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  • Violences de matons · les parloirs toujours bloqués  · ça bouge encore au CRA de Marseille

    Violences de matons · les parloirs toujours bloqués · ça bouge encore au CRA de Marseille


    Émission de l’Envolée du Vendredi 19 Septembre 2020 ·
    • Lettre d’Emma
    • Lettre d’un prisonnier agressé par des matons (et retour sur d’autres trop nombreuses affaires similaires)
    • Lecture du texte « les parloirs ? Toujours confinés! », dispo ici : https://lenvolee.net/les-parloirs-toujours-confines/
    • La situation dans les CRA en Ile de France : réouvertures et justice en temps de COVID
    • Discussion avec un poto de Marseille sur la situation au CRA du Canet, retour sur le mouvement de prisonniers depuis août et les mobilisations à l’extérieur en soutien.

    Lettre d’Emma :

    Je m’appelle Emma, je suis transgenre, J’ai été détenue au centre pénitentiaire des femmes de Rennes, entre décembre 2018 et août 2020 où j’ai subi des violences répétées par le personnel pénitentiaire, la direction et les détenues.

    En décembre 2018 j’arrive au centre de détention des femmes de Rennes, où je suis intégrée à la maison d’arrêt de Rennes ; mon entrée a débuté par une fouille au corps avec palpation, Quand je suis arrivée je ne me sentais pas bien, on ne m’a pas donné mes hormones comme il se doit, car le docteur S a refusé pour des raisons qui la concernent. Elle m’a appelé Monsieur en plein rendez-vous.

    En janvier 2019 et février 2019, Monsieur B, directeur de la prison des femmes de Rennes s’est permis, de m’insulter en donnant son avis sur mes organes génitaux, à la suite de quoi j’ai été mise au quartier disciplinaire, ainsi qu’au quartier d’isolement pour une période totale de 8 mois, car Monsieur le directeur m’a dit très frontalement qu’il pensait que j’avais un sexe masculin.

    Sans mes hormones, ma transformation était compliquée psychologiquement et physiquement, d’autant qu’en isolement on est maltraitée : violences et brimades par les surveillantes, pas le droit de sortir, pas le droit aux activités, c’était ce qu’ils appelaient le « régime de contrôle ».

    La seule activité à peu près autorisée était le sport, pour toute autre activité il fallait demander l’accord du chef de détention. Les femmes qui se retrouvent en isolement perdent leur travail ou ne peuvent pas travailler, je suis restée un an et demi sans travail à cause des refus répétés du Directeur de la prison. J’ai passé ma détention entre quartier disciplinaire et isolement et de temps à autre au centre de détention quand le personnel ne trouvait plus de motif à me mettre à l’isolement Je tiens à vous préciser que j’ai vu plusieurs filles aller en isolement à la demande du directeur du centre pénitentiaire des femmes de Rennes ou sur simple décision du chef de détention, et cela m’est arrivé à la fin de ma détention au sein du CPF, sans motif valable. En ce qui concerne les violences, après une tentative de suicide, j’ai été mise à l’isolement ce qui a généré chez moi une incompréhension mêlée à un sentiment d’injustice devant cet abus d’autorité. En tant que personne fragile cela était compliqué pour moi de rester enfermée 24 heures sur 24, dans une cellule de 7,35 m².

    Au régime régime d’isolement, les douches sont très peu nettoyées ; quand on me donnait à manger c’était dans de l’aluminium.

    En mai 2020, je me suis énervée contre les surveillantes qui avaient eu des remarques déplacées sur ma transidentité. Je leur ai dit qu’elles avaient un délire de persécution, elles m’ont alors plaquée au sol à plusieurs, deux hommes étaient présents, l’un des deux m’a tiré par les cheveux en me disant « tu aimes bien le quartier disciplinaire ». Il m’a fait très mal, ils ont utilisé une prise d’étranglement, je ne pouvais plus bouger, j’étais paralysée et je ne pouvais plus respirer. J’avais la main en sang car les plaies de ma tentative de suicide s’étaient rouvertes dans la bagarre. La surveillante m’a donné un coup de poubelle métallique sur la figure. J’ai encore à ce jour deux crans à la tête, qui témoignent de la force qu’elle a mise à ce geste ; à ce jour j’ai encore des pertes d’équilibre dues à cette bagarre.

    J’ai été obligée de passer une I.R.M. cérébrale pour suspicion de traumatisme et j’ai été jugée par le tribunal correctionnel de Rouen, qui n’a pas reconnu la violence que j’ai subie. J’ai été condamnée à sept mois d’emprisonnement avec sursis, dont trois ferme, avec un suivi de deux ans, obligation de soins et obligation de travail.

    Je souhaite à ce jour déposer plainte contre les 8 surveillant.e.s, dont la surveillante qui m’a frappée avec la poubelle métallique pour tentative d’homicide sur personne vulnérable

    Au CPF de Rennes il est monnaie courante pour les détenues de subir des agressions de la part des surveillantes lorsqu’elles sont dans des lieux à l’abri du regard des autres. J’ai été visée par 38 compte rendus d’incident : de la part des surveillantes qui se sont senties insultées si je leur répondais ou bien par des détenues qui me calomniaient, l’une d’elles a même déposé plainte contre moi pour des faits qui ne se sont jamais produits.

    Juste après sa prise de fonctions la nouvelle directrice s’est permise de m’insulter en pleine commission de discipline devant l’avocat, et les assesseurs avant de me mettre au quartier disciplinaire pendant 20 jours. Je connais une détenue qui est à l’isolement, à répétition depuis au moins janvier 2019. La prison est vétuste, l’eau est calcaire, les douches ne sont pas nettoyées, les sols non plus, surtout dans les couloirs, et cela ne change pas même en temps de Covid 19. Les détenues ne portent pas de masque et n’ont pas accès à du gel hydroalcoolique, les activités sont réduites.


