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  • Demande de mise en liberté par les prévenu.e.s : mode d’emploi

    Demande de mise en liberté par les prévenu.e.s : mode d’emploi

    Depuis la décision de la cour de cassation en juillet 2020, le juge de la liberté et de la détention (JLD) peut libérer des prévenus pour mettre fin à des conditions indignes de détention et un traitement inhumain : ce fut le cas pour un prisonnier de Nouméa, libéré le 12 octobre dernier. Il y a donc une petite occasion à saisir – on ne sait pas pour combien de temps encore.

    Pour être valable, il faut que la demande de mise en liberté (DML) soit posée par le prisonnier en détention provisoire lui-même. Dans cette DML, il faut prouver que les atteintes à la dignité humaine sont « crédibles, précises, actuelles et personnelles ». Vous devez donc prouver que vous subissez personnellement ce traitement inhumain. Comme il n’y a pas de définition officielle de ce que sont des « conditions indignes » et un « traitement inhumain », c’est à vous de décrire ce que vous subissez. Voici quelques éléments qui ne sont pas exhaustifs : moins de 3,4 m² par prisonnier en cellule, présence de matelas au sol, pas d’accès à l’air, temps trop long passé en cellule, manque d’accès à la lumière directe, manque d’accès au soins, insalubrité de la cellule, absence d’intimité pour aller aux toilettes, etc. Il vous faudra compléter la description de ces conditions de détention avec des preuves confirmant vos affirmations. Il faut donner le plus d’éléments tangibles pour prouver ces faits. Il peut s’agir de photos, par exemple. Mais il peut aussi s’agir de rapports du contrôleur général des lieux de privation de liberté sur l’état de la prison où vous êtes enfermés, ou de décisions de justice qui auraient préalablement condamné cet établissement. Le JLD engagera ensuite les démarches pour confirmer ou non cette situation.

    Voici un exemple de lettre type (établie avec un avocat). Complétez ce qui correspond à votre situation particulière. Ecrivez au chef de détention afin de pouvoir aller déposez la DML au greffe, qui la transmettra au JLD. Soyez le plus précis possible. Vous trouverez ici aussi une liste de décisions qui concernent certaines prisons que vous pouvez citer pour appuyer votre demande.

    Madame, Monsieur,

    Par la présente, je demande ma remise en liberté, étant actuellement enfermé dans des conditions inhumaines et dégradantes, sur le fondement de la décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation, arrêt n°1400 du 8 juillet 2020 (20-81.739)

    Je suis enfermé à [établissement pénitentiaire] depuis le [date], soit depuis [X] mois. Dans cet établissement, j’ai occupé les cellules [X]. J’occupe actuellement la cellule n° [X].

    Taille de la cellule : Celle-ci mesure selon moi environ [X] m². Cet espace est toutefois réduit par le mobilier qui s’y trouve, à savoir [X]. Depuis le [X], nous sommes [X] dans cette cellule. Nous avons donc chacun un espace personnel très réduit, ce qui nous oblige à [exemples de conséquences : impossibilité d’être debout tous en même temps dans la cellule, obligés de rester sur les lits quand un des occupants veut se déplacer dans la cellule, quelqu’un dort par terre, etc.]

    État de la cellule : Cette cellule, comme le reste de la prison, est par ailleurs vétuste, sale et mal entretenue. [décrire la cellule : humidité, peinture qui s’écaille, rouille, chauffage défaillant, etc.]

    Ouverture : La seule ouverture sur l’extérieur est la fenêtre qui mesure environ [X]. On a du mal à aérer et la lumière naturelle n’entre pas suffisamment. [précisez le nombre de grilles, la présence de caillebotis, etc.] Du coup, on est obligé de laisser le plafonnier tout le temps allumé pour voir quelque chose.

    Toilettes : [décrire : état d’entretien, cloison, rideau de séparation, proximité avec les lieux de prise de repas, etc.]

    Temps passé en cellule : Je n’ai la possibilité de sortir de ma cellule que pour [décrire et donner le temps]. Donc, je subis ces conditions de détention [nombre d’heures] sur 24.

    Mes propos sont corroborés par la décision [n° X de la décision de condamnation] de [nom de l’instance daté de la décision] et/ou par le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté [n° de la décision] daté du [date de la décision].

    Compte tenu de ces conditions de détention inhumaines et dégradantes, je vous demande de me remettre en liberté. Je peux d’ailleurs être hébergé à l’extérieur chez [X].

