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  • Dans l’angle mort des violences d’État : les violences pénitentiaires

    Dans l’angle mort des violences d’État : les violences pénitentiaires

    En plein confinement, nous avons largement manifesté contre les violences policières. La prison tue, elle aussi. Ce samedi 9 janvier aura lieu à Brignais (69) une marche en hommage à Idir, mort au mitard à Lyon Corbas. L’occasion pour l’Envolée de proposer un article contre les violences pénitentiaires, en solidarité avec les proches qui luttent pour faire la lumière sur les morts en détention.

    Malgré le confinement, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre la loi dite « de sécurité globale », et plus particulièrement contre l’article qui vise à limiter le droit de filmer les agissements de la police. Si les journalistes s’en mêlent et manifestent avec les autres contre les violences policières, c’est bien parce qu’ils se trouvent directement menacés dans l’exercice de leur profession. Un concours de circonstances qui a mis – pour une fois – quelques caméras officielles du côté des opprimés, et on les a mieux entendus : tant mieux !
    Nous n’oublions pas pour autant que ça fait des années que ces violences sont régulièrement dénoncées par des collectifs et des comités de familles et de victimes qui réclament inlassablement la vérité, le plus souvent sans jamais être entendus ni recevoir de réponse.

    En clair, pour prouver que la police est violente, il faut des images qui passent à la télé.
    Mais alors, comment « prouver » les violences là où il ne peut pas y avoir d’images : en garde-à-vue, dans les centres de rétention administratifs (CRA), et dans toutes les prisons de France ?
    Comment « prouver » qu’il y a des violences pénitentiaires tout comme il y a des violences policières ?


    La prison tue

    Le 9 septembre 2020, Idir est mort au mitard de Lyon Corbas, deux semaines avant sa sortie. L’AP affirme qu’il s’est pendu, mais sa famille et ses proches ne croient pas à la version officielle (voir ici leur pétition), qui est aussi mise en doute par des témoignages de prisonniers.

    Le 18 octobre 2020, Taoufik est mort à la maison d’arrêt de Perpignan. Selon l’AP, il se serait étouffé en mangeant. Sa famille n’a appris sa mort que plusieurs semaines plus tard, alertée par un prisonnier en permission.

    Le 14 avril 2018, Jaouad avait trouvé la mort dans le mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Ses voisins de cellule avaient immédiatement dénoncé un meurtre maquillé en suicide et désigné une équipe de matons violents, qu’ils appelaient « l’escadron de la mort » (Voir aussi ici et ). Depuis, les violences au mitard continuent, selon des témoignages de prisonniers, malheureusement trop nombreux.

    Tous les trois jours en moyenne, l’administration pénitentiaire signale un nouveau mort au sein de la population pénale – qui se trouve par définition sous son entière responsabilité. Ceux et celles qui connaissent la réalité carcérale pour l’avoir éprouvée dans leur chair parlent souvent de « morts suspectes » plutôt que de suicides.

    La liste de ces « suicides » qui sont contestés par les prisonniers et leurs proches est malheureusement interminable.

    Et même quand il s’agit vraiment d’un suicide, c’est encore la prison qui tue : conditions inhumaines et peines sans fin plongent certains condamnés dans le désespoir.

    En effet, la prison torture aussi. Combien de prisonniers sont tabassés, étouffés, privés de sommeil et de visites ? Un correspondant régulier du journal L’Envolée, « L’infâme », a par exemple subi des violences inouïes à la prison de Vendin-le-Vieil en novembre dernier. Qui s’en émeut ?

    Ceux qui voudraient dénoncer ces lynchages voient s’abattre sur eux une punition immédiate et implacable. Des transferts disciplinaires les éloignent de leurs familles et de leurs réseaux de solidarité au sein de la prison… quand ils ne sont pas passés à tabac à leur tour, comme Jean-Christophe Merlet, un prisonnier handicapé à vie après avoir subi la fureur d’une équipe de surveillants du centre de détention de Saint-Martin-de-Ré qu’il accuse d’avoir frappé à mort un de ses codétenus.


    À l’abri des regards

    Il semble qu’il y ait une prise de conscience du fait que le racisme et la brutalité policières sont bel et bien systémiques, et qu’il est indispensable de pouvoir prouver par l’image le harcèlement policier, les contrôles au faciès, les humiliations, les mutilations et les morts dans le cadre du « maintien de l’ordre ». Ces pratiques sont déjà dénoncées depuis des dizaines d’années par les habitants des quartiers populaires et les personnes racisées… La police tue en moyenne 25 personnes par an. La répression du mouvement des Gilets jaunes a contribué à cette prise de conscience car les images d’une brutalité policière que la sacro-sainte « légitime défense » ne saurait justifier se sont multipliées : yeux crevés, mains arrachées et violences gratuites.

    Il faudrait que cette période soit aussi l’occasion d’enfin entendre les récits sortis des lieux où la violence d’État s’exerce loin des regards.

    Comme les policiers, les surveillants pénitentiaires humilient ; certains tabassent, et tuent parfois derrière les hauts murs des prisons de France. Tout particulièrement dans les mitards et les quartiers d’isolement. Dans ces lieux, il n’y a que les caméras de surveillance qui filment, et les agents connaissent tous les angles morts ; si des images les incriminent tout de même, elles ont tendance à disparaître les rares fois où une enquête est ouverte. Les surveillants sont couverts par leur hiérarchie en toute circonstances. La prison, c’est la vraie « grande muette ». 