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Lettre d’Emma

    Lettre d’Emma

    AU CPF DE RENNES IL EST MONNAIE COURANTE POUR LES DETENUES DE SUBIR DES AGRESSIONS DE LA PART DES SURVEILLANTES

    Lettre d’Emma, lue à l’antenne le 18 Septembre 2020

    Je m’appelle Emma, je suis transgenre, J’ai été détenue au centre pénitentiaire des femmes de Rennes, entre décembre 2018 et août 2020 où j’ai subi des violences répétées par le personnel pénitentiaire, la direction et les détenues.

    En décembre 2018 j’arrive au centre de détention des femmes de Rennes, où je suis intégrée à la maison d’arrêt de Rennes ; mon entrée a débuté par une fouille au corps avec palpation, Quand je suis arrivée je ne me sentais pas bien, on ne m’a pas donné mes hormones comme il se doit, car le docteur S a refusé pour des raisons qui la concernent. Elle m’a appelé Monsieur en plein rendez-vous.

    En janvier 2019 et février 2019, Monsieur B, directeur de la prison des femmes de Rennes s’est permis, de m’insulter en donnant son avis sur mes organes génitaux, à la suite de quoi j’ai été mise au quartier disciplinaire, ainsi qu’au quartier d’isolement pour une période totale de 8 mois, car Monsieur le directeur m’a dit très frontalement qu’il pensait que j’avais un sexe masculin.

    Sans mes hormones, ma transformation était compliquée psychologiquement et physiquement, d’autant qu’en isolement on est maltraitée : violences et brimades par les surveillantes, pas le droit de sortir, pas le droit aux activités, c’était ce qu’ils appelaient le « régime de contrôle ».

    La seule activité à peu près autorisée était le sport, pour toute autre activité il fallait demander l’accord du chef de détention. Les femmes qui se retrouvent en isolement perdent leur travail ou ne peuvent pas travailler, je suis restée un an et demi sans travail à cause des refus répétés du Directeur de la prison. J’ai passé ma détention entre quartier disciplinaire et isolement et de temps à autre au centre de détention quand le personnel ne trouvait plus de motif à me mettre à l’isolement Je tiens à vous préciser que j’ai vu plusieurs filles aller en isolement à la demande du directeur du centre pénitentiaire des femmes de Rennes ou sur simple décision du chef de détention, et cela m’est arrivé à la fin de ma détention au sein du CPF, sans motif valable. En ce qui concerne les violences, après une tentative de suicide, j’ai été mise à l’isolement ce qui a généré chez moi une incompréhension mêlée à un sentiment d’injustice devant cet abus d’autorité. En tant que personne fragile cela était compliqué pour moi de rester enfermée 24 heures sur 24, dans une cellule de 7,35 m².

    Au régime régime d’isolement, les douches sont très peu nettoyées ; quand on me donnait à manger c’était dans de l’aluminium.

    En mai 2020, je me suis énervée contre les surveillantes qui avaient eu des remarques déplacées sur ma transidentité. Je leur ai dit qu’elles avaient un délire de persécution, elles m’ont alors plaquée au sol à plusieurs, deux hommes étaient présents, l’un des deux m’a tiré par les cheveux en me disant « tu aimes bien le quartier disciplinaire ». Il m’a fait très mal, ils ont utilisé une prise d’étranglement, je ne pouvais plus bouger, j’étais paralysée et je ne pouvais plus respirer. J’avais la main en sang car les plaies de ma tentative de suicide s’étaient rouvertes dans la bagarre. La surveillante m’a donné un coup de poubelle métallique sur la figure. J’ai encore à ce jour deux crans à la tête, qui témoignent de la force qu’elle a mise à ce geste ; à ce jour j’ai encore des pertes d’équilibre dues à cette bagarre.

    J’ai été obligée de passer une I.R.M. cérébrale pour suspicion de traumatisme et j’ai été jugée par le tribunal correctionnel de Rouen, qui n’a pas reconnu la violence que j’ai subie. J’ai été condamnée à sept mois d’emprisonnement avec sursis, dont trois ferme, avec un suivi de deux ans, obligation de soins et obligation de travail.

    Je souhaite à ce jour déposer plainte contre les 8 surveillant.e.s, dont la surveillante qui m’a frappée avec la poubelle métallique pour tentative d’homicide sur personne vulnérable.

    Au CPF de Rennes il est monnaie courante pour les détenues de subir des agressions de la part des surveillantes lorsqu’elles sont dans des lieux à l’abri du regard des autres. J’ai été visée par 38 compte rendus d’incident : de la part des surveillantes qui se sont senties insultées si je leur répondais ou bien par des détenues qui me calomniaient, l’une d’elles a même déposé plainte contre moi pour des faits qui ne se sont jamais produits.

    Juste après sa prise de fonctions la nouvelle directrice s’est permise de m’insulter en pleine commission de discipline devant l’avocat, et les assesseurs avant de me mettre au quartier disciplinaire pendant 20 jours. Je connais une détenue qui est à l’isolement, à répétition depuis au moins janvier 2019. La prison est vétuste, l’eau est calcaire, les douches ne sont pas nettoyées, les sols non plus, surtout dans les couloirs, et cela ne change pas même en temps de Covid 19. Les détenues ne portent pas de masque et n’ont pas accès à du gel hydroalcoolique, les activités sont réduites.

  • Moretti et Darmanin · Des tests et des masques à Seysses · Appel du CRA de Marseille en lutte

    Moretti et Darmanin · Des tests et des masques à Seysses · Appel du CRA de Marseille en lutte

    Emission de l’Envolée du vendredi 11 Septembre 2020 ·
    • Lettre de Mika
    • Retour sur la nomination de Moretti et la paire qu’il forme avec Darmanin pour gérer les keufs et les matons
    • appel d’un avocat qui a obtenu avec ses collègues que la justice demande à l’AP de Seysses de donner accès aux prisonniers à des tests et des masques
    • Révolte dedans et dehors et répression au CRA de Marseille avec un appel d’un prisonnier à l’intérieur.

