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, hors du contrôle de l’administration pénitentiaire (AP). Le journal est réalisé par des ex-prisonnier.es ou des proches qui pensent qu’il est primordial de faire vivre une discussion entre intérieur et extérieur des murs. Les prisonniers décrivent leur quotidien, dénoncent leur conditions de détention, se battent contre l’enfermement sans que d’autres aient à parler à leur place. Une parole de prisonnier.e qui dénonce l’AP ou la justice, – qui plus est quand cette parole est collective – , n’a pas le droit de franchir les murs ! L’existence-même de cette parole dérange l’ordre des choses. L’Envolée se veut un porte-voix des prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait ; nous ne sommes ni des portes-paroles, ni même un syndicat de prisonniers. Nous faisons le pari que les mots nourrissent les luttes contre la justice et l’enfermement. Le journal s’inscrit dans l’histoire de la critique sociale abordée sous l’angle du droit et de la justice.
La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer. Prisons et justice servent principalement à enfermer la misère. L’enfermement carcéral joue un rôle social de repoussoir : il produit une peur nécessaire au maintien de cette société. Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors.
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