    Liste des prisons françaises déjà condamnées pour conditions indignes de détention :
    CP de Baie-Mahault : TA de Basse-Terre, 16 mars 2018, n° 1800020
    CP de Ducos : CAA Bordeaux, 17 février 2015, n° 14BX01991
    CP de Faa’a-Nuutania : TA Ref. Polynésie française, 21 janvier 2016, n° 1500662
    CP de Liancourt : CAA Douai, 15 juin 2010, n°09DA00256
    CP de Nouméa-Camp Est : TA Nouvelle-Calédonie, 10 octobre 2013, n° 1200341
    CP d’Orléans-Saran : TA Orléans, 3 juin 2014, n° 1300257
    CP de Rémise-Montjoly : CAA Bordeaux, 4 octobre 2011, n° 10BX03217
    MA d’Amiens : CAA Douai, 1er juillet 2010, n° 10DA00079
    CP de Saint-Quentin-Fallavier : CEDH, 10 novembre 2011, Plathey c. France, n° 48337/09
    MA d’Angers : TA Nantes, 29 septembre 2015, n° 1400842
    MA de Besançon : TA Besançon, 23 février 2012, n° 1101344
    MA de Caen : TA Caen, 6 novembre 2012, n° 1200277
    MA de Basse-Terre : TA Ref. Basse-Terre, 17 octobre 2014, n° 1400536
    MA de Bois D’arcy : CAA Versailles, 5 juin 2015, n° 11VE03158
    MA de Cherbourg : TA Caen, 26 juin 2014, n° 1100895
    MA de Clermont-Ferrand : CAA Lyon, 31 mars 2016, n° 10LY01546
    MA de Coutances : TA Caen, 7 avril 2016, n° 1500038
    MA de Douai Cuincy : TA Lille, 6 novembre 2014, n° 1204493
    MA de Dunkerque : TA Lille, 18 janvier 2012, n° 1005824, n°1006267
    MA de Fleury-Mérogis : Conseil d’État, 30 décembre 2014, n° 364774
    MA de Fresnes : TA Melun, 28 avril 2017, n° 1703085
    MA de Grenoble-Varces : TA Grenoble, 30 avril 2014, n° 1103756
    MA de La Roche-sur-Yon : TA Nantes, 12 janvier 2012, n° 1100598
    MA de Marseille-Baumettes : Conseil d’État, 22 décembre 2012, Section française de l’Observatoire international des prisons, n° 364584
    MA de Mulhouse : TA Strasbourg, 3 juillet 2013, n° 1102199
    MA de Nanterre : TA Versailles, 8 juillet 2011, no 0910656
    MA de Nantes-Carquefou : CAA Nantes, 10 avril 2014, n° 13NT00633
    MA de Nîmes : Conseil d’État, 30 juillet 2015, Section française de l’Observatoire international des prisons, n° 392043
    MA de Reims : TA Châlons-en-Champagne, 24 mars 2015, n° 1301527
    MA de Rouen : CAA Douai, 10 juillet 2012, n° 11DA01405
    MA de Saint-Brieuc : TA Rennes, 28 novembre 2014, n° 1302079
    MA de Saint-Étienne La Talaudière : TA Lyon, 25 septembre 2018, n° 154125.
    MA de Paris la Santé : CAA Paris, 12 janvier 2012, n° 11PA01590
    MA de Tours : TA Ref. Orléans, 14 juin 2012, n° 1200333
    MA de Valenciennes : CAA Ref. Douai, 7 janvier 2013, n° 12DA01478
    CP de Baie-Mahault, CP de Ducos, CP de Faa’a-Nuutania, MA de Fresnes, MA des femmes de Nice, MA de Nîmes : Cour européenne des droits de
    l’homme pour conditions indignes de détention (arrêt J.M.B. et autres c. France, 30 janvier 2020)
    MA de Fleury-Mérogis : CEDH, 21 janvier 2011, Payet c. France, n° 19606/08
    MA de Nancy-Charles III : CEDH, 25 avril 2013, Canali c. France, n° 40119/09.

    Vous pouvez aussi vous appuyez sur les rapports du Controleur Général des Lieux de Privation de Libertés : tous les rapports sont disponibles à la suite de ce lien. S’il y a plusieurs rapports, on vous conseille de prendre le plus récent.

    Nouveauté importante, cf émission du 27 novembre :

    « La description très générale des conditions très dégradées de détention (en l’occurrence, Fresnes) suffit à contraindre la chambre de l’instruction, saisie en appel d’un refus de DML, à effectuer des vérifications complémentaires pour apprécier le caractère crédible, précis et actuel de cette description. On ne peut exiger du détenu qu’il démontre le caractère indigne de ses conditions personnelles de détention, ni leur incidence sur sa santé »

    Cass. Crim., 25 nov 2020 , n°20-84.886, dispo sur le site de la cour de cassation

  • Lettre de l’Infâme – Révoltes et répression au CRA de Lyon – Le journal n°52 est sorti !

    Lettre de l’Infâme – Révoltes et répression au CRA de Lyon – Le journal n°52 est sorti !

    Emission de l’Envolée du 20 Novembre 2020 ·

    • Lettre de l’Infâme, agressé par des matons à la centrale de Vendin-le-Vieil
    • Lettre de Laurent Jacqua
    • Taoufik est mort à la prison de Perpignan et sa famille ne l’a appris qu’un mois plus tard par un codétenu en perm’ ! Cagnotte en ligne pour soutenir la famille.
    • En HP (Hôpitaux Psy) comme en CRA (Centre de Rétention), les audiences devant le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) se font de plus en plus en visio, voire sur simple consultation du dossier.
    • Prisons pour sans-papiers : Lecture du témoigagne de X., prisonnier au CRA de Lyon-Saint Exupéry, paru sur crametoncralyon.noblogs.org. Retour sur la grève de la faim au CRA de Vincennes.
    • Brèves : incendie de cellule à Condé sur Sarthe, Nanterre condamnée pour conditions indignes de détention

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • COVID-1984

    COVID-1984

    LA PEUR EST L’ARME LA PLUS PUISSANTE ET LA PLUS EFFICACE POUR OBTENIR LA SOUMISSION

    LETTRE D’UN PRISONNIER ·

    Depuis des mois, les citoyens de ce pays vivent dans un système liberticide. Il ne faut pas se demander pourquoi, mais comment ils en sont arrivés là. Car ce qui importe, c’est la méthode qui a amené à ce résultat. En effet, pandémie et attentats sont les deux outils qui ont permis ce basculement brutal de la société et des libertés dans un régime ressemblant de façon troublante à un système carcéral. Au fond, la main-basse de l’idéologie du « tout-sécuritaire » sert une cause bien plus obscure que celle d’une société soit-disant protectrice et bienveillante vis-à-vis de ses citoyens face à une pandémie. Les états d’urgence – sanitaire et attentats – que nous vivons actuellement ne sont que des prétextes opportuns pour mieux assoir le pouvoir de la classe dirigeante ; pour transformer, avec succès, notre pays en un État policier et militaire. D’une certaine manière, nous leur avons laissé carte blanche, par une forme de consentement volontaire, pour mater toute protestation ou opposition à l’instauration de ce régime totalitaire que nul n’a le droit de contester aujourd’hui. Lorsqu’un pays est dirigé fermement par des lois, décrets ou règlements, toutes aussi liberticides les unes que les autres, lorsque les citoyens sont soumis à une autorité sans autre forme d’opposition ou de débat politique, c’est que nous sommes déjà dans une forme de dictature qui ne veut pas dire son nom. La peur est l’arme la plus efficace pour obtenir la soumission, voire même l’adhésion de tout un peuple. Ainsi, par un effet presque naturel, on neutralise toute rebellion ; et si cela ne suffit pas, la machine répressive se met en route par la dissuasion : amendes, sanctions, menaces, culpabilité, opprobre… incitant les derniers récalcitrants à baisser la tête.