    Alerte expulsion des prisonniers en lutte du CRA du Canet à Marseille (https://abaslescra.noblogs.org/alerte-expulsion-des-greviste-de-la-faim-du-centre-de-retention-du-canet-marseille/):

    10 septembre 2020 :

    Depuis plusieurs semaines, les détenus des centres de rétention de Marseille et d’autres villes (Rennes, Lyon, Mesnil-Amelot) sont en grève de la faim pour obtenir leur libération. Beaucoup sont enfermés jusqu’à 90 jours, le maximum légal, alors même que leur expulsion est rendue impossible par la fermeture des frontières et l’annulation des vols. A Marseille, les personnes enfermées craignent la propagation du covid-19, dans des conditions sanitaires désastreuses et alors que 5 cas ont déjà été diagnostiqués …dans la police aux frontières qui contrôle le centre !

    L’État a décidé de casser ce mouvement qui prend de l’ampleur et qui commence à être relayé, médiatiquement, mais aussi par la multiplication des mobilisations de soutien en cette rentrée (3 manifestations à Marseille) : il a décidé d’une expulsion collective imminente du CRA de Marseille vers la Tunisie , par bateau, sur la ligne Marseille-Tunis opérée par la Corsica Linea et la Compagnie tunisienne de navigation (CTN). Cette semaine, le consul de Tunis a procédé à l’identification d’une quinzaine de retenus tunisiens au Canet, auxquels pourraient s’ajouter d’autres retenus tunisiens de Nîmes. Ce qui signifie la mise en œuvre imminente de la procédure d’expulsion.

    Merci de vous tenir prêt à agir pour empêcher cette expulsion et soutenir les personnes qui résistent à l’intérieur des murs !

    Vous pouvez aussi exiger la libération des retenus et dénoncer cette politique de terreur auprès de représentants de l’État français à Marseille et ses collaborateurs (dont les compagnies maritimes).


    FACE AU COVID-19 EN PRISON : AMNISTIE GENERALE !

    Depuis 2001, L’Envolée, c’est une émission et un journal pour en finir avec toutes les prisons faits par d’anciens prisonniers et prisonnières et des proches pour relayer la parole des enfermé.e.s.
    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et prisonnières qui en font la demande.

    Les émissions sont diffusées toute la semaine sur les ondes des radios : FPP (région parisienne, 106.3) & MNE (Mulhouse 107.5).
    Toutes les émissions sont aussi écoutables sur les plateformes de podcast.

    Même après le déconfinement, il est plus que jamais nécessaire de ne pas laisser les prisonniers et les prisonnières seuls face à l’arbitraire de l’administration et de faire entendre leur voix. Nous relayons les actions collectives et individuelles dont vous nous informez ainsi que des témoignages directs sur la situation à l’intérieur. Tenez-nous au courant par tous les moyens à votre disposition. Nous diffusons les messages vocaux et les textos de prisonniers et de prisonnières que vous nous envoyez. Nous lisons également les messages que nous envoient les proches privés de parloir où qui en font dans des conditions punitives, qui nous demanderont de passer.

    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net, sur contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Les parloirs ? Toujours confinés !

    Les parloirs ? Toujours confinés !

    Le 17 mars 2020, pour cause d’épidémie, la ministre des prisons suspendait les parloirs dans les prisons de France… initialement pour quinze jours. Six mois plus tard, malgré les mobilisations dedans comme dehors, les prisonniers, prisonnières et leurs proches sont loin d’avoir retrouvé les conditions d’avant. Sous prétexte de sécurité sanitaire, ils et elles subissent des mesures punitives, arbitraires et infantilisantes. Petit tour d’horizon non exhaustif de prises de parole et de mobilisations.

    Après deux mois de suspension totale, les parloirs ont rouvert après le « déconfinement » général du 11 mai. Mais à quelles conditions ! Sous prétexte de limiter l’entrée du virus en prison, les enfermé.e.s et leurs visiteurs n’ont, en septembre 2020, toujours pas le droit au contact physique. Et la surveillance est souvent pointilleuse et intrusive. Toucher ses enfants, parents, amoureux, etc., c’est prendre le risque de partir en quatorzaine (= isolement total) et de se faire suspendre son permis de visite !

    Double punition : les prisonniers et leurs visiteurs sont très souvent séparés par des plexiglas afin d’éviter tout contact. Nombreux témoignages racontent à quel point ces vitres, infâmes, empêchent aussi de s’entendre, de se comprendre, obligent à crier, créant un climat de stress lors de ce moment si précieux. Suite aux nombreuses protestations, parfois même devant la justice, les vitres ont progressivement été remplacées, rapetissées, aménagées… mais elles existent toujours ! Et l’interdiction des contacts aussi !

    En plus, le port du masque, strictement interdit en détention, est pourtant souvent obligatoire au parloir, même avec une vitre de séparation. On suffoque, on se comprend encore moins, on se voit mal. Mais baisser le masque peut être prétexte à une suspension de permis de visite, au bon vouloir des matons… comme d’hab’ !

    Dans un texte (du 22 juin, mais toujours d’actu !), des proches dénoncent : « Un enfant doit retourner à l’école, mais n’a pas pu embrasser son parent depuis 3 mois… il doit se contenter de le regarder derrière une vitre, comme au zoo. (…) C’est leur habitude de nous traiter comme des moins que rien, et on sait bien que ce qui les préoccupe, ce n’est pas la santé des détenus. »

    Dans certaines prisons, les prisonniers doivent même signer une charte d’engagement pour aller au parloir : promettre qu’ils vont « respecter les gestes barrières » et surtout ne pas toucher leurs proches, sous peine de sanctions graves, pour éviter les contaminations, car « la situation est l’affaire de tous ». Sans blague ? Oblige-t-on les parents d’élèves, les profs, les policiers, les surveillants, les clients de supermarché, etc., à signer ce genre de document ?