    Sort-on de l’humanité en entrant en prison ?

    Et puis les gardiens de prison savent que prisonniers et prisonnières sont au ban de l’humanité. Qu’ils portent un numéro, qu’ils n’ont pas le droit d’association, qu’ils n’ont pas le droit à la parole. La parole des prisonniers est une parole infâme, jamais crue car toujours suspecte d’être mensongère, exagérée, nourrie par « la haine de l’autorité». Lorsque des proches contestent la version officielle après un décès en détention, c’est comme pour les crimes policiers : l’administration pénitentiaire et la justice invoquent d’improbables problèmes de santé, la consommation de stupéfiants, des troubles psychiatriques, des violences à l’encontre des surveillants, des tendances suicidaires… Le défunt est systématiquement présenté comme seul responsable de sa mort. Tant pis si des contre-expertises d’autopsie donnent des preuves patentes que la version officielle est mensongère, si on constate des traces de coups ou de strangulation, tant pis si la corde avec laquelle un prisonnier est censé s’être pendu est trop longue.

    Quand on enferme quelqu’un, on enferme avec lui les gens qui l’aiment. Ils ne peuvent endurer, en plus de l’éloignement et de la séparation, la peur de le voir sortir mutilé, traumatisé, ou entre quatre planches. Mais comme la parole d’un prisonnier ou d’une prisonnière, celle de sa famille n’inspire le plus souvent que de la méfiance, voire le mépris. Des familles et des collectifs de proches de prisonniers et de prisonnières se font tout de même obstinément les porte-voix des prisonnier·e·s qui osent s’exposer aux sanctions disciplinaires en rendant public des faits de violences.

    Nous sommes évidemment opposés à la loi sur la sécurité globale, qui doit être complètement abrogée, mais nous appelons à l’extension du combat à tous les lieux d’enfermement.

    Il faudrait que ce soit l’occasion de croire enfin la parole des premiers concernés, et cette fois sans attendre des images : nous estimons que les prisonniers sont les mieux placés pour décrire ce qu’ils vivent et énoncer quelques vérités sur la prison.

    Les quartiers disciplinaires (QD) et les quartiers d’isolement (QI) sont des lieux de torture. Ils doivent être fermés.

    Toute la lumière doit être faite sur toutes les morts suspectes en prison ; la parole des prisonniers doit être crue et relayée.
    Leurs proches doivent être soutenus dans leur recherche de la vérité.

    L’Envolée

    https://twitter.com/l_envolee/status/1346588867399454728?s=19

  • Des extraits de L’Envolée 52 — Prisons pour sans-papiers en France et en Italie — Des nouvelles de l’Infâme

    Des extraits de L’Envolée 52 — Prisons pour sans-papiers en France et en Italie — Des nouvelles de l’Infâme

    Emission de l’Envolée du 01 Janvier 2021

    Retour sur un parcours pénitentiaire : « d’une prison l’autre »

    Lecture de l’article du numéro 52 sur Super Dupont, le nouveau ministre des tribunaux et des prisons.

    Prison pour sans papier : témoignage d’un prisonnier du CRA de Lyon-Saint Exupéry. Retour sur la mort d’un prisonnier en Italie à la suite des révoltes dans les CPR de cet été.

    Intervention de l’Infâme dans une émission de l’Envolée en Octobre 2018 et retour sur sa situation actuelle.

    Beaucoup de courage et de force à toutes les prisonnières et les prisonniers et à leurs proches pour cette période particulièrement difficile !

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Quel Noël pour les prisonnières de la MAF des Baumettes, à Marseille ?

    Quel Noël pour les prisonnières de la MAF des Baumettes, à Marseille ?

    « De 22 heures à 22 h 30, on a tapé aux barreaux en disant : ‘Justice ! Dupont-Moretti !’ »

    À Marseille, depuis plusieurs mois, les prisonnières de la MAF (maison d’arrêt pour femmes) des Baumettes dénoncent la détérioration de leurs conditions de détention et les violences pénitentiaires qu’elles subissent.

    Conditions de vie ? De survie, plutôt !

    Comme dans les autres prisons de France, le quotidien des prisonnières de la MAF s’est encore dégradé avec la crise du coronavirus, mais un nouveau cap a été franchi depuis deux mois.

    Les activités hors des cellules sont suspendues ; en promenade, l’eau a été coupée, ce qui signifie que les prisonnières restent plusieurs heures sans pouvoir se désaltérer ni aller aux toilettes. Le lien avec les proches est mis en péril par la fermeture des UVF (unités de vie familiale) et des relais enfants et par la réduction de moitié de la durée des parloirs. Les produits cantinés arrivent en retard, voire pas du tout. Quant aux colis de noël — le petit extra alimentaire toléré chaque année par l’administration –, aucune denrée dite périssable n’est plus acceptée.

    « On est séparés par une vitre, donc on peut pas approcher nos familles ; c’est impossible, pour nous. La vitre part du sol et monte jusqu’au plafond. »

    [Témoignage du 23 décembre.]