    Cette pression et ce contrôle social se sont mis en place en quelques années selon une stratégie et un agenda bien réfléchi ; cela a juste été accéléré en quelques mois par la CoVid-19. Mais le véritable commencement de cette transition vers un régime autoritaire, outre la mise en place de Vigipirate en 1995 et autres états d’urgences et les lois liberticides votées durant les années qui suivirent, débute avec l’épisode du soulèvement des gilets jaunes, qui a été le premier vrai basculement vers un État qui utilise sans complexe la répression et de la violence policière  pour briser un mouvement populaire. Car le gouvernement de l’époque, face à la puissance de ce mouvement, a tremblé et compris qu’il fallait agir et se donner les moyens pour que cela ne se reproduise plus.

    Le premier confinement de mars 2020 a été une véritable expérience pour le pouvoir : cinquante-cinq jours d’enfermement total à l’échelle d’une nation sans aucune protestation… c’est là qu’ils ont pris conscience – non sans  surprise – qu’ils pouvaient agir sur nos libertés fondamentales avec une facilité déconcertante grâce aux chocs provoqués par l’épidémie et la peur. Quels outils fantastiques ! Quelle victoire de voir la soumission de toute une population. Cela leur a ouvert des possibilités infinies sur un changement total de notre regime, et ils ne se sont pas privés d’en abuser ; et ainsi, de transformer le pays en système carcéral. C’est sans précédent. La liberté a quasiment disparu pour être remplacée par un système  autoritaire et dominateur qui gère les citoyens comme on gère  la population pénale. Confinement, couvre-feu, parloirs dans les Ehpad, promenade soumise à autorisation, entrave à la liberté d’aller et venir, surveillance policière, toute manifestation, regroupement ou réunion interdites, privation des lieux et activités culturelles, plus de liberté d’expression, port du masque obligatoire adulte et enfant, fermeture administrative de commerces… Toutes ces injonctions autoritaires, vous ne les trouvez que dans un seul lieu : La prison !

    Nous sommes aujourd’hui dans une société qui applique un véritable modèle carcéral, et le pouvoir et ses sbires se comportent comme s’ils dirigeaient un établissement pénitentiaire. Lois, décrets, règlements : plus de place au bon sens, à la concertation ou à l’intelligence… Le système applique des règles, des méthodes, parfois absurdes, à tous sans aucun discernement, sans réflexion ni recul sur la situation. Le pays est aux mains de fonctionnaires, véritables matons, qui obéissent et appliquent la loi de façon aveugle et froide. Nos libertés individuelles sont entravées sans que nous puissions agir : c’est la définition même de ce qu’est un prisonnier. Ils nous persuadent, avec la complicité de médias aux ordres, que l’abandon de nos libertés est la seule solution pour s’en sortir ; le mécanisme est si efficace que plus rien ne les arrêtera. Cela est bien plus grave que la Covid-19 ou quelques attentats. Les citoyens subissent un enfermement et une privation de liberté, et ils ont accepté leurs propres chaînes sans réagir car on leur a fait croire que c’était pour le bien commun et l’intérêt général du pays.

    Non ! Tout cela n’est qu’un leurre. Covid-19, attentats, état d’urgence, chocs, peurs… ne sont que des leviers providentiels pour faire basculer la société dans une sorte de néodictature dite « intelligente », puisque masquée par une démocratie de façade. 

    Que vous le vouliez ou non nous sommes tous des prisonniers et le pays une prison. 


    Laurent Jacqua

  • Des nouvelles de la Maison d’Arrêt pour Femmes des Baumettes

    Des nouvelles de la Maison d’Arrêt pour Femmes des Baumettes

    Durant toute la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, à partir de 23h, les ERIS (Équipes régionales d’intervention et de sécurité) de Marseille sont intervenues pour une fouille sectorielle surprise au sein de la MAF (maison d’arrêt pour femmes) des Baumettes.

    Les membres cagoulés et lourdement armés de ce « GIGN de la pénitentiaire » ont fait subir à des prisonnières un traitement dégradant en leur demandant de se dénuder entièrement sous leurs yeux. Tout en les exposant à leurs regards, les autorités ont férocement procédé à la fouille en saccageant plusieurs cellules, perçant les sachets de nourriture, répandant au sol les vêtements, insultant les prisonnières. Le prétexte avancé par l’administration pénitentiaire (AP) pour cette intervention violente et humiliante serait la lutte contre le terrorisme en prison.

    De fait, ces violences servent avant-tout à intimider les prisonnières que l’AP juge trop « radicalisées ». À cela s’ajoutent les nouvelles conditions imposées par l’AP depuis plusieurs mois : impossibilité de cantiner du tabac, distribution de masques aux prisonnières seulement à partir de mi-octobre, UVF (Unités de visite familiale) et activités supprimées, stricts protocoles sanitaires (parloirs hygiaphones, vitres en plexiglas, etc.) mais réduction des temps de parloir. Plein de salles de parloir sont pourtant vides. Des prisonnières ont organisé collectivement des refus de remonter de promenade ces derniers jours, protestant contre des coupures d’eau arbitraires, et ont été pour cette raison transférées au QI (quartier d’isolement).

    Comme ces événements le prouvent, la répression liée aux états d’urgence dehors est amplifiée à l’intérieur.

    Force et soutien aux prisonnières de la MAF !