    Charte que les prisonniers et prisonnières de Fresnes doivent signer avant les parloirs

    Cerise sur le gâteau : les bornes pour prendre les rendez-vous parloirs sont mises hors service. Elles transmettraient le virus ?! (Pourtant, docteur, on dirait que celles du MacDo et du Géant Casino ne le transmettent pas ?) Donc, la seule solution est de téléphoner pour réserver des parloirs : dans de nombreuses prisons, le service est saturé, chaque prise de rendez-vous devient un exploit qui peut vous prendre des heures.

    Pour toutes ces raisons, beaucoup ont renoncé au parloir, ne peuvent plus maintenir leurs seuls liens affectifs, ce qui les maintient souvent debout en prison.

    De nombreux récits rappellent que ces mesures ne sont réservées qu’aux prisonniers et leurs proches : les surveillants entrent et sortent de prison et touchent leurs proches. Puis ils palpent et fouillent les prisonniers, sans appliquer toujours les fameux gestes barrières : beaucoup rapportent que des surveillants ne portent pas de masques ni de gants, etc. « Imaginez-vous si depuis quatre mois on vous disait que vous n’avez pas le droit de toucher les gens que vous aimez. Mais par contre les autres qui bossent avec vous ils peuvent vous toucher, eux ils ont le droit. » (en juillet sur France Bleu)

    Dans le gymnase de la prison de la Santé, les surveillants se sont même offerts un petit gala de boxe avec leurs compagnons policiers le 1er septembre. Alors que pour une caresse au parloir, tu prends 14 jours d’isolement et un droit de visite suspendu. Ouais, y a de quoi suffoquer.

    Bien sûr, ces mesures sont hypocrites : les prisonniers n’ont toujours pas le droit de porter de masques en détention. L’hygiène minimale y est souvent inaccessible. L’unique traitement en cas de symptômes, de risques, ou de doutes, c’est la mise en quatorzaine, c’est-à-dire la mise à l’isolement dans des conditions souvent très dures (voir la lettre de Carla).

    Là où des cas de covid sont repérés, c’est parfois tout une prison qui est confinée en cellule, comme début août à la prison de Nancy : 120 prisonniers à l’isolement.

    En plus, « les détenus qui ont une permission doivent être isolés à leur retour pendant 14 jours, ce qui peut décourager certains. Pourquoi le contact avec le monde extérieur requiert un isolement de 14 jours pour un détenu, alors que le personnel de la maison d’arrêt va et vient tous les jours ? » (interview d’un prisonnier sorti de la maison d’arrêt La Talaudière) Donc, pour éviter cette quatorzaine, des prisonnier.e.s renoncent aux permissions de sortie. Mais le juge n’accordera pas d’aménagement de peine à celui ou celle qui n’aura jamais eu de permission de sortie. Donc toute perspective de respirer est repoussée…

    A l’extérieur, divers messages et pétitions ont circulé sur les réseaux sociaux. Par exemple :

    • « APPEL À TOUS LES DÉTENU(E)S ET LEURS PROCHES. Il est inadmissible que les parloirs, les salons et les unités de vie familiale ne soient pas redevenus à la normale. (…) Si nous nous battons tous ensemble nos dirigeants n’auront d’autres choix que de nous entendre. » (le 15 juillet sur la page Au delà des murs des prisons)

    Dans les prisons pour étrangers (Centres de rétention administrative), c’est la même merde. Les frontières sont fermées, il n’y a presque pas d’expulsions, mais l’état continue d’enfermer les personnes sans papier. La moindre suspicion de covid est prétexte à la fermeture des bâtiments, et surtout des parloirs, alors même que c’est le seul espace où on peut obtenir des cigarettes et de la nourriture mangeable. Alors les prisonniers des CRA aussi se mobilisent : à Marseille, Lyon, Toulouse, Nîmes…

    En Belgique c’est la même merde. Après la publication d’un article signé par des divers collectifs et associations, une cinquantaine de proches de détenus ont manifesté samedi 29 août devant la prison de Saint-Gilles pour demander à pouvoir à nouveau avoir des contacts physiques avec les membres de leur famille ou leurs amis.

    Nous le disions déjà en juin : en prison, quand nous perdons un espace de liberté, il est perdu pour longtemps. La seule solution pour éviter la propagation de l’épidémie en prison serait de faire sortir massivement les prisonniers et prisonnières. Pour de vrai.

    Dedans comme dehors, espérons que l’organisation collective des protestations permettra de déconfiner un peu.

    N’hésitez pas en tous cas à nous faire partager récits, protestations, initiatives et à échanger avec nous.

  • Covid, restrictions de parloirs et révoltes dans les taules et les CRA pendant l’été

    Covid, restrictions de parloirs et révoltes dans les taules et les CRA pendant l’été


    Fresnes, le 19.08.2020

    Salut !

    Après 536 jours de cavale, j’ai été arrêtée le 26 juillet dernier près de Saint-Étienne. J’ai vécu l’arrestation comme la première représentation d’une scène répétée mille fois dans ma tête, ou plutôt 536 fois… Tout m’a semblé se passer au ralenti : les keufs cagoulés qui me braquent avec leurs fusils, me mettent à terre et me demandent ce nom que j’ai si souvent tu ces derniers temps. Ça m’a fait un drôle d’effet de le prononcer.