    « C’est urgent, la prison est en feu, les détenues sont à bout. On est plusieurs femmes à dénoncer tout cela. […] Ça fait plus de deux mois que ça dure. »

    [Témoignage du 24 décembre.]

    Toujours plus d’isolement !

    Le comité de riverains qui a dénoncé des « nuisances » liées à la prison est largement responsable de la progressive disparition des rares espaces de liberté et d’entraide gagnés au fil du temps par les prisonnières. Depuis l’installation de fenêtres antibruit dans les cellules, les échanges sont devenus quasiment impossibles (voir L’Envolée N°52 : ) : finis les échanges de nourriture ou de petits mots de fenêtre à fenêtre au moyen de « Yoyos », finies les discussions de cellule à cellule, finis les parloirs sauvages avec les proches venus crier leur amour ou leur soutien de la rue. De plus, la vie en cellule est devenue intenable à cause de la chaleur et du manque d’aération.

    « Du 2e au 4e étage, tu n’as aucune possibilité d’ouvrir une fenêtre. Tu as des fenêtres fixes, avec des petits trous sur le côté sur une paroi en fer. Mais c’est le seul truc où l’air peut passer dans ta cellule. Je te donne un exemple : je pouvais pas faire à manger. Tu peux pas te permettre de faire des frites : tu vas sentir la friture à 400 km ! Tu as tout dans la même pièce : ton linge, tes affaires… »

    [Témoignage du 23 décembre]

    Violences pénitentiaires

    Pour éviter que les prisonnières ne contestent les conditions de survie qui leur sont imposées, la gestion de la détention s’est durcie. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, les prisonnières ont notamment subi une « fouille sectorielle » d’une extrême violence dans la nuit du 3 au 4 novembre dernier. Les Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, créées en 2003 pour militariser le maintien de l’ordre dans les prisons) ont insulté, frappé, humilié et fouillé les prisonnières à nu ; et aussi saccagé les cellules.

    « On a fait un blocage, du coup, et finalement c’est les Eris qui sont venus. Ils ont quasiment massacré les filles. Y a quand même une fille qui a fini au cachot pendant vingt jours avec la mâchoire cassée. C’est assez costaud, quand même. »

    [Témoignage du 23 décembre]

    « Un des Eris a tordu le bras à une fille, et elle s’est retrouvée à plus bouger du tout, de la mâchoire au bras. Il y est allé avec un pied sur la tête, l’autre pied sur le bras. Ils l’ont mise à poil ; ce sont des hommes qui l’ont mise à poil, et pas des femmes. »

    [Témoignage du 25 décembre]

    Fouilles abusives et humiliantes

    Les prisonnières des Baumettes dénoncent aussi les pratiques plus quotidiennes des ELSP (équipes locales de sécurité pénitentiaire). Intégrées à la prison, ces équipes directement inspirées du modèle des Eris sont venues remplacer les Elac (équipes locales d’appui et de contrôle) en 2019, faisant encore monter d’un cran la militarisation. Depuis des mois, les fouilles à nu sont les violences les plus régulièrement dénoncées par les prisonnières. Elles sont en effet fréquentes depuis mars, et presque quotidiennes depuis quelques semaines.

     « Moi, j’ai été fouillée trois fois en un mois par les ELSP. Normalement c’est la surveillante qui vient pour la fouille mensuelle, mais de temps en temps c’est les ELSP qui viennent pour tout te retourner. Pour les fouilles, normalement, on se déshabille, on se retourne. Mais là, il faut lever la jambe droite vers le côté droit, la jambe gauche vers le côté gauche… Comme un chien. Comme si on pissait. Et ce sont des fouilles qui se font à trois surveillantes, et y en a une qui se baisse et qui regarde entre les jambes. Ils ont tout l’équipement de protection, mais nous on est à poil, ils en ont rien à foutre. […] Là, c’est stop, quoi. Je suis pas rentrée en prison pour vivre ça.  Ils ont regardé mes parties intimes, c’est un viol ! Plus les placages, nue, par les ELSP, parce que je lève pas la jambe. Je ne suis pas un chien, pour lever la jambe ! J’en peux plus. »

    [Témoignage des 24 et 25 décembre]

    « Normalement t’as a une fouille mensuelle, toutes les cellules sont fouillées chaque mois ; ça, y a pas de soucis. Là c’est perpétuel, tout le temps : quand tu descends au parloir, t’es fouillée. Tu remontes : t’es fouillée. […] A un moment donné il faut que ça s’arrête. Qu’ils fassent des fouilles, OK, mais y a un minimum de respect à avoir. C’est pire à la MAF que chez les hommes. Chez nous, ça arrive qu’ils te menottent, ils te jettent au sol, ils t’écartent les jambes. Y a une certaine limite. […] A un moment, c’est bon de se déshabiller tout le temps. Moi, j’ai 30 ans, donc tu vois, ça passe, mais je descendais avec une mémé qui avait quand même 64 ans. Au bout d’un moment, elle me regardait, limite elle était à deux doigts de pleurer. »

    [Témoignage du 23 décembre]

    « C’est des fouilles au corps avec menottes, jambes écartées. Elles regardent dessous nos parties intimes à 3, 4 surveillantes. T’as des coups de pieds quand tu veux pas. […] Cette semaine, c’était six fouilles. Elles ont donné des coups de pieds à cause  de mon refus d’écarter mes fesses. Placage au sol nue, à trois sur moi. J’avais rien du tout… J’en peux plus. […] Tous les jours elles débarquent, c’est invivable ! Grave de chez grave tout ce qui ce passe. Les ELSP hommes restent avec le chef de détention à ma fouille à corps nue, c’est grave ! »

    [Témoignage du 24 décembre]

    Résistances et solidarité !