  • Présentation de la loi « sécurité globale » · Acharnement de l’AP à Arles sur Romain

    Présentation de la loi « sécurité globale » · Acharnement de l’AP à Arles sur Romain

    Emission de l’Envolée du 13 Novembre 2020 ·

    • Fouilles et punitions collectives à la MAF des Baumettes, des prisonnières racontent.
    • La nouvelle loi « Sécurité globale » : floutage de gueules de flics, menaces sur les remises de peine, plus de moyens pour les sécurités privées. Appel de F. pour présenter la loi et essayer de la décrypter.
    • Les matons d’Arles s’acharnent sur Romain. Plus de quatre ans après sa prise de parole à la prison de Valence, l’AP continue de lui faire payer. Une proche appelle pour raconter les humiliations et dénoncer les conditions de parloirs imposées.
    • Suite des fouilles et agressions à la prison pour sans papier du Mesnil Amelot.
    • Jusqu’en août, l’AP peut transférer des prisonnier.ères comme elle le veut pour mesure sanitaire !
    • Une brèche légale de quelques semaines : les Demandes de Mise en Liberté pour les prévenus ne peuvent plus se faire en visioconférence. Si la personne n’est pas présentée au juge physiquement, elle doit être libérée.

    « Durant toute la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, à partir de 23h, les ERIS (Équipes régionales d’intervention et de sécurité) de Marseille sont intervenues pour une fouille sectorielle surprise au sein de la MAF (maison d’arrêt pour femmes) des Baumettes.

    Les membres cagoulés et lourdement armés de ce « GIGN de la pénitentiaire » ont fait subir à des prisonnières un traitement dégradant en leur demandant de se dénuder entièrement sous leurs yeux. Tout en les exposant à leurs regards, les autorités ont férocement procédé à la fouille en saccageant plusieurs cellules, perçant les sachets de nourriture, répandant au sol les vêtements, insultant les prisonnières. Le prétexte avancé par l’administration pénitentiaire (AP) pour cette intervention violente et humiliante serait la lutte contre le terrorisme en prison.

    De fait, ces violences servent avant-tout à intimider les prisonnières que l’AP juge trop « radicalisées ». À cela s’ajoutent les nouvelles conditions imposées par l’AP depuis plusieurs mois : impossibilité de cantiner du tabac, distribution de masques aux prisonnières seulement à partir de mi-octobre, UVF (Unités de visite familiale) et activités supprimées, stricts protocoles sanitaires (parloirs hygiaphones, vitres en plexiglas, etc.) mais réduction des temps de parloir. Plein de salles de parloir sont pourtant vides. Des prisonnières ont organisé collectivement des refus de remonter de promenade ces derniers jours, protestant contre des coupures d’eau arbitraires, et ont été pour cette raison transférées au QI (quartier d’isolement).

    Comme ces événements le prouvent, la répression liée aux états d’urgence dehors est amplifiée à l’intérieur.

    Force et soutien aux prisonnières de la MAF !« 


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, sur Canut à Lyon et environs au 102.2 les samedis à 14h pendant tout le reconfinement et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Communiqué du CRA de Vincennes · Comment se rendre au parloir ? · Contre une vengeance d’État aux assises de Pontoise · Procès des matons de Varces accusés de trafic

    Communiqué du CRA de Vincennes · Comment se rendre au parloir ? · Contre une vengeance d’État aux assises de Pontoise · Procès des matons de Varces accusés de trafic

    Émission de l’Envolée du 6 novembre 2020 ·

    Au menu :

    • Actualité des prisons confinées : contrairement à mars dernier,  pas de fermeture globale des parloirs… pour l’instant : le nouveau ministre des tribunaux et des prisons craint l’émeute / Pour se rendre au parloir cocher la case : « motif familial impérieux » ;  joindre si possible des preuves de l’incarcération de votre proche ;  rappeler la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 qui a consacré le droit au maintien des liens familiaux par l’exercice des visites et invoquer la circulaire du 20 février 2012 relative au maintien des liens extérieurs des personnes détenues : « Les visites concernent […] l’exercice d’un droit fondamental, celui du droit à la vie familiale, protégé par l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales » / En cas d’amende : nous contacter, nous ferons suivre à des avocats qui contesteront gratuitement.
    • Contre une vengeance d’État aux assises de Pontoise : cinq personnes devaient être jugées pour tenter de solder le mouvement de révolte qui a suivi la mort d’Adama Traoré à Beaumont-sur Oise en 2016. Le procès est reporté (Lien texte).
    • « Matons trafiquants » à Varces : retour en long sur un procès.

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Mouvement collectif à la prison de Bapaume · Le reconfinement dans les taules · Violences policières au CRA de Mesnil Amelot

    Mouvement collectif à la prison de Bapaume · Le reconfinement dans les taules · Violences policières au CRA de Mesnil Amelot

    Emission de l’Envolée du 30 Octobre 2020 ·

    Lecture d’une Lettre d’une personne enfermée en psychiatrie à Eau Vive

    Mouvement collectif de prisonniers à la prison de Bapaume : des prisonniers sur les toits demandent la fin des violences au mitard et la fin de l’isolement en détention… Déjà plusieurs transferts disciplinaires.

    Le reconfinement en prison : des parloirs jamais revenus et déjà refermés dans plein de taules, bien que le ministre ait dit qu’ils étaient maintenus. Quelles attestations pour aller en parlu ? Ecrivez nous si vous prenez des prunes sur la route!

    Prison pour sans papier : Retour sur la lutte au CRA du Mesnil Amelot depuis une semaine, et la répression depuis (agression pendant une fouille à nu et refus de médicaments). Voir aussi les communiqués et témoignages sortis sur abaslescra.noblogs.org

    Expulsions en masse au CRA de Vincennes

    Des nouvelles de la lutte en cours au centre de rétention de Marseille : communiqué des prisonniers:

    Nous sommes actuellement plusieurs personnes, dont des pères de familles dont les enfants résident en France, à être « retenus » au Centre de Rétention du Canet à Marseille. Nous souhaitons alerter la population sur nos conditions de rétention en cette période d’épidémie de Covid-19, ainsi que sur l’iniquité de cette rétention, alors même que les frontières internationales sont fermées et que toute expulsion sera donc impossible.

    La plupart d’entre nous sont des personnes qui ont effectué toute leur scolarité en France et ont obtenus des diplomes français, qu’il s’agisse du CAP, du BEP, ou même du BAC.