    J’ai ensuite été amenée à Paris par la SDAT, quatre heures de trajet menottée dans le dos en compagnie de leurs cagoules. Ils m’ont bandé les yeux sur les derniers kilomètres qui nous séparaient de leurs locaux de Levallois-Perret. Ce sont eux qui m’ont conduite au tribunal le surlendemain de l’arrestation, puis à la prison de Fresnes.

    Lors de l’audience, j’ai accepté sans hésiter l’extradition. J’avais suivi avec attention les évènements autour de l’arrestation de Vincenzo Vecchi (que je salue au passage), il avait pour sa part refusé, s’offrant une chance de rester libre en France. Pour moi le choix se résume à attendre le procès en France ou en Italie, où se trouvent les autres inculpé-es de l’opération Scintilla, tou-tes libres à l’exception de Silvia, encore soumise à un contrôle judiciaire.

    Il semble que ces derniers temps, l’exécution par mandat d’arrêt européen et l’extradition qui en découle, soient devenues de simples formalités pour la justice européenne. Nous l’avons vu récemment en Italie à plusieurs reprises, mais aussi à l’occasion de la répression qui a suivie les émeutes de Hambourg ou bien en Grèce et en Espagne. Les polices européennes affinent leurs armes et leurs collaborations semblent se faire plus étroites, s’échangeant tuyaux et services. Dès lors, il me semble qu’il nous appartient de nous pencher sur la question et d’en étudier les mécanismes.

    Je découvre la prison au temps du coronavirus , la quatorzaine réglementaire au quartier des arrivantes, le masque lors de tous les déplacement, y compris la promenade pour cette durée, la suspension de toutes les activités, la cellule 22 heures sur 24.

    Au terme de ma quatorzaine, et à la veille de la date programmée de mon extradition, les autres arrivantes et moi avons été placées à l’isolement sanitaire au motif que nous avions partagé une promenade avec une nouvelle arrivante qui s’est révélée infectée. Des tests ne nous ont été proposés qu’une fois ce cas avéré, ils sont depuis la règle pour toute nouvelle arrivante. À nous on avait initialement dit qu’on ne pouvait tout de même pas tester tout le monde. Sans surprise, il semble que l’administration pénitentiaire (AP) ait un train de retard.

    Au printemps, les mesures prises par l’AP en réaction à l’arrivée du coronavirus ont porté à des situations de mutineries, de révoltes et de solidarité. Malheureusement, ici en tous cas, il semble que vivre avec le virus est devenu la norme, et la crainte qu’une nouvelle arrivante puisse amener le virus se double de celle de se voir suspendre les parloirs, comme le cela a été notre cas cette semaine. Les maigres compensations qu’avaient octroyées l’AP sous forme de crédit téléphonique au printemps ne sont plus d’actualité, tant un groupe d’arrivantes isolées ne fait pas le poids au regard des fortes mobilisations de mars dernier.

    J’attends de nouveau l’extradition d’un jour à l’autre, et je sais qu’un troisième isolement sanitaire me sera probablement réservé à mon arrivée en Italie. Je profite des témoignages de solidarité qui me rejoignent aujourd’hui après tant de silence. Malgré les publications sur le thème, qui sont précieuses, on considère encore trop souvent la cavale comme une aventure romantique et on pense souvent aux compagnon-nes concerné-es comme libre. Au cours de cette année et demi, je n’ai jamais manqué de solidarité et d’un soutien chaleureux, je n’ai manqué de rien, mais on est pas libre quand on est privé-e de sa vie.

    J’aurais voulu être dans la rue avec mes compagnon-nes lors des manifestations en réaction à l’expulsion de l’Asilo, j’ai accompagné par la pensée la grève de la faim de Silvia, Anna et Natascia, j’ai pensé tous les jours aux compagnon-nes arrêté-es par vagues successives. J’aurais voulu être aux côtés de ma famille quand elle a traversé des moments difficiles et avoir de leurs nouvelles quand tou-tes nous étions confiné-es. Aujourd’hui je me tiens prête et déterminée à affronter les prochains mois, mais mes pensées vont à celles et ceux qui sont encore sur les routes, souvent loin des personnes qui leur sont chères. J’espère que leur route sera aussi longue qu’ils et elles le souhaitent, et que les rencontres qu’ils et elles font leurs apportent la chaleur qu’illes méritent et l’énergie pour continuer à lutter.

    Carla

    Pour lui écrire :

    Carla Tubeuf
    casa circondariale di Vigevano Centralino
    via Gravellona 240
    27029 Vigevano (PV)

    Lettre de Robi

    Fresnes, le 18 juillet 2020.

    « Cari compagni, care compagne,Je vous écris pour vous dire que je suis en forme, que le moral est bon et je continue à avoir beaucoup, beaucoup d’énergie !

    Je profite de l’occasion pour remercier du fond du cœur celles et ceux qui m’ont écrit, qui ont pensé à moi, qui m’ont soutenu. Je ne vous cache pas que lorsque je reçois des lettres, ça me met de bonne humeur et ça me donne beaucoup, beaucoup de forces.
    J’ai eu le plaisir également de prendre connaissance avec la campagne de diffamation par le biais de quelques articles de journaux qui m’ont été consacrés [1]. Rien d’étonnant, les médias sont un instrument du pouvoir, utilisés pour ternir nos personnalités et pour alimenter les mensonges qui justifient mon incarcération ! Je leur renvoie donc tout mon mépris, tout comme aux enquêteurs de cette énième opération répressive.
    Après presque un mois de placard, lors de la sentence pour mon extradition à laquelle je me suis opposé, j’ai eu l’occasion de lire la version française des accusations à mon encontre et je me suis finalement rendu compte des motifs pour lesquels j’étais incarcéré. En un mot, ils m’accusent d’être anarchiste parce qu’en réalité, il n’y a pas grand chose dans mon dossier. Seulement des attaques idéologiques et délit de solidarité !