    Malgré tout, de nombreuses prisonnières de la MAF font part de leur inquiétude à l’extérieur, et se mobilisent de différentes manières : début novembre, elles refusaient de remonter de promenade ; depuis, elles multiplient les recours juridiques ; et dernièrement, elles appellent à faire un maximum de bruit tous les jours et à boucher les œilletons tous les matins à 7 heures.

    « Entre les prisonnières, c’est comme partout, hein : y a des gens bien, et d’autres qui sont moins bien. Mais y a une méchante solidarité ; malgré les disputes et certaines embrouilles, y a vraiment une méchante solidarité. »

    [Témoignage du 23 décembre]

    « De 22 heures à 22 h 30, on a tapé aux barreaux en disant :  ‘Justice, Dupont-Moretti !’ » Ça a fait péter les plombs aux bleues. »

    [Témoignage du 25 décembre]

    « Je vous dis : tapez à une fenêtre, à la plaque de fer qui coupe votre respiration toute la journée. Où votre oxygène ne se renouvelle pas. La moitié de votre cerveau, elle est paralysée parce que votre oxygène ne se renouvelle pas. Vous chiez dans votre cellule, ça part pas. Vous vous douchez, ça part pas… Tapez dessus, tapez dessus ! »

    [Témoignage du 19 décembre]

    « Je veux faire de gros bisous à la MAF, encourager toutes les filles à rester fortes et à ne pas se laisser aller par rapport à tout ce qui se passe. Même si certaines ne l’ont pas encore subi, on est toutes à l’intérieur, et c’est susceptible d’arriver à toutes. Parce que vous avez toutes vu : que l’on soit agitée ou pas agitée, eh ben ça peut arriver à n’importe quelle personne. »

    [Témoignage du 19 décembre]

    Parloir Libre est une émission de dédicaces pour les prisonniers et les prisonnières des Baumettes et leurs proches, tous les samedis de 19h à 21h et tous les jeudis de 20h30 à 22h. Sur Radio Galère 88.4FM.

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Fouilles abusives à la MAF des Baumettes – L’Infâme revient sur son parcours carcéral

    Fouilles abusives à la MAF des Baumettes – L’Infâme revient sur son parcours carcéral

    Emission de l’Envolée du 25 Décembre 2020
    • Fouilles abusives à la MAF des Baumettes depuis des semaines : des prisonnières dénoncent des matonnes sur Radio Galère. Extraits de témoignages passés dans l’émission Parloir Libre. Lecture d’un témoignage d’une personne tout juste sortie de la MAF.
    • Lecture d’une longue lettre de l’Infâme qui revient sur son parcours carcéral, la prison-psy de Château-Thierry, et la façon dont l’administration pénitentiaire (AP) le pousse à bout pour lui mettre encore et encore des peines internes.

    Parloir Libre est une émission de dédicaces pour les prisonniers et les prisonnières des Baumettes et leurs proches, tous les samedis de 19h à 21h et tous les jeudis de 20h30 à 22h.

    https://radiogalere.org/?show=parloir-libre

    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Lettre de Bilal à l’Envolée – et sa lettre à Dupond-Moretti

    Lettre de Bilal à l’Envolée – et sa lettre à Dupond-Moretti

    ça m’a vraiment donné le sentiment d’exister pendant un instant, de ne plus être seul, d ‘avoir quelqu’un qui m’écoute.

    Nous avions publié une lettre de Bilal dans le dernier numéro du journal, il nous a réécrit, et a ajouté à sa lettre une missive qu’il a envoyé à Super Dupont, ministre des tribunaux et des prisons. Même s’il sait qu’il y a peu à attendre de ce côté là, il essaie de se faire entendre.

    Le 07.12.2020

    Bonjour l’équipe de l’Envolée,

    Tout d’abord toute mes condoléances pour votre ami et co-fondateur. Je n’ose imaginer la peine et la difficulté d’une telle perte, mais au final une légende ne meurt jamais…

    Je tiens à préciser que mon commentaire au sujet du délai de réponse n’est pas lié au temps, mais à la réponse qui m’était apporté combiné au temps.

    J’avoue que lors de mon premier courrier, je n’avais pas conscience de ce que votre journal était vraiment. Puisque les explications du pote qui m’a parlé de vous, était du genre « ouai t’inquiète, ils sont là pour nous aider », je suppose que le ras le bol de ma condition carcérale à fait que j’ai préféré ignorer le côté journal et je suis resté focus au côté soutien…

    Du coup quand j’ai percuté que vous risquiez de publier mes écrits. J’avoue avoir eu un coup de chaud puisque je dévoilais mon identité parce que j’hésitais à faire ça de manière anonyme… Mais bon c’est pas bien grave au final je suis assez content du résultat, votre manière de travailler est bienveillante…

    Donc oui, je suis d’accord pour publier mes courriers. Franchement merci, ça m’a vraiment donné le sentiment d’exister pendant un instant, de ne plus être seul, d ‘avoir quelqu’un qui m’écoute.. Et si quelqu’un le souhaite, vous pouvez lui donner mes coordonnées.