    Moi-même, M. Ayari Lotfi, suis arrivé en France en 1992, à l’âge de 2 ans. J’ai grandi auprès des services de l’aide sociale à l’enfance. Aujourd’hui, cela fait 30 ans que je réside en France.
    Etant arrivé avant mes 13 ans et étant depuis plus de 20 ans sur le territoire, je devrai être protégé par certains articles de lois. Pourtant, la justice française m’a délivré une ITF, une intrediction du territoire français, pendant 5 ans. Contre cette ITF, j’ai lancé un reccours au TGI de Nîmes il y a plus d’un an. Et je n’ai toujours pas d’audience. C’est inadmissible. Les autorités compétentes ont dit à mon avocate que je n’étais pas une priorité. Ce qui paradoxallement ne les empêche pas de vouloir m’expulser. C’est à n’y rien comprendre. Je suis donc retenu au Centre de Rétention du Canet depuis le 29 aôut, soit plus de 25 jours. Le temps est long et le climat anxiogène.

    Nous sommes nombreux à nous sentir en détresse à l’heure actuelle entre ces murs. Nous vivons avec la peur du virus en permanence. Certains retenus sont arrivés au centre de rétention porteur du virus. Certains surveillants ont également été testés positifs au Covid-19 tout en continuant à travailler. Par trois fois il y a eu des débuts de contaminations générale dans le centre de rétention. Pourtant aucune mesure n’est prise pour nous protéger.

    Deux personnes sont également actuellement extrêmement malades. L’un des deux, un père de famille de 5 enfants, a subi deux infarctus. A la suite de chacune de ces crises cardiaque, cette personne a été conduite à l’hopital, puis de nouveau rammenée au centre de rétention. Les faits sont graves et cela fait peur. L’autre personne est un jeune adulte de 20 ans qui est épileptique. Ces deux personnes sont installées depuis longtemps en France. Ils ont de la famille, un hébergement stable. Ces personnes n’ont selon nous rien a faire ici et devraient être libérées.

    Mais il y a plus grave encore. Le 28 octobre, à 20h, monsieur le président de la république a fait une allocution en relation avec l’épidémie de Covid-19. Dans cette allocution il précise que TOUTES les frontières seront fermées à l’international. Il affirme que tous les établissements qui ne sont pas indispensables seront également fermés. Puisqu’aucune expulsion ne peut être réalisée, et puisque les établissements non-indispensables doivent fermer, pourquoi garde t-on les Centre de Rétention ouverts ?

    Nous, les retenus, nous savons que nous coûtons beaucoup d’argent. Nous savons que cet argent est celui des contribuables. Des contribuables qui parfois sont nos parents. Les miens par exemple, qui payent leurs impôts depuis plus de 20 ans en France. Nous pensons que cet argent pourrait être utilisé plus intelligemment à l’heure actuelle, plutôt que de servir à enfermer des gens en attente d’une expusion qui n’aura vraissemblablement pas lieu, puisque les frontières seront fermées jusqu’au 1er Décembre.

    Nous sommes pour l’instant 42 détenus à avoir signé ce communiqué. Nous esperons être rapidement plus nombreux.

    Nous en appelons aux solidarités depuis l’exterieur pour diffuser ce communiqué et nous soutenir dans nos revendications et notre lutte.

    M. Ayari Lotfi et 41 autres détenus.

    Ecrivez nous pour nous raconter le reconfinement à l’intérieur et pour les proches


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • DML pour « conditions indignes » · Violences de matons à Bapaume · Manif au CRA de Vincennes

    DML pour « conditions indignes » · Violences de matons à Bapaume · Manif au CRA de Vincennes

    Émission de l’Envolée du Vendredi 16 Octobre 2020 ·
    • Conseil : faire des demandes de mises en liberté pour « conditions indignes » pour les prisonnier·e·s en détention provisoire avant que le gouvernement ne sorte une loi en mars 2021 qui risque d’annuler l’arrêté de la cour européenne : il faut submerger les tribunaux de DML, secouez vos baveux !
    • Lettre d’Abderrazak Djefour (voir en dessous) qui dénonce les actes des matons à la prison de Bapaume et témoignage de sa soeur.
    • Des nouvelles de Michel Carrincote, lui aussi enfermé à Bapaume, prisonnier handicapé et maltraité par l’administration en plus d’être privé de soin. A quand la suspension de peine ?
    • Parloir sauvage devant la prison pour sans papier de Vincennes l’après-midi même : plus de 200 personnes, des feux d’artifice et deux heures de cris pour échanger avec les prisonniers enfermés à l’intérieur. Les deux personnes dont on parle dans l’émission ont depuis été libérées.
    • Alors que la justice a finalement relevé l’AP de l’obligation de fournir des masques aux prisonniers de Seysses (voir émission d’il y a deux semaines), plusieurs prisonniers de la Maison d’arrêt ont été testés positifs cette semaine. A Fresnes aussi, au moins dans deux bâtiments, des prisonniers ont été testés positifs. Clusters à Fresnes et Seysses : bâtiment en quatorzaine et parloirs annulés.
    • Retour sur la marche blanche organisée le week dernier jusqu’au centre de détention de Lyon-Corbas avec plus de 150 personnes par le collectif « Idir Espoir et Solidarité ».
    • Retour sur le zbeulage de l’enquête publique sur la construction d’une nouvelle prison à Tremblay, lecture du petit texte lu là-bas par les intrus

    Crève la taule !

    Lettre d’Abderrazak Djefour, prisonnier à Bapaume

    Bonjour,

    je vous écrit car j’ai des problèmes dans cette prison. Cela fait 8 mois que je suis ici à Bapaume, que je demande du travail, des formations pour me réinsérer… J’ai toujours des réponses négatives et pour aucune raison. Alors que moi j’ai l’envie de travailler ou de faire quelque chose bien en prison.