    Que dire de plus ? Vous n’avez pas inventé l’eau chaude chers accusateurs, la pensée anarchiste existe depuis plusieurs siècles et depuis autant de temps, vous voulez la mettre au pilori. Vous attaquez la solidarité apportée aux prisonnier.es mais quand vous rendrez-vous compte que certaines idées, certains idéaux, vous ne pourrez jamais les emprisonner, ni même les juger ? Une si merveilleuse idée comme celle-là, dont tant de personnes se font les porteurs / porteuses dans le monde ne pourra jamais être arrêtée. Il n’y a aucun flic, aucune prison, aucun tribunal qui pourra l’empêcher de vivre, où que ce soit. Aujourd’hui, vous enfermez nos corps mais pas nos idées et la solidarité que je reçois me fait comprendre encore plus que nous ne serons jamais comme vous le voulez vous. Et que mille fleurs de solidarité écloront de nouveau !

    Un salut chaleureux à tou.tes les anarchistes emprisonné.es partout dans le monde, à qui j’envoie toutes mes forces ! Un salut à tou.tes les détenu.es qui luttent contre la prison et qui ne baissent pas la tête devant les injustices subies !
    Contre le monde qu’ils veulent nous imposer, contre votre répression, contre votre dictature démocratique !

    Pour l’Anarchie, vive la liberté !
    Avec rage et détermination.

    Roby


    Musique: Cobra – « Des lieux associatifs pour les jeunes » / Haroun – « Zonard » / Kery James – « Deux issues« 


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Lettre de Carla

    Lettre de Carla

    ON EST PAS LIBRE QUAND ON EST PRIVE-E DE SA VIE

    Lettre lue à l’antenne le 4 Septembre 2020

    Salut !

    Après 536 jours de cavale, j’ai été arrêtée le 26 juillet dernier près de Saint-Étienne. J’ai vécu l’arrestation comme la première représentation d’une scène répétée mille fois dans ma tête, ou plutôt 536 fois… Tout m’a semblé se passer au ralenti : les keufs cagoulés qui me braquent avec leurs fusils, me mettent à terre et me demandent ce nom que j’ai si souvent tu ces derniers temps. Ça m’a fait un drôle d’effet de le prononcer.

    J’ai ensuite été amenée à Paris par la SDAT, quatre heures de trajet menottée dans le dos en compagnie de leurs cagoules. Ils m’ont bandé les yeux sur les derniers kilomètres qui nous séparaient de leurs locaux de Levallois-Perret. Ce sont eux qui m’ont conduite au tribunal le surlendemain de l’arrestation, puis à la prison de Fresnes.

    Lors de l’audience, j’ai accepté sans hésiter l’extradition. J’avais suivi avec attention les évènements autour de l’arrestation de Vincenzo Vecchi (que je salue au passage), il avait pour sa part refusé, s’offrant une chance de rester libre en France. Pour moi le choix se résume à attendre le procès en France ou en Italie, où se trouvent les autres inculpé-es de l’opération Scintilla, tou-tes libres à l’exception de Silvia, encore soumise à un contrôle judiciaire.

    Il semble que ces derniers temps, l’exécution par mandat d’arrêt européen et l’extradition qui en découle, soient devenues de simples formalités pour la justice européenne. Nous l’avons vu récemment en Italie à plusieurs reprises, mais aussi à l’occasion de la répression qui a suivie les émeutes de Hambourg ou bien en Grèce et en Espagne. Les polices européennes affinent leurs armes et leurs collaborations semblent se faire plus étroites, s’échangeant tuyaux et services. Dès lors, il me semble qu’il nous appartient de nous pencher sur la question et d’en étudier les mécanismes.

    Je découvre la prison au temps du coronavirus , la quatorzaine réglementaire au quartier des arrivantes, le masque lors de tous les déplacement, y compris la promenade pour cette durée, la suspension de toutes les activités, la cellule 22 heures sur 24.

    Au terme de ma quatorzaine, et à la veille de la date programmée de mon extradition, les autres arrivantes et moi avons été placées à l’isolement sanitaire au motif que nous avions partagé une promenade avec une nouvelle arrivante qui s’est révélée infectée. Des tests ne nous ont été proposés qu’une fois ce cas avéré, ils sont depuis la règle pour toute nouvelle arrivante. À nous on avait initialement dit qu’on ne pouvait tout de même pas tester tout le monde. Sans surprise, il semble que l’administration pénitentiaire (AP) ait un train de retard.

    Au printemps, les mesures prises par l’AP en réaction à l’arrivée du coronavirus ont porté à des situations de mutineries, de révoltes et de solidarité. Malheureusement, ici en tous cas, il semble que vivre avec le virus est devenu la norme, et la crainte qu’une nouvelle arrivante puisse amener le virus se double de celle de se voir suspendre les parloirs, comme le cela a été notre cas cette semaine. Les maigres compensations qu’avaient octroyées l’AP sous forme de crédit téléphonique au printemps ne sont plus d’actualité, tant un groupe d’arrivantes isolées ne fait pas le poids au regard des fortes mobilisations de mars dernier.

    J’attends de nouveau l’extradition d’un jour à l’autre, et je sais qu’un troisième isolement sanitaire me sera probablement réservé à mon arrivée en Italie. Je profite des témoignages de solidarité qui me rejoignent aujourd’hui après tant de silence. Malgré les publications sur le thème, qui sont précieuses, on considère encore trop souvent la cavale comme une aventure romantique et on pense souvent aux compagnon-nes concerné-es comme libre. Au cours de cette année et demi, je n’ai jamais manqué de solidarité et d’un soutien chaleureux, je n’ai manqué de rien, mais on est pas libre quand on est privé-e de sa vie.