    Je vous joints le brouillon du courrier que j’ai envoyé au ministre Moretti, je pense que ça explique à peu près les conditions de détention et l’état d’esprit dans lequel je me trouve : combatif, mais dans le dialogue…

    En tout cas. Merci de ce que vous faîtes, force à vous.

    Et voici la lettre adressée au ministre :

    Réponse à multiples demandes écrites.

    J’attire votre attention par le présent courrier sur cette systématisation malsaine pratiquée par l’administration et souhaite que votre vigilance se porte sur l’incohérence et l’injustice d’une telle pratique afin que cette spirale soit enrayée car elle est une opposition injuste à la voie de la réinsertion et donc un reniement total des valeurs qui fondent et animent un état de droit, car comme nous le savons tous, jamais un état de droit, solide sur ses valeurs, ne permettra qu’un citoyen appliqué, investi et méritant (preuves factuel à l’appui), ne soit lésé de ses droits sur la base de suppositions et de doutes, au détriment du factuel.

    Afin que vous preniez conscience de la réalité dans laquelle je vis, je suis libérable en 2048, c’est a dire à quand j’aurais 56 ans, suivi d’une peine additionnelle de 10 années de suivi sociaux judiciaire. Donc je serais officiellement libre a mes 66 ans.

    Avec de telle condition de détention, sur une telle durée, que me reste-t’il comme espoir pour une réinsertion social positive ?

    Suis-je toujours français ? Ai-je encore des droits ? Où tout simplement, suis-je encore un être humain ?

    Suis-je toujours français ? Ai-je encore des droits ?

    Où tout simplement, suis-je encore un être humain ?

    Puisque tout mes échanges se font a travers la grille de ma cellule (aumônier, SPIP, Chef de bâtiment, etc.)

    J’ai fauté lourdement, je l’ai reconnu et regretté amèrement, je purge donc ma peine, mais je fais des efforts et j’arrive a un stade ou j’ai besoin de sentir l’aide de l’administration pénitentiaire dans mon cheminement vers la rédemption et cela passe par des signaux certes faible, mais qui symboliquement pour moi signifient beaucoup et me montre que malgré l’horreur de mes erreur passée, on croit en moi et me donne une chance , alors je n’ai pas droit de recevoir, ma famille, mes enfants, et mon pays que je n’ai au final, jamais cessé d’aimer.

    Dans l’attente d’un retour, qui je l’espère fera évoluer ma situation positivement. Monsieur le ministre, veuillez recevoir mes sincère salutation.

    Bilal

  • Lettres du quartier d’isolement – Des proches prennent la parole – Mouvement de m*** à Liancourt – News des Baumettes et du Canet

    Lettres du quartier d’isolement – Des proches prennent la parole – Mouvement de m*** à Liancourt – News des Baumettes et du Canet

    Emission du 18 Décembre 2020 –
    • Message de Bilal (dont on a publié une lettre dans le dernier journal) et une lettre qu’il a écrit à Super-Dupond.
    • Extrait d’une lettre de l’Infâme qui continue de prendre des peines au prétoire mais qui garde son sens de l’humour.
    • Lettre d’une proche d’un prisonnier en danger qui a besoin de soins urgents à Angoulême et contre qui l’AP s’acharne.
    • Témoignage audio de proches de prisonniers qui galèrent à accéder aux parloirs au CD de Nantes, où c’est une boîte privée qui gère les rendez-vous par téléphone (témoignages extraits de l’émission Casse-Muraille, le dimanche à 12h sur JetFM en région nantaise, 91.2 FM).
    • Liancourt : des matons bloquent la taule et la vie des prisonniers et de leurs proches. 40 Prisonniers refusent de réintégrer en protestation.
    • Appel de Marseille pour parler des Baumettes et du CRA du Canet

    Casse-Muraille : émission de dédicaces, d’infos et de luttes contre les taules, diffusée le dimanche à 12h sur JetFM 91.5FM en région nantaise. Les témoignages des proches du CD de Nantes sur les parloirs ont été pris dans l’émission du 29 novembre 2020 disponible sur le site de l’émission et de JetFM.

    http://jetfm.fr/site/Casse-Murailles-no62-29-novembre.html


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Appel à l’aide de la MA d’Angoulême

    Appel à l’aide de la MA d’Angoulême

    Il a le temps de mourir 20 fois.

    Nous relayons cette lettre d’une proche d’un prisonnier enfermé à la Maison d’Arrêt d’Angoulême où il subit des traitements dégradants et violents et où, sans aucun accès aux soins, il est en danger permanent.

    Monsieur,

    Je soutiens un détenu, Mr H. Y., à la Maison d’Arrêt d’Angoulême.