    Ils me changent de cellule à chaque fois pour rien, ils me font plusieurs fois la fouille alors que je n’ai rien à me reprocher et ils ne trouvent rien. Les surveillants continuent de persister, et à force, je prend cela pour de l’acharnement ! Le dernier incident en date, j’étais en promenade, je faisais mon sport tranquillement dans mon coin, j’embête personne, lorsque je remonte en cellule, je retrouve une serviette que j’avais mise à la fenêtre pour protéger du froid, je la retrouve donc, mais toute déchirée. Je suis alors parti demander aux surveillants « mais qui a fait ça ? »Il m’a répondu que c’est le capitaine « Azzaoui » qui se serait défoulé. Je suis donc retourné en cellule, ils m’ont enfermé… toujours sans raison !! « à cause d’une serviette ».
    C’est ensuite qu’ils sont arrivés en force à dix (alors que aucune raison ne leur donnait droit à user de la force), ils m’ont menotté et étranglé pour rien car j’étais innofensif ! Suite à ça, et donc toujours sans raison, ils décident de me ramener à la C (bâtiment fermé). Suite à ces incidents, l’énervement qui montait de toutes parts, je me suis lamé tout le corps de la tête aux pieds. Je l’ai fait car je ne savais pas quoi faire face à toutes leurs violences, provocations et leurs abus de pouvoirs. Le capitaine Azzaoui est revenu avec ses collègues, ma cellule était pleine de sang, je demandais alors le médical. Mais il a donné l’ordre de me plier, de me menotter et de m’étrangler sans pouvoir voir un médecin. Ensuite, je suis arrivé au QD, ils m’ont mis à genoux et m’ont laissé nu, toujours sans médecin (alors que j’en faisais l’appel). Ils sont violents. Je ne sais plus quoi faire ! Le 1er incident, c’était à la A, avec le chef. J’étais malade, l’autre capitaine m’a fermé la porte sans raison… Je me suis lamé parce qu’ils me poussent à bout, me provoquent, et de ça, leur sanction a été de 20 jours au QD…. J’ai passé trois ans et demie à Sequedin, j’ai jamais eu de problème, ni avec les surveillants ni avec les détenus. Dans cette prison, ils provoquent, ils me poussent à bout et je m’autodétruit à cause d’eux.
    Une fois, j’ai eu parloir avec ma sœur, qui habite à Paris, à 250 km d’ici. Ma sœur attendait en salle d’attente, à l’heure des rentrées de parloirs, ma sœur avance donc voulant entrer, et là, ils lui refusent son accès au parloir, et ils disent qu’elle était en retard alors qu’elle était en salle d’attente avec les autres familles ! Et ils ont pas vu… Ensuite ma sœur est partie les voir en demandant qu’elle était la raison, ils lui ont dit « retard », ma sœur leur a alors dit de regarder les caméras car il y a erreur, elle était bien là, et de là, ils ont décidé de nous suspendre le parloir trois mois !! Sans vérifier les caméras, sans investigations, sans motif… !


    Moi, je ne parle pas bien le français , ils me provoquent, me poussent à boût… Je n’ai jamais demandé à venir ici à Bapaume, mais j’avais demandé Laons ou Longuenesse. C’est le lieutenant de Sequedin qui a mis le 3ème choix Bapaume de lui-même.

    S’il vous plait, je demande un transfert en urgence car j’estime que ma vie est en danger ici.

    Dans l’attente d’une réponse de votre part,

    Abderrazak

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Lettre d’Abderrazak Djefour, prisonnier à Bapaume

    Lettre d’Abderrazak Djefour, prisonnier à Bapaume

    JE DEMANDE UN TRANSFERT EN URGENCE CAR J’ESTIME QUE MA VIE EST EN DANGER ICI.

    Bonjour,

    je vous écrit car j’ai des problèmes dans cette prison. Cela fait 8 mois que je suis ici à Bapaume, que je demande du travail, des formations pour me réinsérer… J’ai toujours des réponses négatives et pour aucune raison. Alors que moi j’ai l’envie de travailler ou de faire quelque chose bien en prison.

    Ils me changent de cellule à chaque fois pour rien, ils me font plusieurs fois la fouille alors que je n’ai rien à me reprocher et ils ne trouvent rien. Les surveillants continuent de persister, et à force, je prend cela pour de l’acharnement ! Le dernier incident en date, j’étais en promenade, je faisais mon sport tranquillement dans mon coin, j’embête personne, lorsque je remonte en cellule, je retrouve une serviette que j’avais mise à la fenêtre pour protéger du froid, je la retrouve donc, mais toute déchirée. Je suis alors parti demander aux surveillants « mais qui a fait ça ? »Il m’a répondu que c’est le capitaine « Azzaoui » qui se serait défoulé. Je suis donc retourné en cellule, ils m’ont enfermé… toujours sans raison !! « à cause d’une serviette ».

    C’est ensuite qu’ils sont arrivés en force à dix (alors que aucune raison ne leur donnait droit à user de la force), ils m’ont menotté et étranglé pour rien car j’étais innofensif ! Suite à ça, et donc toujours sans raison, ils décident de me ramener à la C (bâtiment fermé). Suite à ces incidents, l’énervement qui montait de toutes parts, je me suis lamé tout le corps de la tête aux pieds. Je l’ai fait car je ne savais pas quoi faire face à toutes leurs violences, provocations et leurs abus de pouvoirs. Le capitaine Azzaoui est revenu avec ses collègues, ma cellule était pleine de sang, je demandais alors le médical. Mais il a donné l’ordre de me plier, de me menotter et de m’étrangler sans pouvoir voir un médecin. Ensuite, je suis arrivé au QD, ils m’ont mis à genoux et m’ont laissé nu, toujours sans médecin (alors que j’en faisais l’appel). Ils sont violents. Je ne sais plus quoi faire ! Le 1er incident, c’était à la A, avec le chef. J’étais malade, l’autre capitaine m’a fermé la porte sans raison… Je me suis lamé parce qu’ils me poussent à bout, me provoquent, et de ça, leur sanction a été de 20 jours au QD…. J’ai passé trois ans et demie à Sequedin, j’ai jamais eu de problème, ni avec les surveillants ni avec les détenus. Dans cette prison, ils provoquent, ils me poussent à bout et je m’autodétruit à cause d’eux.