    J’aurais voulu être dans la rue avec mes compagnon-nes lors des manifestations en réaction à l’expulsion de l’Asilo, j’ai accompagné par la pensée la grève de la faim de Silvia, Anna et Natascia, j’ai pensé tous les jours aux compagnon-nes arrêté-es par vagues successives. J’aurais voulu être aux côtés de ma famille quand elle a traversé des moments difficiles et avoir de leurs nouvelles quand tou-tes nous étions confiné-es. Aujourd’hui je me tiens prête et déterminée à affronter les prochains mois, mais mes pensées vont à celles et ceux qui sont encore sur les routes, souvent loin des personnes qui leur sont chères. J’espère que leur route sera aussi longue qu’ils et elles le souhaitent, et que les rencontres qu’ils et elles font leurs apportent la chaleur qu’illes méritent et l’énergie pour continuer à lutter.

    Carla

    Pour lui écrire :

    Carla Tubeuf
    casa circondariale di Vigevano Centralino
    via Gravellona 240
    27029 Vigevano (PV)

  • Lettre ouverte de l’Infâme

    Lettre ouverte de l’Infâme

    QUAND UN DETENU ARRIVE ICI, C’EST LE « TERMINUS »

    Centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil,
    Le 11 août 2020, 4h20 du mat’

    Coucou les loulous,

    Eh ouais, l’Infâme est de retour ! coucou ! salut l’équipe ! j’vous écris car comme vous le savez, j’ai été transféré à Vendin-le-Vieil, au motif qu’il fallait, soit-disant, « faire de la place » au QD de Lannemezan ! j’étais normalement prévu pour intégrer initialement la centrale de Poissy qui, sous peu, va devenir un centre de détention. Mais … à Lannemezan, ils m’ont dégagé de là-bas pour m’envoyer dans ce mouroir à ciel ouvert où nous sommes traités comme des bêtes sauvages ! Ce que je ne peux accepter ! Car, en plus, ça me prive de tout espoir de réinsertion ! Si j’avais intégré Poissy, pour faire court, j’aurais pu sortir en conditionnelle entre 2021 et 2022. Sauf qu’en étant détenu en centrale, et restant sous le statut de détenu en centrale, tout ceci s’évapore d’un claquement de doigts ! Vu que les reliquats ne sont plus les mêmes ! Et donc, en restant détenu centrale, je ne peux pas espérer sortir en conditionnelle avant 2027 voire 2028.

    C’est fou, c’est pourquoi je pousse un coup de gueule contre ces enfoirés qui m’ont niqué mon projet de sortie et de réinsertion, et je crie par la même haut et fort que Vendin est une prison où règne l’hypocrisie et la provoc’ ; ainsi que le sentiment que quand un détenu arrive ici, c’est le « terminus ». Ce qui ne présage donc rien de positif ! Je le ressens, ça ! Je vous le confirme ! C’est la merde ici, de fou ! Le week-end dernier, en deux jours on m’a privé trois fois de repas ! Gratuitement, par pure méchanceté. On a accès à la téléphonie en cellule, à Vendin. En détention ordinaire, les détenus ont accès à la téléphonie en cellule 24h/24, 7 jours sur 7 et à 365 jours par an. Mais ici, à l’isolement (je suis encore isolé vu que je suis isolé ministériel), l’ensemble des détenus au QI (peu importe leur statut, DPS ou non, calmes ou non)  est privé de la téléphonie dans les termes qui devraient être les mêmes partout. On a des heures qui nous sont imposées, et des coupures entre midi et 14 heures et le soir à partir de 18 heures. c’est inadmissible ! en faisant ainsi, vu que c’est une mesure qu’a prise M. Vernet, le chef d’établissement, on peut très facilement dire, que le directeur, sans motif qui le justifie, viole un des plus fondamentaux de nos droits : le maintien des liens familiaux. Je ne peux pas accepter ça ! C’est illégal, ce qu’il nous fait !

    Chacun de nos mouvements doit se faire menottés ; même à Lannemezan, j’ai jamais eu de mesure de gestion menotté. Même pour un truc basique : la prise des repas. Si, au moment du repas, on ne veut pas être menottés (pour ne pas, tout simplement, ressentir ce sentiment d’être rabaissé au rang de bête sauvage), eh bien, ils ne nous ouvrent pas la porte, ni ne nous donnent notre repas à travers la trappe passe-menottes. Tout simplement, ils n’ouvrent pas la cellule, referment la trappe passe-menotte, et ils se cassent ! Te privant ainsi de repas ! Une telle gestion m’est insupportable, elle est révoltante ! Mais à croire que ça ne révolte que moi ici ! et … C’est donc pour toutes ces choses mises bout à bout que depuis lundi, je me suis mis en grève de la faim ! Pour contester, et advienne que pourra. Je conteste dans le calme. Mais bon, je ne me fais pas d’illusions, je suis quasi certain que rien ne va changer. C’est l’impression que j’en ai. On verra bien. Dans le calme … pour le moment. On verra ensuite. Sinon, hormis tout ça, ça va ! j’essaie de tenir le coup … mais c’est dur dans un tel contexte ! mais, pour le moment, je tiens, c’est le principal. C’était donc mon coup de gueule face à toute cette injustice qui m’est faite gratuitement.

    Je termine cet écrit, comme d’habitude, en ayant une pensée pour toutes les nanas incarcérées, donc enfermées. Tenez le coup, les filles. Force et courage à vous toutes, vous êtes des lionnes. Tenez bon ! Tout comme j’adresse une pensée à tous les gros, les bonhommes enfermés, et qui ne se laissent pas faire face à l’injustice et à l’adversité ! Courage, tenez bon les gars ! On les aura … à l’usure, mais on les aura quand même.

    Force et courage à vous

    Enfin, merci à l’équipe de l’Envolée de faire entendre nos voix et ma voix. Continuez à nous soutenir, on a besoin de gens tels que vous. Big-up à vous aussi, et courage à tous et toutes les détenus !