    Voici les conditions de sa détention : il a subi des mauvais traitements, on lui fait boire l’eau des wc, c’est ça ou rien, disent les surveillants. Pour les douches, 2 fois par semaine et encore, quand celles-ci sont propres et c’est peu dire ! son courrier n’est pas envoyé, ni à son avocate, ni à la SPIP, ni ailleurs. Ces médicaments lui sont donnés au compte-goutte. Il a très mal au dos, attend un RDV pour ses dents et ses yeux depuis 4 ans et demi. Son état de santé se dégrade. Sa prise de sang n’est pas bonne, il a du cholestérol, des GMGT. Il voudrait être transféré, il n’est pas à sa place dans cette maison d’arrêt.

    A chaque parloir avec sa mère, il a une fouille à nu, fouille de vêtements, même le caleçon est mis à l’envers, ils le laissent nus devant une glace à la vue des surveillants, c’est humiliant ! les cantines il y a des manquants : les jeux de société, livres, jeux de dés, pinceaux pour son activité dessin. Tout ce que je lui remets m’est retourné : refusé par le propriétaire. Faux – archi faux. Les paquets sont neufs sans blister. Tout me revient. Pourquoi le priver de ces objets qui améliorent le quotidien ?

    Ils sont trop dans les cellules, 5 dans une cellule de 4. L’autre dort au sol sur un matelas devant la porte.

    La Maison d’Arrêt ne prévient pas la famille ne cas de problèmes graves. C’est une honte, il faut écrire au directeur ! il a le temps de mourir 20 fois. Il voudrait aller en SMPR ou en VHSI. On l’a forcé à quitter l’iso où il était, on lui a fait signer un document « pour travaux », faux. Ils ont mis quelqu’un à sa place.

    Je m’étais renseignée pour une formation de pâtissier, c’est sa passion, a-t-il reçu la documentation ? il veut s’en sortir et on lui met des bâtons dans les roues. Je lui verse un petit peu chaque mois pour améliorer son quotidien, et bien ils lui prélèvent une somme qui lui sera remise à sa sortie. C’est maintenant qu’il en a besoin, pas après. Actuellement il est dans une cellule sans chauffage. Il n’a pas de vêtements chauds à froid, a beaucoup maigri. Il a des marques de coups au dos, aux bras, des strangulations. Il n’en peut plus. C’est un appel au secours. Il a fait déjà beaucoup de tentatives de suicides.

    Il est dans une cellule sans chauffage. Il n’a pas de vêtements chauds à froid, a beaucoup maigri.

    Il est au bout du rouleau, n’est pas entendu. Seule son avocate se démène pour trouver une solution. Je le soutiens également comme je peux. Que pouvons nous faire ? à l’aide ! Merci

    Cordialement,

  • Lettre de Kamel Daoudi

    Lettre de Kamel Daoudi

    Enfermé à plus de cinq heures de route de ma famille et toujours dans le circuit fluctuant de l’incarcération sous ses diverses formes (prison, CRA,, assignation à résidence).

    Une lettre que nous avons reçu de Kamel Daoudi, plus long assigné à résidence de France, réenfermé il y a trois mois pour 20 minutes de retard. Il revient ici sur le journal et Olive (des lettres où il décrit son quotidien au QI de Corbas ont été publiées sur lundimatin).

    Maison d’arrêt de Lyon-Corbas

    Le 5 décembre 2020

    C’est avec tristesse que j’ai appris la mort d’Olivier. Dès la première phrase de l’édito du N° 52 (octobre 2020) de L’Envolée papier,  quand la mort d’Hafed avait été évoquée, j’ai compris. Ce sont deux piliers de L’Envolée qui ont été emportés au loin, et deux voix qui continueront à porter malgré leur absence. Je ne connaissais pas Olive personnellement. J’aurais bien aimé le rencontrer, tout comme Hafed. Malheureusement, nos destinées ne se sont pas croisées. Ce que j’aimais dans la personnalité d’Olivier, c’était son éternelle détermination et son invincible optimisme. Derrière sa voix enjouée et sonnante, quasi enfantine, on entendait sa force de caractère et sa détermination à lutter.

    Aujourd’hui, je ne peux plus entendre ni écouter le générique de l’émission, mais chaque fois que j’entends un hélicoptère passer au-dessus de la prison, j’ai une pensée mélancolique pour toute votre équipe qui a contribué à me soutenir moralement quand nous étions dans les QI entre 2001 et 2005.

    Aujourd’hui, me revoilà en taule pour une vingtaine de minutes de retard sur le couvre-feu qui m’était imposé depuis les quatre dernières années de mes douze ans de perpétuelle assignation à résidence.

    Enfermé à plus de cinq heures de route de ma famille, je suis toujours dans le circuit fluctuant de l’incarcération sous ses diverses formes (prison, CRA, assignation à résidence).

    Je tenais à vous saluer chaleureusement, ainsi que tous les auditeurs et auditrices de L’Envolée… A bientôt

    Kamel

  • Lettre de Mickaël Gilgenmann

    Lettre de Mickaël Gilgenmann

    « Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits »

    Lettre publique que nous a transmis Kemi pour dénoncer ses conditions de détention à Saint Maur, prison malheureusement déjà tristement célèbre. Les matons et l’adiministrations s’acharnent sur lui sous de faux prétextes et le poussent à bout. N’hésitez pas à nous demander son contact si vous voulez lui écrire. Force et soutien à lui !