    Une fois, j’ai eu parloir avec ma sœur, qui habite à Paris, à 250 km d’ici. Ma sœur attendait en salle d’attente, à l’heure des rentrées de parloirs, ma sœur avance donc voulant entrer, et là, ils lui refusent son accès au parloir, et ils disent qu’elle était en retard alors qu’elle était en salle d’attente avec les autres familles ! Et ils ont pas vu… Ensuite ma sœur est partie les voir en demandant qu’elle était la raison, ils lui ont dit « retard », ma sœur leur a alors dit de regarder les caméras car il y a erreur, elle était bien là, et de là, ils ont décidé de nous suspendre le parloir trois mois !! Sans vérifier les caméras, sans investigations, sans motif… !

    Moi, je ne parle pas bien le français , ils me provoquent, me poussent à boût… Je n’ai jamais demandé à venir ici à Bapaume, mais j’avais demandé Laons ou Longuenesse. C’est le lieutenant de Sequedin qui a mis le 3ème choix Bapaume de lui-même.

    S’il vous plait, je demande un transfert en urgence car j’estime que ma vie est en danger ici.

    Dans l’attente d’une réponse de votre part,

    Abderrazak

    Lettre lue à l’antenne le 16 octobre 2020

  • Idir est mort au mitard de Lyon-Corbas : sa famille exige la vérité. « En France on n’assassine pas, on bavure ! » (Abdel Hafed Benotman)

    Idir est mort au mitard de Lyon-Corbas : sa famille exige la vérité. « En France on n’assassine pas, on bavure ! » (Abdel Hafed Benotman)

    Le mercredi 9 Septembre 2020, à deux semaines de sa sortie, l’administration pénitentiaire apprend à la famille d’Idir que celui-ci a été retrouvé pendu dans sa cellule au quartier disciplinaire de la prison de Lyon-Corbas.

    La famille ne croit pas qu’Idir,  22 ans,  bientôt libre, se soit suicidé. Nous non plus. Nous savons la pénitentiaire abonnée au classique, tragique et mensonger « suicide » et qui plus est cette prison et son mitard sont tristement connus pour des faits similaires.

    Le témoignage d’un prisonnier est venu confirmer qu’Idir ne s’était pas pendu. L’AP a bien tenté d’étouffer ce témoin en lui collant 90 jours de mitard mais étant obligés de l’extraire tous les 30 jours, il a pu à cette occasion raconter qu’Idir a bien été tué par les matons.

    Derrière ces « morts suspectes » en prison, suicide ou arrêt cardiaque,  il n’y a pas toujours une famille prête à se battre, et à mettre en cause la version officielle. Il n’y a pas toujours de témoignages directs de prisonniers car les jours de mitard, les transferts et la peur sont autant de bâtons dans les roues. Et quand il y a les deux il n’est vraiment pas simple que la famille et les témoins entrent en contact.

    Pour Idir tout est réunit, famille et témoins ensemble pour faire la lumière sur sa mort. Pourtant nous savons que le combat va être très long car le système pénitentiaire / justice est huilé pour se couvrir les uns les autres avec une efficacité redoutable. La famille a monté le collectif « Idir Espoir et Solidarité », et elle a organisé une marche blanche qui a réunit plus de 150 personnes jusqu’au centre de détention de Lyon-Corbas.

    « Ils l’ont tué et là ils sont en train de cacher les choses à tout le monde. »

    Témoignage sorti de la prison de Corbas le 8 Octobre:

    « Pour vous expliquer l’histoire d’Idir : il a fini au mitard. Il s’est embrouillé avec les hessess et la brigadière et à la fin ils lui ont fait une clef de bras, ils l’ont frappé, ils lui ont mis le genou sur le cou, il l’a pas supporté et il est mort. Et ils l’ont pendu à la fin pour cacher la vérité. Et voilà personne dit rien, tout le monde s’en bat.

    Je suis en direct de Corbas là, on est le 6 Octobre 2020. Et voilà ce qui s’est passé pour le petit Idir ça s’est passé au mitard. Il était avec Y., il est témoin lui. Il a voulu en parler à tout le monde. Tout le monde essaie de le cacher. Et là il est au mitard, il a pris plusieurs peines pour une brigadière. En fait ils étaient là-bas, ils faisaient un peu de bordel. Voilà ils criaient à la fenêtre, ils tapaient dans les portes. Et ils sont venus. Ils s’en sont pris d’abord à Y. Ils ont coupé l’eau et l’électricité aux deux. Ba voilà au bout d’un moment quand on a soif et qu’on est enfermé quelque part et qu’on a plus d’électricité et plus d’eau, bah ils ont été obligés de boire dans les toilettes. Et ils les ont insultés tout ça et tout.

    Et ils sont rentrés dans la cellote de Y. et ils l’ont défoncé. Ils ont fait leur truc de genou là. Et bah juste après le petit jeune là Idir, il l’appelait pour lui demander l’heure de la prière, de la salat. C’est pour dire c’était pas quelqu’un de suicidaire, c’est sûr à 100%. Et bah juste après il les a entendus aller dans leur cellote et ils l’ont frappé. Sauf qu’il a plus rien entendu après. Il l’a appelé, appelé. Il répondait plus. Ils l’ont tué et là ils sont en train de cacher les choses à tout le monde. Personne dit rien ici. Là quand il est sorti du mitard il en a parlé à tout le monde ici.

    Là faut faire passer le message. Inch allah comme nous on est puni, bah eux aussi ils paient ces –bip-. »

    « Trouvez-vous qu’être interdit d’eau et d’électricité pendant
    plusieurs jours est une manière de traiter un homme ? »

    Message de la mère d’Idir du 8 Octobre sur FB :

    « Je vous écris ce message aujourd’hui pour la première fois. Je suis la maman de défunt Idir Mederres. Je voudrais faire éclater la vérité sur sa mort. Mon défunt fils de 22 ans qui a perdu la vie a la Maison d’arrêt de Corbas d’une cause non naturelle. Le Mercredi 9 Septembre 2020 à 17h30.