    L’infâme

  • Redoine Ikil – Mort de Khaled – Libérez les parloirs

    Redoine Ikil – Mort de Khaled – Libérez les parloirs

    Emission du vendredi 3 juillet 2020 – dernier direct de l’année

    • Lettre de NoName
    • La soeur de Rédoine Ikil
    • Retour sur l’ « anti-terrorisme » : rapport de la contrôleuse, nouvelle loi et lettre
    • Bilan de l’année : libérez les parloirs !

    Musique:


    Notre numéro de téléphone : 07.52.40.22.48 (whatsapp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

  • Encore un mort en prison – Résister aux violences policières

    Encore un mort en prison – Résister aux violences policières


    • Retour sur le procès de la mutinerie d’Uzerche
    • Scandale à Fresnes où il est impossible d’avoir des parloirs !
    • Hommage à Mohammed Doumbia et lecture de sa lettre parue dans le numéro 50 de l’Envolée
    • Mort de Khaled mardi soir à Villepinte (93) dans l’incendie de sa cellule // Un prisonnier réagit à sa mort
    • Lecture d’un extrait de la déclaration de Loïc devant le tribunal (pour la déclaration en entier , cliquez là )
    • Hommage à Maurice Rajfus par son fils place la République à Paris samedi dernier
    • Extrait de la vidéo « Impunité Policière » par Quartiers XXI
    • Des nouvelles du centre de rétention de Lille : deux cas de Covid confirmé parmi les prisonniers. Manifestation demain à Lille jusqu’au CRA.
    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes qui raconte comment les flics volent la bouffe des retenus et les tabassent à l’écart des caméras.

    Musique: Portavoz – « Poblador del Mundo » / Jo le Pheno – « Bavure #3 » / VII ft. Euphonik – « Printemps tardif« 


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  • «VOUS L’AVEZ LAISSÉ BRÛLER !»

    «VOUS L’AVEZ LAISSÉ BRÛLER !»

     Réactions à la mort de Khaled en cellule à Villepinte le 23 juin 2020.
    #LaPrisonTue

    Avec plus de 1 000 prisonniers entassés dans une prison de 587 « places », la maison d’arrêt de Villepinte en Seine-St-Denis est l’une des plus surpeuplées de France.
    Khaled, un prisonnier de 28 ans, est mort mardi soir dans l’incendie de sa cellule. Ses codétenus dénoncent une « bavure », soulignant que les matons ont tardé à intervenir en toute connaissance de cause. Ce n’est pas la première fois que l’administration pénitentiaire laisse crever quelqu’un dans sa cellule sans rien faire, loin de là : dernièrement, le 19 octobre et le 14 novembre 2019, deux prisonniers de la prison de la Santé sont ainsi morts brûlés dans leurs cellules ; les pompiers avaient mis plus de trois heures à intervenir. Sur les réseaux, beaucoup de prisonniers ont réagi à la mort de Khaled pour lui rendre hommage, raconter ce qui s’est vraiment passé et crier leur rage contre la prison, qui tue.

    Voici un témoignage trouvé sur Snapchat, légèrement condensé :

    « Je tenais à revenir sur la bavure de Villepinte – oui, j’ai bien dit une bavure. Equipe de nuit : une dizaine de [bip] de matons avec un [bip] de bricard… « personnel réduit » ! Toute cette putain d’équipe se tape des beuveries toute la nuit… Ils entendent une alarme : un des matons décide d’aller voir, prend son temps pour monter, va vers la cellule et voit la fumée, mais il ne peut pas ouvrir la porte car il n’a pas les clés : la nuit, seul ce [bip] de bricard les a. Le temps qu’il retourne voir le bricard et que tous ces [bip] agissent, trente minutes, voire plus, se sont écoulées entre le déclenchement de l’alarme et leur arrivée sur les lieux… C’est horrible. Trop dur, je trouve pas les mots. Combien de détenus et de détenues sont partis malgré eux grâce à ce système pénitentiaire et toutes leurs casquettes… Faites attention, vous êtes aucunement intouchables ; bande de [bip] de matons, vous l’avez laissé brûler ! Les nom et prénom de chaque membre de l’équipe de nuit, comment j’aimerais les avoir ! C’est impossible qu’ils s’en sortent avec un accident, c’est une bavure tellement répétée… »

    Un autre message sorti de Villepinte raconte plus en détail ce qui s’est passé et signale que plusieurs prisonniers intoxiqués par les fumées ont annoncé qu’ils allaient porter plainte contre les matons. Nous le résumons ici :

    « La fouille, à la base, c’était pas pour lui, c’était pour un autre. Ils sont passés à l’œilleton, ils sont venus et ils ont foutu le zbeul. Le mec, il s’est ouvert le ventre – les bras, en fait – en disant : « Regarde, je vais me tuer ! » Il s’est coupé, et puis il a mis le feu en disant : « Venez, venez ! », et ils voulaient pas venir… et le chef de détention, il s’est arraché – parce qu’il était là pour mener toutes ces fouilles. Il était là, et il l’a entendu ; je l’ai vu. Dès qu’ils ont fini de fouiller la cellule, le feu a éclaté. Le chef est revenu vers 21 heures, genre en jean-tee-shirt comme s’il n’était pas là avant, comme s’il n’était pas au courant de ce qui s’était passé. Mais en vrai, ils savent : ils peuvent bien vérifier les caméras. »

    Un appel à bloquer les promenades samedi a commencé à tourner sur les réseaux :

    « Blocage de promenade dans toutes les prisons de France pour manifester contre la mort de Khaled laissé brûler dans sa cellule samedi 27 juin ! PARTAGEZ LES FREROTS »

    Une cagnotte a été lancée pour soutenir les proches de Khaled :
    www.cotizup.com/pour-jesuiskhaled