    Le 23 novembre 2020,
    Maison Centrale de St Maur

    À tous les détenus de France et les personnes non-incarcérées, j’écris cette lettre pour dénoncer mes conditions de détention et pour trouver un écho à ma parole.

    Je suis à la centrale de Saint Maur depuis trois mois, au quartier d’isolement depuis mon arrivée dans l’établissement pour soi-disant être « observé ». Je viens d’être prolongé pour trois mois de plus car mon arrivée « serait » trop récente et donc ils ne peuvent pas dire si je suis « apte » à une détention ordinaire.

    Au début, j’ai été classé auxiliaire peintre mais au bout de dix jours, ils m’ont déclassé parce qu’ils auraient trouvé un câble dénudé dans ma cellule « s’apparentant à un port USB ».

    Puis le jour-même, j’ai été mis en gestion équipé menotté pour trois raisons différentes.
    La première serait que j’aurais fait venir une équipe de voyous un soir devant la prison et que le chef de détention nous aurait entendu tenir des propos mettant en danger l’établissement et le personnel pénitentiaire, la deuxième serait qu’ils ont des éléments prouvant la mise en place d’une prise d’otage et la troisième serait parce qu’un de mes frères – avec qui je n’ai pas de contact – voulait se suicider…

    Mes conditions de détention sont horribles. Je n’ai pas le droit aux activités, pas de travail alors qu’un atelier a été ouvert au sein du QI, je vois un médecin tous les 36 du mois, mais le plus hallucinant est ma cellule.

    Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire. On me donne le repas à travers un passe-plat, je fais tous mes entretiens dans ma cellule, derrière la grille, et mon interlocuteur dans la coursive, même le psy !!! Aucun secret médical !!!
    Les toilettes sont à côté de la porte sans cloison de séparation, l’eau du robinet est marron, j’ai le dos en miettes car les chaises sont interdites au QI, on a juste le droit à un tabouret !! Le repas nous arrive froid, les douches sentent la fausse sceptique !!

    Il y a des grilles partout, même à la porte, comme au quartier disciplinaire.


    Je demande des entretiens avec la direction mais personne à l’horizon, je les vois que quand elle vient m’inventer je ne sais quel délire !!!
    Mes courriers n’arrivent pas à destination et ne me parviennent pas, d’ailleurs je ne serais pas étonné que cette lettre atterrisse dans une poubelle de la prison ! J’ai téléphoné à « l’OIP » mais la voix d’un détenu ne vaut rien et faut croire que la direction de Saint Maur est intouchable, tellement que les autres détenus n’osent pas s’opposer à eux de peur de représailles !!! Sur quinze détenus du QI, nous ne sommes que trois à essayer de faire valoir nos droits. Mais ‘faut bien l’avouer, rien ne bouge… Je vous l’avoue, sans l’Envolée et une personne en particulier qui se reconnaîtra, je ne sais pas si je serait encore là pour écrire cette lettre.
    Je suis de nature combative, mais Saint Maur commence à avoir raison de moi !
    Je place tous mes derniers espoirs dans cette lettre en espérant que ça fera réagir qui de droit…

    Faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.

    Je finis cette lettre en disant courage à tous les détenus de France. Et aux personnes à l’extérieur, je voudrais leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous aussi nous avons des droits… Un animal de compagnie à droit à de l’eau potable, une niche ou cage confortable, alors pourquoi pas moi ? J’espère que quelqu’un entendra mon appel au secours et m’aidera à faire bouger les mentalités. Et à faire cesser la torture psychologique et physique au sein des établissements pénitentiaires français.

    Bien à vous,
    un détenu aux abois. 

    Si vous souhaitez contacter Mickaël, écrivez-nous à contact@lenvolee.net !

  • Taoufik mort à Perpignan, Jules mort à Seysses … Trop de « morts suspectes » en prison

    Taoufik mort à Perpignan, Jules mort à Seysses … Trop de « morts suspectes » en prison

    Emission de l’Envolée du 11 Décembre 2020

    Lettre de Kemi qui nous écrit régulièrement et qui est enfermé à Saint Maur d’où il dénonce les traitements de l’AP et les conditions de sa cellule. N’hésitez pas à nous demander son contact pour lui écrire!

    Témoignage et lettre de prisonniers en Italie qui reviennent sur la révolte à la prison de Modène le 8 mars 2020 et qui rappellent les 12 personnes tuées ce jour là et que l’administration essaie de faire oublier.

    Appel d’un proche de Taoufik enfermé à la prison de Perpignan et mort le 18 octobre. La famille n’a été prévenu que trois semaines plus tard qu’il serait mort à l’hôpital.

    Appel de deux proches de prisonniers de Seysses qui se mobilisent contre les morts suspectes trop nombreuses dans cette taule et son mitard, et sur les conditions inhumaines dans les QD.

    Des nouvelles de l’Infâme : l’AP s’acharne toujours et lui a collé 54 jours de QD (demandez nous si vous voulez son contact pour lui écrire) !