    Les médias et la justice veulent nous cacher la véritable cause. Malgré l’autopsie faite, le milieu hospitalier ne veut pas nous donner les résultats des causes et des faits de la mort de mon défunt fils. A ce jour, nous essayons de savoir la véritable histoire. Ayant fait nos recherches de notre côté et grâce au réseaux sociaux nous avons pu avoir de nombreux témoignages et preuve que mon défunt fils ne s’est pas donné la mort par pendaison, et nous pouvons vous prouvez le contraire en demandant aux autorités qu’ils protègent tous nos témoins.

    Comme vous avez pu le constater sur la vidéo d’un témoin qui a fait le tour des réseaux sociaux vous avez donc pu avoir une part de vérité sur sa mort, de plus mon fils buvait l’eau des toilettes lorsqu’il avait soif. Est-ce humains de faire vivre une telle chose a quelqu’un ?

    Nous recevons des tas de témoignage d’anciens détenus qui tombent des
    nues de la situation et qui eux-mêmes sont traumatisés par ces situations.
    Mon fils, n’avait aucun problème avec qui que ce soit, c’était un garçon qui avait la tête sur les épaules, et qui avait beaucoup de projet de vie, car ce n’était pas un voyou. Je ne dis pas cela car c’est mon fils dont je parle, mais tous ses proches vous le diront c’était un bon garçon, il avait juste conduit sans permis et fait une course poursuite. Et même s’il avait été un grand délinquant il ne méritait pas ça.

    Les seules personnes avec qui il a eu des problèmes n’étaient que la brigadière du mitard le jour de son décès celle qu’on appelle Karima et c’est d’ailleurs elle qui a donné l’ordre de lui couper l’eau et l’électricité a lui ainsi qu’a Y. qui n’était autre que son voisin de cellule au mitard. Aujourd’hui ils ont détruit une famille entière et surtout moi, mère de famille qui ne trouve plus le sommeil et qui a un mal fou à se relever. Si vous avez un minimum de compassion, je pense que vous ne voudriez pas que cela se répète perpétuellement. Nous vous faisions un appel à l’aide et souhaitons que justice soit faite. Aujourd’hui les médias nous font croire que dans les maisons d’arrêt les gardiens et brigadier sont corrects mais tout le monde sait que cette endroit est corrompu malgré les efforts fait par l’Etat, ce milieu est rempli de haine. Trouvez-vous qu’être interdit d’eau et d’électricité pendant plusieurs jours est une manière de traiter un homme ?
    Nous avons découvert qu’il a été malmené et maltraité par les soit disant force de l’ordre si je peux me le permettre.

    Je suis la mère du défunt Idirs Mederres. Avouez la vérité car les personnes incarcérées ne sont pas un simple numéro d’écrou ou des animaux ce sont des êtres humains après tout ils ont une famille derrière qui souffre énormément. »

    « On ne veut plus de morts dans nos prisons. Et ça il faut vraiment que
    tout le monde l’entende »

    Dans l’émission de l’Envolée du 2 Octobre, la tante d’Idir prend la parole :

    « Je suis la tante d’Idir, paix à son âme. Je resterai toujours la tante à Idir mais je suis surtout la sœur de tous ceux qui sont en détention, que ce soit sœur de religion ou sœur d’humanité.

    Aujourd’hui, le cri qu’on veut pousser c’est, on ne veut plus qu’il y ait d’Idir. On ne veut plus qu’il y ait d’autres Idir. Il y en a eu avant. Il y en a maintenant. Il y en aura malheureusement encore après. Et si on ne fait pas quelque chose aujourd’hui pour arrêter tout ça, ça continuera. C’est vraiment le premier message qu’on veut faire passer.

    Alors certes les personnes détenues y en a qui ont fait des bêtises d’autres non. On n’est pas là pour les juger. Y a la présomption d’innocence. Y a plein de prisonniers qui sont en détention en attente de procès ou pour purger leur peine, mais aussi qui font des projets pour une fois qu’ils seront dehors. On ne veut plus trouver nos petits jeunes morts ! Idir il avait 22 ans. Il devait sortir deux semaines après. Je ne veux plus qu’il y ait des mamans qui vivent ça.

    Jamais personne, ni aucune famille, ne pensait un jour être mêlé à ça. Quand nos petits jeunes font des bêtises et qu’ils se retrouvent en prison, on se dit qu’on va le retrouver. On va leur donner la force et l’énergie de continuer à se battre et retrouver le droit chemin. Ce qu’on arrive à faire avec beaucoup de nos jeunes. Malheureusement, avec la prison parfois on les retrouve pas.

    On a créé une association, qui s’appelle « Idir Espoir et Solidarité ». On va pas lâcher. J’ai besoin de témoignages de personnes qui sont détention, ou d’anciens détenus. On a besoin de soutien. On n’est pas en guerre. On veut que la vérité éclate. Pour Idir, paix à son âme. Et pour toutes les autres personnes qui sont en détention. Qu’ils aient 20 ans, qu’ils aient 30 ans, 40 ans 50 ans, qu’ils aient commis des délits, qu’ils aient commis des crimes, c’est pas des numéros d’écrou, c’est des personnes, c’est des êtres humains. On veut plus de morts dans nos prisons. Et ça il faut vraiment que tout le monde l’entende…

    On en est à 84 « suicides » en prison depuis le début de l’année. On est en septembre. Il faut savoir que c’est des crimes qui sont maquillés. Mais même s’il y a vraiment autant de suicides, la question c’est pourquoi il y a autant de suicides ? Qu’est ce qu’on leur fait à nos petits jeunes pour qu’ils arrêtent de croire en la vie, en leur religion, en leur famille ? Qu’est ce qu’on leur fait subir pour leur faire croire qu’ils ont pas de dignité et qu’ils sont seuls au monde ?
    Et voilà vous êtes pas seuls, on est là, pour tous les détenus de France. »