    Lettre publique de Kemi lue à l’antenne

    Témoignage sur les prisonniers tués dans la prison de Modène en mars :

    Je suis allé en prison parce que la police est venue contrôler et m’a trouvé sans papiers, ils m’ont envoyé en prison. Depuis que j’étais en prison, les problèmes ont commencé, une fois il y a eu une bagarre, je n’avais rien à voir avec ça. Ensuite, la police est arrivée et ils sont entrés et nous ont battus et nous ont cassé les os, puis ils nous ont mis en cellule d’isolement pendant 3 jours sans nous emmener à l’hôpital. Finalement, un garçon a été emmené à l’hôpital et s’est évanoui à cause des douleurs. Quand il l’a vu, le médecin l’a laissé entrer de toute urgence. Le médecin a dit à la police qu’il devait rester à l’hôpital au moins 3-4 jours, mais la police ne voulait pas. Le médecin avait demandé qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur de la prison pour l’aider à bouger pendant un mois, mais la police n’a rien fait de tout ce que le médecin avait demandé et lui a donné un certificat. Il a fait un rapport à la police à l’hôpital et a pris le dossier avec lui, à la fin ce soir-là, ils l’ont pris et l’ont immédiatement emmené à la prison de Modène où j’avais également été transféré, dans une cellule où se trouvaient également mes amis de ma ville, j’y suis resté jusqu’à ce que le coronavirus arrive et lorsque le corona est arrivé il y avait un homme malade du virus et ils ne voulaient pas le laisser sortir et ils nous ont interdit de voir les membres de nos familles. Après cela, une révolution s’est produite et ils ont incendié la prison et les forces spéciales sont entrées et ont commencé à tirer, 12 personnes sont mortes dont 2 de mes amis, ils sont morts sous mes yeux, je suis toujours sous le choc. Je m’étais échappé sur le toit de la prison pour qu’ils ne me tirent pas dessus après ils nous ont tous pris et emmenés et mis dans une pièce, ils nous ont enlevé tous nos vêtements et ils ont commencé à nous battre, nous gifler et nous donner des coups de pied. Ensuite, ils nous ont rendu nos vêtements et ils nous ont mis en ligne et ils nous ont encore battus avec la matraque, à ce moment-là, j’ai réalisé qu’ils allaient nous emmener dans une autre prison. Tels étaient les coups que nous avons reçus qu’ils m’ont envoyé dans une autre prison sans chaussures. Puis, quand nous sommes arrivés à la prison, ils nous ont battus à nouveau. Au final j’ai purgé ma peine je suis très choqué pour mes amis je n’ai pas pu porter plainte contre les carabiniers parce qu’ils sont trop forts. Et je n’ai ni argent ni documents. Je suis toujours très choqué je n’arrive plus à dormir ni à bien manger. Après tout, je me sens encore très mal, mais malgré tout j’aime l’Italie, grâce à vous qui m’avez fait parler.

    Lettre envoyée à la mi-octobre 2020 à OLGa (journal anticarcéral national de lettres de prisonnier-e-s)

    Nous sommes maintenant au milieu de la soi-disant deuxième vague de la pandémie. Dans toute l’Italie, le nombre d’infections et de décès augmente et, ainsi que pour les soins de santé et les écoles, le gouvernement n’a rien mis en œuvre pour les prisons pour empêcher la propagation du virus. Les données sont catastrophiques: plus de 2000 détenus et gardiens sont infectés. Avec le surpeuplement des prisons, il est clair que nous sommes confrontés à une bombe prête à éclater. De plus, aujourd’hui comme au printemps dernier, des mesures sanitaires adéquates ne sont même pas prises à l’intérieur des taules: les masques et autres équipements de protection individuelle manquent, les tampons sont effectués avec difficulté, les soins médicaux, déjà difficiles d’accès, sont maintenant encore plus remis en question. Outre les différentes administrations pénitentiaires, les autorités sanitaires locales chargées de la santé en prison sont également responsables de ces carences. Les détenus, épuisés par la répression de ce printemps, cependant n’abandonnent pas les actions de protestation: battages, refus de revenir des promenades, refus du chariot, grèves de la faim sont les outils avec lesquels ils essaient de se faire entendre car ils savent que pour l’État et les administrations publiques et pénitentiaires ils sont chair à canon. Les dispositions prises par la Dap (département d’administration pénitentiaire) et le ministre de la Justice sont une photocopie de celles de mars: blocage des entretiens pour les détenus dans les zones rouges et ouvertures ridicules pour réduire la surpopulation. Alors que les gardiens, principaux vecteurs de l’infection, entrent et sortent des pénitenciers et que les magistrats de surveillance continuent de refuser la liberté aux nombreux candidats, démontrant qu’ils ne veulent pas surmonter le problème sécuritaire malgré le risque de carnage dans les prisons. Il nous semble plus que jamais important de briser le mur du silence et de l’isolement qui entoure les prisons, de donner la parole aux protestations de ceux qui sont enfermés et de soutenir leur lutte pour qu’il soit clair qu’aujourd’hui comme en mars la seule sécurité est la liberté.


    L’Envolée, l’émission pour en finir avec toutes les prisons, donne la parole aux prisonniers, prisonnières et à leurs proches. Émission de radio chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, sur RKB 106.5 en centre Bretagne les lundis à 22h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes de podcast.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.